Communiqués de presse
SEULS UN SENS PLUS DEVELOPPE DE LA SOLIDARITE ET UN FINANCEMENT ADEQUAT DES SOINS ET DE LA RECHERCHE PERMETTRONT DE LUTTER EFFICACEMENT CONTRE LE VIH/SIDA
26 juin 2001
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Assemblée générale
Vingt-sixième session extraordinaire
26 juin 2001
4ème séance plénière – matin
L'Assemblée générale a poursuivi, ce matin, sa session extraordinaire consacrée à l'examen du problème du virus de l'immunodéficience humaine et du syndrome d'immunodéficience acquise (VIH/sida) sous tous ses aspects.
Ouvrant le débat, M. Benjamin Mkapa, Président de la République-Unie de Tanzanie a d'emblée déclaré qu'aucune partie du monde ne saurait se croire à l'abri des conséquences les plus dramatiques de la pandémie. Citant un proverbe de son pays, M. Mkapa a déclaré que "tout arbre mort qui tombe dans une forêt entraîne toujours la chute d'autres arbres, même sains, autour de lui". Rappelant que l'Afrique subsaharienne qui est la région du monde la plus affectée, compte 70% des personnes infectées par le VIH, que 77% des 22 millions d'individus qui ont perdu la vie dans le monde, au cours des deux dernières décennies, des suites de la maladie sont Africains, et que le continent compte 92% des orphelins que la maladie a causés, le Président de la Tanzanie, qui exprimait le point de vue de la grande majorité des représentants de l'Afrique, a affirmé l'engagement des Etats africains à prendre la première responsabilité de la lutte contre la pandémie sur leur territoire. La Déclaration d'Abuja, a-t-il rappelé, ainsi que d'autres initiatives prises au niveau régional, indiquent à la communauté internationale le sérieux avec lequel les pays africains comptent lutter contre le mal qui détruit leurs ressources humaines les plus productives et leurs structures sociales, faisant ainsi planer une ombre menaçante sur leur avenir. Face à cette situation, le Fonds mondial proposé par le Secrétaire général doit recevoir le soutien effectif de tous les Etats, a estimé M. Mkapa, qui s'est ensuite élevé contre les opinions qui voudraient faire croire que les produits pharmaceutiques et les médicaments antirétroviraux ne peuvent être mis au service des malades africains. S'il y a un problème de ressources dû à la pauvreté de certains pays, il appartient à la communauté internationale de le résoudre par une solidarité accrue, a dit le Président tanzanien en proposant que la dette des pays les moins avancés soit complètement annulée en vue de leur permettre de dégager ainsi les sommes qui serviraient à acheter, à des prix préférentiels, les médicaments dont leurs malades ont besoin.
Concernant la question des ressources et le financement des fonds et programmes que la communauté mondiale et les pays veulent rendre opérationnels aux niveaux international, régional et national, des délégations ont proposé des solutions de financement durables et soutenables. Tout en se félicitant des mesures de financement prises par les institutions financières internationales, dont la Banque mondiale, qui a ouvert une facilité de crédit de financement à faible taux d'intérêt des programmes nationaux de lutte contre le VIH auprès de l'Association internationale de développement, des pays ont fait part de contributions au Fonds mondial contre le VIH/sida proposé par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, et aux fonds parallèles destinés à lutter contre le paludisme, les infections et la tuberculose. A cet égard, l'Irlande a annoncé qu'elle verserait 30 millions de dollars par an aux pays les plus pauvres pour combattre le sida et que le même montant serait versé aux fonds parallèles. Le Premier Ministre de l'Irlande a d'autre part dit que son pays réaliserait d'ici à 2007, l'objectif de verser 0,45% de son produit intérieur brut (PIB) à l'aide publique au développement avec une priorité donnée aux questions de santé. Parce qu'elle soutient les programmes proposés et lancés par l'ONUSIDA, la Finlande, a annoncé son Ministre de la santé, va verser cette année 40 millions de marks finlandais au budget de cet organisme, et appuiera activement la création de fonds spéciaux pour la lutte contre le paludisme et la tuberculose. Pour éviter que le financement du Fonds mondial pour la lutte contre le sida soit exclusivement dépendant de contributions volontaires d'Etats ou d'individus, la délégation de Nauru a proposé que des ressources régulières et prévisibles soient assurées au Fonds par le versement - par les pays qui le peuvent -, de la somme d'un dollar par tête d'habitant. Au vu des besoins de la lutte contre la maladie, des pays ont souhaité que la gestion des ressources du Fonds soit la plus rigoureuse et transparente possible, et que l'accès à ses ressources soit équitable pour tous. A cet égard, la Namibie a proposé que les mécanismes du Fonds soient suffisamment flexibles pour s'adapter aux besoins particuliers de chaque pays et que les critères d'allocation ne soient pas liés au niveau de revenu par tête de chaque pays, mais plutôt à celui de la souffrance de ses populations face à la pandémie.
Abordant la question des stratégies de réponse à la crise du VIH/sida mises en oeuvre par les pays en développement, Mme Sonia Gandhi, Chef de l'opposition et représentante de l'Inde, a estimé qu'elles sont radicalement différentes de celles des pays développés. Les pays en développement, a-t-elle expliqué, ont besoin de stratégies adaptées à leur environnement socioculturel, avec des modes de communication respectueux des sensibilités de personnes vivant dans des communautés traditionnelles. Si la société civile a un rôle important à jouer, elle reste cependant encore faible ou mal organisée dans ces pays, a-t-elle constaté, estimant que c’est donc aux gouvernements que revient le rôle de premier plan en matière de prévention et de lutte contre la pandémie. Malgré la baisse des coûts des médicaments, fournir des soins aux malades et, notamment des traitements antirétroviraux, reste un véritable défi dans les pays pauvres, a dit Mme Gandhi En Inde, même en prenant en compte la réduction des prix des médicaments annoncée par les entreprises pharmaceutiques, le coût d’un traitement antirétroviral des malades recensés reste encore 150 fois plus élevé que le budget public des dépenses de santé. Rendre ces traitements disponibles supposerait une réelle réaffectation des ressources et priverait donc certains autres programmes de santé publique de leurs ressources essentielles. Seule la découverte d'un vaccin, a estimé Mme Gandhi, permettra sans doute de mettre fin à la pandémie. Mais ses coûts de recherche élevés ne peuvent être satisfaits que par des mécanismes de coopération internationale. Et si ce vaccin était enfin découvert, a souhaité la représentante, il devrait devenir le bien commun de l'humanité.
C'est au vu du coût prohibitif des traitements que tous les participants au débat ont mis l'accent ce matin sur la nécessité de la prévention. Qu'ils soient du Nord, comme la Finlande, le Danemark ou Monaco, ou du Sud, comme Bahreïn, la Tanzanie, la Bolivie ou les Philippines, tous les pays ont regretté que la question du VIH/sida n'ait pas été discutée plus tôt, de manière ouverte, par toutes les sociétés humaines, chacune adaptant le discours à sa sensibilité et à sa culture. On n'aurait pas aujourd'hui à regretter ces millions de vies d'hommes, de femmes et d'enfants, perdues par ignorance, a estimé le représentant de la Bolivie.
L’Assemblée générale a également entendu les chefs d'Etat et de gouvernement du Kirghizistan, de la Gambie et du Panama. Les ministres et représentants des pays suivants se sont aussi exprimés: Cambodge, Bénin, Egypte, République démocratique populaire lao, Nouvelle-Zélande, Slovénie, Croatie, Côte d'Ivoire, Danemark, Soudan, République de Corée, Lituanie, Fédération de Russie, Myanmar, Nauru, Uruguay, République arabe syrienne, Bosnie-Herzégovine, Kazakhstan, Brunéï Darussalam, République fédérale de Yougoslavie et Grèce.
La session extraordinaire poursuivra son débat, cet après-midi à 15 heures.
