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Communiqués de presse

LA POSITION DES DELEGATIONS EVOLUE VERS PLUS DE SOUPLESSE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL DE L'ONU

02 Septembre 2001

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Deux questions mettent le consensus en danger : le Moyen-Orient et les réparations au titre de l'esclavage, a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, en préambule à la conférence de presse qu'il a tenue aujourd'hui en début d'après-midi.
Répondant à une question d'un journaliste israélien qui lui demandait s'il ne craignait pas qu'adopter la formulation suggérée contre Israël ne décrédibilise les Nations Unies dans son rôle de médiateur ou dans son suivi du conflit israélo-palestinien, le Secrétaire général a répondu que la question du sionisme versus le racisme est une affaire enterrée. Les Nations Unies l'ont abandonnée depuis une décennie. Nous sommes ici pour nous concentrer sur les victimes du racisme, a-t-il déclaré, pour que les comportements racistes actuels, pour que la traite des êtres humains soit abolie pour toujours. Nous sommes ici pour faire en sorte que les gouvernements prennent des mesures protégeant leurs populations du racisme. Il y a à l'évidence d'autres situations qu'au Moyen-Orient où les populations sont touchées et j'espère que nous parviendrons à une formulation - générique ou autre - qui englobera toutes les situations et apportera une réponse aux souffrances des populations.
Le Secrétaire général a apporté les précisions qui lui étaient demandées à la suite d'une de ses précédentes déclarations, en faisant observer que les entités morales encore en activité comme les individus qui sont toujours en vie devaient rendre compte des erreurs qu'ils avaient commises. A propos de l'élimination des castes en Inde, il a rappelé avoir déclaré que toutes les formes de discriminations devaient être éliminées.
Interrogé sur les chances de succès de la conférence, le risque d'affaiblissement de la portée du document final ainsi que sur la participation du Canada, M. Annan a fait observer que le fait de parvenir à un consensus ne signifiait pas forcément que le texte soit affaibli mais que cela pouvait au contraire aboutir à un document amélioré qui permette de rallier le soutien le plus large possible et débouche sur des applications concrètes. Il a regretté que le Premier ministre du Canada ne participe pas à la conférence et a souligné l'opportunité qu'elle offrait aux gouvernements et aux organisations de venir défendre leurs positions.
M. Annan a indiqué par ailleurs, en réponse à une question sur les démarches qu'il menait pour sauver la conférence, s'il en était besoin, qu'il discernait une évolution des délégations, la volonté de faire preuve de souplesse et d'adopter le bon langage. J'ai rencontré une délégation du Black Caucus, le chef de la délégation américaine ce matin, ainsi que M. Amre Mussa de la Ligue arabe, les ministres des affaires étrangères d'Egypte, d'Allemagne et d'Italie, les dirigeants africains et les chefs d'Etat qui sont ici, a-t-il précisé. Je me suis entretenu au téléphone avec Colin Powell mais je ne peux vous donner des détails sur ces discussions. Tout n'est pas perdu. Je suis convaincu que nous réussirons. Si nous échouions, nous encouragerions les pires éléments de nos sociétés. Nous ne devons pas laisser une question ou une autre faire dérailler cette conférence si importante pour l'humanité. Ceux qui ferait dérailler la Conférence sur une des questions abordées, devraient rendre compte de cet échec. Le Secrétaire général a indiqué s'être entretenu avec Michael Southwick, le chef de la délégation américaine qui avait exprimé le souci de sa délégation de parvenir à une formulation équitable, acceptable et qui ne soit pas agressive pour Israël.
