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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE DES DROITS DE L'HOMME À GENÈVE

10 Décembre 2007


Lancement des activités pour la célébration, en 2008, du
soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme


La Journée des droits de l'homme est marquée aujourd'hui par une réunion à l'Office des Nations Unies à Genève. À l'ouverture de la réunion, ce matin, les participants, États membres des Nations Unies et délégations observatrices ont entendu un message vidéo du Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, qui a annoncé le lancement de la célébration du soixantième anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui s'étendra sur toute une année.

Le Secrétaire général a indiqué que l'ensemble de la famille des Nations Unies participera à une campagne de promotion des idéaux et principes de la Déclaration, fondés sur la justice et d'égalité pour tous. Il a rappelé que la Déclaration est le premier instrument à poser le principe des droits universels pour tous, à titre individuel. Mais les libertés fondamentales qui y sont énoncées ne sont toujours pas une réalité pour tous. Trop souvent, les gouvernements n'ont pas la volonté politique suffisante pour mettre en œuvre les normes internationales auxquelles ils avaient pourtant souscrit. Cet anniversaire est l'occasion de renforcer cette volonté, et de veiller à ce que ces droits soient une réalité vivante, a déclaré le Secrétaire général.

La Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Louise Arbour, a souligné que le Haut Commissariat mènera les efforts au sein de la famille des Nations Unies dans le cadre de la célébration, tout au long de 2008, pour sensibiliser et mieux faire connaître les droits de l'homme. Cette célébration sera l'occasion de rappeler que la tâche consistant à faire de la Déclaration une réalité vivante pour tous incombe à chacun d'entre nous.

Le Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, M. Sergei Ordzhonikidze, a rappelé que la protection et la promotion des droits de l'homme constitue l'un des piliers fondamentaux de la mission des Nations Unies. Il a appelé les gouvernements, la société civile et les citoyens ordinaires partout dans le monde à redoubler d'efforts pour lutter contre les inégalités, l'injustice, l'inhumanité et l'intolérance, et à tirer parti de cet anniversaire pour réduire le fossé qui sépare encore les promesses de la Déclaration et sa mise en œuvre sur le terrain.

M. Doru Romulus Costea, président du Conseil des droits de l'homme et modérateur de la réunion, a évoqué la création du nouveau Conseil et les progrès accomplis en matière de mise en œuvre de ses structures. Il a invité les États membres à porter une attention particulière, en cette année de commémoration, à la question de savoir si le Conseil avait véritablement mis en œuvre la reconnaissance universelle des droits de l'homme en tant que socle sur lequel repose tout le système des Nations Unies.

Des déclarations ont ensuite été faites par des États membres des Nations Unies et des Groupes d'États, qui ont insisté sur le caractère universel des droits de l'homme et sur la nécessité de garantir que la dignité humaine soit partout protégée. Les États ont également été nombreux à appeler à considérer de manière équitable les droits économiques, sociaux et culturels et les droits politiques. La réalisation universelle des droits de l'homme exige des consultations renforcées et une coopération entre membres de la communauté internationale, ont déclaré certains intervenants. En matière de droits de l'homme, il n'y a ni maître ni élève, a-t-il en outre été souligné. Rappelant que la France avait accueilli, il y a soixante ans, la proclamation de la Déclaration des droits de l'homme, le représentant de ce pays a exprimé le souhait que cet anniversaire soit un temps de célébration, mais aussi un temps pour l'action. Plusieurs ont souligné le rôle important de la société civile dans les efforts visant à assurer la réalisation des droits de l'homme.

Les représentants des États suivants sont intervenus ce matin: Cuba au nom des pays non alignés, Brésil au nom du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes, Égypte au nom du Groupe africain, Portugal au nom de l'Union européenne, Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique, Syrie, ex-République yougoslave de Macédoine, Maroc, Suisse, Canada, Allemagne, Espagne, France, Mexique, Brésil, Qatar, Libye, Philippines, Tunisie, Bahreïn, Croatie, Fédération de Russie et Algérie. Les observateurs du Saint-Siège et de la Francophonie ont également pris la parole.


D'autres délégations interviendront cet après-midi, à partir de 15 heures, dans le cadre de cette réunion célébrant la Journée des droits de l'homme. Le Conseil des droits de l'homme doit ensuite reprendre les travaux de sa sixième session, qui avait été suspendue en septembre dernier.


