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Communiqués de presse Organes conventionnels

Le Comité des droits de l'enfant examine le rapport du Cameroun

14 Janvier 2010

Il observe une minute de silence en hommage aux victimes du tremblement de terre en Haïti

Le Comité des droits de l'enfant a examiné aujourd'hui le rapport périodique du Cameroun sur les mesures prises par le pays pour appliquer les dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant.

La rapporteuse du Comité chargé de l'examen du rapport camerounais, Mme Agnes Akosua Aidoo, a relevé qu'au Cameroun, l'engagement en faveur des droits de l'enfant émane du plus haut niveau.  Souhaitant mettre en relief un certain nombre de questions sur lesquelles elle juge nécessaire d'insister, Mme Aidoo a évoqué les questions de coordination et les questions budgétaires ainsi que les disparités existantes dans le pays.  Elle a recommandé au Cameroun de se concentrer sur la réduction de la malnutrition.  Il convient également de déployer des efforts afin que les femmes ne meurent pas en couche, a-t-elle ajouté.

Le Comité adoptera, au cours de la session, des observations finales sur le rapport du Cameroun qu'il rendra publiques à la fin de la session, le vendredi 29 janvier prochain.

Présentant le rapport de son pays, Mme Catherine Bakang Mbock, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a notamment attiré l'attention sur l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2007, du Code de procédure pénale qui a amélioré le système d'administration de la justice juvénile.  Les enfants bénéficient d'un accès à la Commission nationale des droits de l'homme, laquelle peut enregistrer et relayer des plaintes concernant la violation de leurs droits, a-t-elle en outre indiqué.  La définition de l'enfant proposée dans le cadre de l'avant-projet de Code de protection de l'enfant est celle de l'article premier de la Convention, a également souligné la Ministre, ajoutant qu'il est envisagé dans ce Code d'uniformiser à 18 ans l'âge d'accès au mariage aussi bien des filles que des garçons.  La gratuité de l'éducation primaire pour tous, dans le secteur public, est effective depuis 2000.  La Ministre a par ailleurs affirmé que son gouvernement était particulièrement préoccupé par l'apparition de certains phénomènes émergents ou marginaux qui sont de nature à atténuer l'impact de son action en faveur des enfants et des adolescents.  Il s'agit du phénomène des enfants de la rue, du trafic des enfants, des violences contre les enfants – notamment les orphelins et autres enfants vulnérables du fait du VIH/sida, a-t-elle précisé. 

La délégation camerounaise était également constituée du Représentant permanent du Cameroun auprès des Nations Unies à Genève, M. Anatole Fabien Marie Nkou, ainsi que de la Directrice de la protection sociale de l'enfance, Mme Moussa Lassome, et de représentants du Ministère des affaires sociales; du Ministère de l'éducation de base; du Ministère de la justice; du Ministère de la santé publique; des Services du Premier Ministre; et de la Mission permanente du Cameroun auprès des Nations Unies à Genève.  La délégation a apporté des réponses aux questions soulevées par les membres du Comité en ce qui concerne, notamment, la manière de concilier droit civil et droit coutumier; les questions budgétaires en faveur de l'enfance; les questions de santé et d'éducation; la situation des Bororos et des Pygmées; les pratiques préjudiciables à la santé; les questions d'adoption; la justice juvénile.

En début de séance ce matin, le Comité a observé une minute de silence en hommage aux victimes du tremblement de terre en Haïti.  La Présidente du Comité, Mme Yanghee Lee, a souligné que les enfants allaient certainement souffrir des conséquences de ce tremblement de terre et a souligné que des membres des Nations Unies ont également été touchés par cette catastrophe.  Avant de présenter le rapport de son pays, Mme Catherine Bakang Mbock, a tenu à s'associer au sentiment de douleur et de peine manifesté par le Comité face au drame qui se déroule actuellement en Haïti et dont les enfants, maillon faible de la société, souffrent particulièrement.


