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Communiqués de presse Procédures spéciales

DES DELEGATIONS PROPOSENT QUE LES TRAFICS D'ENFANTS A DES FINS DE TRAVAIL FORCE SOIENT CONSIDERES ET PUNIS COMME DES CRIMES CONTRE L'HUMANITE

13 Juin 2001



Comité préparatoire de la session
extraordinaire de l’Assemblée générale
consacrée aux enfants
13 juin 2001
6ème séance – après-midi





Le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux enfants a achevé, cet après-midi, l'examen du rapport du Secrétaire général "Nous, les enfants".

Au cours de la réunion de cet après-midi, la question des enfants victimes d'exploitation dans les pays économiquement en difficulté a été évoquée par plusieurs délégations de pays en développement. Prenant la parole à cet égard, la représentante du Bénin a déclaré que les activités dénoncées il y a quelques semaines dans la presse internationale et qui avaient trait à la présence "d'enfants esclaves" en provenance des côtes béninoises sur un bateau refoulé par les autorités portuaires de plusieurs pays du Golfe de Guinée, faisaient l'objet d'enquêtes de la part du Gouvernement du Bénin. La République du Bénin, a-t-elle dit, dénonce tout trafic d'enfants qui abuserait des traditions culturelles qui ont existé dans la région d'Afrique de l'Ouest au cours des siècles écoulés, et qui consistaient, pour certaines familles ou clans, à confier leurs enfants à des familles proches en vue d'enrichir leur éducation et de créer des liens de solidarité sociale. Le Bénin et les pays qui l'entourent souffrent, en ce moment, de l'image négative qui leur a été faite auprès de l'opinion internationale après cet incident, et collaborent avec les institutions internationales dont l'UNICEF, pour mettre fin à ce phénomène, a dit la représentante.

Intervenant sur la même question, la représentante de la Côte d'Ivoire a précisé que le Gouvernement de son pays avait signé un accord avec celui de la République du Mali en vue de faciliter le retour et la réinsertion dans leurs sociétés d'origine des mineurs qui circulent illégalement dans la sous-région et sont objet d'exploitation de la part de groupes organisés peu scrupuleux. La Côte d'Ivoire, a-t-elle souligné, considère les trafics d'enfants à des fins d'exploitation par le travail forcé comme un crime contre l'humanité, et a promulgué une législation conforme aux instruments internationaux et qui punit sévèrement ces actes. Mais, a-t-elle ajouté, au lieu de se contenter de dénoncer de manière sensationnelle ces violations des droits de l'enfant quand elles sont commises, la communauté internationale devrait aider les pays qui en souffrent à les combattre en leur prodiguant une assistance juridique et matérielle.

A la suite de l'évocation de cette question par des délégations d'Etats Membres, plusieurs organisations non gouvernementales ont demandé que des mesures spéciales soient incluses dans le document final de la session extraordinaire consacrée aux enfants, afin de mettre fin à ces pratiques. Trente millions d'enfants sont victimes de différents genres de trafics à travers le monde, s'est indigné le représentant de l'ONG "Terre des hommes". Et ces activités, a-t-il révélé, ne sont pas seulement liées au travail forcé ou à l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales. Elles concernent aussi le commerce qui s'est créé autour des adoptions illégales d'enfants originaires des pays pauvres. Tout trafic d'enfants et tout crime organisé qui en fait son terrain de prédilection doivent être considérés comme des crimes contre l'humanité par la communauté internationale, a-t-il proposé en demandant qu'un chapitre spécial soit consacré à ces violations dans le document final de la session extraordinaire de l'Assemblée.

Les délégations dont les noms suivent ont aussi pris la parole au cours de cette réunion: Burkina Faso, Tanzanie, Zimbabwe, Nicaragua, Gambie, Erythrée, Guatemala, Niger, Venezuela, Sénégal, Equateur et Yémen. Les représentants du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) se sont exprimés. Les ONG "Campagne de lutte contre le tabagisme"; "Union globale pour l'enfance"; "Réseau sur la santé, l'environnement et la sûreté des enfants"; "Groupe sur les handicaps"; "Groupe sur la violence et les enfants"; "Marche mondiale contre le travail des enfants"; "Fraternité Notre-Dame" et "Alliance pour les droits des enfants d'Angleterre", ont également pris la parole. L'Observateur de la Palestine a exercé son droit de réponse.

