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Communiqués de presse

DES INITIATIVES EN FAVEUR DES VICTIMES DE L’ESCLAVAGE, DU RACISME ET DE L’INTOLERANCE ONT ETE ANNONCEES A LA PLENIERE DE LA CONFERENCE DE DURBAN CONTRE LE RACISME

04 Septembre 2001



DR/D/930
4 septembre 2001
 
 
Durban (Afrique du Sud), le 1 septembre -- La Conférence de Durban contre le racisme a été dominée cet après-midi par un rappel des initiatives prises au plan national afin d’améliorer le sort des populations victimes de l’esclavage et du racisme  ainsi que des minorités qui font face aux autres formes d’injustice  et d’intolérance.  Toutefois il est ressorti des interventions que des pays seraient favorables à une participation soutenue au développement des pays victimes de l’esclavage et d’autres formes de discrimination dans le cadre  de la Nouvelle Initiative Africaine.  Telle est par exemple la position  de la France exprimée par son Ministre délégué à la coopération, M. Josselin qui a fait observer que son pays est l’un des plus généreux de l’OCDE en ce qui concerne l’aide publique au développement.  Mon pays entend bien conserver cette place a-t-il ajouté tout en faisant remarquer qu’en mai dernier, le Parlement français a adopté à l’unanimité une loi reconnaissant que l’esclavage, la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan indien, perpétrés à partir du XVème siècle contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituaient un crime contre l’humanité.  A ce jour, la France est le seul pays à avoir posé cet acte, a fait observer, M. Charles Josselin.  Il a reconnu que le colonialisme a eu des effets durables sur les structures politique et économique des pays concernés et que vis à vis de ce pays qui pour beaucoup d’entre eux avaient été des victimes de la traite, la solidarité doit s’exprimer avec une plus grande ampleur.
 
Plusieurs autres délégations ont soulevé la question de la discrimination, souvent fondée sur des facteurs multiples comme la race, la religion, l’origine ethnique, la langue, le sexe, la couleur, le handicap, l’orientation sexuelle ainsi que la condition sociale et économique.  Cette forme de discrimination aggrave le racisme et touche particulièrement les communautés qui s’identifient à un ensemble unique et complexe de caractéristiques, dont la religion, l’origine ethnique et plusieurs autres facteurs.  Le développement humain se fonde sur l’idée que tout individu, partout et quel que soit son sexe, doit avoir la possibilité d’exprimer et d’exploiter ses capacités et de procéder aux choix concernant la manière dont il entend vivre, a rappelé cet après-midi M. Mark Malloch Brown, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) devant les participants à la Conférence mondiale contre le racisme.  Il a fait observer que s’il est relativement aisé de garantir les droits de l'homme dans la loi, cela n’est pas suffisant car trop souvent, une combinaison de facteurs politiques, économiques, sociaux et culturels complexes et, la plupart du temps invisibles, continue d’alimenter l’oppression à l’encontre des individus de couleur, des Roms, des populations autochtones, des réfugiés, des membres de certaines castes telles que celle des Dalits ainsi que d’autres groupes.  En Suède, a fait remarquer Mme Mona Sahlin, Ministre de l’industrie, de l’emploi et des communications de ce pays, le racisme et la discrimination trouvent des formes d’expression de plus en plus agressives, notamment à l’encontre des immigrants, des homosexuels et des Roms.  Pour faire face à cette situation, la Suède a adopté, en février dernier, un plan national de lutte contre le racisme et l’homophobie. Dans le même sens, le Gouvernement slovaque a adopté le concept à long terme d’une solution des questions spécifiques de la communauté rom. 
 
Le racisme est un état d’esprit qui naît chez un nombre considérable de jeunes par des attitudes auxquelles les adultes les exposent, à fois de manière consciente et inconsciente.  C’est pourquoi, a estimé le Ministre des affaires sociales de l’Islande, M. Pall Petursson, il est extrêmement important d’essayer d’encourager une attitude de tolérance chez les enfants dès leur très jeune âge.
 
A l’instar de la Secrétaire d’Etat pour le multiculturalisme et la condition de la femme du Canada, Mme Hedy Fry, d’autres délégations ont insisté sur le détournement des nouveaux moyens de communication par ceux qui tentent de promouvoir des thèses racistes inacceptables.  La communauté internationale a le devoir d’empêcher cette contamination du réseau Internet.
 
Les personnalités suivantes ont également fait une déclaration dans le cadre du débat général : M. Daominador Kayser Bazan, Deuxième Vice-Président de la République du Panama; M. Louis Michel, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères (au nom de l’Union européenne et des pays associés); Mme Mona Sahlin, Ministre de l’industrie, de l’emploi et des communications de la Suède; Mme Jeljka Antunovic, Vice-Présidente du Gouvernement croate; M. L’ubomir Fogas, Vice-Premier Ministre de la République Slovaque; Mme Alejandra Krauss, Ministre de la planification et de la coopération; M. Dah Ould Abdi, Ministre des affaires étrangères et de la coopération; M. Joschka Fischer, Vice-Chancelier et Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne; M. Ernst Walch, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein; Mme Margaret Wilson, Vice-Ministre de la justice de la Nouvelle-Zélande; M. John O’Donoghue, Ministre de la justice, de l’égalité et de la réforme de la législation; M. Goran Svilanovic, Ministre fédéral des affaires étrangères de Yougoslavie; M. Charles Josselin, Ministre chargé de la coopération et de la francophonie; Mme Tarja Filatov, Ministre du travail de la Finlande; M. Dimitrij Rupel, Ministre des affaires étrangères de Slovénie; M. Renato Ruggiero, Ministre des affaires étrangères de l’Italie; M. Anil Gayan, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale de Maurice; Mme Karen Jespersen, Ministre de l’intérieur du Danemark; M. Pall Petursson, Ministre des affaires sociales de l’Islande; M. Mohammed bin Nukhaira Al Dahri, Ministre de la justice des Emirats arabes unis; M. Kamal Kharrazi, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran; M. Juli Minoves-Triquell, Ministre des affaires étrangères d’Andorre; M. Joseph Philippe Antonio, Ministre des affaires étrangères d’Haïti; Mme Jamileth Bonilla, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua; Mme Katrin Saks, Ministre des affaires ethniques d’Estonie; M. Jose Gregori, Ministre de la justice du Brésil; Mme Elissavet Papazoi, Ministre suppléante chargée des affaires étrangères de la Grèce; M. Lakshman Jayakody, Envoyé spécial du Président de la République du Sri Lanka; M. Juan Carlos Aparicio Perez, Ministre du travail et des affaires sociales de l’Espagne; M.  Abdul Sattar, Ministre des affaires étrangères du Pakistan; M. Worede Wold Wolde, Ministre de la justice de l’Ethiopie; M. Eugene Nindorera,
 
 
Ministre des droits de l’homme, des réformes institutionnelles et des relations avec l’Assemblée nationale du Burundi; M. Jorge de la Rua, Ministre des affaires étrangères de l’Argentine; Mme Hedy Fry, Secrétaire d’Etat pour le multiculturalisme et la condition de la femme du Canada; M. Slaheddine Maaoui, Ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé des droits de l’homme, des communications et des relations avec la Chambre des députés de la Tunisie; M. Milnea Motoc, Secrétaire d’Etat; M. Albert Rohan, Vice-Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Autriche;  Mmer Grazyna Bernatowicz, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne; M. Oskaras Jusys, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Lituanie; ainsi que les représentants du Lao, de l’Australie, d’Oman, de Singapour et de la Jordanie. 
 
Le Président de la cinquante-septième session de la Commission des droits de l’homme, l’Administrateur du PNUD, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, et la Directrice exécutive de l’UNICEF sont aussi intervenus.
 
Les représentants de la Turquie et de la Grèce ont exercé leur droit de réponse.
 
La Conférence mondiale reprendra son débat général en plénière, demain dimanche 2 septembre à 10 heures.
 
 

CONFÉRENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE, LA XÉNOPHOBIE ET L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE
 
Déclarations
 
      M. DOMINADOR KAYSER BAZAN, Deuxième Vice-Président de la République de Panama : Durant cinq siècles, les courants de l’histoire et les migrations forcées ou volontaires ont fait du Panama un pays cosmopolite et multiethnique.  Le Panama abrite sept peuples différents répartis en cinq provinces qui sont gérées de manière quasi autonome.  Le Panama a toutefois été victime de pratiques racistes et discriminatoires notamment pendant la construction du canal durant laquelle les ouvriers étaient catégorisés en deux groupes en fonction de leur couleur de peau.  Au cours de ses cent années d’expérience républicaine, le Panama a porté des Noirs et des Juifs aux postes les plus prestigieux de l’Etat malgré le fait qu’ils soient minoritaires.  Notre pays condamne toute pratique basée sur la discrimination raciale et l’intolérance et nous pensons que cette Conférence est une chance et une occasion unique de parvenir à la définition de règles qui permettront d’éradiquer le racisme et la discrimination en protégeant les minorités et les populations les plus vulnérables.  Nous pensons que seul un partenariat mondial qui impliquera les Etats, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales pourra nous aider à défaire le racisme et la discrimination raciale. 
 
