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Communiqués de presse Enquête indépendante

Burundi : Il est grand temps pour le Président Ndayishimiye de lever les incertitudes sur sa politique en matière de droits de l’homme

11 Mars 2021

Genève, 11 mars 2021 - L’évolution en matière de droits de l’homme au Burundi depuis les élections de 2020 reste confuse et empreinte d’incertitudes selon l’analyse de la Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi, présentée aujourd’hui au Conseil des droits de l’homme. « Des premiers gestes symboliques et ponctuels ont bien eu lieu, mais ces derniers, tout comme les déclarations d’intention du Président Ndayishimiye, ne sauraient suffire à améliorer durablement la situation. Nous attendons que ces derniers soient suivis par des actions concrètes qui fassent résolument progresser la situation en matière des droits de l’homme », a expliqué M. Doudou Diène, le Président de la Commission.

Le Gouvernement du Burundi a démontré que la lutte contre l’impunité est une question de volonté politique puisque quelques Imbonerakure ont été poursuivis et condamnés pour des meurtres et autres crimes. Cependant, des violations graves des droits de l’homme continuent à être commises, notamment par des agents du service national de renseignement à la suite des nombreux incidents sécuritaires qui ont eu lieu depuis l’été 2020. La « chasse » aux rebelles s’est intensifiée, et des anciens militaires, des membres de leur famille, des jeunes Tutsis, et des opposants politiques, ont été tués, enlevés et portés disparus, arrêtés et torturés.

Le Chef de l’État a certes fait un geste positif en libérant les quatre journalistes d’Iwacu détenus depuis octobre 2019, et en demandant de trouver une solution pour que les médias suspendus depuis 2015 reprennent leurs activités. Toutefois, au même moment, on apprend la condamnation à perpétuité de 12 journalistes et défenseurs des droits de l’homme en exil pour leur implication supposée dans le coup d’État raté de mai 2015.

Des membres du principal parti d’opposition, le CNL (Congrès national pour la liberté), restent étroitement surveillés et plusieurs ont été arrêtés et détenus arbitrairement au cours des derniers mois, tout comme l’ancien député de l’opposition Fabien Banciryanino, détenu depuis octobre 2020, pour avoir notamment dénoncé les violations de droits de l’homme commises sous le Président Nkurunziza. En revanche, des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir) continuent d’usurper le rôle de la police et de l’armée dans les zones rurales, et poursuivent leurs agissements criminels sans être inquiétés.

« La situation actuelle au Burundi est trop complexe et incertaine, pour pouvoir parler d’une véritable amélioration. Le Gouvernement burundais doit lever les doutes sur la voie qu’il entend suivre en matière de droits de l’homme, mais aussi prendre des mesures de nature structurelle en faveur de la bonne gouvernance, de l’État de droit, et l’indépendance et l’impartialité de la justice car la communauté internationale attend des changements significatifs », a ajouté M. Diène.

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