EXAMEN DU PROBLÈME DU VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE ET DU SYNDROME D’IMMUNODÉFICIENCE ACQUISE SOUS TOUS SES ASPECTS
Débat
M. BENJAMIN WILLIAM MKAPA, Président de la République-Unie de Tanzanie : Sur les 36 millions de personnes infectées par le VIH/sida dans le monde, 70% se trouvent sur le continent africain, et sur les 22 millions de morts que la maladie a causés, 77% étaient africains. Sur les 13,2 millions d'orphelins en raison du sida qui existent à travers le monde, 92% sont aussi des Africains. "Pleure mon beau pays, pleure" écrivait Allan Paton. Nous crions quant à nous, "Pleure, mon beau continent. Pleure". Mais pleurer malheureusement ne suffit plus, car derrière ces froides statistiques, se profilent de vraies vies humaines, des êtres de chair et de sang, des veuves, des orphelins, des époux, hommes et femmes. L'Afrique perd ses vies et sa force vitale et les nations voient s'effondrer les efforts déployés pendant des décennies pour le développement. Mais, comme le dit un proverbe africain, "quand un arbre mort s'effondre, sa chute entraîne celle d'autres arbres dans la forêt, même s'ils sont sains". Nous sommes conscients que la première responsabilité de la lutte contre le VIH/sida est d'abord l'affaire de chaque pays et de chaque gouvernement. Et nous sommes prêts à nous acquitter de notre part de responsabilité. La Déclaration d'Abuja, qui a été adoptée par les pays africains, et bien d'autres initiatives prises avant elle, témoignent de l'engagement de l'Afrique. Nos Gouvernements assumeront le leadership de la lutte contre le sida, ils prendront en charge les programmes qu'ils mènent dans ce domaine et augmenteront les budgets nationaux qu'exige la résolution de cette question. Nous mènerons des campagnes de prévention et de sensibilisation, même s'il faut aller contre des tabous culturels ou sociaux. Les Gouvernements africains feront aussi tout ce qui est nécessaire pour faire changer les attitudes, y compris à travers l'adoption de législations spéciales. La lutte contre la pandémie sera aussi inscrite dans les programmes de lutte contre la pauvreté, et nous veillerons aussi à ce que cette question fasse partie des efforts de règlements des conflits armés qui affectent tant de régions d'Afrique.
Le coût de la mise en oeuvre des programmes de lutte contre le sida étant prohibitif, nous appelons à une coopération internationale accrue et au versement de ressources substantielles en faveur des pays pauvres. Il serait inutile de vouloir inscrire les fonds nécessaires à cette lutte dans les mécanismes d'aide en vigueur. La session extraordinaire devrait donc pouvoir déterminer la forme que prendra cette aide, dont doit faire partie le Fonds spécial proposé par le Secrétaire général. Les pays les moins avancés devraient se voir accorder l'annulation complète de leur dette, et nous demandons aux compagnies pharmaceutiques de revoir encore plus à la baisse le prix des médicaments. Ceux qui prétendent que l'Afrique n'a pas besoin de médicaments sophistiqués se trompent lourdement. Nous ne prétendons pas que ces produits sont la panacée, mais nous disons qu'ils sont importants. Comment peut-on justifier qu'aujourd'hui, seuls 2 500 Africains bénéficient de trithérapies? Le reste des malades est condamné à simplement mourir.
M. BERTIE AHERN, Premier Ministre de l’Irlande : Mon pays consacrera 30 millions de dollars supplémentaires par an en faveur des plus pauvres dans le cadre de la lutte contre le sida. Le leadership est le plus important facteur de réussite de la lutte contre ce fléau. L’épidémie a fait plus de victimes que le conflit de la deuxième guerre mondiale. Il faut se concentrer sur la lutte contre la pauvreté, la prévention et les soins et sur l’élaboration d’un cadre cohérent, plus généreux en matière d’allègement de la dette et d’aide au développement. L’épidémie de VIH/sida est à la fois un symptôme et une cause de la pauvreté et de l’inégalité mondiale. La lutte contre le VIH/sida ne sera jamais efficace si elle ne s’accompagne pas de l’amélioration des termes de l’échange et de l’allègement du fardeau de la dette des pays pauvres ainsi que de l’augmentation de l’aide au développement et de la réalisation des objectifs de développement. L’Irlande a ciblé ses campagnes de prévention sur les groupes vulnérables et sur les hétérosexuels pour lesquels les taux d’infection augmentent. L’Irlande s’efforce de combattre les forces de la peur, de déni et du préjudice. Je soutiens l’initiative «Vaccin contre le sida». Le débat sur l’accès à la médecine doit être placé dans la perspective de l’accès aux soins. La coopération de l’industrie pharmaceutique est cruciale pour combler le fossé qui existe, en matière d’accès à la médecine. Je suis convaincu que nous devons renverser la tendance à la réduction de l’aide publique au développement (APD) et redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif d’y consacrer 0,7% de notre PNB. Dans la lutte contre le sida, ce qui est nécessaire ce sont les fonds, la volonté et la vision politique capable de construire un monde plus juste. L’Irlande s’est engagée à consacrer 0,45% de son PNB à l’APD d’ici à l’année prochaine et d’atteindre l’objectif d’y consacrer 0,7% en 2007. L’année prochaine, l’enveloppe budgétaire consacrée à l’APD augmentera de 100 millions de dollars. De ce montant, 30 millions de dollars seront consacrés à des programmes de lutte contre le VIH/sida. Nous soutiendrons le Fonds mondial pour la santé et la lutte contre le sida. Les ONG et les organisations internationales jouent un rôle crucial dans la lutte contre la maladie.
L’impact dévastateur du VIH/sida doit être pris en compte dans l’évaluation du fardeau de la dette. Si la question d’une augmentation de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, l’Irlande ne s’y opposera pas. Si cela doit signifier que l’on doit annuler la dette des pays qui connaissent un fort taux de prévalence, l’Irlande approuvera.
M. IBRAIMOV OSMONAKYN, Secrétaire d’Etat de la République kirghize : La République kirghize, du fait de sa position géographique, est un pays de transit pour le trafic de drogues et, notamment d’héroïne; et si jusqu’à aujourd’hui, le taux de prévalence du sida était resté relativement faible, cette situation est en train de changer. En effet, le nombre de personnes touchées a été multiplié par 15 dans la partie méridionale du pays et un grand nombre de toxicomanes pourraient être infectés. Hautement préoccupés, les dirigeants du pays ont mis en place un Programme national basé sur une approche multisectorielle et des interventions ciblées, avec la collaboration du Programme des Nations Unies pour le développement et de l’ONUSIDA; en dépit des difficultés économiques, le Gouvernement a investi 100 000 dollars dans ce projet. Cette collaboration a permis la mobilisation de ressources supplémentaires pour une solution complète et durable; en conséquence, la planification est dans l’ensemble satisfaisante mais la politique en faveur des groupes à haut risque reste inachevée. Aujourd’hui, le Programme stratégique national doit axer ses efforts dans les zones prioritaires et sur les groupes vulnérables: les jeunes, les toxicomanes et “les travailleurs du sexe”. En raison de l’insuffisance de fonds, nos succès antérieurs risquent d’être anéantis. Or, l’Asie centrale peut encore entraver la diffusion du sida grâce à des programmes préventifs qui utilisent et mettent à profit l’expérience des autres pays. L’expérience amère de l’Afrique et le fardeau financier du traitement du sida doivent servir de leçon pour les pays qui sont encore relativement épargnés et les programmes de prévention doivent impérativement être mis en oeuvre.
Mme ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la République de Gambie : Le VIH/sida représente la plus grande menace de notre époque contre la survie de l'humanité. Le fait le plus déprimant pour nous est que la plupart des personnes infectées par le virus le sont avant l`âge de 25 ans, et en meurent avant d’atteindre 35 ans. Cette tranche représente la force de travail et de production la plus importante et la plus nombreuse dans nos pays. Ce facteur rend la lutte contre la pandémie encore plus importante et plus urgente. Les statistiques de l'ONUSIDA montrent que 95% des personnes infectées vivent dans les pays en développement, l'Afrique subsaharienne étant la région la plus atteinte. En coordination avec les organisations de la société civile, la République de Gambie a engagé, en ce qui la concerne, des actions de prévention et de sensibilisation de la population contre la maladie. Nous avons constaté que le combat contre la pandémie ne pouvait pas seulement relever du Département de la santé publique. Les failles et insuffisances qui existent dans nos programmes actuels de lutte contre la maladie viennent de cette restriction. C'est grâce à sa collaboration avec la Banque mondiale et d'autres partenaires que notre pays a pu récemment développer son Projet national de lutte contre le VIH/sida. Nous avons signé un accord de crédit de 15 millions de dollars avec l'Association internationale de développement de la Banque mondiale pour mettre en oeuvre ce Projet au cours des quatre années à venir. Le Conseil national sur le VIH/sida, qui a été créé pour coordonner nos plans, est directement dépendant du Cabinet du Président de la Gambie, qui en est le premier responsable. Ce Conseil comprend à la fois des représentants gouvernementaux et des délégués de la société civile et des ONG. Les organisations religieuses et les organisations de femmes y sont également représentées.
