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Déclarations et discours Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Conférence sur l’Amérique latine et les Caraïbes organisée à Berlin Groupe de personnalités éminentes

29 mai 2019

Allocution de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

Le 28 mai 2019

Monsieur le Ministre Heiko Maas,
Monsieur le Chef d’orchestre Daniel Barenboim
Chers participants,
Excellences,
Chers collègues et amis,

Es ist eine große Freude, hier zu sein. Ich habe von einem jahrelangen Studium in Deutschland profitiert und begrüße den Start der Beziehung, die heute zwischen deutschen und lateinamerikanischen Frauen aufgenommen wird.

Je me réjouis de pouvoir discuter des accomplissements de l’Amérique latine et des liens que les échanges culturels peuvent inspirer entre les peuples, provenant notamment de divers horizons et de différentes régions.

Rosa Luxemburg, célèbre sur tous les continents, a dit un jour que " la liberté des femmes est le signe de la liberté sociale ".

Permettez-moi d’aller un peu plus loin. La liberté des femmes est plus qu’un signe, c’est l’élément fondateur d’une plus grande liberté et du progrès social. Depuis plus d’un siècle, dans toutes les régions du monde, les militantes sont des maîtres d’œuvre et de puissants catalyseurs du progrès social.

Les femmes se sont battues pour éliminer les obstacles à l’égalité des femmes. Ce faisant, elles ont également lutté pour réaliser les droits du travail et les droits des peuples autochtones, des personnes d’ascendance africaine et des LGBTI, et bien d’autres.

Les femmes ont repoussé les inégalités sociales et économiques et les régimes autoritaires – et elles continuent de le faire.

Les femmes ont contribué à mettre en place des systèmes plus efficaces et plus inclusifs pour l’exercice des droits fondamentaux. Elles se sont battues pour l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à l’eau et au logement.

Elles ont créé de nouveaux espaces d’expression et de participation. Elles ont lutté pour obtenir de meilleurs systèmes de justice, des services de police fiables, des forces de sécurité respectueuses et la gestion des droits fonciers sur les ressources naturelles.

Comme l’exprime l’écrivaine mexicaine Elena Poniatowska dans Las Soldaderas, son ouvrage sur l’histoire de la révolution mexicaine, les femmes ont maintenu toutes les luttes pour la justice " vivantes et fertiles, tout comme la terre ".

En surmontant tant d’obstacles et en libérant des millions de femmes – et d’hommes – de la discrimination et de l’oppression, la promotion des droits des femmes au cours du siècle dernier est certainement l’une des révolutions sociales les plus profondes et les plus importantes que le monde ait jamais connues.

Aucune société n’est libre lorsque la moitié de sa population est réduite à la dépendance et que ses rôles sont très restreints. Chaque société est bien évidemment différente, avec ses propres caractéristiques et approches. Néanmoins, chaque société est mieux gouvernée, et tout simplement plus agréable à vivre, lorsque tous ses membres peuvent y contribuer selon leurs pleines capacités.

Aujourd’hui, alors qu’une urgence environnementale aux multiples facettes menace l’avenir de notre planète, les femmes peuvent aider à trouver des solutions meilleures et plus inclusives pour préserver le bien-être et les droits de l’homme de chacun.

Les femmes autochtones et les femmes rurales, qui sont bien plus affectées par les changements climatiques, peuvent jouer un rôle très important dans les efforts d’adaptation aux changements climatiques. Et toutes les femmes, partout dans le monde, peuvent défendre le droit des générations futures de vivre sur une planète saine et durable. Greta Thunberg, cette militante suédoise des droits de l’homme de 16ans qui a inspiré tant de jeunes – et d’autres personnes – en est un bel exemple. Et il y en a beaucoup d’autres. Nous vivons dans monde meilleur et rempli d’espoir grâce à ces personnes.

Notre monde a grand besoin des femmes pour aider à trouver des solutions aux défis que représentent les nouveaux outils numériques, pour nous assurer que la vie privée est respectée et pour repousser la haine et la violence en ligne. Des entreprises sociales dirigées par des femmes comme Laboratoria – qui donne aux femmes de milieux à faible revenu du Brésil, du Chili, du Mexique et du Pérou accès à un cours accéléré de cinq mois sur le codage – cherchent à réduire les écarts importants dans la structure fondamentale du paysage numérique.

Nous avons besoin que les femmes contribuent à l’élaboration et à la mise en œuvre de solutions aux inégalités croissantes auxquelles sont confrontées pratiquement toutes les sociétés aujourd’hui, dans chaque région. Nous avons besoin qu’elles viennent du monde des affaires, du droit, de l’architecture, du génie et du gouvernement.

Et nous avons besoin des femmes pour aider à combattre l’éclatement et la polarisation de nos sociétés, ainsi que la montée de l’extrémisme politique et du terrorisme.

Car les militantes font preuve d’une grande résilience dans la lutte contre le sexisme structurel et le racisme. J’ai eu le privilège de voir de nombreux exemples de la détermination, du pragmatisme, de la générosité et de la créativité de ces militantes. J’ai également pu me rendre compte des progrès que nous pouvons accomplir grâce à leurs réussites. Nous avons besoin de cette vision et de ce dynamisme pour continuer à aller de l’avant – non seulement pour nos filles, mais aussi pour nos fils.

Pour des milliards de femmes et de filles, l’égalité des sexes et le respect véritable des droits des femmes ne sont pas seulement une question de justice. Ces éléments seront essentiels pour garantir des sociétés résilientes et durables, et pour apporter des réponses efficaces à chacun des graves problèmes auxquels notre monde est confronté.

Je pense à beaucoup de femmes que j’ai connues et à ce qu’elles ont accompli pour leur société et leur famille, même dans les circonstances les plus difficiles. La force, la sagesse et l’ingéniosité des femmes restent sans aucun doute parmi les plus grandes ressources inexploitées de l’humanité. Et nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’attendre encore 100ans pour utiliser ce potentiel.

Je considère donc le réseau qui sera lancé aujourd’hui entre des femmes d’Allemagne et d’Amérique latine comme un moyen d’établir des liens souples et constructifs permettant d’accélérer ces progrès.

Nous devons passer à la vitesse supérieure et unir nos efforts en faveur de l’égalité des sexes. Nous devons renforcer l’appui aux initiatives qui font la promotion du travail qui reste encore à faire et créer un environnement propice à leur réussite.

Le programme visant à garantir l’égalité des sexes et les droits des femmes est un programme d’envergure mondiale, c’est un défi pour tous les pays, riches et pauvres, du nord et du sud. En rassemblant des personnes de tous horizons, nous pouvons créer de fortes synergies.

J’attends avec impatience de voir le réseau de l’UNIDAS créer de nombreux liens entre les femmes latino-américaines et allemandes, afin que chacune d’entre elles puisse bénéficier de la détermination et de l’exemple de l’autre, et que ces femmes puissent promouvoir ensemble des projets dynamiques à plusieurs niveaux.

Merci.