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LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT ENTAME SA JOURNÉE DE DISCUSSION SUR LA VIOLENCE CONTRE LES ENFANTS À L'ÉCOLE ET AU SEIN DE LA FAMILLE

28 Septembre 2001



CRC
28ème session
28 septembre 2001
Matin




Mettre un terme à la violence contre les enfants ne signifie pas
qu'il faille faire une croix sur la discipline, souligne Mme Mary Robinson




Au sein des familles comme à l'école, mettre un terme à la violence contre les enfants ne signifie pas qu'il faille faire une croix sur la discipline nécessaire à la formation de l'enfant, a expliqué ce matin la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, à l'ouverture de la journée de discussion organisée par le Comité des droits de l'enfant sur le thème de 'la violence contre les enfants à l'école et au sein de la famille'.

La Convention relative aux droits de l'enfant demande aux États de prendre toutes les mesures appropriées pour s'assurer que la discipline scolaire est appliquée de manière compatible avec la dignité humaine, a rappelé la Haut-Commissaire. Mettant l'accent sur la nécessité de prévenir la violence entre enfants au sein des écoles, Mme Robinson a fait observer que lorsque les enfants se sentent menacés à l'école ou lorsque leur sont enseignées des valeurs de violence, ils ne jouissent pas de conditions propices au bon déroulement de leur instruction et ne peuvent se préparer efficacement à mener une vie responsable.

Pour ce qui est de la violence au foyer, la Haut-Commissaire a mis l'accent sur la nécessité de faire prendre conscience à chacun que les droits de l'enfant ne sont pas un déni des droits des parents. Les faits nous obligent à prendre conscience que c'est au sein de leurs familles que les enfants sont le plus susceptibles de souffrir de la violence, a-t-elle souligné.

Des représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont également fait des déclarations liminaires, mettant notamment l'accent sur la nécessité de promouvoir l'instauration d'une culture de paix mais aussi de promouvoir la santé psychologique et physique des enfants en tant qu'élément fondamental de leurs droits humains.

Le Président du Comité, M. Jacob Egbert Doek, a rappelé que l'objet de cette journée de discussion est de définir la nature et l'ampleur du phénomène de la violence contre les enfants à l'école et au foyer, à en déterminer les causes et à envisager des mesures susceptibles d'y remédier en présentant un certain nombre de recommandations.

En septembre 2000, le Comité avait déjà tenu une journée de discussion sur la violence contre les enfants qui s'était concentrée sur la violence d'État à leur encontre.

Le Comité se réunira de nouveau en séance plénière cet après-midi, vers 17 heures, pour présenter les conclusions préliminaires de cette journée de discussion telles qu'elles se dégagent des réunions des deux groupes de travail informels mis sur pied pour la journée afin d'examiner respectivement la violence contre les enfants au sein de la famille et la violence à leur encontre au sein de l'école.

Déclaration d'ouverture de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme

Dans sa déclaration d'ouverture de la journée de discussion sur la violence contre les enfants à l'école et au sein des familles, MME MARY ROBINSON, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a affirmé que lorsque l'on parle de violence, on pense aujourd'hui immédiatement aux attentats perpétrés le 11 septembre dernier aux États-Unis. A ce sujet, Mme Robinson a indiqué qu'elle s'est rendue la semaine dernière à New York où des unités spéciales ont été mises en place pour venir en aide aux enfants traumatisés par ces attentats. Il semble que le sentiment de culpabilité prévale souvent dans ce genre de situation, a souligné Mme Robinson. La Conférence mondiale contre le racisme s'est achevée deux jours avant ces attentats de New York, a poursuivi la Haut-Commissaire. Cette Conférence, par le biais notamment du Sommet des jeunes qui s'est tenu en parallèle à Durban, a mis en exergue la nécessité de redoubler d'efforts afin de mettre un terme à la violence dont souffrent les enfants. Les enfants peuvent en effet être plus vulnérables que les autres individus aux violences dont ils sont victimes. En outre, les droits de l'homme des enfants sont bafoués lorsque les États manquent à leur devoir de protection des enfants contre la violence d'autrui.

