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Communiqués de presse Procédures spéciales

Le Nigéria a besoin d’agir d’urgence pour mettre fin aux violences explosives qui ont déjà fait des milliers morts, indique une experte des Nations Unies.

03 Septembre 2019

GENÈVE/ABUJA (3 septembre 2019) – les conflits internes et la violence généralisée au Nigéria sont une véritable bombe à retardement et nécessitent des mesures d'urgence, la crise étant exacerbée par de nombreux problèmes, notamment la pauvreté et les changements climatiques, a déclaré Agnès Callamard, Rapporteuse spéciale des Nations Unies, à la suite de sa visite dans le pays.

« D'après ce que j'ai pu constater, la situation générale au Nigéria est extrêmement préoccupante », a déclaré Mme Callamard alors qu'elle présentait une déclaration préliminaire* à l'issue de sa mission de 12 jours.

Il existe une telle absence d'établissement des responsabilités que le fait de prétendre que la situation actuelle n'est pas une crise est une grossière erreur. Si cette crise est ignorée, ses effets se propageront à l'ensemble de la sous-région, voire au continent, étant donné la place importante qu'y tient ce pays.

« Le Nigéria est confronté à des pressions à l'échelle nationale, régionale et mondiale, telles que l'explosion démographique, l'augmentation du nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue, les changements climatiques et la désertification, et la prolifération croissante des armes. Cette situation renforce les systèmes localisés et les violences systématiques dans le pays, dont bon nombre deviennent incontrôlables », a déclaré l'experte des Nations Unies.

Mme Callamard a mis en évidence plusieurs éléments préoccupants, dont le conflit armé contre Boko Haram dans le nord-est, l'insécurité et la violence dans le nord-ouest, le conflit dans le centre du pays, appelé « Middle Belt » (ceinture centrale) et dans certaines parties des territoires du nord-ouest et du sud entre des éleveurs peuls nomades et des communautés agricoles autochtones, les bandes organisées et les cultes dans le sud, la répression des groupes minoritaires et autochtones, les meurtres commis au cours d'expulsions dans les bidonvilles urbains, et la brutalité policière généralisée.

L'experte des Nations Unies a mentionné certains signes positifs dans la lutte contre Boko Haram et les groupes dissidents, y compris la diminution du nombre d'allégations concernant les exécutions arbitraires et les décès en détention aux mains des forces militaires au cours des deux dernières années. Toutefois, elle a indiqué que peu de progrès avaient été accomplis concernant l'établissement des responsabilités et la réparation des victimes pour les graves violations des droits de l'homme commises dans le passé.

« J'invite fermement le Gouvernement nigérian et la communauté internationale à donner de toute urgence la priorité à l'établissement des responsabilités et l'accès à la justice pour toutes les victimes, et à résoudre les conflits entre les éleveurs nomades et les communautés agricoles, qui sont alimentés par des discours toxiques et la disponibilité accrue des armes », a déclaré Mme Callamard.

« Plusieurs affaires très médiatisées de meurtres perpétrés par la police ont abouti à l'arrestation et à la poursuite en justice des officiers responsables. Certaines affaires liées au conflit entre des éleveurs peuls et des communautés agricoles autochtones ont conduit à des enquêtes dans l'État de Benue. Toutefois, ces exemples de responsabilisation restent des exceptions » a souligné Mme Callamard.

« Dans presque tous les cas qui m'ont été présentés au cours de ma visite, aucun responsable n'avait été traduit en justice. Il est regrettable que la plupart des constatations faites à cet égard par le Rapporteur spécial en 2006 restent d'actualité.

« Le manque de confiance envers les institutions publiques pousse les Nigérians à vouloir se protéger eux-mêmes, ce qui conduit à une prolifération des milices armées d'autodéfense et des cas de "justice sauvage" », explique-t-elle.

« Je lance un appel aux autorités nigérianes pour qu'elles examinent attentivement mes conclusions et je reste disponible pour toute coopération future », a souligné Mme Callamard.

Au cours de sa mission, Mme Callamard a rencontré des responsables gouvernementaux et des membres des autorités locales, ainsi que des familles de victimes brutalement assassinées, des personnes ayant dû quitter leur foyer (personnes déplacées à l'intérieur du pays), des organisations de la société civile et du personnel des Nations Unies. Elle s'est rendue à Abuja, Maiduguri Makurdi, Jos, Port Harcourt et Lagos.

La Rapporteuse spéciale présentera le rapport final contenant ses conclusions et recommandations au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en juin 2020.

FIN

Mme Agnès Callamard, Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires poursuit une carrière internationale remarquable dans le domaine des droits de l'homme et de l'action humanitaire. Mme Callamard dirige l'initiative Columbia Global Freedom of Expression de l'Université de Columbia et travaillait auparavant aux côtés d'Article 19 et d'Amnesty International. Elle a exercé comme consultante pour des organisations multilatérales et des gouvernements du monde entier, a mené des enquêtes sur les droits de l'homme dans plus de 30 pays et a publié de nombreux articles sur les droits de l'homme et des domaines connexes.

Les Rapporteurs spéciaux relèvent de ce qu'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d'experts indépendants au sein du système onusien des droits de l'homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d'enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l'homme afin de traiter de la situation spécifique d'un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n'appartiennent pas au personnel de l'ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et sont nommés à titre individuel.

Page Web du HCDH consacrée au Nigéria

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