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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME EXAMINE LES QUESTIONS RELATIVES AU RACISME ET À LA DISCRIMINATION RACIALE

24 Mars 2009

Conseil des droits de l'homme
APRES-MIDI (15 - 18 heures)

24 mars 2009

À un mois de la Conférence d'examen du Durban, le Conseil entend nombre de délégations faire part de leurs espoirs et attentes concernant cette Conférence


Le Conseil des droits de l'homme a examiné, cet après-midi, les questions relatives au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l'intolérance qui y est associée, s'agissant plus particulièrement du suivi et de l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Le Conseil était saisi dans ce cadre des rapports du Groupe de travail intergouvernemental sur l'application effective de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine et du Comité spécial chargé d'élaborer des normes complémentaires.

À moins d'un mois de la Conférence d'examen de Durban, qui se tiendra à Genève du 20 au 24 avril prochain, le Conseil a entendu nombre de délégations faire part de leurs espoirs et attentes concernant cette Conférence, plusieurs estimant que l'état d'avancement actuel du document final permettait d'espérer le succès de la Conférence. À cet égard, les délégations ont rappelé l'importance d'obtenir un texte consensuel qui réaffirme l'indivisibilité, l'universalité et l'interdépendance des droits de l'homme. Aucun pays, aucun continent n'étant épargné par le racisme et la discrimination raciale, il est important pour tous de participer à cette Conférence d'examen dont l'objet est de galvaniser les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre le racisme, a-t-il été souligné.

Certaines délégations ont affirmé que la Conférence d'examen permettra non seulement d'évaluer les progrès et les lacunes de la lutte contre le racisme, mais également de s'intéresser aux nouvelles manifestations de discrimination qui ont vu le jour depuis l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban en 2001. D'autres ont au contraire rappelé qu'il s'agissait d'évaluer la mise en œuvre du Programme d'action sans procéder à sa renégociation.

Plusieurs intervenants ont évoqué la question du nécessaire équilibre à trouver entre liberté d'expression et lutte contre l'incitation à la haine. D'une part, il a été relevé que la relation entre le racisme et la liberté d'expression réside dans le fait que cette liberté est assortie de responsabilités et ne saurait permettre l'incitation à la haine. Des mises en garde ont été lancées contre les restrictions à la liberté d'expression, certains intervenants faisant observer que la tolérance raciale et religieuse sera mieux promue, précisément, par la liberté d'expression, l'éducation et le dialogue. Plus généralement, les délégations ont reconnu que la lutte contre la discrimination raciale et le racisme ne sera couronnée de succès que si les États font preuve de détermination aux niveaux national, régional et international.

Le rapport du Groupe de travail intergouvernemental sur l'application effective de la Déclaration et du Programme d'action de Durban a été présenté par son Président, M. Dayan Jayatilleka, qui a rendu compte de la contribution du Groupe de travail à la préparation de la Conférence d'examen de Durban. Présentant le rapport sur la huitième session du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine, son Président, M. Joe Frans, a attiré l'attention sur le plan de travail du Groupe pour la période 2009-2011, qui prévoit notamment au moins une visite par an dans un pays. M. Idriss Jazaïry, Président du Comité spécial chargé d'élaborer des normes complémentaires, a pour sa part indiqué que le Comité spécial s'est penché sur la question des lacunes dans les instruments internationaux permettant de lutter contre le racisme et la discrimination raciale et sur les moyens de renforcer la mise en œuvre de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

Les délégations des États suivants ont fait des déclarations: République tchèque (au nom de l'Union européenne), Cuba (au nom du Mouvement des non-alignés), Égypte (au nom du Groupe africain), Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Indonésie, Inde, Yémen (au nom du Groupe arabe), Afrique du Sud (au nom du Groupe africain), Suisse, Qatar, Brésil, Slovénie, République de Corée, Slovaquie, Malaisie, Burkina Faso, Chine, Fédération de Russie, Angola, Sénégal, Nigéria, Koweït, Turquie, Maroc, Iran, Libye, Syrie, Algérie et Venezuela.

Les représentants de l'Union africaine, du Comité international de coordination des institutions nationales des droits de l'homme et des 21 organisations non gouvernementales suivantes ont également pris la parole: Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), United Nations Watch, Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), Nord-Sud XXI, Institut international de la paix, International Institute for Non-Aligned Studies, Défense des enfants - international, Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme, International Human Rights Association of American Minorities, Federación de Asociaciones de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos, Union internationale humaniste et laïque, Cercle de recherche sur les droits et les devoirs de la personne humaine, Becket Fund for Religious Liberty, Asociación de Desarrollo Sociocultural - MBORORO, Consejo Indio de Sudamérica, Amnesty International, Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies, Centre for Inquiry International, Secrétariat international du Mouvement 12 décembre, au nom également de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), Mouvement indien «Tupaj Amaru») et la Commission arabe des droits de l'homme.


Demain matin, à 10 heures, le Conseil entendra les derniers orateurs dans le cadre du débat sur les questions relatives au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l'intolérance qui y est associée. Il entamera ensuite l'examen des questions relatives à l'assistance technique et au renforcement des capacités; il tiendra dans ce cadre un dialogue interactif avec l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en Somalie.


Débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance: suivi et application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban

Présentation de rapports

M. IDRISS JAZAÏRY, Président-Rapporteur du Comité spécial du Conseil des droits de l'homme chargé d'élaborer des normes complémentaires, a indiqué que le Comité a conclu sa session inaugurale le 19 décembre 2008, après s'être réuni à deux reprises, en février et en décembre 2008. Ces deux sessions, a-t-il précisé, ont été suivies par des représentants d'États membres, de groupes régionaux, d'institutions nationales, d'agences spécialisées, d'organisations intergouvernementales et non gouvernementales. Il a expliqué qu'à sa première session, le Comité s'est attelé à la question du contenu et de la portée des lacunes dans les instruments internationaux permettant de lutter contre le racisme et la discrimination raciale. Le Comité s'est également intéressé aux moyens de renforcer la mise en œuvre de la Convention sur l'élimination de la discrimination raciale. À la clôture de cette session, le Président avait suggéré aux délégations de soumettre des propositions s'agissant d'éventuelles normes complémentaires. Toutefois, en l'absence de propositions concrètes, le Président a élaboré un document permettant de faciliter et d'orienter les discussions lors de la deuxième session, a indiqué M. Jazaïry. Il a précisé que ce document portait notamment sur les moyens de renforcer le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale; le terrorisme, la discrimination raciale et le profilage racial; l'incitation à la haine raciale, nationale et religieuse; le racisme dans les technologies de l'information et de la communication; l'impunité pour les actes de racisme et de discrimination raciale; et le droit à réparation pour les victimes du racisme.

