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Communiqués de presse

LES PARLEMENTAIRES PLAIDENT POUR UNE COLLABORATION ENTRE RICHES ET PAUVRES, SEUL MOYEN D’ASSURER LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT DES PMA

14 Mai 2001



Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
4 mai 2001 - 4ème réunion

Bruxelles, le 14 mai -- Ouvrant, cet après-midi, la table ronde de haut niveau sur la « contribution des parlementaires a la lutte contre la pauvreté », M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement, a salué le consensus sur les problèmes auxquels sont confrontés les pays les moins avancés,parmi lesquels la corruption, qui s’est dégagé, ce matin, au cours de la séance d’ouverture de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés. La Conférence se déroule au siège du Parlement européen a Bruxelles (Belgique) jusqu’au 20 mai 2001. Cependant, a ajouté M. Ricupero, il n’est pas suffisant de se mettre d’accord sur des principes généraux, mais faut aussi transposer ces engagements dans la réalité.

Qu’il s’agisse de l’initiative pour les pays pauvres très endettés IPIC ou de l’aide publique au développement, le problème qui se pose est l’absence de volonté politique et de ressources. Pour ce qui est de la volonté politique, les parlementaires se trouvent au cœur du processus politique et peuvent agir comme catalyseur pour faire appliquer les solutions politiques qui s’imposent, a conclu M. Ricupero.

L’objectif de cette table ronde était de mobiliser des parlementaires du monde entier et de les faire promouvoir des initiatives sur des questions d’une urgence particulière au sein des PMA, a savoir les produits de base et l’agriculture, le renforcement des capacités et les nouvelles technologies en faveur du développement, le financement du dé veloppement, l’allègement de la dette et les flux de capitaux. Les participants à la table ronde ont chaque fois souligné l’importance de la promotion de la femme dans le cadre du développement.

Dans ses remarques liminaires, M. Alexander Cori, Coprésident de l’assemblée parlementaire commune de l’Accord de partenariat entre le Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et l’Union européenne (ACP-UE), a rappelé que les engagements passés, pris lors des conférences de Paris sur les PMA n’ont pas été vraiment suivies d’actions concrètes. Il a souligné l’importance du nouveau partenariat qu’établit l’accord de Cotonou et surtout le fait qu’il associe au processus de développement les membres des communautés locales, la socié ;té civile et les petits acteurs économiques. Parmi les conditions essentielles en vue d’une éradication de la pauvreté, M. Cori a identifié le règlement des conflits et l’éducation des femmes. Il a expliqué que l’ objectif de l’éducation pour tous exige que des fonds soient débloqués, tant par les gouvernements que par les bailleurs de fond. En outre, la base de toute stratégie de développement doit se fonder sur le dé veloppement agricole et la transformation des produits de base pouvant apporter à ces derniers une valeur ajoutée. L’importance de l’agriculture dans les pays en développement devrait justifier la mise en place d’une protection spéciale de ce secteur jusqu'à ce que leurs économies soient moins fragiles.

M. Cori a fait valoir que les agriculteurs des pays dé veloppés bénéficient de subventions, ce qui fait que la compétition entre agriculteurs du nord et du sud ne se fait pas dans des conditions d’égalité. Par ailleurs, il a appelé à ne pas se focaliser sur la pauvreté dans les pays les moins avancés en rappelant qu’il y a des pauvres dans tous les pays et notamment ceux considérés comme pays à revenu intermédiaire, tels que l’Afrique du Sud. Appelant la communauté internationale à ne pas répéter les erreurs des conférences de Paris sur les PMA, M. Corrie a espéré que PMA III fixerait des objectifs plus modestes mais que l’on puisse atteindre.

Au cours de la table ronde, que présidait et animait M. Tjitendero, Vice-Président du Comité exécutif de l’Union interparlementaire (Namibie), un parlementaire malien s’est réjoui que la plupart des chefs d’Etat des PMA prennent aujourd’hui leur mandat en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté. Tous les jours, les noms changent, a-t-il noté, mais il serait plus intéressant de travailler sur la réalité que sur le vocabulaire. Il a fait observer qu’en voulant éviter d’ écorcher les PMA, on les déresponsabilise un peu alors qu’ils ont une part de responsabilité. Le rapport des hommes de pouvoir a la connaissance se détériore considérablement, avec les manières d’accéder à la tête de l’Etat. Il a également noté que les guerres se jouent dans les zones ou il se trouve y avoir des diamants ou du pétrole, dont l’exploitation profite principalement au monde développé.

Par ailleurs, les participants sont revenus sur la question de l’agriculture en comparant les milliards de dollars de subventions que versent les pays industrialisés à leurs agriculteurs aux bénéfices que les PMA pourraient indirectement retirer d’un abaissement de ces subventions et d’autres obstacles tarifaires et non tarifaires. Une Parlementaire européenne a précisé que les produits de base pourraient être un meilleur moteur de croissance économique s’ils n’étaient pas frappés par des droits de douane très élevés, contrôlés et né gociés à des cours très bas par des multinationales intéressées par leurs propres profits. Outre le fait que les PMA n’ont pas eu suffisamment droit au chapitre en ce qui les concerne, ils pâtissent d’un manque d’esprit d’entreprise et du peu d’assurances dans le domaine du financement. On ne demande pas de grandes largesses aux pays développés, a estimé cette parlementaire en regrettant l’escalade des droits de douane des pays développés en fonction du degré de transformation des produits exportés par les PMA. Les producteurs de beurre de cacao affrontent déjà des droits de douane élevés, mais ces droits seront encore plus élevés si les producteurs des PMA décident d’ exporter du chocolat, a-t-elle expliqué. Une Parlementaire égyptienne a dé claré que plutôt de que de se demander quels sont les avantages comparatifs des pays les moins avancés, il faut plutôt se demander dans quels domaines ils peuvent être compétitifs.

