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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME: INTERVENTIONS DES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA LITUANIE, DU KAZAKHSTAN, DE LA FINLANDE, DU CANADA ET DE L'AFGHANISTAN

19 Mars 2002



Commission des droits de l'homme
58ème session
19 mars 2002
Après-midi


Le Ministre afghan demande à la Commission d'envisager
la création à Kaboul d'un bureau de vérification
des droits de l'homme



La Commission des droits de l'homme a entendu, cet après-midi, les Ministres des affaires étrangères de la Lituanie, du Kazakhstan, de la Finlande, du Canada et de l'Afghanistan, ainsi que le Vice-Ministre des affaires étrangères d'Israël et le Haut Représentant de l'Union européenne pour la sécurité et la politique extérieure.

S'agissant de la situation en Asie centrale, M. Kassymzhomart Tokaev, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, s'est inquiété de la situation en Afghanistan qui affecte toute la région et a expliqué que son pays avait adopté des mesures législatives pour empêcher l'entrée d'extrémistes religieux. Pour sa part, M. Abdullah Abdullâh, Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan, a insisté sur la nécessité de rétablir la sécurité dans le pays et fait savoir que des mesures avaient été prises pour la création d'une armée et d'une police nationales. En attendant, il a estimé qu'il fallait renforcer le rôle de la Force internationale de sécurité. Par ailleurs, il a exhorté la Commission des droits de l'homme à envisager d'ouvrir un bureau de vérification à Kaboul, car le pays ne saurait se permettre d'être une nouvelle fois victime de la désinformation et d'ignorer les violations des droits de l'homme commises sur son territoire. Rappelant les promesses faites par les donateurs à Tokyo lors de la Conférence pour la reconstruction de l'Afghanistan, il leur a demandé instamment de renforcer leurs efforts pour que ces promesses soient tenues et que le travail sur le terrain puisse effectivement commencer. À ce propos, M. Bill Graham, Ministre des affaires étrangères du Canada, a annoncé que son pays offrira une contribution d'un million de dollars.

Abordant ensuite les résultats de la Conférence mondiale de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, M. Graham a estimé que la Conférence avait été détournée de ses objectifs par des divergences sur divers points, notamment sur le Moyen-Orient. Toutefois, il a affirmé que son pays fera son possible pour assurer le suivi des décisions prises lors de cette Conférence. À ce propos, M. Antanas Valionis, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a souligné la nécessité d'une action déterminée entre les États dans la lutte contre le racisme et la discrimination.

Pour sa part, M. Antti Satuli, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a souligné le succès que représente la Conférence mondiale contre le racisme : c'est en effet la première fois que la communauté mondiale a été capable de confronter ses opinions sur le commerce d'esclaves outre-mer. Pour combattre la discrimination d'aujourd'hui de façon efficace, nous ne devons exclure aucune forme de discrimination.

"Comment pouvons-nous discuter des relations sensibles et difficiles avec les Palestiniens quand le Rapporteur spécial de la Commission a, sur les territoires, un mandat permanent qui ne lui permet même pas de prendre en compte le terrorisme palestinien et les violations des droits de l'homme palestiniennes et quand ce Rapporteur prononce avant même sa visite un verdict de culpabilité contre Israël?", a demandé le Vice-Ministre des affaires étrangères d'Israël, M. Michael Melchior. Quelle base existe-t-il pour que s'instaure entre nous une véritable conversation quand les actions d'Israël sont traitées au titre d'un point séparé de l'ordre du jour alors que le reste du monde est examiné au titre d'un seul autre point de l'ordre du jour, a-t-il insisté? En ce moment même, il semble qu'il y ait une ouverture pour faire cesser le carnage qui a coûté tant de vies innocentes au sein des populations israélienne et palestinienne. Mais une telle ouverture doit être cultivée et la confiance doit être consolidée. C'est une véritable tragédie que cette Commission - dont le mandat est de protéger les droits de l'homme - les mette en danger en adoptant une attitude unilatérale dictée par un ordre du jour politique.

