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Examen de Sao Tomé-et-Principe devant le Comité des droits de l’enfant : l’intérêt supérieur de l'enfant est rarement appliqué dans le système juridique national et les enfants handicapés sont souvent exclus, discriminés et stigmatisés, est-il notamment observé
12 mai 2023
Le Comité des droits de l’enfant a examiné, hier après-midi et ce matin, le rapport soumis par Sao Tomé-et-Principe au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant.
Une experte du Comité a relevé que, depuis l’examen de son précédent rapport, Sao Tomé-et-Principe avait ratifié le Protocole facultatif sur la vente d’enfants, la prostitution, des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants – dont les instruments de ratification n’ont toutefois pas encore été déposés, a précisé la délégation santoméenne au cours du dialogue.
Cette même experte a ensuite fait savoir que le Comité était préoccupé par le peu de ressources financières accordées à l’enfance dans le pays. Elle a par ailleurs souhaité savoir si le Gouvernement envisageait de mettre en place un régime de protection des réfugiés – qui n’existe pas actuellement.
Une autre experte a relevé que si l'âge minimum légal du mariage est de 18 ans pour les filles et les garçons, il n’en demeure malheureusement pas moins que dans des cas dits exceptionnels et avec le consentement des parents, du tuteur ou du tribunal, les filles âgées de 14 ans et les garçons âgés de 16 ans peuvent se marier.
En outre, a observé cette experte, les enfants vivant dans des familles pauvres ont moins de chances d'achever leur scolarité. Cette situation est encore plus préoccupante lorsqu'il s'agit de l'éducation inclusive, étant donné que les enfants ayant des difficultés fonctionnelles rencontrent plusieurs obstacles pour accéder à une éducation adéquate, a-t-elle ajouté, faisant observer que les enfants handicapés sont souvent exclus, discriminés et stigmatisés et sont victimes d'abus à la maison, mais aussi à l’école où ils sont laissés pour compte par manque d'infrastructures adéquates et d'enseignants dûment formés et qualifiés pour répondre à leurs besoins spécifiques.
L’experte a ensuite relevé que l’intérêt supérieur de l'enfant est rarement appliqué dans le système juridique national parce qu’il n’existe pas de lignes directrices ni d’orientations nécessaires concernant l'application de ce principe. Les récentes lois sur la famille et l'organisation de la tutelle des mineurs contiennent des dispositions sur l'adoption plénière qui ne garantissent pas l'intérêt supérieur de l'enfant, a-t-elle ajouté.
Les placements informels d'enfants chez des parents ou des voisins sont monnaie courante à Sao Tomé-et-Principe lorsque les parents considèrent que leurs conditions de vie ne leur permettent pas s’occuper des enfants, a par ailleurs observé l’experte.
Un expert a insisté sur la nécessité de mettre à jour les données concernant la violence et les abus sexuels à l’encontre des enfants. Il s’est notamment inquiété des violences sexuelles et des abus à l’encontre des étudiantes. Ce même expert s’est ensuite dit préoccupé par l’abandon scolaire des filles résultant de grossesses précoces et de la stigmatisation sociale y associée.
Présentant le rapport de son pays, Mme Maria Milagre de Pina Delgado, Ministre des droits des femmes de Sao Tomé-et-Principe, a indiqué que le pays s'est engagé à mettre en œuvre toutes les mesures visant à protéger les enfants et à leur accorder une attention particulière en soulignant notamment la responsabilité fondamentale de la famille en matière de soins et de protection des enfants. Le pays a réalisé des progrès significatifs dans des domaines fondamentaux tels que le cadre politique et juridique, la santé, l'éducation, la protection sociale et d'autres domaines directement ou indirectement liés aux enfants, a-t-elle indiqué. Plusieurs lois nationales ont été harmonisées pour répondre aux exigences de la Convention, s’agissant notamment du statut du service national de santé, de la loi organique de la police judiciaire, de la loi fondamentale, du système éducatif, de la loi fondamentale relative à la santé, du Code de la famille, du Code d’organisation de la tutelle des mineurs et du Code pénal, a-t-elle précisé.
