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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT ACHÈVE L'EXAMEN DU RAPPORT DE LA GAMBIE

05 Octobre 2001



CRC
28ème session
5 octobre 2001
Après-midi





Un membre du Comité estime qu'il faudra du temps et des ressources
pour atteindre les objectifs de la Convention en Gambie



Par rapport aux décennies précédentes, le nombre d'infanticides est en chute sensible dans le pays, a déclaré cet après-midi la délégation de la Gambie devant le Comité des droits de l'enfant qui achevait l'examen du rapport initial de ce pays. Elle répondait ainsi aux préoccupations exprimées ce matin par certains experts s'agissant de la persistance de tels actes dans le pays. Le paludisme constitue également un problème considérable pour la Gambie qui a un besoin pressant d'aide pour lutter contre ce fléau si elle ne veut pas perdre cette bataille, a par ailleurs indiqué la délégation.

Présentant des observations préliminaires sur le rapport gambien, un membre du Comité a admis qu'il faudra au pays un certain temps pour atteindre les objectifs de la Convention. Il faudra aussi davantage de ressources, a-t-il ajouté. L'expert s'est néanmoins dit certain que de bons résultats pourront être enregistrés en Gambie, qui bénéficieront à tous les enfants du pays.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de la Gambie avant de les rendre publiques à la fin de la présente session, vendredi 12 octobre 2001.

En début de séance, la délégation gambienne, dirigée par M. Joseph Henry Joof, Procureur général et Secrétaire d'État à la justice de la Gambie, a fourni aux experts des compléments d'informations portant sur les mariages précoces; les enfants nés hors mariage; l'enregistrement des naissances; la situation en ce qui concerne l'éducation des enfants des rues et des enfants réfugiés; les châtiments corporels; l'éducation; les infanticides; les violences et mauvais traitements contre les enfants; la santé.


Le Comité entamera lundi 8 octobre, à 10 heures, l'examen du rapport initial du Paraguay (CRC/C/65/Add.12).


Fin de l'examen du rapport de la Gambie

Plusieurs experts s'étant enquis des mesures prises par la Gambie pour prévenir les mariages précoces dans le pays, la délégation gambienne, dirigée par M. Joseph Henry Joof, Procureur général et Secrétaire d'État à la justice, a assuré que la société gambienne s'efforce de dissuader les parents de marier précocement leurs enfants. En la matière, l'évolution sera certes lente et progressive mais, incontestablement, «le message passe», a assuré la délégation.

Les enfants nés hors mariage jouissent en principe des mêmes droits que les enfants issus d'un mariage, a par ailleurs assuré la délégation. En Gambie, les tribunaux sont d'ores et déjà habilités à prononcer des peines d'emprisonnement à l'encontre d'un père qui refuserait de subvenir aux besoins de son enfant. La prochaine étape consistera à reconnaître les droits de succession des enfants nés hors mariage, ce qui ne sera pas aisé eu égard aux pratiques coutumières et au droit islamique en la matière. Certains pays africains ont pour leur part déjà franchi cette étape, a reconnu la délégation.

En ce qui concerne l'enregistrement des naissances, la délégation a expliqué que le chiffre de 32% qui a été avancé, certes très faible, reflète en fait la délivrance des certificats de naissance. Il convient de noter que le pays a commencé à décentraliser la délivrance de ces certificats de sorte que ceux-ci pourront désormais être plus facilement obtenus auprès des différents centres médicaux implantés sur le territoire national.

La délégation a par ailleurs précisé que le certificat de naissance de l'enfant est demandé pour toute inscription à l'école, pour l'obtention d'une carte d'identité ou d'un passeport, ainsi que pour la délivrance du carnet de santé qui sera lui-même exigé pour les vaccins et les soins médicaux.

La délégation a par ailleurs indiqué que les autorités gambiennes vont lancer un programme visant à assurer la scolarisation des enfants de la rue. Une étude a révélé que la très grande majorité des enfants des rues ont un foyer et rentrent chez eux le soir, a fait valoir la délégation. En fait, la grande majorité des enfants des rues proviennent de pays voisins et sont venus en Gambie sous prétexte d'étudier avec des tuteurs islamiques - les marabouts.

S'agissant des enfants réfugiés en Gambie, la délégation a assuré qu'aucune discrimination n'est pratiquée à leur encontre, ces enfants pouvant même, grâce à l'assistance du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), aller à l'école.

