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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT EXAMINE LE RAPPORT PÉRIODIQUE DE LA HONGRIE

18 Janvier 2006

Comité des droits de l'enfant (A)

18 janvier 2006


Le Comité des droits de l'enfant a examiné, aujourd'hui, le deuxième rapport périodique de la Hongrie sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Présentant le rapport de son pays, M. Attila Mesterházy, Secrétaire d'État au Ministère de la jeunesse, de la famille, des affaires sociales et de l'égalité des chances de la Hongrie, a souligné que les questions intéressant la politique de l'enfance relèvent désormais de son Ministère. En Hongrie, les pratiques judiciaires en vigueur tiennent compte des dispositions de la Convention, a-t-il assuré. En outre, le médiateur a mené de nombreuses enquêtes sur la mise en œuvre et l'exercice des droits de l'enfant. Chaque année, le Gouvernement prépare un rapport sur la situation des enfants et des jeunes, sur les tendances s'agissant de leurs conditions de vie, ainsi que sur les mesures gouvernementales qui ont été prises dans le domaine. M. Mesterházy a également attiré l'attention sur l'interdiction totale des châtiments corporels depuis 2005. Le Gouvernement a mis en place des programmes spécifiquement destinés aux familles rom, étant donné qu'elles vivent souvent dans des situations défavorables à maints égards en raison d'une discrimination fondée sur leur appartenance ethnique, a-t-il par ailleurs souligné.

La délégation hongroise était également composée de représentants du Ministère de la jeunesse, de la famille, des affaires sociales et de l'égalité des chances; du Ministère de l'éducation; du Ministère de l'intérieur; du Ministère de la justice; du Ministère des affaires étrangères; de l'Institut national de la santé des enfants; du bureau du Commissaire parlementaire aux droits civils; de la Mission permanente de la Hongrie auprès des Nations Unies à Genève; d'autorités locales de protection de l'enfance; et d'universités. La délégation a fourni aux experts des compléments d'information en ce qui concerne, entre autres, la politique de décentralisation et les questions budgétaires; la situation des enfants rom; les questions de santé et d'éducation; la justice pour mineurs.

Présentant en fin de journée des observations préliminaires concernant le rapport de la Hongrie, l'expert du Comité chargé de l'examen du rapport, M. Lothar Krappmann, a mis l'accent sur les nombreux changements intervenus en Hongrie depuis la présentation de son rapport initial et a estimé que l'institution du «représentant des enfants» pourrait servir à résoudre le problème de la protection de l'enfance dans d'autres pays. Il a déclaré que la question des Roms le préoccupe toujours beaucoup et a souligné l'importance de veiller à un changement dans les comportements, y compris chez les Roms. «Tout doit commencer à l'école», a-t-il souligné; insistant pour que l'éducation aux droits de l'homme soit une réalité dans les écoles.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de la Hongrie, avant de les rendre publiques à la fin de la présente session, le vendredi 27 janvier 2006.

L'examen du rapport de la Lituanie sur la mise en œuvre de la Convention, qui s'est également déroulé aujourd'hui, fait l'objet d'un compte rendu séparé.


Demain matin, à 10 heures, le Comité entamera, dans le cadre de deux réunions se tenant simultanément, l'examen des deuxièmes rapports périodiques de Maurice (CRC/C/65/Add.35) et de l'Azerbaïdjan (CRC/C/83/Add.13).

Présentation du rapport

Présentant le rapport de son pays, M. ATTILA MESTERHÁZY, Secrétaire d'État au Ministère de la jeunesse, de la famille, des affaires sociales et de l'égalité des chances de la Hongrie, a assuré que la Hongrie attache une grande importance à la mise en œuvre de la Convention, ce dont témoigne non seulement la composition de la délégation aujourd'hui présente devant le Comité, mais aussi le fait que la loi de 1997 sur la protection de l'enfance et les réglementations juridiques y afférentes sont entièrement basées sur les dispositions de cet instrument. La réorganisation de la structure du Gouvernement en 2004 a mis un terme à la séparation entre les fonctions ministérielles en rapport avec la jeunesse et l'enfance et celles relatives à la protection de l'enfance, a par ailleurs souligné M. Mesterházy. À présent, les questions intéressant la politique de l'enfance relèvent de la responsabilité du Ministère de la jeunesse, de la famille, des affaires sociales et de l'égalité des chances, a-t-il précisé.