La Ministre a tout particulièrement insisté sur la consécration expresse, dans le code d'organisation de la tutelle des mineurs, du principe de l'intérêt supérieur de l'enfant et du jeune en tant que principe directeur de l'intervention pour la promotion des droits et la protection de l'enfant, et sur l'intégration des dispositions relatives à ce principe dans d'autres dispositifs, tels que le Code de la famille, le Code pénal, le Code du travail, ou encore la loi sur le système éducatif, entre autres.
La Ministre a ensuite présenté plusieurs mesures prises par Sao Tomé-et-Principe en matière de protection sociale et a mis l’accent sur les actions de sensibilisation et de formation qui ont été menées au niveau national pour promouvoir des pratiques parentales positives au sein de la famille, afin de lutter contre la maltraitance, la négligence, l'abandon et les abus sexuels dont sont victimes les enfants. Un protocole de procédures pour la prise en charge et le suivi des enfants et des adolescents victimes d'abus sexuels, de maltraitance, de négligence et d'abandon a également été établi en 2021, a ajouté la Ministre. Elle a en outre fait savoir que la Commission nationale des droits de l'enfant devrait devenir opérationnelle.
Enfin, la Ministre a reconnu que, malgré les efforts déployés, tant au niveau législatif qu'au niveau institutionnel, dans la définition des politiques et la mise en œuvre des programmes et actions, la mise en œuvre pratique des droits de l'enfant dans le pays reste encore un problème à surmonter. La principale contrainte est sans aucun doute l'insuffisance des ressources économiques et financières qui limite la capacité des institutions publiques et l'opérationnalisation des politiques et des stratégies, a-t-elle souligné.
La délégation santoméenne était également composée, entre autres, de représentants du Ministère des droits des femmes, du Ministère de la justice, du Ministère de la santé, du Ministère de l’éducation et du Ministère des affaires étrangères, ainsi que de représentants de l’Institut de l’égalité des sexes, de la Direction de la protection sociale, de SOS Femmes et de l’Association des femmes juristes.
Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de Sao Tomé-et-Principe et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 26 mai prochain.
Lundi prochain, à 15 heures, le Comité entamera l’examen du rapport de la Finlande.
Examen du rapport de Sao Tomé-et-Principe
Le Comité est saisi du document valant cinquième et sixième rapports périodiques de la Sao Tomé-et-Principe (CRC/C/STP/5-6), ainsi que des réponses à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.
Présentation du rapport
Présentant le rapport de son pays, MME MARIA MILAGRE DE PINA DELGADO, Ministre des droits des femmes de Sao Tomé-et-Principe, a indiqué que le pays s'est engagé à mettre en œuvre toutes les mesures visant à protéger les enfants et à leur accorder une attention particulière en soulignant notamment la responsabilité fondamentale de la famille en matière de soins et de protection des enfants.
La rédaction de ce rapport s'est appuyée sur les contributions d'une Commission interministérielle des droits de l'homme, composée de représentants de divers secteurs, qui ont travaillé conformément aux orientations générales établies par le Comité. L'analyse effectuée permet de conclure que, malgré des contraintes encore persistantes, le pays s'est efforcé d'honorer les engagements pris au niveau international en matière de protection des droits de l'enfant, a déclaré la Ministre.
En ce qui concerne la mise en œuvre des engagements pris en matière de promotion et de protection des droits de l'enfant, le pays a réalisé des progrès significatifs dans des domaines fondamentaux tels que le cadre politique et juridique, la santé, l'éducation, la protection sociale et d'autres domaines directement ou indirectement liés aux enfants, a indiqué Mme Milagre de Pina Delgado.
La période d'analyse de ce rapport (2019 à 2022) a été profondément affectée par le contexte de la pandémie qui a touché le monde entier et en particulier les pays les plus vulnérables, tels que les petits États insulaires en développement comme Sao Tomé-et-Principe, a poursuivi la Ministre. Malgré cette contrainte, a-t-elle affirmé, la stabilité du Gouvernement et le consensus sur les droits de l'enfant ont permis de réaliser des progrès importants.
La Ministre a ensuite relevé certaines des mesures mises en œuvre par l'État de Sao Tomé-et-Príncipe pour assurer la matérialisation effective des droits de l'enfant dans le pays, y compris l'élaboration et la mise en œuvre de la législation, des politiques, des programmes et des actions. Elle a notamment indiqué que plusieurs lois nationales ont été harmonisées pour répondre aux exigences de la Convention, s’agissant notamment du statut du service national de santé, de la loi organique de la police judiciaire, de la loi fondamentale, du système éducatif, de la loi fondamentale relative à la santé, du Code de la famille, du Code d’organisation de la tutelle des mineurs et du Code pénal.