Message vidéo du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, dans un message vidéo, a annoncé le lancement, à l'occasion de la Journée des droits de l'homme, de la célébration du soixantième anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui s'étendra sur toute une année. L'ensemble de la famille des Nations Unies participera à une campagne de promotion des idéaux et principes de la Déclaration, fondés sur la justice et d'égalité pour tous. Il a rappelé que la Déclaration est le premier instrument à poser le principe des droits universels pour tous, à titre individuel. Elle a inspiré les Constitutions de nombre d'États récemment indépendants et de nouvelles démocraties. La Déclaration est devenue un critère moral et reste aussi valable aujourd'hui qu'au jour de son adoption, il y a soixante ans.

Pourtant, les libertés fondamentales qui y sont énoncées ne sont toujours par une réalité pour tous, a rappelé le Secrétaire général. Trop souvent, les gouvernements n'ont pas la volonté politique suffisante pour mettre en œuvre les normes internationales auxquelles ils ont pourtant accepté de se soumettre de leur plein gré. Cet anniversaire est l'occasion de renforcer cette volonté, et offre la chance de veiller à ce que ces droits soient une réalité vivante, qu'ils soient connus et compris par tous et que chacun puisse en jouir, partout dans le monde. Faisons de la Déclaration universelle des droits de l'homme une partie intégrante de la vie de chacun, a déclaré le Secrétaire général.


Déclarations liminaires

MME LOUISE ARBOUR, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a déclaré que nous ne pouvons mettre en doute la pertinence de la Déclaration universelle des droits de l'homme dans le monde toujours perturbé dans lequel nous vivons. Par contre, le consensus sur lequel la Déclaration a été fondée est secoué quotidiennement par les divisions profondes qui opposent les trop bien nantis aux trop pauvres, les puissants aux faibles, les maîtres de la technologie aux analphabètes, les agresseurs à leurs victimes. Aujourd'hui comme en 1948, tous les États ne manquent jamais de réaffirmer solennellement le contenu de la Déclaration, la dernière fois en 2005, lors du Sommet mondial, relevant que la nature universelle des droits de l'homme et des libertés est indéniable. Une telle réaffirmation n'est pas étonnante. En effet, la Déclaration est à la base des Constitutions de 90 États, et tous les États ont ratifié au moins un des neuf instruments internationaux des droits de l'homme, 80% des États en ayant ratifié quatre ou davantage. L'intégration des normes posées par la Déclaration aux législations internes est un processus maintenant bien engagé au niveau international et national, à tel point que l'on peut dire que ce texte est désormais au cœur des aspirations de tous à un avenir meilleur.

La Haut-Commissaire a relevé que, depuis l'adoption de la Déclaration, nombreuses sont les voix qui ont remis en question la validité et la réalité des droits de l'homme. Cette critique est souvent exprimée de bonne foi et fondée sur la conviction erronée que des principes universels seraient incompatibles avec la promotion de la diversité, des spécificités culturelles ou de la libre entreprise. D'autres critiques font valoir que les droits civils et politiques tels que définis par la Déclaration sont fondamentalement occidentaux et ne sont pas aussi universellement partagés que leurs promoteurs auraient tendance à le croire. D'autres critiques, adoptant un point de vue économique libéral, craignent que les droits économiques et sociaux de la Déclaration imposent des obligations trop lourdes aux États ou contraignent le libre marché. En réalité, la Déclaration est le produit du jugement pondéré d'un groupe de rédacteurs cherchant à imposer une norme commune de comportement et la jouissance d'un plus grand degré de liberté. Les auteurs ont mis au point un important cadre normatif de libertés et de responsabilités sociales interdépendantes. Leur point de départ est l'idée que les gouvernements ne doivent pas empiéter sur les droits de leurs peuples et qu'ils ont une responsabilité positive d'aider et de protéger les plus vulnérables.

Quelles que soient nos approches, cette solidarité et cet équilibre sont des objectifs qu'il convient de garder toujours à l'esprit, a souligné la Haut-Commissaire. À ce titre, les principes universels n'empêchent ni le pluralisme, ni les différences. Au contraire, ils permettent de mettre en lumière un consensus implicite déjà appliqué, même inconsciemment, ou encore d'agir de manière volontaire dans la recherche d'un consensus plus fort. C'est pourquoi nous devons nous efforcer d'abattre les obstacles qui empêchent l'application et le respect de toutes les normes des droits de l'homme, en commençant par tirer parti de la proximité entre les peuples rendue possible par les progrès dans le domaine des communications.

