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Communiqués de presse Procédures spéciales

REFAÇONNER LE MONDE POUR QUE CHAQUE ENFANT GRANDISSE DANS LA SANTE, LA PAIX ET LA DIGNITE EST L’OBJECTIF DU COMITE PREPARATOIRE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACREE AUX ENFANTS

11 Juin 2001



Comité préparatoire de la session
extraordinaire de l’Assemblée générale
consacrée aux enfants
11 juin 2001
1ère séance - matin




La troisième session de fond du Comité préparatoire
se tiendra jusqu’au 15 juin


“Refaçonner le monde pour que chaque enfant atteigne l’âge adulte dans la santé, la paix et la dignité”, tel est l’objectif que, selon les termes de Mme Carol Bellamy, Directrice exécutive de l’UNICEF, doit s’assigner la troisième et dernière session de fond du Comité préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants qui ouvrait, ce matin, ses travaux. Prévue du 19 au 21 septembre prochain, la session extraordinaire permettra de renouveler en ce début de nouveau millénaire, les engagements pris par la communauté internationale lors du Sommet qui avait été tenu en 1990, au Siège de l’ONU, à New York.

Pour ce faire, le Comité préparatoire, ainsi que l’a indiqué sa Présidente, Mme Patricia Durrant (Jamaïque), disposera notamment du rapport du Secrétaire général intitulé “Nous, les enfants : examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants”. Présenté par la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, le rapport a été élaboré grâce à un examen extensif de l’évaluation des progrès accomplis au cours de la décennie en matière de droits de l’enfance, aux niveaux régional et national. L’image de la situation des enfants fournie par le rapport est “mitigée”, a expliqué Mme Fréchette. En effet, si depuis le Sommet mondial pour les enfants, environ 155 pays ont adopté des programmes nationaux d’action visant à faire avancer la cause des enfants et à améliorer le respect de leurs droits, seuls 63 pays ont atteint, à ce jour, l’objectif qui avait été arrêté de réduire d’un tiers la mortalité infantile parmi les enfants de moins de 5 ans. Environ 150 millions d’enfants meurent de faim et souffrent de malnutrition et plus de 100 millions ne vont pas à l’école. Les conflits armées ont fait 2 millions de victimes parmi les enfants au cours de la dernière décennie, et en ont laissé plusieurs millions handicapés et traumatisés. Les mines terrestres antipersonnel tuent 10 000 enfants chaque année et sur 35 millions de personnes réfugiées ou déplacées, 80% sont des femmes et des enfants. On estime aujourd’hui que 30 millions d’enfants sont victimes des rafiquants, qui jouissent généralement de certaines formes d’impunité. On compte 250 millions d’enfants économiquement exploités. En outre, la pandémie du VIH/sida, qui a déjà causé plus de 13 millions d’orphelins, menace aujourd’hui tous les progrès accomplis au profit des enfants et des femmes dans de nombreuses régions du monde et, notamment, en Afrique, au Sud du Sahara. La Vice-Secrétaire générale a donc demandé que des actions urgentes soient prises et que les investissements de la mondialisation soient revus et réorientés en faveur du bien-être des populations et des enfants, qui doivent devenir la priorité des efforts de développement.

Les intervenants au débat ont pu faire état de leurs efforts nationaux pour mettre en oeuvre les recommandations du Sommet mondial de 1990 et des difficultés auxquels ils ont été confrontés dans cette tâche. “Si les efforts exigent de grands sacrifices, il n’est de meilleure récompense que l’amélioration concrète des conditions de vie de nos enfants”, a reconnu le représentant du Chili, qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio, faisant ainsi écho à des nombreux participants. Des commentaires ont également été formulés sur le rapport du Secrétaire général et de manière générale, les quatre domaines d’action prioritaires choisis par M. Annan, à savoir la santé, l’éducation, la lutte contre toutes les formes de violence, d’exploitation et d’abus et la lutte contre la pauvreté extrême, ont été accueillis favorablement. S’agissant du document final qui devra être adopté et qui constituera le point d’orgue de la session extraordinaire, plusieurs délégations ont estimé qu’il devait être rédigé dans un langage concret et ne pas se contenter de promesses mais d’engagements facilement applicables. A l’instar de la Norvège, nombreux ont été les intervenants à insister sur la nécessité que le document fasse clairement entendre la voix des enfants, qui ont le droit inaliénable de s’exprimer et d’être consultés sur les questions qui les concernent.

Ce matin, le débat général a permis d’entendre les déclarations des personnalités et représentants des pays suivants : Maroc, Egypte, Pakistan, Suède (au nom de l’Union européenne), Liechtenstein, Chili (d’abord au nom du Groupe de Rio et ensuite à titre national), République arabe syrienne, Inde, Norvège, Guinée, Allemagne, Bosnie-Herzégovine, Mali, Philippines, Espagne et Canada.

Durant cette semaine, le Comité préparatoire tiendra un débat général sur le rapport du Secrétaire général et sur le projet de document final. Des tables rondes seront également organisées; elles porteront sur les enfants et les conflits armés et sur l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, soit le thème des deux Protocoles facultatifs à la Convention sur les droits de l’enfant. Les négociations informelles sur le document final, qui en est désormais à sa troisième version, se dérouleront parallèlement à ces événements.

Le Comité préparatoire poursuivra son débat sur le rapport du Secrétaire général, cet après-midi à 15 heures.



Informations de base

La troisième session de fond du Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants, prévue du 19 au 21 septembre 2001 au Siège à New York, se tient du 11 au 15 juin.

La session extraordinaire de l'Assemblée consacrée aux enfants renouvellera les engagements pris par la communauté internationale lors du Sommet mondial pour les enfants, à l’issue duquel 71 Chefs d'Etat et de gouvernement avaient signé la "Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement de l'enfant", et avaient adopté un Plan d'action dans lequel ils s'engageaient à atteindre un ensemble d'objectifs assortis de délais, et à mobiliser les ressources humaines et financières adéquates.

