Skip to main content

Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME DÉCIDE D'EXAMINER LA SITUATION EN SIERRA LEONE À SA PROCHAINE SESSION

06 Avril 1999


APRÈS-MIDI
HR/CN/99/21
6 avril 1999


Les Rapporteurs spéciaux sur la situation des droits de l'homme
en Afghanistan et au Soudan font des présentations orales


La Commission des droits de l'homme a adopté, cet après-midi, dans le cadre de sa procédure confidentielle, une résolution dans laquelle elle lance un appel à toutes les factions et forces en SierraLeone afin qu'elles respectent les droits de l'homme et se conforment au droit humanitaire international applicable. Elle décide d'interrompre l'examen de la situation des droits de l'homme en Sierra Leone au titre de la procédure confidentielle et de poursuivre l'examen de cette question au titre de la procédure publique, sous le point de l'ordre du jour intitulé «Question de la violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales où qu'elle se produise».

La Commission, dans cette résolution adoptée en séance privée aujourd'hui et rendue publique cet après-midi, demande à la Haut-Commissaire aux droits de l'homme d'informer la Commission, lors de sa prochaine session, des rapports du Secrétaire général relatifs aux violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international en Sierra Leone.

Rendant compte des travaux de la Commission effectués ce matin et en début d'après-midi dans le cadre de la procédure instituée par la résolution 1503 du Conseil économique et social, la Présidente de la Commission, MmeAnne Anderson, a indiqué que la Commission avait examiné, en privé, la situation des droits de l'homme dans cinq autres pays : Tchad, Gambie, Népal, Arabie Saoudite, et Yémen. Elle a décidé de se dessaisir de l'examen de la situation en Gambie, au Népal, en Arabie Saoudite et au Yémen. Concernant le Tchad, la Commission a décidé de ne plus examiner, au titre de la procédure 1503, la situation dans ce pays, mais de continuer à l'examiner au titre du point de l'ordre du jour intitulé «Services consultatifs et coopération technique dans le domaine des droits de l'homme».

Dans le cadre de son examen de la question des violations des droits de l'homme où qu'elles se produisent, M.Kamal Hossain, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Afghanistan, nommé seulement en décembre 1998, a fait une présentation orale, rendant compte en particulier de la visite qu'il a effectuée à Kaboul du 16 au 18 mars dernier au cours de laquelle il a notamment constaté qu'un certain ordre avait été restauré et que les restrictions aux droits de femmes s'étaient quelque peu assouplies. Il a souligné que la restauration de la paix était une condition essentielle au respect des droits de l'homme. Le représentant de l'Afghanistan a fait une déclaration.

La Commission des droits de l'homme a également entendu la présentation orale du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan, M.Leonardo Franco, nommé, lui, en août dernier, qui a déploré les nombreuses violations des droits de l'homme causées par l'état de guerre et a demandé à ce que, malgré l'état de guerre, le Gouvernement soudanais prenne des mesures immédiates pour que soient respectées les règles du droit humanitaire. Le représentant du Soudan est également intervenu.

Dans le cadre du débat, la Commission a entendu les interventions des représentants des pays suivants : Argentine, Sri Lanka, Qatar, Pologne, Pakistan, Norvège, République de Corée, Chypre et Bahreïn. Les représentants de l'Érythrée, de la Turquie, de l'Iraq, de l'Éthiopie et de la Grèce ont en outre exercé leur droit de réponse.

La Commission poursuivra son débat sur la question de la violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales où qu'elle se produise ce soir, de 18 heures à 21 heures.



Adoption d'une résolution sur la situation des droits de l'homme en SierraLeone

Par une résolution sur la situation des droits de l'homme en Sierra Leone, la Commission, ayant examiné la situation au titre de la procédure confidentielle établie en vertu de la résolution 1503 du Conseil économique et social, lance un appel à toutes les factions et forces en SierraLeone afin qu'elles respectent les droits de l'homme et se conforment au droit humanitaire international applicable. La Commission leur rappelle que dans tout conflit armé, y compris dans le cadre d'un conflit armé n'ayant pas un caractère international, la prise d'otage, le meurtre et la torture ou le traitement inhumain infligés à des personnes qui ne prennent pas part aux hostilités constituent de graves infractions au droit humanitaire international; elle leur rappelle que tous les pays ont l'obligation de rechercher les personnes présumées avoir commis ou ordonné de commettre de si graves infractions et de les traduire, quelle que soit leur nationalité, devant leurs propres tribunaux.