En conclusion, Mme Arbour a souligné que le Haut Commissariat aux droits de l'homme mènera les efforts au sein de la famille des Nations Unies dans le cadre de la célébration, tout au long de 2008, pour sensibiliser et mieux faire connaître les droits de l'homme de manière à ce que tous les détenteurs de droits puissent les réaliser. Cette célébration sera l'occasion de rappeler que la tâche consistant à faire de la Déclaration une réalité vivante pour tous incombe à chacun d'entre nous.

M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, a tenu à rappeler que la protection et la promotion des droits de l'homme constitue l'un des piliers fondamentaux de la mission des Nations Unies. Assurer le bien être et la dignité de chaque être humain est un défi pour l'ensemble de la famille des Nations Unies mais la réalisation de la Déclaration universelle des droits de l'homme est une responsabilité solennelle de tous les États. La Déclaration, a-t-il ajouté, renferme la conscience de l'humanité et appartient à chacun d'entre nous. Ainsi, la commémoration de son adoption doit être une célébration pour tous les peuples. Le Directeur général s'est dit convaincu de la nécessité que les citoyens concernés par ce qui se passe dans leur entourage agissent, sans quoi aucun progrès ne pourra être effectué dans le monde. Il a finalement appelé les gouvernements, la société civile et les citoyens ordinaires partout dans le monde à redoubler d'efforts pour lutter contre les inégalités, l'injustice, l'inhumanité et l'intolérance, et à tirer parti de cet anniversaire pour réduire le fossé qui sépare encore les promesses de la Déclaration et sa mise en œuvre sur le terrain.

M. DORU ROMULUS COSTEA, Président du Conseil des droits de l'homme, a rappelé qu'en 1948, l'Assemblée générale adoptait la Déclaration universelle des droits de l'homme ainsi qu'un traité d'importance globale, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. En 1950, l'Assemblée générale décidait d'inviter «tous les États à adopter le 10 décembre comme Journée internationale des droits de l'homme et à multiplier leurs efforts pour faire réaliser à l'humanité de nouveaux progrès dans ce domaine». Depuis, la perception des droits de l'homme a bien changé et d'autres traités et déclarations ont été adoptés, a-t-il déclaré, rappelant en particulier la Déclaration de Vienne suite à laquelle le Haut-Commissariat aux droits de l'homme a été créé et le système des procédures spéciales renforcé. Il a aussi mentionné le Document final du Sommet mondial de 2005 qui érige les droits de l'homme en socle sur lequel «repose le système des Nations Unies et les fondements de la sécurité et du bien-être collectifs». Évoquant la création du nouveau Conseil des droits de l'homme l'an dernier et les progrès accomplis en matière de mise en œuvre de ses structures, il s'est demandé si le Conseil avait véritablement mis en œuvre la reconnaissance universelle des droits de l'homme en tant que socle sur lequel repose tout le système des Nations Unies. La question est légitime, a-t-il estimé, invitant les États membres à y apporter une attention particulière en cette année de commémoration.

Déclarations

M. JUAN ANTONIO FERNÁNDO PALACIOS (Cuba, au nom du Mouvement des pays non-alignés) a déclaré que la thématique de la justice pour tous est au centre de la préoccupation des non-alignés, qui est de lutter contre la discrimination de quelque nature qu'elle soit. Cependant, il faut tenir compte du fait qu'en 1948, lors de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la majorité des pays non alignés étaient encore soumis au joug colonial. Les droits économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au inaliénable développement, doivent être pleinement pris en considération dans le cadre de cette commémoration, a souligné le représentant du Mouvement des pays non alignés. Elle doit en outre être l'occasion pour la communauté internationale de réfléchir à la persistance des nombreux fléaux qui prévalent au plan international. De même, il ne faut pas oublier le sort du peuple palestinien, dont les droits humains sont bafoués par la puissance occupante. En réalité, l'objectif doit maintenant être de dépasser la rhétorique sur les droits de l'homme et de passer à une phase de réalisation concrète des droits de l'homme, a dit le représentant.