Aux questions qui lui ont été posés concernant le refus de l'Australie d'accueillir les réfugiés se trouvant dans ses eaux territoriales et le sort de ces réfugiés, le Secrétaire général a indiqué s'être entretenu avec le Premier ministre australien, le Ministre des affaires étrangères de Norvège et le Haut Commissaire aux réfugiés. La solution idéale, a-t-il déclaré, aurait été que les réfugiés soient accueillis en Australie et ceux qui ne sont pas des réfugiés de bonne foi soient renvoyés dans un pays tiers. La Convention des Nations Unies sur les réfugiés, l'Australie, étant le premier port d'appel, aurait dû les accueillir. Le gouvernement australien maintient qu'il a été généreux à l'égard des réfugiés mais qu'il est maintenant confronté à des quantités de réfugies illégaux, ce à quoi il veut mettre un terme. L'accord qui vient d'être trouvé prévoit que le filtrage sera effectué par la Nouvelle-Zélande et Nauru, l'Australie ayant indiqué qu'elle en accueillerait quelques-uns. Ce n'est pas idéal et je pense aux réfugiés qui se trouvent dans des conteneurs en pleine chaleur.
Interrogé sur la requête du gouvernement italien, qui souhaite que la prochaine conférence de la FAO se tienne ailleurs qu'à Rome, de peur que ne se renouvellent les incidents qui se sont produits récemment à Gênes lors du sommet du G8, le Secrétaire général a fait remarquer que jamais aucune Conférence des Nations Unies n'avaient fait l'objet d'attaques de la part de manifestants et il a cité en exemple les manifestations qui se sont déroulées pacifiquement ici à Durban. Il a dit attendre les résultats de la rencontre qui doit se tenir lundi entre le Premier ministre italien et le directeur général de la FAO.
Un journaliste ayant fait remarquer qu'aucun des dirigeants africains ne s'était jusqu'à présent exprimé sur la question des conflits ethniques en Afrique, le Secrétaire général a indiqué qu'il espérait que le fait qu'il se concentre sur les questions historiques ne signifiaient pas qu'ils ignoraient les problèmes de leurs propres sociétés, les conflits et les divisions ethniques. La plupart des dirigeants actuels ont été impliqués dans les conflits du continent, soit en tant que combattants, participants ou en travaillant dur pour y mettre fin. Je pense qu'ils sont donc parfaitement conscients des conflits et que l'impression ne doit pas être donnée qu'ils se réfugient dans les problèmes du passé. Je pense que les deux questions les préoccupent ou du moins le devraient-elles.
En réponse à une question sur une éventuelle démarche que ferait le gouvernement angolais pour traduire Jonas Savimbi devant la Cour internationale de justice, M. Annan a indiqué que la seule façon de régler le problème angolais était d'appliquer les accords de Lusaka. Il n'y a actuellement aucun contact entre les parties, a-t-il précisé. On ne fait pas la paix avec ses amis mais avec ses ennemis et pour cela il faut leur parler. La question de traduire Jonas Savimbi en justice n'a pas été évoquée ni devant moi ni devant le Conseil de sécurité.
En réponse aux remarques d'un journaliste du quotidien français Le Monde qui attirait l'attention sur ce qu'il a appelé le manque de représentativité de la Conférence, avec notamment l'absence de l'Asie, qu'il a attribué à un manque de préparation, le Secrétaire général a indiqué qu'il aurait préféré voir beaucoup plus de chefs d'Etat participer à la conférence, qu'il était peut-être possible de la préparer mieux mais que Mme Robinson avait fait le maximum, qu'il y avait eu quatre Comités préparatoires et de nombreux contacts avec les ONG.

Sur la redistribution des terres en Afrique du Sud et au Zimbabwe, il a déclaré mal connaître la situation en Afrique du Sud mais qu'il pensait en revanche que la réforme agraire au Zimbabwe était nécessaire mais qu'elle devait se faire dans la légalité et s'accompagner de dédommagements. Je suis d'accord avec le principe de la réforme mais je conteste le processus, a-t-il indiqué.
Répondant à une question sur la situation au Myanmar, il a jugé positif le travail de son représentant spécial et les résultats obtenus. Le processus avance lentement mais il avance, a-t-il déclaré.
A propos de la question des réparations, il a déclaré qu'il s'agissait d'un problème compliqué et qu'il ne croyait pas que la Conférence était le lieu approprié pour le régler.
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