Le Comité préparatoire poursuivra ses travaux, demain matin à 10 heures.


EXAMEN DU RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL

Suite du débat général


Mme SERAPHIE TOE (Burkina Faso) a apporté le soutien de sa délégation aux recommandations du Forum du Caire pour les droits des enfants africains, qui ont été présentées au Comité par la représentante personnelle de la Première dame et du Président de l'Egypte. D'importants défis restent à surmonter dans la lutte contre la mortalité infantile, a estimé la représentante. Ils ont notamment trait aux carences nutritionnelles dont souffrent les femmes et les enfants au Burkina Faso. Le pays compte 32,4% des femmes enceintes qui souffrent de déficiences en fer et d'anémie, et nous soutenons toutes mesures qui pourraient être prises en vue de lutter contre les anémies causées par une carence en fer. Le Burkina Faso doit faire face à la pandémie du VIH/sida et à d'autres infections qui touchent aujourd'hui sa population et ses enfants. Quant au taux de scolarisation, notre pays n'a pas pu atteindre les niveaux qu'il avait espérés au début de la décennie écoulée. Les trafics d'enfants et leur usage dans les conflits sont d'autres questions auxquelles doit faire face notre Gouvernement. Trois cas de figures se présentent en ce qui concerne l'exploitation des enfants: ce sont les placements d'enfants comme domestiques ou aides de familles; les enfants utilisés dans les trafics de drogue; la prostitution des enfants, et enfin leur utilisation dans les conflits armés. Nous espérons que nous pourrons, ensemble, trouver des réponses à ces questions.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a rappelé la position commune de l’Afrique déterminée lors de la Conférence du Caire. Il s’est félicité du rapport du Secrétaire général qui donne une vision réaliste de la situation des droits de l’enfant, et par conséquent, va permettre de mieux construire la stratégie d’avenir. Il a estimé que le document final devrait tenir compte de la situation des enfants qui ont besoin de mesures spéciales, comme les orphelins ou les enfants handicapés. Il faudrait, en outre, donner aux jeunes la possibilité de participer au processus et d’assumer pleinement leurs responsabilités. Les médias si ils peuvent jouer un rôle utile dans l’amélioration de la condition des enfants doivent néanmoins s’abstenir de diffuser des images stéréotypées concernant les femmes et les enfants. Prochainement, la Tanzanie va s’efforcer de mobiliser encore plus le public par le biais notamment de la campagne “Dites oui aux enfants”. Le représentant a ensuite reconnu avec le Secrétaire général que la pauvreté extrême était le défi prioritaire à relever si l’on veut véritablement oeuvrer en faveur des enfants.

Mme SIKIRATH ADEOTHY, représentante personnelle du Président du Bénin, a déclaré que son pays a élaboré un plan national en faveur des femmes et des enfants en vue d'améliorer leur existence. Les actions entreprises auraient pu avoir un meilleur impact si l'aide publique au développement (APD) n'avait dramatiquement baissé. Le Bénin a signé et ratifié la plupart des instruments internationaux dont la mise en oeuvre peut avoir un impact positif sur la vie des enfants. En plus de la Convention sur les droits des enfants, nous pouvons citer la Convention sur l'interdiction de l'usage des mines terrestres antipersonnel. Le Bénin a été mis à l'index de l'opinion internationale pour les pratiques de placement d'enfants dans les familles, qui ont une origine culturelle basée sur la solidarité familiale. Aujourd'hui cette pratique a connu des dérives, et ces enfants sont employés à des tâches ingrates et éreintantes. Ce qui était autrefois pratique culturelle est devenu une forme de trafic et d'exploitation. Nous avons encore en mémoire les grands titres de la presse internationale sur la présence "d'enfants esclaves" sur un navire nigérian. Les enquêtes menées après coup ont démenti ces allégations. Le Gouvernement du Bénin informera la communauté internationale des résultats de cette enquête afin de réparer le tort causé à notre pays et à ses voisins. Le Bénin souhaite cependant que la communauté internationale aide les pays en difficulté à donner à leurs populations un niveau de vie décent, car l'exploitation des enfants est bien souvent due à la pauvreté et à la misère des familles.

M. PAULINUS SIKOSANA (Zimbabwe) a fait remarquer que la majorité des enfants qui se trouvent en situation difficile ou vivent dans l’extrême pauvreté se trouve en Afrique. Il est donc clair qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la condition de tous les enfants du monde.