La Ministre a tout particulièrement insisté sur la consécration expresse, dans le code d'organisation de la tutelle des mineurs, du principe de l'intérêt supérieur de l'enfant et du jeune en tant que principe directeur de l'intervention pour la promotion des droits et la protection de l'enfant, et sur l'intégration des dispositions relatives à ce principe dans d'autres dispositifs, tels que le Code de la famille, le Code pénal, le Code du travail, ou encore la loi sur le système éducatif, entre autres. Elle a également indiqué que le tribunal civil de la famille et des mineurs a été institutionnalisé au sein du tribunal de première instance.
Dans le domaine de la santé, ont été mises en œuvre des mesures pour sensibiliser le public à la pandémie et des mesures de protection de la santé dans les écoles. Par ailleurs, au début de l'année, 210 enseignants du primaire et du secondaire ont été formés à l'éducation sexuelle complète, a indiqué la cheffe de la délégation.
S’agissant de l’éducation, des mesures ont été adoptées pour atténuer l'impact négatif de la pandémie de COVID-19, telles que la diffusion de cours à la radio et à la télévision, la traduction de cours télévisés en langue des signes et la conception et la distribution d'environ 3500 cahiers d'activités pour les enfants d'âge préscolaire.
L'éducation spéciale inclusive a été incluse dans la charte de politique éducative 2019-2023, qui donne la priorité aux actions stratégiques, aux indicateurs et aux objectifs à atteindre au cours des trois prochaines années, a ajouté la Ministre, avant de préciser que la rédaction de la proposition de loi-cadre sur l'éducation spéciale est en cours.
La Ministre a ensuite présenté plusieurs mesures prises par Sao Tomé-et-Principe en matière de protection sociale tel que le Programme d'éducation parentale plus (PEP+), qui est en cours de mise en œuvre et qui soutient le renforcement des capacités des parents et de leurs familles. Par ailleurs, des actions de sensibilisation et de formation ont été menées au niveau national pour promouvoir des pratiques parentales positives au sein de la famille, afin de lutter contre la maltraitance, la négligence, l'abandon et les abus sexuels dont sont victimes les enfants.
Concernant les politiques et stratégies de prévention et de lutte contre la violence à l'égard des enfants, Mme Milagre de Pina Delgado a notamment indiqué qu’en 2020, la Commission nationale pour la politique nationale de l'enfance avait été institutionnalisée. Un protocole de procédures pour la prise en charge et le suivi des enfants et des adolescents victimes d'abus sexuels, de maltraitance, de négligence et d'abandon a également été établi en 2021, a-t-elle ajouté.
La cheffe de la délégation a en outre fait savoir que la Commission nationale des droits de l'enfant (CNDC) devrait devenir opérationnelle ; elle sera composée de membres des départements gouvernementaux responsables des domaines de l'enfance, de la jeunesse et des médias, ainsi que de représentants de la société civile, a-t-elle précisé.
Enfin, la Ministre a reconnu que, malgré les efforts déployés, tant au niveau législatif qu'au niveau institutionnel, dans la définition des politiques et la mise en œuvre des programmes et actions, la mise en œuvre pratique des droits de l'enfant dans le pays reste encore un problème à surmonter. La principale contrainte est sans aucun doute l'insuffisance des ressources économiques et financières qui limite la capacité des institutions publiques et l'opérationnalisation des politiques et des stratégies, a-t-elle souligné.
Questions et observations des membres du Comité
MME MIKIKO OTANI, membre de l’équipe spéciale du Comité chargée de l’examen du rapport de Sao Tomé-et-Principe, a relevé que, depuis l’examen de son précédent rapport, Sao Tomé-et-Principe avait ratifié le Protocole facultatif sur la vente d’enfants, la prostitution, des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants ; elle a donc demandé pourquoi, dès lors, le pays ne figure pas dans la liste officielle des pays l’ayant ratifié.