Lors de ses prochaines séances publiques, lundi après-midi à 15 heures, le Comité entamera l'examen - qui se déroulera jusqu'à mardi soir - des rapports de l'Équateur sur la mise en œuvre de la Convention et de ses deux Protocoles facultatifs (CRC/C/ECU/4, CRC/C/OPAC/ECU/1 et CRC/C/OPSC/ECU/1 - salle du premier étage du Palais Wilson).  En même temps, lundi après-midi également, le Comité entamera l'examen du rapport du Tadjikistan (CRC/C/TJK/2 - rez-de-chaussée), jusqu'à mardi à la mi-journée.

Présentation du rapport du Cameroun

MME Catherine Bakang Mbock, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a assuré le Comité que l'épanouissement et la croissance de l'enfant sont au centre de la politique de développement du Chef de l'État camerounais.  Elle a indiqué que le rapport couvrait la période allant de 1996 à 2005.  Au cours de cette décennie, le Gouvernement a pris d'importantes mesures normatives et institutionnelles afin d'appliquer la Convention relative aux droits de l'enfant et a mené diverses actions afin de garantir à l'enfant la pleine jouissance et le plein exercice de tous ses droits.  Mme Bakang Mbock a notamment attiré l'attention sur l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2007, du Code de procédure pénale qui a amélioré le système d'administration de la justice juvénile en modernisant le régime juridique applicable dans le sens de la prise en compte des normes internationales en la matière.  Dans le traitement de la situation de l'enfant en conflit avec la loi, a-t-elle précisé, l'objectif premier réside dans sa rééducation en vue de sa réinsertion dans le milieu familial ou socioprofessionnel, l'incarcération n'étant envisagée qu'en dernier ressort.

En 2004, a poursuivi la Ministre des affaires sociales, le Comité national des droits de l'homme et des libertés a été transformé en Commission nationale des droits de l'homme et des libertés.  L'objectif était de conformer cette institution aux Principes de Paris, en renforçant son indépendance, son opérationnalité et son efficacité, a-t-elle souligné.  Les enfants bénéficient d'un accès à la Commission qui peut enregistrer et relayer des plaintes concernant la violation de leurs droits, a-t-elle précisé.  En 2005, a ajouté Mme Bakang Mbock, le Ministère des affaires sociales a été réorganisé avec la création d'une Direction de la protection sociale de l'enfance.

Passant en revue un certain nombre d'actions entreprises par le Cameroun conformément aux recommandations du Comité, Mme Bakang Mbock a notamment indiqué que l'âge pour l'enrôlement dans les forces armées était fixé à 18 ans.  Elle a ajouté que la définition de l'enfant proposée dans le cadre de l'avant-projet de Code de protection de l'enfant est celle de l'article premier de la Convention.  Il est envisagé dans ce Code d'uniformiser à 18 ans l'âge d'accès au mariage aussi bien des filles que des garçons, a-t-elle indiqué.

En ce qui concerne la participation des enfants à la prise de décision les concernant, la Ministre a souligné qu'outre le Parlement des enfants, fonctionnel depuis 1998, le Cameroun, avec l'appui de la société civile, a mis en place des gouvernements et des conseils municipaux des enfants dans quatre des dix régions du pays et ambitionne d'étendre ces instances sur l'ensemble du territoire.

Au cours de la décennie 1996-2005, a poursuivi Mme Bakang Mbock, le Cameroun a bénéficié de la coopération internationale et des mesures d'allègement de sa dette qui ont permis au Gouvernement d'investir davantage dans les secteurs sociaux.  C'est ainsi que le Président de la République a prescrit au Gouvernement la mise en application des mesures ci-après: gratuité de l'éducation primaire pour tous dans le secteur public (cette gratuité est effective depuis 2000); la contractualisation des instituteurs vacataires, soit 18 800 en 2007 et 5525 en 2008 (l'opération sera poursuivie jusqu'à ce que soit atteint l'objectif de 37 200 enseignants en 2011); la construction d'établissements d'enseignement primaire et secondaire et de centres de santé sur toute l'étendue de la République; ou encore la distribution d'antirétroviraux aux personnes vivant avec le VIH/sida et de moustiquaires imprégnées aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 5 ans.  Les budgets nationaux consacrés à la santé et à l'éducation sont en constante progression, a souligné la Ministre.  En outre, a-t-elle ajouté, un accent particulier est mis sur les enfants vulnérables (handicapés, réfugiés, minorités, populations marginales) dans le respect des principes généraux de non-discrimination et d'intérêt supérieur de l'enfant.