Notre plan national comprend quatre composantes, dont la première vise à améliorer le cadre de mise en oeuvre des efforts de lutte et à mettre en place des mécanismes d'action, de surveillance et d'évaluation. La deuxième composante doit apporter aux différents Départements ministériels du Gouvernement le soutien dont ils ont besoin pour développer et lancer leurs stratégies sectorielles de prévention et d'éducation contre la pandémie. Ces activités incluront aussi un soutien moral et matériel aux personnes affectées par la maladie. La troisième composante, quant à elle, visera à améliorer les capacités du ministère de la santé et des affaires sociales en vue de leur accorder plus de marge et de moyens d'action face à la pandémie. Le renforcement et la construction de nouvelles installations et facilités font partie des prérogatives de cette composante. Enfin, la quatrième composante viendra en appui aux initiatives communautaires lancées par les organisations de la société civile et les différents groupes de prévention. Elle traitera des soins de santé et du soutien aux familles, et nous estimons que 50% des ressources du Projet national seront dévolues aux activités opérationnelles de cette composante.
M. ARTURO VALLARINO, Vice-Président de la République du Panama : Une des conséquences de la pandémie du VIH/sida doit nous préoccuper tous de façon urgente: il s’agit du risque de rupture de la cohésion sociale et de la mise en danger de la stabilité politique en raison de l’incapacité des pays à faire face à la maladie, tant dans ses dimensions préventives que curatives. Au fil du temps la situation est de plus en plus explosive, en raison la plupart du temps du manque de ressources humaines et économiques sans lesquelles aucun projet n’est viable. Toute action de l’Etat doit être assortie d’une sorte d’accord social qui définit les devoirs des citoyens affectés ou non par le VIH/sida; car, si c’est un droit de recevoir toute l’attention qui est requise, c’est aussi un véritable devoir de tout citOyen d’éviter la propagation de la maladie. Au Panama, le Gouvernement a mis en oeuvre, avec quelque succès, des politiques dans les domaines suivants: intégration des personnes infectées par le virus dans les politiques et les stratégies de développement; amélioration de l’attention sociale aux malades; promotion, dans le cadre de la politique de santé publique, de la recherche, de l’éducation, du traitement et de l’assistance psychologique. Cependant, deux domaines sont au coeur de la réussite des programmes futurs: la création d’une conscience citoyenne sur le besoin d’affronter ce fléau avec responsabilité et en faisant preuve de solidarité, et le développement de la planification communautaire aux niveaux local et provincial afin de prévenir la propagation du VIH/sida et des autres maladies sexuellement transmissibles. La mise en oeuvre de programmes qui incluent tous ces niveaux d’intervention est évidemment davantage facilitée dans les pays développés et riches. La proposition de créer un Fonds mondial pour le sida et la santé est une initiative qui permettra de mettre en oeuvre ce type de projet, mais il importe que ce Fonds mette au point des critères justes et équitables de répartition des fonds.
M. HONG SUN HUOT, Ministre de la santé du Cambodge : Différentes mesures ont été prises dans mon pays afin d’enrayer la propagation du virus du sida. Au niveau national, la législation est en train d’être révisée par l’Assemblée nationale qui proposera un cadre juridique de protection des droits des personnes infectées par le virus. L’Autorité nationale contre le sida du Cambodge ainsi qu’un Secrétariat pour la lutte contre le sida ont été créés en 1999, conformément à une approche multisectorielle. Au niveau des communautés, nous encourageons la population à se sentir concernée par le problème et tentons d’impliquer les personnes malades, la société civile et le secteur des affaires. Nous essayons de développer une approche sexospécifique, axée sur les ressources sociales et morales, incluant un traitement des facteurs qui aggravent la vulnérabilité face aux risques d’infections, notamment la pauvreté, l’analphabétisme, l’inégalité entre les sexes et les mauvais traitements à l’encontre des femmes. Cependant, le Cambodge a cruellement besoin de plus de ressources et de capacités de développement afin de pouvoir atteindre les populations les plus vulnérables, développer l’accès à l’éducation, le traitement des personnes infectées et la prise en charge des orphelins. Enfin, le Cambodge soutient pleinement la création du Fonds mondial pour la santé et le sida.
M. BRUNO AMOUSSOU, Ministre d'Etat chargé de la coordination de l'action gouvernementale, de la prospective et du développement du Bénin : Mon pays a enregistré son premier cas de séropositivité en 1985 mais, en dix ans, la prévalence de l'infection a été multipliée par 10 et est passée de 0,36% en 1990 à 4,1% en l'an 2000 pour une population totale de 6 200 000 habitants.
Cette situation qui touche essentiellement la jeunesse est alarmante et son impact sur l'activité productive, sur l'accroissement des dépenses des soins de santé, ainsi que sur la désintégration du tissu social compromet la réalisation des objectifs de développement. Ces considérations ont conduit le Bénin à élaborer un Plan stratégique national de lutte contre le VIH/sida, pour la période 2001-2005, dont l'objectif est de parvenir à une meilleure implication des structures gouvernementales, des leaders politiques, religieux et traditionnels, de la société civile et des personnes vivant avec le VIH/sida.
Il existe aujourd'hui sur le continent africain une volonté politique partagée pour accorder à cette lutte l'attention qu'elle mérite. Aussi, est-il de la plus haute importance que la communauté internationale s'engage non seulement dans le soutien aux programmes nationaux de lutte contre le VIH/sida mais qu'elle accorde une grande priorité aux programmes régionaux susceptibles de suivre le développement de la pandémie dans l'espace africain. La mise en œuvre de toutes ces actions nécessite un appui logistique efficace et des ressources financières suffisantes pour soutenir l'effort national et régional de mobilisation de la population. Le Bénin, qui émarge sur la liste des pays les moins avancés, n'aurait pas pu élaborer de réponse nationale pour endiguer le fléau du sida sans l'appui important de ses partenaires. A ce titre, permettez-moi de réitérer ici l'engagement pris par le Bénin à l'instar des autres Etats africains de consacrer 15% du budget national au secteur de la santé. Dans ce cadre, le Bénin a décidé d'utiliser les fonds dégagés à la suite de l'allègement de la dette et d'affecter 3 000 000 de dollars au Programme national de lutte contre le VIH/sida pour 2001. Le Bénin se félicite de l'initiative du Secrétaire général de créer un Fonds mondial destiné à soutenir les actions visant à enrayer ce fléau qui menace toutes les régions du monde et espère que ce Fonds sera alimenté par des ressources supplémentaires et non par une réaffectation des crédits jusqu'ici consacrés à l'aide publique au développement.
M. ISMAIL SALLAM, Ministre de la santé et de la population de l’Egypte : On doit accorder la priorité à la prévention et à fournir aux patients des thérapies abordables. Le développement de système de santé devrait se voir accorder la priorité dans la lutte contre le sida. Les politiques de santé devraient cibler les groupes les plus vulnérables. Les stratégies en matière de santé publique doivent s’attaquer aux disparités géographiques et socioéconomiques, et en particulier à l’émancipation des femmes. La recherche doit être encouragée et soutenue car elle pourrait permettre de contrôler la maladie. Aucune stratégie de lutte contre le sida n’auront d’impact réel que lorsque la question de l’accès à des médicaments abordables sera résolue. Le facteur clef pour résoudre ce problème et répondre au dilemme existant dans les pays en développement et trouver l’équilibre entre les droits de l’homme et les droits de propriété intellectuelle. Une des solutions pourrait être d’instaurer un partenariat entre les industries pharmaceutiques locales et multinationales. Il est important d’adopter une démarche durable, globale et multisectorielle. A cet égard, l’implication des ONG et de la société civile dans la prévention et les soins est nécessaire, en particulier pour les groupes défavorisés et inaccessibles. Plusieurs Etats ont été protégés par leurs valeurs religieuses et morales. Ces ressources ne doivent pas être omises. La création d’un Fonds mondial est un bon début. Sa durabilité et son efficacité doivent être garanties.