Elle a proposé que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ( FAO) et l’Organisation des Nations pour le développement industriel (ONUDI) élaborent des programmes qui aideront ces pays à identifier leurs points forts sur la scène mondiale.

En ce qui concerne l’augmentation des investissements externes directs, un représentant a estimé que s’il y a un niveau de corruption élevé et des retards majeurs dans un pays, les entreprises nationales auront du mal à attirer des investisseurs. Il a suggéré que les PMA créent une sorte de police des polices, qui serait chargée de surveiller l’usage qui est fait des investissements directs. Un autre intervenant a critiqué le fait que les discussions sur les investissements se concentrent toujours sur les exportations. Il a estimé qu’il faut aussi tenir compte de l’autonomie et de la sécurité alimentaire, qui conditionnent une bonne partie des dépenses nationales.

Abordant la question des technologies et de l’environnement, un Parlementaire du Bangladesh a rappelé que les agriculteurs de son pays sont dépendants de produits polluants tels que les pesticides. Il a é galement évoqué le problème de la disponibilité de l’ eau dont dépendent la plupart des nouvelles variétés de riz a haut rendement. Ce parlementaire a souligné la contribution des femmes a l’agriculture du Bangladesh et indiqué que son Gouvernement a pris de nombreuses mesures pour améliorer leur niveau d’éducation, l’éducation étant gratuite au niveau secondaire et bientôt universitaire. Des programmes ruraux à l’ intention des femmes s’efforcent en outre de leur accorder un pouvoir économique accru.

Abordant également la question du renforcement des capacités des femmes, une Parlementaire du Cameroun a souligné le faible niveau d’éducation des femmes de son pays en regrettant que leur potentiel soit perdu pour le développement. Elle a suggéré de mettre en place des quotas pour améliorer la scolarisation des femmes. Pour ce qui est des femmes dans l’agriculture, il faudrait commencer par rendre visible leur contribution puis les former dans des domaines associés a la pratique agricole, notamment le microcrédit. Il faut aussi rendre visibles les femmes et les filles qui ont réussi dans chaque communauté. La repré sentante s’est demandé comment assurer une collaboration entre les filles du sud et celles du nord, en suggérant que ce partenariat soit notamment axé sur l’actualisation des technologies déjà utilisées au Sud. Pour qu’un ensemble de mesures allant dans ce sens puisse être mis en place, a-t-elle conclu, une volonté politique ferme des gouvernants des pays du Sud doit se manifester.

Revenant sur le renforcement des capacités, un membre du Parlement européen a été d’avis qu’il est clair que les capacités sont essentielles à une politique de développement efficace. Toutefois, elles doivent être favorisées par une bonne gouvernance et un bon fonctionnement des institutions. L’accumulation de capital n’est pas suffisante pour assurer la croissance, il faut aussi posséder des institutions solides créant un cadre sain et stable aux conditions dans lesquelles les personnes et les entreprises participent à l’économie. Ce repré sentant a souligné que, sur cette question, l’accord de Cotonou reconnaît pour la premiè re fois l’importance du renforcement des capacités institutionnelles. Mais il a regretté que ce même accord ne prévoit pas de mesures pour réaliser ces objectifs, laissant ce défi aux Etats en développement et a leurs partenaires de développement.

En ce qui concerne le rôle des parlements face au gouvernement, les intervenants ont estimé qu’il faut, pour garantir un bon fonctionnement des institutions parlementaires, mettre l’accent sur le contrôle démocratique et le principe de la controverse. Un autre parlementaire a insisté sur l’apport concret des parlementaires dans la mobilisation des financements, l’allègement de la dette et la répartition des flux de capitaux.

Il les a appelés à s’interroger sur leur capacité à jouer un rôle de législateur en harmonie avec les engagements internationaux mais aussi avec le contexte national. Les parlementaires doivent chercher à développer eux-mêmes leur capacité à voter des lois propices au développement national. La capacité des parlements à contrôler l’ action gouvernementale est aussi très importante, notamment au sein de l’exécution budgétaire.

Les problèmes de corruption ou de mauvaise gestion des projets sont dus à l’incapacité du parlement à exercer son contrôle sur l’utilisation des ressources, y compris des financements internationaux. Il faudrait s’efforcer de créer un cadre juridique international permettant de poursuivre les responsables de pays en développement ayant dé tourné des fonds d’aide internationale, a également suggéré une participante. En conclusion, les participants ont estimé que la collaboration entre riches et pauvres, pays développés et en développement, pays du Nord et du Sud sera la seule manière de résoudre les différents problèmes de développement.

Demain, les maires se réuniront sur la « coopération ville à ville ».


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