M. SÉRGIO ABREU E LIMA FLORÊNCIO (Brésil, au nom du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes - GRULAC) a rappelé que la Déclaration constituait la première tentative de mettre noir sur blanc les droits fondamentaux de la personne humaine, et a servi d'inspiration pour d'autres pactes dont l'ambition est de défendre l'universalité des droits de l'homme et leur protection. Il reste toutefois du chemin à parcourir, a ajouté l'intervenant, pour relever le défi de l'application des différents instruments dans la réalité. Il a à ce titre tenu à souligner que les pays du GRULAC ont mis en place un mécanisme d'évaluation et de révision universel dans lequel ils placent d'importants espoirs quant à sa mise en œuvre. Ce dont nous avons besoin pour faire des slogans des réalités pour tous, a-t-il conclu, c'est la coopération, le consensus et des mesures concrètes.

M. SAMEH SHOUKRY (Égypte, au nom du Groupe africain) a déclaré que l'adoption de la Déclaration des droits de l'homme, en 1948, constituait un jalon dans l'histoire qui a permis de placer la dignité humaine au centre des préoccupations internationales. Ce document constitue un héritage commun de l'humanité, et non le résultat d'un monopole comme c'est le cas pour d'autres instruments. Il a toutefois rappelé que seule une petite partie des pays africains avaient eu le privilège de participer à son élaboration, un nombre important de pays se trouvant alors encore sous domination étrangère. Alors que l'Afrique est aujourd'hui libre, a-t-il déclaré, notre conscience aspire à voir le peuple palestinien se libérer de l'occupation israélienne et réaliser son droit à l'autodétermination. Reconnaissant le rôle de la Déclaration universelle des droits de l'homme dans les progrès accomplis dans le monde, il a néanmoins déploré la distinction opérée entre les droits politiques et les droits économiques, sociaux et culturels. Il a encore relevé que le continent africain avait embrassé les principes de la Déclaration qui se trouvaient incarnés notamment par la Charte africaine des droits de l'homme et des droits des peuples et la Cour africaine des droits de l'homme. Se félicitant des progrès enregistrés en matière de droits de l'homme dans le monde, il a toutefois rappelé que la vision contenue dans la Déclaration n'avait que peu de conséquences pour ceux qui en ont vraiment besoin. Cette vision n'est pas une réalité aujourd'hui, a-t-il regretté en évoquant les ravages de la guerre et des conflits, l'esclavage, la prostitution forcée, les enlèvements d'enfants. Il est difficile de comprendre ce que signifie la coopération entre États, a-t-il conclu, lorsque l'on assiste à l'utilisation des droits de l'homme pour établir des politiques fondées sur deux poids deux mesures et à la poursuite d'une situation où certains États essaient d'imposer à d'autres une certaine interprétation des droits de l'homme.

M. FRANCISCO XAVIER ESTEVES (Portugal, au nom de l'Union européenne) a rappelé que la Déclaration a permis de mettre en place un ensemble d'organes de protection de droits fondamentaux applicables à tous, sans exception. Cet instrument est aussi pertinent en 2008 qu'en 1948. Il a sans cesse été renforcé au cours du temps, en 2007 le plus récemment par l'adoption d'une déclaration sur les droits des peuples autochtones. Tous les droits de l'homme sont universels. Ce sont les droits de tous, contrairement à ce que pensent encore certains régimes dictatoriaux. La communauté internationale doit aussi veiller à ce que les droits économiques, sociaux et culturels soient traités sur un pied d'égalité que les droits civils et politiques. Les Nations Unies doivent jouer un rôle important pour aider les États qui ont des difficultés à mettre en œuvre les droits de l'homme. Le rôle du Conseil des droits de l'homme dans ce domaine est très important et il faut se féliciter de l'adoption d'une procédure d'examen périodique universel, permettant de contrôler et de guider les progrès des États.

M. MASOOD KHAN (Pakistan, au nom de l'Organisation de la Conférence islamique - OCI) s'est dit préoccupé que les principes de la Déclaration, qui constitue une expression collective de la conscience humaine, ne soient pas appliqués. Rappelant l'adoption en 2000 par les pays membres de l'Organisation de la Conférence islamique de la Déclaration du Caire des droits de l'homme dans l'islam, le représentant a tenu à souligner qu'elle met l'accent sur l'interdiction de toute discrimination et qu'elle ne constitue en rien une rivale à la Déclaration universelle. Inquiet de la prévalence actuelle de l'islamophobie, M. Khan a voulu que ce phénomène soit éradiqué à la racine, de même que cessent la diabolisation des musulmans et les stéréotypes à leur égard. Il a en outre déclaré que le Sommet du Caire a insisté sur la promotion de la justice sociale dans tous les pays ainsi que sur son ancrage dans la bonne gouvernance. Concernant la Conférence de mai 2007 des États de l'OCI, il a rappelé qu'elle prévoit la mise en place d'un organe permanent d'évaluation, la préparation notamment d'une charte des droits de l'homme islamique, d'un texte sur les droits des femmes, et d'associer les ONG à son travail.

