PLUSIEURS RAPPORTEURS DES DROITS DE L'HOMME GRAVEMENT PRÉOCCUPÉS PAR LA SITUATION EN CÔTE D'IVOIRE

26.03.2004

Six Rapporteurs spéciaux de la Commission des droits de l'homme ont exprimé aujourd'hui leur vive préoccupation devant les événements récents qui se sont produits en Côte d'Ivoire.

Les violentes manifestations du 25 mars 2004 à Abidjan entre les manifestants de l'opposition d'un côté et les forces de l'ordre et les milices pro-gouvernementales de l'autre, auraient fait de nombreuses victimes parmi les membres de l'opposition et des forces de l'ordre. Il semblerait qu'une vingtaine de personnes au moins auraient été tuées, que des femmes et des fillettes auraient été violées et que des exactions à caractère ethnique auraient eu lieu. Des migrants auraient été arrêtés et seraient maintenus au secret. Les experts de la Commission des droits de l'homme s'inquiètent également du risque de prolifération d'armes suite aux informations selon lesquelles des manifestants se seraient emparés d'armes des forces de l'ordre.

Des manifestations auraient également eu lieu à Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo.
Des informations plus récentes indiqueraient que de nouvelles manifestations seraient organisées aujourd'hui, et les experts expriment leur crainte que d'autres confrontations violentes aient lieu.

Les experts de la Commission des droits de l'homme lancent un appel aux autorités ivoiriennes afin que toutes les mesures soient prises pour protéger les droits des manifestants, et notamment éviter que de nouvelles exécutions aient lieu. Ils appellent également les autorités et les partis de l'opposition à trouver rapidement une solution pacifique à leur différend, et les invite à exhorter leurs partisans à plus de mesure, notamment en renonçant à tout acte de haine et de violence.

Ce message est présenté conjointement par M. Ambeyi Ligabo, Rapporteur spécial sur la liberté d'opinion et d'expression ; M. Doudou Diène, Rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée ; Mme Asma Jahangir, Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; M. Theo van Boven, Rapporteur spécial sur la torture ; Mme Gabriela Rodríguez, Rapporteuse spéciale sur les droits des migrants ; et Mme Yakin Ertük, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes.