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Communiqués de presse

LE RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LE BURUNDI CONDAMNE AVEC LA PLUS GRANDE FERMETÉ LES «ACTES INQUALIFIABLES» COMMIS LE 1ER ET LE 6 JANVIER PRÈS DE BUJUMBURA

07 Janvier 1998

HR/98/1
5 janvier 1998


Les parties au conflit burundais n'ont d'autre issue que d'accepter de négocier, avec
l'appui de la communauté internationale, souligne M. Pinheiro

Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Burundi, M. Paulo
Sérgio Pinheiro (Brésil), qui avait mené une quatrième mission dans ce pays du 7 au
20 décembre 1997, a pris connaissance avec une profonde consternation des
tragiques événements qui se sont déroulés à l'aube du 1erjanvier 1998 dans les
environs de l'aéroport international de Bujumbura et au cours desquels plus de 200
personnes ont trouvé la mort.

D'après les informations qui lui ont été transmises, des groupes rebelles ont perpétré
des attaques dans la commune de Mutimbuzi en zone Rukaramu, province de
Bujumbura-rural, à une dizaine de kilomètres de la capitale, au camp militaire de
Gakumbu et à l'aéroport international de Bujumbura. L'armée burundaise a réagi
énergiquement à ces attaques en utilisant des armes légères et des engins lourds.
Outre les pertes à déplorer parmi les militaires et les rebelles, plus de 200 civils non
armés, pour la plupart des enfants, des femmes et des personnes âgées n'ayant pu
fuir, ont perdu la vie durant les affrontements.

Quelques 2000 rebelles, dont des miliciens et d'anciens militaires rwandais et zaïrois,
seraient impliqués dans ces incidents, les plus graves survenus dans les environs de
Bujumbura depuis l'entrée en fonctions du Rapporteur spécial en mai 1995.

En outre, le Rapporteur spécial vient d'être informé que le 6 janvier, en début de
matinée, un autre incident a éclaté au village de Maramvya où s'étaient réfugiées
environ 2000 personnes après le massacre de Rukaramu. Un premier bilan fait état
de quinze assaillants tués et de quatre militaires blessés, dont deux grièvement.
Durant cet incident, le centre de santé de Maramvya a été saccagé et 87 civils qui se
trouvaient à proximité ont été blessés.

Soulignant que des poches d'affrontements subsistent dans la région, le Rapporteur
spécial exprime sa plus vive inquiétude quant au sort de quelque 7000 personnes
ayant fui les zones de combat depuis le début des incidents pour se réfugier à l'Hôtel
Club de Tanganyika, sur la route menant à Gatumba, privées d'eau et de nourriture.

Le Rapporteur spécial présente à toutes les familles si tragiquement endeuillées par
ces événements, y compris celles qui n'ont pas encore retrouvé la trace des leurs,
toutes ses condoléances.

Le Rapporteur spécial condamne avec la plus grande fermeté ces actes inqualifiables
quels qu'en soient les auteurs présumés et rappelle solennellement à tous les
protagonistes du conflit burundais leurs obligations en vertu du droit humanitaire
international et des droits de l'homme, auxquels le Burundi est partie, de respecter les
règles minimales d'humanité en vigueur.

Le Rapporteur fait valoir que ces récents incidents ne font que souligner, une fois
encore, l'impérative nécessité de parvenir dans les plus brefs délais à instaurer un
cessez-le-feu entre toutes les parties au conflit burundais, afin que de tels
événements ne se reproduisent plus. Il a l'intime conviction que la crise burundaise
ne trouvera pas de solution sans un arrêt immédiat et inconditionnel des hostilités et
des violences, de quelque nature qu'elles soient, dans l'ensemble du pays, et
l'instauration d'un véritable dialogue entre toutes les parties concernées. Celles-ci
n'ont d'autre issue que d'accepter de négocier, avec l'appui de la communauté
internationale.

Le Rapporteur spécial prie instamment tous les acteurs internationaux concernés par
le sort du Burundi, et en particulier les pays ayant assuré dans le passé d'importantes
responsabilités historiques dans la région des Grands Lacs, de n'épargner aucun
effort pour dénouer et faire aboutir la médiation en cours et favoriser la tenue de la
réunion d'Arusha, qui doit se tenir prochainement. Il attend également de leur part un
engagement concret pour mettre fin à la prolifération et au commerce des armes
dans la région des Grands Lacs.

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