Outre l'examen du rapport du Secrétaire général intitulé "Nous les enfants: examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants", le Comité préparatoire mènera des discussions sur le projet de document final de la session extraordinaire de l'Assemblée consacrée aux enfants. Préparé par le Bureau du Comité préparatoire avec le soutien du "secrétariat fonctionnel" de la session extraordinaire, ce document comprend un projet de déclaration politique des Etats Membres, un examen des progrès accomplis et des leçons apprises depuis la tenue, en septembre 1990, du Sommet mondial pour les enfants, et un projet de plan d'action en vue de "créer un monde fait pour l'enfant". La résolution 54/93 de l'Assemblée générale qui décidait de convoquer la session extraordinaire de l'Assemblée pour examiner, au plus haut niveau possible, les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du Sommet mondial pour les enfants, engageait aussi vivement les Etats Membres à participer efficacement aux travaux du Comité préparatoire et invitait les Chefs d'Etat ou de gouvernement à affecter un représentant personnel aux travaux du Comité préparatoire. A ce jour, selon les informations du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) qui, en tant que "secrétariat fonctionnel", joue un rôle central dans les préparatifs de la session extraordinaire, 34 représentants personnels, dont des sénateurs, des conseillers spéciaux et des dirigeants d'ONG ont été nommés, leur rôle consistant essentiellement à faciliter le processus au niveau national et à établir des voies de communication entre tous les secteurs de la société.

L'Assemblée générale a souhaité, par les termes de sa résolution 54/93, la participation aux travaux du Comité préparatoire, des ONG, de la société civile, de représentants des jeunes, du Comité des droits de l'enfant, du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants dans les conflits armés, et du Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme chargé d'examiner les questions se rapportant à la vente d'enfants, à la prostitution des enfants et à la pornographie impliquant des enfants. Cette participation se manifestera au cours de tables rondes thématiques sur la situation des enfants dans les conflits armés et sur l'exploitation commerciale et sexuelle dont sont victimes les enfants. Les groupes de jeunes feront, pour leur part, entendre leur voix lors d'un débat interactif qui sera diffusé en direct sur l'Internet.


Selon l'UNICEF, l'évaluation de fin de décennie que fera la session extraordinaire comprendra l'examen de rapports nationaux, régionaux et internationaux qui évalueront les progrès accomplis au cours de la décennie écoulée et serviront à informer les Chefs d'Etat des actions à entreprendre ultérieurement. En vue de leur permettre de renouveler leur engagement en faveur d'un meilleur sort pour les enfants, le Comité préparatoire veillera à préparer des conditions qui permettront aux Chefs d'Etat d'examiner les obstacles qui entravent le service et la protection des enfants, ainsi que les questions nouvelles que pose un monde en rapide évolution. A ce propos, le rapport du Secrétaire général intitulé "Nous, les enfants", révèle que la situation mondiale actuelle se caractérise par une prospérité et des échanges financiers et d'informations sans précédent dans l'histoire du monde, qui sont cependant associés à une pauvreté persistante et à des disparités croissantes entre pays riches et pauvres, et entre les différentes couches de population à l'intérieur de ces pays. La dégradation de l'environnement aux niveaux local et mondial rend, quant à elle, de plus en plus d'enfants vulnérables aux maladies et les expose de plus en plus souvent à des catastrophes naturelles, s'inquiète le Secrétaire général, qui indique aussi que dans les régions où elle existe, la croissance économique profite aux enfants de diverses manières: elle fournit, entre autres, des revenus et un emploi à leurs parents, réduit les risques d'exploitation économique des enfants et aide à généraliser les services sociaux de base et à en améliorer la qualité. Mais, stipule M. Kofi Annan, une croissance faible ou négative accentue la pauvreté et compromet les droits et le bien-être des enfants. Les modalités de la croissance dans les années 90 ont été telles que, dans bien des cas, relève le Secrétaire général, les enfants, qui avaient particulièrement besoin de profiter de la prospérité mondiale n'en ont rien retiré.

Lors de la présentation qu'elle a faite de ce rapport à la presse le 7 juin, Mme Carol Bellamy, Directrice exécutive de l'UNICEF, s'est félicitée que les questions touchant au bien-être et aux droits des enfants figurent beaucoup plus aujourd'hui qu'il y a 10 ans, aux programmes politiques et à l'agenda juridique des gouvernements. Mme Bellamy a relevé que le Conseil économique et social, l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l'ONU avaient inscrit la situation des enfants, et notamment celle de leur présence dans les conflits et de l'impact sur leur vie de la pandémie du VIH/sida, à leurs ordres du jour. Tout en notant certains progrès dans la mise en place de conditions plus favorables à l'enfance, Mme Bellamy a cependant estimé que le rapport montrait que la communauté internationale n'avait pas encore atteint les normes qu'elle s'était assignées en matière de droits des enfants. Dix millions d'entre eux, a-t-elle rappelé, continuent de mourir chaque année de maladies dues à des causes préventives, tandis que 100 millions d'autres enfants, dont 60% de filles, sont privés d'école.

La création d'un monde fait pour l'enfant passe par le combat contre la misère et l'élimination de la pauvreté dans laquelle tant de millions de parents luttent pour élever et protéger leurs enfants, déclare M. Kofi Annan dans le rapport. Les politiques, législations, pratiques administratives et budgets d'assistance nationale et d'aide au développement doivent être passés au crible, avec la participation de la société civile, pour garantir qu'ils sont axés sur l'enfance, et sur la lutte contre la pauvreté et la réduction des inégalités. Les contributions du secteur privé, fondées sur le principe de la responsabilité sociale, devraient continuer d'augmenter pour appuyer les mesures publiques en faveur de l'enfance, et la mondialisation et les progrès technologiques sur lesquels elle s'appuie, devraient être exploités pour le bénéfice des enfants.
La Convention sur les droits de l'enfant reste, estime le Secrétaire général, la pierre angulaire d'un ensemble de normes qui doivent guider toutes les politiques en faveur des enfants. Les engagements adoptés lors du Sommet du millénaire et les stratégies internationales de développement ont défini des objectifs spécifiques et des délais à respecter partout dans le monde, si l'on veut respecter les droits de tous enfants de la planète et améliorer leur vie. Quatre domaines, déclare M. Kofi Annan, pourraient appeler une attention particulière de la communauté internationale au cours des 10 années à venir. Ce sont: le développement de conditions d'existence saines; la garantie d'une éducation de qualité; la protection des enfants contre les sévices, l'exploitation et la violence; et le combat contre la pandémie du VIH/sida et les risques auxquels il expose les enfants, leur bien-être et leurs droits. On devrait, recommande le Secrétaire général, particulièrement chercher à éliminer la violence à l'encontre des enfants et les actes d'agression et de discrimination à l'égard des fillettes, des filles et des femmes. La communauté internationale doit, à cet égard, mettre fin à la culture d'impunité dont jouissent les adultes.

