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Déclarations Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l’homme poursuit son debat de haut niveau en entendant dix-huit hauts dignitaires

25 Février 2020

25 février 2020

Le Conseil des droits de l’homme a poursuivi, à la mi-journée, son débat de haut niveau, entamé hier, en entendant les déclarations de dix-huit hauts dignitaires.

Sont intervenus : le Ministre des affaires étrangères de Chypre, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, le Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, le Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, le Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, le Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, le Ministre des droits de l'homme du Pakistan, la Secrétaire générale du Conseil de l’Europe, le Troisième Vice-Premier Ministre du Gouvernement de Guinée équatoriale en charge des droits de l’homme, le Ministre des affaires étrangères de Cuba, le Ministre des affaires étrangères de la Pologne, le Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, le Ministre des affaires étrangères de la République bolivarienne du Venezuela, le Ministre des affaires étrangères de l’Islande, le Ministre d’État chargé des droits de l’homme et des relations avec le Parlement du Royaume du Maroc, le Ministre adjoint des droits de l’homme et du droit international des Émirats arabes unis, le Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et à l’économie bleue des Seychelles, ainsi que le Ministre adjoint des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud.

Le débat a notamment mis en exergue la nécessité de renforcer l’action collective de la communauté internationale face à l’émergence de menaces contre le multilatéralisme et ce, alors même que les Nations Unies commémorent cette année le soixante-quinzième anniversaire de leur création.

Plusieurs intervenants se sont en outre ralliés à l’Appel à l’action [concernant les droits de l'homme] lancé hier matin par le Secrétaire général de l’ONU à l’ouverture de la présente session du Conseil.

Pour que la coopération dans un cadre multilatéral fonctionne correctement, il importe que les efforts collectifs soient déployés dans le respect des grands principes d’universalité et d’impartialité en matière de droits de l’homme, a-t-il été souligné.

Le Conseil poursuivait cet après-midi son débat de haut niveau, qui doit s’achever demain à la mi-journée.

Suite du segment de haut niveau

M. NIKOS CHRISTODOULIDES, Ministre des affaires étrangères de Chypre, a relevé les nombreuses menaces qui remettent en question l’engagement collectif en faveur des droits de l'homme, citant le racisme, le terrorisme, le changement climatique, entre autres problèmes qui doivent être abordés. Investir dans l’éducation des jeunes est sans doute décisif en ce sens, a-t-il affirmé. Il a également estimé que le 25ème anniversaire du Programme d’action de Beijing constituait un autre marqueur important afin d’attirer l’attention sur les inégalités entre hommes et femmes. Chypre s’est donnée pour priorité d’intégrer la dimension de genre dans sa politique étrangère, a-t-il souligné.

La situation géographique de Chypre est riche mais parsemée d’embûches, comme le montrent la situation préoccupante dans la région de l’est de la Méditerranée et l’afflux de réfugiés vers l’Europe, a poursuivi M. Christodoulides. Premier pays de l’Union européenne à recevoir les demandes d’asile pour la deuxième année consécutive, Chypre a donc mis en place des mécanismes de coopération multilatérale avec ses voisins, a-t-il indiqué. Le chef de la diplomatie chypriote a souligné que l’occupation d’une partie du territoire chypriote par la Turquie reste d’actualité et soulève de nombreuses questions en termes de droits humains.

Il est évident que le but de notre travail est de placer la personne humaine « avec tous ses besoins et ses droits » au cœur de nos efforts en vue d’un développement de l’humanité stable et durable en harmonie avec l’esprit de notre époque, a déclaré le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. SERGEY LAVROV. Il a regretté que les droits économiques, sociaux et culturels soient ignorés, tandis que les droits civils et politiques revêtent des interprétations nouvelles pour servir des intérêts politiques particuliers. Il a vivement critiqué les pays occidentaux qui substituent les principes du droit international universellement reconnus par un « ordre du jour qui repose sur leurs propres règles » et entravent une collaboration constructive dans la mise en œuvre des droits de l’homme.

