Communiqués de presse
LA SIGNATURE DE 29 ACCORDS BILATERAUX D’INVESTISSEMENTS VIENT ILLUSTRER LE ROLE QUE LES PMA ATTRIBUENT A L’INVESTISSEMENT ETRANGER DANS LE DEVELOPPEMENT
18 mai 2001
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Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
18 mai 2001
Bruxelles, le 18 mai -- La Troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) a tenu, ce matin, un dialogue sur l’investissement et le développement des entreprises qui s’est achevé par une cérémonie de signature de 29 accords bilatéraux pour la promotion et la protection des investissements (BIT). Illustrant ainsi, à l’instar des participants au débat, la place de l’entreprise privée et de l’investissement direct étranger (IED) comme piliers du développement durable, neuf PMA ont passé ces accords avec l’Union économique belgo-luxembourgeoise, trois pays en développement et un pays à économie en transition. Les BIT sont des accords signés entre investisseurs et gouvernements hôtes à l’initiative des premiers pour assurer aux investissements des normes élevées de protection juridique et des garanties. Aujourd’hui, de nombreux signataires du BIT s’engagent dans ces accords avec le double objectif de protéger leurs investissements à l’étranger et d’attirer des investissements en provenance des pays de leurs cosignataires.
Les flux de l’investissement direct étranger (IED) dans les 49 PMA sont allés d’une moyenne annuelle de 600 millions de dollars durant la période 1986-1990 à une moyenne annuelle de 3,6 milliards de dollars durant la deuxième moitié de la décennie 1990. En 1999, les flux d’IED ont connu une nouvelle augmentation pour dépasser les 5 milliards de dollars. Pour toute la période considérée, la croissance annuelle moyenne de l’IED dans les PMA a donc été de 20% comparée aux 22% d’augmentation des flux vers les pays en développement en tant que groupe. Malgré cette augmentation, les résultats varient d’un pays allant d’un déclin de 35% pour un pays comme le Burundi à une croissance de 474% pour le Cambodge.
Bien que légère, l’augmentation du flux d’IED vers les PMA a modifié la structure des flux de financement extérieur. Si l’Aide publique au développement (APD), indispensable au financement des infrastructures, reste la principale source de ressources financières allant vers les PMA, elle a cependant connu une baisse constante en termes absolus et relatifs. Les PMA ont reçu 11,6 milliards d’APD bilatérale et multilatérale en 1999 contre 16,7 milliards en 1990. Pour la seule APD bilatérale, les sommes reçues ont décliné passant de 9,9 milliards de dollars à 7,2 milliards.*
Les 29 accords signés, ce matin, ont été conclus au cours d’un cycle de négociations, organisées et facilitées à l’intention des PMA francophones, par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement(CNUCED) qui y a associé l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF), initiatrice en 1998 à Monaco, d’une réunion des Ministres francophones de l’économie et des finances sur l’investissement. Comme l’a expliqué, le Secrétaire général de la CNUCED et Secrétaire général des PMA III, M. Rubens Ricupero, l’exercice de facilitation des négociations auquel s’est livré la CNUCED est d’autant plus important que les accords d’investissement couvrent désormais une vaste gamme de sujets.
Ces accords traduisent l’engagement des gouvernements en faveur d‘une structure favorable à l’IED, a dit à son tour, le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, M. Boutros Boutros-Ghali, en ajoutant qu’ils sont aussi l’expression du rôle que veulent jouer les Etats dans la définition des règles d’une ouverture économique voulue et non subie et fondée sur des relations internationales plus équilibrées, plus équitables et plus démocratiques. M. Boutros-Ghali a, dans ce contexte, annoncé la tenue, le mois prochain à l’Université Sedar Senghor d’Alexandrie, d’une session de formation à l’intention de négociateurs francophones.
Outre l’Union belgo-luxembourgeoise, les pays dont la liste suit ont signé les accords bilatéraux aujourd’hui : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Guinée, Mali, Mauritanie, Tchad, pour les PMA, et Cameroun, Croatie, Ghana et Maurice, pour les investisseurs.