Documentation

Le rapport du Secrétaire général, "Nous, les enfants" est publié sous la cote (A/S-27/3). Le projet de document final de la session extraordinaire de l'Assemblée qui sera consacrée aux enfants est publié, en anglais, comme document de négociation sous la cote (A/A.C.256/CRP.6/Rev.2)



Déclarations liminaires


Ouvrant les travaux, la Présidente du Comité préparatoire, Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque), a indiqué que la participation de nombreux Chefs d’Etat et de gouvernement à la session extraordinaire en septembre prochain était désormais confirmée. La présence de nombreux enfants et des représentants des ONG est aussi cruciale. Le Comité préparatoire va faire en sorte qu’ils puissent contribuer de manière utile aux travaux. Un partenariat efficace avec les ONG assurera en effet que le travail aura un impact durable. Des progrès importants sont intervenus ces dix dernières années et un nombre sans précédent d’enfants est désormais scolarisé. De plus, les menaces posées par certaines maladies comme la polio ont été éliminées. Toutefois, de nombreux défis se posent encore, notamment en raison de la pandémie du sida, de la malnutrition ou encore du recrutement des enfants soldats et du trafic à des fins sexuelles. Cette semaine, le Comité préparatoire devra mettre la dernière touche aux arrangements organisationnels de la session extraordinaire et s’accorder sur le document final de la session « un monde meilleur pour les enfants ». Pour cela, le Comité pourra s’appuyer sur le rapport du Secrétaire général « Nous, les enfants ».

Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a déclaré qu’un examen extensif de l’évaluation des progrès accomplis au cours de la décennie en matière de droits de l’enfance avait été mené aux niveaux régional et national. C’est grâce à cet examen, et sur demande de l’Assemblée générale, que le Secrétaire général a élaboré le rapport “Nous les enfants”, qui donne une image mitigée de la situation des enfants dans le monde à l’heure actuelle. Depuis le Sommet mondial pour les enfants, tenu en 1990 à New York, environ 155 pays ont adopté des programmes nationaux d’action visant à faire avancer la cause des enfants et à améliorer le respect de leurs droits. A ce jour, 63 pays ont atteint l’objectif qui avait été arrêté de réduire d’un tiers la mortalité infantile parmi les enfants de moins de 5 ans, tandis que 100 autres pays ont pu la réduire d’un cinquième. Le nombre de décès d’enfants des suites de maladies diarrhéiques a diminué de 50% au cours des années 90, épargnant ainsi la vie d’un million d’enfants. Les taux élevés de vaccination dans la plupart des régions du monde ont aussi contribué à la réduction de la mortalité infantile, et la poliomyélite est en voie d’éradication, les cas signalés ayant connu 99% de réduction par rapport à la décennie passée.

Il y a aujourd’hui plus d’enfants scolarisés à travers le monde, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de jeunes adultes lettrés, qui est passé de 75% en 1990 à 79% en l’an 2000. Nous devons nous féliciter de l’effet positif qu’a entraîné la diffusion des normes contenues dans la Convention sur les droits de l’enfant, qui a été presqu’universellement ratifiée. Les violations des droits des enfants sont aujourd’hui plus facilement dénoncées qu’ils ne l’étaient autrefois, et des actions sont généralement prises pour les punir. Les ONG et les médias jouent, à cet égard, un rôle important. Le Conseil de sécurité de l’ONU a lui-même inclus dans son ordre du jour les questions touchant au bien-être et à la sécurité des enfants, et notamment de celles des enfants dans les conflits armés. Beaucoup reste à faire, a toutefois fait remarquer Mme Fréchette.
Plus de 10 millions d’enfants continuent de mourir chaque année de maladies qui peuvent être prévenues ou soignées. Environ 150 millions d’enfants meurent de faim et souffrent de malnutrition et plus de 100 millions ne vont pas à l’école, dont 60% sont des filles. Les conflits armées ont fait 2 millions de victimes parmi les enfants au cours de la dernière décennie, et en ont laissé plusieurs millions handicapés et traumatisés. Les mines terrestres antipersonnel tuent
10 000 enfants chaque année et sur 35 millions de personnes vivant en situation de réfugiés ou de déplacés, 80% sont des femmes et des enfants. Les enfants sont aussi victimes de nombreux abus, de trafics en tous genres et d’exploitation sexuelle. On estime aujourd’hui que 30 millions d’enfants sont victimes des trafiquants, qui jouissent généralement de certaines formes d’impunité.

On compte 250 millions d’enfants économiquement exploités, dont 50 à 60 millions travaillent dans des conditions intolérables, selon l’Organisation internationale du travail. La pandémie du VIH/sida menace, pour sa part, aujourd’hui tous les progrès accomplis au profit des enfants et des femmes dans de nombreuses régions du monde et notamment en Afrique au Sud du Sahara.
Le sida a déjà causé 13 millions d’orphelins et ce nombre devrait atteindre 30 millions avant la fin de cette décennie. La pandémie aggrave les autres problèmes qui frappent le monde en développement et, en particulier la pauvreté. Des actions urgentes doivent être prises pour inverser la tendance actuelle et arrêter la propagation de la maladie. Les investissements de la mondialisation devraient être revus et réorientés en faveur du bien-être des populations et des enfants, qui doivent devenir la priorité des efforts de développement. Le monde dispose des moyens et des connaissances pour agir efficacement. Les dirigeants politiques et les autres doivent avoir la volonté nécessaire à l’amélioration du sort des enfants qui est la condition du progrès du monde.