La Commission décide d'interrompre l'examen de la situation des droits de l'homme en Sierra Leone au titre de la résolution 1503 du Conseil économique et social et de poursuivre l'examen de cette question au titre de la procédure publique, sous le point de l'ordre du jour intitulé «Question de la violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales où qu'elle se produise», lors de sa prochaine session. La Commission demande à la Haut-Commissaire aux droits de l'homme d'informer la Commission, lors de sa prochaine session, des rapports du Secrétaire général relatifs aux violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international en Sierra Leone. La Commission décide que la présente résolution, adoptée par la Commission en séance privée le 6 avril 1999, soit rendue publique en tant que résolution 1999/1 de la cinquante cinquième session de la Commission.


Déclarations des Rapporteurs spéciaux sur l'Afghanistan et le Soudan

M.KAMAL HOSSAIN, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Afghanistan nommée en décembre 1998, a indiqué qu'en cette année qui marque le vingtième anniversaire de l'invasion de l'Afghanistan et le début du conflit armé dans ce pays, l'occasion se présente d'explorer les voies de la paix. Ce n'est qu'à travers un processus de rétablissement de la paix centré sur les droits de l'homme que des pas significatifs pourront être faits vers une amélioration de la situation générale des droits de l'homme dans le pays. Les Accords de Genève signés en 1998 ont fourni le cadre pour rétablir la paix en prévoyant que la non-ingérence de troupes étrangères dans la situation interne de l'Afghanistan soit garantie internationalement et que les Nations Unies exerce un rôle de surveillance. Après le retrait des troupes étrangères, l'Afghanistan est devenu le théâtre d'affrontements entre de nombreux groupes armés qui luttaient pour l'hégémonie avec des aides extérieures. Le peuple a continué de souffrir de violations massives des droits de l'homme et du droit international humanitaire, a-t-il déclaré. Des pourparlers ont été initiés à Ashkabad le 14 mars dernier, sous les auspices de l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour explorer les perspectives de paix à travers l'établissement d'un gouvernement à participation large. Mais les réalités sur le terrain représentent un défi majeur pour ceux qui veulent rétablir la paix. Les forces des Taliban ont remporté un succès militaire certain et poursuivent des politiques contraires aux normes internationales en matière de droits de l'homme, même s'ils contestent les allégations de massacres et autres violations des droits de l'homme, en particulier contre les minorités ethniques et les femmes.

M.Hossain, qui s'est rendu à Kaboul du 16 au 18 mars derniers, a pu constater qu'un certain ordre avait été restauré et que les restrictions aux droits de femmes s'étaient quelque peu assouplies. Il a également été informé que l'accès des fillettes à l'éducation s'améliorera quand les écoles détruites par la guerre rouvriront. Ces développements plaideraient pour le maintien et l'accroissement de l'aide humanitaire car cela pourrait contribuer à l'amélioration de la situation des droits de l'homme. Cependant, pour évaluer la pertinence de tels arguments, il faudrait procéder à une évaluation plus globale de la situation des droits de l'homme, ce qui impliquera d'autres visites du Rapporteur spécial. L'amélioration générale de la situation des droits de l'homme nécessitera en outre la mise en place d'un cadre pour restaurer la paix à travers un processus participatif de tous les segments du peuple afghan afin d'établir un gouvernement à composition large, multiethnique et représentatif. Ce processus doit être soutenu par la communauté internationale et nécessite en particulier l'arrêt des flux d'armes dans le pays. Le programme pour l'établissement d'une paix durable doit avoir pour but essentiel la réalisation des droits de l'homme de tout le peuple afghan, hommes, femmes et enfants, a-t-il conclu.

La Commission est saisie d'une note du Secrétaire général (E/CN.4/1999/40) sur la situation des droits de l'homme en Afghanistan. M.Hossain a été nommé en décembre 1998, à la suite de la démission de M.Choong-Hyun Paik.