"Comment un individu peut-il jouir de ce que nous appelons d'un commun accord ses droits fondamentaux s'il fait partie de la moitié de la population mondiale qui doit survivre avec moins de trois Euros par jour", a demandé M. Javier Solana. Pour sa part, l'Union européenne met l'accent en particulier sur la prévention des conflits et la gestion des crises, sur la réduction de la pauvreté et sur la promotion d'une politique d'engagement et de dialogue

La Commission a également entendu une intervention du représentant du Guatemala sur l'organisation des travaux de la Commission, et les représentants des pays suivants ont exercé leur droit de réponse : Thaïlande, Palestine, Liban, Zimbabwe, Israël, Inde, Soudan, Suède et Bélarus.

La Commission poursuivra demain, mercredi 20 mars à partir de 10 heures, son débat général et entamera l'examen du Rapport du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson.


Déclarations de hauts dignitaires

M. ANTANAS VALIONIS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a souligné que le terrorisme, les actes de violence au Moyen-Orient, la situation des droits de l'homme, la mondialisation renforcent l'insécurité. La promotion et la protection des droits de l'homme devraient être au centre de la stratégie pour lutter contre le terrorisme. Il a par ailleurs insisté sur l'importance de mettre en action les décisions prises à Durban. Il a souligné qu'il participe à la Commission aussi en tant que président du Comité des ministres du Conseil de l'Europe, et que l'une de ses priorités à ce titre est de renforcer la collaboration entre les Nations Unies et le Conseil de l'Europe. Il a rappelé l'importance du Conseil de l'Europe dans la mise en œuvre des instruments relatifs aux droits de l'homme et la nécessité de la collaboration de ces deux organisations.

S'agissant de la lutte contre le terrorisme, le ministre a expliqué que l'action de la Lituanie repose sur trois piliers. Le premier consiste dans une coopération juridique plus intense entre les États pour combattre le terrorisme, le deuxième est l'exigence de la démocratie, de la primauté du droit et des droits de l'homme, le troisième s'appuie sur les efforts du Conseil de l'Europe pour promouvoir un dialogue inter-culturel et inter-religieux permettant une plus grande justice sociale, la lutte contre l'intolérance et la discrimination.

À cet égard, le ministre a souligné la nécessité d'une action déterminée entre les États pour lutter contre la discrimination raciale, une réunion a été organisée à Strasbourg en février 2002 afin d'échanger des points de vue entre États membres, représentants du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et organisations non gouvernementales sur le suivi de la Conférence mondiale contre le racisme et les stratégies à mettre en œuvre dans la lutte contre le racisme. La Commission européenne contre le racisme et l'intolérance lance une action pour un dialogue interculturel le 21 mars 2002. Le ministre a estimé que cette initiative est de la plus grande importance dans le contexte de l'après 11 septembre.

M. Valionis a estimé que la Commission effectue un travail vital dans le domaine de l'abolition de la peine de mort. Depuis 1997, il n'y a plus eu d'exécution capitale en Lituanie. Le ministre a déclaré que la Lituanie est en train d'harmoniser le réseau des lois et institutions protégeant les droits de l'homme au niveau européen.