Dans ce contexte, M. Lavrov a déploré l’interprétation libérale agressive [qui est faite] des droits politiques, notamment par le biais de résolutions ciblant des pays particuliers – résolutions qui sont devenues un prétexte de plus en plus fréquent pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’Etats souverains et imposer des sanctions unilatérales illégitimes, et qui tentent souvent de renverser des gouvernements, jugés indésirables, qui ne partagent pas les valeurs unilatéralement inventées par l’Occident, en ignorant la diversité culturelle et civilisationnelle du monde contemporain. M. Lavrov a en outre notamment évoqué la situation en Ukraine s’agissant de la question linguistique et a exhorté le Conseil à se pencher sur cette situation inacceptable, plaidant par ailleurs pour un respect rigoureux des droits de toutes les minorités sans exception. Il a attiré l’attention sur des situations similaires dans les pays baltes, avec une oppression de la liberté de presse, la persécution des dissidents et les abus contre les droits des minorités nationale, avec une montée de la discrimination raciale et de la xénophobie, ou encore la glorification de l’idéologie néonazie. M. Lavrov s’est également érigé contre le vandalisme visant les monuments de ceux qui ont lutté contre le nazisme. Il a en outre dénoncé les tentatives actuelles d’utilisation du facteur religieux pour diviser et la profanation d’objets de cultes dans de nombreux endroits, notamment au Moyen-Orient.

La situation de violence et de chaos en Libye, qui résulte de l’ingérence de l’OTAN dans ce pays, rend tout aussi difficile de rendre justice aux gens ordinaires, a ajouté le Ministre russe. Il a dès lors recommandé de se débarrasser résolument de toute approche fondée sur deux poids, deux mesures – ce à quoi le Conseil des droits de l’homme peut objectivement contribuer, a-t-il affirmé. Il a assuré que son pays ne ménagerait aucun effort pour favoriser des approches consensuelles et rejeter la confrontation.

M. Gordan Grlić Radman, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a souligné que les problèmes émergents comme l’utilisation des nouvelles technologies et le changement climatique ont des répercussions importantes sur les droits de l’homme. Le droit à un environnement sain doit recevoir davantage d’attention, a-t-il affirmé, appelant la communauté internationale à élaborer de nouvelles politiques dans ce domaine. Reste en outre non résolue la question de savoir comment appliquer les normes des droits de l’homme en ligne et hors ligne, a ajouté le Ministre croate. Donner corps aux valeurs universelles est la tâche la plus importante pour les années à venir, a-t-il déclaré. Il a rappelé que la Croatie allait prendre part à son troisième Examen périodique universel cette année. Dans ce cadre, pour un dialogue de qualité, il faut approfondir la confiance et la coopération avec les États et la société civile, a-t-il souligné.

Dans le monde contemporain, alors que les droits de l’homme continuent d’être violés, il faut continuer à analyser les bonnes pratiques au sein de ce Conseil, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères. La Croatie continue, pour sa part, à collaborer avec différents mécanismes des droits de l’homme. La Présidence croate de l’Union européenne va se concentrer sur la lutte contre l’apologie de la haine, la discrimination, la xénophobie et le racisme, a indiqué le Ministre.

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a dit partager les préoccupations du Secrétaire général de l’ONU au sujet des attaques dont les droits de l'homme font l’objet dans le monde. L’Arménie a réalisé des progrès significatifs depuis la révolution de velours d’avril 2018, a déclaré le Ministre, mettant en avant la volonté politique forte de son Gouvernement. Le pays a lancé des réformes qui concernent l’état de droit et englobent de nouvelles dispositions juridiques et la réforme du pouvoir judiciaire. L’Arménie est également encouragée par les résultats de son récent Examen périodique universel, a ajouté M. Mnatsakanyan. La transformation de l’Arménie se fonde sur une participation politique forte des femmes et des jeunes et le pays a toujours considéré comme essentielle la lutte contre les violations massives des droits de l'homme, contre les atrocités et contre le génocide, a indiqué le chef de la diplomatie arménienne.