M. LOUIS MICHEL, Président de l’Union européenne, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, au nom de l’Union européenne et des pays associés : Concevoir la réponse mondiale contre le racisme et offrir les engagements solennels justement en Afrique du Sud est certainement un symbole fort.  Tant de citoyens du pays de Nelson Mandela ont en effet payé un tribut si lourd aux dérives racistes.  Le refus de l’apartheid, la lutte courageuse menée par un petit groupe d’hommes et de femmes épris de liberté, imprégnés de la dignité de chaque être humain et rejoints par tout un peuple avec une mobilisation croissante de la communauté internationale font désormais du patrimoine de l’humanité.  L’Union européenne apporte son soutien pour assurer le succès de la Conférence.  A l’aube de ce millénaire, la mobilisation des consciences qui est voulue par notre Conférence constitue une occasion  privilégiée dans notre entreprise de progrès pour l’humanité.  Nous voulons croire que le progrès humain est inscrit dans la nature humaine.  Nous voulons croire que le bien et le bon vont finir par l’emporter.  La Conférence est à la fois évidente, complexe et nécessaire.  Elle est évidente dans son objectif de lutte contre toutes les formes contemporaines du racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y est associée.  Notre message doit être fort : le racisme et la discrimination raciale représentent des violations graves des droits de l’homme et constituent une menace pour les sociétés démocratiques et les valeurs fondamentales.  Ils sont souvent à l’origine de conflits et doivent être combattus par tous les moyens légaux et démocratiques. 
 
      La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale constitue la base universelle de cette détermination.  Les résultats de la Conférence doivent donc être axés fondamentalement sur un plan d’action concret visant le présent et l’avenir et résultant d’une écoute mutuelle afin de mieux mettre en oeuvre des mesures précises de lutte contre les discriminations.  Face à cet objectif fondamental, l’expression d’un consensus devrait également être évidente.  La lutte contre les fléaux dont traite la Conférence doit nous unir, nous rassembler, nous mobiliser pour dire non à la fatalité.  Le racisme est un redoutable chasseur qui peut fondre à tout moment sur sa proie.  A nous de prouver que nous sommes capables, par notre action et par notre mobilisation collective, de renverser les rôles.  Que le chasseur devienne le chassé afin qu’il se terre et disparaisse. 
 
      La Conférence est également complexe car elle touche aux éléments vitaux des êtres humains qui ont droit à la vie dans le respect de leur dignité et de celle des autres, qui ont soif d’être considérés de façon non discriminatoire dans leur diversité de culture, d’origine - nationale et ethnique -, de religion et de convictions et qui aspirent à l’égalité des chances pour l’accès aux biens et aux services.  Ignorer le passé reviendrait à se priver de l’impérieuse nécessité d’affirmer avec force que de telles pratiques sont intolérables et ne doivent jamais réapparaître.  Souvenons-nous de toutes les souffrances infligées par des faits intervenus à différents moments de l’Histoire.  Cette Conférence est enfin nécessaire car l’hydre du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée renaît constamment, se diversifie dans ses méthodes et dans ses techniques, y compris avec l’utilisation perverse des nouvelles technologies et se renouvelle en s’appuyant sur des idéologies et des prétextes aussi répugnants que par le passé.  Il est grand temps de renforcer et de développer notre action à tous les niveaux.  Cela doit se traduire par un renforcement du cadre légal et responsable de son application effective et par une interaction dynamique entre gouvernements, organisations non gouvernementales et autres acteurs de la société civile.  Pour sa part, l’Union européenne est déterminée à tout mettre en oeuvre pour assurer le succès de cette Conférence.  Celui-ci sera mesuré par son impact réel sur la vie quotidienne.  Nos messages doivent être forts et clairs, appuyés par des mesures visibles et pratiques dans le cadre d’un plan d’action qui soit vraiment opérationnel.  Les propositions du Conseil de l’Union européenne, adoptées à sa réunion du 16 juillet dernier, concernant un partenariat solidaire entre tous les participants à la lutte contre le racisme et la discrimination ont été communiquées à la Conférence. 
 
L’Union européenne souligne que la réconciliation est un instrument fondamental de lutte contre le racisme et la xénophobie.  Les principes énoncés par la Charte des droits fondamentaux adopté par le Conseil européen à Nice sont garantis à tous les citoyens se trouvant sur le territoire de l’Union.  En outre, la politique de coopération de l’Union européenne au développement, de caractère multidisciplinaire, a comme axe central le développement durable afin d’éradiquer la pauvreté.  Cette politique couplée avec le développement de la politique étrangère commune et de sécurité, notamment en matière à réduire les inégalités et à prévenir les crises, sources et conséquences de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie.  La longue tragédie qui perdure au Moyen-Orient est une préoccupation majeure.  Il s’agit là avant tout d’un conflit territorial, d’un conflit de deux souffrances avec de trop nombreuses victimes innocentes de part et d’autre.  La population israélienne n’est pas épargnée et la population palestinienne paie un tribut encore plus lourd.   Ici à Durban, notre tâche est d’abord de réaffirmer avec force que les incitations à la haine ainsi que tous actes de racisme et de discrimination raciale commis par des individus et des groupes d’individus sont injustifiables et condamnables, quel que soit le lieu où ils se produisent.
 
      Mme MONA SAHLIN, Ministre de l’industrie, de l’emploi et des communications de la Suède : La Suède a oeuvré à l’isolement du régime de l’apartheid.  Alors que nous nous efforçons de trouver les moyens de lutter contre le racisme et la discrimination raciale, il est utile de tirer les leçons de l’expérience de l’Afrique du Sud.  Il faut instaurer un monde dans lequel chacun sera traité sur un pied d’égalité, sans quoi l’avenir de l’humanité sera compromis.  Il est vrai que les conséquences graves des injustices du passé -esclavage, colonialisme, traite des esclaves- se font toujours ressentir et que nombre de blessures ne sont pas encore refermées.  A Durban, des divergences d’opinion ne doivent pas nous empêcher d’agir ni de prendre des mesures destinées à éradiquer le racisme et la discrimination raciale.
 
En Suède même, le racisme et la discrimination trouvent des formes d’expression de plus en plus agressives, notamment à l’encontre des immigrants, des homosexuels et des Roms.  En février dernier, la Suède a adopté un plan national de lutte contre le racisme et l’homophobie.  L’éducation constitue l’outil essentiel de la lutte contre le racisme et la discrimination.  Certains individus souffrent de discrimination en raison de leur orientation sexuelle.  Or, la Déclaration universelle des droits de l'homme stipule que tous les êtres humains naissent égaux en droits.  Les relations sexuelles entre personnes du même sexe constituent un délit puni par la loi dans plus de 70 pays dont certains prévoient même la peine capitale pour un tel délit.  Les immigrants et les homosexuels constituent souvent des groupes cibles des actes racistes.
 
      Mme JELJKA ANTUNOVIC, Vice-Présidente du Gouvernement croate : Tous les efforts accomplis dans la préparation de la Conférence mondiale soulignent qu’elle devrait donner une impulsion et encourager tous les Etats à libérer le monde du fléau désastreux de la discrimination raciale et du racisme.  Nous sommes convaincus que l’Afrique du Sud, qui nous accueille, symbolise l’espoir et le courage dans la lutte contre le racisme.  Nous tenons à évoquer ici les nombreuses victimes du racisme, particulièrement sur le continent africain, où se sont manifestés l’esclavage et la traite négrière qui restent figés dans les pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité.  Il convient dès lors de confronter le passé, de condamner les actions racistes et d’éliminer les résidus de ce passé honteux.  Nous avons besoin ici d’un ferme engagement de combattre le racisme, la discrimination raciale et l’intolérance sous toutes leurs formes et par tous les moyens.  Le monde moderne n’est pas exempt de réflexes racistes, intolérants et xénophobes comme le démontre l’épuration ethnique qui a récemment endeuillé l’Europe.  Le programme d’action et la déclaration qui seront adoptés à cette Conférence doivent impérativement entre en action et, à cet effet, nous pensons que le racisme et les autres formes de discrimination sont indissociables des autres violations des droits de l’homme et des libertés. 
 
Les Etats devraient, avant toutes choses, lancer des programmes nationaux de protection et de promotion des droits de l’homme et mettre en place les mécanismes adéquats à cet effet.  En Croatie, nous avons développé un Programme national de protection et de promotion des droits de l’homme qui devrait aboutir à la création prochaine d’un Comité national pour l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance dont le rôle consistera à identifier les formes de violations des droits de l’homme et à proposer des mesures visant à combattre ce phénomène.  Notre pays organise également une Conférence internationale sur les droits de l’homme et la démocratisation à Dubrovnik du 8 au 10 septembre 2001 dans le prolongement de cette Conférence.  Nous espérons que ces initiatives nous permettront de renforcer les dynamiques positives de lutte contre le racisme et la discrimination raciale. 
 