Coprésidé par le Ministre cambodgien du commerce, M. Cham Pradish, et le Ministre alllemand de la coopération et du développement économique, Mme Heidemarie Wieczorek-Zeul, le débat a porté principalement sur les éléments constitutifs d’un environnement favorable aux investissements nationaux et à l’IED ainsi que sur les moyens de faire en sorte que l’IED apporte une réelle contribution au développement des PMA. Sur ce dernier point, un partenariat public/privé a été préconisé tandis que sur le deuxième, les arguments de la stabilité macroéconomique, du développement des infrastructures de communication et de transport et du renforcement des capacités nationales ont été avancés ; le rôle, en la matière, de la coopération technique et financière de la communauté internationale étant souligné.
Un dialogue sur la mise en valeur des ressources humaines et l’emploi sera organisé cet après-midi, à 15 heures.
Développer les capacités productives: rôle de l’investissement et développement des entreprises
Déclarations liminaires
M. CHAM PRADISH, Ministre du commerce du Cambodge et coprésident de la session, a ouvert le débat interactif sur le rôle de l’investissement et le développement des entreprises dans le développement des capacités productives en déclarant que la participation du secteur privé s’imposait dans l’examen de cette question. Il a dit que les principales caractéristiques des PMA étaient leur insuffisance d’infrastructures et de ressources humaines et financières. L’aide publique au développement (APD) est essentielle au renforcement de ces deux domaines. La baisse de l’APD n’est malheureusement pas encore totalement compensée par l’investissement étranger direct (IED). Cependant dans certains PMA, les flux d’IED ont dépassé les montants d’APD. La part des PMA reste encore de moins de 0,5% des flux d’IED mondiaux, cette part représentant quand même 8% de tous les investissements annuels dans ces pays.
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont peu développées dans les PMA, qui espèrent cependant pouvoir en profiter dans les années qui viennent, ceci étant rendu possible par l’usage de plus en plus courant des réseaux de téléphones mobiles de type GSM et par la naissance de l’Internet par téléphone. Pour pouvoir attirer plus efficacement de l’IED, il faut que l’environnement juridique et le cadre d’investissement soient améliorés. Les PMA ont besoin pour ce faire d’une assistance technique et de l’expérience de pays plus avancés. La bonne gestion des affaires publiques, le respect des libertés et la construction d’infrastructures sont certaines des conditions qui doivent être remplies en vue d’attirer l’investissement. Le Cambodge est en train de créer un cadre juridique transparent à cet effet. L’accès aux marchés et la taille des marchés locaux sont aussi importants pour attirer l’IED, aussi des arrangements régionaux peuvent-ils s’avérer une solution souhaitable. La compétitivité des entreprises détermine la capacité d’une économie à créer la richesse. Les travailleurs doivent quant à eux être qualifiés pour rentabiliser les investissements et jouer le jeu de la concurrence au niveau international. Les PMA se demandent s’ils ne devraient pas avoir la possibilité de protéger leurs industries naissantes au vu de leur faible compétitivité, mais le manque de compétition peut nuire à l’amélioration de la qualité des produits.
Mme HEIDEMARIE WIECZOREK-ZEUL, Ministre fédérale de la coopération et du développement économique de l’Allemagne, a d’abord souligné que la hausse des investissements est un facteur clé de croissance laquelle est elle-même un instrument de la lutte contre la pauvreté. Elle a ensuite annoncé que son pays a mis au point un plan pour la lutte contre la pauvreté qui définit des objectifs spécifiques dans différents domaines dont la relance de l’économie et un rééquilibrage du commerce en faveur des PMA. Elle a appelé ces derniers à créer un environnement favorable au secteur privé, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME) avant d’indiquer que son pays entend appuyer le programme de formation spéciale pour les femmes et l’Agence de promotion des investissements nationaux, initiés par la CNUCED.