M. MICHAEL MELCHIOR, Vice-Ministre des affaires étrangères d'Israël, a souligné que six mois après la pire attaque terroriste de l'Histoire, qui a frappé les États-Unis le 11 septembre dernier mais qui visait en fait l'ensemble de l'humanité, le monde s'efforce toujours de formuler une réponse efficace à la menace que constitue le terrorisme international. Israël est confronté à ces problèmes alors que le pays subit une vague sans précédent d'attentats terroristes. Chaque jour, des enfants, des femmes et des hommes innocents sont tués dans des discothèques, des salles de mariage, des bus, des cafés et des restaurants. M. Melchior a par ailleurs affirmé que la seconde date sombre qui, selon lui, a marqué l'année qui s'est écoulée depuis la précédente session de la Commission est celle du 9 septembre 2001 - date de clôture de la Conférence mondiale contre le racisme de Durban. Les propos les plus racistes qui aient été tenus dans une enceinte internationale depuis la seconde Guerre mondiale ont été proférés durant cette Conférence, a-t-il déclaré. Alors que rien n'était fait pour aider les millions d'esclaves, de pauvres et d'opprimés à travers le monde, cette Conférence est devenue le vecteur d'une nouvelle forme d'antisémitisme, a-t-il insisté. "11 septembre et 9 septembre - terrorisme et antisémitisme - deux atrocités qui sont l'antithèse même des droits de l'homme", a déclaré M. Melchior. Le Vice-Ministre israélien a notamment attiré l'attention sur le nouvel antisémitisme qui se répand comme un fléau, avec des attaques à travers l'Europe qui ravivent les spectres douloureux du siècle dernier alors qu'au Moyen-Orient, les journaux publient le Protocole des sages de Sion.

Même face à des attaques persistantes, il faut se souvenir que le principal atout d'Israël n'est pas sa force militaire mais la conviction que ses actions sont conformes à la justice et à l'humanité, a affirmé M. Melchior. Nous n'avons pas choisi de nous retrouver dans cette situation, a-t-il poursuivi avant de rappeler que le dernier Gouvernement israélien (dont il fut membre) avait fait d'ambitieuses propositions de paix reconnaissant que, sans frontières sûres pour les Palestiniens, il ne saurait y avoir de véritable dignité pour les Israéliens et que, sans paix pour les Palestiniens, il ne saurait y avoir de paix pour Israël. Or, en dépit du soutien international apporté à ces propositions, la direction palestinienne les a rejetées et a répondu par une vague de violence brutale qui s'est poursuivie et n'a cessé de dégénérer jusqu'à aujourd'hui, a affirmé M. Melchior.

Il n'a jamais été plus difficile qu'aujourd'hui de trouver un équilibre entre la protection des vies des Israéliens innocents menacés par le terrorisme et la violence, d'une part, et la protection des vies des Palestiniens innocents vivant dans les zones d'où proviennent ces actes, a assuré le Vice-Ministre israélien. Il s'agit là d'un dilemme sans réponse simple. Malheureusement, les instances qui auraient pu permettre à Israël de bénéficier d'une expérience partagée et d'un dialogue franc sacrifient cette opportunité à l'autel de la propagande politique, a déclaré M. Melchior. Comment pouvons-nous discuter des relations sensibles et difficiles avec les Palestiniens quand le Rapporteur spécial de la Commission a, sur les territoires, un mandat permanent qui ne lui permet même pas de prendre en compte le terrorisme palestinien et les violations des droits de l'homme palestiniennes et quand ce Rapporteur prononce avant même sa visite un verdict de culpabilité contre Israël, a demandé M. Melchior? Quelle base existe-t-il pour que s'instaure entre nous une véritable conversation quand les actions d'Israël sont traitées au titre d'un point séparé de l'ordre du jour alors que le reste du monde est examiné au titre d'un seul autre point de l'ordre du jour, a-t-il insisté?

En ce moment même, il semble qu'il y ait une ouverture pour faire cesser le carnage qui a prélevé tant de vies innocentes dans les populations israéliennes et palestiniennes. Mais une telle ouverture doit être cultivée et la confiance doit être consolidée. C'est une véritable tragédie que cette Commission - dont le mandat est de protéger les droits de l'homme - les mette en danger en adoptant une attitude unilatérale dictée par un ordre du jour politique.