M. LUBOMIR FOGAS, Vice-Premier Ministre de la République slovaque : Nous sommes convaincus que la Conférence pourrait donner une nouvelle impulsion afin d’éliminer toutes les manifestations de la discrimination raciale dans le cadre du renforcement des droits de l’homme en général.  La Slovaquie a la volonté de participer activement à ce processus dont l’objectif devrait être le rapprochement de notre civilisation aux idéaux humanistes de la population de notre planète.  Dans le contexte de la préparation de la Conférence régionale européenne contre le racisme, nous avons organisé une Conférence nationale qui a adopté un Plan d’action pour la prévention de toutes les formes de discrimination, de racisme, de xénophobie, d’antisémitisme et des autres manifestations d’intolérance.  Le Plan d’action souligne notamment la responsabilité des médias pour le soutien et la propagation de la culture de la tolérance.  La Conférence nationale a pris également une position claire contre toute manifestation d’antisémitisme et de fondamentalisme religieux; dans le contexte de l’évolution historique de la République slovaque, le Parlement slovaque a déclaré par la loi le 9 septembre la «Journée de l’holocauste». 
Dans le même esprit, nous avons soutenu la Déclaration politique de la Conférence européenne régionale contre le racisme qui s’était tenue à Strasbourg en octobre 2000.
 
      La Slovaquie –Partie à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale qui reconnaît la compétence de son Comité pour recevoir des plaintes individuelles des personnes- s’efforce d’améliorer les mécanismes de garantie des droits de l’homme, y compris dans le domaine de la lutte contre le racisme.  Le Gouvernement slovaque a adopté le concept à long terme d’une solution des questions spécifiques de la communauté rom, assez nombreuse sur le territoire slovaque.  Pour assurer le succès de ces mesures, le pays a besoin d’une coopération internationale des pays européens et d’une participation efficace des organisations internationales dans ce domaine. 
 
      Mme ALEJANDRA KRAUSS, Ministre de la planification et de la coopération du Chili : Nous sommes venus à Durban avec la détermination de poursuivre les objectifs devant nous conduire à un monde plus tolérant et respectueux des droits élémentaires et de la diversité.  Le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie constituent des préoccupations légitimes pour la communauté internationale et il est de notre devoir d’adopter des mesures efficaces de nature à éradiquer toutes les formes d’intolérance et de racisme.  Notre devoir est d’envisager une autre perspective pour le futur et pour cela, d’assumer notre passé et déclarer solennellement «plus jamais ça». 
 
      En décembre 2000, le Chili a accueilli la Conférence régionale des Amériques dans le cadre préparatoire de cette Conférence mondiale et tous les pays se sont livrés à une analyse historique profonde et se sont engagés à promouvoir un monde plus humain, plus tolérant et égalitaire qu’auparavant.  Les histoires respectives de nos pays ont longtemps été marquées par l’exclusion de certaines minorités, notamment les peuples indigènes et ceux d’origine africaine.  En admettant ce passé, nous pouvons corriger ces erreurs et promouvoir un développement de notre région dans la diversité.  Le Chili a pour sa part entrepris de reconnaître dans ses institutions les droits des minorités, mais nous reconnaissons qu’il y a encore beaucoup à faire. 
 
La mondialisation a ouvert la voie à de nouvelles formes de discrimination et de marginalisation et il nous appartient de corriger ces inégalités.  Il nous appartient également de promouvoir et garantir l’égalité des chances et, ici à Durban, nous devons être guidés par l’engagement.  Il est indispensable de progresser en associant notamment la société civile et les organisations internationales pour renforcer les idéaux de dignité humaine et de droits humains comme le fait la Déclaration adoptée à Santiago.  Aujourd’hui, nous devons dépasser nos différences et prendre exemple sur l’Afrique du Sud qui symbolise la lutte contre le racisme mais aussi la restauration de la dignité et du progrès. 
 
M. DAH OULD ABDI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie : Mon pays croit fermement à l’avènement d’un monde uni, solidaire et plus équitable et estime que cette Conférence pourrait y contribuer sérieusement.  C’est pour cette raison que nous avons accordé un intérêt majeur à sa préparation.  En effet, une Journée nationale préparatoire a été organisée à la veille de la Conférence régionale africaine de Dakar, le 20 janvier 2001, et un séminaire de restitution des Actes de cette réunion régionale a suivi au mois de mai.  La Constitution mauritanienne consacre, dans son article premier, les droits fondamentaux de l’homme, affirme l’engagement de la République à assurer l’égalité de tous les citoyens sans distinction aucune et punit toute propagande à caractère racial ou ethnique.  Elle établit la primauté des conventions internationales sur les lois nationales et ouvre aux citoyens la possibilité d’invoquer directement leurs dispositions devant les juridictions nationales.  La création en 1998 d’un Commissariat aux droits de l’homme, à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion reflète l’indivisibilité des droits de l’homme et découle d’une conception unifiée du développement selon laquelle progrès économiques et progrès politiques doivent aller de pair.  Ayant vocation de renforcer le dialogue et la concertation avec la société civile, cet organe a déjà adopté un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté dont la mise en oeuvre permettra d’atteindre notamment les objectifs internationaux en matière d’éducation, de santé et d’alimentation.
 
      La Conférence de Durban se tient à un moment où, au Moyen-Orient, la situation dans les territoires occupés constitue une source de préoccupation pour nous tous.  Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire la tension, assurer la protection du peuple palestinien, des lieux saints et tous ses symboles identitaires, en demandant à cet égard le retrait d’Israël sans conditions de la Maison d’Orient.  Eprise de paix, la Mauritanie considère que la paix est un choix stratégique dont les conditions ont été fixées par la légalité internationale.  Cette paix doit être fondée sur le recouvrement par le peuple palestinien de ses droits nationaux inaliénables, y compris l’établissement d’un Etat indépendant avec pour capitale la ville sainte d’Al Qods et le retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés.  Mon pays est convaincu que la voie de la négociation reste le meilleur moyen d’éliminer les sources de tension et d’affrontements dans la région et donc de parvenir à cette paix juste, globale et durable.
 
      M. JOSCHKA FISCHER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne : L’Afrique du Sud est parvenue à trouver la voie menant à une société plus juste et cette expérience devrait nous inspirer alors que nous sommes réunis ici à Durban.  Le racisme et la xénophobie ont conduit l’humanité vers les profondeurs les plus obscures, vers l’esclavage massif et le colonialisme, vers l’éradication de populations entières sur plusieurs continents ou, plus récemment, vers des massacres massifs au Rwanda et au Burundi.  Le crime le plus odieux de tous ceux commis au XXème siècle s’est produit dans mon propre pays : il s’agit du génocide de six millions de Juifs européens, de Roms et de Sintis.  La mémoire de cet acte, qu’il ne saurait être question de relativiser, ainsi que la responsabilité qui en découle marqueront à jamais la politique allemande.
 
      Dans le cadre de la présente Conférence, nous devons commencer par le passé.  Dans nombre de régions du monde, les souffrances et la douleur découlant des conséquences de l’esclavage et de l’exploitation coloniale restent profondes.  On ne peut revenir sur les injustices du passé.  Mais reconnaître sa propre culpabilité, assumer ses responsabilités et faire face à ses obligations historiques peut au moins rendre aux victimes et à leur descendance la dignité qui leur avait été volée.  C’est ce que je souhaite donc faire ici et maintenant au nom de la République fédérale d’Allemagne.  Notre responsabilité historique, mais aussi les principes universels d’humanité et de justice exigent aujourd’hui de l’Europe qu’elle manifeste une solidarité particulière avec les pays en développement.  Notre premier objectif en la matière doit être de les aider à surmonter la pauvreté et à s’intégrer à l’économie mondiale, tout en les aidant à renforcer leurs capacités en matière de bonne gestion des affaires publiques.
 
      La recrudescence frappante de la violence et de la haine au Moyen-Orient nous préoccupe grandement.  Les nombreuses victimes et les membres de leurs familles, dans les deux camps, ont notre plus profonde sympathie.  Le cercle vicieux de la violence doit absolument être brisé par tous les moyens disponibles.  Les peuples israélien et palestinien ont un droit collectif et individuel à la sécurité; ils ont le droit de vivre sans crainte et dans la dignité, en offrant des perspectives d’avenir à leurs enfants et petits-enfants.  Cela signifie qu’Israël a le droit d’exister et que ce droit ne saurait être violé.  Cela signifie également que le peuple palestinien a droit à l’autodétermination, avec l’option d’un Etat, comme le stipule la Déclaration de Berlin de l’Union européenne.  Le plan Mitchell, accepté par les deux parties, trace le cadre général, la voie à suivre pour mettre un terme à la violence et reprendre les négociations interrompues.  Il n’existe aucune autre alternative viable.  Une large coalition internationale, plus unie que jamais, appuie cette approche.  Nous exhortons les deux parties, Israéliens et Palestiniens, à engager sans plus tarder les pourparlers directs prévus.  En revanche, centrer le débat, ici à Durban, sur le conflit du Moyen-Orient ou singulariser Israël, directement ou indirectement, n’est pas, dans la situation actuelle, propice à l’instauration de la confiance et ne contribuera pas à relancer le processus de paix.  Des condamnations contre une seule partie risquent même de provoquer l’échec de cette Conférence.  Je lance donc un appel à tous les participants, en particulier nos amis arabes et palestiniens, afin qu’ils évitent cet écueil.  Deux conférences contre le racisme ont déjà échoué et si cela se reproduit une troisième fois, les perdants seront une fois de plus ceux que nous nous efforçons ici de protéger, c’est-à-dire les opprimés du monde entier.
 