Dans le domaine des investissements, a poursuivi Mme Wieczorek-Zeul, l’Allemagne est très attachée au partenariat entre secteur public et secteur privé. Elle a insisté sur la coopération qu’il faut établir entre le secteur privé et les fonctionnaires chargés des questions de développement. Elle a ensuite souligné qu’à ce jour, son pays octroie une aide directe à 500 entreprises dans 41 pays. Elle a conclu en appuyant l’idée d’une nouvelle série de négociations dans le cadre de l’OMC qui prendrait davantage en compte les besoins des pays en développement et, en particulier des PMA. Elle a aussi plaidé, au nom de son Gouvernement, pour l’élimination des taxes à l’importation imposées aux biens et services. Faisant valoir l’Initiative « Tout sauf les armes », elle a encouragé l’Union européenne à aller plus loin et à réformer sa politique agricole afin d’éliminer le protectionnisme agricole et d’harmoniser sa politique agricole et sa politique de développement.
Importance du développement des entreprises nationales
M. ALAN KYEREMATEN, Directeur d’« Enterprise Africa », Ghana, a présenté un programme d’amélioration des capacités des entreprises soutenu par le PNUD et la CNUCED. Les petites et moyennes entreprises (PME) ont été la cheville ouvrière du développement économique de nombreux pays, a-t-il dit. Mais dans les PMA, ce maillon est généralement absent, ce qui crée un manque de savoir-faire entrepreneurial, un manque d’accès aux informations commerciales et le manque de maîtrise des techniques de production. Le programme que nous menons comprend la formation des entrepreneurs, l’initiation à la comptabilité, et la formation aux techniques de sous-traitance. Le premier principe que nous appliquons est celui de la simplification des méthodes d’entreprises et la sélectivité des candidats entrepreneurs. Nous expliquons aussi aux entrepreneurs que seules les sociétés pouvant survivre sur un marché compétitif valent la peine de sacrifices et d’efforts, les ressources financières et les structures bancaires étant limitées dans les PMA. « Enterprise Africa » est présente en ce moment dans 11 pays, a dit l’orateur.
Mme SONIAL PASQUA, Directrice générale de la société Pasqua Giuseppe en Ethiopie, a expliqué les initiatives qu’elle a prises, sous le conseil du programme du PNUD, « Enterprise Ethiopia », pour développer sa société privée à responsabilités limitées, doté d’un capital d’un million de dollars et employant 105 personnes.
M. HANNS-EBERHARD SCHLEYER, Secrétaire général de la Confédération allemande des petites entreprises et des artisans, a dit que le secteur des PME était crucial à la construction de tout tissu économique. Dans le contexte actuel, le secteur privé doit jouer un rôle de plus en plus important et les PME sont à l’avant garde de cette participation. En Allemagne, les PME créent 60% des emplois d’entreprises. Mais la bonne marche du secteur privé dépend du bon fonctionnement d’un cadre d’affaires transparent et de celui d’une administration efficace. Les chambres de commerce sont les lieux où les entreprises peuvent trouver le soutien et les conseils techniques dont elles ont besoin. Les organisations commerciales et patronales sont, elles, d’un type différent, puisque l’adhésion s’y fait de façon volontaire. Elles connaissent généralement mieux les problèmes qui se posent aux entreprises que les structures gouvernementales et peuvent être d’un grand secours aux entreprises et aux organisations de travailleurs.
Nous encourageons les PMA à créer des organisations commerciales et patronales. Les PME allemandes que nous représentons sont prêtes à participer à des actions de partenariat avec des entreprises des PMA sur cette question. Ce sont les PME et non les grandes sociétés et les transnationales qui sont à la base de la construction d’une économie. Elles sont aussi un outil de changement social qui peut participer à la consolidation du rôle des femmes.