Le Président-Rapporteur a indiqué qu'à la fin de sa deuxième session, le Comité a pu adopter, dans un esprit consensuel, un document final qui fournit une feuille de route pour l'élaboration de normes complémentaires. Selon cette feuille de route, le Président du Comité sollicitera les contributions des États membres et compilera les réponses reçues; il consultera ensuite les États membres sur la base de ce document et transmettra le tout au Haut-Commissariat. Avec l'adoption de la feuille de route, les travaux ont commencé d'une excellente manière, s'est félicité M. Jazaïry.

Le rapport relatif à la première session du Comité spécial chargé d'élaborer des normes complémentaires (A/HRC/10/88) n'est pour l'instant pas disponible et devrait paraître sous peu.

M. DAYAN JAYATILLEKA, Président-Rapporteur du Groupe de travail intergouvernemental sur la mise en œuvre effective de la Déclaration et la programme d'action de Durban, rendant compte des travaux de la sixième session du Groupe de travail, a rappelé que le racisme, la xénophobie et les formes d'intolérance qui sont associés sont à l'origine de nombreux conflits et posent ainsi une menace à la paix et à la sécurité, au niveau national comme au niveau international. Le Groupe de travail s'est réuni des 11 au 22 février puis le 18 décembre 2008. La contribution de Groupe de travail à la préparation de la Conférence d'examen de Durban a été soumise sous forme d'un document intitulé «Compilation des conclusions et recommandations adoptées par le Groupe de travail intergouvernemental sur la mise en œuvre effective de la Déclaration et le programme de travail de Durban». Le Groupe de travail n'a pas été en mesure d'adopter officiellement son programme de travail lors de la deuxième réunion, n'ayant pas disposé des services de conférence adéquats.

Le rapport du Groupe de travail intergouvernemental sur l'application effective de la Déclaration et du Programme d'action de Durban (A/HRC/10/88) contient le compte rendu des délibérations de la sixième session du Groupe de travail intergouvernemental sur l'application effective de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. La session s'est tenue en deux parties: la première du 21 janvier au 1er février 2008, et la seconde le 18 décembre 2008. Dans le rapport figurent un compte rendu des réunions ainsi que des annexes, notamment la contribution du Groupe de travail à la Conférence d'examen de Durban.

M. JOE FRANS, Président-Rapporteur du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine, a présenté le rapport sur la huitième session du Groupe qui s'est tenue du 12 au 16 janvier dernier, en soulignant qu'outre l'identification de nouveaux thèmes sur lesquels le Groupe de travail devrait se pencher à l'avenir, cette huitième session a également identifié des thèmes qui, tout en ayant déjà été traités par le Groupe, mériteraient d'être analysés plus avant. Le Groupe de travail d'experts s'est également penché sur sa méthodologie et a élaboré un plan de travail complet et ambitieux couvrant les années 2009-2011, a ajouté M. Frans.

S'agissant des thèmes qui, tout en ayant déjà été traités par le Groupe, mériteraient d'être analysés plus avant, M. Frans a indiqué qu'une analyse plus approfondie des questions relatives à l'administration de la justice, au droit et à l'accès au logement, au racisme et à la santé était justifiée au regard de la gravité continue de la situation dans ces domaines. Pour ce qui est des nouveaux thèmes identifiés comme méritant d'être analysés à l'avenir, M. Frans a indiqué qu'il s'agissait de la dichotomie entre rural et urbain et de l'analyse sexospécifique de la situation des personnes d'ascendance africaine; de la pauvreté; de l'exclusion et de la marginalisation sociales; de la culture, du développement et des crimes haineux contre les personnes d'ascendance africaine. L'éducation inter et intraculturelle a également été identifiée au nombre des thèmes devant être examinés lors de futures sessions.

Au cours de la discussion sur les enfants d'ascendance africaine et la violence que le Groupe de travail a tenue durant sa huitième session, il a été souligné que les communautés d'ascendance africaine vivent dans des conditions à haut risque et que la violence contre les enfants de ces communautés est généralement plus répandue et plus profonde. Ces dernières décennies, certaines formes extrêmes de violence contre les enfants, notamment l'exploitation sexuelle et le trafic, les mutilations génitales féminines, les pires formes de travail des enfants et l'impact des conflits armés, ont suscité une large condamnation internationale, a ajouté M. Frans. La violence contre les enfants est un phénomène peu rapporté et peu visible et cela est particulièrement le cas pour les enfants d'ascendance africaine, a-t-il indiqué. Au nombre des préoccupations exprimées à ce sujet s'agissant des enfants d'ascendance africaine, figurent le taux disproportionné d'enfants d'ascendance africaine qui sont expulsés et suspendus des écoles pour être relégués dans des programmes spéciaux pour enfants émotionnellement perturbés; les châtiments corporels; le grand nombre de ces enfants qui sont placés en institutions ou dans des centres de détention pour des délits mineurs; ainsi que la peine de mort et l'emprisonnement à vie infligés à ces enfants. Durant la discussion au sein du Groupe de travail d'experts, il a été souligné que l'éducation recèle le potentiel d'effacer les racines des attitudes discriminatoires et de la marginalisation et de promouvoir le respect et la tolérance, a poursuivi M. Frans.

En ce qui concerne le plan de travail du Groupe pour les années 2009-2011, M. Frans a proposé que soit explorée la possibilité, pour le Groupe de travail, de tenir ses sessions annuelles plus tard dans l'année, car le mois de janvier n'est pas un moment très propice pour la participation de nombreuses délégations. Le plan de travail élaboré par le Groupe inclut au moins une visite par an dans un pays, a ajouté M. Frans, précisant que cette année, le Groupe a l'intention d'entreprendre deux visites de pays, en fonction des ressources disponibles. Le plan de travail prévoit aussi la tenue de réunions publiques avec des victimes de racisme et de crimes haineux contre des personnes d'ascendance africaine, afin de faire en sorte que le Groupe soit mieux informé des besoins et opinions de ces victimes. Enfin, le Groupe a l'intention d'organiser des séminaires, des ateliers, des conférences et des colloques sur les thèmes pertinents relevant de son mandat. Pour cela, a souligné M. Frans, un financement approprié sera requis.

Le rapport du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine sur les travaux de sa neuvième session (A/HRC/10/66, disponible en anglais seulement) présente notamment des recommandations aux États s'agissant de la jouissance de leurs droits de l'homme par les personnes d'ascendance africaine, notamment dans le contexte actuel de la crise financière mondiale.

