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Communiqués de presse

LE DEVELOPPEMENT DURABLE DES PMA DEPENDRA DE LEUR CAPACITE A EXPLOITER LES ABONDANTES ENERGIES RENOUVELABLES DONT ILS DISPOSENT

17 Mai 2001


Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
17 mai 2001




Les investissements en la matière étant lourds,
l’appui international sera nécessaire



Bruxelles, le 17 mai -- L’augmentation de la population mondiale et la demande croissante en énergie, jointes à la menace d’épuisement de certaines sources d’énergie et aux conséquences négatives sur l’environnement de l’usage de certaines d’entre elles, doivent amener la communauté internationale à planifier l’exploitation et l’utilisation des énergies fossiles et à accélérer la production d’énergie renouvelable en vue d’assurer à tous les pays, et notamment aux plus pauvres, l’énergie dont ils besoin pour leur développement durable et l’élimination de la pauvreté de leurs populations. C’est en partant de ce constat, que la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA a tenu cet après-midi un débat interactif sur la question de l’énergie. Introduisant cette question, M. Carlos Magariños, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a déclaré que les problèmes à résoudre en vue de permettre aux PMA d’amorcer leur développement durable avaient essentiellement trait à l’accès à l’énergie, en particulier dans les zones rurales; à l’augmentation de l’efficacité énergétique, et à la fixation des prix et aux achats rationnels de pétrole et de gaz par les PMA.

Les besoins les plus urgents pour les PMA se situant dans leurs zones rurales, l’ONUDI a, lors d’un forum organisé au mois de mars à Vienne, proposé l’utilisation d’une plate-forme multifonctionnelle de production d’énergie faisant appel à une technologie facilement maîtrisable qui, utilisée par les populations et notamment par les femmes, peut permettre la création de petites entreprises rurales de transformation des produits agricoles ruraux et faciliter la lutte contre la pauvreté. Au Mali, 8 millions de dollars sont nécessaires pour doter les communautés rurales de cet équipement, a dit la représentante de ce pays, qui a lancé un appel aux donateurs pour qu’ils versent les 3 millions de dollars qui manquent au bouclage de ce financement.

Des solutions centrées sur la promotion et l’utilisation des énergies renouvelables ont été avancées par certaines délégations, dont celles de l’Autriche, les participants au débat relevant cependant le coût de certaines de ces solutions. Concernant en particulier l’énergie hydroélectrique, les intervenants ont reconnu que tout en disposant d’énormes réserves et potentialités en la matière, l’Afrique n’avait pas les ressources financières nécessaires à la construction des barrages et lignes de distribution nécessaires à son exploitation.

A ce sujet, les représentants de la Côte d’Ivoire et de la République démocratique du Congo ont demandé à la communauté des donateurs et des investisseurs à aider l’Afrique et les PMA à créer des interconnexions entre les réseaux nationaux de transport d’énergie, ce qui permettrait aux pays dotés de ressources énergétiques de les commercialiser à des prix préférentiels à ceux qui en sont dépourvus, et de créer des marchés régionaux générateurs de ressources et de croissance. La délégation du Nigéria a abondé dans ce sens en évoquant le projet d’oléoduc visant à créer un marché du gaz naturel entre son pays et le Bénin, le Togo et le Ghana.

Le pétrole, a dit M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), doit être perçu et utilisé comme un investissement pour l’avenir profitable à tous. Plusieurs délégations ayant relevé les conséquences négatives de la hausse et de la volatilité des prix du pétrole sur la balance des paiements des PMA, il a été proposé que la CNUCED ouvre des consultations entre pays producteurs et PMA pour permettre à ces derniers de bénéficier de prix d’hydrocarbure stables et préférentiels. Prenant la parole sur cette question, le représentant de l’Arabie saoudite a proposé de créer un secrétariat permanent du Forum mondial de l’énergie. Joint par celui du Venezuela, il a déclaré que la politique menée par les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) visait la stabilité des prix. Les coûts élevés des hydrocarbures sont dus, a –t-il dit, aux pratiques de spéculation des opérateurs boursiers des marchés pétroliers de Londres et de New York.

Le débat était coprésidé par MM. Bacari Koné, Ministre de l’économie et des finances du Mali, et Wilhelm Molterer, Ministre de l’agriculture, des forêts, de l’environnement et de la gestion de l’eau de l’Autriche.