      La mondialisation et les migrations croissantes engendrent l’émergence de société multiculturelle et multiethnique à travers le monde, ce qui est très enrichissant pour chacun de nous.  Les craintes que cela suscite du point de vue de la perte d’identité sont cependant la source d’une certaine haine et de violences à l’égard des étrangers.  Aujourd’hui, des individus d’extrême droite et des groupes racistes répandent leurs idées via Internet et d’autres nouveaux médias.  Cette Conférence doit donc se pencher avant tout sur les moyens qui permettraient de combattre ces nouvelles formes de racisme et de xénophobie car c’est là que réside le principal défi pour l’avenir.
 
      Nous autres, Allemands, sommes consternés et honteux que la violence contre les étrangers et la haine à leur encontre croissent de nouveau dans notre pays.  Aujourd’hui, l’Allemagne accorde une attention toute particulière aux questions d’intégration.  Malheureusement, les étrangers dans notre pays sont toujours confrontés à un climat empreint de préjudice et d’arrogance.  Le Gouvernement fédéral a pour sa part réformé la loi sur la nationalité allemande afin de rendre la naturalisation plus facile.  Il est désormais plus aisé pour les requérants d’asile et les réfugiés de faire apparition sur le marché du travail.  Etant donné que la xénophobie est étroitement liée à l’ignorance, l’éducation et l’information s’avèrent de la plus grande importance pour qui veut lutter contre ce phénomène.  Il y a quelques jours, le Gouvernement allemand a fait la déclaration prévue à l’article 14 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale en vertu de laquelle est désormais reconnu le droit des individus à présenter des plaintes au titre de cet instrument.
 
La double discrimination -basée sur la race et sur la couleur- dont souffrent nombre de femmes et de fillettes à travers le monde mérite une condamnation toute spéciale.  La diversité du genre humain est un cadeau et non une menace.  Apprendre du passé revient à concevoir l’avenir et tel doit être l’objectif de cette Conférence.
 
M. ERNST WALCH, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein : En mars 2000, notre Parlement a ratifié sans réserves la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et amendé en conséquence le code pénal.  L’incitation à des actes racistes et la diffusion d’idées racistes est un problème qui prend une certaine ampleur par le biais notamment d’Internet.  C’est pourquoi, en juin dernier, le Gouvernement a décidé de reconnaître la compétence du Comité créé par cette Convention chargé d’examiner les plaintes individuelles.  En tant que Président en exercice de la Commission contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l’Europe, j’attire l’attention sur la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales et du Protocole No 12 à la Convention européenne des droits de l’homme, interdisant toutes les formes de discrimination, ainsi que sur la Convention sur la criminalité cybernétique dont l’adoption est prévue pour novembre prochain.  Le Conseil des ministres du Conseil de l’Europe a approuvé en juillet 2001 une recommandation appelant les Etats Membres à prendre des mesures concrètes pour prévenir le racisme dans les sports afin d’encourager le dialogue interculturel
 
 
dans ce domaine.  Le Liechtenstein dont la population compte près de 40% d’étrangers, attache une grande importance à leur intégration et la coexistence pacifique entre les différentes cultures est un des traits qui marquent la vie quotidienne dans le pays.  Heureusement, il n’existe ni de partis politiques, ni de mouvements racistes défendant des idées xénophobes ou antisémites.
 
      M. LEANDRO DESPOUY, Président en exercice de la Commission des droits de l’homme : La préparation de cette Conférence a nécessité le déploiement d’efforts considérables, tant au temps des trois sessions du Comité préparatoire que lors des quatre conférences régionales.  Au cours du processus préparatoire, nous nous sommes enrichis de l’expérience des organisations non gouvernementales et je me félicite de la tenue du Forum des ONG et du Sommet des jeunes avant l’ouverture de cette Conférence.  Cette Conférence est l’expression d’une prise de conscience de la gravité du phénomène du racisme, les Nations Unies étant nées des cendres d’une guerre marquée par l’Holocauste et l’extermination des Gitans.  La discrimination est une porte ouverte à la violation de nombreux droits et est une action répudiable.  La discrimination et le racisme ne sont pas une expression du passé et nous devons demeurer vigilants pour ne pas ranimer une flamme qui n’est pas forcément complètement éteinte.  Nous visons un moment de l’histoire où les contrastes sont les plus marqués entre d’une part ceux qui bénéficient de la mondialisation et ceux qui restent figés dans la misère.  Ce phénomène tend à s’aggraver et nous préoccupe car cette spirale touche les populations les plus pauvres et il nous appartient de rechercher un ordre international plus juste et équitable.  La discrimination est un instrument de paupérisation et nous pensons qu’il faut reconnaître la nécessité de prendre à bras le corps ce contexte dans le programme d’action. 
 
Tout en admettant que les Etats ont la responsabilité principale de l’application de ce programme, il faut également que les sociétés civiles s’investissent.  Il serait par ailleurs utile que nous procédions à l’avenir à l’évaluation des résultats obtenus et à l’organisation d’un suivi qui implique tous les organes, institutions spécialisées et agences des Nations Unies.  Nous saluons l’initiative de Mme Robinson de créer une unité de suivi auprès du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme.  Enfin, je tiens à me féliciter de l’esprit de solidarité internationale qui a notamment permis à Nelson Mandela et au peuple sud-africain de retrouver la liberté comme le soulignait Mgr Desmond Tutu dans une allocution prononcée à Genève devant la Commission des droits de l’homme. 
 
M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) : Le développement humain se fonde sur l’idée que tout individu, partout et quel que soit son sexe, doit avoir la possibilité d’exprimer et d’exploiter ses capacités et de procéder aux choix concernant la manière dont il entend vivre.  S’il est relativement aisé de garantir les droits de l'homme dans la loi, cela n’est cependant pas suffisant car trop souvent, une combinaison de facteurs politiques, économiques, sociaux et culturels complexes et la plupart du temps invisibles, continue d’alimenter l’oppression à l’encontre des individus de couleur, des Roms, des populations autochtones, des réfugiés, des membres de certaines castes telle que celle des Dalits ainsi que d’autres groupes.
 
Notre travail au PNUD, en tant qu’institution au service du développement, nous a appris qu’opérer des changements législatifs ne suffisent pas et que le racisme ne cessera que lorsque les victimes de discrimination accèderont à un espace politique et économique qu’ils pourront réellement utiliser.  En effet, le racisme existe non seulement dans les esprits mais aussi dans les structures.
 
 
M. RUUD LUBBERS, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés : Le colonialisme et l’apartheid ont pris fin et la guerre froide, dangereuse et source de division, s’est achevée.  Cependant, à l’aube du XXIème siècle, nos rêves pour un monde plus uni n’ont pas à ce jour été réalisés.  La mondialisation ne contribue pas à créer ce monde dont nous rêvons.  Au contraire, elle crée de nouvelles frontières au sein de notre famille commune.  Nous constatons des distinctions nationales, ethniques, religieuses, sociales et culturelles insidieuses entre les peuples, les séparant les uns des autres.  A ce jour, on compte 22 millions de réfugiés.  Il est vrai  qu’une prévention plus efficace est nécessaire, mais il faut reconnaître que les dirigeants d’Etats en conflits et les seigneurs de la guerre sont en grande partie responsables pour les guerres civiles.  Tous ceux qui alimentent ces sales guerres le font dans l’impunité, même lorsqu’ils abusent d’enfants soldats et de civils innocents.  La criminalité transnationale organisée, en particulier le trafic des personnes, ne cesse d’augmenter et pose une grave menace.  Toutefois, il ne doit pas y avoir d’impunité.  La culture de respect est la condition préalable à la démocratie et à la paix.  Cette Conférence ne sera un succès que lorsqu’une conférence sur le respect de tous les peuples dans leur diversité.  La démocratie est la clé à la coexistence pacifique de peuples différents.  Elle ne porte pas seulement sur des élections.  La véritable démocratie permet à des personnes différentes de vivre en harmonie. 
 