Débat général

MME VERONIKA STROMŠÍKOVÁ (République tchèque au nom de l'Union européenne) a fait observer qu'aucun pays, aucun continent, n'est épargné par les problèmes du racisme, de la discrimination raciale et de l'intolérance. La lutte contre ces phénomènes ne sera couronnée de succès que si les États font preuve de détermination au niveau national, régional et international, a-t-elle fait valoir. Elle a souligné que l'Union européenne a à maintes reprises condamné les manifestations de racisme, car elles sont contraires à ses valeurs, elles menacent la cohésion sociale et entravent la réalisation des droits de l'homme. Au niveau régional, le Conseil de l'Europe et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) exercent des activités de lutte contre le racisme et assurent un cadre régional solide dans ce domaine, a expliqué le représentant tchèque. Elle a relevé l'importance de la Convention sur l'élimination de la discrimination raciale, faisant valoir que cet instrument est suffisant pour englober toutes les manifestations de racisme et devrait demeurer le fondement juridique de la communauté internationale.

En ce qui concerne le processus préparatoire de la Conférence d'examen de Durban, la représentante tchèque a indiqué que l'Union européenne y participe en étant persuadée que la Conférence d'examen doit porter sur la mise en œuvre de l'accord de 2001 sans ouvrir de nouveau le débat sur cet accord. Elle a précisé que la Conférence d'examen offre l'occasion de rationaliser les mécanismes de suivi, de manière à les rendre plus efficaces, transparents et ouverts au public. Elle a également fait observer que l'Union européenne a montré qu'elle souhaitait vraiment faire avancer la lutte contre le racisme. Beaucoup reste à faire, a-t-elle reconnu, car le racisme demeure un défi. Quant au projet de document final, Mme Stromšíková a souligné qu'il s'est agit jusqu'ici de consolider un texte difficile qui était trop long et peu susceptible de fournir base pour le consensus. Elle a précisé que l'Union européenne est en train d'examiner la dernière version.

M. RESFEL PINO (Cuba au nom du mouvement des pays non-alignés) a rappelé que ces pays ont toujours eu une position sans équivoque contre toute forme de discrimination raciale et l'intolérance qui y est associée, qui a été réaffirmée lors du sommet à la Havane en 2006. La Conférence de Durban de 2001 était un jalon important dans la lutte contre le racisme, mais depuis l'année 2001 le monde a connu une résurgence du racisme de par le monde. Les membres du Mouvement des non-alignés ont reçu les dernières versions des documents préparatoires. Ces documents sont encore étudiés de près, mais le mouvement peut déjà dire qu'il s'agit d'une tentative constructive pour faire avancer le processus de négociation. Le processus a d'importants défis à relever, mais nous pouvons associer toute notre sagesse et tout notre engagement pour les affronter, a-t-il conclu.

MME HEBA MOSTAFA (Égypte au nom du Groupe africain) s'est félicitée des efforts déployés actuellement pour assurer le succès de la Conférence d'examen de Durban. La version abrégée du projet de document final de cette Conférence d'examen, publiée par le Président du Groupe de travail intersession le 17 mars dernier, est, de l'avis de l'Égypte, une bonne base pour aborder la dernière ligne des négociations en vue d'assurer le succès de cette Conférence d'examen. La Déclaration et le Programme d'action de Durban adoptés en 2001 resteront la référence pour toutes les mesures qui devront être entreprises après la Conférence d'examen, a indiqué la représentante égyptienne.

M. MARGHOOB SALEEM BUTT (Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique) a rappelé que les États membres de l'OCI ont participé activement à la Conférence mondiale de 2001 et à l'élaboration de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Il a précisé que leur engagement s'appuie sur la détermination que la menace du racisme est contraire à toutes les valeurs fondamentales de paix, d'égalité et de justice auxquelles est attaché l'Islam. Il a indiqué que la Conférence d'examen permettra d'évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d'action de Durban, de s'intéresser aux éventuels écueils et de déterminer les moyens d'alléger le fardeau des victimes de racisme. Il a précisé qu'une participation effective de la société civile est extrêmement importante à cet égard. Le document final de cette Conférence devra fournir un mécanisme de protection efficace pour toutes les victimes, y compris celles qui ont souffert de la guerre contre le terrorisme, a-t-il souligné, faisant allusion aux pratiques de profilage racial et de son corollaire de discrimination raciale ou religieuse. Le représentant pakistanais a réitéré le soutien des pays membres de l'OCI au processus de Durban. Il a également fait sien l'appel de la Haut-Commissaire pour que chacun laisse ses propres intérêts de côté et rejoigne au processus pour éliminer efficacement le racisme et la discrimination raciale. D'autre part, M. Akram s'est réjoui de la transparence du processus du Groupe de travail sur Durban. Il a en outre salué l'adoption, par consensus, du document final du Comité spécial chargé d'élaborer des normes complémentaires, soulignant qu'il s'agit d'un signe encourageant pour la tâche importante que ce Comité a été chargé de réaliser.

M. GUSTI AGUNG WESAKA PUJA (Indonésie) a déclaré que la Déclaration et le programme d'action de Durban offre un cadre global qui prévoit, entre autres, l'adoption de lois anti-discriminatoires. L'évolution du monde après le 11 septembre a malheureusement fait resurgir le spectre de la discrimination raciale. Il faut y faire face avec une vigueur renouvelée. Le texte proposé par le Groupe de travail intergouvernemental a le mérite de proposer à la Conférence d'examen un texte adapté aux évolutions les plus récentes. La Conférence d'examen fournira l'occasion aux pays de faire preuve de leur détermination d'aller de l'avant dans la lutte contre l'intolérance et le racisme. Elle permettra aux participants de faire le bilan des points forts et points faibles dans la mise en œuvre sur le terrain et de tirer les leçons de leurs expériences respectives.

M. ACHAMKULANGARE GOPINATHAN (Inde) a souligné que la Déclaration de Durban avait constitué un jalon dans la lutte contre les pires formes d'inégalité. L'occasion offerte par la Conférence d'examen de Durban de faire le point des avancées comme tout en identifiant les retards dans la mise en œuvre des objectifs doit être saluée, a-t-il souligné. Elle est d'autant plus opportune que l'on assiste à des manifestations d'intolérance raciale et de xénophobie qui ont eu tendance à devenir plus prononcées depuis Durban en 2001, a-t-il noté. La délégation indienne a le sentiment que le nouveau projet de déclaration finale constitue une bonne base pour avancer dans les négociations et parvenir à un résultat équilibré. Il a appelé les autres délégations à tirer parti des quelques semaines qui restent tout en faisant preuve de souplesse et de sens du compromis dans la perspective de réduire les différences de points de vue. Il est nécessaire d'envoyer un message qui soit à la fois fort, qui soit clair et qui fasse la démonstration de l'unité de la communauté internationale, a conclu le représentant de l'Inde.