En ce qui concerne le thème de la présente journée de discussion - à savoir la violence contre les enfants à l'école et au sein des familles, Mme Robinson a souligné que la discipline scolaire doit être appliquée de manière compatible avec les dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant, en particulier son article 28 en vertu duquel les États s'engagent à prendre toutes les mesures appropriées pour s'assurer que la discipline scolaire est appliquée de manière compatible avec la dignité humaine. Or, la discipline est encore trop souvent invoquée pour justifier l'imposition à des enfants de sanctions qui sont totalement inacceptables en milieu scolaire et qui seraient même jugées inacceptables si elles devaient être infligées à des adultes. La discipline est certes nécessaire à l'école et, lorsqu'elle est appliquée de manière appropriée, les enfants sont les premiers à en percevoir la nécessité dans la mesure où elle permet de poser les limites de ce qui est acceptable et de ce qui ne l'est pas. Il convient en outre de prévenir la violence entre enfants au sein des écoles, a poursuivi la Haut-Commissaire. Quand sont enseignées des valeurs de violence aux enfants ou lorsqu'ils se sentent menacés à l'école, les enfants ne jouissent pas de conditions propices au bon déroulement de leur instruction et ne peuvent se préparer efficacement à mener une vie responsable.

Pour ce qui est de la violence au foyer, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme a rappelé que la Convention relative aux droits de l'enfant demande aux États de reconnaître les responsabilités, droits et devoirs des parents à l'égard de leurs enfants. En vertu de ce même instrument, il incombe cependant aux États de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les enfants contre toute violence qui pourrait leur être infligée par leurs parents ou tuteurs. Il convient de faire prendre conscience à chacun que les droits de l'enfant ne sont pas un déni des droits des parents, a souligné Mme Robinson avant de faire observer que le droit au respect de la vie privée souvent invoqué dans ce contexte appartient autant aux enfants qu'aux parents. Les enfants qui sont victimes de violence au sein de leur foyer souffrent le plus souvent en silence, de sorte qu'il est très difficile de disposer de statistiques fiables concernant ces phénomènes, a fait observer Mme Robinson. Il n'en demeure pas moins que les faits nous obligent à prendre conscience que c'est au sein de leurs familles que les enfants sont le plus susceptibles de souffrir de la violence.

Au sein des familles comme à l'école, mettre un terme à la violence contre les enfants ne signifie pas qu'il faille faire une croix sur la discipline nécessaire à la formation de l'enfant, a-t-elle insisté. Au-delà des mesures législatives, les États doivent mettre en place des campagnes publiques d'information et d'éducation susceptibles de susciter des changements de perceptions s'agissant des formes alternatives de disciplines jugées acceptables et efficaces. En même temps, les États doivent apporter un soutien et une assistance aux parents et aux familles qui rencontrent des difficultés à élever correctement leurs enfants, en particulier dans des situations de stress psychologique ou économique. Les enfants doivent eux aussi avoir accès facilement à des conseils et à une aide. S'il convient de s'assurer que la communauté internationale accorde une plus grande importance à la protection des enfants contre toute forme de violence, il n'en demeure pas moins que c'est au niveau national qu'une action doit être entreprise si l'on veut changer la vie quotidienne des enfants, a conclu Mme Robinson.


Autres déclarations liminaires

La représentante de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a souligné que le thème de la violence est revenu sur le devant de la scène internationale depuis les attentats perpétrés aux États-Unis le 11 septembre dernier. A cet égard, il convient de relever que ces attentats ont touché de nombreux enfants devenus orphelins en quelques instants. La représentante de l'Unesco a par ailleurs fait observer que depuis ces événements, diffusés par les médias internationaux, de nombreux enfants ont du mal à trouver le sommeil. Pour chacun d'entre nous, il convient maintenant de rappeler à nos enfants que nous souhaitons instaurer une culture de la paix, contrairement à ceux dont l'objectif est de 'fabriquer des kamikazes'. Si les réponses à court terme sont de la responsabilité des Nations Unies, le rôle de l'Unesco est de viser le long terme. A cette fin, l'Unesco dispose certes de la Convention relative aux droits de l'enfant, mais aussi des diverses résolutions adoptées par les Nations Unies sur le thème de la culture de la paix. Concrètement, il faudrait que chacun s'efforce de réorienter les programmes scolaires afin d'y intégrer des informations concernant la culture de la paix ainsi que les bonnes pratiques en matière de résolution des conflits à l'école.