M. Mnatsakanyan a ensuite dénoncé les expulsions forcées de minorités arméniennes en raison des politiques agressives menaçant le peuple du Haut-Karabakh. L’Arménie reste engagée dans le règlement pacifique de ce conflit dans le format du groupe de Minsk, a fait savoir le Ministre. Le pays tient également à souligner l’importance de dénoncer la haine et l’intolérance et rejette l’usage de la force. Des élections seront organisées dans cette région du Haut-Karabagh en mars prochain, a indiqué M. Mnatsakanyan, assurant que l’engagement de cette population du Haut-Karabagh contre l’agression est important et mérite un soutien international complet.

MME KATRIN EGGENBERGER, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a déclaré que la mission de l’ONU est aujourd’hui plus importante que jamais et a apporté son soutien à l’Appel à l’action lancé hier par le Secrétaire général de l’ONU devant ce Conseil. Le Liechtenstein a pris l’initiative d’un partenariat public-privé avec l’ONU pour lutter contre la traite des personnes et l’esclavage moderne, a-t-elle rappelé. La violence sexiste fait aussi l’objet d’un plan de lutte ciblant les femmes, les filles mais également les hommes, a-t-elle ajouté.

En ce qui concerne la situation en Syrie, la Ministre s’est enorgueillie que son pays ait encouragé à l’établissement d’un mécanisme financé au titre du budget ordinaire pour que les crimes commis ne restent pas impunis. Elle s’est en outre dite préoccupée par les actes d’intimidation et de représailles à l’encontre des représentants de la société civile, et a exhorté tous les Etats à garantir un environnement sûr et serein pour que les défenseurs des droits de l’homme aient toute latitude pour mener leurs activités.

M. Jean Asselborn, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, a lui aussi indiqué que son pays se ralliait à l’Appel à l’action lancé hier par le Secrétaire général. Il a ensuite évoqué la situation des droits de l’homme dans plusieurs pays, se disant notamment préoccupé par la situation en Libye et dénonçant les horreurs de la guerre en Syrie, en particulier dans la région d’Idlib. Il a en outre relevé que le conflit au Yémen a coûté la vie à des dizaines de milliers de civils. Le Ministre a également lancé un appel aux parties au conflit israélo-palestinien pour qu’elles mettent un terme à ce conflit par la voie d’une solution globale, juste et durable, fondée sur la solution de deux États sur la base des frontières du 4 juin 1967. Il a précisé que le Luxembourg ne pouvait pas accepter que des parties du territoire palestinien occupé soient annexées, comme la vallée du Jourdain en Cisjordanie.

M. Asselborn a ensuite déclaré que la crise persistante au Venezuela avait entraîné une catastrophe humanitaire. Il a en outre salué les mesures conservatoires que la Cour pénale internationale de justice a ordonnées au Myanmar afin de protéger les Rohingya et s’est ensuite dit préoccupé par la situation précaire au Sahel. Il a par ailleurs regretté que dans de nombreux pays, les défenseuses et défenseurs des droits de l’homme continuent d’être réprimés. Il a également regretté la nouvelle privation de liberté d’Osman Kavala en Turquie. Il a enfin déploré l’impact néfaste du réchauffement climatique sur les droits humains.

MME SHIREEN M. MAZARI, Ministre des droits de l'homme du Pakistan, a regretté que le Conseil des droits de l'homme ne puisse pas toujours faire face aux problèmes d’impunité. Bien qu’il souffre du fléau du terrorisme et de problèmes sécuritaires régionaux, le Pakistan reste engagé à faire progresser les droits de l'homme, comme le montrent les lois déjà adoptées en ce sens fournissant aux minorités des droits qui les protègent.