M. IBRAHIM SAIED MOHAMED AL-ADOOFI (Yémen, au nom du Groupe arabe) a salué les travaux effectués par le Groupe de travail sur la Conférence d'examen de Durban et estimé qu'il doit poursuivre son travail dans le cadre de son mandat pour bien préparer la Conférence d'examen. Il a appelé chacun à assumer ses responsabilités pour lutter contre les manifestations du racisme et à travailler à la réussite de la Conférence. Le représentant yéménite a estimé que la Conférence d'examen devra s'intéresser à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban mais également aux formes contemporaines de racisme apparues après 2001. Se tournant ensuite vers le Comité spécial chargé d'élaborer des normes complémentaires, le Groupe arabe salue le travail qu'il a effectué lors de sa première année de travaux pour combler les lacunes existantes et offrir de nouvelles normes pour combattre les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale et religieuse. Il a par ailleurs félicité le Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine, relevant tout particulièrement la manière dont il propose de traiter des injustices historiques. Il a toutefois regretté le manque de volonté politique pour mettre en œuvre les recommandations du Groupe de travail.

MME GLAUDINE J. MTSHALI (Afrique du Sud au nom du Groupe africain) a déclaré que le Comité spécial a pour tâche de définir les normes complémentaires, ce qui souligne la nécessité de combler les lacunes de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de racisme. Le Groupe africain s'attend par ailleurs à ce que les délégations apportent leur contribution à la protection de ceux qui sont victimes de racisme. Le mécanisme sur les personnes d'ascendance africaine est particulièrement important aux yeux du Groupe africain; ses efforts doivent être soutenus par le Conseil des droits de l'homme. La représentante a estimé qu'à ce stade des préparatifs, il n'est pas inutile de préciser que le Groupe africain est d'avis que le Conférence d'examen doit cibler les victimes du racisme.

M. JURG LAUBER (Suisse) a rappelé que les discussions dans le cadre des préparatifs de la Conférence d'examen de Durban avaient été à la fois longues et difficiles, ce qui illustre l'importance des enjeux sur la table. À moins d'un mois de l'ouverture de la Conférence, la Suisse «salue les progrès effectués, en particulier ces dernières semaines, grâce à la persévérance, au tact et à la rigueur du Président du Groupe de travail intersessionnel». Ces progrès n'auraient pas été non plus possibles «sans l'engagement et la volonté de compromis de délégations de tous bords très engagées sur des sujets particulièrement sensibles», a encore souligné le représentant suisse. Le texte actuellement soumis est salué par de nombreuses délégations et groupes comme «une excellente base» pour conclure les travaux, a-t-il relevé. «Conservons le même esprit !», a-t-il lancé, soulignant que les résolutions que le Conseil adoptera cette semaine devraient contribuer à cet objectif.

M. KHALID FAHAD AL-HAJRI (Qatar) a rappelé que les Nations Unies ont, en 1966, appelé la communauté internationale à redoubler d'efforts pour mettre un terme à toutes les formes de discrimination raciale. Il a constaté avec regret que la communauté internationale fait aujourd'hui face à une tendance inquiétante de montée du racisme et des actes de violences pour des motifs ethniques et religieux. Alors qu'il faut œuvrer pour rapprocher les peuples, le monde dérive malheureusement vers la discrimination raciale et la xénophobie, mettant hors de portée l'idéal d'un monde libre sans racisme, a souligné le représentant du Qatar. Il a, dans ce contexte, relevé l'importance de promouvoir le dialogue entre les religions, signalant au passage que son pays s'engage fermement dans cette voie. Alors que les préparatifs de la Conférence d'examen de Durban se poursuivent, il a insisté sur l'importance de cette Conférence et la nécessité de la soutenir, afin de montrer que la communauté internationale rejette la discrimination raciale. Il faut réussir cette conférence, car un échec aura des répercussions négatives sur les droits de l'homme, a-t-il mis en garde. Il faut que la communauté internationale resserre ses rangs pour mettre fin au racisme, à la discrimination, à la diffamation et aux attaques contre la religion, a-t-il conclu.

MME MARIA NAZARETH FARANI AZEVÊDO (Brésil) a déclaré que l'intolérance et le racisme sont des fléaux qui frappent toutes les sociétés humaines. C'est un fléau qui ne peut être combattu de manière isolée. L'enjeu est de taille, car le problème du racisme est étroitement lié à la pauvreté et à l'exclusion sociale. C'est une lutte qui exige une grande persévérance. La discrimination contre les personnes d'origine africaine, les peuples autochtones, les femmes ou les travailleurs migrants est fréquente, mais totalement incompatible avec la démocratie. Certaines évolutions récentes dans le processus d'examen donnent de l'espoir quant à la capacité de la communauté internationale de répondre aux besoins des millions de personnes qui sont victimes de violations des droits de l'homme du fait de la discrimination. Le Brésil a l'intention de participer activement et de manière constructive à la Conférence d'examen est espère que chacun fera preuve d'ouverture d'esprit. Elle a par ailleurs évoqué l'importance du Groupe de travail sur les personnes d'ascendance africaine.

M. ANTON PINTER (Slovénie) a rappelé que son pays présiderait le Conseil de l'Europe cette année et que la lutte contre le racisme et la discrimination serait une de ses grandes priorités. En mai, la Slovénie accueillera une conférence sur l'éducation des Roms. Nous sommes fermement convaincus, a ajouté le représentant slovène, que l'éducation, l'éducation aux droits de l'homme en particulier, sont des éléments essentiels pour combattre les différentes formes de racisme et de discrimination.

M. WIE-YOUNG HA (République de Corée) a espéré, alors que les préparatifs de la Conférence d'examen de Durban se précisent, que cette Conférence sera un succès et débouchera sur un consensus solide. Il a estimé que le document final devra avoir une portée universelle et fournir des principes efficaces pour guider la lutte contre le racisme, quelle que soit la région ou l'ethnie concernée. Il a reconnu qu'il est tentant d'isoler le fardeau de certaines régions ou communautés, puisque leurs souffrances sont réelles. Toutefois, ne pas appréhender l'universalité de l'antiracisme pourrait éroder les bases du consensus et compromettre sa validité universelle, a-t-il fait remarquer. Il a noté quelques progrès en la matière dans la dernière version du document final. D'autre part, le représentant coréen a estimé que les discussions devraient tendre vers l'élimination de la discrimination raciale dans tous les pays. Dans cette perspective, il est impératif de renforcer l'efficacité des instruments nationaux et internationaux existants, a-t-il souligné. Le représentant de la République de Corée a appelé à de la prudence dans l'élaboration d'instruments complémentaires, afin d'éviter les doublons. Enfin, il a mis en garde contre les restrictions à la liberté d'expression qui vont au-delà de celles prévues par les dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Tout en soulignant qu'il n'existe aucun droit absolu et tout en reconnaissant les préoccupations à l'égard des abus de la liberté d'expression, il s'est toutefois dit d'avis que la tolérance raciale et religieuse sera mieux promue par la liberté d'expression, l'éducation et le dialogue.