La représentante du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a reconnu que l'on ne connaît actuellement pas très bien l'ampleur du problème de la violence contre les enfants à l'école et au sein des familles. L'UNICEF est toutefois encouragé par l'attention accrue que recueille ce type de violence en maints endroits de par le monde. Les abus et violences dont sont victimes les enfants touchent tant leur santé physique que leur santé mentale, a fait observer la représentante du Fonds avant de relever que les châtiments corporels à l'école sont encore trop souvent perçus comme un outil pédagogique indispensable. Elle a rappelé que le Secrétaire général des Nations Unies a présenté un rapport (intitulé 'Nous, les enfants') qui met notamment l'accent sur la nécessité de promouvoir la connaissance que les enfants et les adultes ont des droits de l'enfant ainsi que sur la nécessité d'assurer une participation adéquate des enfants aux décisions affectant leur vie à l'école, au foyer ou au sein de la communauté en général. En raison des événements tragiques de New York, la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les enfants a dû être reportée, a rappelé la représentante de l'UNICEF. Il n'en demeure pas moins que des priorités ont d'ores et déjà été dégagées, notamment du point de vue de la nécessité de prévenir tout type de violence, de négligence, d'abus et d'exploitation affectant les enfants. En ce qui concerne la violence à l'école, la représentante du Fonds a insisté sur la nécessité d'assurer la sécurité au sein des établissements scolaires en luttant notamment contre les passages à tabac, le bizutage, les discriminations et parfois même les viols qui y sont perpétrés.

Le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que l'OMS s'est dotée d'une nouvelle stratégie en matière de promotion de la santé, qui met l'accent sur l'importance des droits de l'homme. Il a rappelé que la Constitution de l'OMS reconnaît qu'un niveau élevé de santé constitue l'un des droits fondamentaux de l'être humain. L'OMS a donc conscience que les abus et négligences constituent non seulement un problème de santé mais aussi une violation de ces droits. On compte une quarantaine de millions d'enfants qui, chaque année, sont victimes de violence à travers le monde, a indiqué le représentant. La violence peut engendrer chez les enfants un certain nombre de conséquences parmi lesquelles on peut citer l'incapacité physique, les problèmes de santé mentale, la transmission du VIH/sida et les dommages sur la santé génésique. Pourtant, la violence peut être prévenue. Les variations considérables des taux de violence entre les différents pays rappellent que la violence est le produit de facteurs sociaux et environnementaux sur lesquels il est possible d'agir. Les taux d'homicide varient par exemple entre 0,6 pour 100 000 personnes au Japon et 25 pour 100 000 en Estonie, en passant par 7 pour 100 000 aux États-Unis, a fait observer le représentant de l'OMS. En s'appuyant sur le rapport mondial sur la violence et la santé qu'elle publiera l'an prochain, l'OMS entend mettre en place un cadre global de prévention de la violence, a indiqué le représentant.

Le Président du Comité, M. JACOB EGBERT DOEK, a souligné que des menaces très sérieuses pèsent sur le développement harmonieux des enfants donc de la race humaine. D'après les informations disponibles, rien que dans les pays industrialisés, on peut penser que des millions d'enfants sont touchés par la violence sexuelle et émotionnelle résultant des abus et des sévices les plus divers qui leur sont infligés. Lorsque l'on se penche sur la violence contre les enfants, il faut insister sur la vulnérabilité particulière des plus démunis et des marginalisés d'entre eux, a fait observer le Président du Comité. Il a relevé que si les filles sont particulièrement victimes de viols, de meurtres d'honneur et d'autres pratiques traditionnelles, les garçons sont en revanche particulièrement victimes des mesures disciplinaires en milieu scolaire dans la mesure où l'on pense souvent qu'il faut être encore plus brutal à l'égard des garçons lorsqu'il s'agit d'imposer la discipline. M. Doek a rappelé que l'objet de cette journée de discussion consiste à définir la nature et l'ampleur du phénomène de la violence contre les enfants à l'école et au foyer, à en déterminer les causes et à envisager des mesures susceptibles d'y remédier en présentant un certain nombre de recommandations.




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