Débat
Réagissant aux déclarations précédentes, M. PRADEEP S. MEHTA, Secrétaire général de Consumer Ujity and Trust Society (CUTS) en Inde, a souligné la nécessité de maintenir la croissance des PMA. Quant à M. JABU NGCOBO, Secrétaire général pour la région africaine de la Fédération internationale des travailleurs du textile, de la confection et du cuir (FITTHC) en Afrique du Sud, il a souligné la nécessité d’assurer un transfert du savoir-faire et d’associer davantage la population locale. Il a dénoncé la majorité des investisseurs qui, dans les PMA, se distinguent souvent par des exigences fiscales, une non-reconnaissance des syndicats, le recrutement d’enfants, les horaires de travail lourds. Ce n’est que par un équilibre entre investissements et droits des travailleurs que les investisseurs contribueront vraiment au développement des PMA, a-t-il souligné.
La représentante d’une ONG médicale accréditée auprès du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC), a fait remarquer que l’information pouvait être la clef d’un fonctionnement efficace des structures de santé dans les PMA. A travers la distribution de CD-ROM qui peuvent contenir une somme appréciable d’informations, on peut aisément donner aux PMA l’information dont elles ont besoin sur le plan sanitaire.
Un solide secteur privé est indispensable à la promotion de l’économie durable des PMA, a estimé le représentant de la Norvège, qui a ajouté que son pays a organisé un colloque sur le rôle du secteur privé dans les PMA au vu des enjeux posés par la mondialisation. Notre objectif est d’identifier les meilleurs moyens d’améliorer la capacité de travail des travailleurs dans les entreprises. Nous sommes prêts à soutenir les PMA sur cette question à travers des opérations du Fonds norvégien de développement. Le domaine de coopération le plus immédiat est celui de la création de fonds destinés à la création de PME dans les PMA. Nous avons versé 202 millions de dollars américains à ceux qui existent en faveur des PMA d’Afrique, Asie, et d’Océanie.
L’investissement étranger direct dans les PMA : possibilités et déterminants
Mme MARIA LIVANOS, Secrétaire générale de la Chambre de commerce internationale, a déclaré que la Chambre avait adhéré au « Pacte mondial » (Global Compact) de l’ONU proposé par le Secrétaire général. A travers sa coopération avec la CNUCED, elle a pu lancer un certain nombre de projets d’investissements dans des PMA, dont certains en Afrique. Les projets que nous mettons en oeuvre ont besoin pour réussir, d’un étroit dialogue et d’une coopération renforcée entre privé et public, a-t-elle poursuivi. Nous sommes intéressés par le renforcement des capacités des PMA, et nous sommes prêts à leur fournir des informations et des services qui pourront jouer en faveur de leur intégration dans l’économie mondiale.
M. EARL CAIRNS, Président de la Commonwealth Development Corporation et du Commonwealth Business Council and Overseas Development Institute du Royaume-Uni, a indiqué qu’en matière de politique d’investissements, l’expérience a montré l’importance qu’il y a à définir précisément le rôle du gouvernement et du monde des affaires. Si les gouvernements peuvent être appuyés par l’aide extérieure, les milieux des affaires doivent eux fonctionner sur la base de l’investissement étranger direct (IED). Pour attirer l’investissement, un pays doit avoir une capacité concurrentielle, des infrastructures de communications et de transports ; un capital intellectuel; et la capacité de projeter à l’extérieur les succès qu’il enregistre.
A son tour, M. FRANCOIS DE LAAGE DE MEUX, Président du Conseil de la Société du Louvre de la France, a d’abord admis la lenteur des flux d’IED en Afrique, expliquant qu’il a fallu des « siècles » pour que l’économie africaine passe d’une dominance publique à une relative dominance privée. Pour se déplacer, l’investisseur étranger a besoin de partenaires locaux bien du fait des caractéristiques du marché. Dans cette collaboration, a poursuivi l’orateur, il est tout à fait légitime que l’investisseur demande une participation majoritaire étant donné que c’est lui qui détient les connaissances industrielles et les technologies les plus appropriées.