Energie

Déclarations liminaires

M. C. MAGARIÑOS, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), et animateur de la table ronde, a introduit le débat sur l’énergie en disant que l’ONUDI avait réuni un groupe d’experts à Vienne au mois de mars dernier sur la question de l’énergie durable et renouvelable. Les perspectives énergétiques sont en ce moment inquiétantes, a dit M. Magariños. On pense aussi que 77% de l’augmentation des émissions de gaz de CO2 se fera dans les pays en développement du fait du trop grand usage d’énergies fossiles. Il s’avère indispensable de promouvoir les énergies renouvelables et les technologies de pointe qui permettent de les maîtriser, et dont le faible coût est accessible aux PMA. Un tiers de la population mondiale n’a pas accès à des sources d’énergie durable. Or seule la disponibilité de l’énergie et de l’eau en quantité suffisante pourra permettre le développement durable des zones rurales. Les PMA disposent généralement de sources d’énergie nombreuses, mais le principal problème qu’ils rencontrent se pose au niveau de la production et de la distribution. Nous devrions parvenir à un prix garanti du pétrole acheté par les PMA. La CNUCED a discuté de cette question, et nous y reviendrons au cours de ce débat, a dit M. Magariños. Nous devons arriver à énoncer des esquisses de solutions pour la prochaine décennie.

M. WILHELM MOLTERER, Ministre fédéral de l’agriculture de l’Autriche, des forêts, de l’environnement et de la gestion de l’eau de l’Autriche, et coprésident du débat, a déclaré que la manifestation organisée à Vienne par l’ONUDI au mois de mars avait permis de constater que les habitudes et les structures de production et de consommation actuelles ne sont pas durables. L’électrification des zones rurales s’avère cruciale dans les PMA, a estimé le Ministre. Les zones rurales, qui disposent généralement de nombreuses sources d’énergie renouvelables, pourraient être aidées dans leur exploitation en vue de promouvoir le développement durable. L’expérience qu’a l’Autriche dans le domaine des petites unités de production d’énergie électrique peut être transposée dans les PMA. C’est un domaine de riche coopération potentielle entre notre pays et les PMA qui le souhaiteront, a dit M. Molterer. La mise au point de partenariats énergétiques est possible et souhaitable, et un forum se tiendra à Vienne au mois de novembre sur la question du financement de l’énergie.

M. BACARI KONE, Ministre malien de l’économie et des finances, a affirmé que les PMA souhaitent sensibiliser les partenaires du développement à leurs problèmes énergétiques, en particulier dans le contexte de fluctuations des prix du pétrole. Ces fluctuations, a expliqué le ministre, ont conduit à des termes de l’échange négatifs, à un endettement accru, à la difficulté de financer les services sociaux, et à une atténuation des bénéfices de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) dont le Mali a bénéficié. Dans les PMA, a-t-il poursuivi, le secteur de l’énergie est caractérisé par la prédominance des combustibles de base avec son corollaire la désertification, l’insuffisance de la couverture électronique, les coûts élevés compromettant notamment la compétitivité des entreprises et la sous-exploitation des ressources d’énergie renouvelable.

Face à cette situation, les PMA appellent à de meilleures conditions d’obtention de l’énergie, la diversification des voies d’accès aux ports d’approvisionnement, un appui à la mise en valeur des ressources énergétiques nationales, à la réalisation de projets énergétiques régionaux, à la promotion de produits de substitution. Ils demandent un soutien pour les stratégies qu’ils ont mises en place pour la promotion de l’économie d’énergie au niveau des ménages, l’établissement de mécanismes de financement et l’électrification. Le Ministre a conclu en attirant l’attention sur le projet « Plate-forme multifonctionnelle » qui fournit une source d’énergie adaptée au monde rural. En effet, dans le cadre de cette plate-forme, les équipements sont achetés localement et entretenus de même. Outre les avantages financiers et économiques, l’énergie de la plate-forme permet l’établissement de réseaux d’énergie et d’éclairage. Le Ministre a estimé que les échecs enregistrés jusqu’ici dans la mise en œuvre des plans d’action sont imputables à l’absence de mécanismes de suivi. Il a donc jugé essentiel que des équipes de suivi des initiatives soient mises en place tant aux niveaux national qu’international.