Les pratiques judiciaires en vigueur en Hongrie tiennent compte des dispositions de la Convention, a assuré M. Mesterházy. En outre, le médiateur (ombudsman) a mené de nombreuses enquêtes sur la mise en œuvre et l'exercice des droits de l'enfant, a-t-il ajouté. Chaque année, a souligné M. Mesterházy, le Gouvernement prépare un rapport, qu'il soumet au Parlement, sur la situation des enfants et des jeunes, sur les tendances s'agissant de leurs conditions de vie, ainsi que sur les mesures gouvernementales qui ont été prises dans ce domaine. Chacun des gouvernements qui se sont succédé en Hongrie a accordé une attention particulière au traitement des questions liées aux enfants, a souligné M. Mesterházy. Il a notamment fait observer que la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale est entrée en vigueur en Hongrie en 2005, ce qui a contribué à accroître la protection des droits de l'enfant.

M. Mesterházy a d'autre part rappelé que l'amendement apporté en 2003 à la Loi sur la protection de l'enfance insistait sur la mise en place d'un système d'avocats des droits des enfants placés hors du milieu familial. Depuis 2003, a également indiqué M. Mesterházy, la législation a introduit la médiation - en tant que technique de gestion des conflits - dans toutes les questions civiles. M. Mesterházy a également attiré l'attention sur l'interdiction totale des châtiments corporels introduite en 2005. La stratégie nationale de prévention du crime fait appel à une action sociale contre la violence domestique ainsi qu'à des mesures de prévention de la délinquance juvénile, a-t-il en outre indiqué. Il a d'autre part souligné que la Hongrie participe depuis l'été 2002 à la lutte de l'Union européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale; ce travail conjoint a abouti à la préparation d'un plan d'action national pour la cohésion sociale pour les années 2004-2006. L'une des priorités du Programme gouvernemental dit des «100 mesures» a trait à la lutte contre la pauvreté des enfants, a poursuivi M. Mesterházy. Un autre pilier de ce programme est la réforme du système d'allocations familiales, lequel a été transformé au 1er janvier 2006 de telle sorte que l'allocation familiale accordée de droit à tous les enfants a augmenté de 84%.

Les groupes d'enfants les plus défavorisés reçoivent des repas et des manuels scolaires gratuits, a par ailleurs indiqué M. Mesterházy. Il va sans dire que ces mesures ont et continuent d'avoir un impact significatif sur les vies des familles rom, a-t-il souligné. À cet égard, il a fait valoir que le Gouvernement a mis en place des programmes spécifiquement destinés aux familles rom, étant donné qu'elles vivent souvent dans des situations désavantageuses à maints égards en raison d'une discrimination fondée sur leur appartenance ethnique. Il est apparu qu'il y avait trop d'enfants rom parmi les enfants déclarés comme étant handicapés, essentiellement en raison de la misère sociale, a par ailleurs indiqué M. Mesterházy; aussi, afin d'empêcher que des enfants ne soient placés à mauvais escient dans des classes pour handicapés, le Gouvernement a mis en place un programme spécial. À également été créé un programme de bourses pour élèves rom, qui couvre cette année quelque 20 000 enfants de cette communauté. M. Mesterházy a enfin fait part du programme d'élimination des ghettos rom mis en place en Hongrie, qui se concentre à la fois sur les problèmes liés au logement, à l'emploi, à l'éducation et à la santé et sur la fourniture d'une assistance sociale.


Le deuxième rapport périodique de la Hongrie (CRC/C/70/Add.25) affirme que la législation hongroise est, pour l'essentiel des questions, conforme aux accords internationaux et satisfait aux exigences de la démocratie. Toutefois, le retard dans le domaine de l'application des lois existantes est, encore aujourd'hui, important. Malheureusement, non seulement les principaux intéressés ignorent tout de leurs droits, mais les institutions et les autorités, dont la tâche est de protéger et de faire respecter les droits de l'enfant ne connaissent pas suffisamment les lois pertinentes. Il faut déplorer l'absence de politique nationale globale pour faire appliquer les droits de l'enfant en Hongrie, même si le cadre juridique est déjà en place, admet en outre le rapport. La création, en 1999, du Ministère de l'enfance, de la jeunesse et des sports, qui permet de porter les questions relatives à la jeunesse au rang ministériel, marque un grand pas en ce sens, souligne-t-il néanmoins. En collaboration avec le Ministère des affaires étrangères, le Ministère de l'enfance a fait traduire la Convention dans les langues de la plupart des minorités vivant en Hongrie, fait également valoir le rapport: le texte est désormais disponible en polonais, grec, slovène, roumain, ukrainien, rom, bulgare, croate, allemand, serbe et slovaque, mais non en ruthénien (Ukraine sud-carpatique).