M. KASSYMZHOMART TOKAEV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a expliqué que le processus de démocratisation au Kazakhstan était devenu irréversible et s'appuyait sur l'instauration d'une économie de marché. S'agissant des accusations de certaines organisations non gouvernementales, le ministre a estimé qu'il serait plus profitable d'instaurer un climat de dialogue et de coopération. Dans ce contexte, il fait savoir que son pays s'employait principalement à améliorer le fonctionnement des administrations locales en codifiant les relations entre l'État central et les régions. La décentralisation en cours permettra d'accélérer la démocratisation de la société.

Le Kazakhstan a également amélioré sa législation concernant les élections grâce à la coopération des organisations non gouvernementales et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Le Ministre a également fait part de la nomination d'un ombudsman auquel les citoyens peuvent faire appel pour faire respecter leurs droits, de la réforme du système judiciaire et de l'administration pénitentiaire en vue d'améliorer les conditions de détention, et des réformes en faveur des droits des femmes et des droits de l'enfant.

Abordant ensuite la question de la situation difficile en Afghanistan, qui affecte toute l'Asie centrale, il a détaillé les mesures législatives adoptées par son pays pour éviter l'entrée d'extrémistes religieux dans le pays. Il a précisé que ces mesures étaient en parfait accord avec les normes démocratiques et la liberté de culte.

M. ANTTI SATULI, Secrétaire d'État et Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a déclaré que son pays attache la plus grande importance aux succès remportés par la Conférence mondiale contre le racisme qui s'est tenue à Durban en 2001. C'est en effet la première fois que la communauté mondiale a été capable d'échanger les opinions sur le commerce d'esclaves outre-mer. Pour combattre la discrimination d'aujourd'hui de façon efficace, il faut exclure aucune forme de discrimination, qu'elle soit sexuelle, envers les handicapés, de l'âge, envers les minorités ethniques, linguistique, religieuse et envers toutes les minorités. M. Satuli a souligné que certaines personnes peuvent souffrir de discrimination multiple en même temps. C'est souvent le cas, en particulier, en ce qui concerne les femmes et les fillettes. Les crimes d'honneur doivent rester inscrits au programme des mesures de protection des droits de l'homme, ainsi que le problème de violence au foyer. L'enfant est aussi un sujet qui doit bénéficier d'une protection spéciale.

Le ministre finlandais a par ailleurs déclaré que les Roms constituent une minorité qui souffre de discrimination dans tous les pays où ils vivent. Le président de la Finlande, Mme Tarja Halonen, a lancé une initiative pour la création d'un organe représentant les Roms en Europe. Il s'est par ailleurs félicité de la création d'une instance pour les autochtones au sein des Nations Unies. Il permettra de s'occuper des questions des autochtones sous l'angle notamment des problèmes d'environnement et de leurs droits économiques et sociaux culturels.

M. Satuli en a appelé à tous les États pour qu'ils adhèrent pleinement aux traités fondamentaux des droits de l'homme. Il a en effet constaté qu'il y a eu un recul grave du respect des droits de l'homme à la suite des événements du 11 septembre 2001. Pour combattre efficacement le terrorisme, les droits de l'homme doivent continuer à être respectés. Il a rappelé que dans un monde mondialisé, tous partagent un avenir commun et doivent rester unis à la poursuite d'objectifs concertés. La quête des droits de l'homme et une quête prioritaire pour un futur meilleur.

M. JAVIER SOLANA, Haut Représentant de l'Union européenne pour la sécurité et la politique extérieure, a assuré que l'Union européenne est déterminée à assumer pleinement les responsabilités internationales qui lui incombent du fait de sa taille, de sa richesse, de son histoire et de sa géographie. On peut s'attendre un jour à ce que l'Union européenne comprenne près d'une trentaine de pays et totalise plus de 500 millions d'habitants. Dans le siècle qui commence, l'Union européenne est donc vouée à jouer un rôle de premier rang au niveau international, et les droits de l'homme resteront un élément central de son action car ils sont au cœur de l'intégration européenne. Nous sommes davantage qu'une zone de libre échange commercial ou qu'une alliance de convenance, a assuré M. Solana. Notre union est une union de valeurs, a-t-il précisé avant d'ajouter que l'Union européenne est engagée dans le sens de la défense des principes de liberté, de démocratie, de respect des droits de l'homme universels et de primauté du droit.