M. HUMAYUN TANDAR (Afghanistan) a déploré que le rapport ne soit qu'un résumé des activités de l'Organisation des NationsUnies plutôt qu'un rapport détaillé sur la situation des droits de l'homme en Afghanistan. S'agissant du droit à la vie et à la sécurité, il a rappelé que les Taliban ont massacré plusieurs milliers de civils tandis que d'autres sont portés disparus. Pour la plupart, ces civils sont issus d'une minorité ethnique et religieuse, les Hazaras et les chiites, tandis que d'autres minorités sont prises en otages. Le représentant a appelé à une enquête internationale dans les prisons des Taliban pour constater que les prisonniers de guerre sont en fait des otages choisir pris sur une base ethnique. En outre, notant que l'intolérance religieuse s'exerce avec brutalité contre les chiites et les femmes, il a indiqué qu'aucun progrès n'a été fait. La violence contre les femmes et les fillettes s'exerce toujours avec la même brutalité.

Parallèlement au terrorisme contre le peuple afghan, l'Afghanistan est devenu une plaque tournante du terrorisme international et du trafic de drogues. C'est dans ces terroristes du monde entier qui exercent leur violence contre le peuple afghan qu'il faut voir l'ingérence étrangère. Il faut s'attaquer aux causes profondes de la guerre, dénoncer l'intégrisme et un modèle médiéval de la société, pour que la volonté du peuple s'impose et que les droits de l'individu soient reconnus. Le représentant afghan a regretté que tout cela ne soit pas mentionné dans le rapport.

M.LEONARDO FRANCO, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan depuis le mois d'août 1998, a salué l'appui et la coopération dont a fait preuve le Gouvernement soudanais et qui ont facilité sa mission. Le Rapporteur spécial a trouvé au Soudan une situation extrêmement complexe liée à des traditions très anciennes et à un environnement international difficile. En outre, la guerre civile a pris de nouvelles dimensions, aggravant les rivalités déjà observées, a souligné le représentant. Il a rappelé que le sud du Soudan été en 1998 le théâtre de l'une des plus grandes catastrophes humanitaires connues.

M.Franco a regretté que l'adoption de la nouvelle Constitution se soit accompagnée de restrictions des libertés, de tortures et d'arrestations arbitraires de défenseurs des droits de l'homme et de dirigeants de mouvements politiques, religieux et étudiants. Ces abus ne peuvent que saper la confiance des différents acteurs face au Gouvernement, a-t-il déclaré. Le Rapporteur spécial a donc demandé que les responsables de ces crimes soient punis, en particulier lorsqu'ils dépendent des autorités soudanaises. Le Rapporteur spécial a déploré les nombreuses violations des droits de l'homme causées par l'état de guerre et le plus souvent commises par des militaires sous contrôle du Gouvernement. Les femmes et les enfants sont particulièrement touchés par ces abus. Les violations comprennent des cas de viol, de travail forcé, d'esclavage et d'exécutions sommaires.

Le Rapporteur a demandé à ce que, malgré l'état de guerre, le Gouvernement soudanais prenne des mesures immédiates pour que soient respectées les règles du droit humanitaire. Il a également appelé à l'installation d'une présence permanente des NationsUnies au Soudan.

M. AHMED EL MOUFTI (Soudan) a jugé regrettable que le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan ait conclu que la situation décrite dans la résolution que la Commission avait adoptée sur cette question l'an dernier était encore valable en dépit des événements positifs intervenus depuis l'an dernier, notamment l'adoption d'une nouvelle Constitution, la libération de tous les prisonniers politiques, l'application de l'Accord de paix de 1997 et la déclaration d'un cessez-le-feu global, qui n'a pas été accepté par le SPLA (Armée populaire de libération du Soudan). Le représentant a souligné que c'est la faction de John Garang qui est responsable de la poursuite du conflit armé au Soudan. Le gouvernement n'éprouve aucune difficulté à suivre la recommandation du Rapporteur spécial visant à ce qu'il prenne des mesures pour assurer la transition vers un système politique basé sur la primauté du droit, a déclaré le représentant soudanais. Le gouvernement s'engage à se conformer aux Conventions de Genève et attend, à cet égard, que le Rapporteur spécial condamne le meurtre récent de quatre travailleurs humanitaires soudanais qui étaient détenus par le SPLA.

