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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT ENTAME L'EXAMEN DU RAPPORT INITIAL DU MOZAMBIQUE

22 Janvier 2002



CRC
29ème session
22 janvier 2002
MATIN



Le pays, où l'épidémie de sida reste le fait le plus grave
selon un expert, dit avoir engagé un processus préparatoire
en vue de la ratification des deux protocoles à la Convention


Le Comité des droits de l'enfant a entamé, ce matin, l'examen du rapport initial du Mozambique sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Présentant ce rapport, M. Luciano André de Castro, Vice-Ministre pour les femmes et la coordination de l'action sociale du Mozambique, a souligné que dans son pays, l'enfant est protégé contre la violence et les abus à caractère sexuel et économique ainsi que contre le travail des enfants. Malheureusement, en raison des difficultés sociales et économiques et à cause du manque d'accès à l'éducation et à la formation professionnelle, de nombreux enfants se retrouvent impliqués dans des activités rémunératrices afin de satisfaire leurs besoins essentiels. Récemment, une stratégie d'élimination des pires formes de travail des enfants a été élaborée dans le pays. Un autre phénomène qui préoccupe le pays et les autorités ce sont les abus sexuels et l'exploitation sexuelle dont sont victimes des enfants des deux sexes, a déploré M. de Castro. Aussi, pour combattre ce phénomène, en particulier en s'attachant à prévenir les attitudes négatives tout en offrant des services aux victimes, des activités de sensibilisation sur les risques encourus sont-elles menées grâce notamment à des services psychologiques et juridiques, a précisé le Vice-Ministre.

M. de Castro a indiqué qu'un processus préparatoire est en cours dans le pays pour ratifier la convention n°182 de l'OIT sur le travail des enfants ainsi que les protocoles facultatifs se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant, qui traitent, l'un, de l'implication des enfants dans les conflits armés et, l'autre, de l'exploitation sexuelle des enfants ainsi que de la prostitution et de la pornographie les impliquant.

La délégation du Mozambique est également composée de M. Alexandre da Conceiçao Zandamela, Représentant permanent du Mozambique auprès des Nations Unies à Genève, ainsi que de représentants du Ministère chargé de la femme et de la coordination de l'action sociale; du Ministère de l'éducation; du Ministère du travail; du Ministère de la santé; du Ministère de la justice et des affaires juridiques; du Ministère de l'intérieur; et de la Mission permanente du Mozambique auprès des Nations Unies à Genève.

La délégation a fourni aux experts des compléments d'information s'agissant, notamment, de la définition de l'enfant et de l'administration de la justice pour mineurs.

Selon un membre du Comité, le fait le plus grave pour le pays reste incontestablement la propagation de l'épidémie de VIH/sida, la prévalence de la maladie atteignant 14,5% chez les adultes. On estime à plus d'un million et demi le nombre d'enfants infectés par le virus du VIH/sida dans le pays, a ajouté cet expert. On estime en outre à 250 000 le nombre d'orphelins du sida et on pense qu'en 2005, ce chiffre aura quadruplé, a-t-il insisté avant de souligner qu'en raison de cette épidémie, on observe dans le pays une chute de l'espérance de vie qui pourrait tomber à 36 ans en 2010.

Le Comité achèvera l'examen du rapport du Mozambique cet après-midi, à 15 heures.


Présentation du rapport du Mozambique


Présentant le rapport initial de son pays (CRC/C/41/Add.11, à paraître en français),
M. Luciano André de Castro, Vice-Ministre pour les femmes et la coordination de l'action sociale, a rappelé que son pays est un pays agricole où les taux de pauvreté sont élevés en raison de plusieurs facteurs parmi lesquels on peut citer le faible niveau de développement économique, l'analphabétisme, la guerre qui a ravagé le pays durant trois décennies, la dette extérieure et les catastrophes naturelles. Les enfants constituent la majorité de la population et leur bien-être est, depuis l'indépendance du pays, une priorité pour le Gouvernement, a souligné le Vice-Ministre. M. de Castro a indiqué qu'un processus préparatoire est en cours dans le pays pour ratifier la convention n°182 de l'OIT sur le travail des enfants ainsi que les protocoles facultatifs se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant, qui traitent, l'un, de l'implication des enfants dans les conflits armés et, l'autre, de l'exploitation sexuelle des enfants ainsi que de la prostitution et de la pornographie les impliquant.

Afin de créer un environnement adéquat pour la mise en œuvre de la Convention, de nouvelles politiques et de nouvelles lois ont été adoptées, alors que de nouvelles institutions ont également été créées, à l'instar du Ministère pour les femmes et la coordination des affaires sociales dont la principale tâche est de coordonner l'action en faveur de l'enfance. Le respect de l'opinion de l'enfant est un sujet de préoccupation pour les organes judiciaires, ainsi que pour les diverses institutions de l'État, a assuré le Vice-Ministre, avant de préciser à cet égard que les enfants pouvaient exprimer leurs opinions tant dans les écoles publiques et privées que devant les tribunaux, dans les médias et au Parlement. En 2001, les enfants mozambicains ont tenu la première session de leur Parlement.

Gardant à l'esprit le fait essentiel que plus de 60% de la population du Mozambique vit dans l'extrême pauvreté, le Gouvernement a mis en œuvre un certain nombre d'actions visant à assurer aux enfants un niveau de vie satisfaisant. Pour cela, il a mis l'accent sur le Programme national de fourniture d'eau en milieu rural, sur le Programme d'accès aux services sanitaires à moindre coût, sur le développement de l'agriculture; et sur le Programme d'aide alimentaire, ce qui a permis d'améliorer les conditions de vie de la population. Récemment, le Gouvernement a également approuvé le Plan national en faveur de la réduction de l'extrême pauvreté, a précisé M de Castro. Garantir l'accès aux soins de santé a été l'une des grandes priorités du Gouvernement, a-t-il poursuivi avant d'ajouter que plusieurs mesures ont également été prises pour assurer l'accès des enfants à l'éducation.