Le Gouvernement camerounais est particulièrement soucieux de l'apparition de certains phénomènes émergents ou marginaux préoccupants qui sont de nature à atténuer l'impact de son action en faveur des enfants et des adolescents, a poursuivi Mme Bakang Mbock.  Il s'agit du phénomène des enfants de la rue, du trafic des enfants, des violences contre les enfants – notamment les orphelins et autres enfants vulnérables du fait du VIH/sida (OEV), a-t-elle précisé.  Pour cerner l'ampleur du phénomène des enfants de la rue, le Gouvernement camerounais a mis en place un dispositif de prévention articulé autour du renforcement du cadre législatif, réglementaire et institutionnel, a indiqué la Ministre des affaires sociales.

Pour ce qui est du travail des enfants, a poursuivi Mme Bakang Mbock, le Gouvernement camerounais a mené plusieurs études qui ont relevé qu'il s'agit d'une réalité observable davantage dans le secteur informel.  En ce qui concerne la lutte contre le trafic, la traite et l'exploitation des enfants, une loi a été adoptée en décembre 2005, a ajouté la Ministre.  Le Plan national de lutte contre la traite et l'exploitation sexuelle a été validé en juillet 2009, a-t-elle précisé.  S'agissant des orphelins et autres enfants vulnérables du fait du VIH/sida (OEV), «le Gouvernement en a identifié 183 000 parmi lesquels 65 000 ont été pris en charge jusqu'en 2008», a indiqué Mme Bakang Mbock.

Dans le souci de renforcer la cohérence, pour plus d'efficacité, de l'ensemble des initiatives en faveur de l'enfant de 0 à 8 ans, le Cameroun a validé, en août dernier, le document-cadre de politique nationale du développement intégré du jeune enfant, a par ailleurs fait observer Mme Bakang Mbock.  Ce document identifie clairement les actions à mettre en œuvre entre 2010 et 2012 dans des domaines prioritaires tels que la santé, l'éducation et la protection.

Toutes ces actions démontrent la volonté manifeste du Cameroun de mettre en œuvre la Convention en dépit de contraintes diverses, a déclaré la Ministre.  Toutefois, a-t-elle reconnu, cet exercice vital de promotion et de protection des droits de l'enfant ne va pas sans obstacles obérant les efforts du Gouvernement dans ce domaine.  Les plus significatifs de ces obstacles, a précisé Mme Bakang Mbock, sont liés à l'impact des crises alimentaire, énergétique, financière et écologique sur les enfants; aux approches novatrices dans le développement des services pour les enfants affectés ou infectés par le VIH/sida; au plaidoyer et à la coopération mondiale pour accroître l'investissement dans le développement de l'enfant; ainsi qu'aux insuffisances du système de collecte et d'analyse des données.

Le deuxième rapport périodique du Cameroun (CRC/C/CMR/2) indique que le Code du travail fixe à 14 ans l'âge minimum d'admission à l'emploi - jusqu'à cet âge, l'enfant est tenu d'être à l'école.  Au Cameroun, aucune personne de moins de 17 ans ne peut être enrôlée dans les forces armées, ajoute le rapport.  L'étude sur les enfants de la rue au Cameroun, réalisée en août 2003, montre dans un premier temps l'évolution du phénomène des enfants de la rue.  Si on estimait leur nombre à 4000 en 1999, le Cameroun compte aujourd'hui 10 000 enfants qui vivent et/ou travaillent dans les rues à travers le pays.