M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et Secrétaire général de PMA III, a souligné que l’énergie est une question cruciale tant pour les exportateurs que pour les importateurs. Les produits pétroliers représentent, en effet, plus de 25% des exportations totales des PMA parmi lesquels se trouvent des pays comme l’Angola, le Yémen, la Guinée équatoriale, le Soudan et bien d’autres. Mais, a souligné M. Ricupero, il y a aussi trois ou quatre PMA comme le Mozambique qui sont des producteurs potentiels d’énergie hydroélectriques. L’importance de l’énergie, a-t-il poursuivi, se voit également dans les importations. L’énergie constitue en effet 12% des importations totales des PMA et pour certains, elle peut représenter plus de 50% des factures extérieures. Dans ce contexte, il faut trouver des solutions à certaines questions et notamment celle de l’instabilité des marchés pétroliers. Récemment, cette instabilité a surtout touché les importateurs qui ont vu fondre les bénéfices qu’ils avaient tirés des programmes d’allègement de la dette. Il s’agit d’un problème grave et la communauté internationale devrait envisager d’aider les pays à mettre en place des garanties économiques et sociales pour corriger les turbulences des prix des produits pétroliers.


Accès à l’énergie en particulier dans les zones rurales

M. NALKE DOROGO, Ministre des mines, de l’énergie et des hydrocarbures de la République centrafricaine, a dit que seuls 3% de la population de son pays, habitant essentiellement la capitale, Bangui, disposaient de l’électricité, alors que le territoire de la RCA est un riche bassin aquifère où naît une partie des grands fleuves d’Afrique centrale et est donc doté d’un riche potentiel hydroélectrique, avec une centaine de sites dont certains pourraient produire entre 100 et plusieurs milliers de mégawatts d’électricité. La RCA souhaite que la communauté internationale aide les PMA à créer des infrastructures d’énergie rurale, et les soutienne dans la création de dépôts stratégiques d’hydrocarbures. PMA II peut arrêter un plan d’actions réaliste et déterminer un chronogramme d’exécution de programmes dont la mise en œuvre permettra de donner aux PMA une chance de sortir de la pauvreté.

M. MUSA SILLAH, Secrétaire d’Etat au commerce de la Gambie, a estimé que l’accès à l’énergie était une condition essentielle au développement durable. L’absence d’électricité dans les campagnes est un obstacle majeur à l’activité économique et aussi aux activités scolaires. La Gambie se félicite de la proposition de l’ONUDI de créer une plate-forme modulaire et pluridisciplinaire en matière énergétique, au vu des coûts élevés du pétrole.

M. P. DE SAMPAIO NUÑES, Directeur des transports et de l’énergie à la Commission européenne, a indiqué que la Commission européenne a consacré 450 millions d’euros pour financer des projets liés à l’énergie et une autre somme de 250 millions d’euros pour la recherche et le développement d’énergies nouvelles. Il a également attiré l’attention sur le « programme énergie », qui vise lui le renforcement des capacités. Relevant que les problèmes énergétiques des PMA tiennent souvent des déficiences dans la gouvernance et le savoir-faire ainsi que de l’instabilité des prix, le représentant de la Commission européenne a posé les conditions-cadres pour le décollage de la production énergétique des PMA et a cité, en premier lieu, le respect du Protocole de Kyoto. Conscient des problèmes financiers et économiques découlant des questions énergétiques, le Directeur a dit la disposition de la Commission à discuter avec les autres organisations internationales pour trouver des solutions.

Cette Conférence doit trouver des solutions pour aider les PMA à réduire de moitié d’ici 2020, le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’électricité, a dit, à son tour, M. SONAM SHERING, Directeur de l’énergie du Bhoutan. Dans mon pays comme dans la plupart des PMA, a-t-il dit, 5% de l’énergie vient des combustibles; le Bhoutan ayant même une plus grande consommation de bois du monde. L’hydroélectricité a heureusement fait évoluer les choses. D’ailleurs l’hydroélectricité est utilisée comme moteur de développement; le pays ayant choisi d’exporter 75% de la production. Le Bhoutan dont seulement 30% des zones rurales sont électrifiées, se heurte à trois contraintes essentielles, à savoir la topographie, le coût énergétique et la répartition inégale de la population; le manque de personnel compétent; et l’insuffisance des ressources. En effet, l’électrification des zones rurales coûterait 3 000 dollars par ménage, soit 10 à 20 millions de dollars par an. Le Directeur de l’énergie a donc recommandé aux PMA qui ont des problèmes similaires une politique visant la restructuration du secteur de l’énergie, la mise en place d’un organe réglementaire, l’établissement d’un plan-cadre pour la distribution énergétique, le renforcement de la coopération régionale, et la création d’un fonds d’affectation pour assurer l’énergie pour tous; «conformément à ce que les Etats-Unis ont fait à un moment de leur histoire».