Pour attirer l’investisseur étranger le pays doit pouvoir offrir des travailleurs qualifiés, pallier les insuffisances des infrastructures locales, et avec l’explosion du commerce électronique, se relier aux technologies les plus avancées. En matière juridique, il est important que le pays ait recours à l’arbitrage pour le règlement des litiges, mettant ainsi en oeuvre la Convention de New York de 1958 sur le recours à l’arbitrage international.
La représentante de la Banque mondiale a dit qu’un réseau d’information numérique avait été créé par la Banque mondiale. Ce réseau, le « Global Gateway » est mis à la disposition des PMA, qui peuvent y trouver toutes les informations économiques et financières dont ils ont besoin pour faciliter l’investissement.
M. FRANS TUMMERS, Président de la Fédération néerlandaise des industries alimentaires et cadre d’Unilever, a dit que la collaboration entre PMA et transnationales pouvait porter des fruits. Les grandes sociétés transnationales ont besoin d’être pleinement acceptées dans les PMA et d’insérer leurs actions dans le tissu social des pays où elles opèrent en faisant preuve de sensibilité face aux particularités des sociétés humaines avec lesquelles elles travaillent. Unilever s’efforce de mener ses actions dans cette optique en fournissant des services et des soins aux communautés locales. Les petites et moyennes entreprises des pays d’accueil peuvent trouver un bon soutien et des opportunités d’affaires auprès des transnationales en matière de sous-traitance et de transfert de technologies. Elles doivent être disposées à saisir les occasions auprès des multinationales qui vont leur déléguer certains rôles. Les retombées concrètes de cette coopération se traduisent en une hausse des activités de production et par la création d’emplois en aval. En Indonésie Unilever a pu s’insérer dans la société nationale et créer des liens forts de production avec les entreprises locales. Nous pensons que les multinationales doivent être perçues comme des partenaires fiables du développement, a dit M. Tummers.
Au Viet Nam, nous avons des partenariats avec les PME locales, dont les retombées pour ce pays se sont traduites par la création de 5 500 emplois et par l’utilisation de matières premières locales dont la production crée aussi des emplois en milieu rural. Nous aidons d’autre part les PME qui font de la sous-traitance pour Unilever à maintenir et moderniser leur outil de production. La coopération entre transnationales et PME dans les PMA peut donc aboutir à une situation de « win-win » ou chaque partie est gagnante.
Débat
M. JABU NGCOBO a dit qu’il existe des conditions qui obligent les PMA à accepter tout ce qui est exigé d’eux pour attirer des investissements et l’implantation de transnationales. Au Botswana, 4 000 emplois viennent d’être perdus dans le textile parce que le gouvernement, respectueux des conditionnalités des institutions internationales ne peut plus verser de subvention à la production. Ce genre de situation est anormal dans des pays pauvres où l’emploi est déjà rare, a estimé l’orateur.
Intervenant à sa suite, M. PRADEEP MEHTA a dit que la question des infrastructures devait être résolue pour donner une chance aux PMA en matière de manufactures et d’industries de transformation. Ce que vient de dire le représentant d’Unilever soulève la question des cadres réglementaires qui sont offerts à l’investissement étranger, a-t-il estimé. L’inexistence de cadres transparents fait courir des risques de nivellement par le bas. Il existe aussi un problème de barrières douanières qui souvent décourage l’IED vers les PMA et dans l’autre sens porte préjudice à l’accès aux marchés de la production de ces pays.
Le représentant de la Finlande a noté que les PMA avaient besoin de 7% à 8% de croissance annuelle soutenue pour gagner la lutte contre la pauvreté d’ici 2015. Or ces pays n’ont en moyenne que 3% à 4% de croissance annuelle. Une relance à la hausse de l’APD s’impose donc si on veut les aider à combler leurs insuffisances. La fuite des capitaux nationaux est un phénomène alarmant dans les pays en développement, car si les nationaux sortent leur argent de leurs pays, il est difficilement imaginable de penser que les étrangers susciteront des flux d’IED vers ces pays. L’investissement dans les PMA est d’autre part perçu comme un investissement à haut risque. Il faudrait d’autre part plus de créativité et d’imagination si l’on veut inciter l’IED à suivre les flux de l’APD. L’initiative de la CNUCED en faveur des PMA pourrait servir de base de réflexion à des efforts d’encouragement à l’IED en direction des PMA. Douze milliards de dollars ont été versés sous forme d’APD aux PMA en 1997, alors que l’IED ne représentait que la moitié de cette somme. Il faudrait arriver à équilibrer les deux types d’investissements.