M. FUYSAL KHABBAZ HAMOUI (Syrie, au nom du Groupe arabe) a déclaré qu'au moment de l'adoption de la Déclaration, en 1948, les États ne souhaitaient pas d'un document contraignant pour les États. La communauté internationale a parcouru du chemin depuis, et les normes consacrées sont désormais contraignantes pour les gouvernements. Malgré ces percées, il ne convient pas de baisser la garde; il faut au contraire poursuivre les efforts pour concrétiser les droits de l'homme, a estimé le représentant syrien. Il ne faut pas perdre de vue les nouveaux droits que sont le droit à l'eau potable par exemple ou le droit à un environnement sain, le droit au logement, à la santé, entre autres, et dont la réalisation entraîne des dépenses lourdes pour les États. Les pays arabes, qui n'étaient que six au moment des déclarations sur la Déclaration, ont immédiatement signé ce texte, ce qui montre que les droits de l'homme ont toujours été au cœur de leurs préoccupations. Enfin, a rappelé le représentant syrien, trois obstacles empêchent encore la pleine réalisation des droits de l'homme: la pauvreté, l'ignorance et l'occupation étrangère. Le droit à la vie et toutes les libertés fondamentales sont bafoués quotidiennement dans les territoires arabes occupés, a enfin déploré le représentant.

M. GEORGI AVRAMCHEV (ex-République yougoslave de Macédoine) a souligné que la Déclaration traçait la voie d'un avenir meilleur pour tous. L'effort des rédacteurs de la Déclaration et leur sagesse a permis la mise en place d'instruments qui couvrent tous les aspects des droits de l'homme, a-t-il ajouté. Il a estimé que la Déclaration universelle des droits de l'homme illustrait la manière dont un monde multilatéral devrait fonctionner. La mise en œuvre complète de la Déclaration est le défi le plus important qu'il nous revient de relever, a-t-il encore dit, invitant tous les États à marquer leur adhésion au thème choisi cette année pour célébrer cet anniversaire, «justice et dignité pour tous», en commençant par s'acquitter de leurs obligations au plan national.

M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que son pays contribuera à hauteur de 5000 dollars à la campagne mondiale pour la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration. Il a toutefois regretté que la pleine jouissance des droits et libertés fondamentaux continue d'achopper sur les inégalités économiques et sociales aux niveaux national et international. Le renforcement de la coopération internationale demeure essentiel et s'avère pourtant un objectif lointain s'agissant de l'éradication de la pauvreté, des pandémies et de l'analphabétisme, a-t-il déploré. Le Maroc, a-t-il souligné, s'est engagé à asseoir une pratique et une culture des droits de l'homme qui s'est renforcée sous l'impulsion du Roi Mohammed VI par des réformes substantielles et initiatives destinées à tourner la page des violations commises par le passé et à se prémunir contre elles. Il a à ce titre rappelé la création et le renforcement du Conseil consultatif des droits de l'homme et de l'Instance «équité et réconciliation», ainsi que la mise en œuvre de l'Initiative nationale pour le développement humain. Réaffirmant la mobilisation de son pays prévue en 2008 en faveur de la sensibilisation aux droits de l'homme, M. Loulichki s'est réjoui que le Maroc, conjointement avec la Suisse, travaillera à l'élaboration et à l'adoption d'une Déclaration des Nations Unies sur l'éducation et la formation en matière des droits de l'homme.