Le Directeur de la Division pour l’énergie du PNUD, M. THOMAS JOHANSSON, a dit que la maîtrise de l’énergie était une prémisse au développement technologique. Le problème de l’électricité est particulièrement aigu dans les campagnes. Le PNUD est heureux de travailler avec l’ONUDI sur les questions d’énergie dans le but de réduire de moitié le nombre de gens vivant dans la pauvreté, qui sont aussi curieusement en majorité des personnes dont les foyers ne disposent pas de sources d’énergie durables et fiables.

Une nouvelle réglementation énergétique doit être étudiée au niveau international, mais les pays en développement ne peuvent se permettre de totalement privatiser la production et la distribution de leur électricité sur des bases purement commerciales. L’usage de sources d’énergie polluantes pour les besoins domestiques porte des coups sévères à l’environnement dans les pays pauvres. La stratégie du développement durable, pour le PNUD, passe par la maîtrise de l’énergie.

M. CHRIS MOTTERSHEAD, Vice-Président chargé des technologies British Petroleum et parlant au nom du secteur pétrolier, a dit que la technologie des cellules photovoltaïques et l’énergie éolienne pouvaient totalement changer les données de la question énergétique. Tous les partenaires de développement doivent travailler de manière coordonnée pour mieux rentabiliser les investissements en capitaux qui se font dans les PMA. Nos investissements s’élèvent à 10 milliards de dollars dans la recherche et l’exploitation des hydrocarbures dans le monde, dont dans des PMA. Nous aimerions qu’un dialogue s’installe entre nous, dans chaque pays, avec une classe d’entrepreneurs locaux en vue de leur apprendre à créer des outils énergétiques répondant aux besoins locaux.

Le responsable des programmes énergétiques de l’ONUDI a dit que toutes les possibilités et solutions pratiques de création d’énergie dans les pays pauvres avaient été examinées en mars à Vienne. La plate-forme pluridisciplinaire dont il a été question plus tôt a été élaborée dans le cadre de la rencontre de Vienne. La mise en place d’une capacité rurale en matière d’adduction d’eau a été jugée nécessaire. L’assemblage au niveau local, d’équipements d’énergie renouvelable a aussi été discuté, au vu de la simplicité de certaines de ces techniques et de leur faible coût. Les expériences que nous avons menées au Bhoutan sur ces questions peuvent être mises à profit ailleurs.


Débat

Le représentant de l’Arabie saoudite a d’abord rappelé que la majorité des pays membres de l’OPEP sont des pays en développement et souligné que pour ces derniers, le pétrole constitue leur principale source de financement du développement. Le pétrole, a-t-il dit, est un produit stratégique « pour tous les pays du monde » et tous ces pays, producteurs comme consommateurs, ont intérêt à voir les prix se stabiliser. Ce principe, a affirmé le représentant, est un élément essentiel de la stratégie de l’Arabie saoudite. Les pays de l’OPEP, a-t-il insisté, ont réussi à suivre cette stratégie malgré les pressions extérieures. Dans ce contexte, le représentant a lié une stabilisation durable des prix à la création d’un secrétariat permanent du Forum mondial de l’énergie que son pays offre d’accueillir. Le pétrole étant un produit stratégique, la stabilité des prix dépendra d’un dialogue constant entre producteurs, consommateurs et distributeurs, tous responsables des prix. Le représentant a indiqué que son pays a instauré des conditions de faveur pour les PMA tout en soulignant que, de manière générale, l’aide au développement accordée aux PMA par l’Arabie saoudite correspondait à 4% du PIB, soit le taux le plus élevé du monde. Il a souhaité que lorsque l’on parle du pétrole, l’on examine les chiffres réels et non nominaux et qu’on les compare aux prix des autres produits essentiels comme les produits pharmaceutiques.