MME IVANA KASAROVA (Slovaquie) a rappelé que le monde vient de commémorer la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale le 21 mars. Tout en ayant une pensée pour les victimes du massacre de Sharpeville il faut, à l'instar de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, surtout penser aux millions qui sont, aujourd'hui encore, victimes de la discrimination raciale. Aucun pays du monde n'a complètement réussi à éliminer ce fléau; c'est une triste réalité. Ce constat doit encourager chacun à redoubler d'efforts, et non à baisser les bras. La communauté internationale doit s'y engager pleinement et mettre les victimes au centre des préoccupations. On a assisté à l'émergence de plusieurs instruments en la matière. Il importe à présent d'assurer aux victimes un meilleur accès à ces instruments. En Slovaquie, une loi anti-discriminatoire est en vigueur depuis 2004 et des plans d'action sur la prévention de différentes formes d'intolérance sont régulièrement lancées et semblent porter ses fruits.

M. ABDUL RAZAK JOHAN ARIFF (Malaisie) a rappelé que son pays avait été le théâtre de ce qu'il y a de plus sombre dans le racisme avec les émeutes raciales meurtrières de 1969 qui ont aussi provoqué des destructions de grande ampleur. À la suite de ces événements, le pays a mis en place des dispositions juridiques et administratives dont l'objectif était de régler des problèmes qui étaient liés en fait au sous-développement. Malgré cela, en raison de la composition multiculturelle et multireligieuse complexe de la Malaisie, le projet visant à créer une conscience nationale et à éradiquer les distinctions fondées sur la race, le sexe, la religion ou d'autres différences demeure une préoccupation constante des autorités, a-t-il souligné.

MME SABINE KANZIE BAKYONO (Burkina Faso) a fait observer qu'aujourd'hui encore, le quotidien d'innombrables êtres humains à travers le monde interpelle sur les souffrances souvent silencieuses mais destructrices liées à des actes racistes et xénophobes. Elle a déclaré que sa délégation partage avec l'ensemble de la communauté internationale les préoccupations liées à la persistance des actes de racisme. Le Burkina Faso a engagé des initiatives s'inscrivant dans l'esprit de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, soulignant notamment que les principes d'égalité et de non-discrimination ont été consacrés dans la Constitution. La représentante burkinaise a précisé que l'élaboration d'une stratégie nationale de promotion d'une culture de la tolérance et de la paix dont l'adoption se fera dans les prochains jours répond à la volonté du gouvernement de mettre davantage l'accent sur la sécurité humaine comme condition du succès à la réalisation d'un développement solidaire et durable. Avant de conclure, la représentante a fait remarquer que le succès de la Conférence d'examen de Durban incombe a tous. À cet égard, le Burkina Faso se félicite de l'approche constructive qui a prévalu à ce stade du processus préparatoire et invite les États et les groupes à poursuivre dans ce sens, afin que la Conférence d'examen aboutisse à un résultat consensuel dont la mise en œuvre engagera tous les États.

M. SHAOHUA HE (Chine) a déclaré que la Chine, à l'instar d'autres États, n'a pas épargné ses efforts pour combattre le racisme. Mais que de nouvelles formes d'intolérance surgissent; tous les pays du monde doivent prévoir de développer une éducation contre le racisme et entretenir le dialogue interethnique. Depuis de nombreuses années, les mécanismes des Nations Unies œuvrent pour combattre le racisme et la Chine reconnaît le travail important qui a été accompli. La Conférence d'examen de Durban fournit une bonne occasion de faire le bilan de la situation et pour prendre des mesures concertées de lutte contre le racisme et toutes les formes d'intolérance qui y sont associées.

M. ALEXEY GOLTYAEV (Fédération de Russie) a souligné la nécessité de consolider les efforts et de trouver des méthodes de travail satisfaisantes qui conviennent à tous. La Conférence d'examen de Durban est une occasion de plus de se pencher sur les mécanismes existants, de voir comment les améliorer et de trouver des synergies pour mieux utiliser les ressources. Le succès du processus préparatoire, ainsi que celui de la Conférence, dépend d'un travail collectif, a-t-il souligné. On ne peut laisser de côté les formes contemporaines de racisme et la résurgence de certaines formes de racisme, ni oublier les tragédies qui ont fait des victimes en grands nombres, a-t-il averti. Pour lutter contre le racisme, il faut de la bonne volonté, ainsi qu'un travail quotidien assidu, a conclu la délégation russe.

M. ARCANJO DO NASCIMENTO (Angola) a rappelé que le racisme et la discrimination sont le lot quotidien de millions d'hommes, femmes et enfants partout dans le monde et que la lutte contre ces fléaux demeure un défi mondial. Dans ce contexte, la communauté internationale fonde de grands espoirs sur la prochaine Conférence d'examen de Durban, a-t-il souligné. Le représentant angolais a fait remarquer que des nouvelles formes de racisme visant les minorités, les migrants, les réfugiés et les requérants d'asile ont émergé sous l'impulsion de la mondialisation, de la lutte contre le terrorisme et de la composition pluriethnique des sociétés. Il s'est inquiété de la montée des actes de racisme et notamment de l'antisémitisme, de l'islamophobie et de l'antichristianisme, attirant l'attention sur les conséquences terribles que ces attitudes et comportements ont eues par le passé. M. Do Nascimento a expliqué que la relation entre le racisme et la liberté d'expression réside dans le fait que la liberté d'expression est assortie de responsabilités. La liberté d'expression ne doit pas être interprétée comme la liberté d'inciter ou de promouvoir la haine raciale, la discrimination ou la violence, a-t-il souligné. À l'inverse, les efforts pour combattre le racisme et la xénophobie doivent s'équilibrer avec la nécessité de protéger la liberté d'expression, a-t-il fait valoir. Le représentant s'est dit persuadé que le succès de la Conférence se trouve dans la poursuite du dialogue pour trouver un compromis politique permettant d'identifier les causes et les origines du racisme et mieux s'y attaquer.

M. ABDOUL WAHAB HAIDARA (Sénégal) s'est félicité du «bel élan de soutien au processus» de Durban avec la publication la semaine dernière de la nouvelle mouture du projet de document final. «Nous devons cela à la sagesse du Président du Groupe de travail intergouvernemental», a-t-il souligné. Il nous faut tout faire pour «maintenir, consolider et amplifier ce précieux acquis, de manière à atteindre notre objectif commun qui est d'arriver à un résultat consensuel». Le Sénégal a l'intention de ne ménager aucun effort dans ce sens.