Mme SONIA GANDHI, Chef de l’opposition de l’Inde : Les stratégies de réponse à la crise du VIH/sida mises en oeuvre par les pays en développement sont radicalement différentes de celles des pays développés. Les pays en développement ont besoin de stratégies adaptées à leur environnement socioculturel, avec des modes de communication respectueux des sensibilités de personnes vivant dans des communautés traditionnelles. Le rôle des gouvernements est central; la société civile a un rôle important à jouer, mais lorsqu’elle est faible ou mal organisée, c’est aux gouvernements que revient le rôle de premier plan. En Inde, il existe un consensus de tous les partis politiques à ce sujet. En ce qui concerne la prévention, il s’avère qu’en Inde, les programmes de prévention, qui ont mis l’accent sur la décentralisation et les actions multisectorielles, ont empêché une propagation trop rapide de la maladie. Dispenser des soins aux malades est cependant un véritable défi dans les pays pauvres, et notamment des traitements antirétroviraux. En Inde, même en prenant en compte la réduction des prix des médicaments annoncée par les sociétés pharmaceutiques, le coût d’un traitement antirétroviral est encore 150 fois plus élevé que le budget public des dépenses de santé par habitant. Rendre ces traitements disponibles supposerait une réelle réaffectation des ressources et priverait certains autres programmes de santé publique des ressources essentielles. Et il n’est pas non plus souhaitable de réaffecter des ressources de la prévention vers les soins, quand tous les indicateurs montrent qu’une relâche dans la prévention se traduit aussitôt par une augmentation des taux d’infection. Ce n’est que si une aide internationale supplémentaire est consentie, pour au moins les dix prochaines années, que les traitements antirétroviraux pourront être employés dans les pays en développement. En conséquence, parmi les trois priorités identifiées par le Secrétaire général, ce sont les ressources qui sont les plus importantes; la création d’un mécanisme mondial pour financer les programmes de lutte contre le VIH/sida est une heureuse initiative, mais ses ressources doivent être réparties de manière équitable et viser toutes les régions du monde qui sont touchées par la maladie. S’agissant du vaccin contre le VIH/sida, il importe que les recherches soient financées par des fonds internationaux de façon à ce que le produit, une fois élaboré, reste dans le domaine public et soit accessible à tous.
M. DALALOY PONMEK, Ministre de la santé de la République démocratique populaire lao : Malgré sa basse prévalence de VIH/sida, le pays "ne dort pas" pour autant car il sait qu'en tant que territoire sans littoral, il est en train de devenir un lieu de transit et du tourisme et que, de ce fait, il se trouve sous une pression terrible et une menace extraordinaire. Avec la plus haute volonté politique, la participation active de la population et la coopération internationale, le pays compte bien développer sa politique et continuer à renforcer ses capacités humaines et institutionnelles pour pouvoir relever les défis. Le pays est fidèle au concept de comportement sexuel responsable dont la matérialisation inclut la mise à disposition de préservatifs dans tous les cas à risque. Cela implique aussi une éducation à la santé "franche et explicite" à l'intention des groupes vulnérables, des enfants et de la population en général. Le pays compte renforcer ses valeurs traditionnelles tout en reconnaissant la nécessité de protéger ceux qui ne les suivent pas. En matière de lutte contre le VIH/sida, le pays s'est dirigé sur la voie de l'ouverture et de la franchise quitte à offenser certaines catégories de personnes. Le dépistage volontaire, les conseils, les soins et les services d'appui ont tous un rôle à jouer mais le pays a choisi de mettre l'accent sur la prévention en faisant la promotion de la responsabilité dans le comportement sexuel et dans sa situation actuelle, il a besoin d'un appui international.
Mme ANNETTE KING, Ministre de la santé de la Nouvelle-Zélande : Le VIH/sida ne se préoccupe pas de la religion. Il ne se préoccupe pas de la couleur de la peau, de l’idéologie ou des sensibilités politiques. Il ne se préoccupe pas des hommes politiques. Les hommes politiques doivent se préoccuper du VIH/sida. Ils doivent être préoccupés par l’honnêteté. La prévention et le traitement du VIH/sida ne réussiront que si nous sommes préparés à être honnêtes au sujet des personnes à risques et de la réponse que nous pouvons efficacement apporter. En Nouvelle-Zélande, nous avons rapidement appris que les politiques de prévention fonctionnent. La clef du succès est le leadership et le partenariat entre les gouvernements, la société civile et les groupes communautaires. Cela signifie qu’il faut impliquer les communautés et, en particulier, les groupes les plus vulnérables dans la recherche d’une solution. Se cacher derrière les tabous traditionnels relatifs à la prostitution, le sexe avant le mariage, l’utilisation des préservatifs, l’homosexualité, l’utilisation de drogues par injection intraveineuse, c’est condamner des millions de personnes et être les témoins de la propagation du VIH/sida. La transmission hétérosexuelle est désormais le plus important défi mondial. Il est essentiel d’écouter la voix des femmes qui portent, souvent, le lourd fardeau de l’épidémie. Souvent, elles sont contaminées en raison de l’absence d’accès ou du refus des mesures contraceptives ou par l’absence du pouvoir de dire non à des relations sexuelles. Elles sont aussi souvent chargées des soins à leur partenaire ou à leur enfant touchés par le sida. La promotion et la protection des droits de l’homme des femmes, en particulier leur droit à vivre libérée de la peur et leur droit à contrôler leur sexualité sont des éléments cruciaux de la lutte contre l’épidémie.
La propagation continue de la maladie témoigne de nos lacunes à être honnêtes et à agir. Il nous incombe de donner l’exemple. Nous devons soutenir les programmes de promotion et de protection des relations sexuelles sûres et non pas seulement l’abstinence, la nature humaine ne fonctionne pas de cette manière. Il faut fournir des préservatifs à toutes les populations sexuellement actives, quel que soit leur âge. Il faut s’attaquer aux attitudes discriminantes. La prévention est la clef mais le traitement est également important. L’accès aux médicaments est une question essentielle. La Nouvelle-Zélande soutient le droit des pays en développement d’utiliser toutes les possibilités, dans le respect du droit international, pour bénéficier à un prix abordable des médicaments de traitement du sida. L’ONU doit accorder une attention particulière à la question de l’impact de la maladie dans les petits pays, en particulier les Etats insulaires du Pacifique.
M. DUSAN KEBER, Ministre de la santé de Slovénie : La Slovénie est un pays peu affecté par l'épidémie et au cours des cinq dernières années, on a recensé six cas de VIH/sida pour un million d'habitants. Les homosexuels sont les plus touchés par ce fléau mais jusqu'à présent, ce problème demeure de moindre importance comparativement aux autres pays d'Europe centrale et orientale. La prévention et le contrôle de la progression du VIH/sida ont été inscrits au coeur des préoccupations de la Commission nationale mise en place au sein du ministère de la santé et chargée de lutter contre le VIH/sida. Le Gouvernement slovène a répondu à temps et efficacement puisque dès le milieu des années 1980, la formation, l'éducation et l'information ont visé à changer les comportements sexuels de la population et à sensibiliser les jeunes aux risques encourus.
Par ailleurs, un réseau national a été mis en place pour la prévention et le traitement des personnes dépendantes de la drogue et associe le ministère du travail, de la famille et des affaires sociales et le ministère de la santé. Aujourd'hui, tout le monde peut avoir accès librement aux tests et aux soins et traitements antirétroviraux contre le VIH/sida. Nous sommes toutefois convaincus de l'importance de rester vigilant face à ce fléau et de poursuivre les campagnes de prévention afin de réduire le risque de propagation du VIH/sida. La Slovénie est disposée à partager ses expériences avec d'autres pays et se félicite de l'initiative de Fonds mondial pour le sida et la santé lancée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan. Nous souhaitons, cependant, souligner le fait qu'au-delà de cette lutte contre le VIH/sida, nous devons prendre conscience d'une autre réalité à combattre, celle des inégalités entre les régions du monde, tant économiques que technologiques, qui privent des millions de personnes des traitements adéquats mais trop onéreux.