Le rapport souligne l'importance de la loi XXXI de 1997 sur la protection de l'enfance et l'administration de la tutelle publique, qui équivaut à une intégration totale de la Convention dans la législation hongroise. L'expérience durant ces dernières années a enseigné que la loi garantit effectivement l'exercice des droits de l'enfant et aide à créer un système de protection de l'enfance transparent et vérifiable. Pour améliorer l'efficacité de ce système, une loi de 2002 portant modification de la loi sur la protection de l'enfance accorde une importance accrue aux éléments suivants: meilleure réglementation en matière de droits de l'enfant; amélioration des mesures et services de prévention; renforcement du réseau des familles de remplacement et d'accueil; et conditions d'assistance aux futures mères et mères battues. Les médiateurs hongrois en fonction ont, à plusieurs reprises, ouvert des enquêtes en matière d'exercice des droits de l'enfant, poursuit le rapport. Quant aux droits des minorités, dont ceux des Roms, ils sont garantis par une loi distincte et leur exercice est suivi par le Commissaire parlementaire aux droits des groupes ethniques et minoritaires. En 2002, un commissaire ministériel chargé de l'intégration sociale des enfants défavorisés et des enfants rom a été désigné, alors qu'en juillet 2003, a été nommé comme membre du cabinet un ministre sans portefeuille chargé de l'égalité des chances. Le rapport indique par ailleurs que le risque de pauvreté continue d'être élevé pour les enfants: 16% des moins de 16 ans vivent dans la pauvreté, soit le double de la moyenne nationale. D'après toutes les enquêtes sur la pauvreté, le principal facteur de risques est le faible degré d'instruction. Le taux de pauvres dans les ménages rom est dix fois celui des autres ménages, précise le rapport. Discrimination et préjugés augmentent encore la pauvreté des Roms, insiste-t-il.


Commentaires et questions de membres du Comité

M. LOTHAR KRAPPMANN, rapporteur du Comité pour l'examen du rapport hongrois, a affirmé qu'il ne fait aucun doute que le Gouvernement hongrois est attaché aux droits de l'enfant. Il n'en demeure pas moins qu'il faut attirer aujourd'hui l'attention sur un certain nombre de préoccupations, parmi lesquelles certaines sont sérieuses, a-t-il ajouté. Passant en revue les importantes mesures prises par la Hongrie depuis l'examen du rapport initial de ce pays en 1998, M. Krappmann a notamment cité les amendements apportés à la loi sur la protection de l'enfance; l'interdiction de toutes les formes de châtiments corporels; la loi sur l'égalité de traitement; ou encore les analyses fournies au fil des ans par les commissaires parlementaires en charge des droits civils et des minorités ethniques et nationales. En revanche, d'autres questions soulevées dans les observations finales présentées par le Comité en 1998 méritent encore de retenir notre attention, a affirmé M. Krappmann; il en va ainsi du plan d'action national; de la discrimination; de la violence; et de la pauvreté, pour n'en citer que quelques-unes.

M. Krappman a donc souhaité savoir si les enfants étaient bien informés de leurs droits. Il a également fait part de sa préoccupation s'agissant du transfert de responsabilité que la Loi sur la protection de l'enfance opère dans une large mesure en faveur des autorités locales; en effet, les autorités locales se voient-elles donner les moyens d'appliquer les dispositions de la Convention? M. Krappmann a indiqué nourrir des doutes à cet égard à la lecture de certains paragraphes du rapport, notamment le paragraphe 341, qui affirme que les autorités locales ne respectent parfois par leurs obligations.

M. Krappmann s'est par ailleurs enquis de la manière dont sont coordonnées les activités des différents bureaux et organes œuvrant au bien-être et au développement de l'enfant. Il s'est en outre inquiété que la Hongrie n'ait toujours pas élaboré un plan national d'action en faveur des enfants.