Si nous sommes fiers de ce que nous avons réalisé ces cinq dernières décennies, nous ne sommes pas complaisants pour autant, a affirmé M. Solana. Les actes de racisme, de xénophobie et d'intolérance n'ont en effet pas disparu dans nos propres sociétés et le maintien de la vigilance s'impose. Les droits de l'homme sont menacés de maintes parts mais il semble que trois menaces récurrentes méritent une attention particulière: les conflits, la pauvreté et l'isolement. C'est pourquoi l'Union européenne met particulièrement l'accent sur la prévention des conflits et la gestion des crises, sur la réduction de la pauvreté et sur la promotion d'une politique d'engagement et de dialogue. Pallier les causes profondes des conflits consiste à défendre les droits légitimes de toutes les personnes impliquées dans des conflits, indépendamment de leur religion ou de leur appartenance ethnique. C'est pour cela que l'Union européenne insiste tant sur les droits des citoyens lorsqu'elle s'efforce de faciliter la paix dans l'ex-République yougoslave de Macédoine et de soutenir les actions de la communauté internationale en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo.

Avec d'autres, l'Union européenne s'efforce en outre sans relâche d'apporter la paix au Moyen-Orient, a poursuivi M. Solana. Mais nous voulons davantage que la paix, davantage que simplement mettre un terme à la violence, a-t-il souligné. Nous voulons voir la démocratie, la sécurité et la liberté. Or, lorsque meurent des enfants innocents dans les rues de Tel Aviv ou de Ramallah, cela ne sert la liberté de personne. De la même manière, la démolition de maisons et l'occupation de camps de réfugiés ne sert la sécurité de personne, a déclaré M. Solana, qui a par ailleurs salué l'adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 1397.

Comment un individu peut-il jouir de ce que nous appelons d'un commun accord ses droits fondamentaux s'il fait partie de la moitié de la population mondiale qui doit survivre avec moins de trois Euros par jour, s'est interrogé M. Solana? Quelle valeur accordons-nous aux droits des 36 000 enfants qui meurent chaque jour de maladie ou de faim dans le tiers-monde, a-t-il demandé? Si nous sommes sérieux lorsque nous parlons de l'universalité des droits de l'homme - et je pense que nous le sommes - alors nous devons nous poser ces questions, a affirmé M. Solana. Affirmant par ailleurs que les attaques terroristes perpétrées contre le peuple et les institutions des États-Unis ont constitué une attaque contre chacun d'entre nous, le Haut Représentant de l'Union européenne a déclaré que les mesures prises contre les responsables de ces actes barbares ne prennent pour cible aucun peuple ni aucune religion et qu'il faut s'assurer que tel ne sera jamais le cas. Collectivement, nous sommes suffisamment forts pour l'emporter sur le terrorisme et ce en respectant pleinement les droits de l'homme et la primauté du droit.

M. BILL GRAHAM, Ministre des affaires étrangères du Canada, a déclaré que les événements du 11 septembre ont donné une nouvelle urgence aux questions de sécurité nationale et au déclenchement de réactions nationales et internationales à cette menace. Mais il a rappelé que la guerre contre le terrorisme ne doit pas servir de prétexte à la répression. La sécurité ne peut se réaliser que dans un environnement où les droits de la personne sont protégés. Mentionnant le cas de l'Afghanistan, le ministre canadien a salué l'engagement des autorités afghanes pour faire du respect des droits humains de la femme une partie intégrante du nouveau modèle de gouvernement. Il s'est aussi félicité de l'appui du Haut-Commissaire pour appuyer l'administration intérimaire à Kaboul. Le Canada offrira une contribution d'un million de dollars à ce projet.