Le rapport souligne que les efforts de mise en œuvre de la Convention se sont poursuivis avec un accent sur l'adoption et la promulgation des lois et la prise d'actes réglementaires, d'une part, et, d'autre part, la mise en place d'un cadre institutionnel conformément aux dispositions de la Convention. 

Des études ont été menées pour améliorer le niveau de connaissance des catégories d'enfants vulnérables à l'instar des enfants de la rue, des enfants victimes d'exploitation sexuelle ou d'exploitation économique.  L'exploitation des données produites a contribué à l'élaboration des plans d'action et à la préparation des actes législatifs et réglementaires.  La prise en charge des orphelins et enfants vulnérables du fait du VIH/sida comme catégorie émergente d'enfants vulnérables a été effective avec l'appui de la coopération internationale, poursuit le rapport.  Des efforts devront être intensifiés en ce qui concerne la prestation de services aux enfants, est-il affirmé.  Le fonctionnement des institutions spécialisées a subi les contrecoups du fait de la pauvreté, ajoute le rapport.  Toutefois, la mise en place d'un cadre législatif, réglementaire et institutionnel relatif aux enfants augure des lendemains meilleurs pour les droits de l'enfant au Cameroun, conclut-il.


Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

MME AgnEs Akosua Aidoo, rapporteuse du Comité chargé de l'examen du rapport camerounais, a pris note de l'attachement du Cameroun aux droits de l'homme et aux droits de l'enfant, dont témoigne la déclaration de présentation orale du rapport faite ce matin par la Ministre des affaires sociales du pays.  Elle a rappelé que le Cameroun est un pays classé au niveau inférieur des pays à revenus intermédiaires et doté de ressources naturelles considérables ainsi que de ressources humaines de qualité et de moyens financiers raisonnables.

Le pays doit être félicité pour de nombreuses réalisations, au nombre desquelles la signature ou la ratification de plusieurs instruments internationaux ou régionaux.  Le pays a en outre adopté une loi sur le statut des réfugiés ainsi qu'une loi sur la lutte contre la traite des enfants et l'esclavage, s'est réjouie Mme Aidoo, avant de saluer un certain nombre de projets législatifs et réglementaires actuellement en cours.

Un certain nombre de recommandations du Comité n'ont pas été pleinement suivies d'effet, s'agissant plus particulièrement des questions de coordination, de la définition de l'enfant – même si cette lacune semble être comblée dans le projet de Code de protection de l'enfant – ou encore de la violence à l'encontre des enfants, notamment pour ce qui a trait aux châtiments corporels, des mutilations génitales féminines, du travail des enfants et des questions en rapport avec la justice juvénile, a poursuivi Mme Aidoo.

Il faut attendre longtemps avant que les lois adoptées ne fassent l'objet de décrets d'application, a par ailleurs relevé la rapporteuse.  Il faut attendre longtemps pour que des projets de lois d'importance comme le Code de protection de l'enfant ou le Code de la personne et de la famille ne soient validés et entrent en vigueur, a-t-elle insisté.  En outre, les lois adoptées ne sont pas appliquées avec vigueur, souvent par manque de fonds, a-t-elle ajouté, avant de s'enquérir des raisons de cet état de fait: manque de sensibilisation des parties prenantes, manque de volonté politique ou manque de moyens?  Elle a d'autre part relevé qu'aucun plan national d'action ne couvre tous les domaines de la Convention.

Pour ce qui est des droits et libertés civils, l'experte s'est inquiétée que le taux d'enregistrement des naissances ait chuté de 79% en 2004 à 70% en 2006, relevant à cet égard les disparités qui existent entre zones urbaines (où ce taux atteint les 85%) et rurales (où il n'est que de 57%).  Évoquant la torture, la violence et les mauvais traitements à l'encontre des enfants, Mme Aidoo a relevé que ces violations des droits de l'enfant constituent un sujet de préoccupation majeur au Cameroun.  La violence se produit au foyer, à l'école, dans les prisons et au sein des communautés et incluent les châtiments corporels, le viol, l'inceste, l'exploitation sexuelle et les mutilations génitales féminines.


