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Communiqués de presse

LES FEMMES ENTREPRENEURS DES PAYS LES PLUS PAUVRES AFFRONTENT D’ENORMES OBSTACLES TELS QUE L’ACCES LIMITE A LA TECHNOLOGIE, A LA FORMATION ET AU CREDIT

21 Mai 2001



Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
21 mai 2001



Rares sont celles qui pénètrent le marché
international, constate la Conférence de Bruxelles



Bruxelles, 19 mai -- « Pour survivre, les entrepreneurs, femmes ou hommes, doivent être efficaces sur les marchés internes comme extérieurs, a déclaré M. Vijay S. Makhan, Secrétaire général adjoint de l’Organisation pour l’unité africaine (OUA), qui s’exprimait cet après-midi devant le Forum des femmes entrepreneurs organisé dans le cadre de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés. Quand on dit secteur privé, on ne dit heureusement pas secteur privé féminin ou masculin, a renchéri Mme Yolette Azor, Représentante permanente d’Haïti auprès de l’Union européenne, qui a toutefois ajouté que les femmes chefs d’entreprise sont confrontées à toute une série de discriminations liées à leur sexe.

En ce qui concerne les opportunités offertes aux femmes sur les marchés mondiaux, M. Makhan a jugé essentiel de lier l’accès aux marchés au renforcement des capacités. L’information, c’est le pouvoir ont ajouté de nombreux intervenants qui ont eux aussi fortement souhaité que les gouvernements intègrent des clauses sur la formation des femmes dans les accords commerciaux entre pays développés et PMA. Pour que les femmes chefs d’entreprise puissent être en phase avec un marché mondial en changement constant, les mesures locales ont été jugées indispensables, en particulier la création de centres d’éducation des femmes aux nouvelles technologies et aux meilleures façons de tirer parti des accords internationaux.

Les femmes doivent absolument bénéficier des mêmes conditions que les hommes pour obtenir des prêts, ont ajouté les intervenants. Ils ont également estimé que les femmes chefs d’entreprise ont des profils et donc des besoins différents selon la nature et de la taille des entreprises qu’elles dirigent. Toutefois, Mme L. Hendricks, Ministre adjoint du commerce de l’Afrique du Sud, et l’un des architectes des Accords du Cap, a noté qu’à l’heure actuelle, les femmes chefs d’entreprise des PMA travaillent dans les mêmes secteurs, ce qui représente une concurrence supplémentaire.

Au cours du premier segment de la réunion, consacré aux opportunités offertes aux femmes chefs d’entreprise sur le marché mondial, le Président, M. Eugène Kofi Adoboli, ancien Premier ministre du Togo, a noté que les pays développés ont pris des mesures pour faciliter l’entrée des produits des pays les moins avancés sur leurs marchés, et a évoqué les différentes possibilités créées par l’initiative « Tout sauf des armes » de l’Union européenne, l’accord de Cotonou signé en juin 2000 et le « Growth and Opportunity Act » (AGOA ) des Etats-Unis. Il a souhaité que des propositions concrètes soient faites sur les manières de tirer le meilleur parti de ces initiatives.

Ouvrant la réunion, M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la CNUCED, a estimé que le but de ce Forum des femmes chefs d’entreprise est d’essayer de susciter des changements, et aller au-delà de l’exercice entre gouvernements car ces dix dernières années, la société civile organisée et le secteur privé se sont révélés être des acteurs primordiaux du développement. PMA III a donc tenté d’inclure toute une série d’acteurs de la vie des pays les moins avancés. S’il peut paraître étrange d’aller d’une réunion sur le VIH/SIDA à un atelier sur l’industrie musicale, il n’en est pas moins que les deux concernent des hommes et des femmes des PMA et se ressentent dans tous les domaines de la vie quotidienne. M. Ricupero a rappelé que le Forum est inspiré par leur importance dans le développement, les obstacles qu’elles rencontrent du fait de leur sexe et doit, grâce à un dialogue, mettre en lumière des expériences et des initiatives concrètes qui ont permis une évolution positive.

Le segment de la réunion consacré à l’accès des femmes à la technologie était présidé par Mme Mu Sochua, Ministre des femmes et des vétérans du Cambodge. Une technologie adaptée est source d’efficacité et de bénéfices accrus, a reconnu à ce propos Mme Yacine M’Bengue, représentante du Réseau des femmes sahéliennes (Mauritanie). Mais elle a rappelé que la technologie n’est qu’un moyen et qu’il faut surtout définir clairement les objectifs de leur utilisation. Pour sa part, Mme Gisèle Yitamben, Directrice de l’ASAFE (Cameroun) a confirmé que l’utilisation de l’Internet a permis aux femmes chefs d’entreprise camerounaises d’identifier différents acheteurs, fournisseurs et partenaires ainsi que de réduire leurs déplacements pour aller chercher les matières premières. Toutefois, a-t-elle déclaré, l’accès à Internet reste très coûteux, et même peut-être impossible par manque d’infrastructures, ce qui pose le problème de l’accès aux capitaux.

Les difficultés d’accès des femmes chefs d’entreprise au financement ont été examinées dans la dernière partie de la réunion, sous la présidence de M. Enrique ter Horst, représentant du Ministère des affaires étrangères du Venezuela. Pour illustrer ces difficultés, Mme Chitra Radakishun, représentante de la CNUCED, a pris l’exemple du Népal, où la plupart des femmes qui veulent lancer leur microentreprise doivent rassembler leurs économies personnelles ou vendre leurs bijoux pour débuter. Ainsi que l’a démontré une étude récente, le manque d’accès au crédit formel est l’un des principaux obstacles auxquels les femmes chefs d’entreprise d’Asie du Sud-Est et d’Afrique sont confrontées. Mme Radakishun a précisé qu’il s’agit cependant d’un problème que rencontrent toutes les petites entreprises car, pour les banques, une entreprise reposant sur une seule personne est moins rentable et peut s’effondrer plus facilement que les moyennes et grandes entreprises. En revanche, les femmes pâtissent particulièrement d’un manque d’accès à l’information sur les possibilités de crédit existant et ne savent très souvent pas à qui s’adresser pour un prêt. Très souvent, elles ne connaissent pas non plus les opérations de crédit. Dans la plupart des cas, elles ne possèdent pas les titres de propriété foncière nécessaires pour être éligibles, étant donné que des bijoux ne suffisent pas.

Faciliter l’accès des femmes au crédit est un problème qui concerne l’ensemble de la société car les bénéfices que pourrait engranger leur entreprise auraient des retombées sur l’ensemble de la société. Dans cet objectif, la CNUCED favorisé la création de réseaux, notamment entre associations de femmes. Il faudrait aussi que les institutions bancaires fassent un effort vis-à-vis des femmes entrepreneurs reconnaissent que les microcrédits fournis à des femmes ont été récupérés à 80%. Pour cela, il faudrait aussi qu’il y ait des femmes dans les conseils d’administration des banques. Une responsable de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a exposé les obstacles auxquels se heurtent les femmes migrantes, notamment à cause de l’absence du fait qu’elles ne sont pas munies de documents officiels. L’accès au microcrédit facilite aussi la mobilité des femmes et leur indépendance, ainsi que leur participation à la vie politique. La représentante de l’OIM a souligné que le microcrédit reste une solution très dure pour les femmes chefs d’entreprise. L’alphabétisation, la formation à la création d’entreprise et aux mécanismes économiques sont des solutions, en amont, au problème de l’accès au crédit, a-t-elle conclu.



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