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Communiqués de presse

LA TROISIEME CONFERENCE DE L’ONU SUR LES PMA OUVRE SES TRAVAUX A BRUXELLES SOUS LE SIGNE DE LA SOLIDARITE ET DE LA RESPONSABILITE PARTAGEE EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT

14 Mai 2001

Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
14 mai 2001 - 1ère réunion

Bruxelles, 14 mai 2001 -- Après les Conférences de Paris de 1980 et de 1990, la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) a ouvert ses travaux, ce matin, à Bruxelles, en présence du Roi Albert II de Belgique. Accueillie par l’Union européenne, la Conférence s’est fixé pour objectif de trouver les moyens dont ont besoin les 49 PMA pour assurer à quelque 600 millions de personnes un développement durable. Après les échecs des deux Programmes d’action précédents, la communauté internationale ne peut se permettre un autre échec, a déclaré le Premier Ministre du Bangladesh et Coordonnateur de la communauté des PMA, Mme Sheik Hasina. Les PMA ont besoin d’un plan d’action qui créé un véritable partenariat entre eux et les autres acteurs de la communauté internationale, ont estimé, en écho, le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan et le Président de l’Assemblée générale de l’ONU, M. Harri Holkeri. Du côté de l’Union européenne, la Présidente du Parlement européen, le Premier Ministre de la Belgique, le Pré sident de la Commission européenne et le Président de la France ont expliqué ce qui, selon eux, relève de la responsabilité des pays industrialisés en matière de développement des PMA; le Président Chirac appelant à une « mondialisation de la solidarité »
Dans ce contexte, ces personnalités ont défendu une autre conception de la coopération internationale qui se fonderait sur l’ appropriation par les PMA eux-mêmes de leurs propres programmes de développement; les efforts extérieurs ne venant qu’en appui aux efforts internes. La bonne gestion des affaires publiques a été mise en avant avec ses corollaires que sont la démocratie, la participation des citoyens, le respect des droits de l’homme et la primauté du droit. « Il n’y aura pas de chèque blanc », a, par exemple, déclaré le Président de la Commission européenne, M. Romano Prodi en précisant que la Commission ne soutiendra que les partenaires qui s’engagent résolument à mettre en œuvre les ré formes internes nécessaires.
D’une manière plus catégorique, M. Chirac a dé claré « Pas d’aide aux régimes corrompus, oppresseurs et prédateurs ». Le Premier Ministre de la Suède a de son côté espéré que cette Troisième Conférence sur les PMA permettra de trouver les instruments pour éliminer la pauvreté dans le monde entier.
Ayant dressé le cadre de la nouvelle coopération, les orateurs ont cité comme conditions préalables au développement durable des PMA, leur intégration au commerce international, l’allègement de leur dette et la fourniture d’une aide au développement humain. Ainsi, l’ initiative « Tout sauf les armes » de l’Union européenne –accès en franchise et sans quota aux produits des PMA à l’exception des armes- a été mise en avant par M. Prodi, qui a jugé important, pour accroître l’impact de cette mesure, « que les PMA aient leur place autour de la table des négociations de l’Organisation mondiale du commerce et qu’ils soient vé ritablement associés à la mise en place des règles du commerce mondial ».
L’affectation de ressources tirées de l’expansion mondiale pouvant être compromise par le poids de la dette, la question de l’ allègement des créances a été au cœur des interventions. Après l’Initiative PPTE du G8 en faveur des pays pauvres très endettés et celle des 19 pays du Club de Paris, les membres de l’Union européenne ont souhaité aller plus loin et, a annoncé le Président de la Commission européenne, ont décidé de renoncer au recouvrement de toutes les dettes des PMA encore en souffrance à la suite de prêts spéciaux consentis au titre des conventions de Lomé ;. Le Président Chirac a, pour sa part, dit son intention de demander à la Banque mondiale d’accorder des dons pour financer des projets à buts sociaux. Au chapitre du développement humain, l’attention a é té focalisée sur la lutte contre le VIH/sida. La décision de la Commission europé enne de demander la mise en place d’un mécanisme efficace de tarification modulée pour les principaux produits pharmaceutiques et de dissocier complè tement les achats de médicaments de toutes les autres formes d’aide au développement a été annoncée par le Pré sident de la Commission européenne.