Un autre membre du Comité a relevé que les personnes de moins de 18 ans sont mineures, sauf si elles sont mariées. Cette accession à la majorité par le mariage a-t-elle pour conséquence d'exclure ceux qui bénéficient de la protection de l'enfance. Qu'en est-il de la justice pénale pour ces personnes de moins de 18 ans qui ne sont plus considérées comme mineures? L'expert a jugé particulièrement précoce l'âge de consentement sexuel, fixé à 14 ans en Hongrie.

La pauvreté et le chômage sont encore très présents au sein de la communauté rom et cela atteint tout particulièrement les enfants rom, ont relevé plusieurs experts. L'un d'eux s'est inquiété de la marginalisation de cette communauté, qui ne jouit que de très peu de services et reste particulièrement vulnérable à la montée du racisme. Ce membre du Comité a également dénoncé, entre autres, les conditions de logement déplorables dans lesquelles vivent les populations rom. Il a en outre déclaré que des informations sur un problème d'infanticide préoccupe vivement le Comité.

En ce qui concerne les questions d'éducation, un membre du Comité a souhaité savoir si l'inscription à l'école est obligatoire. Par ailleurs, a souligné cet expert, le fait qu'un enfant soit inscrit ne signifie pas nécessairement qu'il suive les cours; à cet égard, certains enfants disparaissent à jamais du système scolaire et, selon certaines informations, la moitié des écoles ne signalent pas ces abandons définitifs, s'est-il inquiété. Il a en outre fait part de l'existence de plaintes concernant la qualité des équipements et des enseignements dans les écoles. Un cinquième des enfants rom vivent dans des communautés où il n'existe pas de maternelle, a par ailleurs relevé l'expert.

En ce qui concerne les questions de santé, un expert a fait part de sa préoccupation face au nombre élevé de grossesses d'adolescentes.

Il semble que la Hongrie soit confrontée à un grave problème d'enfants qui quittent les institutions ou les familles d'accueil dans lesquelles ils ont été placés, a pour sa part relevé un membre du Comité.

Renseignements complémentaires fournis par la délégation

S'agissant de la politique de décentralisation et des questions budgétaires, la délégation a souligné que le processus de décentralisation se poursuit à l'heure actuelle. La Hongrie compte aujourd'hui 3200 gouvernements locaux, a-t-elle précisé. Elle a fait observer que depuis 1997, les systèmes de soins de santé primaire et de soins de santé spécialisés ont été très clairement séparés. Les soins de santé primaire incombent aux municipalités, a-t-elle indiqué; il en va de même des crèches. D'autre part, c'est aux autorités des comtés qu'incombe la prise en charge des enfants placés en dehors du cadre familial. En dehors de celles qui leur sont transférées par l'État central, les gouvernements locaux tirent leurs ressources des impôts locaux. Or, parfois, les budgets disponibles ne peuvent couvrir que 60 ou 70% des besoins, ce qui pose problème car les municipalités et autres autorités locales ne peuvent alors pas s'acquitter totalement de leurs responsabilités, a reconnu la délégation.

La délégation hongroise a fait part de l'institution assez nouvelle des représentants des enfants, qui s'efforcent de représenter l'intérêt supérieur de l'enfant dans tous les domaines le concernant. La Hongrie, qui possède 19 comtés (auxquels il faut ajouter la capitale, Budapest), compte actuellement 26 représentants des enfants répartis à travers le pays, a précisé la délégation.

La délégation a indiqué que 6 à 7% des plaintes reçues par le Bureau du Commissaire parlementaire aux droits civils concernent les enfants. À cet égard, la délégation a fait observer que les plaintes n'émanent jamais des enfants; elles sont toujours transmises au nom de l'enfant par un parent ou un enseignant.

La délégation a en outre souligné qu'il n'existe pas à l'heure actuelle, en Hongrie, de juristes spécialisés en droit de la famille, ce qui, il est vrai, est quelque peu préoccupant.

En ce qui concerne la situation des enfants rom, les statistiques semblent indiquer que les enfants d'origine rom sont davantage victimes de l'intervention de la police que les autres enfants, a indiqué la délégation. Mais selon les statistiques également, la criminalité chez les enfants rom est plus élevée que chez les autres enfants; il n'est donc pas exclu que cette intervention de la police auprès des enfants rom découle de ce dernier fait, a ajouté la délégation.

En réponse à une autre question, la délégation a assuré que des mesures pénales sont prévues pour enfanticide et que des dispositions en vigueur dans les hôpitaux visent à lutter contre ce phénomène.