M. IFEANYI NWOSY (Nigéria) a exprimé son engagement sincère à l'égard de l'application de la Déclaration et du programme d'action de Durban. Il est d'avis que les lacunes que l'on constate dans les instruments internationaux sur la question du racisme doivent être comblées en exhortant l'ensemble des États à s'engager pleinement dans le processus de Durban, en renforçant tous les mécanismes qui peuvent appuyer le Conseil des droits de l'homme et en apportant une assistance technique aux États et aux organisations nationales des droits de l'homme. Il ne voit pas l'intérêt de soutenir la rationalisation des mécanismes existants. Par ailleurs, le Nigéria a lancé un appel à tous les États pour qu'ils participent pleinement à l'examen de Durban. Il a déclaré que la coopération entre les gouvernements, les organisations non gouvernementales et autres sociétés de la société civile contribuera grandement au succès de la Conférence.

Observateurs

M. MALEK AL WAZZAN (Koweït) a salué les efforts déployés par la communauté internationale pour éliminer le racisme et la discrimination raciale, ainsi que la contribution de la Haut-Commissaire pour assurer la mise en œuvre du Programme d'action de Durban. Il a estimé primordial de trouver un juste équilibre entre la liberté d'expression et la nécessité de lutter contre l'incitation à la haine. Le Koweït a manifesté à plusieurs reprises son refus de la diffamation des religions, a-t-il rappelé. Le délégué a également estimé essentiel de conserver l'esprit de consensus en vue de réaliser les buts et objectifs communs pour lutter contre le racisme. Enfin, il a soutenu l'appel du Secrétaire général et de la Haut-Commissaire pour redoubler d'efforts en vue d'achever la rédaction du document final de la Conférence d'examen de Durban.

M. ALI ONANER (Turquie) a demandé aux États de s'engager pour contribuer au succès de la préparation de la Conférence d'examen de Durban, huit ans après Durban. Au cours du processus préparatoire, il a été possible de se mettre d'accord sur les objectifs de l'examen. Cet esprit d'ouverture devrait aussi être conservé pendant la Conférence par les États comme par les organisations non gouvernementales, ces dernières devant être encouragées contribuer de manière constructive au processus.

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné que la lutte contre le racisme sous toutes ses formes devait demeurer une priorité de la communauté internationale. À cet égard, la Conférence de Durban de 2001 a constitué un tournant, jetant les bases d'une protection plus renforcée des personnes contre toutes les discriminations. La dernière version du projet de document final de la Conférence d'examen constitue une excellente base de négociation, estime le Maroc dont la délégation a rendu hommage aux efforts inlassables de M. Yuri Boychenko, Président du Groupe de travail intersession. Il a mis à la disposition des délégations un texte consolidé qui prend en compte les différentes préoccupations exprimées. Le Maroc entend œuvrer à la réduction des divergences dans un esprit de coopération et de compromis. Il a appelé les États membres à contribuer de manière constructive au débat et exprimé la reconnaissance de son pays à la Haut-Commissaire aux droits de l'homme pour ses efforts et la valeur ajoutée qu'elle apporte au processus préparatoire.

M. MESBAH ANSARI DOGAHEH (Iran) s'est réjoui de l'avancement des travaux préparatoires de la Conférence de suivi de Durban, persuadé qu'au final ce processus permettra de renforcer les efforts de lutte contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie. Il a souligné que la communauté internationale est aujourd'hui témoin d'actes racistes et discriminatoires à l'encontre des migrants, des réfugiés, des peuples autochtones et des requérants d'asile, ainsi que de manifestations de diffamation des religions, d'intolérance religieuse et de profilage racial. Cette forme de racisme diffusée en grande partie par les médias et encouragée par certains politiciens ciblent les groupes sociaux vulnérables simplement parce qu'ils sont différents, a expliqué le représentant iranien. Il a fait valoir que les échecs dans la lutte contre le racisme conduisent à la persistance de ce phénomène. Dans ce contexte, le délégué a encouragé le renforcement des instruments de suivi pour assurer la mise en œuvre du Programme d'action de Durban. Il a précisé que son pays a fait don de 40 000 dollars pour l'organisation de la Conférence de suivi de Durban.

M. ADEL SHALTUT (Libye) a déclaré que le processus d'examen de Durban est attendu impatiemment par le monde entier. Il a salué l'Afrique du Sud pour sa victoire sur le racisme, sous l'égide de Nelson Mandela. Il a ajouté que les victimes de racisme ont droit aux indemnisations et réparations et que la Libye fera tout son possible pour que ce principe soit retenu. Lors de la Conférence d'examen, les États seront guidés par leur volonté de ne pas décevoir les générations futures. Il a rappelé que les pires crimes sont commis à l'encontre des femmes et des enfants et que la vie d'un soldat national est souvent considérée comme plus précieuse que la vie de milliers de femmes et d'enfants d'une autre race.

M. ABDULMONEM ANNAN (Syrie) a estimé que les prétextes pour ne pas participer à cette conférence reflétait un manque de sérieux dans la lutte contre le racisme. Les droits de l'homme ne peuvent être mis en œuvre de manière adéquate lors d'une occupation étrangère, a-t-il rappelé, citant le Haut-Commissariat. C'est la raison pour laquelle la délégation syrienne souhaite qu'un texte abordant la problématique de l'occupation soit discuté. Elle est aussi préoccupée par l'exclusion, de la vie politique notamment, dont souffrent les personnes d'ascendance africaine.

M. BOUALEM CHEBIHI (Algérie) a fait remarquer que le suivi de la mise en œuvre effective de la Déclaration et du Programme d'action de Durban est un exercice capital pour l'identification des mesures nécessaires pour la lutte contre le racisme. Il a dans ce cadre salué le travail effectué par le Groupe de travail sur Durban et estimé que le mandat de ce dernier conserve toute sa pertinence et ne doit en aucun cas être affaibli ou remis en cause. Tout en se félicitant de l'adoption d'une feuille de route par le Comité spécial sur les normes complémentaires, il a souligné l'importance de la participation constructive de tous pour permettre au Comité de continuer de s'acquitter avec succès de son mandat. Le représentant algérien a par ailleurs fait remarquer que la prochaine Conférence d'examen de Durban doit aborder la question de l'impunité pour les actes de racisme, y compris leurs manifestations contemporaines. À un mois de la tenue de cette Conférence, il est important que tous les États fassent preuve de volonté politique et d'engagement constructif, y compris à travers une participation active et de haut niveau, a-t-il conclu.