Pour sa part, le représentant du Tchad a fait part des difficultés d’approvisionnement que son pays rencontre en tant que pays enclavé et a également souhaité une action internationale en faveur des communautés rurales qui, en raison des problèmes d’énergie et d’eau, gardent des comportements qui ne vont pas toujours dans le sens de la protection de l’environnement. Il s’est dit préoccupé de la baisse de l’aide au développement allant au secteur énergétique. Il est inquiétant de constater le déclin de l’aide à l’énergie, a dit en écho le représentant de la Norvège. Il a rappelé la décision de son gouvernement d’augmenter substantiellement les fonds alloués à la coopération dans le domaine énergétique en appelant à des politiques saines dans les PMA, au respect des normes environnementales et à l’accès aux techniques avancées, garants de la stabilité des sources d’approvisionnement.

Le représentant de la Côte d’Ivoire a fait remarquer que la production hydroélectrique dans les pays africains était handicapée par l’insuffisance de réseaux de distribution. Il en est de même de celle du gaz naturel, dont le niveau de la production dépasse largement les besoins de certains pays producteurs, dont la Côte d’Ivoire. Une interconnexion des réseaux électriques ou de gazoducs serait souhaitable. Le représentant du Conseil d’administration de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a déploré que des pays soient obligés de surexploiter la biomasse et de détruire des forêts pour assurer leurs besoins énergétiques. Ces questions devront être prises en compte dans les recommandations en faveur du développement de sources d’énergie renouvelables dans les PMA. Il a approuvé et appuyé la proposition faite par la Côte d’Ivoire en faveur du raccordement des réseaux nationaux de distribution d’énergie.

Le représentant de la République démocratique du Congo (RDC) a dit que l’exploitation de l’énergie électrique exige des conditions de paix et de sécurité. La RDC soutient le concept de raccordement des réseaux de distribution électrique. Le site d’Inga sur le fleuve Congo peut fournir à la sous-région toute l’énergie électrique dont elle a besoin. La première interconnexion pourrait relier la RDC à l’Afrique australe –Zambie, Zimbabwe, Angola et Afrique du Sud-, tandis qu’une deuxième liaison pourrait relier la RDC à l’Afrique de l’Ouest et qu’une troisième pourrait approvisionner l’Afrique du Nord, notamment le Soudan et l’Egypte. Ces trois connections électriques coûteraient 11 milliards de dollars et pourraient se faire dans le cadre de la coopération internationale et multilatérale.


Renforcer l’efficacité énergétique

M. GODFREY S. SIMASIKU, Ministre adjoint des finances et du développement économique de la Zambie, a dit que son pays avait conçu un plan pour que toutes les couches de la population aient accès à l’électricité. Ce Programme comprend aussi des activités de sensibilisation de la population aux moyens de conservation de l’énergie. Il prévoit l’intégration en une seule organisation des sociétés informelles qui produisaient de l’énergie de manière dispersée. La Zambie remercie l’ONUDI pour l’aide qu’elle lui a apportée pour la conception et la mise en œuvre de cette initiative. Le Gouvernement zambien a d’autre part créé un programme de contrôle de l’exploitation forestière dont le rythme alarmant menaçait d’engendrer une désertification de certaines régions du pays.

M. S. MAYA, Chargé de l’énergie au Zimbabwe, a estimé que les centres d’efficacité doivent viser à aider les PMA à mettre au point des concepts d’utilisation rationnelle; le but étant de conseiller des positions de repli nécessaires. De tels centres devraient pouvoir prodiguer des conseils sur l’évolution du marché de la main-d’œuvre et sur la formulation des politiques énergétiques. M. ANDREAS RANET, Chargé de l’énergie en Autriche a, pour sa part, présenté les projets que son pays a menés à Cuba et en Ethiopie et tiré les enseignements selon lesquels, en la matière, la priorité doit être accordée au renforcement des capacités. A son tour, M. BERNARD JAMET, Chargé de l’énergie en France, a tenu à souligner que les économies d’énergie sont possibles même là où le principal problème semble être la question de l’accès à l’énergie. Au contraire, a-t-il dit, plus l’accès est difficile plus il faut être vigilant dans l’approvisionnement. Mais la question essentielle en matière d’énergie est le financement des investissements qui, a-t-il dit, doit viser des programmes durables et répliquables, c’est-à-dire des mécanismes de marché qui impliquerait le secteur privé.