      La prévention des conflits ne commence pas avec la diplomatie, elle commence avec le respect des personnes avec leurs différences ethniques, religieuses, sociales et culturelles.  Il faut adopter des solutions durables car chaque réfugié souhaite regagner son pays.  Il faut donc envisager pour ceux qui le souhaitent le rapatriement et  pour ceux qui décident de s’installer de manière permanente dans le pays d’accueil, l’intégration locale doit constituer la meilleure solution.  Chacune de ces solutions a un élément en commun, à savoir le respect : celui du réfugié qui opte pour le retour et celui du réfugié qui vient de loin parce que sa présence enrichira la société du pays d’accueil.
 
      Mme MARGARET WILSON, Ministre adjointe de la justice de la Nouvelle-Zélande : Je tiens à saluer ici les dignes fils de l’Afrique du Sud qui, comme Nelson Mandela et Govan Mbeki, ont sacrifié leur vie au service de la dignité humaine et ont fini par triompher de l’apartheid.  Cette Conférence revêt une importance cruciale et ne peut être négligée par quiconque.  Il nous appartient de faire en sorte que le programme d’action et la déclaration qui seront adoptés reflètent une volonté ferme de lutter contre le fléau du racisme.  Le racisme reste une menace essentielle à la réalisation des objectifs fixés par la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte et une menace pour le développement des sociétés.  Pour accepter la diversité, il faut faire preuve  de tolérance et de courage et admettre de vivre le présent sans tourner le dos à notre passé.  Il n’y a pas de forme unique pour lutter contre le racisme et chaque pays doit trouver sa propre voie mais il convient néanmoins de définir un cadre aux niveaux national, régional et international.  Notre souci en Nouvelle-Zélande est de voir notre nation progresser sur des bases plus justes, plus douces, plus tolérantes qui ne laisse aucune place à l’intolérance et au racisme.  Nous tenons également à prévenir les discriminations dont sont victimes les femmes, les enfants ou les réfugiés et nous pensons que cette Conférence doit être l’occasion d’assumer le passé et de consolider les bases de nos sociétés en matière de tolérance. 
 
      M. JOHN O’DONOGHUE, Ministre de la justice, de l’égalité et de la réforme juridique de l’Irlande : La promotion et la protection des droits de l'homme est un élément essentiel permettant de renforcer la sécurité collective.  L’Irlande n’accepte pas l’assertion selon laquelle le racisme serait inné.  Le racisme est une idéologie qui s’est développée à des moments précis de l’histoire et qui a servi de prétexte pour justifier l’expropriation des terres, l’esclavage ou le génocide de peuples entiers.  Pour des raisons historiques évidentes, l’Irlande est sensible aux questions relatives à l’héritage complexe du colonialisme,
héritage qui peut perdurer pendant des années après la fin de la situation coloniale.  Les injustices historiques doivent être reconnues honnêtement et condamnées si l’on veut faire face efficacement à leur leg et en prévenir la résurgence.
 
      L’Irlande, en ce qui la concerne, a adopté une législation en vertu de laquelle la discrimination fondée sur neuf critères différents, parmi lesquels la race et l’origine ethnique, est considérée comme illégale.  A l’appui de cette législation, a été créée une structure institutionnelle dont font partie l’Autorité pour l’égalité ainsi que le Directeur des enquêtes en matière d’égalité.  Cette structure institutionnelle permet d’offrir aux victimes de discrimination une réparation rapide.  Un nouvel organe indépendant et puissant, la Commission des droits de l'homme d’Irlande, a par ailleurs été créé en juillet dernier.  L’Irlande accorde en outre une grande importance à la nécessité de maintenir un processus d’asile qui soit à la fois juste et transparent, conformément aux obligations que le pays a contractées en vertu de la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés.  Si l’on veut qu’ils fonctionnent, les systèmes juridiques nationaux ne doivent pas reposer sur la coercition mais sur un sens commun d’obligations sociales et de respect.
 
M. GORAN SVILANOVIC, Ministre des affaires étrangères de la République fédérale de Yougoslavie : Le nouveau Gouvernement yougoslave est conscient que les territoires sur lesquels nous vivons ont connu des violations massives des droits de l’homme et du droit humanitaire.  Chacun sait que les conséquences tragiques de différentes politiques inadéquates pendant dix dans la région de l’Europe du Sud-Est, y compris l’ancien régime de la République fédérale de Yougoslavie, seront subies pendant encore de nombreuses années.  La Commission de vérité et de réconciliation mise en place RFY, et les commissions similaires établies dans d’autres pays, peuvent jouer un rôle important pour contribuer à la réconciliation et à la reconstruction.  L’état de droit et le respect des droits de l’homme constituent des éléments essentiels sur lesquels les nouvelles autorités du pays souhaitent édifier une société.  Bien que des efforts considérables aient été accomplis depuis le 5 octobre 2000, il reste encore beaucoup à faire pour créer une société juste et prospère. 
 
      La République fédérale de Yougoslavie estime de bonne foi que les minorités nationales et les autres communautés ethniques, qui représentent le tiers de la population nationale, constituent un facteur du succès du processus de démocratisation et de développement, de sécurité et de stabilité sociale.  En même temps, elles représentent non seulement un élément important pour le développement de notre société, mais également un test pour la promotion de la tolérance et du dialogue dans un Etat moderne fondé sur l’état de droit, sans toutefois menacer l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Etat sur lequel elles vivent.  Considérant l’importance de cette question, la RFY s’est engagée dans le processus de ratification de la Convention-cadre européenne pour la protection des minorités, a crée un ministère fédéral chargé des questions des minorités et des communautés ethniques et élabore actuellement un projet de loi sur les droits des minorités.
 
      M. CHARLES JOSSELIN, Ministre délégué à la coopération et à la francophonie de la France : Quel pays pouvait, mieux que l’Afrique du Sud, symboliser l’espoir de terrasser les fléaux que sont le racisme et la xénophobie.  C’est ici qu’un peuple a combattu victorieusement pour retrouver sa dignité, briser les barrières de l’apartheid et se rassembler.  Nous sommes à Durban pour dire à la face du monde notre rejet absolu du racisme, de la xénophobie et de toutes les discriminations.  Face aux multiples facettes d’un même mal, tous les gouvernements, tous les peuples, toutes les femmes et tous les hommes, tous les citoyens du monde ont l’ardente obligation de se mobiliser. Car il n’existe qu’une seule espèce humaine et nous rejetons sans appel toute théorie tendant à affirmer l’existence de races humanes distinctes.
 
      Pratique immémoriale, officiellement disparue, l’esclavage, en réalité, se perpétue insidieusement dans certaines régions et à travers certaines pratiques.  Toutes les civilisations l’ont connu, pratiqué ou cautionné, toutes, mais, après la découverte du Nouveau Monde, l’organisation de la traite a donné à ce commerce honteux une ampleur inégalée.  Fondée sur la négation de l’Autre, sur sa réduction à l’état d’objet, d’outil, de marchandise, la traite a engendré d’immenses souffrances notamment en Afrique, dans ses peuples et chez leurs descendants dans leurs lieux d’exil.  La Conférence mondiale doit être l’occasion pour nous tous de le reconnaître, d’exprimer nos regrets et de nous incliner devant toutes les victimes.  Et parce que leur souvenir occupe une trop faible place dans l’histoire officielle et la mémoire collective de nos pays, Durban doit vivifier l’oeuvre de mémoire.  L’éducation de nos enfants doit entretenir cette histoire et je salue ici le travail précurseur engagé par l’Unesco avec sa «route des esclaves». 
 
En 1848, la République française adoptait le décret qui mit définitivement fin à l’esclavage sur l’ensemble de son territoire et, en mai dernier, le Parlement français a adopté à l’unanimité une loi reconnaissant que l’esclavage, la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien, perpétrés à partir du 15ème siècle contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituaient un crime contre l’humanité, la France étant à ce jour le premier pays à avoir posé un tel acte.
 
Parmi les pages sombres de notre histoire commune, il y eut aussi le phénomène colonial, inspiré d’abord par la volonté de s’approprier les richesses d’autres continents mais fondés aussi sur la domination de l’Autre.  Il n’est pas question de réduire aujourd’hui la colonisation à ses seuls excès et à des atteintes systématiques à la dignité humaine mais ayons le courage d’assumer certaines évidences.  Oui, le colonialisme a eu des effets durables sur les structures politiques et économiques des pays concernés.  Vis-à-vis de ces pays qui pour beaucoup d’entre eux avaient été victimes de la traite, la solidarité doit s’exprimer avec une plus grande ampleur.  Parce que la misère est souvent le terreau sur lequel s’épanouit la haine, parce que les inégalités du monde portent en elles toutes les violences, la question du développement et de la lutte contre la pauvreté est à nos yeux centrale. 
 
Il est une facette de notre histoire qui a dépassé en horreur, en ampleur, en abjection érigée en système tout ce que nous avons connu, c’est la Shoah.  Nier le caractère unique de ce crime contre l’humanité serait faire insulte à ses victimes et trahir l’histoire.  Au demeurant, comme l’a souligné Kofi Annan, aucune violence subie par un peuple dans son histoire proche ou ancienne ne saurait exonérer de leurs responsabilités ceux qui, au nom de ce peuple, infligent des violences à d’autres communautés. 
 