La délégation a reconnu que le taux de suicide a malheureusement toujours été assez élevé en Hongrie, qui occupe le 6ème rang mondial dans ce domaine. Mais le taux s'est réduit, notamment depuis que des mesures ont été prises pour lutter contre la dépression. Des programmes de santé des jeunes ont en outre été mis au point, notamment en matière de soins psychiatriques. La délégation a ajouté que, d'ici 2010, le pays sera aux normes européennes pour le nombre de lits disponibles dans les institutions psychiatriques

Répondant à une question sur l'importance des problèmes de l'alcoolisme, du tabagisme et de la toxicomanie en Hongrie, la délégation a souligné que l'alcool et le tabac ont toujours constitué des problèmes plus importants que l'usage des drogues dans le pays. Elle a ajouté que des programmes de sensibilisation sont menés auprès des jeunes.

Des infirmières à plein temps travaillent dans toutes les écoles et les services de santé du système d'enseignement assurent un suivi des étudiants. En outre, des centres spéciaux pour adolescents offrent des consultations en matière notamment de santé reproductive et de contraception. La délégation a admis que le fait que les pilules contraceptives ne soient pas couvertes par l'assurance maladie pose des problèmes aux professionnels de la santé qui ont à s'occuper de mineurs.

S'agissant du problème de la violence dans les écoles, la délégation a déclaré qu'il y avait actuellement un débat sur le rôle des enseignants en matière de protection des enfants. Il incombe actuellement à tous les enseignants d'assurer la protection des enfants, mais cela comporte l'inconvénient qu'il n'est plus obligatoire pour une institution d'enseignement de disposer d'une personne chargée spécifiquement de la protection de l'enfant à l'école. Des mesures ont été prises pour lutter contre le bizutage et autres abus. Néanmoins, certaines écoles tendent à faire en sorte que le bizutage se passe à l'extérieur de l'institution, sans tenter de trouver une solution au problème.

Les professionnels de la santé sont dans l'obligation de signaler les cas de violence ou de négligence à l'égard de s enfants, a par ailleurs souligné la délégation. À tous les niveaux de l'autorité les médecins sont informés qu'ils sont tenus de faire rapport sur les cas constatés de violence contre les enfants. La délégation a toutefois souligné que, souvent, les médecins ne signalent pas des cas de violence car ils souhaitent maintenir leurs bonnes relations avec la famille de l'enfant. En 2004, 11 000 enfants ont été signalés comme étant victimes de violences. Ce chiffre était en augmentation mais sans doute du fait que les cas sont davantage signalés en raison des efforts de sensibilisation.

Tous les services de soins à l'enfance doivent fournir une aide téléphonique 24/24 dans les grandes villes, a indiqué la délégation.

S'agissant des jeunes enfants placés en institutions, la délégation a précisé que, chaque année, 85% de ces enfants sont rendus à leurs familles, placés dans des familles d'accueil ou adoptés. Des efforts sont faits pour que de moins en moins d'enfants soient maintenus en institution, a assuré la délégation, qui a toutefois précisé que c'est l'institution concernée et non un juge qui décide du retour ou non d'un enfant dans sa famille.

Des programmes spécifiques sont par ailleurs destinés aux enfants de la rue, en particulier en vue de les placer dans des institutions spécialisées où ils peuvent bénéficier d'une formation et d'un encadrement.

Répondant à des questions sur l'adoption, la délégation a notamment indiqué que les parents qui ne sont pas en mesure d'élever un enfant dont la naissance est attendue peuvent faire une déclaration en vue de son adoption. Après la naissance, les parents ont 6 semaines pour revenir sur leur déclaration. La délégation a en outre précisé que les services chargés des soins à l'enfance aident les parents à récupérer leurs enfants en leur fournissant des conseils.

Dans le cas d'une adoption secrète, par laquelle les parents adoptifs ne sont pas informés de l'identité des parents biologiques et vice-versa, la délégation a expliqué qu'après l'âge de 14 ans, un enfant peut être informé de l'identité de ses parents biologiques avec l'assentiment des parents adoptifs.

Il n'y a pas de différence, notamment en matière d'héritage, entre enfants nés hors mariage et ceux nés au sein du mariage, ni entre enfants adoptés et biologiques. La procédure pour naturaliser un enfant adopté est très simple, a en outre assuré la délégation.