Il est regrettable que le Rapporteur spécial ait fait référence aux allégations d'esclavage alors qu'il n'a pas consacré assez de temps ni d'efforts pour examiner ces allégations au cours de sa récente visite dans le pays. Après examen attentif de la liste que le Rapporteur spécial avait soumise au Gouvernement soudanais au dernier jour de sa visite dans le pays et qui contenait toutes les allégations qui avaient été adressées au Rapporteur spécial, il s'avère que 110 des 166 allégations de détention sont totalement sans fondement puisque les personnes concernées n'ont jamais été détenues par les forces de sécurité. En ce qui concerne 45 autres allégations, les personnes concernées ont déjà été relâchées. Le représentant a regretté que le Rapporteur spécial ne se soit pas exprimé au sujet de l'impact négatif du bombardement injustifié de l'usine d'Al-Shiefa par les États-Unis.

Débat sur la question de la violation des droits de l'homme partout dans le monde

M.PABLO CHELIA (Argentine) a appelé la Commission à oeuvrer pour la restauration des droits de l'homme à Chypre. Il a également remercié le Secrétaire Général des NationsUnies pour sa mission de bons offices qui a permis de s'acheminer vers un compromis négocié entre les deux parties et pouvant mener à une solution équitable. Le représentant a exprimé sa préoccupation concernant les droits de l'homme à Chypre. Il a préconisé que la communauté internationale trouve une solution s'appuyant sur les instruments internationaux, les résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. M.Chelia a notamment insisté sur les solutions concernant les droits des réfugiés et les investigations sur les personnes disparues. Il ainsi noté que les autorités turques avaient fait des progrès mais que des difficultés s'étaient présentées en 1998 notamment pour ce qui est de restrictions en matière du droit à la libre circulation et des droits de succession. Le représentant argentin a estimé qu'une solution qui aboutirait à la constitution de deux zones et excluant l'union totale entre les communautés grecque et turque est inacceptable. Il faut garantir à tout le peuple chypriote la jouissance de tous ses droits et libertés fondamentales, a-t-il conclu.

M. H.M.G.S. PALIHAKKARA (Sri Lanka) a indiqué que les efforts de son gouvernement en matière de droits de l'homme se sont poursuivi au niveau national et international et ce, en dépit de la menace terroriste que les Tigres tamouls (LTTE) font peser sur le pays. À ce titre, le Gouvernement du Sri Lanka a poursuivi sa coopération avec les organisations internationales telles que le Comité international de la Croix-Rouge ou le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ainsi qu'avec un certain nombre d'organisations non gouvernementales. Le Gouvernement a également invité le Groupe de travail sur les disparitions à visiter le pays. Le Gouvernement continuera à fournir une assistance humanitaire aux populations des zones subissant le terrorisme du LTTE. Mais, a-t-il précisé, les politiques et les programmes menés en matière de droits de l'homme et d'aide humanitaire doivent être envisagés dans le contexte de violence et de la menace sécuritaire posée par le LTTE, groupe terroriste qui prône ouvertement le nettoyage ethnique et la ségrégation ethnique contre la volonté de son propre peuple. Malgré ce défi, le Gouvernement sri-lankais et la justice indépendante ont démontré que les violations des droits de l'homme ne seraient pas tolérées et que l'impunité n'a pas sa place dans la société civile. Tout en s'attaquant aux causes profondes de la violence et à ses dimensions sécuritaires immédiates, le Sri Lanka a également tout fait pour résoudre les problèmes de droits de l'homme posés par cette violence et est déterminé à poursuivre dans la voie de la démocratie. Le terrorisme ne pourra pas inverser ce processus, a conclu le représentant.

M. KHALID BIN HAMAD AL THANI (Qatar) a attiré l'attention de la Commission sur la situation au Sud-Liban et dans la Bekaa-Ouest qui ne cesse de se dégrader en raison de la poursuite de l'occupation de ces régions du Liban par Israël. Les autorités israéliennes détruisent les maisons et empêchent les habitants de procéder aux récoltes nécessaires, a-t-il souligné. Le représentant du Qatar a dénoncé les entraves imposées par Israël à la libre circulation des personnes dans ces régions en ayant recours à des mesures de châtiments collectifs. Les autorités israéliennes expulsent les résidents des régions occupées et ont recours à diverses mesures de tortures physiques et psychologiques à l'encontre des détenus. La Commission devrait demander à Israël de se conformer à la quatrième Convention de Genève et d'opérer un retrait inconditionnel de cette région conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité.

