Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Ne laisser personne de côté : une approche intersectionnelle du respect de la santé et des droits en matière de sexualité et de procréation pour toutes les femmes et les filles
10 décembre 2020
Message de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
Le 10 décembre 2020
Bonjour. Je tiens à remercier les organisateurs de cet important événement.
Le thème de vos discussions aujourd’hui ne saurait être plus opportun. Si les formes multiples et croisées de discrimination ont toujours été une réalité, nos circonstances actuelles exigent que des efforts plus sérieux soient déployés pour comprendre et traiter ces préoccupations liées aux droits de l’homme.
Dans de nombreux endroits à travers le monde, la santé et les droits en matière de sexualité et de procréation sont constamment menacés. Mais pour les femmes de groupes marginalisés, cet impact est encore plus important. Dans toutes les régions, nous constatons des incidences négatives pour la santé maternelle des femmes autochtones et des minorités, y compris des femmes d’ascendance africaine, tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Nous savons que les femmes les plus exposées au risque de stérilisation forcée sont celles qui subissent des formes de discrimination croisées : les femmes séropositives, les femmes et les filles handicapées, les personnes transgenres et les femmes roms, par exemple.
Lorsque les États dressent des obstacles aux services d’avortement sûrs, qu’il s’agisse d’interdictions totales ou d’autres obstacles tels que des périodes d’attente obligatoires, ce sont les femmes vivant dans la pauvreté et les adolescentes, par exemple, qui sont les plus susceptibles de chercher à interrompre leur grossesse dans des circonstances dangereuses. Si ce n’était pas déjà clair auparavant, la pandémie de COVID-19 nous a tous obligés à prendre conscience des impacts très disparates sur les femmes des groupes défavorisés et marginalisés.
Lorsque nous occultons ces incidences différentes, lorsque nous prétendons que la santé et d’autres politiques profitent inévitablement à tous de la même manière, nous manquons à nos obligations en matière de droits de l’homme, et nous manquons à notre engagement envers le Programme 2030 de ne laisser personne de côté.
Comme l’ont montré les militants du mouvement prônant la justice procréative, ce n’est pas seulement une question de santé. Il est également essentiel de comprendre les innombrables façons dont les forces discriminatoires se croisent pour garantir la justice économique et climatique, résister à l’ethnonationalisme et construire des sociétés qui adoptent véritablement le principe fondamental selon lequel tous les individus naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Nous pouvons et devons faire mieux. Il est essentiel de veiller à ce que les voix des femmes et des filles, dans toute leur diversité, soient au centre de nos discussions pour que les mesures prises soient crédibles, légitimes et efficaces. Reconnaître et traiter les façons dont ces multiples formes d’oppression sont intégrées dans nos systèmes et structures est un travail de fond essentiel pour mettre en place des politiques plus inclusives.
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