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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT EXAMINE LE RAPPORT DU LIBÉRIA

26 Mai 2004

25 mai 2004





Le Comité des droits de l'enfant a examiné, aujourd'hui, le rapport initial du Libéria sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant. La question des enfants soldats, de leur démobilisation, de leur réintégration et de leur suivi psychosocial était au cœur du débat.

M. Lothar Friedrich Krappmann, membre du Comité chargé de l'examen de la situation des droits de l'enfant au Libéria, a présenté ses observations préliminaires sur ce rapport, mettant l'accent sur les progrès accomplis par le Libéria, en particulier en matière de promotion de la paix. Il a rappelé que le problème essentiel reste celui de la démobilisation et de la réintégration des enfants soldats, en raison de facteurs qui ralentissent le processus dans ce domaine. Le Libéria a besoin à cet égard de la coopération internationale, a souligné M. Krappmann. Il a attiré l'attention sur la pénurie de personnel de santé et d'éducation dûment qualifié et a mis l'accent sur la nécessité pour le pays de prendre les mesures de protection adéquates afin d'assurer que les nombreux enfants vulnérables qui ont été affectés d'une façon ou d'une autre par la guerre ne seront pas de nouveaux maltraités.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur la situation des droits de l'enfant au Libéria, avant de les rendre publiques à la fin de la session, le vendredi 4 juin 2004.

Présentant le rapport de son pays, Mme Vabah K.Gayflor, Ministre des questions sexospécifiques et du développement, a rappelé que ces 14 dernières années, le Libéria a été plongé dans une succession de guerres civiles qui ont lourdement affecté la situation des enfants libériens. Suite à la longue période d'instabilité qu'a connue le pays, une situation d'urgence complexe a entraîné la destruction totale du tissu socioéconomique et politique de la société libérienne, a-t-elle ajouté. La Ministre a déclaré que les enfants libériens se sont fait voler leur enfance. Aucun mot ne peut effectivement décrire la situation actuelle de l'enfant libérien, a-t-elle ajouté. Un nombre considérable d'enfants sont devenus membres des forces combattantes pour la deuxième ou troisième fois dans leur enfance. On estime à 20 000 le nombre d'enfants associés aux forces combattantes, a précisé Mme Gayflor. Elle a souligné que le processus de désarmement, de démobilisation, de réhabilitation et de réintégration a repris en mettant particulièrement l'accent sur les enfants associés aux forces combattantes. À ce jour, a-t-elle précisé, plus de deux mille enfants ont déjà été pris en charge dans le cadre de ce processus.

La délégation libérienne était également composée du Ministre de la justice, M. Kabineh Ja'neh; du Ministre de la santé et du bien-être social, M. Peter S.Coleman; ainsi que d'un membre de l'Assemblée nationale législative transitoire et d'un membre de la Commission de la réforme de la gouvernance. La délégation a fourni aux experts des compléments d'information en ce qui concerne, notamment, les enfants soldats, les mines antipersonnel, la question des crimes de guerre et de la Commission de vérité et de réconciliation, les questions d'éducation et de santé, l'administration de la justice pour mineurs, exploitation des enfants. Elle a notamment indiqué que 20% de la population souffre de handicaps et que la prévalence du VIH/sida dans le pays est de 11 à 12 %.


Le Comité entamera demain matin, à 10 heures, l'examen du deuxième rapport périodique du Myanmar (CRC/C/70/Add.21)

Présentation du rapport du Libéria

MME VABAH K.GAYFLOR, Ministre des questions sexospécifiques et du développement, a rappelé que ces 14 dernières années, le Libéria a été plongé dans une succession de guerres civiles qui ont lourdement affecté la situation des enfants libériens. Elle a en outre indiqué que la population totale du Libéria est estimée à trois millions d'habitants et a souligné que le dernier recensement de la population a été réalisé en 1974, c'est-à-dire il y a 20 ans. Suite à la longue période d'instabilité qu'a connue le pays, a émergé une situation d'urgence complexe qui s'est traduite par la destruction totale du tissu socioéconomique et politique de la société libérienne, comme l'illustrent le manque de services de base, le déplacement de près de la moitié de la population, le chômage massif ainsi que la migration des travailleurs qualifiés, a poursuivi la Ministre. Le pays compte actuellement 400 professionnels de la santé contre 2 033 en 1989, a-t-elle précisé. Plus de 80% de la population vivent en fait dans la plus abjecte pauvreté, a-t-elle souligné. Dans un tel contexte, a affirmé Mme Gayflor, l'enfant libérien n'a pas pu avoir accès à l'eau potable, à des sanitaires adéquats, à la vaccination complète, à une nutrition adéquate, pas plus qu'à une éducation primaire de base. Le niveau d'accès à l'éducation primaire est en effet très faible et, le plus souvent, inexistant, en particulier dans les zones rurales, a-t-elle insisté. Actuellement, sur le 1,5 million d'enfants que compte le pays, seuls 46% sont scolarisés, a-t-elle précisé.