Mme LIBERTINA AMATHILA, Ministre de la santé et des affaires sociales de la Namibie : Le Programme national de coordination de lutte contre le VIH./sida comprend un comité national de définition des politiques, un comité de coordination plurisectorielle au niveau exécutif, et des comités régionaux de coordination opérationnelle dans les différentes provinces de notre pays. La Namibie applique en ce moment son deuxième plan à moyen terme, qui crée un cadre opérationnel de contrôle de la propagation de la pandémie à tous les niveaux et secteurs nationaux ou régionaux. Ce plan à moyen terme comprend aussi des stratégies de prévention, de gestion des soins et de traitement et suivi des personnes affectées. Dans le cadre de ce plan à moyen terme, la Namibie s'est aussi lancée dans la réalisation d'un certain nombre d'objectifs sélectionnés, dont l'éducation, la promotion de relations sexuelles protégées et de l'usage des contraceptifs. Notre Gouvernement a reconnu que la protection des droits de l'homme devait être effective dans le contexte de l'épidémie du sida. La Namibie a par conséquence développé un cadre juridique et politique, grâce à un partenariat avec la société civile. Ce cadre promeut une approche de la lutte contre le sida qui est basée sur les droits de la personne, et met hors la loi les attitudes discriminatoires envers les personnes souffrant de la maladie. Un statut des personnes affectées par la pandémie existe donc désormais dans notre pays et est contenu dans la Charte des droits pour le VIH/sida, qui a été adoptée en décembre 2000 après des consultations réunissant le Gouvernement et la société civile.
Après notre indépendance en 1990, le Gouvernement de notre pays a alloué en moyenne 15% de son budget national aux problèmes de santé. Une part importante de ce budget est consacrée sida. Au niveau régional, la Namibie et ses partenaires de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), ont lancé des initiatives conjointes de prévention et de lutte, dont les dernières en date sont le Cadre stratégique multisectoriel de la SADC, et le Programme d'action 2000-2004 de lutte contre la pandémie. Considérant que les gouvernements et les pays doivent prendre eux-mêmes la responsabilité de la lutte contre la pandémie, la Namibie soutient la proposition du Secrétaire général de créer un Fonds mondial pour la lutte contre le sida et les autres maladies transmissibles. Nous demandons que ce Fonds soit géré de manière transparente et efficace et qu'il soit suffisamment flexible pour répondre aux besoins divers des différents pays. Nous estimons d'autre part que les allocations de ressources provenant de ce Fonds devraient se faire au regard du niveau de souffrance des populations d'un pays et non sur le niveau de revenu par tête de la population d'un Etat.
Mme ANA STAVLJENIC-RUKAVINA, Ministre de la santé de la Croatie : Avec 171 cas de sida enregistrés entre 1986 et 2000 et une incidence annuelle de 5,3 à 7,6 cas de VIH/sida, on peut dire que la Croatie est un pays avec un faible taux de prévalence. Toutefois, la Croatie semble n’être que dans la phase initiale de l’épidémie. La politique nationale de lutte contre le VIH/sida a été adoptée dès 1985. Un Centre pour le VIH/sida a été créé en 1986. Des politiques visant à lutte contre la propagation de l’épidémie, notamment le dépistage volontaire du sida, le contrôle des produits sanguins et des politiques en faveur des utilisateurs de drogues en intraveineuse, ont été mises en place. En 1987, une campagne de sensibilisation et d’éducation a été lancée. En 1993, un Programme national de prévention du VIH/sida a été élaboré. De plus, la Croatie s’est engagée à fournir les meilleurs traitements disponibles aux personnes atteintes par le sida, notamment les traitements antirétroviraux. Ces traitements sont couverts par le système national de santé. La tâche la plus pressante pour la Croatie est d’adopter une démarche multisectorielle incluant la société civile et le partenariat avec le secteur privé. Les ONG peuvent apporter une contribution importante dans le contexte des difficultés économiques que connaissent les pays en transition.
M. ABOUDRAHAMANE SANGARE, Ministre d’Etat des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire : La Côte d’Ivoire est aujourd’hui un pays à forte prévalence de l’infection au VIH: plus de 10% de séroprévalence, plus d’un million de personnes infectées sur une population de 15 millions d’habitants, 600 000 orphelins du sida. Cependant, la Côte d’Ivoire a mis en place une politique nationale de prise en charge des infections sexuellement transmissibles, visant notamment à réduire la transmission mère-enfant; a instauré une Initiative d’accès aux médicaments; a amélioré les connaissances et les attitudes des populations; et a mis en place des structures décentralisées de lutte contre le VIH/sida. Certes, des pesanteurs socioculturelles freinent la lutte contre le VIH/sida, notamment le lévirat, le sororat, les mariages et rapports sexuels précoces et l’excision. Des facteurs exogènes réduisent également nos efforts pour l’éradication de cette maladie. Ainsi, la mévente des principaux produits d’exportation et le fardeau de la dette accentuent la paupérisation de la population et empêchent l’Etat de consacrer des ressources plus importantes à la lutte contre le VIH/sida. Face à ce fléau qui risque de faire enregistrer à l’Afrique et à la Côte d’Ivoire plus de décès que de naissances, et devant l’urgence de la situation, la Côte d’Ivoire lance un appel pressant: aux firmes et aux laboratoires pharmaceutiques, afin que médicaments soient accessibles à tous les malades; à la communauté scientifique mondiale, aux consortiums et aux conglomérats financiers pour solliciter leur appui technique et financier afin qu’ils aident à réduire l’impact négatif du VIH/sida sur le développement de nos pays; aux décideurs politiques, pour une meilleure prise de conscience de la pandémie, une meilleure transparence dans le traitement de celle-ci et un engagement renouvelé en faveur de la lutte contre le VIH/sida.
M. OSMO SOININVARA, Ministre de la santé et des services sociaux de la Finlande : Mon pays apprécie le rôle central que joue l'ONUSIDA dans la lutte contre la pandémie du VIH/sida. Ayant présidé au cours de l'année écoulée le Conseil de coordination des programmes de l'ONUSIDA, nous sommes familiers avec le travail accompli par cette organisation et nous approuvons la manière dont elle a mené le développement du Cadre stratégique global de lutte contre la pandémie. La Finlande pense que la prévention devrait recevoir le maximum d'attention et d'efforts de la part de la communauté internationale. La promotion de structures de santé devrait, à cet égard, recevoir une attention accrue. Nous pensons que la mise en place d'un système de santé opérationnel et universellement accessible, qui comprendrait des structures de santé sexuelle et génésique et de soutien moral et psychologique, devrait être sérieusement discutée par la communauté internationale. Concernant les personnes déjà infectées par le VIH, nous savons que les nouveaux médicaments sont un espoir de vie prolongée et, dans une certaine mesure, productifs pour les malades qui y ont accès. La Finlande apprécie, à cet égard, la baisse des prix des médicaments antirétroviraux, et nous demandons que soient explorées les voies et moyens qui pourraient permettre à un plus grand nombre de personnes de bénéficier aujourd'hui de ces progrès.
Tout en sachant qu'un médicament ne sert à rien tant qu'il n'est pas mis à la disposition de ceux qui en ont besoin, nous devons mettre en place les infrastructures et les conditions qui peuvent permettre aux populations des pays les plus pauvres d'être soignées. La situation de l'Afrique subsaharienne est aujourd'hui la plus dramatique. Les actions de prévention semblent y avoir été initiées tard. Nous sommes aussi en train de voir s'opérer le même genre de propagation explosive de la pandémie en Europe orientale, une région où curieusement les conditions économiques se sont aussi dégradées de façon accélérée. Il est temps que partout les tabous soient surmontés et que l'on parle ouvertement des causes et des raisons qui favorisent la propagation de la pandémie. Il n'y a pas d'autre voie pour identifier les groupes les plus exposés aux risques et les plus vulnérables. Pour participer au combat mondial contre le danger qui nous guette tous, la Finlande a décidé de verser 40 millions de marks finlandais à l'ONUSIDA cette année, et nous soutenons la création d'un fonds spécial contre le paludisme et la tuberculose.