A cet égard, il a indiqué que les dirigeants africains ont mis en lumière la nécessité d’élaborer une stratégie permettant à la coopération internationale de venir relayer efficacement les efforts déployés par les gouvernements, la société civile et les ONG. Nombreux sont les exemples d’initiatives prises ces derniers temps par les dirigeants de ce continent, témoignant ainsi de leur volonté politique et de leur prise de conscience pour le plein épanouissement des droits des enfants relève en premier lieu de leur responsabilité, et de celle de leurs citoyens, ainsi que le pose clairement le document issu de la Conférence panafricaine du Caire. L’une des manières de permettre aux pays les plus pauvres d’investir davantage dans la santé, l’éducation et les services sociaux, est de leur accorder un allègement véritable de la dette. Des mesures dans ce sens doivent rapidement être mises en oeuvre, en échange de l’engagement ferme des dirigeants des pays bénéficiaires qu’ils déploieront des efforts durables de lutte contre la pauvreté. Il faudra, dans le même temps, reconnaître clairement que toutes les ressources promises n’ont pas été au rendez-vous et que durant les dix dernières années, l’aide publique au développement n’a cessé de diminuer. C’est à ces conditions qu’il sera véritablement possible de construire un monde accueillant pour les enfants.

Mme GLENDA REYES, représentante personnelle du Président du Nicaragua, a déclaré que sa délégation reconnaît les efforts personnels déployés par le Secrétaire général pour améliorer la situation des enfants dans le monde. Notre pays a pris de nombreuses mesures pour renouveler les engagements pris à l'égard des droits des enfants. Nous encourageons les Etats Membres à distribuer le rapport de M. Kofi Annan auprès de leur public afin d'en faire connaître les idées. Le rapport mentionne clairement que la raison pour laquelle les pays en développement n'ont pas pu mettre en oeuvre les recommandations du Sommet mondial pour les enfants est d'abord l'absence d'investissements dans l'économie de ces pays en cette période de mondialisation. La vulnérabilité de pays d'Amérique centrale aux catastrophes naturelles est un facteur qui porte préjudice à l'amélioration de la condition des enfants dans notre région. Nous nous sommes cependant attelés à rompre le cycle de pauvreté qui se perpétue du fait des mauvaises conditions économiques et des catastrophes naturelles. Le Nicaragua est convaincu que les problèmes des jeunes et des adolescents pourraient être résolus par l'éducation et de meilleures mesures de soins de santé.

Mme ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la Gambie, a expliqué que les initiatives de son Gouvernement s’attachent à atténuer les effets de la pauvreté tout en plaçant les questions relatives aux enfants et aux femmes au premier plan des efforts de développement. Elle a indiqué toutefois que, à l’image de nombreux autres pays moins avancés, ces efforts ont souffert du déclin général de l’aide publique au développement au cours de ces dix dernières années. Or, il sera difficile de créer un monde approprié pour les enfants sans la fourniture des moyens financiers nécessaires, a prévenu la Vice-Présidente. Faisant part des progrès enregistrés par son pays, elle a reconnu que la malaria et les maladies respiratoires continuent de poser un problème grave en Gambie. En outre, les autorités ont dû faire face à une demande croissante en matière de services sociaux et sanitaires liée à l’augmentation de la population, mais aussi à l’afflux de réfugiés et d’immigrés. Elle a espéré que les travaux du Comité préparatoire et la session extraordinaire déboucheront sur un consensus autour d’un texte concis, clair, gérable et véritablement soucieux des enfants, les mettant au premier plan des efforts de développement mondiaux et nationaux.