M. KRZYSZTOF JAKUBONSKI(Pologne) a condamné catégoriquement les brutalités et la violence sans précédent dont souffre actuellement la population civile du Kosovo. À cet égard, la Pologne appuie l'action de la communauté internationale visant à arrêter immédiatement le nettoyage ethnique. Bien que la responsabilité en matière de droits de l'homme incombe au premier chef aux États, il est parfois nécessaire d'agir ensemble et au niveau international pour résoudre des problèmes essentiellement nationaux. La communauté internationale a l'obligation morale, le droit et le devoir d'intervenir chaque fois que les droits de l'homme sont bafoués, a souligné le représentant.

Le représentant polonais a estimé que, dans les cas où les violations des droits de l'homme se produisent du fait de l'anarchie et de la faiblesse du pouvoir central, il est nécessaire de s'appuyer sur l'assistance multilatérale et bilatérale et sur la solidarité internationale pour aider l'État concerné à régler la situation. Le représentant a également rappelé que dans certains pays, la violation des droits de l'homme est érigée un système, notamment les anciens pays communistes. Dans ces cas, le devoir de la communauté internationale est de prendre position en faveur des populations qui souffrent et sont opprimées.

M.SYED SHARIFUDDIN PIRZADA (Pakistan) a affirmé qu'il n'y avait pas de violations massives des droits de l'homme dans son pays, ni de restrictions l'accès aux organisations de droits de l'homme, ni de régions fermées auxquelles ces organisations n'auraient pas accès. En dépit d'énormes difficultés, le Gouvernement du Pakistan a pris un certain nombre de mesures pour améliorer encore la situation des droits de l'homme dans le pays. Mais, a indiqué M.Pirzada, les difficultés auxquelles le Pakistan fait face en matière de protection et de promotion des droits de l'homme trouvent leurs sources dans le sous-développement. Rappelant l'importance primordiale du droit au développement, il a appelé de ses voeux l'édification d'un environnement propice à un développement mondial équitable.

M.Pirzada a évoqué la subversion extérieure subie par son pays pendant la guerre en Afghanistan et qui a exacerbé les tensions à Karachi, la deuxième ville du pays. Il a dénoncé la campagne de terreur doublée d'une guerre de propagande fondée sur la désinformation à propos de la situation des droits de l'homme au Pakistan. La campagne contre le terrorisme ne doit pas compromettre la lutte légitime des peuples contre la domination étrangère et pour l'autodétermination. Depuis neuf ans, les Cachemiris font face à une répression systématique par une armée d'occupation. Le Pakistan souhaite participer à des pourparlers de bonne foi pour une solution rapide au conflit au Jammu-et-Cachemire.

Concernant la protection des droits de l'homme dans les conflits armés, le Pakistan espère que des mesures seront prises rapidement et que des principes directeurs seront adoptés à cette session. À cet égard, M.Pirzada a préconisé le respect scrupuleux du droit international humanitaire et l'application des Conventions de Genève, l'autorisation pour les mécanismes de droits de l'homme de visiter tout territoire occupé, la nomination d'un rapporteur spécial sur les violations dans les situations de conflit armé et la mise en place de missions de terrain dans ce genre de situations. En conclusion, M.Pirzada a estimé qu'il fallait éviter de transformer la Commission en arène de confrontation culturelle.