La proposition du Secrétaire général de l’ONU visant à créer un Fonds mondial de 7 à 10 milliards de dollars pour la lutte contre le Sida, la malaria, la tuberculose et autres maladies infectieuses a été particulièrement appuyée par le Président de la France et le Premier Ministre de Belgique, M. Guy Verhofstadt. Ce dernier a saisi l’occasion, de ce matin, pour aborder le processus de paix dans la région des Grands Lacs, où quatre PMA sont en conflit, et présenter les initiatives que prendra la Belgique lorsqu’elle assumera la Présidence de l‘Union européenne. Le Premier Ministre a souhaité que les questions de la sécurité des belligérants, du retrait des troupes étrangères et du dialogue intercongolais forment une plate-forme qui permette à la future présidence belge de l’Union européenne de lancer un Plan d’action pour l’Afrique centrale dont les principaux outils seraient la coopération et l’aide économique.
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que les populations des pays les moins avancés vivent dans des conditions tellement difficiles que leur vie est une lutte incessante contre les maladies infectieuses, le manque d’eau potable, l’ignorance dans la pauvreté la plus absolue et souvent dans un contexte de conflit armé. Les populations des PMA ne veulent cependant pas qu’on leur fasse la charité, mais veulent simplement qu’on leur donne une chance d’occuper la place qui devrait être la leur dans les marchés mondiaux et la nouvelle économie.
Nous sommes ici pour examiner les moyens qui pourraient permettre cette intégration et pour convaincre les partenaires potentiels qu’il en va d’un intérêt commun, a déclaré le Secrétaire général. En 10 ans, la situation des PMA s’est aggravée et leur nombre a augmenté, atteignant a aujourd’hui 49. Le seul pays qui était sorti de cette catégorie, et qui est le Botswana, est aujourd’hui menacé par la pandémie du VIH/sida. Cette Conférence doit être différente des deux précédentes qui ont traité des PMA. Il est prévu que la Conférence qui s’ouvre aujourd’hui débouche sur un accord, et sur la mise en place d’un mé canisme de vérification de l’application des engagements qui seront pris. Nous ne devons pas abandonner les 600 millions d’êtres humains qui vivent dans la misère dans les PMA, a dit M. Kofi Annan. La communauté internationale doit relever le défi qui lui est posé.
M. GORAN PERSSON, Premier Ministre de la Suède dont le pays assume la Présidence de l’Union européenne, a dit l’honneur pour l’Union d’accueillir une « Conférence aux défis énormes ». La lutte contre la pauvreté, a-t-il souligné, est une question d’ordre moral. La pauvreté n’étant pas irréversible, selon lui, le Premier Ministre a estimé que le monde est à la croisée des chemins et qu’il faut saisir l’occasion qui s’ ;offre, de par l’augmentation des richesses et les progrès scientifiques et technologiques, de l’éliminer. Il a donc espéré que cette Troisième Conférence sur les PMA permettra de trouver les instruments pour éliminer cette pauvreté dans le monde entier.
Mme NICOLE FONTAINE, Présidente du Parlement européen, a déclaré que le Parlement européen forme le vœu que cette troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) soit un lieu de vérité et de remise à plat des stratégies partenariales de développement, en les fondant notamment sur l’ouverture sans droits ni limite, des marchés des pays développés aux produits des pays les moins dé veloppés, sur l’effacement généralisé de leur dette, sur le redressement de l’aide internationale au niveau minimal des engagements antérieurs et sur le soutien prioritaire aux économies d’autosubsistance, essentiellement agricoles et artisanales, plutôt qu’aux entreprises publiques lorsque celles-ci deviennent des gouffres.
Poursuivant, Mme Fontaine a estimé que le libéralisme économique qui s’impose aujourd’hui à travers le monde, et dont nul ne peut sérieusement contester qu’il est préférable, y compris socialement, au dirigisme étatique de l’économie, n’est acceptable et bé néfique que dans la limite ou il prend en compte la dimension humaine des hommes et des femmes qui travaillent et génèrent, par leur travail, des richesses accrues. La Présidente du Parlement a ensuite évoqué le futur é largissement de l’Union européenne a une douzaine de nouveaux Etats membres de l’Europe centrale, orientale et méditerranéenne et les grands efforts financiers préalables qu’il nécessite. Elle a insisté ; sur le fait que cet élargissement ne se fera pas au détriment des relations et de l’aide internationale que l’Europe apporte et doit apporter aux pays les plus pauvres du monde et notamment ceux du Sud. Les accords de Cotonou en sont le témoignage, a-t-elle ajouté, ainsi que l’initiative récente prise par la Commission européenne, en vue d’accorder le libre accès aux marchés de l’Union, à tous les produits originaires des pays les moins avancés, à l’exception des armes et des munitions.