Si cette conférence doit exorciser le passé, c’est aussi pour mieux se tourner vers le présent et surtout vers l’avenir.  La mémoire du passé conforte la lutte contre les formes contemporaines de racisme.  Dans son combat, la France s’inspire d’une philosophie universaliste qui reconnaît la personne humaine dans toute sa diversité, dans toute sa liberté, qui la respecte et protège ses droits.
 
Mons pays, l’un des plus généreux parmi les membres de l’OCDE en ce qui concerne l’aide publique au développement.  Mon pays entend bien conserver cette place.  Et parce que notre aide doit en outre être conçue dans un esprit de partenariat, je salue la Nouvelle Initiative Africaine, engagement des pays africains à oeuvrer ensemble pour leur développement.
 
 
Nombreux sont ceux qui placent en nous de grandes espérances et d’abord les plus vulnérables, ceux qui sont victimes d’une double discrimination : les enfants et les femmes, ceux que la maladie marginalise, je songe aux victimes du VIH/sida, ce qui souffrent d’un handicap, ceux que frappe une discrimination liée à leur seule naissance ou à leur orientation sexuelle, les réfugiés, les migrants ainsi que les victimes de trafics d’être humains.  Je veux faire une référence particulière aux Roms et aux populations autochtones dont les Etats modernes ne savent toujours pas accepter la culture, les traditions et leur vision du monde.
 
Ma délégation est venue à Durban avec l’engagement d’oeuvrer, dans un esprit d’ouverture et de dialogue, au succès de la Troisième Conférence mondiale contre le racisme.  Elle participera à vos travaux de manière aussi active que constructive, confiante qu’à l’issue de notre réunion, les pays réunis dans la patrie de Nelson Mandela sauront lancer au monde un message de fraternité et d’unité et affirmer leur volonté commune de permettre à chaque être humain de vivre dans la dignité.
 
      Mme TARJA FILATOV, Ministre du travail de la Finlande : Le peuple sud-africain nous a montré l’exemple en se levant pour défendre ses droits et venir à bout du système raciste institutionnalisé de l’apartheid et demeure une source d’inspiration pour les générations présentes et futures et pour l’humanité.  En effet, le racisme est un affront à la dignité humaine et aux droits de l’homme et nul ne peut être discriminé en raison de sa couleur, son origine, sa nationalité ou son ethnie.  Le monde dans lequel nous vivons est très souvent le théâtre de violations des droits des minorités et la promotion des droits des minorités doit être une priorité.  Nous devons également protéger les populations victimes de la double discrimination comme c’est le cas pour les femmes et les jeunes filles appartenant à des minorités ethniques.
 
Les Gouvernements doivent prendre toute leur part dans la protection des minorités qui, elles aussi, doivent se plier au respect des droits de l’homme.  Il nous appartient de demeurer vigilants et de promouvoir les droits de l’homme par tous les moyens, notamment par l’éducation et la sensibilisation des populations sur les enjeux du passé et du futur.  Les peuples indigènes doivent être protégés car ils ont été et sont encore victimes d’exclusion et de discrimination.  Il en est de même pou la communauté Rom présente sur tous les continents et partout victime de discrimination raciale.  Les Etats doivent leur assurer le plein exercice de leurs droits fondamentaux et protéger leurs droits humains.  Tandis qu’il est établi que le racisme et l’esclavage sont des phénomènes étroitement liés, il nous apparaît important de mettre l’accent sur les formes modernes d’esclavage dont sont victimes les populations les plus vulnérables, en priorité les femmes et les enfants.  Pour garantir les droits des minorités et des populations les plus vulnérables, la Finlande vient de créer un bureau du Médiateur chargé des minorités.  Le Médiateur agira de manière indépendante et sera responsable de la prévention de la discrimination ethnique. 
 
M. DIMITRIJ RUPEL, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie : Les différentes crises qui secouent aujourd’hui témoignent de manière éloquente combien le rejet de la diversité peut dégénérer en manifestations de violence particulièrement meurtrières.  La Slovénie se réjouit des progrès récemment accomplis dans le domaine du droit pénal international.  Il faut espérer que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale entrera rapidement en vigueur et je dois ajouter que la ratification de ce Statut constitue actuellement pour la Slovénie l’une des plus grandes priorités de sa politique étrangère dans le domaine des droits de l'homme.
 
 
En vertu de la Constitution slovène, chaque individu dans le pays se voit garantir le droit de conserver et de développer sa propre identité ethnique et sa propre culture ainsi que le droit d’utiliser sa propre langue.  La Constitution prévoit en outre un ensemble de droits collectifs et individuels particuliers pour les minorités nationales italienne et hongroise ainsi que pour la communauté rom.  Pour ce qui est des Roms, un programme spécial du Gouvernement slovène met l’accent non seulement sur l’assistance à leur accorder afin de répondre à leurs besoins spécifiques mais aussi sur la suppression des préjudices et préjugés dont ils continuent d’être victimes.  Bien que la protection de ces minorités aille bien au-delà des normes universelles et régionales en vigueur, la Slovénie s’efforce de trouver les moyens qui permettraient de faire face à d’autres situations auxquelles la société slovène actuelle est confrontée, notamment en ce qui concerne les prétendues nouvelles minorités issues des migrations économiques, des réfugiés et des requérants d’asile.
 
Il convient de mettre particulièrement l’accent sur la nécessité de combattre le racisme et l’intolérance en ayant recours à des activités d’éducation.  Le Gouvernement slovène a décidé de reconnaître la compétence du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale pour recevoir des communications émanant d’individus qui se plaignent d’être victimes d’une violation de l’un quelconque des droits énoncés dans la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Cela devrait permettre d’améliorer encore davantage le système de protection des droits de l'homme au niveau national.  La mondialisation est un processus qui n’est pas sans conséquences sur les affaires nationales.  L’intervention humanitaire a incontestablement affecté des notions telles que la souveraineté nationale.  Si ce type d’intervention a permis de secourir des minorités et des groupes défavorisés, il a également mobilisé des groupes anti-mondialistes qui, souvent, sont partisans de la perpétuation ou de la restauration d’un ordre ancien.  Nous n’avons pas suffisamment étudié ces nouvelles évolutions ni leurs résultats positifs comme négatifs.  C’est peut-être là que se situe le principal défi de notre époque.  Ces dernières années, la région de l’Europe du Sud-Est a été marquée par la haine engendrant les pratiques les plus odieuses basées sur l’idée de supériorité d’une nation particulière.  Pour asseoir la stabilité et la prospérité de la région, il faudrait adopter une approche privilégiant la gestion de la diversité qui tienne pleinement compte de la variété ethnique, culturelle et religieuse de la région.
 
M. RENATO RUGGIERO, Ministre des affaires étrangères de l’Italie : En adoptant la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, l’Italie était convaincue que les atrocités de la deuxième Guerre mondiale ne se reproduiraient plus.  En dépit de grandes avancées technologiques et de la conquête de l’espace, réalisées au cours de plus de 50 ans, nous sommes encore confrontés à la persistance et la résurgence des violations de toutes sortes.  Le fait que Durban ait été choisie pour accueillir la Conférence contre le racisme est à la fois un hommage et un acte de gratitude à l’Afrique du Sud et à son Président Thabo Mbeki que l’Italie a eu le plaisir de recevoir en juillet dernier.
 
L’expérience historique de l’apartheid fondé sur la supériorité d’une race par rapport à une autre a adressé un avertissement clair au monde et lui a appris une leçon importante.  A cet égard, l’Italie rend un hommage sincère au peuple sud-africain pour sa lutte inlassable et aux nombreuses personnes qui ont sacrifié leur vie pour vaincre l’apartheid, en particulier M. Nelson Mandela. 
 
Cette Conférence nous offre l’occasion historique de tirer des leçons du passé et de formuler des propositions concrètes pour l’avenir.  Ce n’est que par un équilibre de ces besoins qu’il nous sera possible d’achever ce processus et de montrer que la volonté politique sera nécessaire pour jeter les bases de nouvelles normes de respect mutuel et de solidarité avec nos semblables. 
Comme l’Union européenne l’a fait à plusieurs reprises, l’Italie lance à nouveau un appel pour que la négociation prévale sur la violence et le chaos dans plusieurs régions du monde.
 