Mme CAROL BELLAMY, Directrice exécutive de l’UNICEF, a déclaré que la présence aujourd’hui de plus de 50 responsables de gouvernement témoigne bien de l’intérêt que la communauté internationale porte au bien-être des enfants. L’ambition est de refaçonner le monde pour que chaque enfant atteigne l’âge adulte dans la santé, la paix et la dignité. Il y a 10 ans, la communauté internationale s’était déjà mise d’accord sur un plan d’action dans ce domaine. La tâche est difficile et elle exige des mesures politiques aux niveaux les plus élevés. Le rapport du Secrétaire général montre bien que des actions ont déjà été entreprises. La Convention sur les droits de l’enfant est par exemple l’instrument international le plus ratifié au monde. Les lois et les politiques des gouvernements ont peu à peu subi des changements en faveur de la protection des enfants. Pour faire progresser encore les choses, il faut une collaboration entre les donateurs, les gouvernements et surtout tous les membres de la société civile, y compris les familles elles-mêmes et, cette semaine, le Comité préparatoire pourra jeter les fondements d’une société meilleure pour les enfants. Ce qu’il faut désormais c’est mener à bien le travail du Sommet pour les enfants et surtout relever les défis du XXIème siècle. Mme Bellamy a espéré que les travaux de la présente session permettront d’aboutir à un consensus sur tous les documents. Il faudra en effet que les efforts changent la vie de tous les enfants en ce début de nouveau millénaire. Des efforts novateurs sont déployés partout dans le monde à cet effet et la participation des enfants est particulièrement importante à cet égard. Les enquêtes et études réalisées dans le monde entier montrent que la violence et la discrimination contre les enfants doivent disparaître et la session extraordinaire de l’Assemblée générale doit être l’occasion de permettre à tous de s’engager à prendre des mesures pour améliorer le sort des enfants dans le monde entier, a insisté la Directrice exécutive.


Débat général


Son Altesse royale la Princesse LALLA MERYEM du Maroc a notamment salué le Secrétaire général pour le rapport global qu’il a publié concernant les aspects les plus importants des droits de l’enfant et qui constitue une référence essentielle pour les travaux du Comité préparatoire. Elle s’est particulièrement félicitée du grand intérêt que ce rapport accorde aux besoins économiques qui devraient être satisfaits, lesquels sont un élément décisif pour l’amélioration de la situation des enfants et la garantie de leurs droits, surtout dans les pays en développement où l’enfant fait partie des couches sociales qui subissent le plus les retombées de la pauvreté, de la dette et du manque de ressources. Les conclusions et recommandations qui sont mises en exergue dans ce document reflètent les discussions approfondies tenues dans le cadre des réunions préparatoires organisées au Maroc aux niveaux arabe et africain, a-t-elle précisé. En outre, le rapport souligne le danger réel que constitue pour les enfants les conflits armés, les sanctions et la détérioration des conditions sanitaires, qui menacent la survie de nombreux enfants, ainsi que la maltraitance et l’exploitation sous toutes leurs formes.

C’est dans cette perspective que le Maroc a procédé à l’élaboration d’un plan national avec la participation des acteurs de la société civile, des départements gouvernementaux, d’enfants et de défenseurs des droits de l’homme, et à la mise en oeuvre de programmes spécifiques au niveau national, a-t-elle expliqué. Le Maroc a également accueilli le Forum de la Société civile arabe sur l’enfant, qui a réuni plus de 200 experts arabes et a fait des recommandations répondant aux problématiques et questions propres à la situation des enfants dans cette région. Un Sommet des Premières Dames africaines sur la question de la petite fille en Afrique a également été organisé, a précisé la Princesse. Enfin, le Maroc a tenu, en coopération avec l’UNICEF, la Conférence ministérielle arabo-africaine des finances pour la cause de l’enfant. Les participants ont, à cette occasion, adopté des recommandations et des approches visant la mobilisation des ressources financières en faveur des programmes relatifs aux questions de l’enfant dans les pays arabes et africains. Ces réunions et rencontres ont montré l’importance extrême que revêtent les institutions nationales dans l’évaluation et le suivi des politiques nationales concernant l’enfant et la participation effective de la société civile, a estimé la Princesse Lalla Meryem. Elle a ajouté que réaffirmer la conviction que tous les enfants du monde ont le droit de vivre une enfance digne et sans discrimination, oblige la communauté internationale à se préoccuper des souffrances des enfants qui vivent dans des situations exceptionnelles à cause des sanctions et des conflits armés, tels que les enfants de la Palestine et de l’Iraq. La communauté internationale est dans l’obligation d’assumer ses responsabilités pour trouver les solutions adéquates à même de mettre fin à ces tragédies, a-t-elle affirmé. En conclusion, elle a engagé les pays à faire de la session extraordinaire un moment privilégié pour approfondir la réflexion commune et développer les engagements envers les enfants. C’est ainsi que l’on pourra faire face aux défis de ce siècle, étant entendu que l’intérêt suprême de l’enfant restera toujours au-dessus de toute autre considération, de manière à faire prévaloir les grandes vertus de la liberté, de la paix et de la dignité humaine.

Mme MOSHIRA KHATTAB, Représentante personnelle du Président et de la Première Dame de l’Egypte, a déclaré que sa délégation appréciait le contenu du rapport du Secrétaire général. Les principaux problèmes que rencontrent aujourd’hui les enfants de nombreux pays en développement et, notamment d’Afrique, sont dus aux problèmes économiques de leurs pays. Au nom de la Première dame d’Egypte, qui a présidé au Caire un Forum africain sur les questions de l’enfance, à laquelle ont participé les ONG et la société civile, je suis heureuse de dire, a déclaré Mme Khattab, qu’un document a été publié après le Forum, qui fait le point sur la situation des enfants d’Afrique au cours de la dernière décennie. Le Forum a conclu dans ce document que les décisions et plans d’action initiés au niveau international n’avaient pas suffisamment pris en considération les problèmes particuliers de l’enfance africaine. Le Forum du Caire a estimé que l’Afrique avait des spécificités dont il fallait tenir compte. La position du Forum définit les bases d’une action future pour les droits des enfants africains et nous aimerions, au nom des participants, que ses avis soient pris en compte. Il faut noter que les gouvernements africains tiennent aux valeurs de leurs sociétés et notamment au rôle de la famille. Nous sommes attachés aux droits de l’homme et aux droits de l’enfant. En ce qui concerne l’éducation, nous pensons qu’elle ne concerne pas seulement la transmission de connaissances, mais aussi la place de l’individu dans la société. Reconnaissant que le VIH/sida constitue une menace grave pour nos sociétés, le Forum a préconisé des mesures urgentes à prendre sur cette question. L’éducation doit y jouer un rôle, ce rôle ne devant cependant pas se limiter à la transmission de connaissances sur la sexualité. Un autre message du Forum a trait aux ressources nécessaires à la réalisation des objectifs que le monde s’assigne en faveur de l’enfant. Le Forum est arrivé aux mêmes conclusions que le Secrétaire général dans son rapport. Le monde doit accepter que les enfants d’Afrique ont autant de droits et sont aussi importants que les autres. Les pays africains tiennent à dire qu’ils sont prêts à mobiliser le maximum de ressources nationales dont ils sont capables au profit de l’enfance tout en rappelant un principe incontournable, qui est que les biens et les ressources de l’Afrique doivent d’abord être exploités au profit des peuples africains auxquels ils appartiennent. Nous demandons que les résultats du Forum du Caire sont incorporés au document final de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants. Nos dirigeants sont attachés au bien-être des enfants de notre continent et nous avons l’intention d’utiliser le rapport du Secrétaire général pour aider les pays du continent à mettre en oeuvre toutes les mesures qui seront prises lors de l’examen de l’application des recommandations du Sommet mondial pour les enfants. Nous ne voulons plus nous contenter de discours, et sommes conscients de ce que le sort de nos enfants dépend d’abord de nous.