Les enfants libériens se sont fait voler leur enfance, a déclaré la Ministre. La mortalité infantile continue d'atteindre des niveaux très élevés qui classent le Libéria parmi les derniers pays du monde dans ce domaine, a-t-elle poursuivi. Aucun mot ne peut effectivement décrire la situation actuelle de l'enfant libérien, a déclaré Mme Gayflor. Depuis la soumission du rapport initial, en l'an 2000, la situation de l'enfant libérien s'est considérablement dégradée, a-t-elle affirmé. Un nombre considérable d'enfants sont devenus membres des forces combattantes pour la deuxième ou troisième fois dans leur enfance, a-t-elle déclaré. On estime à 20 000 le nombre d'enfants associés aux forces combattantes, a précisé la Ministre. La question de la réintégration des enfants associés aux forces combattantes doit être appréhendée en tenant compte de la lenteur avec laquelle les fonds sont mis à disposition.

Le Gouvernement national transitoire du Libéria est conscient des lacunes du présent rapport initial, a poursuivi Mme Gayflor. Elle a toutefois assuré que le Gouvernement national transitoire, qui est au pouvoir depuis que l'Accord de paix global a été signé à Accra en août 2003, est engagé à promouvoir un environnement propice au respect des dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant. En raison de l'augmentation de la violence, non seulement la violence due à la guerre mais aussi la violence domestique à caractère sexuel, le Ministre de la justice, en collaboration avec des organisations non gouvernementales, a rédigé des projets de lois dont le but est de renforcer le Code pénal sur les questions ayant trait au viol et à d'autres formes de violence. Une grande importance est en outre accordée à l'harmonisation de la définition de l'enfant, a ajouté Mme Gayflor. Une fois que ces projets de lois auront été finalisés, ils seront présentés au Président du Gouvernement national transitoire qui les transmettra ensuite à l'Assemblée nationale législative transitoire.

La communauté internationale a exprimé son soutien au processus de paix au Libéria, comme en témoignent les engagements de contribution faits durant la récente Conférence des donateurs pour le Libéria qui s'est tenue à New York, a rappelé Mme Gayflor. Elle a souligné que le processus de désarmement, de démobilisation, de réhabilitation et de réintégration a repris en mettant particulièrement l'accent sur les enfants associés aux forces combattantes. À ce jour, a-t-elle précisé, environ deux mille enfants ont déjà été pris en charge au titre de ce processus. Ce nombre augmente chaque jour, à mesure que se poursuit le processus, lequel devrait bientôt atteindre l'intérieur du pays et les régions frontalières.

Le rapport initial du Libéria (CRC/C/28/Add.21) rappelle que le Libéria est un pays en pleine transition sur la voie du redressement et du développement après une situation d'urgence complexe due à la guerre. La situation générale se caractérise par l'absence de tout ce qui est nécessaire pour survivre, notamment d'infrastructures physiques et de personnel qualifié (exode des compétences), de sorte qu'il faudra beaucoup de temps pour retrouver les niveaux enregistrés avant le conflit et aborder l'étape du développement, poursuit le rapport. Les causes principales de mortalité parmi les enfants sont essentiellement des maladies évitables: le tétanos néonatal (23%), les infections respiratoires aiguës (18%) et le paludisme (15%). La mortalité infantile est de 117 pour 1 000 naissances vivantes et la mortalité des moins de 5 ans est de 163 pour 1 000 naissances vivantes. En 1998, la proportion de la population se trouvant en dessous du seuil de pauvreté était estimée à 80%. Le chômage, qui était de plus de 50% à la veille de la crise civile, a explosé pour atteindre au moins 80% pendant la crise. L'endettement du Libéria est estimé à 3,1 milliards de dollars, ce qui représente environ 189% du PNB. Cette situation constitue un lourd handicap pour les droits de l'enfant car elle fait obstacle au financement de secteurs critiques comme la santé, l'éducation, l'alimentation ou l'environnement. D'après les rapports et études du Ministère de la planification et des affaires économiques (1995), le taux moyen d'analphabétisme est de 60% pour la population masculine et de 74% pour la population féminine.