M.JANIS BJØRN KANAVIN (Norvège) a affirmé que l'on ne peut trouver de solution durable à la situation en République fédérale de Yougoslavie qu'à travers des processus politiques basés sur le respect de la démocratie et des droits de l'homme. Les expulsions forcées à grande échelle, le nettoyage ethnique, le meurtre de civils, y compris des politiciens et des intellectuels albanais du Kosovo, perpétrés par les forces et les éléments paramilitaires serbes doivent être fermement condamnés. Dans les pays ravagés par des conflits, tels que la République démocratique du Congo et le Sierra Leone, on a assisté à des violations massives des droits de l'homme les plus fondamentaux, à savoir le droit à la vie et le droit à l'intégrité physique, a rappelé le représentant norvégien. Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation en ce qui concerne la situation au Rwanda, au Burundi, au Soudan, en Afghanistan, au Myanmar, en Arabie Saoudite, au Cambodge, en Algérie. En Iraq, la situation des droits de l'homme reste déplorable, a-t-il en outre déclaré en insistant sur les violations graves et systématiques des droits de l'homme et du droit humanitaire international perpétrées par le Gouvernement de ce pays.

Rappelant que son pays a engagé, depuis 1993, un dialogue de plus en plus étroit avec la Chine en ce qui concerne les questions de droits de l'homme, le représentant norvégien a souligné que ce pays a pris de nouveaux engagements en matière de droits de l'homme. Certains reculs, y compris les arrestations et les procès sommaires, sont dès lors d'autant plus inquiétants. Le Gouvernement norvégien reste particulièrement préoccupé par les questions relatives aux mauvais traitements infligés aux prisonniers, au recours à la peine de mort et aux atteintes à la liberté de religion ou de croyance. En outre, la situation au Tibet reste préoccupante. Tout en se réjouissant du dialogue bilatéral que la Norvège a avec la Turquie, le représentant a exprimé sa préoccupation face à la situation de la population kurde et a rappelé que la langue et l'identité culturelle des Kurdes doivent être respectés. Le représentant a déclaré que la façon dont se déroulera l'affaire Öçalan permettra d'évaluer la volonté des autorités turques de tenir des procès justes et équitables. La Norvège reste préoccupée par la situation des droits de l'homme à Cuba. Elle est vivement préoccupée par le récent regain de tension et de violence au Timor oriental. Elle exprime sa préoccupation en ce qui concerne la violence en Colombie et souligne son attachement à la liberté d'expression en Zambie et au Zimbabwe et à la protection des minorités en Iran.

M.CHANG MAN SOON (République de Corée) s'est félicité des progrès accomplis dans la défense des droits de l'homme grâce aux travaux de la Commission et particulièrement des Rapporteurs et des groupes de travail. Cependant, il a souligné la nécessité d'une volonté véritable de coopération de la part de chaque gouvernement. À ce sujet, il a déploré le refus exprimé par certains Gouvernements d'accueillir les Rapporteurs spéciaux ou de coopérer avec eux. Il a appelé ces pays à accepter les investigations de la Commission.

La République de Corée est consternée par les massacres de populations civiles innocentes qui se produisent dans certaines régions du monde. Le représentant a ainsi déploré les nombreuses violations des droits de l'homme qui se produisent en ex-Yougoslavie et surtout au Kosovo. Il a espéré que les parties en présence arriveront à un accord négocié dans les plus brefs délais. Le représentant a également regretté les violations des droits de l'homme en Afrique, dans la région des Grands Lacs et en Sierra Leone. La République de Corée se félicite des progrès en matière de droits de l'homme observés au Nigéria et en Iran. Elle a, pour sa part, renforcé ses mécanismes de défense des droits de l'homme et particulièrement des droits individuels, et compte créer, au cours de l'année 1999, une Commission nationale des droits de l'homme, indiqué le représentant.

M.PETROS EFTYCHIOU (Chypre) a déclaré que l'agression, l'invasion et l'occupation de Chypre ont été sources de graves violations des droits de l'homme. Vingt-cinq ans après l'invasion et l'occupation de 37% du territoire chypriote par la Turquie, il est indéniable que le passage du temps n'a pas vu une amélioration mais plutôt une aggravation de la situation des droits de l'homme à Chypre, a estimé le représentant. Il a notamment déploré que les Chypriotes qui sont restés dans la zone occupée par les forces turques soient l'objet de discriminations et que les restrictions imposées aux Chypriotes grecs et maronites aient conduit à la disparition de ces communautés. Il a également dénoncé le pillage et la destruction des objets de culte et monuments qui constituent l'héritage culturel de Chypre. Le représentant a demandé la restitution des oeuvres pillées et l'arrêt de ces destructions.