M. YAKDHAN EL HABIB (Union africaine) a déclaré que la discrimination, quelle qu'elle soit, produit des effets néfastes sur le jouissance des droits de l'homme. À l'aube de la Conférence d'examen, on constate le peu de progrès réalisés depuis 2001, l'avènement de nouvelles formes de racisme et la montée d'idéologies d'intolérance et d'incitation à la haine. L'Union africaine croit fermement que les différentes questions restées en suspens ne seraient pas insurmontables si toutes les parties prenantes montraient la flexibilité nécessaire pour comprendre les contraintes et priorités des uns et des autres. Cette conférence ne doit pas être l'occasion de remettre en cause les acquis de 2001. La communauté internationale est garante de la réussite de la Conférence.

MME MARÍA AUXILIADORA GUILARTE (Venezuela) a rappelé que son pays avait activement participé à toutes les étapes de négociation sur le document finale de la Conférence d'examen. Le Venezuela appuie la lutte radicale contre le racisme et autres formes d'intolérance. Elle réitère la nécessité d'élaborer des normes complémentaires, une position qui a été affirmée dans différents forums internationaux. Le Venezuela invite tous les acteurs du processus à persister dans cette tâche ardue en déployant les actions nécessaires et en s'appuyant sur la volonté politique indispensable à cette fin.

Institutions nationales et organisations non gouvernementales

MME PETRA FOLLMAR-OTTO (Comité international de coordination des institutions nationales des droits de l'homme) a fait remarquer que les institutions nationales des droits de l'homme jouent un rôle actif dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Elle a préconisé l'adoption d'une approche globale de lutte contre le racisme, une approche qui tienne compte de toutes les formes, passées et présentes, de discrimination et de racisme. Une attention particulière doit être accordée aux formes multiples de discrimination, ainsi qu'aux intersections entre le racisme et le sexisme, aux préjugés contre les groupes religieux minoritaires et à l'homophobie. La représentante a indiqué que les institutions nationales des droits de l'homme organiseront une réunion pour évaluer leur participation à la mise en œuvre du Programme d'action de Durban.

M. GIANFRANCO FATTORINI (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples - MRAP) a déclaré que si la menace de boycotter la Conférence peut servir de moyen de négociation, la non-participation pourrait être interprétée comme un manque de volonté politique d'affronter les problèmes liés au racisme. L'on ne peut s'attaquer objectivement aux racines du racisme sans tenir compte de l'héritage du passé, notamment du passé colonial et de ses conséquences. La communauté internationale doit porter une attention toute particulière à cette question a-t-il conclu.

M. HILLEL NEUER (United Nations Watch) a noté que certains articles diabolisaient l'Occident et que n'était pas évoqué le trafic d'esclaves dans tous ses aspects. Aller à la conférence signifie légitimer un texte, a-t-il noté, relevant que les partisans de certaines positions tranchées étaient des pays du Moyen-Orient. Durban a-t-il permis d'examiner la situation du Darfour, s'est-il interrogé, déplorant la tournure prise par la préparation de Durban II qui risque une fois de plus de ne pas répondre aux problèmes posés, selon UN Watch.

M. MICHAEL ELLMAN (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme - FIDH) a réaffirmé l'importance d'obtenir un résultat fructueux de la Conférence d'examen de Durban pour promouvoir une amélioration constante de la lutte contre toutes les formes de discrimination. Elle s'est félicitée de la publication d'une version plus brève du document final. Toutefois, s'agissant de l'incitation à la haine raciale ou religieuse, elle a estimé important d'éviter l'amalgame entre diffamation et critique. Elle a également estimé que le texte devrait également rappeler les observations générales du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale, notamment sur l'importance de lever les réserves aux instruments internationaux qui vont dans le même sens que la Convention.

MME LILY AUROVILLIAN (Nord-Sud XXI)a demandé comment les organisations non gouvernementales qui participent à la lutte contre le racisme pouvaient contribuer aux documents proposés pour la Conférence d'examen de Durban. Elle a lancé un appel aux Gouvernements pour que le processus soit aussi inclusif que possible. Les Gouvernements et organisations non gouvernementales qui sont sincères dans la lutte contre le racisme ne sauraient objecter à la Déclaration de 2001, a estimé la représentante, qui a aussi appelé à faire plus cette année.

M. STEPHAN CICCOLI (Institut international de la paix) a souligné que la création d'un environnement non discriminatoire était du devoir des États. Même si les efforts sont sincères, la réalité est souvent difficile à amender, comme en témoigne la situation des dalit en Inde, a-t-il noté. L'orateur a aussi relevé que de nouvelles haines apparaissaient et émis l'espoir que la prochaine Conférence d'examen se pencherait sur ces questions.

M. A.S. NARANG (International Institute for Non-Aligned Studies) a fait observer que les principes d'égalité et de non discrimination sont fondamentaux et doivent être réaffirmés par les États membres qui ont souscrit à la Charte des Nations Unies. Il a expliqué que la situation des dalit constitue une discrimination. Il a expliqué qu'en Inde, les castes forment la base de relations asymétriques, laissant les intouchables dans une situation vulnérable. Des efforts pour remédier à cette situation ont toutefois porté leurs fruits, a-t-il reconnu, bien que le Gouvernement indien ne souhaite pas régler tous les problèmes liés à la tradition.

MME LAETITIA VAN HAREN (Défense des enfants - international) a félicité le Groupe de travail pour ses travaux sur la question des personnes d'ascendance africaine. Les enfants d'ascendance africaine sont plus souvent victimes de meurtres que d'autres enfants; il s'agit d'une violence systémique. Ce déséquilibre se retrouve aussi parmi les enfants qui ont des problèmes avec la loi. Il s'agit de se pencher sur le système de la justice.

M. BIRO DIAWARA (Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme) a souligné que les territoires de l'homme n'étaient pas seulement physiques ou géographiques; ce sont aussi les territoires de l'esprit. C'est à cette aune que chacun mesure sa propre dignité et celle de l'autre. Pourquoi des milliers d'êtres humains continuent-ils de souffrir ou de subir l'humiliation en raison de la couleur de leur peau, de leur religion ou de leur appartenance ethnique, huit ans après Durban, a-t-il demandé. La Conférence d'examen de Durban doit créer un cadre favorable à l'émergence de politiques volontaristes sur la base des points de convergence pour obtenir un document de consensus, a-t-il conclu, en soulignant la nécessité de répondre aux formes contemporaines du racisme.