Le rapport indique que la Constitution libérienne ne donne pas de définition déterminant qui est un enfant; elle se contente de fixer l'âge requis pour l'accomplissement d'actes particuliers. Aux termes de la loi sur l'emploi, l'âge actif minimum est fixé à 16 ans. L'âge du mariage est fixé à 21 ans pour les hommes et 18 ans pour les femmes. Aux termes de la loi administrative révisée applicable au territoire de l'intérieur, l'âge du mariage est fixé à 15 ans. Aux termes du nouveau Code pénal, l'âge de la responsabilité pénale est fixé à 16 ans. En outre, le Code stipule qu'une personne âgée de moins de 18 ans est considérée comme un «mineur» et pas comme un «enfant», la loi attribuant au mineur la faculté de discernement mais pas à l'enfant. Le rapport indique ensuite que la question de l'âge de la responsabilité pénale et de l'imposition de la peine capitale aux mineurs est en cours d'examen à la lumière de l'évolution de la pratique internationale et des règles sur l'administration de la justice pour mineurs. L'âge actuel de recrutement dans l'armée libérienne est de 16 ans, indique en outre le rapport. Il précise également que la loi sur les étrangers et la naturalisation dispose que «sera ressortissant du Libéria toute personne noire ou descendant d'une personne noire née au Libéria et soumise à la juridiction du Libéria ainsi que toute personne née hors du Libéria dont le père était ressortissant du Libéria par la naissance; était ressortissant du Libéria au moment de la naissance de l'enfant; ou avait résidé au Libéria avant la naissance de l'enfant». D'après les estimations, les enfants réfugiés sont au nombre de 48 303, dont le Libéria, dans les limites de ses maigres ressources et avec le concours d'organisations tant nationales qu'internationales, s'occupe de ces enfants en leur fournissant une protection, de la nourriture, un toit et des vêtements, une éducation, des soins médicaux, de l'eau, des services d'assainissement et des équipements de loisirs. La recherche des parents ou tuteurs, qui vise à réunir les enfants réfugiés avec leur famille, est un élément essentiel de cette assistance. La réadaptation et la réinsertion des ex-enfants soldats enrôlés par les diverses factions durant la guerre civile constituent l'une des grandes préoccupations du Gouvernement, assure le rapport.


Examen du rapport

M. LOTHAR FRIEDRICH KRAPPMANN, membre du Comité chargé de l'examen du rapport du Libéria, a qu'une nouvelle recrudescence de la violence ait détérioré la situation déjà grave que décrivait le rapport initial. Il a indiqué qu'au vu de la situation qui prévaut dans le pays, il avait eu des doutes quant à la possibilité pour les autorités d'envoyer une délégation devant le Comité ; aussi, a-t-il félicité la délégation pour sa présence, aujourd'hui, qui témoigne de la prise de conscience du fait qu'un avenir pacifique et humanitaire au Libéria ne saurait être réalisé sans les enfants et le respect de leurs droits.

Dans les circonstances dans lesquelles se trouve aujourd'hui le Libéria, il apparaît dérisoire de poser des questions sur des questions telles que l'allaitement maternel et les châtiments corporels, a poursuivi M. Krappmann. Il a souligné qu'au cours de cette journée, il faudra notamment aborder les questions relatives à la malnutrition, aux enfants orphelins et aux trop nombreux enfants qui n'ont jamais été à l'école. Par-dessus tout, a ajouté l'expert, il faudra parler des enfants soldats et des nombreux enfants qui sont victimes et manipulés de diverses façons. Il s'agit donc, en somme, de parler de toute une génération d'enfants qui sont traumatisés d'une manière ou d'une autre, a déclaré M. Krappmann. Des crimes contre l'humanité ont été commis qui devront faire l'objet de poursuites en justice, a-t-il rappelé.

