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Communiqués de presse

UN EXPERT DE L'ONU DEMANDE UNE ACTION URGENTE FACE À LA CRISE DES PERSONNES DÉPLACÉES DANS LA RÉGION SOUDANAISE DU DARFOUR

19 Décembre 2003


Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les personnes déplacées dans leur propre pays, M. Francis Deng, a publié aujourd'hui une déclaration dans laquelle il rappelle que le Soudan occupe, depuis plusieurs décennies, la position peu enviable de pays le plus affecté par le fléau des déplacements internes, la crise dans ce domaine ayant entraîné le déracinement forcé de quatre millions de personnes. Cette crise est le résultat de la guerre civile récurrente qui affecte le Soudan depuis 1955.

Alors que le monde attend maintenant avec optimisme la fin de la guerre, qui laisse entrevoir des perspectives de solution durable à la crise des déplacements de populations, un autre conflit tragique a éclaté dans la région du Grand Darfour, dans l'Ouest du pays, entre des groupes d'opposants rebelles et les forces gouvernementales, dont il est rapporté qu'elles seraient alliées avec des milices locales arabes. Plus de 670 000 personnes ont été déplacées, et 70 000 autres personnes ont fui pour se réfugier au Tchad. On estime en outre à 3000 le nombre de civils non armés qui auraient été tués.

Selon les informations disponibles, les populations déplacées à l'intérieur du pays auraient grandement besoin d'aide humanitaire, notamment d'eau, de nourriture, d'abris, de services sanitaires et de soins médicaux. Les organisations humanitaires sont confrontées à d'importantes restrictions d'accès dans la région touchée. Les convois d'aide humanitaire ainsi que le personnel humanitaire ont été victimes d'attaques et de vol de la part de groupes armés. Les personnes déplacées ainsi que d'autres personnes victimes du conflit, en particulier des femmes, des enfants et des personnes âgées, voient quotidiennement leur sécurité menacée. Le Secrétaire général des Nations Unies ainsi que le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Jan Egeland, ont récemment exprimé leurs vives préoccupations face à cette situation, rappelle M. Deng dans sa déclaration. Le Représentant spécial du Secrétaire général précise qu'il souhaite joindre sa voix à ces préoccupations et souligne que ces déplacements de populations ont lieu alors même que le Gouvernement soudanais commence à obtenir un soutien international pour la manière dont il traite la crise des déplacements internes de populations et pour les progrès réalisés sur la voie de la paix.

Il convient en outre de relever qu'en septembre dernier, le Gouvernement du Soudan a accueilli une conférence de l'Autorité intergouvernementale pour le développement - une organisation sous-régionale - qui a approuvé un certain nombre de recommandations fortes concernant la manière dont il doit être répondu, aux niveaux national, régional et international, aux crises de déplacements internes dans les pays membres. Dans la Déclaration de Khartoum adoptée à l'issue de cette conférence, les Ministres des États membres de l'Autorité intergouvernementale réaffirment que la responsabilité première en matière de protection et d'aide aux personnes déplacées internes et en matière de rechercher de solutions incombe aux gouvernements nationaux. Les Ministres s'engagent et exhortent tous les acteurs concernés à accorder aux organisations humanitaires un accès humanitaire aux personnes déplacées internes et à protéger les travailleurs humanitaires en assurant leur sécurité.

Les Ministres ont aussi pris note des Principes directeurs sur les déplacements internes, considérés comme d'utiles outils pour l'élaboration et l'évaluation de politiques et de législations nationales appropriées sur les déplacements internes. Ces Principes directeurs stipulent notamment que tous les acteurs concernés, y compris les forces gouvernementales et autres, sont tenus de s'abstenir de procéder à tout déplacement interne de civils et sont tenus de protéger ces derniers contre tout atteinte à leur intégrité physique s'ils sont déplacés, tout en s'assurant alors qu'ils ont accès à une nourriture, une eau, un abri et des soins médicaux adéquats et que leurs autres besoins humanitaires sont satisfaits. Quand les conditions le permettent, les autorités compétentes doivent aider les personnes déplacées à retourner dans leurs foyers ou les réinstaller ailleurs dans des conditions de sécurité et de dignité.

Au moment même où le processus de paix au Soudan semble le plus prometteur, les événements au Darfour menacent d'entraîner le pays dans une nouvelle guerre civile, s'inquiète M. Deng. Seule une paix globale peut restaurer la sécurité et la stabilité dans ce pays qui en a tant besoin et apporter des solutions durables au nombre croissant de personnes déplacées, affirme-t-il.

Le Gouvernement du Soudan est prié d'assumer la responsabilité première qui lui incombe d'apporter une protection aux personnes déplacées à l'intérieur du pays et aux autres communautés concernées, tout en coopérant avec la communauté internationale en vue de faciliter l'accès pour la fourniture d'une aide humanitaire dont ces populations ont un besoin urgent. En outre, tous les acteurs armés dans la région de Darfour sont liés par le droit humanitaire de protéger les civils contre tout déplacement arbitraire et d'assurer la sécurité et le bien-être des personnes déplacées.

Le Gouvernement et tous ceux qui sont engagés dans la recherche de la paix doivent redoubler d'efforts pour faire en sorte que la paix règne entièrement sur l'ensemble du pays et pour rétablir la sécurité, la dignité et les perspectives de développement et de prospérité dans le pays, conclut M.

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