LA RAPPORTEUSE SPÉCIALE SUR LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES CONCLUT SA MISSION AU MEXIQUE

2 mars 2005


La Rapporteuse spéciale de la Commission des droits de l'homme chargée de la question de la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, Mme Yakin Ertürk, a achevé la visite qu'elle a effectuée au Mexique du 20 au 26 février, à l'invitation du Gouvernement. Le rapport final sur cette mission sera présenté à la Commission des droits de l'homme lors de sa prochaine session, qui s'ouvre le 14 mars 2005. Au cours de sa visite, Mme Ertürk a rencontré des responsables du Gouvernement, des autorités municipales, des représentants des organisations non gouvernementales ainsi que des particuliers et des familles de victimes de la violence contre les femmes.

Présentant des observations préliminaires sur la situation de la violence contre les femmes au Mexique, la Rapporteuse spéciale a souligné que la plupart des autorités et des représentants de la société civile ont reconnu les problèmes liés au niveau très élevé de la violence contre les femmes dans la société dans son ensemble, notamment dans les communautés autochtones et les populations migratrices. Les autorités mexicaines ont pris plusieurs mesures pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et ont mis en place d'importants mécanismes pour assurer une meilleure protection et une prévention du phénomène de la violence.

À cet égard, Mme Ertürk salue l'adoption, dans plusieurs États mexicains, d'une loi contre la violence domestique et invite les autres États à en faire autant. Elle félicite également le Gouvernement fédéral d'avoir pris l'initiative de présenter devant le Congrès des réformes constitutionnelles pour renforcer la protection des droits de l'homme. Mme Ertürk espère que le Congrès adoptera les clauses de l'article 73 visant à ce que les procureurs fédéraux, pour des cas relatifs aux droits de l'homme, puissent saisir les juridictions au niveau des États.

La Rapporteuse spéciale souligne que l'impunité pour violence sexuelle contre les femmes est répandue et que les auteurs de ces crimes sont rarement traduits en justice. La clémence des sentences prononcées et les allégations sur les témoignages souvent obtenus sous la torture jettent une ombre sur les efforts positifs qui ont été engagés. Le fait que les victimes se méfient généralement du système judiciaire et le manque de protection pour les femmes qui se plaignent de violence contribuent également au taux élevé d'impunité.

Concernant les femmes autochtones, Mme Ertürk a indiqué qu'elle a reçu des informations inquiétantes qui font état de la dissimulation de la violence à laquelle elles sont confrontées ou de la justification de la violence dans le contexte de leur spécificité culturelle. Il est important de promouvoir la diversité culturelle, mais cela ne doit pas porter atteinte aux droits humains des femmes.

La Rapporteuse spéciale salue les efforts déployés par le Gouvernement fédéral ainsi que le nouveau Gouverneur et le Procureur de la république de l'État de Chihuaha pour adopter une approche transparente s'agissant des investigations menées au sujet des meurtres à Ciudad Juárez. Mme Ertürk note cependant qu'il est important que ces efforts ne soient pas limités aux incidents meurtriers du Ciudad Juárez, mais élargir ces efforts aux cas de meurtres, de disparitions et autres formes de violence dans la ville de Chihuaha et dans tout l'État. En effet, a conclu la Rapporteuse spéciale, il est temps de passer des engagements à l'obtention de résultats concrets.


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