Skip to main content

Communiqués de presse

DISQUES ET PRODUCTIONS MUSICALES OFFRENT DE NOUVELLES PERSPECTIVES COMMERCIALES AUX PMA

21 Mai 2001



Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
21 mai 2001




Les musiciens reconnus comme les véritables ambassadeurs
de la mondialisation à la Conférence sur les PMA à Bruxelles


Bruxelles, 19 mai -- Les musiciens sont les véritables ambassadeurs de la mondialisation, a déclaré M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNCUED) à l’atelier sur l’industrie de la musique qui a eu lieu ce matin, dans le cadre du Forum de la jeunesse tenu à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA). Le rôle de la musique en tant que dénominateur commun en tant que ciment des identités nationales et vecteur d’une culture de paix et de tolérance, mais aussi en tant que produit d’exportation prometteur a été souligné par les représentants d’associations musicales, les partenaires commerciaux et les experts juridiques présents.

La CNUCED a constaté que l’industrie de la musique était un domaine qui offrait de nouvelles perspectives commerciales aux PMA. Les enregistrements musicaux représentant un marché de 50 milliards de dollars, nettement plus important que ceux des produits primaires traditionnels – comme le café (17 milliards de dollars) – le coton (20 milliards), le tabac (21 milliards) ou les bananes (27 milliards) – à l’égard desquels de nombreux PMA continuent de rechercher de nouveaux débouchés de production et d’exportation. Mais les travaux de la CNUCED sur l’industrie de la musique ont montré que de nombreux pays en développement et en particulier les PMA, en dépit de leurs importants atouts culturels, n’ont pas les compétences commerciales nécessaires pour exporter leurs produits musicaux sur les marchés mondiaux. Les premiers résultats d’un projet mené conjointement par la CNUCED et L’OMPI indiquent que le commerce électronique offre de nouvelles perspectives d’accès aux marchés mondiaux.

Les participants, en particulier le Président de l’Association des musiciens du Mozambique, M. Hortencio Langa, ont insisté sur les enjeux en matière de propriété intellectuelle dans le domaine musical à l’ère du numérique et de la duplication quasi-instantanée. Face au fléau du piratage, ils ont souligné la nécessité de déterminer la valeur des actifs de propriété intellectuelle et de mieux gérer les ressources musicales en suscitant une réelle prise de conscience de leur importance stratégique pour le développement des entreprises et des artistes. A cet égard, M. Ricupero a ajouté que des législations nationales mais aussi internationales de lutte contre le piratage assureraient que la créativité soit justement rétribuée. Revenant sur ce problème, le chef d’une entreprise de musique africaine traditionnelle a fortement regretté que, 40 ans après les indépendances, certains pays d’Afrique ne possèdent ni cadre législatif ni politique culturelle ne s’intéressent pas du tout à l’industrie musicale. Par ailleurs, plusieurs intervenants ont critiqué la toute-puissance des grandes compagnies musicales, les « majors ».

Au cours de la réunion, le Secrétaire général de la CNUCED a critiqué la terminologie internationale qui s’applique aux pays les moins développés et à leurs partenaires, a souligné qu’on parle de récipiendaires dans le cas des PMA alors que ceux-ci n’ont pas simplement beaucoup à recevoir mais aussi beaucoup à donner. Un grand nombre de PMA sont des pays dont l’histoire est très ancienne et la culture extrêmement riche, même si un accident historique a entravé leur développement économique. La force des cultures et civilisations des pays les moins avancés apportent beaucoup au monde et il faut donc abandonner les termes de donateur et récipiendaire, a-t-il conclu.

M. Mandisi B. Mpahlwa, Président de cet atelier et Ministre des finances adjoint de l’Afrique du Sud, a ajouté que le talent seul n’est pas suffisant pour construire une industrie musicale compétitive. Pour développer une industrie musicale viable, il faut savoir créer des opportunités économiques à partir de la musique et savoir tirer parti des nouvelles technologies tout en se protégeant du piratage, a déclaré le M. Mpahlwa. Il a également estimé qu’en dépit des tensions qu’elle suscite, la mondialisation fait connaître la diversité du monde, ce qui permet d’éviter la domination d’une seule culture.

Les aspects liés à la commercialisation et aux échanges dans l’industrie musicale ont été évoqués par une représentante de la CNUCED, qui a déclaré que tout pays désireux de se lancer de manière constructive dans cette industrie doit trouver des partenariats. Elle a par ailleurs regretté que les liens complémentaires entre l’industrie musicale et d’autres secteurs tels que le tourisme n’aient pas été établis. Les coûts de marketing et de distribution vont baisser, ce qui va révolutionner l’industrie musicale a-t-elle ajouté mettant cependant en garde contre le fait que la fracture numérique va laisser certains pays à l’écart. L’évolution des nouvelles technologies pénalise certains PMA qui n’ont pas suffisamment d’expertise ou de ressources humaines dotées des compétences nécessaires, a-t-elle expliqué. L’objectif de la CNUCED est d’aider à la formulation de politiques répondant aux besoins des PMA dans ce domaine, en particulièrement par la création de partenariats dans l’industrie musicale et le renforcement des capacités, a-t-elle conclu.

Les trois principaux groupes dont les droits de propriété intellectuelle doivent recevoir une protection juridique sont les compositeurs, les interprètes et les producteurs, et cette protection devra être harmonisée, a précisé M. Kurt Kemper, Directeur et conseiller principal en matière de coopération pour le développement dans le domaine du droit de la propriété intellectuelle à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Mais ce qui est le plus urgent est l’élaboration de législations nationales strictes qui devront être appliquées par tous les acteurs. Il a recommandé que les PMA qui pensent que leur propre culture peut devenir un atout dans le domaine des échanges rejoignent les systèmes de protection internationale fournis par différents traités et conventions.

M. Ralph Henry, Economiste du développement de Trinité-et-Tobago, a pour sa part retracé le développement de l’industrie musicale des Caraïbes, un lieu de métissage des cultures de l’Europe, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique, d’où est née une musique à laquelle tous peuvent s’identifier. Il a décrit l’importance acquise par la musique et la culture caribéennes grâce à l’émigration des Caribéens à travers le monde, qui s’est révélée être une forme de pénétration des marchés étrangers. M. Henry a souligné que le succès relatif de la musique caribéenne n’est lié à aucune politique sectorielle ou étatique de promotion musicale car, selon lui, l’élite qui dirige les Etats ne s’intéresse pas à une musique populaire, produite par des artistes issus des couches défavorisées de la société. Si nous avons réussi sans aucune aide dans l’industrie musicale, cela signifie peut-être que nous pourrions également réussir dans d’autres secteurs, a-t-il espéré. Regrettant ensuite le fait que cinq grandes entreprises dominent l’industrie musicale, M. Henry a espéré que l’on trouverait des moyens de briser cette toute puissance. Bob Marley a réussi à négocier un accord lui convenant avec les grandes « majors », a-t-il rappelé en ajoutant qu’une petite entreprise musicale ne ferait pas le poids toute seule face à ces géants de la musique. Il a également estimé que si l’on veut que l’industrie musicale prospère, il faut éduquer le public à la respecter en tant qu’activité économique. L’animateur de la réunion était M. Fionan O’Muirchteartaigh, Premier Conseiller économique d’”Enterprise Ireland”, une entreprise basée à Dublin (Irlande) dont l'objectif général est d'établir des relations d'affaires fructueuses en reliant l'industrie irlandaise et le commerce international. Il a souligné que le marché le plus important pour les musiciens est le marché local car c’est là que leurs « produits » prennent leur essor.





* *** *

VOIR CETTE PAGE EN :