Débat

Pour sa part, le représentant du Venezuela a estimé que la seule manière d’aider les PMA est de parvenir à une stabilité des prix de l’énergie et il s’agit là, a-t-il affirmé, du message que son pays veut faire passer depuis qu’il assume la présidence de l’OPEP. Il a alors cité les manières dont le Venezuela contribue au développement des PMA. Il a évoqué l’Accord de San Jose aux termes duquel le Venezuela accorde à 13 pays d’Amérique latine, une remise de 20% sur les factures pétrolières. Il a ensuite expliqué l’Accord énergétique de Caracas qui peut ajouter 5 à 20% à la remise accordée au titre de l’Accord de San Jose. Enfin, il a rappelé que le Fonds OPEP accorde depuis 30 ans des fonds d’investissements aux pays les plus pauvres.

Le représentant du Bénin a dit que les PMA n’avaient pas les ressources financières pour construire les infrastructures dont ils ont besoin pour mettre en valeur leur potentiel de ressources hydroélectriques. Le Bénin demande aux pays riches d’aider les PMA à recenser toutes leurs ressources d’énergie renouvelables. Prenant la parole après lui, le représentant de l’Afghanistan a rappelé l’existence d’un accord sur les préférences commerciales entre pays en développement, qui pourrait être la base de riches échanges entre pays d’une même région ou même d’un régime commercial sur les plans énergétiques et pétroliers sur des bases préférentielles. La CNUCED pourrait examiner les modalités de cette coopération. La représentante du Mali a estimé que la plate-forme multifonctionnelle promue par l’ONUDI pouvait constituer une réponse aux besoins énergétiques ruraux des PMA. Son utilisation permettrait aux femmes d’avoir accès à l’énergie et de pouvoir ainsi se consacrer à la transformation de produits agricoles ou forestiers ruraux. La technologie qu’utilise la plate-forme permet aux femmes, qui sont la couche la plus déshéritée des PMA, de prendre en charge leur propre destin. Huit millions de dollars sont nécessaires pour équiper les villages maliens de ces plates-formes. Ce financement n’est pas encore entièrement bouclé, et nous lançons un appel aux donateurs pour qu’ils nous aident avec les 3 millions qui nous font défaut, a dit la représentante.

Politiques efficaces de fixation des prix du gaz et du pétrole et approvisionnement dans les PMA

Mme YVETTE STEVENS, Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a introduit le thème du débat relatif à l’efficience de la fixation des prix du gaz et des carburants dans les PMA. La consommation énergétique est faible dans les PMA, a-t-elle fait remarquer. Une étude menée par le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU a montré que la consommation d’énergies fossiles n’est pas soutenable dans les PMA du fait de leur coût. Quant à l’énergie renouvelable, on note que la proportion d’usage d’hydroélectricité par rapport à d’autres sources d’énergie est plus élevée dans les PMA que dans les autres pays africains. Concernant les hydrocarbures, la coopération régionale pourrait permettre la construction de petites raffineries au bénéfice de groupes de petits pays. Nous ne pouvons interdire les combustibles fossiles aux PMA, car ils restent la seule source capable de couvrir tout le spectre des besoins énergétiques du développement.

M. JOE KLEMESU, Président du Comité de la mise en oeuvre de projet « Gas-Pipeline » en Afrique de l’Ouest, a expliqué que ce projet doit mener à l’utilisation d’un gaz naturel brûlé en torche, qui sera exploité au Nigéria mais également au profit du Togo, du Bénin et du Ghana. Le choix, a-t-il dit, s’est porté sur une exploitation off-shore pour pouvoir tirer parti du réseau déjà existant au Nigéria même s’il est prévu que le pipeline aura une portion de 60 km sur le territoire nigérian. Les quatre pays se sont mis d’accord pour accorder une concession et la gestion du pipeline à Chevron. A ce jour, les gouvernements ont presque terminé le travail consistant à négocier les accords entre acheteurs et vendeurs. Il reste aussi à harmoniser les régimes fiscaux et juridiques, à régler la question de la convertibilité des devises et examiner les modalités d’exploitation. Il reste, par ailleurs, à parvenir à un tarif ajustable; une instance indépendante étant prévue pour la fixation des prix.