L’experte a par ailleurs indiqué que le Comité était préoccupé par le peu de ressources financières accordées à l’enfance dans le pays et a souligné qu’il était difficile d’une manière générale d’évaluer le budget accordé à la protection sociale des enfants.
Mme Otani s’est en outre enquise de l’éventuelle existence d’un cadre règlementant les entreprises et les droits de l’enfant. Elle s’est dite préoccupée par l’impact des [activités des] entreprises sur les droits de l’enfant, notamment dans le secteur du tourisme.
Mme Otani a par ailleurs demandé si le Gouvernement envisageait de mettre en place un régime de protection des réfugiés – qui n’existe pas actuellement – avec une procédure de détermination du statut de réfugié.
Elle a également demandé à la délégation de présenter les mesures alternatives à la détention des mineurs dans le pays et notamment le fonctionnement des « centres éducatifs ».
MME AISSATOU ALASSANE SIDIKOU, membre de l’équipe spéciale chargée de l’examen du rapport de Sao Tomé-et-Principe, a relevé qu’en vertu de la loi sur la famille, l'âge minimum légal du mariage est de 18 ans pour les filles et les garçons. Mais malheureusement, dans des cas dits exceptionnels et avec le consentement des parents, du tuteur ou du tribunal, les filles âgées de 14 ans et les garçons âgés de 16 ans peuvent se marier, s’est-elle inquiétée. Elle a dès lors voulu savoir quelles sont les situations exceptionnelles qui priment sur le respect des droits de l’enfant, notamment le droit à l’éducation – parce qu’une fois mariées, les filles ne seront plus en mesure de poursuivre leur scolarité – et le droit à la santé – avec tous les risques de complications liés aux grossesses adolescentes.
Les enfants vivant dans des familles pauvres ont moins de chances d'achever leur scolarité, a d’autre part fait observer l’experte. Cette situation est encore plus préoccupante lorsqu'il s'agit de l'éducation inclusive, étant donné que les enfants ayant des difficultés fonctionnelles rencontrent plusieurs obstacles pour accéder à une éducation adéquate. Les enfants handicapés sont souvent exclus, discriminés et stigmatisés ; ils sont victimes d'abus à la maison, mais aussi à l’école où ils sont laissés pour compte par manque d'infrastructures adéquates et d'enseignants dûment formés et qualifiés pour répondre à leurs besoins spécifiques, a souligné Mme Alassane Sidikou.
L’experte a ensuite relevé que l’intérêt supérieur de l'enfant est rarement appliqué dans le système juridique national parce qu’il n’existe pas de lignes directrices ni d’orientations nécessaires concernant l'application de ce principe, de sorte que les magistrats et autres professionnels ainsi que les décideurs politiques ne sont pas en mesure d'évaluer et de déterminer de manière adéquate l'intérêt supérieur de l'enfant dans toutes affaires concernant les enfants.
L’experte a aussi relevé que la loi sur la famille prévoit que les mineurs âgés de plus de 7 ans sont entendus dans les procédures d'adoption, dans les procédures relatives au règlement de l'autorité parentale et à la tutelle des mineurs et dans les situations de divorce ou de séparation des parents. Pourquoi a-t-il été décidé que seuls les enfants de plus de 7 ans devaient être entendus, a-t-elle demandé ?
Mme Alassane Sidikou a également demandé quelles suites les autorités santoméennes donnaient aux recommandations du Parlement des enfants et des jeunes et s’est enquise des critères d’éligibilité au sein de ce Parlement.
L’experte a par la suite relevé que d’après le rapport, l’une des principales raisons de la séparation des familles dans le pays est la dégradation de la structure et des valeurs familiales, de sorte que la famille ne constitue plus un environnement protecteur pour les enfants qui ne se sentent plus en sécurité dans leur propre famille. Elle a souhaité connaître les mesures prises par l’État pour renforcer les compétences parentales afin d’éviter l’abandon et le placement des enfants dans des structures alternatives.
Mme Alassane Sidikou a également relevé que le rapport manque de données concernant le nombre d'enfants privés de soins parentaux et les causes de cette situation. Les placements informels d'enfants chez des parents ou des voisins sont monnaie courante à Sao Tomé-et-Principe lorsque les parents considèrent que leurs conditions de vie ne leur permettent pas s’occuper des enfants, a souligné l’experte, insistant pour connaître les mesures de protection sociale prises pour prévenir la séparation des enfants de leur famille.