      M. ANIL K. GAYAN, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale de Maurice : De par son symbolisme, la lutte victorieuse menée par le peuple sud-africain pour venir à bout du système raciste de l’apartheid, mais surtout pour dépasser les souffrances du passé et s’engager sur la voie de la réconciliation.  Le modèle sud-africain n’a pas d’équivalent et devrait être pris comme exemple dans le Programme d’action qui sera adopté ici.  La Conférence doit admettre que l’ampleur de l’esclavage et de la Traite a eu des conséquences désastreuses et durables pour l’Afrique, et elle doit reconnaître qu’il constitue un crime contre l’humanité.  La colonisation a également été destructrice des valeurs traditionnelles et des structures sur le continent. 
Il est important que, ici à Durban, nous condamnions le racisme sous toutes ses formes, nous envisagions des politiques de nature à lutter contre la discrimination contre les femmes, les minorités et les autres groupes vulnérables.  Alors que la mondialisation prend racines, un nombre de plus en plus important d’individus deviennent des migrants du travail et ils méritent la protection des Etats qui les accueillent.  Maurice est un pays qui a subi à la fois l’esclavage et le travail forcé mais nous sommes néanmoins fiers d’être une société multiculturelle.  Tous les pays devront, à la fin de cette Conférence, mettre en oeuvre les mesures adoptées ici et veiller à leur suivi.  Afin de promouvoir la dignité et l’égalité des hommes, il importe de réaffirmer la nécessité de promouvoir la tolérance.  La communauté internationale doit s’engager à promouvoir la justice, l’égalité et la solidarité et admettre également que l’esclavage, la colonisation et leurs séquelles sont les causes directes de l’extrême condition de misère et de pauvreté du continent africain. 
 
      Mme KAREN JESPERSEN, Ministre de l’intérieur du Danemark : Au cours des 150 dernières années, le Danemark s’est efforcé de promouvoir une société démocratique basée sur la primauté du droit et sur les droits de l'homme et dotée d’un système de sécurité sociale basé sur la solidarité et la participation de tous les membres de la société.  Une mesure telle que celle consistant à assurer la gratuité de l’éducation primaire constitue sans doute le meilleur moyen de surmonter les préjugés et de promouvoir la tolérance et la compréhension entre les peuples, en particulier lorsqu’elle s’accompagne d’un système social basé sur le partage et l’égalité des chances pour tous.  Nous ne ménagerons aucun effort pour assurer que ces valeurs fondamentales soient reflétées dans le programme d’action qui sera adopté à l’issue de cette Conférence.
 
      Pour le Gouvernement danois, la solidarité est un important concept qui devrait émerger de la Conférence de Durban.  Pour renforcer ce concept, la promotion de la coopération entre pays développés et pays en développement  constitue incontestablement un outil essentiel.  Les efforts de coopération aux fins du développement déployés par le Danemark sont particulièrement orientés vers l’éradication de la pauvreté.
 
      Le racisme et la discrimination raciale se manifestent dans de nombreuses régions du monde, y compris au Danemark.  Quelle que soit la forme qu’elles prennent, les manifestations de racisme et de discrimination raciale ne doivent pas être prises la légère.  Le Danemark offre une protection aux réfugiés sont animés d’une crainte bien fondée d’être persécutés sur la base de leur origine raciale ou ethnique.  Il est inacceptable que des individus soient ainsi acculés à quitter leur pays d’origine.  Aussi, est-il essentiel de faire en sorte que les pays d’origine respectent les droits de l'homme fondamentaux, y compris la liberté religieuse.  Afin de renforcer la lutte contre la discrimination et le racisme dans le pays, le Danemark entend se doter prochainement d’un nouvel organe de promotion de l’égalité de traitement pour tout individu, quelle que soit son origine raciale ou ethnique.
 
      Il faut que la présente Conférence mondiale se penche sur les diverses formes de discrimination, y compris celles fondées sur la religion ou l’ascendance.  Les femmes et les fillettes étant particulièrement affectées par plusieurs formes de discrimination à la fois, il faut que notre programme d’action contre le racisme intègre une perspective sexospécifique. 
 
M. PALL PETURSSON, Ministre des affaires sociales de l’Islande : Nous ne devons pas oublier que personne n’est né raciste.  Le racisme est un état d’esprit qui naît chez un nombre considérable de jeunes par des attitudes auxquelles les adultes les exposent, à fois de manière consciente et inconsciente.  C’est pourquoi, j’estime qu’il est extrêmement important d’essayer d’encourager une attitude de tolérance chez les enfants dès leur très jeune âge.  Nous devons essayer de saisir les opportunités que les écoles maternelles offrent pour sensibiliser les enfants à la diversité et à l’idée qu’aucune religion n’est supérieure à une autre.  Il est important également que les nouveaux immigrants soient en mesure de préserver leur propre culture tout en l’adaptant à leur nouveau pays.  Il faut donner la possibilité à leurs enfants de pratiquer leur langue maternelle, car cela doit leur donner une image de soi positive et leur permettre de mieux s’adapter dans le nouveau pays.  Jusqu’à une date récente, l’Islande était une société homogène à cet égard, mais la situation change actuellement et le nombre d’étrangers s’accroît.  Dans le cadre d’une campagne  de lutte contre le racisme, l’Islande a décidé de publier dans plusieurs langues un fascicule  concernant les droits et obligations sur le marché du travail, la santé et la sécurité au travail.
 
      M. MOHAMMED BIN NUKHAIRA AL DAHRI, Ministre de la justice des Emirats arabes unis : Nous voudrions saisir cette occasion pour rendre hommage au sacrifice consenti par le peuple sud-africain pour mettre fin au régime perfide de l’apartheid.  Les religions révélées ont affirmé le caractère sacré de la dignité de l’homme et combattu toutes les théories racistes qui prétendraient ou légitimeraient la domination d’un peuple sur un autre.  L’Islam a fait la guerre à toutes les formes et à toutes les théories de discrimination et de supériorité raciale et sociale.  Les Emirats arabes unis ont établi les structures légales et juridiques pour lutter contre la discrimination et préserver les droits économiques, sociaux et culturels de chacun.  Notre pays accorde une importance particulière aux droits des travailleurs migrants, notamment leur droit à l’éducation et la protection sociale.  Notre législation et nos institutions garantissent par ailleurs l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment devant le travail. 
 
      Malgré les efforts de la communauté internationale au cours des dernières décennies pour éradiquer le racisme, les pratiques racistes existent toujours et font des millions de victimes.  Il est donc important pour cette Conférence de se pencher sur les conditions de toutes ces victimes d’actes racistes, à commencer par le peuple palestinien.  L’occupation est une des formes les plus ignobles de discrimination et de déni des droits fondamentaux et les pratiques israéliennes sur les populations palestiniennes et arabes doivent être condamnées.  Nous exhortons cette Conférence à mentionner dans sa Déclaration les violations dont sont victimes les populations palestiniennes et à réaffirmer le droit de ce peuple à la liberté, à la dignité et à l’autodétermination.  Le document final de cette Conférence de Durban ne peut être discriminatoire envers qui que ce soit et quelque peuple que ce soit si l’on veut lui assurer un succès et lutter efficacement contre le racisme. 
 
 
M. KAMAL KHARRAZI, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran : Mon pays, qui a eu le privilège d’accueillir la Conférence régionale asiatique pour la Conférence mondiale, réaffirme que son engagement en faveur de la lutte contre le racisme s’inspire des principes coraniques d’égalité et de fraternité ainsi que des nobles objectifs consacrés par la Constitution.  La foi et le respect dans la diversité de l’humanité sont profondément ancrés dans la culture iranienne, assurant tant le respect des identités différentes que des valeurs communes qui rapprochent les membres de la société.  La société humaine a tiré de grandes leçons des tristes expériences qui ont marqué le dernier millénaire.  Ces expériences ont davantage renforcé la ferme détermination de l’humanité de faire tout son possible pour épargner à ce présent millénaire les injustices et les inégalités du précédent.  Bien que lentement, la communauté internationale a commencé à adopter un nouveau paradigme en faveur de l’inclusion et du dialogue entre les civilisations.  La proclamation de l’Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations à l’initiative du Président Khatami ainsi que d’autres développements sur la scène internationale nous donne un aperçu des éléments d’un possible nouveau paradigme.
 
      Le respect de la dignité humaine et des droits des peuples, indépendamment de leur race, couleur, origine -nationale ou ethnique- sont parties intégrantes des principes fondamentaux de toutes les religions et civilisations.  Bien qu’il persiste des vestiges de racisme et l’émergence de ses nouvelles formes et manifestations à l’aube de ce nouveau millénaire constitue une grave et profonde préoccupation pour la conscience de l’humanité. 
 
La Conférence devrait accorder une haute priorité à la reconnaissance des injustices et souffrances subies par les Africains et les descendants d’Africains ainsi qu’à l’adoption de mesures concrètes pour réparer leurs préjudices.  La condition sine qua non des mesures compensatoires est l’engagement des Etats à s’abstenir sérieusement de toute action qui prendrait d’autres formes de colonialisme ou d’exploitation à l’encontre de leurs anciennes colonies.  Une des tâches importantes qui incombent à la Conférence est d’identifier les formes contemporaines et manifestations de racisme et de discrimination raciale.  Aujourd’hui, la manifestation la plus cruelle du racisme institutionnalisé est le sionisme.  Quelle autre forme de racisme peut viser à déraciner un peuple entier de ses terres, le contraindre à la diaspora, tenter à détruire son identité, massacrer de nombreux Palestiniens innocents et détruire des villages entiers tout en construisant des colonies de peuplement juives?  Ces pratiques menées à l’encontre des Palestiniens par Israël montrent bien que le sionisme soit une politique raciste.  Le rejet du sionisme ne devrait en aucun cas être assimilée à une attaque contre le judaïsme ou contre le peuple juif.  L’antisémitisme et l’oppression du peuple juif en Europe au cours de la Deuxième Guerre mondiale doivent être rejetés de la même façon que l’islamophobie, l’anti-arabisme et les pratiques contre les Palestiniens.  Ce qui a été commis à cette époque en Europe ne doit en aucun cas justifier les 50 ans d’atrocités sionistes à l’encontre des Palestiniens.
 