Intervenant à son tour, le représentant de la République-Unie de Tanzanie a expliqué que le programme de privatisation vigoureux que son pays a mis en place conduit à une domination étrangère des entreprises nationales étant donné l’incapacité financière des entrepreneurs locaux de les reprendre. Partant, il s’est interrogé sur la pertinence d’encourager ainsi l’IED qui peut susciter des ressentiments auprès de la population.
Il s’agit d’un réel facteur de déstabilisation aux niveaux politique, social et économique, a insisté le représentant. Il a donc demandé à la communauté internationale d’apporter l’aide requise au développement des entreprises nationales, condition sine qua non pour réaliser l’ordre du jour du développement durable.
Pour sa part, le représentant de la Belgique a tenté de lier les questions du développement des entreprises nationales, la lutte contre la pauvreté et l’endettement. Il a ainsi admis que dans bien des cas, la priorité a été donnée à la promotion du commerce extérieur des PMA, ce qui selon lui, a entraîné des mauvais choix et contribué à l’endettement. Il a donc prôné une plus grande sélectivité en matière d’octroi de financement des exportations et des systèmes de garanties et souligné qu’il faut déployer davantage d’efforts financiers dans le domaine de la création des capacités locales, des garanties d’exportation et de leur financement. Cela implique des changements en matière d’aide publique au développement (APD). En effet, il faudrait donc abandonner les crédits à l’exportation pour les remplacer par des lignes de crédit à des institutions locales qui, en échange, doivent assurer la bonne gestion et la viabilité de leur entreprise. Concluant sur la dette, il a proposé des conversions de la partie de la dette remboursable en appui au renforcement des capacités des entreprises.
Le cadre institutionnel et réglementaire de l’IED
M. TADESSE HAILE, Directeur général de la Société éthiopienne d’investissement, soulignant que la stabilité macroéconomique est une condition clef pour attirer l’IED, a expliqué les efforts de son pays pour assurer la stabilité politique, l’élimination de la corruption, la diffusion d’informations fiables, un cadre institutionnel et réglementaire efficace, la libéralisation des échanges ou encore des tarifs douaniers attractifs. Partant, l’Ethiopie connaît depuis ces dernières années, un taux de croissance annuel de 5,6% tandis que le taux d’inflation est passé de 21% à -4% par an.
M. PAUL DE MEESTER, Président-Directeur général de la Société belge des bétons, a dit que sa société avait une certaine expérience des opérations dans les pays en développement. La Société belge des bétons a travaillé depuis 50 ans en partenariat avec des gouvernements et des entreprises du Sud dans le domaine des infrastructures et du bâtiment. Depuis 50 ans nous avons construit des infrastructures et connaissons donc les systèmes et cadres d’investissements de nombreux pays en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Nous avons appris à travailler dans un esprit de compromis et de partenariat à tous les niveaux, avec des partenaires qui vont de l’artisan aux grandes sociétés nationales. L’expérience nous a montré que des infrastructures de taille modeste, mais adaptées au contexte de chaque pays sont plus intéressantes et plus utiles à la population que de grands projets. Nous avons appris à travailler avec la population locale et à comprendre ses véritables besoins. Sur un plan social, nous aimerions que la Banque mondiale exige désormais au moment du lancement des appels d’offres, que 5% des montants des projets soient investis par les entreprises qui remportent les marchés de construction d’infrastructures dans l’éducation des femmes et des enfants des pays concernés.