Mme ASKALU MENKERIOS, représentante personnelle du Président de l'Erythrée, a déclaré que sa délégation estime que la position de l'Afrique, exprimée au Caire, doit pleinement être reflétée dans le document final de la session extraordinaire. Notre pays a été profondément affecté par les conflits armés et l'utilisation d'enfants dans les combats, a-t-elle relevé. Malgré les promesses de "dividendes de la paix" qui nous ont été faites, la communauté internationale ne nous pas soutenus et n'a pas accompli ce qu'elle avait promis à d'autres pays de la région qui ont souffert des affrontements que nous avons connus avec un pays voisin. En situation de sortie de conflit, les pays ont besoin d'une aide supplémentaire et d'assistance pour remettre en état leurs structures de santé et d'éducation. L'Eryhtrée a ratifié la Convention sur les droits de l'enfant, et nous avons toujours démontré nos engagements envers tous les instruments internationaux qui touchent au bien-être des tout-petits, a estimé la représentante. Notre expérience nous a montré que des efforts de collaboration entre les gouvernements, les agences compétentes de l'ONU, les ONG et les organismes régionaux, sont efficaces pour faire face aux besoins des enfants. Mais les retards dans le transfert de ressources et d'aide humanitaire peuvent bien souvent remettre en cause tous les progrès accomplis. Nous demandons donc une réponse opportune aux besoins des pays sortant de conflits.

Mme CRISTIAN MUNDUATE (Guatemala) a déclaré que la Convention sur les droits de l’enfant et le Sommet mondial de 1990 ont donné naissance à une nouvelle conception du monde: un monde qui donnerait la priorité aux intérêts des enfants. Le Plan d’action qui en a découlé a permis de mettre en lumière les mécanismes pour y parvenir. Au niveau régional, les textes de Lima, de Kingston et du Panama ont renforcé la voie à suivre et à laquelle s’attache le Guatemala. Pour de nombreux pays en développement, les obstacles et les défis à surmonter sont similaires, a fait remarquer la représentante. La malnutrition, la santé et l’éducation sont pour tous ces pays des domaines où des progrès doivent intervenir rapidement. Le manque d’éducation étant le principal facteur qui limite le développement du Guatemala, le système éducatif se voit désormais accorder la priorité absolue. De même, le Gouvernement s’efforce de lutter et d’éliminer le travail des enfants. Faisant observer que son pays est pluriethnique et multilingue, la représentante a plaidé en faveur d’une reconnaissance claire dans le document final de la session extraordinaire des diversités culturelles et de la non discrimination. Elle a également lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle redouble ses efforts de coopération. En conclusion, elle a indiqué qu’après 36 ans de conflit armé, son pays s’attachait désormais à promouvoir une culture de tolérance et de consensus pouvant servir de modèle pour les enfants d’aujourd’hui et de demain.

Mme AICHATOU FOUMAKOYE, Ministre du développement social, de la population, de la promotion de la femme et de la protection des enfants du Niger, a déclaré que son pays apprécie le contenu du rapport du Secrétaire général. Nous soutenons les recommandations du Forum panafricain sur les enfants qui s'est tenu au Caire, a-t-elle ajouté en souhaitant les voir dans le document final. Les enfants africains sont plus défavorisés que ceux des autres continents, et le Gouvernement du Niger a décidé, sous la direction du Président, pour lutter contre le sort tragique de ses enfants, de promouvoir la construction de structures sociales dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la nutrition. La mise en oeuvre du plan national pour la nutrition de 1997 à 2001, n'a pas permis, malgré les efforts déployés, d'améliorer la situation des enfants dans ce domaine. Les PMA ne peuvent, à eux seuls, parvenir à juguler le phénomène de la pauvreté endémique qui les frappe, a dit Mme Foumakoye. Ils ont besoin de l'aide de la communauté internationale.

L'Emir du Gobir, NORJA BALAMARAFA (Niger), parlant au nom de l'Association des Chefs traditionnels du Niger, a remercié l'UNICEF pour les programmes qu'elle mène au Niger. Il a rappelé que la chefferie traditionnelle est un précieux adjoint de l'administration en matière de gestion publique. C'est une structure de mobilisation des populations qui peut aider le gouvernement à mener ses actions sociales et nous sommes heureux de la signature d'un protocole entre les chefferies traditionnelles et l'UNICEF, qui a permis de mettre en oeuvre des programmes en faveur des enfants en matière de vaccination, d'éducation des jeunes filles, de lutte contre le VIH/sida, contre le paludisme, contre les mariages précoces et contre certaines pratiques traditionnelles nuisibles au développement des enfants. Cette collaboration entre l'UNICEF et les chefs traditionnels a permis l'organisation d'un colloque à Niamey qui a réuni plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. La session extraordinaire de l'Assemblée générale peut compter sur l'engagement et la collaboration des chefs traditionnels dans le domaine de la promotion des droits de l'enfant et des femmes. Nous comptons sur le soutien de la communauté internationale et de l'UNICEF, qui nous aide à prendre soin en ce moment de 5 000 enfants victimes d'absorption d'eau contenant du chlore.