Mme ANITA BAY BUNDEGAARD, Ministre de la coopération du développement du Danemark : Le projet de déclaration d’engagement met en évidence la nécessité de placer la prévention au premier plan, pour répondre au défi du VIH/sida. L’exemple donné à cet égard par des pays africains tels que l’Ouganda et le Sénégal est encourageant. Le Danemark est prêt à apporter sa contribution pour proposer des traitements à un prix plus abordable, par une approche pays par pays. Le Danemark se félicite de la déclaration qui constitue un cadre général de lutte contre le VIH/sida, mais regrette de constater la controverse continuelle qui tourne autour des droits de l’homme, en particulier en ce qui concerne l’égalité des sexes et des droits sexuels, ainsi que la santé reproductive. Au Danemark, un programme d’action a été mis en place pour contribuer à la lutte internationale contre le VIH/sida, qui se concentre sur la prévention dans les pays les plus pauvres, notamment en Afrique. Le pays contribue largement à l’aide au développement, dont une grande partie va aux pays les plus touchés par l’épidémie. En 2001, le Danemark ajoute à sa contribution une somme de 9,5 millions de dollars spécialement pour la prévention du VIH/sida en Afrique subsaharienne, en coopération avec le système des Nations Unies. Enfin, le Danemark espère que le Fonds mondial pour le sida et la santé attirera des contributions tant de la part des gouvernements que de la part du secteur privé.
M. PHILIPPE DESLANDES, Conseiller du Gouvernement pour l’intérieur de Monaco : L’épidémie est une question de développement et de sécurité internationale. Les objectifs et les ressources qui peuvent être dégagés au niveau international ne seront efficaces que si tous les malades peuvent être identifiés et soignés en même temps que l’éducation et la prévention protègeront le reste des populations. La société civile, les organisations communautaires et non gouvernementales représentent donc, à ce titre, un relais indispensable des politiques gouvernementales. La difficulté de la lutte contre la pandémie tient non seulement au fossé qui n’a cessé de se creuser entre les pays développés et ceux en développement en ce qui concerne l’accès aux soins et aux traitements mais aussi aux différences culturelles que l’on ne peut ignorer. Agir, c’est informer, éduquer et prendre en charge. La cellule de base que constitue la famille doit être privilégiée en matière d’éducation. L’accès aux moyens de prévention, préservatifs et microbicides, doit être facilité. L’organisation systématique de campagne de dépistage, préalable à une mise en œuvre concrète de tout plan d’action à l’échelon national ou local, n’est pas concevable si les autorités concernées ne peuvent assurer ensuite l’accès aux soins dans le cadre des services sociaux adéquats. La formation de personnels de santé est donc fondamentale. Les grandes sociétés pharmaceutiques doivent être associées à l’action mondiale. La Conférence sur l’accès aux médicaments, qui sera organisée à Dakar en novembre prochain, apportera, nous l’espérons, des solutions adéquates à la question de la production et de la distribution de génériques. Le Fonds qui sera créé à l’issue de cette session doit permettre d’attirer des contributions tant publiques que privées. Monaco contribuera à la hauteur de ses capacités à l’alimentation de ce nouveau Fonds et poursuivra son soutien financier à l’action d’ONUSIDA.
M. ABDELBILAL OSMAN, Ministre fédéral de la santé du Soudan : Nous espérons que le projet d'engagement contenu dans la proposition de document final pourra faire l'objet d'un consensus avant la fin de la conférence et être adopté par la majorité des Etats Membres. Le Soudan espère que les avantages du Fonds mondial, dont le Secrétaire général a proposé la création, pourront bénéficier équitablement à tous les pays affectés ou menacés par la pandémie du VIH/sida. L'Afrique est le continent le plus affecté et a enterré les trois quarts des victimes du sida depuis le début de la pandémie. En ce qui nous concerne, le nombre de malades augmente régulièrement au Soudan depuis que nous avons détecté le premier cas en 1986. Nous comptons aujourd'hui environ 5 000 cas reconnus dans notre pays. La guerre, les conflits et l'aggravation de la pauvreté ont favorisé la propagation de la maladie, tout comme les restrictions dont nous sommes victimes de la part de certains Etats et institutions internationales. Le Soudan a cependant pu créer un Conseil national de lutte contre le sida et les autres épidémies, qui regroupe le gouvernement et tous les secteurs de la société civile et du monde des affaires. Récemment nous avons pris l'initiative de lever un impôt sur l'industrie du tabac et des cigarettes, dont les fruits vont à des programmes de lutte contre la pandémie. Mais nos efforts de redressement sont bloqués par la lutte armée qui continue dans le sud de notre pays, avec des ingérences d'entités étrangères. Nous demandons que soient levées toutes les formes d'embargo qui sont imposées à notre pays pour que nous puissions librement nous consacrer au développement et à la santé de notre peuple.
M. LEE KYEONG-HO, Vice-Ministre de la santé et du bien-être de la République de Corée : La prévention en matière de VIH/sida est essentielle, sachant qu’il n’y a pas de vaccin ni de traitement définitif. Le risque de contamination peut donc être réduit considérablement par une information intensive, des programmes d’éducation et des campagnes de sensibilisation du public. Les jeunes doivent être la cible plus spécialement de ces programmes. La République de Corée a développé et mis en oeuvre des programmes pour adolescents et jeunes, ainsi que pour former les étudiants. Il faut aussi s’attacher au soutien et au traitement des personnes vivant avec le VIH/sida. La République de Corée a voté une loi spéciale en 1987 qui donne le droit à toute personne dans le pays de bénéficier d’un test de dépistage confidentiel et, pour ceux qui sont infectés par le virus, d’un traitement dont le coût est assumé par le gouvernement. Les technologies de l’information et de la communication sont par ailleurs largement utilisées dans le pays, notamment les sites Web afin de mieux informer le public sur le VIH/sida. En conclusion, la République de Corée se dit prête à partager son expérience avec d’autres pays dans une situation semblable.
M. E. BARTKEVIVIUS, Vice-Ministre de la santé de Lituanie : En dépit du faible taux d’infection mesuré dans mon pays, nous comprenons parfaitement que nous ne vivons pas dans un monde isolé et que le virus du sida est une menace pour la sécurité du monde entier. C’est pourquoi, il est important de mettre en place un plan d’action aux niveaux communautaire, national, régional et mondial. Le faible taux de contamination en Lituanie est sans doute dû au succès des efforts conjoints du Centre lithuanien contre le sida et d’autres autorités. Cependant, les consommateurs de drogues représentent la menace la plus sérieuse de propagation du virus et la contamination entre hétérosexuels augmente. La prévention est, de l’avis du Vice-Ministre, l’élément le plus important de lutte contre le virus. Des programmes spéciaux d’éducation ont été mis en place en essayant de s’adresser de façon spécifique aux groupes les plus vulnérables. Des partenaires internationaux soutiennent de nombreux projets mais le soutien externe doit être minutieusement coordonné afin de maximiser l’impact des ressources disponibles. La structure démocratique de la Lituanie permet de tisser un réseau de coopération entre les autorités législative, gouvernementale et municipale. Les organisations non gouvernementales jouent dans ce contexte un rôle crucial. Les gouvernements et les parlementaires, en coopération avec la communauté internationale, devraient élaborer les plans nécessaires en accord avec les priorités nationales.
M. GENNADY ONISHCHENKO, Premier Vice-Ministre de la santé de la Fédération de Russie : Il est aujourd’hui urgent que tous les Etats du monde et tous les secteurs de la société mettent leurs efforts en commun pour apporter une réponse au défi le plus sérieux du XXIème siècle, la pandémie du VIH/sida. La Fédération de Russie apporte son soutien aux initiatives du Secrétaire général et aux activités des Nations Unies et des institutions spécialisées telles que l’Organisation mondiale de la santé et l’ONUSIDA, de même qu’à l’établissement d’un Fonds mondial pour le sida et la santé. Ce Fonds devrait être ouvert et universel, tant au niveau de la mobilisation des ressources que de leur allocation, et fournir une assistance à tous les pays qui en ont besoin, sans exception. En pratique, cela signifie que le Fonds devrait prendre en compte les besoins spécifiques des pays dont les taux de prévalence augmentent rapidement. Au cours de ces dernières années, les taux d’infection ont augmenté dans la Fédération de Russie et le combat contre la maladie fait partie des priorités nationales et internationales du Gouvernement. La situation s’est également rapidement détériorée en Europe orientale et centrale et dans la Communauté des Etats indépendants (CEI). Réunis à Bakou le 19 juin dernier dans le cadre du Conseil de la coopération en matière de santé, les pays de la CEI ont lancé un appel pour que la session extraordinaire de l’Assemblée générale puisse promouvoir la coopération internationale sur les questions relatives au VIH/sida dans les intérêts des pays membres de la CEI. Cet appel figure dans un document officiel de la 26ème session extraordinaire e l’Assemblée générale. Enfin, la mise en oeuvre de la déclaration d’engagement qui sera adoptée en fin de session sera une occasion exceptionnelle pour établir des partenariats internationaux au service de l’amélioration de la santé de la population.