M. MAJID TRAMBOO (International Human Rights Association of American Minorities) a affirmé que le racisme et la discrimination raciale constituent la négation des objectifs mêmes de la Charte des Nations Unies. Il a réaffirmé le principe d'égalité de la non-discrimination tel qu'il figure dans la Charte. Toutefois, a déploré le représentant, la réalité est que le racisme et l'islamophobie persistent. Il a relevé l'importance, dans ce contexte, de lutter au niveau international. Il a fait remarquer que la Conférence d'examen de Durban permettra d'évaluer les lacunes dans la mise en œuvre du Programme d'action de Durban et de s'intéresser aux nouvelles manifestations de racisme.

M. DAVID FERNÁNDEZ (Federación de Asociaciones de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos) a déclaré au nom de 144 associations que les cas de discrimination raciale et confessionnelle se sont répandus. La discrimination est un déni de reconnaître la différence et un manque de reconnaissance de la pluralité des origines au sein des sociétés. Il faut que les États soient pleinement conscients du lien entre la lutte contre les discriminations, y compris celle qui s'exerce contre les femmes, et la démocratie.

M. XAVIER CORNUT (Union internationale humaniste et laïque) a rappelé que dans plusieurs pays d'Afrique (Ghana, Bénin et Togo) de très jeunes filles étaient des sortes de vestales, des esclaves cultuelles qui font notamment l'objet de sévices sexuels. L'orateur a demandé au Conseil de se pencher sur cette pratique qui se retrouverait aussi en Inde et au Népal.

M. BELL HILAIRE (Cercle de recherche sur les droits et les devoirs de la personne humaine) a fait observer que la lutte contre le racisme et la discrimination raciale fondée essentiellement sur une perspective des droits humains a montré ses limites et ses faiblesses. Il faut modifier les comportements pour aider les personnes à s'accepter, à vivre ensemble, à se respecter, à être solidaires avec les plus faibles, à promouvoir la tolérance, ainsi que les devoirs et les vertus du dialogue, a-t-il souligné. Il a précisé que ces valeurs sont entérinées dans le projet de document sur les droits et devoirs de la personne humaine que promeut son organisation.

M. BENNETT GRAHAM (Becket Fund for Religious Liberty) a déclaré que tous sont d'accord sur l'importance de ce point: malgré Martin Luther King et le Mahatma Gandhi, la discrimination raciale est en effet toujours là. Il faut, cependant, faire la distinction entre la discrimination raciale et religieuse. Si je ne peux changer la couleur de ma peau, je peux changer de religion. Il faut donc aborder ces deux formes de discrimination de manière différente. Une partie de ce débat devrait avoir lieu dans le cadre de la discussion sur l'incitation à la haine religieuse.

M. ARUN KHOTE (Asociación de Desarrollo Sociocultural - MBORORO) a noté que le racisme était une réalité que connaissait l'Inde depuis trois mille ans. Il a évoqué le sort des sikhs dont le Temple d'or a été détruit par Indira Gandhi. Le Conseil, a-t-il ajouté, doit envisager de mettre en place une procédure spéciale pour les dalit et exiger de l'Inde qu'elle poursuive les responsables de la persécution des Sikhs, des musulmans du Gujerat, ou des peuplades mongoloïdes du Nord-Est.

MME ANDREA MARIFIL CALFUNAOS (Consejo Indio de Sudamérica) a attiré l'attention sur une loi chilienne qui viole les droits des peuples autochtones. Elle a indiqué que la Présidente chilienne a été obligée de déclarer, sous pression internationale, qu'elle n'appliquerait pas cette loi à l'encontre des Mapuches. Or, plusieurs Mapuches ont été faits prisonniers et obligés à se soumettre à des tests ADN.

MME PATRIZIA SCANNELLA (Amnesty International) a déclaré que le racisme constitue en soi une violation des droits de l'homme. Amnesty a lancé un appel à tous les États pour qu'ils s'entendent et évitent de laisser émerger des intérêts particuliers lors de la Conférence d'examen. La dernière version du document final est un progrès certain par rapport aux travaux antérieurs, même s'il mériterait être davantage inscrit dans l'action.

M. JAN LONN (Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies) a souligné que si, officiellement, la Conférence mondiale contre le racisme et son programme avaient la même importance que les autres grands sommets internationaux, on avait néanmoins le sentiment qu'une attention moindre était portée à la préparation de cette conférence. L'orateur a souligné que son organisation œuvrait à la mobilisation de l'opinion publique pour que la conférence du suivi de Durban ait le retentissement nécessaire.

M. AUSTIN DACEY (Centre for Inquiry International) s'est félicité du projet de document final de la Conférence d'examen de Durban. Il s'est réjoui que les discussions aient mené à l'élimination de la mention sur la profanation des religions. Il a en effet fait valoir que l'accent sur ce concept avait pour conséquence de distraire de l'attention légitime qui doit être portée à la lutte concrète contre le racisme.

MME MARIA CISSE (Secrétariat international du Mouvement 12 décembre, au nom également de l'Organisation mondiale contre la torture - OMCT) a estimé que le texte évolutif du document final pour la Conférence d'examen «est une agression» puisqu'il semble conférer aux personnes d'ascendance africaine une importance secondaire. La domination blanche s'est exprimée en veillant à ce que la question du racisme fût retirée de l'ordre du jour dès l'abolition de l'apartheid. La question de la domination blanche a été diluée en lui opposant le concept de xénophobie.

M. LÁZARO PARY (Mouvement indien «Tupaj Amaru») a estimé que le colonialisme était la cause première du racisme. Si les puissances du Nord et les élites du Sud n'assument par leurs responsabilités en matière de réparations, la Conférence d'examen ne sera pas un succès, selon lui. L'orateur a déploré que cette question des indemnisations ne soit pas abordée dans les documents préparatoires. Il a aussi déploré que les autochtones d'Amérique latine n'aient même pas eu droit à des excuses de la part des ex-puissances coloniales. La discrimination et le racisme ont atteint des proportions dramatiques depuis 2001, a estimé l'orateur. Il incombe aux ex-puissances coloniales d'assumer leur responsabilité historique, a-t-il conclu.

M. ABDEL WAHAB HANI (Commission arabe des droits de l'homme) s'est dit d'avis que les discriminations de tous genres subis par les Palestiniens, du fait de l'occupation israélienne, méritent une attention particulière. Aucun État n'est à l'abri des critiques, a-t-il rappelé. Il a également fait valoir que la tentation qu'ont certains lobbies à entretenir l'amalgame et à faire passer l'État hébreu au-dessus de toute critique est non seulement dangereuse, mais constitue également une faute morale grave. Concernant la diffamation des religions, il a fait remarquer que l'islam n'a jamais souffert d'un excès d'expression dans son histoire plus que millénaire. C'est plutôt d'une carence dans la liberté d'expression dont souffrent les peuples musulmans aujourd'hui, a-t-il estimé.




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