Pour le Docteur ATTIYA INAYATULLAH, Ministre du bien-être social et du développement des femmes du Pakistan, l’évaluation de la situation des enfants faite par le Secrétaire général dans son rapport est tout à fait pertinente. Il est vrai en effet que des progrès importants ont été réalisés mais ces progrès ne sont pas suffisants, notamment en ce qui concerne les ressources. La Ministre a exprimé son soutien aux quatre domaines prioritaires d’action établis par le Secrétaire général pour les décennies à venir, à savoir : la santé, l’éducation, la protection contre toutes les formes de violence, d’exploitation et d’abus, et la lutte contre le VIH/sida et les risques plus particuliers que cette pandémie fait courir aux enfants . De son côté, le Pakistan a donné suite au Sommet mondial en élaborant un plan national d’action. A cet effet, un appui technique et financier a été fourni par l’UNICEF. L’avenir jugera les nations en fonction du bien-être des enfants et des femmes. C’est pourquoi, le plan d’action du Pakistan prête une grande attention à la législation et aux ressources disponibles. Le Gouvernement pakistanais a, par exemple, modifié de manière approfondie la législation, fixant notamment à 18 ans l’âge de la majorité. Un grand effort d’enregistrement a aussi été entrepris afin d’assurer à chaque enfant une identité légale. La stratégie générale repose sur la réhabilitation la famille dans son ensemble.

Alors que l’on prépare la session extraordinaire, le Pakistan tient tout particulièrement à ce que les questions des enfants victimes des conflits, de la fillette et de la pauvreté extrême obtiennent toute l’attention qu’elles méritent. Il faudrait notamment suivre l’impact qu’ont les sanctions sur les enfants. Le document final pourrait aussi préciser que les ajustements structurels imposés par les institutions financières internationales devraient aussi avoir un visage humain. Un long chemin a déjà été parcouru depuis 1990 mais il reste encore beaucoup à faire et il ne faut pas oublier qu’en servant au mieux les intérêts des enfants, on sert les intérêts de l’ensemble de l’humanité, a conclu la Ministre.

M. THOMAS HAMMABERG,Représentant personnel du Premier Ministre de la Suède, s’exprimant au nom des pays de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne appréciait le principe de présentation de rapports nationaux d’évaluation sur les droits de l’enfant. La Convention des droits de l’enfant est l’outil qui doit guider la promotion et la défense des droits et du bien-être de l’enfance partout dans le monde, a estimé le représentant. L’Union européenne se félicite que la plupart des Etats du monde aient signé et ratifié cette Convention et ses protocoles additionnels. L’attitude, au niveau international, est aujourd’hui beaucoup plus favorable aux droits de l’enfance et la session extraordinaire de l’Assemblée devrait s’appuyer sur les résultats des grandes conférences organisées par l’ONU au cours des années 90. Nous sommes heureux que de nouveaux groupes, notamment de la société civile, soient nés au niveau international et jouent un rôle de plaidoyer utile en faveur de l’enfance. De nouveaux maux ont affecté les enfants au cours des dix années qui viennent de s’écouler, dont notamment la propagation du VIH/sida, les crises économiques dans les régions les plus défavorisées du monde et les impacts négatifs des ajustements structurels. La Suède et l’Union européenne sont conscientes de cet état de choses et invitent tous les Etats signataires de la Convention sur les droits de l’enfant à faire plus d’efforts pour mieux mobiliser et mieux utiliser les ressources destinées à l’enfance. Beaucoup reste à faire dans ce domaine, le niveau des contributions financières restant bien en deçà de ce dont la communauté internationale et les pays auraient besoin pour mieux promouvoir le bien-être des enfants. Il appartient à chaque gouvernement de prendre des mesures positives au niveau national afin de permettre à la communauté mondiale de mener un dialogue plus constructif et beaucoup plus susceptible d’avoir des résultats concrets et positifs.

Le Prince Héréditaire ALOÏS VON UND ZU LIECHTENSTEIN, Représentant personnel du Grand Duc du Liechtenstein, a déclaré qu’investir dans les enfants équivaut à investir dans l’avenir de l’humanité. Les Nations Unies, a t-il dit, jouent un rôle louable en faveur de la lutte pour la protection des intérêts des enfants du monde. La Convention des droits de l’enfant et ses protocoles facultatifs, et les autres instruments juridiques, comme le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, garantissent aux enfants une protection dans des domaines où ils sont particulièrement menacés d’exploitation et d’abus. Le monde dispose aujourd’hui des normes juridiques nécessaires à la protection de l’enfance, mais il lui manque malheureusement la volonté politique, a estimé le Prince héréditaire. Nous pensons qu’en plus des droits de l’homme universellement reconnus, les enfants doivent bénéficier de droits spéciaux, et nous soutenons, par conséquent, l’organisation de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants. Le Liechtenstein estime que les enfants eux-mêmes devraient pouvoir s’exprimer et participer aux décisions qui les affectent le plus tôt possible. Nous pensons que cette approche, loin d’être conflictuelle, respecte les droits des parents et le rôle de la famille, qui reste la cellule de base de la société même dans un univers mondialisé. Nous sommes d’avis que les besoins des enfants doivent être pris en charge au stage le plus précoce de la vie, et que les sociétés doivent leur assurer l’éducation et les soins dont ils ont besoin. Des enfants éduqués et en bonne santé sont l’outil indispensable à la lutte contre le sous-développement et à l‘éradication de la pauvreté. Les enfants étant parmi les groupes les plus affectés par les conflits armés, il est nécessaire que l’ONU reçoive tout l’appui et les moyens dont elle a besoin pour mettre fin aux violences que génèrent les situations de conflits contre l’enfance.