Durant ces dernières décennies, le Mozambique a été confronté à une guerre qui a pris fin en 1992 et qui s'est soldée par le déplacement de 4,5 millions de Mozambicains à l'intérieur du pays, 1,7 million de Mozambicains supplémentaires, parmi lesquels des enfants, s'étant réfugiés dans les pays voisins avant de pouvoir être rapatriés et réintégrés dans leurs communautés. Un quart de million d'enfants se sont retrouvés dans une situation difficile, a ajouté M. de Castro: il s'agit notamment des orphelins, des enfants de la rue, des enfants handicapés ou mal nourris. Après la guerre, a poursuivi le Vice-Ministre, le Mozambique est devenu pays récepteur de réfugiés provenant d'autres pays qui se trouvaient alors en conflit, tels que l'Angola, le Burundi et d'autres pays de la région des Grands lacs.

Au Mozambique, a souligné M. de Castro, l'enfant est protégé contre la violence et les abus à caractère sexuel et économique ainsi que contre le travail des enfants. Malheureusement, en raison des difficultés sociales et économiques et en raison du manque d'accès à l'éducation et à la formation professionnelle, de nombreux enfants se retrouvent impliqués dans des activités rémunératrices afin de satisfaire leurs besoins essentiels Récemment, le Gouvernement a entrepris une évaluation du problème du travail des enfants afin de mieux en saisir les causes et les effets; cette évaluation a abouti à l'élaboration d'une stratégie d'élimination des pires formes de travail des enfants. Un autre phénomène qui préoccupe le pays et les autorités ce sont les abus sexuels et l'exploitation sexuelle dont sont victimes des enfants des deux sexes, a ajouté M. de Castro. Aussi, pour combattre ce phénomène, en particulier en s'attachant à prévenir les attitudes négatives tout en offrant des services aux victimes, des activités de sensibilisation sur les risques encourus, des services psychologiques et juridiques, a précisé le Vice-Ministre. M. de Castro a admis que son pays avait encore beaucoup à faire et a mis l'accent sur la nécessité de poursuivre les actions visant à réduire la pauvreté.


Examen du rapport du Mozambique


Après avoir souligné qu'il y a plus de huit millions d'enfants au Mozambique (sur une population d'environ 16 millions d'habitants), un membre du Comité a fait valoir que le fait que la moitié des enfants qui avaient fui le pays durant la guerre civile aient pu retourner chez eux constitue probablement l'un des plus grands succès d'une opération menée sous l'égide de l'ONU. Les effets dévastateurs de la guerre civile se font sentir dans bien des domaines, en particulier dans le secteur de l'éducation, a poursuivi l'expert. Depuis 1992, on assiste toutefois à une reprise tout à fait remarquable au Mozambique, avec un soutien international important et des mesures de remise de dette, a souligné l'expert. Il n'en demeure pas moins qu'un grand nombre de Mozambicains travaillent, le plus souvent illégalement, en Afrique du Sud, situation qui paraît d'autant plus préoccupante que le chômage est à la hausse dans ce dernier pays. L'expert a en outre mis l'accent sur l'existence d'un certain nombre de rapports qui attestent d'une baisse du respect des droits de l'homme au Mozambique, notamment au sein de la police. Mais le problème le plus grave pour le pays reste incontestablement la propagation de l'épidémie de VIH/sida, la prévalence de la maladie atteignant 14,5% chez les adultes, a déclaré l'expert. On estime à plus d'un million et demi le nombre d'enfants infectés par le virus du VIH/sida dans le pays, a-t-il ajouté. On estime en outre à 250 000 le nombre d'orphelins du sida et on pense qu'en 2005, ce chiffre aura quadruplé, a-t-il insisté avant de souligner qu'en raison de cette épidémie, on observe dans le pays une chute de l'espérance de vie qui pourrait tomber à 36 ans pour 2010.

En ce qui concerne la définition de l'enfant, la délégation a rappelé qu'au Mozambique, la majorité est fixée à 21 ans. La responsabilité pénale est néanmoins atteinte dès l'âge de 16 ans, a précisé la délégation. L'âge de la majorité civile - c'est-à-dire, par exemple, l'âge auquel une personne peut voter - est quant à lui fixé à 18 ans. La loi fixe en outre à 15 ans l'âge minimum pour le travail, a par ailleurs indiqué la délégation avant de préciser que les enfants âgés de 12 à 15 ans peuvent néanmoins exercer un certain nombre de petits travaux.

S'agissant de l'âge minimum du mariage, la délégation a reconnu l'existence d'une discrimination fondée sur le sexe mais a souhaité expliquer que cette discrimination s'explique par le fait que les jeunes filles commencent à avoir des rapports sexuels avant les garçons. La jeune fille est en outre considérée comme une adulte dès qu'elle est menstruée, a ajouté la délégation. Le Mozambique envisage actuellement d'harmoniser à 18 ans pour les individus des deux sexes l'âge minimum du mariage, a-t-elle indiqué. Il n'en demeure pas moins que la mise en œuvre d'une telle décision n'ira pas sans problème, a averti la délégation.

Pour ce qui est de l'administration de la justice pour mineurs, la délégation a reconnu l'existence d'un problème dans le pays s'agissant de la séparation des détenus mineurs des adultes. Le Gouvernement a toutefois l'intention de créer prochainement des centres de détention pour mineurs, a indiqué la délégation.




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