M. MILOS ALCALAY (Venezuela) a cédé la parole à Janslisbert Velasco, adolescente de son pays, qui a évoqué la participation des jeunes au développement du pays. Elle a indiqué que le principe des droits et de la protection des enfants est posé dans la nouvelle Constitution du pays ainsi que dans les lois. Les enfants sont au Venezuela considérés comme des citoyens à part entière du pays. Ceci a été obtenu grâce à la participation active des jeunes réunis en une Assemblée constituante des enfants et des jeunes. Dans son forum, ont été discutées les différentes manières de renforcer au maximum l’instrument juridique en faveur des enfants. Depuis cette année, ce modèle a donné naissance à des assemblées régionales des enfants et des adolescents qui permet à cette catégorie de la société de faire entendre sa voix et son opinion sur les thèmes importants qui les concernent. Malgré cela, la participation active des enfants reste un défi, a reconnu la jeune femme, avant de demander à ce que les pays ne se contentent pas d’écouter les jeunes mais les associent pleinement à la prise de décisions. Les jeunes ont en effet prouvé qu’ils étaient capables de cerner les enjeux des problèmes auxquels sont confrontées les nations et d’identifier ce qui va dans le sens des intérêts de leur pays.


Mme BAROAN, représentante personnelle du Président de la Côte d'Ivoire, a estimé que les causes des échecs rencontrés par la communauté internationale en matière de droits de l'enfant au cours des années 90 étaient désormais connues. Il appartient donc à la communauté internationale de corriger les stratégies adoptées. La Côte d'Ivoire est un Etat de droit, dont les législations sont conformes aux textes des Nations Unies. En matière de droits de l'enfant, notre législation nationale est conforme aux termes de la Convention sur les droits de l'enfant. Le Gouvernement de la Côte d'Ivoire a fait de son mandat un mandat en faveur du développement des enfants et des adolescents. Des mesures sont prises pour protéger les mineurs de l'exploitation et des trafics. Concernant la question des "enfants esclaves" dans laquelle la Côte d'Ivoire a été citée, nous nous associons aux arguments de la délégation du Bénin. Les trafics d'enfants sont considérés comme un crime contre l'humanité par la législation ivoirienne, qui condamne lourdement les auteurs de ce genre d'actes. Notre Gouvernement a des liens de travail avec le Mali pour la réinsertion et le rapatriement des enfants victimes de trafics qui sont arrêtés sur le territoire ivoirien, et dont beaucoup sont originaires du Mali et du Burkina Faso. Des concertations sont en cours pour signer le même genre d'accord avec les autres pays voisins, et nous demandons à la communauté internationale de nous aider à trouver des solutions durables et définitives à cette question.

Mme AWA GUEYE KEBE, Ministre de la famille et de la petite enfance du Sénégal, a estimé que de manière générale le projet de document final de la session extraordinaire reflétait bien les préoccupations de son pays. Le Sénégal accorde en effet la plus haute attention aux enfants en bas âge ou non encore nés. Partant, les efforts déployés au niveau national concernent aussi les femmes enceintes. Conscient de l’importance de la survie, de la protection et de la participation des jeunes, le Sénégal a créé le ministère de la famille et de la petite enfance ainsi qu’un ministère de la jeunesse, dirigé par un jeune. Au plan législatif, de nombreuses mesures ont aussi été prises. Les droits des enfants ont été posés dans la Constitution et des lois contre les violences à l’égard des femmes et des enfants, condamnant des pratiques comme l’excision, ont été votées. Prochainement un Observatoire des droits de la femme et de l’enfant sera mis en place. Concrètement, l’approche des programmes mis en oeuvre est holistique et intégrée. Pour éloigner les jeunes de l’oisiveté et de la délinquance des centres culturels et de loisirs sont créés un peu partout dans le pays. Un mécanisme de concertation avec les enfants et la jeunesse, par l’intermédiaire notamment d’un Parlement des jeunes, a aussi été mis en place.