En septembre 2019, a rappelé la Ministre, le Pakistan a présenté les demandes du peuple cachemiri au Conseil et aujourd’hui, a-t-elle affirmé, ce peuple se trouve coincé dans la plus grande « prison à ciel ouvert » au monde, les forces indiennes continuant à violer les droits fondamentaux de ce peuple. Malgré le bâillon imposé aux médias dans le Cachemire occupé, de nombreux rapports montrent les violations des droits qui y sont perpétrées, a insisté Mme Mazari, ajoutant que de nombreux journalistes sont portés disparus, alors que d’autres ont dû signer des contrats les réduisant au silence. L’Inde prétend être un bastion de la démocratie, mais elle essaie d’acheter des appuis politiques tout en violant systématiquement les droits des Cachemiris et des musulmans dans les autres régions, a déclaré la Ministre pakistanaise des droits de l'homme, rejetant l’assertion de l’Inde selon laquelle il s’agirait là de problèmes internes. Le Conseil des droits de l'homme doit porter une attention immédiate au respect des droits de l'homme au Jammu-et-Cachemire, faute de quoi le silence ne ferait qu’encourager la puissance occupante, a conclu la Ministre, ajoutant que si l’Inde n’a rien à cacher, elle devrait permettre un accès sans entraves aux experts et aux observateurs.

MME MARIJA PEJCINOVIC BURIC, Secrétaire générale du Conseil de l’Europe, s’est félicitée des relations de travail solides, dynamiques et efficaces entretenues [par le Conseil de l’Europe] avec l’ONU dans différents domaines des droits de l’homme. Le Conseil de l’Europe travaille étroitement avec ONU-Femmes et participe régulièrement aux travaux de la Commission de la condition de la femme, a-t-elle précisé, indiquant qu’à l’occasion de la 64ème session de cette Commission, le Conseil de l’Europe organisera un événement portant sur la dimension numérique de la violence envers les femmes.

Rappelant que la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe porte sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, afin d’aider les Etats à garantir la sécurité des femmes, la Secrétaire générale a souligné que cette Convention est juridiquement contraignante. Elle a en outre mis l’accent sur la coopération concernant l’impact des crimes graves, de la corruption et du terrorisme sur les droits de l’homme. Elle a cet égard souligné que les deux organes de l’ONU et du Conseil de l’Europe chargés de la lutte contre la corruption oeuvrent de concert pour transmettre, en 2021, un message consolidé à la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la lutte contre la corruption. De la même façon, les normes juridiques et le réseau d’experts du Conseil de l’Europe jouent un rôle actif dans l’appui aux efforts antiterroristes de l’ONU, en Europe et ailleurs. La Secrétaire générale du Conseil de l’Europe a rappelé à cet égard que ces efforts doivent se fonder en toutes circonstances sur le respect des droits de l’homme et l’état de droit.

M. Don Alfonso Nsue Mokuy, Troisième Vice-Premier Ministre du Gouvernement de Guinée équatoriale, en charge des droits de l’homme, a déclaré qu’à l’occasion de l’EPU, son pays a eu l’occasion de présenter les progrès qu’il a enregistrés dans le domaine des droits de l’homme. Depuis lors, la Guinée équatoriale redouble d’efforts pour mettre en œuvre des réformes solides dans ce domaine. Le Gouvernement équato-guinéen a ainsi amélioré la formation des professeurs sur les questions liées aux droits de l’homme. Le pays a en outre accordé la priorité au droit au développement, en prenant notamment des mesures dans le domaine de la santé.

La Commission nationale des droits de l’homme réalise des visites d’inspection dans toutes les prisons du pays, afin de prendre connaissance de l’état de santé des personnes incarcérées, notamment des femmes et des personnes âgées, a poursuivi le Troisième Vice-Premier Ministre. Le Gouvernement travaille à la mise en place des différents instruments juridiques dans le domaine des droits de l’homme, a-t-il ajouté, citant la législation contre les violences sexistes ou encore celle sur les droits des personnes homosexuelles. Le pays envisage d’amender le Code pénal pour y abolir la peine de mort, a-t-il en outre indiqué.