S’agissant de l’adoption, l’experte a déploré que les récentes lois sur la famille et l'organisation de la tutelle des mineurs contiennent des dispositions sur l'adoption plénière qui ne garantissent pas l'intérêt supérieur de l'enfant.
MME SUZANNE AHO, Coordonnatrice de l’équipe spéciale du Comité chargée de l’examen du rapport de Sao Tomé-et-Principe, a relevé que le taux d’enregistrement des naissances était élevé dans l’archipel mais qu’il y avait encore des lacunes dans ce processus. Quel pourcentage d’enfants détient un acte de naissance, a-t-elle demandé, avant d’observer que nombre d’enfants sont mal déclarés car l’acte de naissance ne reprend que le nom de la mère, sans aucune indication concernant le nom du père ? Elle s’est demandé si les pères ne devaient pas participer à l’enregistrement des naissances. Mme Aho s’est aussi inquiétée du sort des femmes qui vivent dans les zones reculées et qui ne peuvent pas accoucher dans des établissements hospitaliers.
S’agissant de l’apatridie, l’experte a demandé si Sao Tomé-et-Principe envisageait de ratifier la Convention relative au statut des apatrides et la Convention sur la réduction des cas d’apatridie.
M. LUIS ERNESTO PEDERNERA REYNA, lui aussi membre de l’équipe spéciale du Comité chargée de l’examen du rapport de Sao Tomé-et-Principe, a notamment insisté sur la nécessité de mettre à jour les données concernant la violence et les abus sexuels à l’encontre des enfants. Il a souhaité savoir ce qu’il en est de l’incarcération des parents maltraitants, relevant qu’une telle mesure crée davantage de problèmes pour les enfants que de solutions. Il a également souhaité savoir si l’État envisageait d’interdire le châtiment corporel, un « problème récurrent » dans le pays, notamment à l’encontre des garçons. L’expert s’est aussi inquiété des violences sexuelles et des abus à l’encontre des étudiantes. Il a en outre souhaité connaître les mesures prises pour lutter contre les mariages d’adolescents.
M. Pedernera Reyna s’est ensuite dit préoccupé par l’abandon scolaire des filles résultant de grossesses précoces et de la stigmatisation sociale y associée.
L’expert a par ailleurs regretté qu’il n’y a aucune information dans le rapport concernant les loisirs et les activités récréatives pour enfants.
Une experte du Comité s’est inquiétée que les filles, dans de nombreux foyers, soient cantonnées à des tâches domestiques et soient déscolarisées.
Réponses de la délégation
La délégation a demandé aux membres du Comité de faire preuve de compréhension car la Ministre des droits des femmes et l’ensemble du Ministère ne sont en place que depuis six mois.
La délégation a indiqué que le Gouvernement avait ratifié le Protocole facultatif [à la Convention] concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, mais que les instruments de ratification n’ont pas encore été déposés.
S’agissant de la protection sociale, a poursuivi la délégation, le Gouvernement a un certain nombre de projets qui visent à venir en aide aux femmes et aux mères qui se trouvent en situation de vulnérabilité, ainsi qu’aux personnes handicapées. En partenariat avec la Banque mondiale, le Gouvernent a mis en place un Pacte COVID qui est venu en aide à 16 000 familles, et notamment aux personnes âgées, aux personnes handicapées ou encore aux mères cheffes de famille, notamment. Le programme « Familles vulnérables », déjà en cours avant la pandémie de COVID, a quant à lui été prolongé ; il vient en aide à 4000 familles vulnérables. Plusieurs lignes budgétaires de l’État sont prévues pour favoriser l’accès des personnes vulnérables à la santé, a en outre souligné la délégation. Par ailleurs, il existe un programme d’État qui vient en aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées, a-t-elle insisté.
S’agissant des enfants handicapés, la délégation a notamment fait état de l’existence d’une loi-cadre sur l’éducation spéciale : un règlement d’application est en train d’être rédigé dans lequel sont notamment abordées la définition de ce qu’est un enfant ayant des besoins spéciaux et les questions liées à la formation des enseignants dans ce contexte. La loi sur les personnes handicapées est en train d’être élaborée avec un consultant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Le projet de cette loi vient d’être transmis au Conseil des ministres, a précisé la délégation.