M. PABLO ROMERO QUEZADA, Vice-Ministre des affaires sociales de l'Equateur, a déclaré que son pays souscrit à la Déclaration mondiale sur la survie et la protection des enfants. L'Equateur a créé un Comité spécial chargé d'analyser le document "Un monde plus juste pour l'enfant". Des propositions ont été faites à cet égard, pour établir un ordre du jour politique équatorien pour les années à venir au profit de l'enfance, et nous espérons que 25% de notre budget national pourront être consacrés, au cours des années à venir, à la promotion des structures sociales et du bien-être des enfants. Notre Gouvernement travaille étroitement avec l'UNICEF pour s'assurer que les politiques que nous menons s'adaptent bien aux grandes lignes des recommandations internationales sur les droits de l'enfant. Le cercle vicieux de la pauvreté a, cependant, réduit nos possibilités d'investissements et constitue une source de soucis permanents.
Le nombre d'enfants abandonnés est passé de 40 000 à 60 000 au cours des cinq dernières années dans notre pays. L'Equateur estime que l'allègement du fardeau de la dette permettrait aux pays économiquement en difficulté de relancer leurs politiques sociales. L'application des ajustements structurels a porté des coups rudes à la qualité de vie de nos populations, c'est pourquoi nous demandons aux membres du Club de Paris de trouver rapidement une solution aux questions urgentes auxquelles nous faisons en matière de service de la dette.

Mme FATHIA MOHAMMED ABDULLAH (Yémen) a réitéré l’importance que son pays attache aux droits de l’homme en général, et à ceux des enfants en particulier. Elle en a pris pour preuve les nombreux programmes intersectoriels que son Gouvernement a mis en oeuvre. Un Conseil national des femmes et des enfants a été mis en place et il vise à ce que la Convention sur les droits de l’enfant soit pleinement appliquée dans le pays. En outre, un plan national d’action est en ce moment même à l’étude. Etant donné la grande pauvreté qui existe au Yémen, toutes les dispositions de la Convention et du Sommet mondial de 1990 n’ont pas pu être concrétisées. Cependant, des progrès substantiels ont été enregistrés, notamment en matière de mortalité infantile et de fourniture d’eau potable. La poliomyélite est en voie d’être totalement éliminée dans le pays. Une campagne nationale en faveur de la vaccination a été lancée pour lutter contre les maladies infantiles. L’éducation a également retenu l’attention des pouvoirs publics. Pour renforcer encore les progrès, une approche décentralisée a été adoptée par le Gouvernement. Une stratégie pour réduire le travail des enfants a aussi été élaborée en collaboration avec le BIT. En outre, le nouveau plan quinquennal du pays se concentre sur la réduction de la pauvreté. La représentante a plaidé pour que le document final interdise le recrutement des enfants soldats, dénonce les effets dévastateurs sur les enfants de l’occupation étrangère et des régimes de sanctions imposés à certains pays.

Mme CHRISTINA LINNER, Coordonnatrice principale pour les enfants réfugiés du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), a déclaré que la participation du HCR aux préparatifs de la session extraordinaire concerne essentiellement les enfants vivant en situation de réfugiés qui sont plusieurs millions à travers le monde. Ces enfants sont ceux qui courent le plus de risques, aussi bien sur le plan de l'exploitation sexuelle que sur celui du recrutement forcé comme enfants soldats. La protection internationale vis-à-vis de ces enfants devrait être renforcée. Les enfants réfugiés devraient avoir les mêmes droits que les autres. Ils devraient bénéficier d'une nationalité. D’autre part, les enfants ne doivent pas être exclus des procédures d'asile. Une assistance matérielle doit leur être fournie, et on doit recourir à une approche interinstitutionnelle pour prendre des mesures coordonnées au profit de la protection de l'enfance. La Convention protégeant le statut des réfugiés et les autres textes et protocoles facultatifs qui traitent de la même question devraient recevoir le soutien de toute la communauté internationale, et nous demandons que tous les pays ratifient ces textes. La communauté internationale devrait aussi prendre des mesures aux niveaux national et régional pour protéger les enfants réfugiés. Car si ces enfants sont l'avenir de l'humanité et qu'ils meurent, il n'y aura alors plus d'avenir.