L'expert a également jugé prioritaire la création, au Libéria, d'une unité administrative dotée de ressources suffisantes et chargée de s'occuper des questions relatives aux enfants. Une telle unité a-t-elle déjà été créée, s'est-il enquis? Pourquoi faut-il encore attendre un an et demi avant qu'un plan d'action pour les enfants n'entre en vigueur, a également demandé l'expert?

Le Libéria est un pays potentiellement riche en ressources, où l'on trouve notamment du diamant, du fer, du bois et du caoutchouc, a poursuivi M. Krappmann; mais les revenus de ces richesses se sont évaporés, a-t-il ajouté.

Un autre membre du Comité a relevé que beaucoup d'enfants ont été entraînés dans le conflit par les divers belligérants et ont subi le viol, les abus sexuels et les déplacements forcés. Maintenant que le Libéria se reconstruit avec l'appui de la coopération internationale, a poursuivi cet expert, la question de la réadaptation et de la réinsertion des ex-enfants soldats impose de s'interroger sur le contenu exact du plan de démobilisation : ce plan bénéficie-t-il des ressources financières et humaines adéquates? Quelles sont ses priorités?

Un expert s'est enquis des mesures prises pour pallier les effets de la guerre sur les enfants, s'agissant plus particulièrement du sort des enfants handicapés.

En 1996-1997, 16,4% de la population libérienne souffrait d'un handicap quelconque, a indiqué la délégation. Le pays ayant connu depuis cette date plusieurs nouvelles années de guerre, le taux de prévalence des handicaps atteint désormais 20% de la population, a-t-elle précisé.

Plusieurs experts s'étant enquis de la volonté politique du Gouvernement de transition de régler les problèmes qui se posent aux enfants libériens, la délégation a rappelé que selon les Accords de paix signés l'an dernier, le Gouvernement national de transition se doit notamment de régler la question de la réintégration des victimes de guerre et d'accorder une attention particulière à la question des enfants combattants. Les Ministres présents aujourd'hui devant le Comité sont des Ministres clefs à cet égard , a par ailleurs rappelé la délégation. Elle a assuré que les autorités feront tout ce qui est en leur pouvoir pour respecter et promouvoir les droits de l'enfant.

La délégation a souligné que, s'il est vrai que le plan d'action national en faveur des enfants ne devrait débuter qu'en 2005, des programmes d'urgence sont néanmoins d'ores et déjà mis en œuvre avec l'aide du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et d'autres organisations humanitaires qui s'occupent des enfants.

Afin de prévenir tout nouveau recrutement d'enfants soldats, le Gouvernement transitoire du Libéria entend notamment engager le dialogue au niveau bilatéral avec les pays voisins, a indiqué la délégation. Une réunion sous-régionale s'est d'ailleurs récemment penchée sur cette question. Il est incontestable qu'il faut promouvoir une approche régionale du désarmement du Libéria, a souligné la délégation; on ne peut pas désarmer le Libéria sans adopter une approche régionale du problème, a-t-elle insisté.

Si le suivi psychosocial des anciens enfants soldats n'est pas correctement assuré, ces enfants replongeront dans la participation à des actes de violence, a souligné la délégation. Elle a indiqué à cet égard que le suivi psychosocial est dispensé dans des centres spécifiques. Afin de prendre cette question à bras le corps, un partenariat a été mis sur pied avec de nombreuses organisations non gouvernementales, comme Save the Children, ainsi qu'avec l'UNICEF, a rappelé la délégation. Ce programme d'aide psychosociale a connu certains revers, au nombre desquels il faut citer le décès du seul psychiatre associé au programme de désarmement, de démobilisation, de réhabilitation et de réintégration.

S'agissant du problème des mines terrestres antipersonnel, la délégation a assuré qu'il n'est pas aussi grave qu'il peut l'être dans d'autres pays. Certes, des mines antipersonnel ont été déposées au début des années 1990, mais il n'y en a pas une grande quantité, a-t-elle affirmé.