M. Graham a souligné que, suite aux événements du 11 septembre, l'application du principe de la prévention des conflits pour préserver la paix est devenu d'une grande d'actualité. Il a préconisé une action de la communauté internationale pour préserver la paix dans les cas extrêmes. Le rapport de la Commission recommande une action de la communauté internationale quand les États ne sont pas en mesure de protéger les droits de leurs citoyens.

Le Ministre canadien des affaires étrangères a souligné que la Commission joue un rôle précieux en tant que forum de discussion dans les domaines des droits économiques, sociaux et culturels et le droit au développement, mais il a aussi souligné qu'il apparaît de plus en plus difficile de réaliser des consensus. Dans ce sens, il a estimé que la raison d'être de la Commission est en jeu.

Le Canada est opposé à toute forme de discrimination, a déclaré le ministre, qui a regretté qu'à Durban, la Conférence contre le racisme ait été détournée de ses objectifs par des divergences sur divers points, notamment sur le Moyen-Orient. Il a affirmé que son pays fera néanmoins tout en son pouvoir pour assurer le suivi des décisions prises lors de cette conférence.

M. Graham a souligné que la mise en œuvre de normes internationales a toujours été l'un des plus grands défis du système de gouvernance mondiale et que la Commission joue un grand rôle dans ce processus en évolution.

M. ABDULLAH ABDULLÂH, Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan, s'est félicité du fait que les Accords de Bonn aient permis l'instauration d'une administration intérimaire et prévoient la convocation d'une "loya jirga" en juin 2002, qui sera chargée de choisir un gouvernement transitoire pour une période de 18 mois. Il a émis l'espoir qu'à l'issue de ce processus, l'Afghanistan sera un pays fonctionnel, doté d'une constitution et d'un gouvernement représentatif. Aujourd'hui, le Gouvernement afghan n'est pas simplement préoccupé du respect des droits d'un groupe particulier, il est responsable vis-à-vis de tous les Afghans. C'est pourquoi, a poursuivi le ministre, au-delà des obligations issues des Accords de Bonn, le gouvernement a pris diverses initiatives dans le domaine des droits de l'homme, notamment en réunissant un groupe de travail, dirigé par Mme Sima Samar, Ministre des affaires féminines, chargé d'encadrer toutes les activités dans ce domaine, y compris de dénoncer les violations des droits de l'homme et de participer au renforcement des institutions. Rappelant que l'administration intérimaire a aboli tous les décrets iniques promulgués par les taliban, le Ministre a fait valoir que les femmes afghanes pouvaient désormais choisir librement de porter ou non la burka, que les hommes ne sont plus obligés de se laisser pousser la barbe et que les enfants, garçons et filles, ont retrouvé le chemin de l'école.

M. Abdullah a remercié Mme Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, de sa récente visite dans le pays au moment de la création d'une commission de vérité. Il a fait savoir que les efforts de l'administration intérimaire donnaient la priorité à l'éducation, la santé, l'agriculture, l'infrastructure routière, le développement rural, et le retour des réfugiés. Le Ministre a ensuite informé la Commission des besoins urgents de son pays, notamment en matière d'assistance au déminage.

Soulignant la nécessité de rétablir la sécurité dans le pays, il a indiqué que des mesures avaient été prises, avec l'aide de pays amis, en vue de la création d'une armée et d'une police nationales. Il s'est félicité de l'action de la Force internationale dans le maintien de la paix dans le pays et a estimé qu'il fallait renforcer son rôle en attendant que les forces afghanes soient en mesure de la remplacer. Faisant part de son optimisme quant à l'avenir du pays, il a mis l'accent sur l'éducation dans le domaine des droits de l'homme, qui est un élément fondamental de la reconstruction du pays. Des enquêtes sont actuellement en cours sur des allégations de tensions ethniques et de violations des droits de l'homme, a-t-il déclaré, et des commissions ont été créées pour rechercher la vérité et traduire les coupables en justice.