En conclusion, Mme Fontaine a déclaré que le Parlement et l’Europe dans son ensemble seront d’autant plus ouverts à étendre leur soutien au développement des pays les pauvres du monde que ce développement s’effectuera dans le respect des valeurs universelles auxquelles tous leurs pays ont souscrit en adhérant à la Charte des Nations Unies, et qu’ils viennent d’étendre en signant à Nice la Charte des droits fondamentaux. L’élimination du travail forcé des enfants, la promotion de la démocratie et de l’état de droit, le respect des libertés fondamentales, la liberté de la presse, l’égalité entre les hommes et les femmes, sont à cet égard des éléments déterminants de l’adoption par le Parlement européen des accords de coopération qui requièrent son approbation.
M. ROMANO PRODI, Président de la Commission européenne, a souligné qu’avec la convention de Lomé, le système des pré férences généralisées et l’accord de Cotonou, la communauté européenne a é té le promoteur d’une formule « vraiment novatrice » de la coopération au dé veloppement qui associe « avec succès » les instruments de l’aide et du commerce. Soulignant aussi que la Commission européenne est l’un des principaux pourvoyeurs mondiaux d’aide au développement, il a indiqué que l’un des objectifs primordiaux de cette aide est d’améliorer la santé dans les pays en développement. M. Prodi a ainsi précisé que la Commission a élaboré un « ambitieux programme d’action quinquennal » pour lutter contre les maladies contagieuses qui affligent gravement les PMA. Dans ce cadre, il a indiqué que la Commission européenne a demandé la mise en place d’un mécanisme efficace de tarification modulée pour les principaux produits pharmaceutiques. Il a, en outre, annoncé la décision de la Commission de dissocier complètement les achats de médicaments qu’elle fabrique de toutes les autres formes d’aides au développement. Venant aux mesures à prendre en ce qui concerne la remise de la dette et le commerce, M. Prodi a annoncé qu’après son implication dans l’Initiative en faveur des pays les plus endettés (PPTE) et sa décision d’annuler 1 milliard de la dette due par les PMA, l’Union européenne a décidé de renoncer au recouvrement de toutes les dettes des PMA encore en souffrance à la suite de prêts spéciaux consentis au titre des conventions de Lomé. En ce qui concerne le commerce, la Communauté européenne, a rappelé M. Prodi, a pris « la décision radicale » d’accorder l’accès en franchise et sans quota à tous les produits des PMA à l’ exception des armes. Dans ce contexte, M. Prodi a jugé nécessaire que les PMA aient leur place autour de la table des négociations de l’OMC et qu’ils soient véritablement associés à la mise en place des rè gles du commerce mondial. La Communauté européenne est résolue à rester à la pointe de la lutte contre la pauvreté dans les PMA, a insisté M. Prodi en citant les questions de l’éducation, de la santé, de l’égalité entre les sexes, de la sécurité alimentaire et de la bonne gouvernance. Insistant particulièrement sur la bonne gouvernance, M. Prodi a souhaité qu’au cœur des politiques d’aide au développement soit placée la lutte contre la corruption. Il a donc précisé que la Commission européenne soutiendra en priorité les partenaires qui s’engagent résolument à mettre en œuvre les ré formes internes nécessaires. « Il n’y aura pas de chèque en blanc », a-t-il dit, mais un dialogue permanent tenant compte des réalités de la situation afin de cibler efficacement l’aide. Il a terminé en soulignant que l’action de la communauté européenne ne saurait suffire à elle seule. Pour véritablement éradiquer la pauvreté, a-t-il estimé, il faut que l’ ensemble de la communauté internationale, y compris les gouvernements des PMA et la société civile, s’engage à mener une action conjointe.
Mme SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a déclaré ; en tant que coordonnateur des pays les moins avancés, que c’est grâce à des efforts conjoints entre PMA et pays donateurs que les défis auxquels font face les PMA pourront être relevés. Quand le 15 août 1995, Sir Rahman, le père de l’indépendance du Bangladesh fut assassiné, on dé couvrit que les auteurs de son assassinat avaient rapidement trouvé refuge à l’é tranger. Ce fait permit de se rendre compte que la circulation des personnes qui caracté rise la mondialisation pouvait s’accompagner de grande criminalité internationale. Dans la nouvelle donne internationale, le Gouvernement du Bangladesh a déployé beaucoup d’efforts en vue d’ améliorer la vie de ses citoyens aussi bien sur les plans de l’éducation que du logement ou de la santé. Des programmes ciblés d’allègement de la pauvreté ont permis une baisse notoire de l’indice de pauvreté et une hausse du taux d’alphabétisation, a dit Mme Sheikh Hasina. Grâce à une croissance moyenne de 5% par an, le niveau de vie des populations s’est é levé, et sur le plan agricole notre pays est aujourd’hui un producteur excé dentaire de céréales.