M. BRUNO RODRIGO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a critiqué la manipulation politique et la politique à géométrie variable des Etats-Unis, qui cherchent à déstabiliser, entre autres, le Venezuela et le Nicaragua. Il a rappelé que son pays subit depuis soixante ans un blocus économique et financier qui équivaut à un génocide et touche tous les aspects de la vie quotidienne des Cubains. D’autre part, l’application effective du chapitre III de la loi Helms-Burton viole d’autres droits des Cubains, en particulier la liberté de circulation, a-t-il ajouté. Cela se fait négativement ressentir également après la suspension de la coopération médicale cubaine imposée à certains pays de la région, notamment pour ce qui a trait à la lutte contre le choléra en Haïti.

Malgré tout, a assuré le Ministre, Cuba reste solide grâce à sa capacité de résistance et à l’esprit créatif de son peuple. Le Ministre cubain des affaires étrangères a réaffirmé l’attachement de son pays au Conseil des droits de l'homme et a indiqué que, forte de son expérience en tant que pays en développement chantre de la coopération, Cuba présente sa candidature pour y siéger.

Il ne fait aucun doute que la crise des liquidités sape le fonctionnement des Nations Unies, a souligné le Ministre des affaires étrangères de la Pologne, M. Jacek Czaputowicz. Dès lors, a-t-il indiqué, la Pologne va continuer ses contributions volontaires. La principale priorité de la Pologne est la protection et la promotion du droit à la religion et de la tolérance, a-t-il précisé. Comme l’a dit Jean-Paul II, ce n’est que grâce au dialogue interreligieux que le rôle puissant de la foi peut être utilisé pour la paix et pour lutter contre l’intolérance, a-t-il poursuivi.

La Pologne concentre également ses efforts sur les personnes les plus vulnérables, notamment les enfants, a ensuite indiqué le Ministre des affaires étrangères. L’égalité des enfants dans la loi, quelles que soient leur nationalité, leur origine ou leur religion, devrait être une réalité ; or, tel n’est pas le cas partout dans le monde, a-t-il regretté. Il existe un lien clair entre le développement durable et les droits de l’homme, a en outre souligné le Ministre polonais. Il faut que le Conseil présente une position unie lorsqu’il s’agit de faire face à de graves violations des droits de l’homme et ce, où qu’elles se produisent, comme en Syrie et au Yémen, a-t-il ensuite déclaré. Toutes les parties doivent participer de bonne foi aux processus engagés par l’ONU afin de trouver une solution à ces conflits, a-t-il plaidé. Il s’est en outre s’est dit préoccupé par la situation en Crimée et par la persécution des Tatars de Crimée et des Ukrainiens de souche par la puissante occupante russe. La Pologne soutient aussi le retour des Rohingya chez eux, a ajouté le Ministre.

M. MARCEL AMON-TANOH, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, a estimé que l’action collective en matière de défense des droits de l’homme ne pourra prospérer que par la volonté des Etats à respecter les principes et valeurs auxquels ils ont librement souscrit. Il a rappelé que le respect des droits de l’homme relève donc de la responsabilité première des Etats, qui ont le devoir, dans le cadre de leur architecture juridique nationale, d’œuvrer à la réalisation de l’objectif n°16 du développement durable, relatif à l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives au service du développement durable et à l’accès à la justice pour tous.

La Côte d’Ivoire a mis en place le Conseil national des droits de l’homme, chargé de surveiller la conformité des législations internes avec les instruments internationaux, de faire des rapports périodiques et d’assurer une veille stratégique de manière à prévenir les risques de violations des droits de l’homme, a indiqué M. Amon-Tanoh. Il a ajouté que toutes les dispositions sont prises pour que la prochaine élection présidentielle soit transparente, juste, ouverte et apaisé, et a sollicité l’assistance électorale de l’ONU, de l’Union africaine, de l’Organisation internationale de la Francophonie et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