M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, s’est accordé avec le Secrétaire général pour reconnaître que le bien-être des enfants est le désir le plus universel de toute l’humanité. La manière dont ce désir est satisfait dépend de la détermination et de l’engagement des gouvernements, a-t-il ajouté. De leur côté, pour leur action, les pays du Groupe de Rio ont décidé de se fonder sur la Convention sur les droits de l’enfant, qu’ils ont tous signée. Ce faisant, les droits de l’enfant sont reconnus comme des éléments à part entière de la bonne gouvernance et du maintien de la démocratie dans la région. De nombreuses actions concertées ont aussi été entreprises au niveau régional, comme par exemple l’Accord de Lima en faveur des enfants, signé en 1998 par 32 Chefs d’Etat. Grâce à ces efforts, des progrès importants ont été enregistrés dans la région, notamment dans le domaine de la santé des enfants. Leur espérance de vie est ainsi très proche de celle des enfants des pays développés. Par ailleurs, les taux de scolarisation ont sensiblement augmenté et les enfants ont aussi grandement profité des efforts déployés pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Mais, les pays du Groupe de Rio ont connu des changements considérables qui n’ont pas été sans effets néfastes sur les groupes les plus vulnérables de la société, et notamment les enfants. C’est ainsi que la proportion d’enfants contaminés par le VIH/sida augmente, notamment du fait de l’absence d’éducation sexuelle. L’exploitation commerciale et sexuelle des enfants est aussi en augmentation. Les pays du Groupe de Rio doivent donc mettre en place des systèmes législatifs qui offrent une pleine protection aux enfants, victimes de ces abus. Des programmes visant à réduire les grossesses non désirées chez les adolescentes doivent aussi être mis en place. De manière générale, la pauvreté extrême constitue l’obstacle le plus important au bien-être des enfants, en ce qu’elle entraîne tout un éventail d’effets néfastes. Cela ne doit cependant en aucune manière constituer pour les pays concernés une excuse pour ne pas déployer tous les efforts possibles en faveur des enfants, même si leur revenu par habitant est particulièrement faible, a estimé le représentant. “Si les efforts exigent de grands sacrifices, il n’est de meilleure récompense que l’amélioration concrète des conditions de vie de nos enfants”. Il a précisé néanmoins que les pays doivent également pouvoir compter sur la pleine assistance de la communauté internationale et des institutions et organisations internationales. En conclusion, il a estimé que le succès du processus d’évaluation de l’application du Plan d’action de 1990 dépendra davantage des engagements renouvelés et effectivement mis en oeuvre qui y seront formulés, que de la série de promesses qui pourraient être faites.

M. FAYSAL MEKDAD, Représentant de la République arabe syrienne, a déclaré que l’occupation étrangère était la première cause de la souffrance des enfants dans certaines régions du monde. A cet égard, la Syrie est globalement satisfaite de la position adoptée par le Comité préparatoire lors de sa dernière session. En ce qui concerne le rapport du Secrétaire général intitulé “Nous les enfants”, nous sommes satisfaits qu’il ait parlé de ce qui cause les souffrances des enfants dans les conflits armés. Mais nous sommes déçus qu’il n’ait pas mentionné les cas spécifiques des enfants du Golan syrien occupé et des enfants palestiniens des territoires occupés. Nous aimerions que le rapport soit complété, en consacrant un chapitre à la situation des enfants du Moyen-Orient.

Mme S. RAO, Secrétaire générale du Département de la femme et de l’enfant de l’Inde, a dit qu’un lien évident existe entre la pauvreté et le non respect des droits de l’enfant. La décennie qui commence doit voir le lancement de nouvelles actions en faveur des enfants. Ces plans doivent faire participer les économistes, qui conçoivent les stratégies et schémas économiques définissant la nature des sociétés et les possibilités d’épanouissement qu’elles peuvent offrir à leurs enfants. Le jour doit naître où les peuples ne seront plus jugés à la splendeur de l’architecture de leurs capitales, ou à la démonstration de leur puissance militaire, mais plutôt à l’état de leur population et de leurs enfants. Les problèmes qui rencontrent les pays en développement et qui se manifestent par une paupérisation croissante de leurs populations doivent être reconnus par tous les acteurs politiques internationaux comme ils ont été dénoncés par le rapport du Secrétaire général. En ce qui la concerne, l’Inde a fait tous les efforts possibles pour améliorer le sort de ses femmes et de ses enfants. Mais la mondialisation a créé des problèmes nouveaux, transfrontaliers, qui ne peuvent être combattus au seul niveau national.
Les trafics d’enfants et de femmes et le VIH/sida et les drogues, ne sont pas des questions que peut résoudre un pays tout seul. Les problèmes de l’enfance ne peuvent, d’autre part, pas être résolus au niveau des seules villes et capitales. Les couches rurales les plus défavorisées, qui constituent la majorité de la population des pays, doivent être prises en compte. Quant à la participation des enfants aux décisions qui les concernent, si nous ne sommes pas contre, nous tenons cependant à lancer un avertissement. On ne devrait pas mettre sur les épaules d’enfants, des charges qu’ils ne sont pas prêts à supporter. Il ne faut pas qu’il y ait confusion entre des rêves d’adultes, même bien intentionnés, et les véritables capacités d’un enfant mineur, né souvent dans un pays qui a sa propre culture et ses valeurs, qui ne sont pas forcément celles des autres.