Un autre membre du Comité s'est enquis des mesures visant à lutter contre les facteurs sociologiques et traditionnels qui entravent la réalisation des droits de l'enfant dans le pays. 

Un expert a souhaité savoir si le Cameroun avait l'intention de créer une unité spécialisée des droits de l'enfant et de mettre sur pied un mécanisme de surveillance de la mise en œuvre des droits de l'enfant.

Une experte s'est dite préoccupée par l'aggravation de la situation dans les domaines de la santé et de l'éducation et par les disparités entre zones rurales et urbaines qui existent dans ces domaines.  Cette experte s'est en outre enquise de la manière dont les autorités travaillent avec les populations autochtones aux fins de la mise en œuvre de la Convention.  Un autre membre du Comité a déploré la réduction du budget de l'éducation.

Un membre du Comité a demandé quelles mesures sont prises par le Cameroun pour lutter contre la corruption et faire en sorte que les ressources allouées à l'enfance ne soient pas détournées à d'autres fins.

La pratique des mutilations génitales féminines ou encore celle du repassage des seins d'adolescentes constituent autant de pratiques graves pour la santé des adolescentes, a relevé une experte.

Beaucoup d'enfants travaillent au Cameroun et le phénomène prend de l'ampleur, a relevé un membre du Comité.

Par ailleurs, des enfants sont détenus avec des adultes dans ce pays, s'est inquiété cet expert, qui a également déploré le manque de juges pour enfants.  Le Cameroun entend-il revenir sur l'âge de la responsabilité pénale qui est actuellement de dix ans et qui, de l'avis du Comité, est trop bas, a-t-il demandé?  Au cours du dialogue avec la délégation, il a expliqué, à cet égard, qu'au sens de la Convention, l'âge de la responsabilité pénale est l'âge en dessous duquel un enfant ne peut passer devant un juge, et a déploré que cet âge soit fixé au Cameroun à 10 ans.

Réponses de la délégation

En raison de la diversité culturelle du Cameroun, avant d'envisager l'application définitive d'une loi, on veille à ce que tous les aspects du projet aient été pris en compte, a souligné la délégation.  Les autorités sont soucieuses de mettre en place un système juridique durable et équitable qui prenne en compte tous les aspects des problèmes soulevés, a-t-elle ajouté.

En fait, les délais dans la mise en œuvre des différents instruments juridiques élaborés par le Cameroun sont eux aussi liés à cette volonté d'assurer une cohérence globale de l'édifice juridique du pays et de parvenir à l'élaboration d'un document qui soit le plus convenable possible, a également déclaré la délégation.

Interrogée sur la manière dont les autorités camerounaises s'y prennent pour concilier droit civil et droit coutumier, la délégation a souligné que la participation des relais d'opinion est fondamentale dans ce contexte.

En ce qui concerne la Commission nationale des droits de l'homme et des libertés, la délégation a précisé qu'il s'agit d'une instance de proposition, de promotion et de protection dans le domaine des droits de l'homme.  Avec la loi de 2004 portant transformation du Comité national des droits de l'homme en Commission nationale des droits de l'homme, cette instance a vu son statut renforcé puisqu'il s'agit désormais d'une instance administrative indépendante dotée d'un budget spécifique.  Désormais, la Commission peut agir d'office lorsqu'elle est saisie de cas, puisqu'elle peut transmettre au Ministère de la justice pour suite à donner les affaires qui sont portées à son attention, a souligné la délégation.

S'agissant des questions budgétaires, la délégation a admis que le budget est l'élément central, le «nerf de la guerre».  À cet égard, elle a souligné que l'État camerounais n'a eu de cesse que de transférer toujours davantage de ressources vers les budgets sociaux.  Le budget de l'éducation de base, par exemple, est passé en quelques années de 84 milliards de francs CFA à 167 milliards de francs CFA pour 2010.  Le budget de l'enseignement secondaire est, quant à lui, encore plus élevé.  Quant au budget du Ministère de la santé, il est passé de quelque 69 milliards de francs en 2001-2002 à 84 milliards aujourd'hui, a ajouté la délégation.