En ce qui concerne la question des crimes de guerre, la délégation a tenu à rappeler que le conflit au Libéria a des dimensions culturelles et historiques considérables. Les Accords de paix ont donc insisté sur la nécessité de mettre en place un cadre qui permette de bien comprendre les principales causes de ce conflit, a poursuivi la délégation. Si le peuple et la nation libériens ne parviennent pas à extirper tout ce qui est à l'origine de cette guerre, les objectifs visés par les Accords de paix ne pourront pas être atteints. Les Accords de paix prévoient la création d'une commission de vérité et de réconciliation, a rappelé la délégation, insistant sur l'importance de la mise en place de cette commission pour bien saisir ce qui s'est passé et ce qui a dérapé. Du fait de la pression exercée par l'opinion publique, la Commission de vérité et de réconciliation a déjà été mise en place, mais peut-être les autorités ont-elles ici «placé la charrue avant les bœufs», puisque la commission a été créée alors que l'on est encore en train de mettre en place les lois qui permettront de créer un environnement favorable à ses activités. Si tout le monde pense qu'il faut créer un tribunal spécial, c'est ainsi que l'on procédera, a par ailleurs indiqué la délégation.

En ce qui concerne les principes généraux énoncés dans la Convention, la délégation a notamment souligné que la Constitution du Libéria garantit le droit de toute personne de jouir de ses droits et libertés fondamentaux sans discrimination aucune.

S'agissant des questions d'éducation, la délégation a notamment fait observer que les femmes souffrent souvent d'analphabétisme, ce qui entrave incontestablement le développement équilibré de l'enfant. Une loi sur l'éducation gratuite et obligatoire, qui concerne tous les enfants âgés de 6 à 11 ans, a été adoptée afin de répondre aux exigences de la Convention, a par ailleurs souligné la délégation. Elle a précisé qu'entre 1998 et 2001, le Libéria a connu une période de calme relatif au cours de laquelle le nombre d'installations scolaires a considérablement augmenté. D'ici au mois d'août, auront été remises en état près de 260 écoles, a-t-elle ajouté. Elle a souligné que plus de 7 000 professeurs et enseignants ont été de nouveau formés, l'objectif étant désormais de former plus de 5 000 autres enseignants pour les zones rurales.

Interrogée sur la situation en matière d'adoption, la délégation a notamment souligné qu'un organe spécial chargé de traiter de toutes les questions et demandes d'adoption a été mis sur pied au Libéria. Une grande partie des enfants adoptés vont vers les États-Unis, a précisé la délégation.

S'agissant de l'administration de la justice pour mineurs, la délégation a souligné qu'aucun enfant ne saurait être envoyé dans un centre de détention sans une décision judiciaire dûment motivée émanant d'une juridiction compétente. Les enfants qui sont envoyés dans un centre de détention sont séparés des adultes. La peine de mort ne peut pas être appliquée à un mineur de moins de 16 ans, a souligné la délégation.

Répondant à des questions sur la situation s'agissant de l'exploitation des enfants, la délégation a rappelé que la loi interdit l'embauche de toute personne de moins de 16 ans à des fins de travail. L'exploitation sexuelle d'un enfant est quant à elle un crime très grave en droit libérien, a-t-elle souligné.

Depuis la guerre, le nombre de personnes consommant des stupéfiants n'a cessé d'augmenter, a par ailleurs reconnu la délégation. Une institution a été créée pour venir en aide à ces personnes mais elle aurait besoin d'être renforcée aussi bien sur le plan technique que sur le plan matériel, a-t-elle précisé.

S'agissant des enfants abandonnés, la délégation a indiqué qu'en 2001, il y avait près de 180 orphelinats autour de Monrovia. Le pays s'est doté d'un comité interinstitutions accréditant les orphelinats et les associations de bienfaisance. En 2001, ce comité a réalisé une enquête et a constaté une prolifération des orphelinats; près d'une cinquantaine d'orphelinats ne répondant pas aux critères d'accréditation ont été fermés, de sorte qu'au second semestre 2003, le pays ne comptait plus que 137 orphelinats. Il y a quelques semaines, 35 autres orphelinats ont été jugés non conformes aux normes. Dans de tels cas, les enfants sont transférés vers d'autres orphelinats ayant été, eux, dûment accrédités. La politique du Gouvernement est d'assurer que les enfants soient progressivement retirés de ces institutions, a précisé la délégation. La qualité des services offerts par ces institutions fait l'objet d'une inspection rigoureuse, a-t-elle insisté.

Étant donné la persistance de pratiques traditionnelles dans les zones rurales, il est possible qu'il continue d'y avoir des mariages précoces dans le pays, a reconnu la délégation.

Dans les conditions de misère que connaît le Libéria, il faut admettre que l'exploitation sexuelle est effectivement quelque chose qui se produit, a également concédé la délégation. Elle a souligné que la mise en œuvre de programmes d'atténuation de la pauvreté peut aider les filles à quitter la rue pour réintégrer des programmes de formation. L'exploitation sexuelle est incontestablement une forme de violence à l'égard des femmes, a affirmé la délégation.