La délégation a par la suite indiqué que l’inclusion des enfants handicapés était une priorité du Gouvernement. Les autorités travaillent avec les partenaires internationaux afin que ces enfants handicapés aient accès à une éducation de qualité avec des supports adaptés, a-t-elle souligné.
La délégation a d’autre part indiqué que le Code pénal incriminait l’exploitation sexuelle comme le fait d’avoir des relations sexuelles avec des mineurs. Des professionnels sont formés dans le système judicaire pour lutter spécifiquement contre ces délits, a-t-elle précisé.
La délégation a indiqué que les témoins ou les victimes d’abus sexuels peuvent déposer plainte auprès de la police nationale, la police judiciaire, le ministère public ou d’autres institutions. La police nationale a été modernisée pour être plus proche des communautés, a fait valoir la délégation.
La délégation a d’autre part souligné que les autorités santoméennes n’acceptaient pas les cas d’abus sexuelsenvers les étudiantes et que des mesures avaient été prises par le Gouvernement dans ce contexte. Le programme « familles vulnérables » vise à soutenir les familles pour qu’elles aient les moyens de lutter contre ces pratiques et ne soient plus vulnérables, a ajouté la délégation.
La délégation a ensuite indiqué que le pays n’avait pas de foyers pour accueillir les victimes de violences domestiques. Il y a des cas dans lesquels l’agresseur est incarcéré et d’autres cas où il attend le jugement chez lui, ce qui a comme conséquence que la victime doive vivre avec son agresseur, a expliqué la délégation, insistant sur la nécessité, dans ce contexte, d’ouvrir des foyers d’accueil.
S’agissant de la participation des enfants, la délégation a souligné qu’en plus du Parlement des enfants, il existe une plate-forme qui a apporté beaucoup d’avantages pour les jeunes et adolescents inscrits ; cela leur permet d’obtenir des informations ou de participer à des enquêtes. Le Parlement des jeunes se réunit en plénière une fois par an et ses recommandations ont un certain poids dans le débat public, a précisé la délégation.
S’agissant de l’enregistrement des naissances, la délégation a indiqué que le Code de la famille, qui est très ancien, prévoit que c’est soit le père, soit la mère, soit une autre autorité qui peut déclarer une naissance. Le document de naissance est délivré au moment de l’enregistrement, a ajouté la délégation. Il y a des situations où les parents sont sans papiers ; dans ce cas, il faut d’abord procéder à l’inscription du père et de la mère avant de procéder à celle de l’enfant, a expliqué la délégation.
Le Gouvernement cherche à encourager la société civile à penser à une stratégie d’action pour règlementer les contenus des émissions que voient les enfants ; il s’agit d’un processus de longue haleine, a par ailleurs indiqué la délégation. En attendant des changements majeurs, a-t-elle expliqué, les autorités organisent des campagnes de sensibilisation à la télévision, qui incitent les enfants à aller se coucher avant que les films ne commencent après le journal télévisé.
La délégation a d’autre part souligné que la loi interdisait les châtiments corporels. Tout acte de violence à l’encontre des enfants est passible de sanctions pénales, a-t-elle précisé. La loi dit que les parents peuvent punir modérément leurs enfants, ce qui ne peut être interprété comme une légalisation des châtiments corporels, a-t-elle ajouté, assurant que les dispositions du Code de la famille et de la protection des mineurs lèvent toute ambiguïté sur cette question.
S’agissant des mariages de mineurs, la délégation a fait savoir que le nouveau Code de la famille de 2018 prévoit que le mariage n’est pas possible avant l’âge de 18 ans. En deçà de cet âge, le mariage n’est pas légal. À Sao Tomé-et-Principe, il n’y a pas d’autre reconnaissance du mariage que celle associée au mariage civil, a précisé la délégation.
La délégation a reconnu qu’il y avait des problèmes de connaissance de certaines questions liées à la santé chez les adolescentes, concernant notamment le VIH/sida. Elle a également reconnu qu’il y avait un défi à relever s’agissant des grossesses précoces dont le taux est en augmentation dans les zones les plus reculées du pays. Un projet a été mis en place afin d’offrir une possibilité pour les adolescentes enceintes de continuer leurs études après l’accouchement, a indiqué la délégation. Les parents et les membres du personnel dans les écoles sont invités à davantage évoquer la sexualité pour que les adolescents aient des connaissances dans ce domaine et contribuer ainsi à lutter contre les grossesses précoces. Le Gouvernement veille aussi à promouvoir l’accès au planning familial auprès des adolescentes, a ajouté la délégation.