Afin de faciliter l'action du Gouvernement afghan dans ce domaine, il a exhorté la Commission des droits de l'homme à envisager d'ouvrir un bureau de vérification à Kabul, car le pays ne peut pas se permettre une nouvelle fois d'être victime de la désinformation et d'ignorer les violations des droits de l'homme commises sur son territoire. Face aux défis qui attendent son pays, M. Abdullah a mis l'accent sur les besoins urgents de sa population, qui demandent une action concertée de la communauté internationale. Rappelant les promesses faites par les donateurs lors de la Conférence pour la reconstruction de l'Afghanistan qui s'est tenue à Tokyo (Japon), il a demandé instamment aux donateurs de renforcer leurs efforts pour que ces promesses soient tenues et que le travail sur le terrain puisse effectivement commencer.


Question de l'organisation des travaux

M. ANTONIO ARENALES FORNO (Guatemala) a estimé que la procédure suivie pour l'examen des situations par pays pourrait être améliorée, mais que c'est grâce à ce point de l'ordre du jour que les plus grands progrès ont pu être accomplis dans le domaine des droits de l'homme. Il a expliqué la procédure à laquelle avait été soumis son pays, qui a permis de consolider les droits de l'homme dans au Guatemala. Il a invité les membres de la Commission à accepter de coopérer avec les mécanismes de la Commission chargés de l'examen de la situation des pays. S'agissant de la participation des organisations non gouvernementales aux travaux de la Commission, le représentant a insisté sur l'importante contribution de ces organisations aux droits de l'homme et s'est opposé à une restriction de leur participation. Au contraire, a-t-il déclaré, cette participation devrait être renforcée.


Droit de réponse

Le représentant de la Thaïlande a répondu aux craintes exprimées ce matin par la Ministre des affaires étrangères de la Suède s'agissant de la peine de mort en Thaïlande en assurant que son pays a toujours fait preuve de la plus grande retenue en matière de recours à la peine de mort. La Thaïlande maintient certes la peine capitale, mais tel est le vœu de la population thaïlandaise. Tout en maintenant la peine capitale, la Thaïlande s'entoure des protections nécessaires puisque les personnes condamnées à mort ont toujours la possibilité de faire appel d'une sentence de mort et les procès en la matière ne se déroulent pas à la hâte. En 2001, onze exécutions dont sept pour contrebande de drogues ont eu lieu et il n'y a pas eu d'exécution depuis, a indiqué le représentant thaïlandais.

Le représentant de la Palestine a répondu à la déclaration faite cet après-midi par le Vice-Ministre des affaires étrangères d'Israël en soulignant que M. Melchior a parlé de terrorisme et d'antisémitisme alors que le Gouvernement israélien pratique lui-même l'antisémitisme et le terrorisme contre le peuple palestinien, qui est un peuple sémite. Le Gouvernement israélien s'est toujours abstenu, depuis trente ans, d'appliquer les résolutions de la communauté internationale, a déclaré le représentant. Il a rappelé que le Secrétaire général des Nations Unies a demandé à Israël de mettre fin à son occupation des territoires palestiniens parce que cette occupation est la cause de violations graves des droits de l'homme

Le représentant du Liban a relevé qu'Israël se présente comme une victime. Il a estimé qu'Israël n'était pas une victime, mais a provoqué des destructions au Liban et occupe les terres arabes. La résistance est légitime aussi longtemps que l'occupation n'est pas terminée. Le représentant libanais a estimé que la situation est toute proche d'une guerre ouverte et que c'est Israël qui a bombardé l'autorité palestinienne.