Il faut admettre que les enfants travaillent parfois pour aider leurs parents, a déclaré la délégation. Il faut donc œuvrer à faire en sorte que les enfants n'aillent pas vendre des articles dans la rue au lieu d'aller à l'école, a-t-elle souligné.

En ce qui concerne les questions de santé, la délégation a indiqué que la nouvelle politique du Libéria en matière de santé publique met l'accent sur la décentralisation des services à l'échelon communautaire. La prévalence du VIH/sida au Libéria est actuellement de 11 à 12 % et la situation dans ce domaine est telle que l'on peut désormais parler d'un grave problème de santé publique, a déclaré la délégation. De plus en plus d'enfants naissent séropositifs, a-t-elle souligné. Il existe un programme de lutte contre la transmission de la maladie de la mère à l'enfant, mais l'exécution de ce programme se heurte au manque d'accès aux médicaments antirétroviraux pour les femmes enceintes. Le Libéria compte un grand nombre d'orphelins du sida, a insisté la délégation. Elle a par ailleurs rappelé que pour entrer à l'école primaire, l'enfant doit être vacciné contre les maladies enfantines évitables.


L'enregistrement des naissances est un droit qui appartient à l'enfant, a souligné la délégation. D'après la loi, l'enregistrement de la naissance d'un enfant est obligatoire dans les 14 jours qui suivent l'accouchement. Néanmoins, beaucoup de naissances ne sont pas enregistrées dans ce délai, a admis la délégation, soulignant qu'une majorité de naissances a lieu en dehors des hôpitaux. C'est pourquoi l'enregistrement gratuit des naissances reste en fait possible jusqu'à l'âge de 5 ans. Les autorités libériennes ont décidé de procéder à la décentralisation du processus d'enregistrement des naissances, a indiqué la délégation.

La délégation a déclaré que si la situation en matière de malnutrition s'est notablement améliorée à Monravia, où des taux de 20 à 25% de malnutrition avaient été enregistrés à une époque, elle reste en revanche préoccupante dans les autres parties du pays.

Actuellement, la quasi-totalité du pays est couverte par la présence des troupes des Nations Unies, a indiqué la délégation. Cela a incontestablement contribué à améliorer la perception qu'a le peuple libérien de sa sécurité, a-t-elle affirmé.


Observations préliminaires

Présentant des observations préliminaires sur le rapport libérien, M. Lothar Friedrich Krappmann, membre du Comité chargé de l'examen de ce rapport, a affirmé que l'envoi par le Libéria d'une délégation de haut niveau devant le Comité constitue une indication claire de la volonté du Gouvernement de mettre en œuvre les dispositions de la Convention et d'améliorer les conditions de vie des enfants du pays. Cette journée d'examen a permis aux membres du Comité de mieux comprendre la situation de ce pays déchiré et potentiellement riche, a déclaré l'expert. Le dialogue a été très constructif, a-t-il insisté. Il convient de reconnaître les progrès accomplis par le Libéria, en particulier en matière de cessation de la violence et de promotion de la paix, a poursuivi M. Krappmann. Ce qui a été accompli depuis le mois d'octobre dernier est à cet égard remarquable, a-t-il insisté.

M. Krappmann a rappelé que le problème essentiel reste celui de la démobilisation et de la réintégration des enfants soldats, en raison de facteurs qui ralentissent le processus dans ce domaine, comme l'a indiqué la délégation elle-même. Le Libéria a besoin à cet égard de la coopération internationale, a souligné M. Krappmann. En ce qui concerne la question du regroupement familial, l'expert a exprimé l'espoir que les autorités seront en mesure de retrouver et de réunifier les familles dispersées dans toute l'Afrique de l'Ouest. Comme l'a indiqué la délégation, les services de santé ne sont pas accessibles pour la majorité de la population et la pénurie de personnel qualifié constitue à cet égard un grave problème. Il en va de même dans le domaine de l'éducation, où des enseignants doivent être formés. Il convient pour le pays de prendre les mesures de protection adéquates afin d'assurer que les nombreux enfants vulnérables qui ont été affectés d'une façon ou d'une autre par la guerre ne seront pas de nouveaux maltraités, a ajouté M. Krappmann.

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