Intervenant à son tour, M. FATIH BIROL HEAD, Division de l’analyse économique de l’OCDE/AIEC, a expliqué que l’association des pays en développement à l’OCDE, en matière d’énergie, s’explique par l’expérience en matière de réforme de marchés que l’OCDE souhaite partager et par l’importance croissante des pays en développement dans le marché énergétique mondial. En effet, contrairement aux pays en développement, la part des pays de l’OCDE devrait diminuer dans les 20 ans. Cela s’explique, a-t-il dit, par les perspectives plus grandes de croissance économique et démographique dans les pays en développement et aussi par leur substitution prochaine de sources d’énergie commerciales aux énergies non commerciales. L’association est aussi nécessaire du fait que le mode de consommation actuel n’a pas d’avenir. En effet, un Européen consomme plus qu’un Africain mais d’ici une dizaine d’années, ce rapport actuellement de 1à 50 devrait passer à 1 à 14. L’orateur a aussi attiré l’attention sur le fait que les PMA consomment deux fois plus d’énergie pour produire la même quantité de produits. D’où leur vulnérabilité vis-à-vis des crises énergétiques. Il a donc prôné l’introduction de politiques énergétiques efficaces rappelant qu’un grand nombre de PMA subventionnent leur énergie qui est, en conséquence, vendue 25 à 30% du prix coûtant. 80% de la consommation étant de nature non commerciale, ces subventions ne s’adressent donc qu’aux populations à revenu moyen.

Enfin, M. GEORGE GERO, Membre du Conseil d’administration du New York Mercantile Exchange, a souhaité dissiper des malentendus en indiquant que le prix de l’énergie n’est plus fonction de l’offre et de la demande mais qu’il comprend des composantes diverses telles que le risque d’expédition, le climat ou les fluctuations des devises. Ces composantes peuvent être maîtrisées à condition qu’il y ait des ressources humaines compétentes capables de tirer parti des programmes d’échanges pour les importateurs et pour les producteurs d’émettre des obligations. Les PMA importateurs peuvent aussi, a-t-il expliqué, utiliser divers mécanismes comme les options à long terme. Aujourd’hui, pour rendre les opérations plus faciles, la Bourse de New York accepte des lettres de crédit dressées par une société en faveur d’un PMA, des récépissés d’entrepôts ou encore des monnaies étrangères. Il faut encore se rendre compte, a-t-il dit, des risques du marché qui certes peuvent parfois être évitables, gérables ou prévenus par les assurances.

Le représentant de la CNUCED a lui cité les initiatives nécessaires aux PMA parmi lesquels le renforcement des capacités des institutions en matière de fixation des prix et de gestion des risques. Cela suppose de nouvelles valeurs pour le gaz et le pétrole, de meilleures conditions de stockage, le renforcement des politiques des prix et des programmes visant à renforcer la capacité des PMA d’agir dans le domaine énergétique. Dans tous ces domaines, le secteur public et privé peuvent collaborer, a-t-il souligné.


Débat

Reprenant la parole, le représentant de l’Arabie saoudite a réaffirmé la volonté des pays exportateurs de maintenir la stabilité des prix et des marchés. Pour ce qui des composantes qui influent sur les prix du pétrole, il a souhaité que les spéculateurs des places de New York, de Londres où d’ailleurs, qui ne sont pas des citoyens de l’OPEP, ne soient pas oubliés. Lorsque l’on parle du prix pétrole, il faut tenir compte de la marge bénéficiaire énorme que « ces gens engrangent », a-t-il insisté. A son tour, le représentant de la France a tenu à préciser que dans les énergies renouvelables, seuls les investissements coûtent cher. L’intérêt des PMA est donc de recourir aux sources d’énergie renouvelable dont ils regorgent. Toutefois, a-t-il ajouté, le partenariat public/privé ne peut convenir car nous ne sommes pas en présence de consommateurs prospères capables de couvrir les frais d’investissements. Pour lui, le Protocole de Kyoto est la voie à suivre car il est meilleur moyen d’inviter les pays industrialisés à investir dans les énergies renouvelables.

Réagissant aux données sur la construction du pipeline au Nigéria, le représentant du Bénin a dit craindre que le projet ne mette pas l’énergie à la portée de tout le monde. S’agissant de la question des devises, le problème peut-être résolu à l’instar des arrangements pris pour le barrage d’Akosombo dont les transactions se font en dollars, a suggéré le représentant. Enfin, le représentant de la République démocratique du Congo a mis l’accent sur le manque d’intégration en matière d’énergie planétaire. Il faut, a-t-il dit, se pencher sur la planification des énergies pour déterminer quel type d’énergie conviendrait à un endroit plutôt qu’à un autre. C’est aux PMA eux-mêmes qu’il revient d’établir des politiques énergétiques et de décider ce qui conviendrait au mieux à leurs besoins, a estimé la Directrice du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, en dénonçant le manque d’initiatives en la matière et l’absence de statistiques permettant d’établir des prévisions.



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