La problématique de la malnutrition est certes prise en charge par le Ministère de la santé, mais elle n'en est pas moins la résultante de multiples domaines d'activités, au nombre desquels l'agriculture, a en outre souligné la délégation.  Les problèmes de nutrition font l'objet d'une double approche préventive, notamment à travers la promotion de la vaccination, et curative, a-t-elle indiqué.

Concernant toujours les questions de santé, et répondant aux observations de certains membres du Comité qui s'inquiétaient que des enfants décèdent encore au Cameroun de maladies qui pourraient être évitées par la vaccination, la délégation a rappelé qu'il n'existe pas de vaccin contre le paludisme.  Il n'en demeure pas moins que le Cameroun dispose d'un programme de lutte contre le paludisme, notamment à travers la distribution de moustiquaires imprégnées gratuites pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, a souligné la délégation.  La fièvre jaune attire beaucoup l'attention mais dans les faits, les cas sont rares, a-t-elle poursuivi.  Quoi qu'il en soit, la détection d'un seul cas de fièvre jaune provoque une alerte sanitaire équivalente à celle qu'engendrerait une épidémie, a-t-elle affirmé.

Tous les six mois, et plus particulièrement durant ses premières années, un enfant reçoit gratuitement une dose de vitamine A calculée en fonction de son âge, a par ailleurs indiqué la délégation.  S'agissant encore des micronutriments, elle a fait part des mesures de distribution systématique de zinc dans le cadre de la stratégie de lutte contre la diarrhée - cette dernière ayant beaucoup reculé dans le pays.

L'approche de la lutte contre la morbidité des enfants se fonde sur le système de «prise en charge intégrée des maladies de l'enfant», qui comporte un volet clinique de prise en charge et un volet communautaire, a précisé la délégation.  La rougeole est devenue une maladie très rare au Cameroun, a-t-elle ajouté.

Près du tiers des décès maternels enregistrés au Cameroun concernent des adolescentes, a aussi indiqué la délégation.

S'agissant des questions d'éducation, la délégation a reconnu l'existence de disparités territoriales en ce qui concerne le taux de scolarisation, les régions les plus mal loties en la matière étant celles de l'est et de l'extrême nord du pays ainsi que certaines zones de Yaoundé et de Douala, à forte concentration de population.  Aussi, la délégation a-t-elle fait part des partenariats noués avec un certain nombre d'acteurs économiques aux fins de la construction d'établissements scolaires.  La délégation a en outre fait part des mesures prises, dernièrement, par le Gouvernement afin d'augmenter le nombre d'enseignants eu égard au déficit de 50 000 enseignants dont souffrait le pays.  Une étude ayant révélé que le Cameroun perdait annuellement près de 500 enseignants du fait de l'épidémie de VIH/sida, des mesures de prévention de cette maladie ont été prises à destination du personnel enseignant sur son lieu de travail.  Par ailleurs, le Gouvernement a entrepris de procéder à des recrutements.  Ainsi, fin 2010, auront été recrutés sur 4 ans quelque 37000 enseignants pour le primaire et il est prévu de recruter 7000 autres enseignants au niveau du secondaire pour l'année 2010-2011, a précisé la délégation.

Les Bororos et les Pygmées, qui sont deux populations nomades, constituent l'essentiel des populations marginales au Cameroun, a par ailleurs fait savoir la délégation.  Les Bororos sont des éleveurs extrêmement mobiles, ce qui ne va pas sans poser des problèmes, en particulier du point de vue de la scolarisation des enfants, a-t-elle précisé.  Quant aux Pygmées, ils vivent de chasse et de cueillette, dans la forêt, et sont aussi très mobiles.