En ce qui concerne les châtiments corporels, la délégation a déclaré que si, par le passé, la société gambienne avait pour habitude de tolérer que l'enseignant y ait recours pour faire respecter la discipline à l'école, la tendance aujourd'hui à d'autres méthodes. Un manuel a été élaboré qui vise à dissuader les enseignants de recourir au châtiment corporel à l'école, a précisé la délégation.

Le taux de scolarisation dans les madrasas (écoles coraniques) représente environ 10% de la scolarisation globale, a fait observer la délégation. Le gouvernement est donc en train de voir comment il pourrait s'assurer de la qualité de l'éducation dispensée dans ces écoles.

L'augmentation récente du nombre d'écoles à travers le pays, notamment dans les provinces rurales reculées, a permis d'augmenter efficacement contre la fréquentation scolaire, a par ailleurs précisé la délégation. La politique que préconisent les autorités gambiennes consiste à faire en sorte que les taux de redoublement ne dépassent pas les 4% dans les établissements scolaires.

Certains experts s'étant inquiétés ce matin de la persistance d'actes d'infanticide en Gambie, la délégation a assuré qu'il ne s'agit pas là d'un problème endémique dans le pays. Certes, des infanticides peuvent se produire, a reconnu la délégation. L'impossibilité d'assumer les exigences financières découlant de l'entretien d'un enfant explique parfois de tels actes, a-t-elle fait observer. Mais par rapport aux décennies précédentes, le nombre d'infanticides est en chute sensible dans le pays, a assuré la délégation. Cela s'explique peut-être par le fait que face à certaines situations difficiles, des mesures alternatives comme l'adoption sont désormais possibles.

La Gambie accorde un rang de priorité élevé à la question de la violence et des mauvais traitements contre les enfants, a assuré la délégation. Ainsi, une alliance de protection des enfants a été mise sur pied qui vise à sensibiliser la population au caractère néfaste de ces pratiques. Cette alliance joue un rôle consultatif auprès du gouvernement, auquel elle fait un certain nombre de recommandations concernant les lois qui pourraient être adoptées afin de lutter contre ce phénomène.

En ce qui concerne les questions de santé, la délégation a notamment indiqué qu'en Gambie, les orphelins du sida sont généralement pris en charge dans le cadre de la famille élargie, même s'il peut arriver que le Département du bien-être social intervienne en leur faveur. Plusieurs experts s'étant inquiétés de la baisse du taux de couverture vaccinale en Gambie ainsi que de la forte incidence du paludisme dans le pays, la délégation a déclaré que le grand nombre de cas de paludisme que connaît le pays est essentiellement dû au fait que les centres de santé sont trop tardivement informés des cas qui se déclarent. Il est vrai que le paludisme constitue un problème considérable pour la Gambie qui a un besoin pressant d'aide pour lutter contre ce fléau si elle ne veut pas perdre cette bataille, a déclaré la délégation. Pour ce qui est de la chute du taux de couverture vaccinale, la délégation a souligné que cette baisse a surtout frappé les zones urbaines et suburbaines, peut-être parce que les gens - du fait des pressions économiques et sociales qui pèsent sur eux - ne trouvent pas le temps de faire vacciner leurs enfants.

Interrogée sur les mesures prises pour assurer la disponibilité de données statistiques ventilées concernant la population du pays, la délégation a indiqué que les autorités gambiennes ont réparti les ménages en neuf catégories socioéconomiques principales permettant de mieux identifier les groupes cibles les plus vulnérables.

Un expert s'est inquiété de la désignation du Ministère de la justice gambien comme point focal chargé de veiller à la mise en œuvre de la Convention. Il semblerait en effet que cette désignation atteste d'une approche des droits de l'enfant essentiellement axée sur l'aspect juridique, ce qui est plutôt préoccupant, a estimé l'expert.


Observations préliminaires sur le rapport gambien

Présentant des observations préliminaires sur le rapport initial de la Gambie, un membre du Comité des droits de l'enfant a remercié la délégation pour le caractère constructif du dialogue entre le Comité et la Gambie. L'expert s'est dit conscient que pour atteindre les objectifs de la Convention, il faudra au pays un certain temps. Des ressources seront également nécessaires, a ajouté cet expert. L'expert s'est néanmoins dit certain que de bons résultats pourront être enregistrés en Gambie, qui bénéficieront à tous les enfants du pays.


La Gambie n'a certes pas encore mis en œuvre toutes les dispositions de la Convention, mais il n'en demeure pas moins que le gouvernement s'est engagé à le faire le plus rapidement possible, a déclaré la délégation.



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