M. JORGE ARREAZA MONTSERRAT, Ministre des affaires étrangères de la République bolivarienne du Venezuela, a rappelé que son pays avait réintégré le Conseil des droits de l'homme en janvier, malgré les pressions exercées par les Etats-Unis sur les Etats Membres ; aussi, a-t-il tenu à remercier tous les Etats qui ont soutenu le Venezuela à cette occasion. L’action du Venezuela au Conseil aura pour objectif de promouvoir les droits de l'homme de manière équitable et sans aucune discrimination, selon les principes d’universalité et de non-sélectivité, a-t-il indiqué. Il a estimé que les gouvernements qui appuient ou appliquent des mesures coercitives unilatérales selon des critères idéologiques – alors que ces mesures sont d’ailleurs condamnées par l’Assemblée générale de l’ONU – ne devraient pas faire partie de ce Conseil. « Ce sont des mesures criminelles équivalant à des armes de destruction massive », a insisté M. Arreaza Montserrat, dénonçant le « terrorisme économique » contre son pays et l’inaction du système multilatéral dans ce contexte.

Le blocus imposé au Venezuela a des conséquences humanitaires dramatiques, a poursuivi le Ministre, avant de demander au Conseil de défendre les droits du peuple vénézuélien. Le Gouvernement vénézuélien a déployé de gros efforts pour empêcher une famine et s’est protégé derrière son « bouclier socialiste », a-t-il souligné, dénonçant les auteurs de ces stratégies de destruction – MM. Rubio, Bolton et Trump. Le Rapporteur spécial sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l'homme reconnaît lui-même leurs conséquences dramatiques sur la population, a-t-il insisté. Le Ministre vénézuélien des affaires étrangères a demandé une enquête pénale internationale pour que les responsabilités soient déterminées et que des poursuites soient engagées contre les auteurs de ces sanctions qui relèvent du crime contre l’humanité. Il incombe au système multilatéral d’être à l’avant-garde de cette bataille humanitaire légale, a-t-il conclu.

M. Gudlaugur Thor Thordarson, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a souligné qu’il était est impératif que le Conseil représente l’ensemble des pays, y compris les plus petits. Le Conseil ne doit pas être uniquement une enceinte pour les puissants. Les petits pays peuvent parfois présider des discussions sur des sujets importants, a-t-il indiqué.

Par ailleurs, le Conseil ne doit pas fermer les yeux lorsque de graves violations de droits de l'homme sont commises par l’un de ses États membre, a poursuivi le Ministre. C’est le cas malheureux du Venezuela, dont le Gouvernement, responsable de graves violations, a pourtant été élu en janvier au sein du Conseil, a-t-il déclaré. L’Islande est un chantre de l’égalité entre les hommes et les femmes, a-t-il ensuite souligné. Le fait que 70 pays incriminent l’homosexualité n’est pas acceptable, a-t-il affirmé, invitant les États à rejoindre l’appel pour la dépénalisation des relations homosexuelles consenties et à prendre des mesures en faveur des personnes LGBTI. Uni, le Conseil pourra faire modifier les lois et changer les mentalités des dirigeants et de la population, a-t-il conclu.

M. MUSTAPHA AL RAMID, Ministre d’État chargé des droits de l’homme et des relations avec le Parlement du Royaume du Maroc, a fait remarquer que le Maroc n’a cessé d’interagir de manière positive avec tous les mécanismes des procédures spéciales et que le pays a tenu à présenter ses rapports devant les organes conventionnels. Le pays a réformé son système pénal, a promu son cadre relatif aux droits de l'homme – notamment en ce qui concerne la torture et les droits des personnes handicapées – et continue de jeter les bases d’un mécanisme de démocratie participative.

M. Al Ramid a ensuite réitéré l’engagement du Maroc à continuer de travailler avec les Nations Unies et à respecter ses engagements afin de parvenir à une solution réaliste concernant la pleine souveraineté du territoire marocain. Les détenus marocains dans les camps de Tindouf, en Algérie, continuent de subir des violations de leurs droits et le pays d’accueil refuse un recensement de la population de ces camps, a dénoncé le Ministre. Le Maroc est engagé contre le terrorisme, contre l’incitation à la haine et contre la xénophobie et veut coopérer avec tous les États amis pour promouvoir la tolérance, a-t-il conclu.