S'agissant de la justice pour mineurs, la délégation a réitéré qu'avec l'entrée en vigueur du nouveau Code de procédure pénale, des progrès considérables ont été réalisés dans le sens d'une meilleure prise en compte des normes internationales.  En matière de justice juvénile, s'il n'existe pas au Cameroun de spécialisation organique, il existe bel et bien une spécialisation fonctionnelle; ainsi, dans les affaires de justice juvénile, le magistrat est assisté de deux assesseurs dont l'intérêt pour les questions relatives aux enfants est manifeste, a expliqué la délégation.

En vertu de la législation camerounaise, a poursuivi la délégation, la durée maximale de la détention provisoire est de six mois, avec possibilité de prorogation de six mois s'il s'agit d'un délit et de douze mois s'il s'agit d'un crime.  Néanmoins, la détention provisoire d'un mineur reste une mesure exceptionnelle appliquée uniquement dans les affaires les plus graves, a-t-elle précisé.  Lorsqu'on en arrive à la détention d'un mineur, le principe qui est appliqué est celui de la séparation du mineur des détenus adultes, a-t-elle assuré.

Au Cameroun, l'âge de la responsabilité pénale est de 18 ans, a assuré la délégation.  Un mineur âgé de 10 à 18 ans ne peut faire l'objet que de mesures spéciales de protection, a-t-elle ajouté.  Un mineur de 10 à 14 ans ne peut pas être incarcéré, a-t-elle poursuivi.

La pratique du repassage des seins, observée il y a quelques années, n'est absolument pas une pratique habituelle au Cameroun, a assuré la délégation.  Il s'agit d'une pratique exceptionnelle et le rôle des autorités est de veiller à ce que lorsque de tels cas sont identifiés, il y soit mis fin, a-t-elle ajouté.

Au Cameroun, les questions d'adoption ont été exacerbées par le phénomène des enfants orphelins du sida, a par ailleurs souligné la délégation.  Elle a rappelé que le Cameroun compte deux types d'adoption: l'adoption plénière et l'adoption suite à un placement de l'enfant par le Ministère des affaires sociales.


Les relations entre les organisations non gouvernementales et l'État sont normales et bonnes, a assuré la délégation.  Les organisations non gouvernementales sont des partenaires de choix de l'État qui les consulte sur un mode participatif, a-t-elle ajouté.

La délégation a par ailleurs rappelé que le Président de la République avait mis en place une Commission nationale de lutte contre la corruption relevant des services du Premier Ministre.  Le pays s'est également doté d'un Comité national anticorruption, mécanisme indépendant qui peut être saisi de différentes manières, a-t-elle ajouté.

Observations préliminaires

Présentant des observations préliminaires à l'issue de cet examen, la rapporteuse du Comité chargé de l'examen du rapport camerounais, Mme AGNES AKOSUA AIDOO, s'est réjouie du dialogue franc et de qualité qui s'est noué, tout au long de cette journée, avec la délégation.  Au Cameroun, l'engagement en faveur des droits de l'enfant émane du plus haut niveau, en particulier de la Présidence de la République, a-t-elle relevé.  Les réponses apportées par la délégation camerounaise durant cette journée de discussion témoignent de la réalité sur le terrain et des engagements ont été pris pour assurer un avenir meilleur aux enfants, a-t-elle poursuivi.  Elle a exprimé l'espoir que les observations finales que le Comité présentera au sujet du rapport camerounais contribueront à renforcer les efforts déployés par le pays pour aller de l'avant.

Souhaitant mettre en relief un certain nombre de questions sur lesquelles elle juge nécessaire d'insister, Mme Aidoo a évoqué les questions de coordination et les questions budgétaires.  Elle a également évoqué les disparités existantes dans le pays, en rappelant que tous les enfants du Cameroun représentent la richesse du pays.  L'experte a par ailleurs recommandé au pays de se concentrer sur la réduction de la malnutrition par le biais de mesures au niveau communautaire.  Le taux de mortalité materno-infantile est extrêmement élevé, a en outre souligné Mme Aidoo; aussi, convient-il de déployer des efforts afin que les femmes ne meurent pas en couche.
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