Madame la Haut-Commissaire aux droits de l’homme,
Excellences,
Chers invités et experts,
Mesdames et messieurs,
J’aimerais tout d’abord remercier Madame Navi Pillay, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, et la section anti-discrimination de son organisation pour avoir réuni cette table-ronde sur la question du racisme et du sport, avec un intérêt particulier pour le football, qu’on aime tant.
J’ai été sollicité pour participer à cet évènement quelques jours après avoir exprimé mon soutien à Kevin-Prince Boateng et à son équipe du Milan AC pour leur action courageuse face à des attaques racistes lors d’un match. Il était donc naturel pour moi d’accepter de participer à un forum destiné à faire mieux connaître les dangers du racisme et à trouver des réponses efficaces à ce problème.
Je pense qu’il est important de dire des choses simples. Le racisme est inacceptable. C’est un crime qui n’a aucune place sur un terrain de football ou lors d’un événement sportif, quel qu’il soit. Bien que le racisme soit une mauvaise chose et que nous le condamnions, il perdure et continue à détruire notre humanité commune.
Les insultes racistes sont fréquentes, très fréquentes, beaucoup plus qu’on ne le pense. Le racisme est partout; aucune région ou partie du monde n’est épargnée. Ne laissez personne vous convaincre du contraire. Je m’appuie tant sur mon expérience personnelle que sur celles des autres pour l’affirmer. Il n’y a aucune excuse au racisme. Malheureusement, le racisme existe depuis très longtemps, pas seulement dans le football mais aussi dans les autres domaines de notre vie.
Il peut sembler difficile de parler du racisme, et plus facile de l’ignorer. Mais ignorer le racisme est non seulement malhonnête mais aussi dangereux. Le fait de l’ignorer ne le fera pas disparaître. Au contraire, il en sortira renforcé. La meilleure approche à adopter face au racisme c’est de le dénoncer et de l’affronter. Vous ne pouvez pas traiter le racisme en le niant, en le justifiant ou en le cachant. Nous devons l’affronter avec force, courage et détermination.
Si nous restons silencieux, alors nous acceptons de facto le racisme sous toutes ses formes. Les footballers doivent s’exprimer clairement contre le racisme dans leur sport. Mais ils ne peuvent pas le faire seuls. Les instances dirigeantes du football, la société civile et les organisations internationales ont toutes un rôle à jouer. Nous devons tous œuvrer à la lutte contre le racisme dans le football.
J’observe qu’un élan pour lutter contre le racisme dans le football a émergé. Il nous faut soutenir cet élan en dénonçant et en démasquant le racisme sous toutes ses formes. Il est très important que ceux parmi nous qui servent de modèles le fassent. Nous avons une responsabilité majeure en raison de l’accès qui nous est donné aux différentes strates de notre société, y compris aux personnes que la classe politique n’atteint pas. Nous devons être à la pointe de cet effort pour sensibiliser le public aux différentes dimensions et manifestations du racisme dans notre profession.
Nous devons encourager et travailler avec les instances dirigeantes du football, les clubs et autres parties concernées afin d’améliorer l’environnement de travail des footballers. Je pense que ce qui se passe aujourd’hui est une fantastique opportunité de régler le problème du racisme dans le football. L’intérêt général que suscite cette question, et le rapprochement progressif qui s’opère entre les divers facteurs et acteurs en présence créent les meilleures conditions possibles pour obtenir des résultats concrets.
De simples amendes ne peuvent pas suffire à sanctionner efficacement le racisme dans le football. D’autres punitions complémentaires doivent être mises en place.
Tout récemment, le Président de la FIFA a évoqué la possibilité de retrait de points et de relégations comme sanctions pour des délits à caractère raciste. Certains supporters fanatiques et responsables réagiront sans nul doute si des solutions efficaces sont mises en place pour soutenir la politique de tolérance zéro face au racisme.
J’espère que le groupe de travail contre le racisme dans le football récemment établi par la FIFA va nous aider à aller dans la bonne direction.
Je ne peux pas terminer cette déclaration sans souligner l’importance de l’éducation, de l’éducation contre le racisme, de l’éducation pour le respect et la tolérance, et de l’éducation à la diversité afin de lutter contre le racisme. Je pense que c’est une très bonne qu’on ait 25 jeunes avec nous aujourd’hui parce que cela confirme l’importance de l’éducation. Si on veut changer le monde de demain, il faut commencer aujourd’hui. Je pense qu’il est important de se concentrer sur le futur et le futur, ce sont ces 25 jeunes qui sont présents avec nous aujourd’hui.
Un autre facteur décisif tient dans la responsabilisation. Il ne peut y avoir de responsabilité pour les actes racistes que si leurs auteurs rendent des comptes. Les instances dirigeantes du football doivent mettre en place un système solide de responsabilisation qui garantisse que le racisme soit puni et que des sanctions efficaces et proportionnelles à la gravité des délits commis soient imposées.
Toutes les parties concernées, footballers, propriétaires de clubs, instances dirigeantes et supporters doivent œuvrer ensemble pour mettre fin à cette honte qu’est le racisme dans le football. Aucun groupe, j’ai bien dit aucun groupe, n’y parviendra seul.
Je crois fermement qu’un changement est à notre portée si nous travaillons tous ensemble pour qu’il devienne une réalité. En tant que footballer, j’ai appris que le travail d’équipe et un plan de match efficace sont des éléments décisifs pour gagner un match. Nous devons combattre ce fléau qu’est le racisme dans le football comme une équipe le ferait, avec un plan stratégique. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer, les médias en particulier.
C’est un grand honneur pour moi d’être là aujourd’hui parce que je crois à un monde meilleur, pour notre sport qu’on aime tous. Je crois que, dans ce domaine, on est en train d’évoluer en espérant qu’on combattra ce fléau tous ensemble, en étant unis. Toutes les personnes qui sont dans cette salle sont concernées par ce fléau qu’est le racisme.
Merci.