Le représentant chypriote a appelé à l'adoption de mesures visant à empêcher les violations des droits de tous les citoyens chypriotes. À cet égard, l'État turc fait preuve d'un manque de volonté politique, a-t-il déploré. Chypre estime que les résolutions applicables des NationsUnies et les accords de haut niveau offrent une base de négociation solide pour s'acheminer vers une solution juste et durable.

M.AHMED AL HADAD (Bahreïn) a souligné que sans développement global de la société et de ceux qui y vivent, il ne saurait y avoir de progression des droits de l'homme, pas plus qu'il ne saurait y avoir de respect des droits de l'homme sans développement de la société. Les politiques du Gouvernement de Bahreïn visent à assurer aux citoyens un environnement sûr, stable et pacifique dans lequel ils puissent se réaliser. Le Gouvernement s'est engagé à garantir les droits fondamentaux de ses citoyens à la santé, à l'éducation, au bien-être et au logement. Le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement sur le développement humain dans le monde pour 1998 classe le Bahreïn au premier rang parmi les pays arabes pour la cinquième année consécutive, a rappelé le représentant. Il a souligné que ce résultat a pu être atteint en dépit de ressources limitées, d'une croissance rapide de la population et d'une forte densité démographique. La société du Bahreïn est basée sur la consultation et non sur la confrontation, a-t-il souligné. Il a rappelé que son pays a adhéré à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants en 1998. Il a ajouté que son pays a toujours attiré l'attention sur l'utilisation cynique des mécanismes internationaux dans le domaine des droits de l'homme. Des individus et des groupes qui ne sont pas véritablement préoccupés par les droits de l'homme ont utilisé ces mécanismes pour tenter de promouvoir leurs objectifs extrémistes.

Déclarations dans l'exercice du droit de réponse

Le représentant de l'Érythrée a appelé l'Éthiopie à participer activement au règlement du conflit entre les deux pays sur la base de l'accord intérimaire signé sous l'égide de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), à appliquer les appels au cessez-le-feu réitérés par le Conseil de sécurité et à respecter ses frontières. Le représentant a également rejeté les affirmations selon lesquelles l'OUA et l'ONU auraient considéré l'Érythrée comme un pays agresseur. Il a mentionné un incident survenu en février 1999 et au cours duquel l'Éthiopie a entravé la visite sur le site d'Adigrat que souhaitaient faire les représentants de l'Union européenne à la suite d'allégations de bombardements éthiopiens sur cette ville.

Le représentant de la Turquie a affirmé que la Grèce essaie de cacher le fait qu'un terroriste sanglant était invité à l'Ambassade de Grèce dans un pays africain en tant qu'invité d'honneur. Il a dénoncé la complicité de la Grèce avec les terroristes du PKK. Il a attiré l'attention sur la triste situation de la minorité turque en Thrace, en violation des dispositions du Traité de Lausanne de 1923.

Le représentant de l'Iraq a constaté que la politique de deux poids deux mesures était appliquée en ce qui concerne les actions humanitaires. Les délégations du Canada et de la Norvège auraient dû mentionner le génocide que subit l'Iraq dans leurs déclarations. Cet embargo a coûté la vie à des milliers de personnes, sans compter les incidences sur les générations futures.

Le représentant de l'Éthiopie a déclaré qu'au lendemain même du début de la session de la Commission, le gouvernement érythréen a déporté des Éthiopiens près de la frontière, dans des zones de guerre, sans assistance. Le droit de vivre dans la paix dans son propre pays a été violé de manière flagrante par l'Érythrée, qui commet des crimes odieux. La communauté internationale doit condamner l'Érythrée pour ces crimes.

Le représentant de la Grèce a assuré que la Grèce n'appuie pas le terrorisme et a donc rejeté toute allégation selon laquelle la Grèce appuierait les activités du PKK. Le terrorisme ne saurait servir de prétexte pour commettre de graves violations des droits de l'homme, a-t-il rappelé. La minorité turque en Thrace jouit des mêmes droits que le reste de la population grecque et la population de cette minorité s'est accrue depuis 1923 alors que le nombre de Grecs vivant en Turquie (Istanbul) est passé de 150 000 en 1923 à trois mille seulement aujourd'hui.

VOIR CETTE PAGE EN :