Les PMA ont besoin d’un cadre international plus favorable à leur commerce et à leurs échanges. Le développement humain et social doit aussi être mieux promu dans ces pays pour y mettre en valeur le potentiel humain indispensable à leur décollage économique. Les PMA continuent d’être victimes de barrières tarifaires et non tarifaires injustes, a estimé Mme Sheik Hasina. Tout en reconnaissant les efforts déployés par l’Union européenne sur cette question, nous souhaiterions que les pays d’ Amérique du Nord et le Japon suivent l’exemple européen. Nous espé rons que cette Conférence prendra des engagements fermes en faveur d’un meilleur régime commercial. Il faut que les produits des PMA aient un accès sans barrière aux marchés du Nord, de même que des mesures favorisant ces produits et un suivi des engagements qui seront pris en matière commerciale à la fin de la Conférence. Toute mesure de contrôle devrait se faire avec la collaboration des PMA. Le secteur privé doit être inclus dans ces partenariats afin de leur assurer plus d’efficacité. C’est à ce prix que l’on pourra mettre fin à la marginalisation et à l’ inégalité dont sont victimes les PMA. Les deux programmes d’action précédents se sont soldés par des échecs. Nous espérons que celui qui sera adopté à la fin de cette IIIème Conférence connaîtra plus de succès, car nous ne pouvons plus nous permettre un échec, a dit le Premier Ministre du Bangladesh.

M. GUY VERHOFSTADT, Premier Ministre de la Belgique, a d’abord rappelé que l’Union européenne est la principale destinataire de plus de la moitié des exportations des PMA et qu’elle apporte, en outre, plus de la moitié de l’aide au développement. Il a aussi rappelé ; qu’en février dernier, le Conseil des ministres de l’Union a approuvé l’ importation sans tarifs ni quotas des produits des PMA, une initiative qui, selon le Premier Ministre, renforce l’espoir d’un commerce mondial qui profite véritablement aux PMA. Il a ensuite cité les trois défis que son pays entend relever, à savoir la lutte contre la pauvreté, la remise de la dette et le conflit en Afrique centrale. Sur le Sida, il a annoncé l’intention de la Belgique de réunir les scientifiques et les responsables politiques pour initier une discussion visant à « opé rationnaliser » la lutte contre cette pandémie. Il a, de plus, estimé que la proposition du Secrétaire général de l’ONU de créer un Fonds mondial mérite la plus grande attention car « le Sida ne peut être vaincu que si dans le mê me temps la pauvreté recule ».
Venant à la remise de la dette, le Premier Ministre a indiqué qu’après avoir contribué 2,5 millions d’euros au Fonds de la Banque mondiale, son pays entend verser une somme supplémentaire de 5 millions d’euros. Pour ce qui est des initiatives bilatérales, il a appuyé la décision du Club de Paris de réduire de 90% la dette commerciale garantie des pays les plus pauvres. Pour sa part, a-t-il ajouté, la Belgique a annulé la dette de sept pays et envisage de faire de même pour cinq autres pays. Abordant le processus de paix dans la région des Grands Lacs, il a dit constater « une évolution positive » qui devrait mener à l’application entière de l’Accord de Lusaka. Dans ce cadre, il a cité comme points importants la sécurité des belligérants, le retrait des troupes étrangères et le dialogue intercongolais. Ces trois éléments, a-t-il dit, doivent former une plate-forme permettant à la Pré sidence belge de l’Union européenne de lancer un Plan d’action pour l’Afrique centrale ; les principaux outils de ce plan devant être l’aide, la coopération et l’aide économique. Il faut pour les PMA, a conclu le Premier Ministre, des engagements et des mécanismes concrets en souhaitant que la Conférence apporte une contribution sensible à la forme de « self reliance » voulue.
Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. HARRI HOLKERI, a dit que la IIIème Conférence de l’ONU sur les PMA était la première rencontre internationale se tenant dans l’esprit de la Déclaration du millénaire. Le premier objectif de cette Déclaration é tait que la pauvreté soit considérablement réduite d’ici à l’an 2015. Les leaders ont aussi dit que si les PMA devaient assumer leurs responsabilités, ils devaient aussi cependant bénéficier d’une aide de la part des pays développés. D’autres grandes conférences se tiendront dans les mois et l’année à venir, sur les armes, les droits des enfants, le racisme et la discrimination, le financement du développement. Les Nations Unies en sortiront toujours plus fortes, mais il revient aux Etats Membres de respecter les engagements qu‘ils prennent au cours de ces rencontres et celles qui ont suivi. Le programme d’action qui sera adopté à la fin de cette Conférence devra être mis en œuvre efficacement. Il est regrettable que les Ministres des finances des PMA ne soient pas plus présents ici à Bruxelles, a dit M. Holkeri, en estimant qu’ils sont la cheville ouvrière de la mise en oeuvre des engagements qui seront pris. Nous espérons que cette erreur sera réparée lors de la conférence sur le financement du développement, a-t-il dit. Les pays en développement ont honoré les engagements qu’ils avaient pris en matière de réformes de leurs économies, a dit M. Holkeri, ajoutant qu’il est du devoir des pays riches de respecter les leurs. Les engagements du programme d’action qui seront pris à ; Bruxelles devront être tenus pour permette aux PMA de s’inté grer à l’économie mondiale.
Le Président de la France, M. JACQUES CHIRAC, a souligné le paradoxe et le contraste entre, d’une part, la richesse et l’« arrogance » des sociétés industrialisées et des pays à é conomie émergente, d’autre part, des « nations qui souffrent ». Devant « cette injustice fondamentale », nous ne devons pas nous résigner, a dit M. Chirac en citant comme « impératif politique et moral », le devoir de solidarité. La communauté internationale, a-t-il insisté, n’a pas le droit d’exclure plus de 600 millions d’êtres humains. Il a donc souhaité que cette Conférence affirme avec force les trois principes de l’aide aux PMA, mondialisation de la solidarité, leur intégration, mondialisation au service de tous, et la nécessité pour eux de s’engager et d’agir. La responsabilité et la volonté de celui qui reçoit sont essentielles car rien ne se fera qu’il n’aura lui-même décidé, a dit M. Chirac avant de considérer que l’absence de développement des PMA prive du dynamisme économique et culturel qui est une source d‘enrichissement pour tous. Pour M. Chirac, l’aide aux PMA participe, en fait, de la bonne gestion des biens publics mondiaux.
Il a ensuite évoqué les questions de l’allè gement de la dette qui, selon lui, est en bonne voie depuis le Sommet du G8 à Lyon qui constitue un effort global de 60 milliards d’euros auquel la France participe à hauteur de 10 milliards. M. Chirac a, dans ce contexte, annoncé la proposition de la France de demander à la Banque mondiale d’accorder des dons pour financer des progrès sociaux. Il a ensuite abordé la question de l’ aide publique au développement en appelant les pays industrialisés à consacrer, comme ils s’y étaient engagés, 0,2% de leur PNB aux PMA. La France, a-t-il expliqué, s’attache à améliorer la qualité de l’aide en encourageant, en particulier, le dialogue avec les pays bénéficiaires et l’implication de la société civile dans l’élaboration et l’exécution des programmes. La France entend aussi mobiliser les initiatives privées, a poursuivi M. Chirac en annonçant sa proposition d’accroître les avantages fiscaux ré servés aux dons. Mais l’aide ne saurait suffire, a-t-il convenu, en appelant à une véritable intégration des PMA dans « une mondialisation au béné fice de tous » dans laquelle le FMI et la Banque mondiale doivent jouer un rôle central.
Rappelant l’initiative « Tout sauf les armes » de l’Union européenne, M. Chirac a souhaité un nouveau cycle global où les pays en dé ;veloppement trouveront les garanties pour leurs débouchés et des mé canismes d’intégration. L’aide à l’intégration ne peut être efficace que si elle vient en appui aux efforts nationaux, a encore précisé M. Chirac. Pour ce faire, il a avancé les quatre impératifs que sont la lé gitimité politique, l’établissement des bases sociales du développement, la mise en place des infrastructures et la création d’un environnement favorable à ; la création des richesses. Commentant le premier impératif, il a dé claré « pas d’aide aux régimes corrompus, aux oppresseurs et aux pré dateurs ». Il a également commenté le deuxième impératif en s’ attardant sur la lutte contre le sida et la nécessité d’un accord sur la fourniture à long terme des médicaments à prix réduit et les productions locales. Il a aussi plaidé pour la constitution d’un fonds pour le financement de cet accord.

M. Chirac a encore appuyé la proposition du Secrétaire gé néral du Fonds mondial pour la lutte contre le sida. Il a conclu sur le dernier impé ratif en soulignant que la ligne adoptée par l’agence française de coopération vise désormais la croissance des petites entreprises. En signe d’ espoir et de confiance, le Président français a proposé que dé ;sormais les PMA soient appelés « prochains pays émergents ».


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