M. BLAISE GODET (Suisse) a déclaré que soixante ans après la proclamation de la Déclaration universelle des droits de l'homme, l'image de Mme Eleanor Roosevelt est toujours présente à l'esprit de chacun. Son engagement, mais pas seul, a permis d'adopter une Déclaration qui est aujourd'hui un patrimoine commun de l'humanité, qui incorpore des valeurs fondatrices. Les droits de l'homme sont une boussole à l'usage de tous et de toutes. La Suisse lance de son côté une initiative qui aboutira le 10 décembre 2008 avec la publication d'un Agenda des droits de l'homme pour la décennie à venir. À cette fin, des thèmes spécifiques seront identifiés tout au long de 2008. Un ouvrage de réflexion vient par ailleurs d'être publié et remis aux États membres des Nations Unies visant à promouvoir la diffusion des droits de l'homme au plan mondial, avec la participation de personnalités éminentes mais aussi de simples témoins ou victimes.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a déclaré qu'à l'occasion de cette célébration, il convenait de se pencher sur les résultats qui ont été atteints en matière des droits de l'homme et à ce qui reste à faire. Il a souligné l'engagement financier croissant de son pays et a insisté sur l'importance que le Canada accorde à la participation de la société civile, dont le rôle est déterminant dans la promotion des droits de l'homme. Cette célébration, a-t-il dit, fournit l'occasion de redoubler d'efforts pour réaliser les droits de l'homme partout où cette réalisation demeure inachevée. Il a évoqué l'initiation de l'examen périodique universel par le Conseil des droits de l'homme et les promesses et craintes que ce processus suscite, affirmant que, pour sa part, le Canada s'engageait à ce que ce le processus soit engagé de manière positive.

Pour M. REINHARD SCHWEPPE (Allemagne), le premier article de la Déclaration, posant que les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droit, doit être le principe directeur guidant l'action de gouvernements responsables au servie du bien-être de leurs citoyens. Tous les droits de l'homme sont universels, interdépendants et indivisibles, dit encore la Déclaration: il est regrettable que certains gouvernements nient ces principes et les conditionnent à la tradition, à la culture ou à la religion, a dit que le représentant allemand. Tous les droits contenus dans la Déclaration sont universels et fondamentaux: la liberté d'opinion et d'expression, la liberté de réunion et de religion, mais aussi le droit à l'alimentation et le droit à l'éducation sont des droits fondamentaux. Par ailleurs la célébration de ce jour doit faire une place aux personnes et aux organisations qui, dans des conditions souvent difficiles, défendent les droits de l'homme au niveau local, national et international, a souligné le représentant.

M. JUAN ANTONIO MARCH (Espagne) a rappelé qu'une série d'instruments et de mécanismes tels que le Conseil lui-même ont été élaborés depuis la Déclaration, y compris les textes sur les personnes déplacées, les peuples autochtones et autres textes spécialisés, afin de coordonner l'action internationale et de protéger les droits fondamentaux de la personne humaine. Cependant la phase de protection ne se limite plus à la reconnaissance des droits fondamentaux, a-t-il ajouté, en se disant convaincu de la nécessité de campagnes de sensibilisation, d'éducation, et de diffusion afin de parvenir aux objectifs visés et de faire en sorte que les peuples connaissent leurs droits et les mécanismes de mise en œuvre.

M. JEAN-BAPTISTE MATTEI (France), rappelant que la France avait accueilli, il y a soixante ans, la proclamation de la Déclaration universelle des droits de l'homme, a exprimé le souhait que cet anniversaire soit un temps de célébration, mais aussi un temps pour l'action. Notant que les principes de la Déclaration n'avaient pas vieilli, il a appelé à la poursuite du processus d'élaboration de normes internationales, là où elles sont nécessaires, mentionnant notamment la question des disparitions forcées et le protocole au Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Il a déclaré que la France se réjouissait d'accueillir les événements liés à la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration, tout comme elle se réjouissait d'accueillir à Paris la soixante et unième conférence annuelle des ONG, qui mettra l'accent sur les droits de l'homme.

MME MABEL GÓMEZ OLIVER (Mexique) a déclaré que l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme a marqué une étape dans l'histoire de l'humanité. La valeur politique et juridique de la Déclaration est indéniable. Ce texte est devenu une source d'inspiration pour la communauté internationale. Il faut se féliciter que l'Assemblée générale ait adopté de nombreux instruments internationaux permettant d'étendre la protection des droits de l'homme. La réalisation de cet objectif dépend d'un regain d'efforts de la part de la communauté internationale. La représentante a enfin annoncé que le Mexique allait lancer une série d'activités commémoratives et de promotion des droits de l'homme durant les douze mois à venir.

M. SÉRGIO ABREU E LIMA FLORÊNCIO (Brésil) a rappelé l'existence du projet de résolution du MERCOSUR dont l'objectif fondamental est de faire des propositions concrètes au Conseil des droits de l'homme. Ayant bénéficié du soutien constructif de tous les pays d'Amérique latine, centrale et des co-auteurs d'Asie et d'Haïti, ce projet est une démonstration de la diversité du Conseil et de la volonté d'agir selon le principe de l'inclusion. Son but, a poursuivi M. Florêncio, est de renforcer et non de remplacer les obligations existantes. Compte tenu d'une telle garantie de coopération, il s'est dit réjoui du lancement d'un processus sur la base du consensus qui devrait renforcer le Conseil et jeter des ponts entre pays de différents groupes régionaux.