La Conférence mondiale doit répondre de manière claire à cette forme contemporaine de racisme.  Nous trouvant ici en Afrique du Sud, nous nous sommes tous souvenus des liens étroits et des similitudes entre l’apartheid et le sionisme, y compris dans leurs formes d’alliance.  L’Iran est convaincu que le modèle démocratique de transition en Afrique du Sud peut s’appliquer à la Palestine en vue d’instaurer la paix et la justice.  Un règlement démocratique du conflit en Palestine exige le retour de tous les Palestiniens à leurs terres, suivi d’un référendum auquel participeront tous les vrais habitants de Palestine qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans pour déterminer leur avenir. 
  
Concernant la réparation, l’Iran estime que les injustices historiques infligées aux victimes du racisme et de la discrimination raciale devraient être reconnues internationalement et la responsabilité de ces injustices imputée à leurs auteurs.  Les atrocités devraient être qualifiées de crimes contre l’humanité et leurs auteurs traduits devant des tribunaux compétents.  En outre, il faudrait établir des mécanismes internationaux pour enquêter sur les pratiques du passé et sur leurs auteurs afin d’indemniser les victimes de brutalités.
 
M. JULI MINOVES-TRIQUELL, Ministre des affaires étrangères de la Principauté d’Andorre : L’éducation aux droits de l’homme est la responsabilité de tous les Etats et une responsabilité que l’Andorre assume totalement.  Très bientôt, si possible lors de la Session extraordinaire sur les enfants qui se tiendra en septembre à New York, nous avons l’intention de signer la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965. 
Nous sommes rassemblés ici pour essayer de mettre fin à ce fléau terrible et cependant tellement humain qui semble avoir infecté notre histoire.  Quand nous regardons en arrière, nous voyons que le racisme a toujours existé.  Nous pouvons remonter le temps de l’apartheid, ici en Afrique du Sud, jusqu’au sort tragique fait aux Juifs et aux Roms jusqu’au vaste système de l’esclavage qui a permis la colonisation des Amériques au prix de la mort et du massacre de ses peuples autochtones.  Mais jusqu’où devons-nous remonter le passé?  Les terribles guerres de l’Afrique pré-coloniale sont-elle des actes xénophobes?  Les campagnes des premiers empereurs de Chine étaient-elles racistes?  Doit-on inclure les Cathares qui se sont opposés à l’église catholique au 13e siècle et furent systématiquement anéantis au cours de guerres menées tout près de chez moi? 
Je soulève cette question parce que, pour autant que nous voulions que cette Conférence s’occupe du présent, nous ne pouvons séparer le racisme de son passé.  Ce n’est qu’en comprenant l’histoire, la terrible histoire de l’intolérance, que nous pourrons complètement nous libérer de son emprise.  Je veux m’en tenir à l’idéalisme du cri de Miranda dans La Tempête «Oh Brave monde nouveau»; si nous devons survivre et pardonner, nous devons réaliser comme Shakespeare que le monde est toujours nouveau, qu’avec chaque changement de saison, chaque révolution du globe terrestre, il prend un nouveau départ.
 
M. JOSEPH PHILIPPE ANTONIO, Ministre des affaires étrangères d’Haïti : L’objectif que se fixe la Conférence de Durban ne sera atteint que si nous partons sur des bases solides en rétablissant la vérité historique.  Ainsi, les erreurs, atrocités et crimes passés commis en relation avec les pratiques du racisme, de la traite des esclaves et du colonialisme doivent être reconnus, dénoncés, analysés et condamnés pour que jamais plus ils ne se reproduisent.  En faisant référence à ces faits, qui ont été à la base d’un système et d’un régime de ségrégation raciale qui avaient pour objectifs la recherche du profit et la puissance hégémonique, la délégation d’Haïti n’a nullement l’intention de faire le procès de qui que ce soit, nation ou institution.  Elle estime cependant, à l’instar de nombreuses autres délégations, que c’est un devoir de mémoire de ne pas passer sous silence ces tragédies qui ont souillé l’histoire de l’humanité.  La traite des Noirs et l’esclavage constituent donc un crime contre l’humanité.  La délégation haïtienne respecte toutes les initiatives tendant à cette reconnaissance, notamment l’adoption par la France d’une loi en mai dernier.  Haïti, qui célébrera en 2004 le bicentenaire de son indépendance, soutient l’idée d’une reconnaissance pleine et entière des injustices historiques liées à la traite des Noirs, à l’esclavage et au colonialisme.  Au nom des victimes des quatre siècles de violations massives des droits de l’homme, des excuses publiques sont nécessaires sinon, nous passerions à côté de ce rendez-vous historique.
 
      A l’instar du Saint-Siège, Haïti souligne l’obligation morale pour les pays riches d’aider les pays en développement dont la pauvreté est due aux dommages causés par l’esclavage et le colonialisme.  Un système international d’indemnisation aux fins de développement devrait être institué, qui serait orienté vers une ouverture des marchés internationaux aux produits des pays ayant connu la traite, l’esclavage et le colonialisme.  Ce système devrait également prévoir une augmentation de l’aide publique au développement, une annulation de la dette des pays concernés, en particulier les pays les moins avancés ainsi que la création d’un fonds pour l’éducation.
 
      Mme JAMILETH BONILLA, Ministre de l’action sociale du Nicaragua : Il est essentiel que la Conférence de Durban aboutisse à la formulation de recommandations concrètes permettant d’accroître l’efficacité des activités menées par les Etats en vue de combattre le racisme et la discrimination raciale dans le monde entier.  Tous les Etats se doivent de renforcer leurs structures de gouvernement et d’y introduire les changements institutionnels nécessaires afin d’éviter que ne se manifestent les multiples formes que peut revêtir la discrimination.
 
      Les principes fondamentaux de la Constitution du Nicaragua s’opposent à toute forme d’exploitation, de discrimination et d’exclusion, l’Etat se voyant attribuer la responsabilité de promouvoir le développement humain de chaque Nicaraguayen.  La Constitution reconnaît l’existence des peuples autochtones de la Côte caraïbe nicaraguayenne, lesquels jouissent de droits et de garanties permettant notamment de préserver leur identité culturelle.  Dans le cadre des efforts stratégiques qu’il déploie afin de répondre aux besoins fondamentaux de plus démunis, le Nicaragua s’efforce d’assurer l’intégration de la population en situation de vulnérabilité et d’exclusion sociale.  En tant que signataire de l’Alliance centraméricaine en faveur du développement durable, le pays a fait sien le principe de respect de la diversité ethnique et culturelle de la région.  Le développement socioculturel est essentiel pour surmonter la pauvreté.  Le Gouvernement nicaraguayen reconnaît qu’en dépit de toute une série de garanties prévues par ce pays afin d’assurer la jouissance et le respect des droits de l'homme, les groupes de population appartenant aux ethnies et communautés autochtones sont, dans leur grande majorité, confrontés à la pauvreté.  C’est pourquoi le Gouvernement s’efforce, dans le cadre de sa politique sociale, de mettre en oeuvre des programmes de développement socioéconomique destinés à assurer la préservation de l’environnement de ces groupes, leur développement humain durable ainsi que leur intégration pleine et entière au système socioéconomique du pays.
 
      Le Gouvernement du Nicaragua reconnaît et garantit le droit des réfugiés ainsi que le droit d’asile pour toute personne persécutée en raison de la lutte qu’elle mène en faveur de la démocratie, de la paix, de la justice et des droits de l'homme.  Au Nicaragua, tous les individus sont égaux devant la loi.  Il n’existe dans ce pays aucune discrimination fondée sur la naissance, la nationalité, les idées politiques, la race, le sexe, la langue, la religion, l’opinion, l’origine, la situation économique ou la condition sociale.
 
      Il faut espérer que les débats au sein de la présente Conférence de Durban nous aideront à mieux nous orienter dans les actions que nous devrons entreprendre à l’avenir.  Désormais, le Nicaragua entend mettre particulièrement l’accent sur des actions visant à renforcer les capacités des femmes en général et des femmes autochtones en particulier, dans le but de garantir la non-discrimination raciale.  Le Gouvernement du Nicaragua est en train d’examiner la possibilité de ratifier le Protocole facultatif se rapportant à la convention internationale sur toutes les formes de discrimination contre les femmes.

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