Le représentant du Zimbabwe a noté que son pays est critiqué par des pays inspirés par le désir de suprématie blanche et qu'il s'agit quasiment de racisme. Il a affirmé que la terre est au cœur du problème au Zimbabwe et qu'il semble que la situation fait l'objet d'une sorte de mythologie qui oublie que les Blancs possèdent presque tout le pays grâce au colonialisme.

Le représentant d'Israël a répondu aux déclarations faites au titre du droit de réponse par l'observateur de la Palestine et le représentant du Liban en rappelant que le Liban ne s'est pas encore acquitté de sa responsabilité d'assurer la sécurité dans le sud-Liban conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité. Le Gouvernement libanais continue de permettre à des groupes terroristes tels que le Hezbollah de se livrer à des attaques terroristes contre Israël. En outre, chacun sait ce que l'antisémitisme signifie pour le peuple d'Israël, a souligné le représentant israélien. Il est légitime et juste de rêver de paix, a-t-il ajouté.

Le représentant de l'Inde, en réponse à la déclaration faite ce matin par le Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique, s'est dit déçu que l'OCI se soit laissée manipuler. Il a rappelé que l'État du Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l'Inde et que le Pakistan doit se retirer de cet État qu'il occupe illégalement depuis une cinquantaine d'années. Le représentant indien a par ailleurs dénoncé les actions terroristes qui ont frappé l'Inde, notamment celle qui a pris pour cible son parlement.

Le représentant du Soudan répondant à une intervention du Canada, a déclaré que les accusations de violations des droits de l'homme au Soudan ne sont pas fondées. Il a affirmé que c'est la poursuite de la guerre civile au Soudan qui provoque des violations des droits de l'homme et que le Canada pourrait aider le Soudan à finir cette guerre.

Le représentant de la Palestine, en réponse au représentant d'Israël, a déclaré que rien ne changera au fait que les Palestiniens sont des Sémites et qu'Israël occupe les terres de Palestine. Les violations des droits de l'homme sont le résultat de l'occupation israélienne. Il a déclaré que la lutte et la résistance sont les revers d'une même médaille, la fin de l'occupation sera la fin de la guerre.

Le représentant de la Suède a répondu à l'intervention faite au titre du droit de réponse par le représentant du Zimbabwe, qui a dénoncé les prétendues remarques racistes de la Ministre suédoise des affaires étrangères, en rappelant que cette dernière n'a fait que commenter les élections au Zimbabwe pour dire que les droits fondamentaux de tout individu doivent aussi être reconnus s'agissant de la population du Zimbabwe.

Le représentant du Bélarus a répondu à la déclaration faite ce matin par la Ministre des affaires étrangères de la Suède en se demandant sur quels faits elle s'est fondée pour affirmer qu'il y avait des poursuites contre des journalistes au Bélarus. Au Bélarus, personne n'est au-dessus des lois, pas même les journalistes s'ils commettent des infractions. Le Bélarus possède des institutions démocratiques et son Président est démocratiquement élu. Il est regrettable que Mme Lindh ne se soit pas intéressée aux cas des pays où des journalistes sont tués, a déclaré le représentant du Bélarus.

Le représentant du Liban a estimé que c'est Israël qui devait être rappelé à ses obligations. Il a insisté sur le fait que les frontières libanaises étaient calmes et que l'on ne disposait d'aucune preuve que des terroristes aient pénétré en Israël par cette voie.

Le représentant du Zimbabwe a regretté le ton condescendant de la déclaration du représentant de la Suède.

Le représentant d'Israël a rappelé que son pays s'était retiré du Liban depuis mai 2000 et qu'il existait des preuves de la pénétration de terroristes par les frontières libanaises. S'adressant au représentant de la Palestine, il a condamné le terrorisme et a attiré l'attention sur les souffrances des jeunes israéliens. Il importe d'?uvrer ensemble pour la paix et d'établir un cessez-le-feu, a-t-il déclaré en émettant l'espoir que la mission du général Zinni réussisse.





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