M. KYAW MYINT, Vice-Ministre de la santé du Myanmar : La propagation du virus du VIH/sida prend une telle ampleur qu'il est temps que les gouvernements du monde entier explorent ensemble les voies et moyens de combattre cette pandémie et d'inverser la tendance actuelle. Je tiens à préciser toutefois que, malgré les allégations contenues dans certains rapports, la progression du sida au Myanmar n'a rien de catastrophique et généralement les statistiques retenues reposaient sur des zones à haut risque. Cependant, nous avons pris le parti de lutter efficacement contre la propagation de ce fléau et une Commission nationale contre le VIH/sida a été mise en place en 1989 pour conduire le programme national de lutte contre le sida au Myanmar. Une surveillance biannuelle de la progression du sida est organisée depuis 1992 dans neuf régions du pays et en l'an 2000, cette pratique a été étendue à l'ensemble du pays.
Nous regrettons toutefois que l'aide internationale soit limitée et que cela compromette les programmes de prévention et de contrôle mis en place par le ministère de la santé. Depuis 1998, le Gouvernement a entrepris, par des campagnes de formation et de sensibilisation du public, de faire changer les mentalités et les comportements, au sein des écoles, des instituts supérieurs et de diverses structures associatives. La mise à disposition gratuite de préservatifs et la prévention de la transmission mère-enfant fait également partie des priorités du Gouvernement. Pour poursuivre ses efforts en matière de lutte contre le VIH/sida, le Myanmar est disposé à collaborer étroitement avec l'ensemble de la communauté internationale à l'échelle nationale, régionale et internationale afin de renforcer les partenariats.
Mme ROSLYN HARRIS, Première Dame de Nauru : Mon pays sait ce que représente une population décimée par la maladie et des conflits armés car par deux fois, le pays s’est trouvé à la veille de l’extinction de la race. Le VIH/sida constitue aujourd’hui une menace à l’égard de notre existence en tant que race et c’est pourquoi la prévention est le principal objectif de la stratégie nationale. Nos efforts sont soutenus par les activités de prévention basées dans le Pacifique, menées par les organisations intergouvernementales, les ONG et les institutions internationales telles que l’ONUSIDA et l’OMS. La protection des droits de l’homme, en particulier ceux des femmes, comprenant les droits de la santé reproductive et les droits sexuels, et les droits des enfants, doit être une part intégrale du programme de lutte contre le VIH/sida. Nauru reconnaît que le traitement, les soins et le soutien sont des éléments d’ordre vital, en particulier dans les pays les moins avancés et les plus endettés. Une attention particulière doit être apportée aux pays de l’Afrique subsaharienne où se trouvent 75% des personnes vivant avec le sida. Cela ne doit cependant pas occulter le cas des autres pays qui sont très touchés, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes par exemple. Enfin, Nauru se félicite des contributions au Fonds mondial pour le sida et la santé déjà faites par certains Etats. Nauru a soumis à l’Assemblée générale une proposition qui consisterait à inviter chaque Etat Membre à contribuer au Fonds mondial pour le sida et la santé, à la hauteur d’un dollar par habitant, son Gouvernement étant prêt à faire de la sorte.
M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay) : Si nous souhaitons sauver des vies humaines, contrôler la pandémie et finalement l’éliminer de la face de la terre, il faut répondre de manière urgente et immédiate, développer de nouvelles modalités de coopération et de solidarité et adopter des approches souples et globales; cela implique, en premier lieu, d’aborder les différents aspects de la maladie de manière holistique, c’est-à-dire de manière intégrale et globale, sans toutefois ignorer les particularités locales de la maladie. En second lieu, une approche holistique du problème requiert que nous agissions dans la perspective des droits de l’homme et de leur universalité, indivisibilité et interdépendance. C’est pourquoi, il est indispensable de combattre la stigmatisation, le silence et les préjugés associés à la maladie, et de faire une réalité des droits de la femme, de ceux des enfants et des petites filles. En Uruguay, où la stratégie de lutte contre la pandémie a mis l’accent sur les droits de l’homme, des succès appréciables ont été obtenus. En 1987, un Programme national de lutte a été mis en place, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé et, depuis 1995, en collaboration avec l’ONUSIDA. Depuis 1997, toutes les personnes qui souffrent du sida en Uruguay ont accès à une couverture médicale qui leur offre un traitement antirétroviral. La mise en place de ce Programme suppose naturellement une charge financière substantielle pour le pays mais cela s’est traduit par une amélioration des indicateurs sanitaires; ainsi, le taux de transmission vertical, de la mère à l’enfant est passé de 26% à 6%. En troisième lieu, la participation de la société civile et celle des organisations non gouvernementales, quelle que soit leur orientation, est complémentaire de celle des gouvernements. Enfin, en ce qui concerne les ressources financières, une responsabilité importante incombe aux pays les plus puissants. On doit en effet pouvoir compter au nombre des bienfaits d’une économie mondialisée la possibilité de mobiliser des ressources pour répondre à une menace d’envergure mondiale. Et en particulier, le devoir moral de fournir des médicaments à des prix accessibles repose sur les entreprises pharmaceutiques.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) : Mon Gouvernement a compris très tôt le problème de l’épidémie de sida. La Syrie traite ses citoyens gratuitement, y compris ceux atteints par le sida. Les traitements physiques et psychologiques sont gratuits. La Syrie travaille, en collaboration avec l’OMS et ONUSIDA, pour lutter contre le sida, sensibiliser et éduquer les citoyens, en particulier les plus vulnérables. Des études sont menées pour surveiller et contrôler la propagation de la pandémie. Grâce à ces efforts, ajoutés à ceux des organisations religieuses, le taux de prévalence au VIH/sida est faible. Quelque 225 cas de VIH/sida sont connus: 139 citoyens syriens et 86 citoyens non syriens sont touchés. Les efforts mondiaux devraient se concentrer sur la mobilisation des ressources et la recherche d’un traitement. La pauvreté facilite la propagation de la pandémie. On ne peut se contenter d’excuses. Nous avons tous l’obligation de combattre l’épidémie. Nous devons mettre de côté nos divergences tout en respectant la culture de chacun. La Syrie appuie les résultats du Sommet d’Abuja et adresse un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte une aide généreuse aux pays d’Afrique. La dette des pays pauvres doit être annulée pour leur permettre de lutter efficacement contre le sida.
M. ENRIQUE MANALO (Philippines) : Les Philippines sont un pays où le taux de prévalence et la progression de l’épidémie est lente. Pour prévenir la propagation de l’épidémie, les Philippines ont créé un Centre de contrôle et de prévention et un Conseil national de lutte contre le sida. Dans la lutte contre le sida, nous devons encourager la participation des personnes vivant avec le sida et des groupes vulnérables. Les Gouvernements doivent adopter une législation non discriminante et protégeant les droits et la dignité des personnes vivant avec le sida. Dans les pays où le taux de prévalence du sida est faible, une attention particulière devrait être accordée aux autres maladies sexuellement transmissibles. Pour ces pays, le coût des traitements de ces maladies est prohibitif. Elles doivent être rendues abordables. Les pays donateurs qui allouent des fonds à la lutte contre le sida devraient prévoir des fonds pour toutes les maladies sexuellement transmissibles. Lorsque l’on parle de médicaments essentiels à la survie de l’homme, le droit à la vie doit prendre le dessus sur les intérêts commerciaux. L’action régionale est très importante pour combattre la propagation du VIH/sida. L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) a inclus la question du VIH/sida à l’ordre du jour du Sommet qu’elle tiendra en novembre afin de lui donner le rang de priorité dans toutes les politiques nationales et d’encourager la coopération et l’échange d’expertise et d’expérience.