Mme MARI SIMONEN, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a expliqué que le FNUAP contribue à la réalisation des objectifs du Sommet sur les enfants en consacrant ses ressources et son énergie à la survie de millions de femmes, d’enfants et d’adolescents et en luttant contre la propagation du VIH/sida. L’expérience montre que les programmes conçus, mis en oeuvre avec soin, et respectueux du contexte socioculturel, réussissent. Toutefois, cela ne suffit pas. Le FNUAP estime que les personnes, y compris les plus jeunes, doivent avoir le droit de faire leurs propres choix de vie, notamment en matière reproductive. Sans s’attaquer aux problèmes que constituent l’inégalité entre les sexes et la pauvreté, il n’y aura pas d’amélioration véritable de la santé génésique. Il faut donner la possibilité aux adolescents de faire des choix informés et responsables dans le domaine de la reproduction. Une attention particulière doit, ce faisant, être accordée à la lutte contre la propagation du VIH/sida chez les jeunes et surtout chez les jeunes filles qui sont particulièrement vulnérables. L’action du FNUAP est essentiellement centrée sur la prévention. A l’heure où la communauté mondiale va définir la voie à suivre pour la prochaine décennie, le FNUAP estime qu’elle doit dûment tenir compte de la question de santé génésique et reconnaître les bénéfices qu’elle peut tirer de la participation active des hommes et femmes concernés aussi difficiles que puissent être leurs conditions de vie actuelles.

M. HOWARD HJORT, représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a dit qu'il y avait un lien entre la sous-alimentation et l'absence de performances économiques ou scolaires. La pauvreté vient de la faiblesse de la force de travail des pays. Seule l'amélioration de la situation nutritionnelle des enfants et de leurs parents permettra de lutter contre le cycle de la pauvreté. La malnutrition n'est pas une question à attaquer sur le seul plan de la santé, elle doit être abordée de manière plus large. Il faut que tous les enfants reçoivent les apports nutritionnels dont ils ont besoin et ce ne sont pas les pharmaciens qui apporteront la réponse à ce problème, mais les agriculteurs et les fermiers.

La représentante de la campagne de lutte contre le tabagisme, a appuyé pleinement le rapport du Secrétaire général ainsi que les efforts du Groupe de travail interinstitutions sur le tabac. Elle a dénoncé les stéréotypes positifs que l’industrie du tabac n’a de cesse de promouvoir autour de ses produits. Il faut agir maintenant car les effets du tabac sur la santé des enfants sont terribles et que la plupart des personnes commencent à fumer avant l’âge de 13 ans, a-t-elle insisté. La publicité sur le tabac devrait donc être interdite et la représentante s’est félicitée de l’inclusion d’un passage sur le tabac et les enfants dans le document final.

La représentante de l'ONG "Union globale pour les enfants", a dit que la Confédération des syndicats libres avait récemment lancé une campagne contre le travail des enfants. L'Union globale et ses partenaires sont résolus à lutter pour le respect de la Convention sur les droits de l'enfant. Les enfants doivent aller à l'école. Ils ne sont pas faits pour être envoyés dans les usines. Nous demandons que les institutions financières internationales revoient leurs politiques et mettent l'éducation au centre de leurs interventions. Les Etats, quant à eux, devraient tout faire pour que les filles et les garçons aient le même accès à l’enseignement. Nous demandons que tous les pays ratifient la Convention 132 de l'OIT sur le travail des enfants.

Le représentant de l’ONG “Réseau international sur la santé, l’environnement et la sûreté des enfants” a indiqué que la préoccupation première de son association était le bien-être écologique des enfants. La dégradation du monde menace, en effet, directement la santé des enfants. L’on voit d’ailleurs que les maladies respiratoires graves continuent de croître, a-t-il fait remarquer. Partant, il a proposé que l’un des objectifs du document final vise à réduire d’au moins un tiers le nombre des enfants qui souffrent de maladies respiratoires. Le représentant a proposé également qu’un groupe intergouvernemental soit créé pour suivre l’impact de la dégradation de l’environnement sur les enfants.

Mme PENELOPE GIROSOSIAN, représentante de l'ONG "Groupe sur les handicaps", a espéré que le document final devrait militer en faveur de la pleine mise en oeuvre de la Convention sur les droits de l'enfant. Les enfants handicapés doivent être reconnus comme des êtres humains à part entière et ne doivent pas faire l'objet de discriminations. Les enfants handicapés sont d'abord des enfants, et nous estimons qu'ils doivent avoir le droit de grandir au milieu de leurs familles et de leurs pairs. Ils doivent avoir les moyens de pouvoir s'instruire et accéder à tous les services communautaires d'où les autres enfants tirent des avantages sociaux. Il est temps de placer l'intégration des enfants et des personnes handicapées au rang des droits de l'homme. Cette stratégie devrait inclure des mesures économiques, culturelles et juridiques qui feraient partie de toute politique nationale ou internationale.