M. Ahmed Al Jarman, Ministre adjoint des droits de l’homme et du droit international des Émirats arabes unis, a attiré l’attention sur la création dans son pays de la Commission nationale des droits de l’homme, qui associe différentes parties prenantes et qui est chargée du suivi des engagements de l’État en matière de droits de l’homme. Les Émirats arabes unis ont jeté les bases d’une institution nationale des droits de l’homme conformément aux Principes de Paris, a-t-il indiqué. Le pays a par ailleurs adopté la loi contre les violences familiales. Il a en outre adopté une loi fédérale contre la discrimination et la haine et plus particulièrement contre les discriminations basées sur le genre ou la race. Les Émirats arabes unis ont aussi pris différentes mesures pour assurer l’autonomisation des femmes et les femmes sont aujourd’hui présentes dans les fonctions les plus hautes de l’État et au sein du secteur privé.

Les Émirats arabes unis ont par ailleurs pris différentes initiatives pour encourager la tolérance au sein du pays, notamment la tolérance religieuse, a poursuivi le Ministre adjoint. L’Expo 2020 [exposition universelle] à Dubaï donnera une grande priorité aux droits de l’homme, a-t-il assuré. Il a en outre indiqué que les Émirats arabes unis soutiennent le processus politique entamé par M. Ghassan Salamé dans le cadre des Nations Unies pour résoudre le conflit en Libye.

M. BARRY FAURE, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et à l’économie bleue des Seychelles, s’est dit fier que les Seychelles soient un exemple probant de société multiraciale et harmonieuse, avec une protection égale devant la loi pour toutes les personnes quelles que soient leur race et leurs convictions politiques ou religieuses. En tant que petit pays vulnérable, l’archipel supporte cependant l’un des fardeaux les plus lourds s’agissant du changement climatique, a ajouté le Secrétaire d’Etat, exhortant le Conseil à reconnaître l’impact du changement climatique sur les droits humains fondamentaux.

Les Seychelles travaillent d’arrache-pied pour garantir les droits de l’homme, a poursuivi M. Faure, citant notamment la promulgation de la loi de 2018 sur l’accès à l’information, qui vise à améliorer la transparence des services publics, ainsi que les mesures prises en matière de lutte contre la violence sexiste. M. Faure a ensuite salué le rôle joué par la société civile et a signalé la mise en place d’une commission nationale des droits de l'homme. Etant partie aux neuf principaux instruments de droits de l'homme de l’ONU, les Seychelles vont continuer à coopérer de manière constructive dans ce domaine. En outre, le pays va présenter sa candidature pour être membre du Conseil pour la période 2022-2024 et souhaite participer à la réforme de cet organe.

M. Alvin Botes, Ministre adjoint des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a assuré que son pays promeut une politique basée sur les droits de l’homme. Il a appelé le Conseil à ne pas établir une fausse dichotomie entre droits de l’homme et développement. La politique étrangère de l’Afrique du Sud met l’accent sur la solidarité et la coopération entre les nations, a-t-il indiqué.

S’agissant de la Déclaration et du Programme d’action adoptés à Durban à l’issue de la Conférence mondiale contre le racisme en 2001, M. Botes a appelé tous les États Membres à soutenir l’initiative prévue à l’Assemblée générale des Nations Unies visant à mener un examen des progrès enregistrés depuis cette Conférence et à renforcer la lutte contre les nouvelles formes de racisme et d’oppression dans le monde. La crise climatique est la principale menace pour la survie de l’humanité, a poursuivi le Ministre adjoint, exhortant à travailler main dans la main pour remédier au changement climatique. Enfin, M. Botes s’est dit préoccupé par la situation du peuple palestinien et a indiqué que l’Afrique du Sud ne soutenait pas les initiatives visant à éliminer, sous le couvert de l’efficacité, les points 7 et 9 de l’ordre du jour du Conseil.

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