Mme TORILD SKARD (Norvège) a fait observer que la Convention sur les droits de l’enfant suppose un changement radical dans la manière dont les enfants sont envisagés. Elle pose fermement en effet la dignité et les droits inaliénables des enfants et reconnaît qu’ils constituent une source importante du développement. Ce changement prend du temps, mais l’évaluation des activités entreprises ces dix dernières années montre bien que des modifications sont en cours. Dans la plupart des sociétés, les fillettes méritent une attention particulière et la perspective homme/femme devra être à la base du document final qui sera adopté à la session extraordinaire, a estimé la représentante. Il ressort du rapport du Secrétaire général que les progrès en faveur des enfants n’ont jamais été aussi importants que ces dix dernières années. Ceci est une grande source d’espoir et d’énergie pour lutter contre les obstacles qui subsistent. Sur ce point, Mme Skard a estimé que des progrès plus importants auraient pu être réalisés si les pays en développement avaient accordé davantage d’attention à l’amélioration des services sociaux de base et si, dans le même temps, les pays donateurs les avaient correctement aidés dans leurs efforts. Partout dans le monde, les familles et les communautés sont soumises à de nombreuses difficultés et le secteur public comme le secteur privé doivent adopter une attitude plus favorable à la famille. A la suite de la pandémie du sida, de nombreux pays, notamment en Afrique, ont connu une forte baisse de la population. Les adolescents et les enfants ont souvent dû prendre la responsabilité des membres de leur famille survivants. La contribution qu’apportent ces enfants doit être dûment reconnue et appuyée. L’un des droits fondamentaux des enfants est leur droit à s’exprimer et à être entendu sur les questions qui les intéressent. Pour illustrer ce droit, la représentante a donné la parole à une jeune fille handicapée, nommée Lene Richart, qui a expliqué que pour savoir comment aider les handicapés, il suffit de le leur demander. C’est à cette condition qu’ils deviendront des membres parfaitement productifs de la société. Les personnes handicapées ont la même valeur et la même dignité que les autres personnes, et elles doivent impérativement être entendues, a-t-elle conclu.

Mme MARIAMA ARIBOT BRUCE, Ministre des affaires sociales, de la promotion féminine et de l’enfance de la Guinée, a évoqué les préoccupations propres à l’Afrique exprimées dans le document “l’Afrique pour les enfants” du Forum panafricain sur les enfants, tenu au Caire en mai dernier. Elle a estimé que ces préoccupations devront être dûment prises en compte par le Comité préparatoire et la session extraordinaire de l’Assemblée générale. La Ministre s’est ensuite réjouie que le Secrétaire général ait, pour l’établissement de son rapport, eu recours à une gamme de sources diverses. Il a aussi su prendre en compte les contributions des différents acteurs, notamment celles des pays et de régions. Celles-ci n’ont été possibles que par la mobilisation des différentes entités concernées, comme les institutions de l’Etat, les communautés, la société civile et les ONG, ainsi que les enfants. Le Gouvernement de la Guinée apprécie tout particulièrement la mention faite dans le rapport sur “les enfants africains, avenir de l’humanité”. Des programmes notables ont été mis en oeuvre sur le continent africain, ces dix dernières années, même s’ils demeurent encore insuffisants, a reconnu la Ministre. Les effets conjugués de la pauvreté, de la crise économique, de la dette extérieure au remboursement difficile sinon impossible, de la baisse tendancielle de l’aide publique au développement, des conflits armés, de l’expansion des maladies transmissibles comme le VIH/sida, requièrent de la part de la communauté internationale tout entière un engagement responsable qui permette d’envisager des solutions concrètes.

Consciente de ses responsabilités, la Guinée s’est dotée en 1992 d’un plan national d’action, a poursuivi la Ministre. Elle a aussi activement pris part aux préparatifs de la session extraordinaire de septembre prochain. Tout cela procède de la volonté et de la détermination des autorités nationales de s’impliquer davantage dans la réflexion et dans les actions individuelles et collectives pour la survie, le développement et la protection des enfants. En reconnaissant la responsabilité première des Etats dans la mise en oeuvre des conventions internationales, le pays a ainsi augmenté progressivement ses allocations budgétaires en faveur des secteurs sociaux, qui absorbent en moyenne 20% du budget de l’Etat, conformément à l’engagement en faveur de l’Initiative “20/20”, adopté lors du Sommet mondial de Copenhague. En tant que pays africain, la Guinée reconnaît que le développement du continent repose principalement sur ses peuples et ses dirigeants, a ajouté Mme Aribot Bruce. C’est pourquoi, elle s’efforce de mobiliser des ressources internes. Toutefois, la communauté internationale a, pour sa part, la double responsabilité d’appuyer les efforts de développement du continent et d’éliminer tous les obstacles sur le chemin de son développement. La communauté de destin entre les peuples et les enfants du monde ne sera possible que dans la paix, dans la gestion correcte de la dette des pays africains, dans l’accès des pays en développement aux marchés mondiaux, et dans l’augmentation de l’aide publique au développement (APD), a affirmé la Ministre, avant de préciser qu’une attention particulière à toutes ces questions devrait être accordée durant les travaux.

M. HANS SCHUMACHER (Allemagne) a déclaré que sa délégation s’associait à la déclaration de l’Union européenne faite précédemment par la Suède. Il a ensuite dit que la rencontre régionale tenue à Berlin, au niveau européen, avait été fructueuse et avait permis aux pays européens d’avoir une meilleure idée de la situation des enfants dans chaque pays de la région. Le rôle du secteur privé et ses responsabilités sociales naissantes dans le processus de mondialisation ont été bien exprimés lors de cette rencontre. Le principe du droit des enfants à l’expression, et à la participation aux prises des décisions qui les concernent, est partagé par les pays européens. La délégation de l’Allemagne ne veut cependant pas que cette question devienne sujet à contentieux entre délégations ou entre groupes de pays. La participation libre des enfants permettrait cependant à la session extraordinaire d’avoir un point de vue neuf sur la manière d’aborder les problèmes liés à l’enfance.

M. HUSEIN ZIVALJ (Bosnie-Herzégovine) a dit que si les objectifs fixés lors du Sommet mondial pour les enfants étaient ambitieux et dignes d’intérêt, la réalité qu’ont vécu certains pays après cette conférence ont été loin de l’image idyllique du monde qui supposait être le cadre de leur réalisation. La Bosnie-Herzégovine, en ce qui la concerne, a connu la guerre, les mines antipersonnel, l’épuration ethnique, et est aujourd’hui une société en transition. Lors de la rencontre de Berlin, à laquelle des enfants ont pris part, les délégations ont reconnu que la participation des enfants pouvait aider les gouvernements à façonner des politiques et à mettre en place des cadres nationaux qui seront plus favorables à l’enfance. La délégation de Bosnie-Herzégovine soutient sur cette question les points de vue de la Suède et de l’Allemagne.