M. ABULA FALAH ABDULA AL-DOSARI (Qatar) a dit que la Déclaration des droits de l'homme constituait la colonne vertébrale des Nations Unies. Insistant sur l'engagement du Qatar en faveur de la réalisation des droits de l'homme aux niveaux législatifs et institutionnels, il a indiqué que son pays œuvrait assidûment en faveur de la protection des libertés fondamentales, du principe de la complémentarité, du renforcement des droits économiques, sociaux et culturels. Il a cité, à cet égard, les institutions créées à cet égard au niveau gouvernement et non gouvernemental. Le Qatar, a-t-il affirmé, tient compte de toutes les recommandations du Conseil. Il a encore évoqué la politique d'ouverture du Qatar et la participation de pays aux efforts visant à l'établissement de démocraties dans les pays arabes.

M. SILVANO TOMASI (Saint-Siège) a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l'homme pose les droits inhérents à la personne humaine. Indépendants des traditions éthiques, culturelles et sociales - même s'ils en procèdent largement - ces droits ne sont pas conférés par les gouvernements. La dignité humaine inclut la démocratie et la souveraineté; elle commande à tous les acteurs, gouvernementaux et non gouvernementaux, laïcs et religieux, d'œuvrer pour la liberté, l'égalité et la justice sociale dans le respect des cultures et des religions. Le développement complet de la personne se réalise pleinement dans la vie communautaire, laquelle, à son tour, plonge ses racines dans les droits et la dignité propres à toute personne. Dans ce contexte, le débat sur la relation entre la liberté d'expression et le respect des religions trouve sa solution dans le concept de dignité humaine: je ne suis digne, c'est-à-dire je ne jouis de mes droits de l'homme, qu'à la condition de respecter la dignité d'autrui. La liberté de religion pour tous devient ainsi le principal vecteur du respect des croyances et des religions. Enfin, la paix, qui est aussi reconnue par la Déclaration, n'est pas seulement absence de conflit: elle est aussi faite de coopération et de solidarité, a rappelé le nonce apostolique.

M. ABDHURMAN BENOMRAN (Libye) a réitéré sa confiance au Conseil des droits de l'homme en tant que successeur de la Commission. Il a rappelé que la Jamahiriya arabe libyenne a publié il y a quelques années un livre vert contenant les droits et libertés inaliénables des citoyens et qu'elle est partie à de nombreuses conventions et pactes dans le domaine des droits de l'homme qu'elle s'engage à respecter.

MME ERLINDA F. BASILIO (Philippines), rappelant que son pays avait participé au groupe de rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme, a affirmé que ce document a acquis, depuis, le statut de droit international coutumier. Rappelant les engagements pris par son pays en matière de droits de l'homme, la représentante des Philippines a mentionné notamment l'abolition de la peine de mort. Elle a conclu en affirmant le soutien de son pays et sa participation aux efforts de célébration et de promotion de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

M. SAMIR LABIDI (Tunisie) a indiqué que son pays a placé la liberté et la dignité de l'homme au cœur de son projet civilisationnel. Il a développé une approche globale pour la promotion et la protection des droits de l'homme. Durant les deux dernières décennies, la Tunisie a continuellement œuvré à la consolidation et à la diffusion - notamment à travers l'enseignement et l'éducation - de la culture et des valeurs des droits de l'homme, afin de les enraciner dans l'esprit des citoyens et de les ancrer dans la réalité au quotidien. Aujourd'hui, la démocratie, la liberté et les droits de l'homme tout autant que l'amélioration des conditions de vie et la consolidation des droits de la femme par exemple sont autant de réalités qui attestent de la cohérence et de l'anticipation de la vision qui guident les choix de la Tunisie. Cette démarche s'est renforcée par l'esprit de solidarité et d'entraide consacrant l'interaction entre les catégories sociales et l'instauration de mécanismes appropriés dont le Fonds national de solidarité, à l'initiative du Président Ben Ali. Tout récemment, des décisions importantes ont été prises concernant le renforcement des garanties judiciaires durant la détention préventive, a en outre fait valoir le représentant tunisien.

