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Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Lancement de la campagne de lutte contre les mutilations génitales féminines de l’Union africaine

11 Février 2019

Sommet de l’Union africaine 2019

Déclaration de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

11 février 2019

Distingués Chefs d’État et de gouvernement,
Chers président et membres de la Commission de l’Union africaine,
Excellences,
Chers collègues et amis, 

C’est un réel honneur pour moi d’avoir l’occasion de contribuer à la promotion des droits des femmes et des filles africaines.

Les mutilations génitales féminines ont affecté des centaines de millions de femmes et de filles africaines au fil des générations : on estime que 200 millions de filles et de femmes vivantes aujourd’hui ont été soumises à cette pratique, et six des sept pays où cette dernière est la plus fréquente se trouvent sur ce continent.

Outre l’impact dévastateur sur les filles et les femmes concernées, les mutilations génitales féminines ont eu de graves conséquences pour les sociétés africaines.

Aujourd’hui, nos collègues du FNUAP et de l’UNICEF estiment que quelque 50 millions de filles africaines risquent de subir des mutilations sexuelles avant 2030. L’initiative de l’Union africaine visant à mettre fin à cette pratique est profondément louable. La prévention des mutilations génitales féminines sauve littéralement des vies.

Les États africains sont devenus les champions de la lutte contre les mutilations génitales féminines aux niveaux national, régional et international. Plusieurs dirigeants extraordinaires – y compris de nombreuses femmes dirigeantes, comme la Première Dame du Burkina Faso, Mme Sika Kaboré – ont apporté d’énormes changements dans leur pays.

Le travail mené dans les communautés a montré qu’il est possible de s’attaquer avec succès au système de croyances qui sous-tend la pratique des mutilations génitales féminines, y compris sa fausse association avec des exigences religieuses ou les bienfaits inexistants sur la santé. Et dans plusieurs cas, nous avons assisté à un déclin très rapide et très attendu de cette pratique. 

Les femmes et les filles africaines ont droit à la liberté, à l’égalité et à la dignité. Elles ont le droit d’être protégées, par la loi et les coutumes, contre cette pratique douloureuse, souvent invalidante, voire mortelle, qu’elle soit pratiquée dans un cadre traditionnel ou dans des cliniques. L’éradication des mutilations génitales féminines permettrait de libérer la moitié de la population, qui pourrait ainsi participer pleinement à l’édification d’un développement durable au niveau national.

Je félicite les dirigeants africains – y compris les chefs religieux et les dirigeants des communautés et des jeunes, hommes et femmes – qui mènent cette lutte importante et fondée sur des principes. Je félicite également les défenseuses africaines des droits de l’homme qui, avec des ressources souvent très limitées, mais avec détermination et créativité, ont contribué à faire de grands pas vers l’éradication des mutilations génitale féminines. Il faut du courage pour remettre en question les stéréotypes traditionnels. Cette campagne de l’Union africaine soutiendra leur travail et leur donnera un nouvel élan, en aidant les communautés de tout le continent à aller de l’avant pour rendre possible l’Afrique à laquelle nous aspirons pour 2063.

Plus tard cette année, le HCDH organisera un atelier d’experts ici à Addis-Abeba pour contribuer à relever certains des défis auxquels nous sommes confrontés. Il s’agit notamment de la nécessité d’appliquer avec plus de détermination la législation, y compris dans le contexte médical : il doit être absolument clair que la mutilation des filles dans un environnement médical n’est pas acceptable. Nous devons également faire beaucoup plus d’efforts à plus grande échelle pour modifier les normes sociales et les attitudes sous-jacentes qui favorisent les mutilations génitales féminines, et atteindre les zones rurales reculées. Sans de tels efforts, l’interdiction des mutilations génitales féminines pourrait simplement signifier que ces pratiques seront menées dans la clandestinité ou qu’elles se déplaceront vers un pays voisin, au lieu d’être éradiquées.

Excellences,

Je me félicite du partenariat établi entre l’ONU et l’Union africaine en 2017 pour renforcer l’engagement politique, augmenter la responsabilisation et contrôler le respect des exigences en matière de MGF. Le Haut-Commissariat s’engage à faire tout ce qui est en son pouvoir pour vous aider dans ces efforts.

Merci.

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