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Communiqués de presse Procédures spéciales

République centrafricaine: une experte des Nations Unies appelle à un engagement urgent pour mettre fin à la violence et stimuler le développement

01 Février 2019

anglais

GENÈVE / BANGUI (1 février 2019) - Toutes les parties impliquées dans le processus de paix en République centrafricaine doivent prendre un engagement sincère et urgent afin de parvenir à un résultat qui respecte les besoins de la population de manière inclusive comme une condition essentielle au retour de la sécurité, dit une experte des droits de l'homme des Nations Unies. 

« Si des groupes armés revendiquent leur place dans le processus de paix, ils doivent immédiatement mettre fin à la violence. Leurs actions ont fait trop de victimes civiles, démontrant leur mépris apparent pour la dignité humaine, la réconciliation et le droit au développement », a déclaré l'experte indépendante sur le pays, Marie-Thérèse Keïta-Bocoum, à l'issue d'une mission de 10 jours en République centrafricaine.

Mme Keïta-Bocoum a condamné vivement les attaques inacceptables survenues ces dernières semaines à Alindao, Batangafo, Bambari et maintenant Ippy.

Au cours de sa visite, Mme Keïta-Bocoum a entendu de puissants appels en faveur de la paix et de la réconciliation émanant des autorités centrafricaines, de la société civile, des associations de victimes, des groupes humanitaires et des partenaires techniques et financiers.

« Tous les éléments sont en place pour assurer une croissance ambitieuse et prospère en République centrafricaine, conformément aux Objectifs des Nations Unies pour le développement durable. L'accord de paix en cours de discussion et le rétablissement de la sécurité pourraient permettre le lancement de grands projets », a-t-elle déclaré.

Mme Keïta-Bocoum a salué les efforts récemment déployés pour organiser des consultations nationales avec les femmes et a appelé à renforcer leur participation à la vie publique et politique. Elle a également rencontré des groupes représentant des jeunes, y compris des étudiants et des mineurs démobilisés ayant pris part au conflit, et a souligné l'urgence de leur fournir à toutes et tous des offres de formation, un soutien psychologique et toute autre aide nécessaire à leur insertion professionnelle et sociale.

« L'adoption d'un code de protection de l'enfant, la construction de centres d’accueil et de formation professionnelle, la rénovation d'écoles et l'adaptation de la justice pour mineurs aux normes internationales sont des impératifs nationaux respectant l'intérêt des jeunes de la République centrafricaine et pour prévenir leur implication dans les conflits armés », a souligné l'experte.

Mme Keïta-Bocoum a également examiné les questions relatives à la justice pénale. Elle a salué les actions de la Cour pénale internationale, le début des travaux de la Cour pénale spéciale, la tenue de sessions par la cour d'assises, et a souligné qu'il importait d'assurer leur viabilité financière et technique.

Cependant, après avoir visité les prisons des femmes et des jeunes, Mme Keïta-Bocoum a déploré le nombre important de détenus de longue durée qui ne disposent d'aucune information sur leur dossier judiciaire, ni d’assistance juridique. 

« J'exhorte les magistrats à remédier à ces violations du droit d'accès à la justice et du droit à un procès équitable ».

Au cours de sa visite, l'experte a participé à un séminaire sur la justice transitionnelle réunissant près de 60 représentants du gouvernement, d'organisations internationales, du corps diplomatique et de la société civile, et les a encouragés à maintenir le cadre des discussions en vue d'élaborer une feuille de route cohérente en matière de justice transitionnelle pour s'attaquer aux causes profondes du conflit et garantir leur non-répétition.

« Les participants devraient se pencher sur la création d’une commission vérité et réconciliation et réfléchir sans plus tarder aux programmes de réparations et au retour des personnes déplacées et des réfugiés. La République centrafricaine doit garantir les droits des personnes déplacées et faciliter le retour volontaire dans leurs foyers, pierre angulaire de la réconciliation nationale », a souligné l'experte des Nations Unies.

Mme Keïta-Bocoum a également noté que le pays traversait une crise humanitaire, négligée au niveau international, et a reconnu les nombreux efforts déployés par les travailleurs humanitaires pour répondre aux besoins de plus de 60% de la population malgré les obstacles à l'accès humanitaire et les attaques inacceptables des groupes armés.

« L'Etat doit renforcer ses engagements en faveur de la création et de l’amélioration des services de santé, d'éducation et des services sociaux, et redéployer l'administration civile, dans la mesure du possible », a déclaré l'experte de l'ONU. Elle a également appelé à une évaluation du plan national de relèvement et de consolidation de la paix en République centrafricaine, axée sur les règles de bonne gouvernance et les intérêts réels de la population.

L’experte indépendante rendra compte de sa mission au Conseil des droits de l’homme à Genève le 20 mars 2019.

FIN

Le mandat de l’Experte indépendante sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine a été créé par le Conseil des droits de l’homme le 27 septembre 2013. Mme Marie-Thérèse Keita Bocoum, ancienne professeure à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’université d’Abidjan en Côte d’Ivoire, a occupé différents postes tant dans son pays qu’au sein de l’ONU. Elle a été Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Burundi, Représentante de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme auprès de l’UNOWA, mais également Directrice de la division des droits de l’homme et Représentante de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme au Darfour.

Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des " procédures spéciales " du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.

Page du HCDH sur le pays : République centrafricaine

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