M. HUSEIN ZIVALJ (Bosnie-Herzégovine) : Nous appartenons à un groupe de pays qui connaît un faible taux d’infection par le VIH/sida, mais cela ne veut pas dire que nous ne nous sentons pas concernés. Il est grand temps de s’engager dans un plan d’action mondial fort et coordonné, auquel chacun doit contribuer. La Bosnie-Herzégovine est très encouragée par l’initiative de créer un Fonds mondial pour le sida et appelle les pays riches à y contribuer. Il faut aussi assister les pays les plus pauvres à élaborer leurs propres capacités. Un suivi de la maladie est indispensable pour évaluer les aboutissements et planifier les actions futures. En outre, un rôle particulier dans la prévention doit être joué par les dirigeants spirituels et religieux. Les pays doivent également partager leurs expériences et coopérer au niveau régional. Enfin, la Bosnie-Herzégovine soutient vivement la décision visant à demander au Secrétaire Général de soumettre chaque année à l’Assemblée générale un rapport spécial comportant tous les éléments pertinents, à tous les niveaux, qui permettront d’évaluer les avancées en la matière.
M. JAKSYLYK DOSKALIEV, Chef de l’Agence nationale pour la santé du Kazakhstan : Le Kazakhstan n’est pas épargné par la pandémie du VIH/sida et a mis en place un Programme stratégique de lutte contre le VIH/sida dès les années 80. Au cours de ces dernières années, un Conseil de coordination des mesures prophylactiques a été créé en vue de développer des stratégies préventives à l’intention des groupes à risque. La propagation de l’épidémie n’est pas sans susciter des inquiétudes au Kazakhstan; on compte ainsi 1 799 personnes séropositives dont 39 ont développé la maladie. De plus, le nombre des femmes séropositives est en augmentation, même si sur les 22 enfants nés jusqu’à aujourd’hui de mères séropositives, deux seulement sont séropositifs. Par ailleurs, le Programme, prenant en compte les spécificités nationales, a mis en place des actions visant à limiter les conséquences dévastatrices chez les toxicomanes qui injectent des drogues par voie intraveineuse. Le Kazakhstan se trouve en effet sur une route essentielle de commerce d’héroïne, ce qui favorise la propagation de la maladie. Un programme a enfin été instauré dans les établissements pénitentiaires, où on compte 40% des séropositifs.
M. SERBINI ALI (Brunéi Darussalam) : Nous sommes tous arrivés à la conclusion que la pandémie du VIH/sida n’est pas seulement une question de santé publique. C’est une crise d’envergure mondiale avec des conséquences dévastatrices, une menace à la paix et à la stabilité, et une force qui sape les efforts en faveur du développement économique et de la cohésion sociale. Cette session représente donc un tournant dans l’histoire de l’épidémie. Nous sommes heureux de voir que les institutions spécialisées des Nations Unies telles que l’UNICEF, le Programme des Nations Unies pour le développement, le Fonds des Nations Unies pour la population et l’Office de contrôle des drogues et de prévention du crime, ainsi que la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé, intègrent la question du VIH/sida dans leurs programmes de développement et de financement. Le taux de prévalence continue d’être très bas au Brunéi Darussalam; cependant, des mesures ont été prises, essentiellement afin d’offrir des soins, un soutien et des services de conseil aux individus infectés. Dans le même temps, et afin de promouvoir la prévention, le Gouvernement intensifie la surveillance des groupes à haut risque et encourage la participation des secteurs, autres que celui de la santé, à la gestion de la crise. L’accent a également été mis sur l’éducation sur le VIH/sida, dans le respect des valeurs et croyances traditionnelles et culturelles. Enfin, le Brunéi Darussalam fait partie de l’équipe spéciale de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) dont l’objectif est de stopper la propagation de la maladie en renforçant les réponses collectives et en mobilisant des ressources pour mettre en place des activités prioritaires.
M. DEJAN SAHOVIC (Yougoslavie) : La Yougoslavie est un pays au taux de prévalence faible. Il y a actuellement 900 patients atteints par le sida et 1 000 autres porteurs du VIH. Selon certaines estimations, il y aurait quelque 10 000 personnes séropositives. Le fait que le pays connaisse une longue crise économique, une stratification de la population, une augmentation de la prostitution, un accès facile aux drogues, de nombreuses migrations et une large communauté de réfugiés et de personnes déplacées et un conflit prolongé, constitue un risque que l’épidémie se transforme en un problème plus grave. La Yougoslavie est prête à mobiliser les ressources adéquates pour lutter contre le VIH/sida. Elle envisage la création d’une Commission nationale pour la lutte contre le sida, le soutien à la société civile dans son ensemble, une action ciblée vers la population jeune, des programmes de prévention et la protection des droits des personnes malades du sida. Cependant, les ressources disponibles sont restreintes. Cela limite la possibilité de lancer des campagnes de prévention car celles-ci utiliseraient des ressources allouées à des besoins plus urgents. A titre d’exemple, seuls 20% des patients atteints du sida peuvent avoir un traitement médical pris en charge par leur assurance. Nous sommes conscients que l’Afrique doit bénéficier d’une attention particulière de la part de la communauté internationale; cependant, l’Europe du Sud-Est ne doit pas rester en reste.
M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) : Aucune région n’est à l’abri de l’épidémie du sida. Le taux de prévalence du VIH/sida est faible. Le programme national pour la lutte contre le sida a été créé dès 1982. La plupart des cas sont causés par les drogues injectées par voie intraveineuse et par les rapports sexuels avec une personne infectée. La population jeune est un des groupes les plus vulnérables. Nous sommes néanmoins disposés à coopérer aux efforts mondiaux de lutte contre le sida et toutes les maladies sexuellement transmissibles. La session doit aboutir à l’adoption d’une stratégie internationale fondée sur le changement des comportements. La première tâche consiste à sensibiliser la population à la maladie et aux risques de transmission. L’éducation des jeunes doit commencer très tôt. Les pratiques sexuelles non protégées constituent des «maladies sociales» avant d’être des maladies organiques. Il faut tenir compte du prix des médicaments pour les rendre abordables aux couches les plus vulnérables. La pandémie s’est propagée dans tous les pays, pauvres et riches. Par conséquent, il faut lutter ensemble contre sa propagation.
M. ELIAS GOUNARIS (Grèce) : La déclaration faite hier par la Suède au nom de l’Union européenne, et à laquelle adhère la Grèce, a souligné que l’adoption de la première déclaration des Nations Unies d’engagement marquera un tournant historique dans la lutte contre le VIH/sida. La Grèce se félicite de l’importance qui est donnée, entre autres, à la prévention et au respect des droits de l’homme, en particulier des droits de la femme. Elle souligne d’autres éléments essentiels, comme la nécessité de faire face à la souffrance humaine, en accord avec le serment d’Hippocrate, le besoin de dissocier les croyances personnelles des dommages causés par la pandémie mondiale, la priorité à donner à l’élimination des obstacles politiques et législatifs pour fournir aux personnes vivant avec le sida des soins adéquats. Les gouvernements doivent oeuvrer en étroite coopération avec le système des Nations Unies, les organisations intergouvernementales, les personnes souffrant du sida, les corps médical et scientifique, et les autres acteurs de la vie civile. En particulier, le rôle d’ONUSIDA est prépondérant et les efforts de la société civile sont louables. En Grèce, un Centre de contrôle des maladies infectieuses travaille sous l’autorité du ministère de la santé et du bien-être. Les patients, en général, ont droit à un diagnostic et à un soutien médical, social et psychologique gratuits.
M. ERWIN ORTIZ (Bolivie) : Face à l’erreur commise de ne pas s’être préoccupés à temps du problème du sida, nous devons saisir l’opportunité qui nous est offerte de former une nouvelle alliance qui n’en reste pas au niveau théorique mais qui s’engage sur la voie de l’action et de la détermination. Il incombe à la communauté internationale, aux organismes internationaux et des acteurs de la société civile. La lutte à mener doit l’être aux niveaux national, régional et international avec une prise en compte de chaque individu. Nous devons impérativement nous attaquer aux causes et non aux symptômes. Etant donnée l’ampleur dramatique des conséquences socioéconomiques de l’épidémie, les mesures à prendre doivent aller dans le sens d’une intensification de la campagne de sensibilisation, une mise à disposition aux personnes infectées de médicaments, une mise en place d’un transfert de technologies, une intensification de la lutte contre la pauvreté, une accélération du développement économique des pays en développement. L’engagement de la Bolivie contre la propagation du virus se fait par un soutien actif à l’élaboration du projet de déclaration d’engagement et par un soutien au document exprimé par le Groupe de coopération technique horizontale d’Amérique latine et des Caraïbes, adopté le 16 février dernier. En dépit du faible taux d’infection mesuré en Bolivie, les services de prévention et de contrôle sont insuffisants et, dans ce contexte, la solidarité internationale est indispensable.
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