Débat
Prenant la parole après M. De Meester, MM. PRADEEP MEHTA et TADESSE HAÏLE, tous deux panélistes du débat, ont dit que la proposition d’inclure des volets d’éducation dans les projets de construction d’infrastructures était une très bonne idée. Tout ce qui peut renforcer l’éducation dans les pays en développement doit être encouragé. Concernant le développement des entreprises nationales et l’amélioration de leurs capacités, ils pourraient être facilités par des mesures d’intégration régionale en vue de leur offrir des marchés plus viables, a ajouté M. Mehta.
La représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a dit qu’aux Philippines les mesures d’exemption fiscale prises en faveur des sociétés transnationales et de l’IED ont eu un impact négatif sur les femmes. Les sociétés étrangères qui profitent de ces mesures sont nettement avantagées par rapport aux entrepreneurs nationaux et particulièrement par rapport aux femmes entrepreneurs dont la place était déjà réduite. Ces transnationales essaient en plus de minimiser les coûts de main d’œuvre, ce qui affecte notamment leurs employés de sexe féminin. Les droits des travailleurs devraient être respectés par toute réforme visant à promouvoir l’IED et à faciliter les activités des multinationales, a recommandé la représentante.
Quant à elle, la représentante de l’Egypte a indiqué que comme l’expérience de son pays l’a montré, les exemptions fiscales pour attirer l’IED ne suffisent pas à améliorer les niveaux d’exportation et d’emploi. Non seulement cela peut encourager à créer des entreprises de courte vie mais les fonds rapatriés par ces entreprises servent finalement les pays riches et ce, aux dépens du budget national. Un pays doit donc tout mettre en œuvre pour éviter que l’IED ne se concentre sur des bénéfices à court terme. Abondant dans ce sens, la représentante de l’Agence d’investissement multilatéral de la Banque mondiale (MIGA) a argué que les programmes d’investissements agressifs n’attirent que des investissements « mobiles ». Elle a donc appelé les donateurs à financer des projets techniques tendant à renforcer la capacité des PMA à attirer un IED stable. Elle a ainsi attiré l’attention sur le programme multiassistance initié par la Banque mondiale, l’ONUDI et la CNUCED.
Enfin, le représentant du Foreign Advise Service de la Banque mondiale a souligné le caractère multidimensionnel du processus de création d’un environnement favorable à l’IED. Il ne s’agit pas seulement de l’établissement d’un cadre réglementaire mais du renforcement des compétences de l’administration ou encore de l’élargissement des marchés. Il est également nécessaire que les gouvernements se lancent dans un cercle vertueux en améliorant l’environnement par la mise en place des infrastructures qui à leur tour amélioreront l’environnement. Cette approche multidimensionnelle est certes compliquée mais elle a porté des fruits dans les pays d’Asie qui, dans les années 60, avaient un PIB identique à celui des PMA aujourd’hui. La stabilité macroéconomique qu’ils ont instauré a permis leur décollage économique.
M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a présenté M. Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire général des Nations Unies et actuel Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie aux participants, invité à présider la signature d’une convention sur les investissements dans les PMA. Il a ensuite déclaré que l’on devait trouver les meilleurs moyens de faire participer le secteur privé au développement durable des PMA. PMA III est la première Conférence conçue sous un angle véritablement opérationnel organisée en faveur des PMA. C’est aussi la première fois qu’une conférence sur les PMA réunit tous les acteurs et partenaires du développement, dont le secteur privé. Comme nous l’avons vu aujourd’hui, la participation des sociétés étrangères peut apporter aux PMA et à leurs petites et moyennes entreprises (PME) le soutien et la technologie dont ils ont besoin pour renforcer leurs capacités de production. Plusieurs institutions de l’ONU, dont la CNUCED et l’ONUDI, vont lancer une initiative d’aide au PMA avec le soutien d’un certain nombre de pays développés dont l’Allemagne, la Suède, la Norvège, l’Italie et l’Autriche. Cette initiative vise à rendre plus performantes les entreprises des PMA et à susciter un mouvement favorable d’IED en leur faveur.
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* « FDI in Least Developed Countries at a Glance ». CNUCED, 2001
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