Rappelant que l'origine ethnique d'un enfant n'est pas enregistrée, la délégation a souligné qu'un couple souhaitant adopter ne peut refuser d'adopter un enfant rom sur cette base, mais on ne peut empêcher que des parents adoptifs préfèrent adopter des enfants blonds aux yeux bleus.

Loi comporte des dispositions permettant d'entendre l'opinion de l'enfant, mais dans la pratique, et en raison de la tradition, l'application de ces dispositions se heurte à des obstacles.

La délégation a souscrit à une observation du Président du Comité s'agissant de la nécessité d'imposer une limite à la détention avant procès de mineurs. Elle a par ailleurs précisé qu'un enfant de moins de 14 ans ne peut faire l'objet de poursuites judiciaires. En vertu du droit pénal, les personnes de 14 à 18 ans ont une responsabilité pénale limitée, a indiqué la délégation, précisant que le fait d'être marié ou non n'a pas d'incidence à cet égard.

S'agissant de la situation des enfants rom, bien que la loi ne permette pas de recueillir des informations sur l'origine ethnique ou nationale, un membre de la délégation, qui est d'origine rom, a reconnu que les Roms sont sur-représentés dans les institutions d'éducation spéciale. En outre, 60 % des enfants défavorisés sont des Roms. D'importantes différences subsistent entre enfants rom et les autres.

Pour améliorer la situation des Roms en matière d'éducation, le représentant a estimé qu'il n'était pas utile de créer un système d'enseignement «national», qui soit propre aux Roms. Les efforts doivent porter sur le plein accès à l'enseignement de tous les groupes, sur un pied d'égalité. D'importantes mesures ont été prises pour intégrer les Roms dans le système d'enseignement, notamment en favorisant leur admission au niveau préscolaire et en améliorant les conditions d'acquisition des connaissances au niveau de l'élémentaire.

En Hongrie, «être Rom n'est pas ce qu'il y a de mieux», mais la situation s'améliore, a assuré le représentant.


Observations préliminaires

Présentant en fin de journée des observations préliminaires sur le rapport de la Hongrie, le rapporteur du Comité chargé de l'examen de ce rapport, M. LOTHAR KRAPPMANN, s'est dit très impressionné par l'ouverture d'esprit et l'honnêteté avec laquelle la délégation de la Hongrie a répondu aux questions du Comité. La Hongrie est aujourd'hui dans une situation de changement s'agissant de l'élaboration de ses politiques à l'égard de l'enfance par rapport à 1998, au moment de la présentation de son rapport initial. Il a souligné qu'il est très remarquable de constater le nombre d'amendements législatifs qui ont été adoptés depuis, le nombre d'instruments internationaux ratifiés par le pays, et combien il a mis sur pied d'institutions, notamment le représentant des enfants. Il a estimé que cette dernière institution pourrait servir à résoudre le problème de la protection de l'enfance dans d'autres pays.


M. Krappmann a déclaré que la question des Roms le préoccupe toujours beaucoup. Il s'est dit convaincu qu'aucune mesure, aucun programme ne donnera les résultats escomptés si les comportements ne changent pas. Un changement de comportement est toujours un problème très épineux. Il s'agit d'accepter d'intégrer les Roms à la société et de s'assurer qu'ils bénéficient des mêmes droits de l'homme que tous les autres citoyens. Le comportement doit aussi changer chez les Roms, a ajouté le rapporteur. Tout doit commencer à l'école, a-t-il souligné; l'éducation aux droits de l'homme doit être une réalité dans les écoles.

La Hongrie connaît d'autres problèmes ainsi que beaucoup d'aspects positifs qui seront reflétés dans les observations finales, a déclaré le rapporteur, qui a estimé que lors de l'examen du prochain rapport, dans cinq ans, la situation se sera encore améliorée dans le domaine de l'application des droits de l'enfant, se disant convaincu que les autorités hongroises et le Comité partagent les mêmes soucis. Il ne fait aucun doute que le Gouvernement souhaite réaliser des progrès. Dans ce but, le Comité recommande une étroite collaboration avec la société civile, qui doit être informée des débats entre la délégation et le Comité et les observations finales du Comité. Il a noté, à cet égard, la promesse faite dans le rapport de traduire et faire connaître le rapport hongrois et les observations finales du Comité, qui seront rendues publiques à la fin de la session.

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Le présent communiqué de presse n'est pas un compte rendu officiel et n'est publié qu'à des fins d'information.

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