La représentante du Groupe contre la violence à l’égard des enfants a insisté sur le droit des enfants à la protection contre toutes les formes de violences et d’abus. Elle a espéré que le document final encouragera l’application intégrale des dispositions de la Convention sur les droits de l’enfant. Ce faisant, il devrait demander aux Etats de mettre leur législation nationale en conformité avec la Convention d’ici à 2005. En outre, le document ne devra pas saper les normes existantes du droit international. Il devrait encourager les Etats à retirer toutes les réserves qu’ils peuvent avoir envers la Convention. Une autre des priorités fixées par le document final devrait être l’abolition de la peine de mort et des peines d’emprisonnement à vie pour les enfants de moins de 18 ans. Le Groupe contre la violence à l’égard des enfants propose aussi de faire de l’exploitation et du trafic des enfants un crime contre l’humanité. En conclusion, la représentante a invité les Etats Membres à adopter un document plus concret que le projet actuellement à l’étude.

Le représentant de la Fédération Terre des hommes a estimé que l'élimination des trafics d'enfants exige un chapitre spécial dans le document final de la session extraordinaire. Les trafics d'enfants ne sont pas seulement de nature sexuelle. Ils concernent aussi le travail des enfants et les adoptions illégales qui se sont multipliées ces dernières années. Le chapitre traitant de la question devrait spécifier que ces crimes contre les enfants doivent être considérés comme des crimes contre l'humanité.

La représentante de l'ONG "Fraternité Notre-Dame" a dit que les conflits, les catastrophes naturelles et la pauvreté se sont accentués en ce début de 21ème siècle. Les besoins fondamentaux de l'enfant, qui sont les soins de santé, l'éducation et la nutrition, ne sont pas satisfaits. La Fraternité Notre-Dame accueille de nombreux enfants dans les orphelinats et les écoles caritatives qu'elle a créés dans les régions pauvres comme Haïti ou la Mongolie. Mais la situation dans certains pays industrialisés n'est pas meilleure. En France ou aux Etats-Unis, des enfants et des adultes errent au milieu d'une abondance qui les ignore. Les bienfaits non matériels ont souvent plus d'importance aux yeux des pauvres que des biens matériels. Les sociétés qui ont oublié la loi de l'affection et de l'amour ont perdu leur âme. La Fraternité Notre-Damne mène une mission dans laquelle elle considère chaque être humain avec respect.


Le représentant de l’Alliance pour les droits de l’enfant du Royaume-Uni a plaidé en faveur de la reconnaissance du droit des enfants à être entendus lorsque l’on traite de problèmes qui les concernent. Il a expliqué que son association lutte plus particulièrement contre toutes les formes de violence, de sévices et de châtiments corporels à l’encontre des enfants. Il a souhaité, à cet égard, que le document final de la session extraordinaire soit très clair.


Droit de réponse


L’Observateur de la Palestine s’est interrogé sur la nature de l’exposé du représentant d’Israël fait, ce matin, devant cette même assemblée. Il a estimé qu’une fois de plus, ce dernier avait utilisé son temps de parole pour justifier les actes criminels de l’armée israélienne contre les enfants palestiniens. Il faut respecter la nature de la réunion et reconnaître que, même dans les situations d’occupation armée, la question des enfants est de première importance pour la communauté internationale. La déclaration du représentant israélien ce matin tendait à affirmer que le sang juif est plus précieux que le sang palestinien. La vérité est que la plupart des victimes palestiniennes sont des enfants, tués à 500 mètres de leur maison alors qu’ils ne participaient pas à des manifestations hostiles. L’Observateur a renvoyé, à cet égard, au rapport de la Commissaire aux droits de l’homme, Mme Mary Robinson. Israël et ses dirigeants sont en fait en train de commettre un crime de guerre et un crime contre l’humanité, a-t-il affirmé. En outre, les millions de réfugiés palestiniens constituent bien un véritable problème de réfugiés et il est donc pertinent d’en parler dans cette enceinte. Si l’on veut véritablement examiner la question de la protection des enfants dans les conflits armés, il faut impérativement examiner la situation des occupations étrangères. La communauté internationale devra mettre fin pour soulager les souffrances des civils en Palestine et ailleurs.




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