M. ABDULLA ABDULLATIF ABDULLA (Bahreïn) a tenu à souligner que le Bahreïn place les droits de l'homme au cœur de sa constitution, laquelle prévoit la liberté nécessaire pour assurer la protection des droits de ses citoyens. Il a aussi souligné le rôle, dans ce domaine, de la cour constitutionnelle. Rappelant que la liberté de la presse est un acquis, il a déclaré que son pays encourage la société civile à jouer pleinement son rôle et que de nombreux efforts ont été consentis pour consolider la culture des droits de l'homme, notamment par la création d'un Institut du développement politique, de cours sur la discrimination raciale prodigués par le Ministère de l'éducation aux étudiants et la mise sur pied d'un conseil sur les droits de la femme présidé par l'épouse du Roi. L'intervenant a en outre rappelé qu'un prix du mérite a été remis par les Nations Unies au Ministre de l'Habitat, afin de sanctionner l'action du Royaume en faveur de l'amélioration de la vie de ses citoyens et de leur prospérité.

M. BANKO SOCANAC (Croatie), rappelant l'universalité et interdépendance des droits de l'homme, a noté qu'il convenait de résoudre les problèmes qui subsistent, sans se laisser aller au pessimisme et à la désillusion qui trop souvent prévaut à Genève, dans le cadre des sessions du Conseil des droits de l'homme. Il a appelé à mettre l'accent sur l'éducation qui, a-t-il affirmé, est le seul moyen de faire changer les mentalités. Il a souligné l'importance de l'examen périodique universel mis en place par le Conseil et a conclu en appelant tous les États à unir leurs efforts pour faire respecter les droits de l'homme là où ils sont niés.

M. OLEG MALGINOV (Fédération de Russie) a déclaré que dans un an la communauté internationale célébrera le soixantième anniversaire d la Déclaration universelle des droits de l'homme. La Déclaration est aujourd'hui devenue la norme de contrôle du respect des droits de l'homme au niveau international et a engendré un système complet de promotion et de protection des droits de l'homme. La réalisation universelle des droits de l'homme exige des consultations renforcées et une coopération entre membres de la communauté internationale. La protection de la dignité humaine est une fonction essentielle des gouvernements et des instances de la communauté internationale. La Déclaration, dans son esprit et dans sa lettre, avait également pour but de chasser le spectre de la guerre. Il faut rappeler que la liberté est étroitement associée aux droits de l'homme, et que ces derniers ne doivent pas être utilisés pour masquer d'autres objectifs.

M. LIBÈRE BARARUNYERETSE (Organisation internationale de la Francophonie - OIF) a déclaré que l'OIF s'est fermement engagée en faveur de la démocratie, de l'état de droit et des droits de l'homme. Il a à ce titre tenu à rappeler l'adoption de la Déclaration de Bamako en 2000, de Bamako +5 en 2005, et celle de Saint- Boniface en 2006 sur la sécurité humaine. L'anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, a-t-il poursuivi, constitue une occasion pour l'OIF de renouveler son engagement en faveur des principes démocratiques et des droits de l'homme. L'OIF et le Haut Commissariat ont en outre collaboré afin de lancer un appel aux États membres de l'OIF afin de les sensibiliser à la nécessité de ratifier les instruments sur les droits de l'homme. La Déclaration de Ouagadougou, a-t-il précisé, stipule que les États parties à l'OIF doivent ratifier les instruments des droits de l'homme. Il les a à ce titre appelé à se mobiliser pour mettre en œuvre les engagements en la matière.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a notamment déclaré que dès son indépendance, l'Algérie a fait du triptyque universalité, non sélectivité et indépendance des droits de l'homme, y compris le droit à l'autodétermination et le droit au développement, une ligne de conduite permanente. Le débat international sur les droits de l'homme devait être voué à cet idéal commun de l'humanité en excluant toute sélectivité et toute instrumentalisation à des fins autres que celles découlant des la Charte universelle des droits de l'homme. Au plan interne, l'Algérie s'attelle à consolider les progrès réalisés ces dernières années dans l'amélioration des droits du citoyen algérien à travers la mise en œuvre du Plan national de promotion et de protection des droits de l'homme. Le représentant algérien a par ailleurs souhaité que le débat sur les droits de l'homme traduise les valeurs que tous doivent partager et qui ne sont l'apanage d'aucune civilisation. Cela signifie un refus de rabaisser les droits de l'homme au rang d'instrument de normalisation au service de puissances dominantes, et un refus de renvoyer dos à dos les agresseurs et les victimes.

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