La délégation a indiqué qu’il y a à Sao Tomé-et-Principe un hôpital qui dispense l’ensemble des soins de santé. Au niveau des districts, il existe d’autres établissements de santé de moindre envergure mais qui permettent cependant à tous les citoyens du pays d’avoir accès à la santé.
La délégation a affirmé que la malnutrition n’était pas une problématique très prégnante à Sao Tomé-et-Principe, mais que le défi le plus important était le surpoids et l’obésité des enfants. Aussi, le pays a-t-il mis en œuvre des campagnes de sensibilisation concernant une alimentation saine.
La délégation a par ailleurs fait état de nombreuses campagnes de sensibilisation menées dans les centres commerciaux, ainsi qu’à la radio et à la télévision pour lutter contre la toxicomanie et la consommation d’alcool chez les jeunes.
La délégation a reconnu qu’un des grands défis auxquels devait répondre le pays était le manque d’enseignants. Le Gouvernement a pour politique de permettre l’accès à l’école pour toutes les communautés du pays, a-t-elle souligné.
S’agissant des disparités entre les garçons et les filles à l’école, la délégation a indiqué qu’auparavant, l’idée était que les femmes et les filles devaient rester à la maison et s’occuper des tâches domestiques. Mais les disparités dans ce domaine ont disparu depuis plus de dix ans, car la culture a changé au sein de la population et aujourd’hui, les filles, comme les garçons, vont à l’école et sont de plus en plus représentées dans les études supérieures, a fait valoir la délégation.
La délégation a d’autre part indiqué que de nombreuses mesures de sensibilisation étaient prises pour promouvoir la parentalité positive, notamment par le biais de campagnes dans les médias, de pièces de théâtre, de séminaires avec les parents et de groupes d’échanges.
La délégation a par ailleurs expliqué que les programmes d’enseignement prévoyaient des activités ludiques et récréatives. Des structures dans les villes ont été construites afin que les enfants puissent jouer en toute sécurité, notamment dans des parcs. Le Gouvernement informe les parents et la communauté éducative sur l’importance du jeu pour le développement des enfants, a ajouté la délégation.
S’agissant de l’apatridie, le Gouvernement santoméen estime qu’il est important de ratifier les conventions internationales relatives à cette question pour protéger davantage les droits de l’enfant, a indiqué la délégation. Elle a précisé qu’avant d’adopter ces instruments, le pays devait se doter de mécanisme pour répondre à ce défi et pouvoir aller de l’avant dans ce domaine. Aucun projet de ratification n’est programmé pour l’instant, a fait savoir la délégation. Elle a néanmoins indiqué que, pour lutter contre l’apatridie, Sao Tomé-et-Principe travaillait avec ses ambassades et consulats partout dans le monde.
S’agissant de l’impact des activités des entreprises sur les droits de l’enfant, la délégation a déclaré que les autorités avaient travaillé avec le secteur privé afin qu’il participe au développement durable du pays ; en effet, sans les entreprises, le pays ne peut pas se développer, a-t-elle souligné. Le Gouvernement travaille avec les entreprises pour qu’elles aient un impact positif sur le développement du pays et, ainsi, sur les droits de l’enfant, a expliqué la délégation. Elle a ajouté que certaines entreprises privées construisaient des crèches ou offraient des bourses pour que les jeunes de Sao Tomé-et-Principe puissent continuer leurs études.
La délégation a par ailleurs souligné que la question des changements climatiques est un défi récent et que, par conséquent, peu d’informations sont disponibles dans ce domaine. Cependant, a-t-elle ajouté, des conférences et des séances d’information ont été organisées auprès des élèves – aux niveaux primaire, secondaire et universitaire – pour évoquer les conséquences et l’impact des changements climatiques dans tous les secteurs du pays, notamment dans les secteurs de la pêche et de l’agriculture. Pendant ces séances, sont notamment données des informations sur la manière de protéger les populations, le littoral et les cultures dans les zones à risques.
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