Mme DIARRA AFOUSSATOU, Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du Mali, a proposé que le document “l’Afrique pour les enfants”, adopté par le Forum panafricain au Caire en mai dernier, soit retenu comme norme internationale de l’action en faveur des enfants. Rappelant que la Mali avait présidé au Sommet mondial de 1990, elle a indiqué que son pays a depuis déployé de nombreux efforts pour en appliquer les recommandations. Le Mali a également accordé une grande importance aux préparatifs de la session extraordinaire. Pour améliorer concrètement la situation des enfants, un plan stratégique de lutte contre la pauvreté, ainsi que des programmes spécifiques en faveur de la santé des femmes et des enfants, ainsi que de leur protection ont été adoptés. Le Mali est aussi partie prenante de la lutte africaine en faveur des enfants touchés par la guerre et les conflits armés. Le pays a en outre signé plusieurs instruments de lutte contre l’exploitation commerciale des enfants et leur trafic transfrontalier. Sur ce dernier point, un plan d’urgence vient d’être adopté. Il devrait permettre d’ici à la fin de l’année à rapatrier au moins 1 800 enfants. Reconnaissant le rôle et la contribution économique que peuvent fournir les adolescentes, le Gouvernement malien s’efforce aussi d’améliorer leur éducation et leur scolarisation, de lutter contre les grossesses précoces et les violences dont elles peuvent être victimes, a également indiqué la représentante.

Mme CORAZON JULIANO N. SOLIMAN, Représentante personnelle de la Présidente des Philippines, a déclaré que son pays avait participé à Beijing à une réunion des pays d’Asie-Pacifique sur les problèmes de l’enfance. La question de l’intégration des enfants de la région à un monde économiquement mondialisé et celle de leur protection ont été au centre des discussions, notamment sous l’angle de discussion du sort des enfants des rues, des enfants migrants et des groupes d’enfants les plus vulnérables. La rencontre a estimé que développement des enfants dans les premiers stages de leur croissance est important et doit être pris à coeur par la communauté internationale. Nous espérons, sur ce point, que les espoirs qui ont été émis à Beijing pourront être réalisés dans nos pays. Nous sommes pour la défense de familles solides, capables de transmettre à leurs enfants des valeurs culturelles et sociales profondes et équilibrées. La région Asie étant très affectée par les trafics de femmes et d’enfants, il est essentiel que, dans nos pays, des mesures soient prises pour lutter efficacement contre ces phénomènes et leurs conséquences, qui se manifestent par exemple en ce moment par une propagation accrue de la pandémie du VIH/sida et par une aggravation de l’insécurité et de l’usage des drogues.

Mme THERESA MARIA MOGIN, Représentante du Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a déclaré que des changements considérables s’étaient opérés au cours de la dernière décennie en Espagne. Le rapport de notre pays mentionne de nombreux secteurs où les politiques adoptées par les pouvoirs publics et civils ont permis de créer un cadre très favorable au respect des droits de l’enfant, a dit la représentante. L’Espagne a créé un Observatoire permanent des droits de l’enfance, qui permet de juger et d’évaluer à tout moment la situation de l’enfance dans le pays, a-t-elle poursuivi. Elle a également développé une culture de participation sociale, à travers des organisations sociales, qui favorise la mise en oeuvre des politiques élaborées en faveur des enfants.

La participation de l’enfance au fonctionnement de la société et à sa survie harmonieuse est un des principes adoptés par le Gouvernement et la société civile espagnols. La lutte contre toutes les formes de discrimination est inscrite à l’ordre du jour du gouvernement comme faisant parti des politiques participant à la promotion du bien-être de l’enfance. Nous sommes en faveur de mesures spéciales d’éducation et d’information des adolescents sur la sexualité et les drogues, et nous promouvons l’intégration des enfants d’origine ou d’ascendance étrangère à la société espagnole afin qu’ils bénéficient des mêmes droits que les autres. Le rôle des ONG ne pouvant être méconnu, notre politique vise à les intégrer pleinement comme acteurs importants du changement social.

M. GABRIEL VALDES, Directeur des affaires sociales du Chili, a fait part de l’expérience de son pays dans la mise en oeuvre des engagements et recommandations du Sommet de 1990. Il a expliqué qu’un plan national y a été mis en place depuis 1992. La situation des jeunes et des adolescents chiliens a ainsi pu être améliorée. L’un des objectifs principaux était d’éliminer les inégalités les plus flagrantes entre les enfants et leurs familles. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire, mais dans cette voie, la Convention sur les droits de l’enfant constitue un outil puissant et très utile. Au mois d’avril dernier, un nouveau plan d’action en faveur de l’enfant a été promulgué. Il porte sur la période 2001-2010 et adopte une approche intégrée. La famille y est reconnue comme le principal cadre de développement des jeunes et elle est par conséquent aidée. Des mesures pour venir en aide aux enfants victimes de menaces ou d’abus y sont aussi inclues. Une attention particulière et universelle à ces problèmes pourrait permettre l’application universelle de la Convention, a d’ailleurs estimé le représentant. Il a également mis en garde contre le langage paternaliste que pourrait contenir le document final. Selon lui, il faut au contraire promouvoir le caractère de protagonistes des enfants et leur participation. Les enfants doivent en effet devenir les acteurs principaux de l’action en leur faveur.

Mme LANDON PEARSON (Canada) a approuvé les efforts déployés par le Secrétaire général ainsi que le rapport présenté ce matin. Elle s’est félicitée de l’importance prise par la Convention sur les droits de l’enfant et ses protocoles facultatifs ainsi que de la législation adoptée récemment concernant le travail des enfants. Les améliorations apportées dans le domaine de la bonne gouvernance constituent un des éléments les plus importants des efforts déployés en faveur des enfants cette dernière décennie. Il est fondamental de reconnaître de plus en plus que la voix des enfants et des adolescents doit être entendue dans tous les domaines qui les concernent. Malheureusement, en dépit de ces progrès, de nombreux obstacles doivent encore être surmontés. La mortalité des enfants demeure encore dans de nombreux pays trop élevée, du fait de maladies comme notamment le VIH/sida. De l’avis du Canada, il est indispensable que le document final aborde les problèmes les plus concrets, et ce, en adoptant un langage concret et volontaire et en laissant aussi la parole aux premiers concernés, à savoir les enfants eux-mêmes.




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