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COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME : OBSERVATIONS DU PRÉSIDENT SUR
LE DÉBAT SPÉCIAL CONSACRÉ À LA
TOLÉRANCE ET LE RESPECT

Arrière

30 Mars 2001



Commission des droits de l'homme
57ème session
30 mars 2001





À l'issue de la journée de débat spécial sur la tolérance et le respect, organisée le lundi 26 mars dernier par la Commission des droits de l'homme, le Président de la Commission, M. Leandro Despouy, a présenté des remarques de conclusion, faisant valoir que cette journée de débat atteste qu'il est possible de réfléchir sur des thèmes aussi délicats et actuels que celui-ci de manière positive et constructive.

Alors que la communauté internationale en est aux préparatifs de la Conférence mondiale contre le racisme qui se tiendra à partir du 30 août prochain à Durban, le Président a souligné qu'il fallait transformer la Conférence mondiale en une opportunité pour faire progresser concrètement l'humanité du point de vue de sa culture. Tous les membres et tous les non-membres de la Commission ainsi que les organisations non gouvernementales ont pu s'exprimer quasiment sans limite de temps, s'est réjoui M. Despouy. Chacun des experts qui se sont exprimés à la tribune a pu nous apprendre des choses très intéressantes, a-t-il ajouté.

Le Président de la Commission a salué le message d'une valeur incomparable transmis par l'archevêque sud-africain et lauréat du Prix Nobel de la Paix Desmond Tutu qui a rappelé que nous sommes nés pour vivre ensemble et pour tirer parti des talents de chacun. Celui qui fait le mal se fait mal à lui-même, a souligné M. Tutu. Ces paroles sortent de la bouche d'un homme qui a vécu l'apartheid et qui nous dit qu'il ne faut jamais rechercher la vengeance mais plutôt la réconciliation, seule arme possible pour sortir des situations difficiles, a fait observer M. Despouy. Desmond Tutu a par ailleurs rappelé que la victoire sur l'apartheid n'a été possible que grâce au soutien de la communauté internationale grâce à laquelle Nelson Mandela est aujourd'hui libre. Il est donc possible de rêver le rêve de Dieu, a rappelé Desmond Tutu avant d'ajouter qu'il est même possible de rêver que les Israéliens et les Palestiniens puissent un jour vivre en paix. S'agissant de la question de la réparation due aux victimes de la discrimination et du racisme, Desmond Tutu a rappelé qu'il s'agit là d'un thème lié à d'autres thèmes spirituels tels que la vérité et la réconciliation et que l'on ne peut avant tout pardonner qu'à ceux qui reconnaissent leurs fautes.

Commentant les propos du Sénateur australien Aden Ridgeway, le Président de la Commission a par ailleurs souligné que ce représentant de la lutte des aborigènes, actuelle et passée, pour le respect de leurs droits a fait part des efforts déployés par le Gouvernement australien afin de parvenir à la réconciliation avec les autochtones. M. Ridgeway a également décrit les difficultés rencontrées dans le cadre de cette démarche et a mis l'accent sur la nécessité de prendre pour point de départ de toute démarche de ce type la Déclaration sur les droits des populations autochtones. Le problème n'est pas essentiellement celui de la définition des droits des autochtones mais plutôt celui de l'exercice effectif de ces droits, a souligné M. Despouy. Aussi, ce qui est nécessaire, ce ne sont pas de nouvelles normes mais plutôt des changements d'attitudes de la part des différents acteurs impliqués dans cette démarche. M. Ridgeway a par ailleurs insisté sur la nécessité de promouvoir les capacités des populations autochtones qui ont souffert, afin d'assurer leur intégration dans la société. Il a également mis l'accent sur la valeur de l'identité culturelle de chaque individu.

Le mufti de Marseille, Sheikh Sahib Ben Sheikh, nous a interpellés sur ce que pourrait être une éthique commune à l'humanité, au-delà même de la religion, a poursuivi M. Despouy. Il a témoigné de sa conviction inébranlable de la nécessité de promouvoir à l'échelle mondiale un dialogue inter-religieux et inter-confessionnel.

Le Président a également rappelé que dans le cadre de cette journée de débat, Mme Nafis Sadik, Conseillère spéciale et Secrétaire générale adjointe, a attiré l'attention de chacun sur les difficultés que l'on rencontre lorsque l'on se penche sur la question de la discrimination contre les femmes. Elle a notamment insisté sur la nécessité de réfléchir à la relation qui devrait exister entre hommes et femmes. Souvent, a-t-elle rappelé, les femmes, en plus des discriminations dont elles souffrent dans la société, voient leur situation aggravée par leur vulnérabilité particulière face à l'extrême pauvreté et dans les situations où elles se retrouvent réfugiées, personnes déplacées ou migrantes.

Le Père Dominique Peccoud, Conseiller spécial pour les relations extérieures et les partenariats au Bureau international du travail, a attiré notre attention sur la problématique propre aux migrants, a rappelé M. Despouy. Le Père Peccoud a insisté sur la nécessité de reconnaître la dignité de ces personnes et d'accepter leur insertion dans les sociétés des pays récepteurs. Le Père Peccoud nous a invités à une sorte de «lobbying démocratique» afin que les pays ratifient et respectent les textes et Conventions de l'OIT relatifs aux migrants, a souligné le Président de la Commission.

Quant à Cecilia Braslavsky, Directrice du Bureau international pour l'éducation de l'Unesco, elle a analysé la question de la discrimination et, plus particulièrement, de l'incitation à la discrimination, dans les programmes d'enseignement et d'éducation ainsi que les profonds dégâts que ce phénomène provoque par l'intolérance et l'irrespect dont il témoigne. Elle a insisté sur la nécessité de promouvoir une éducation de qualité et de mettre en place une alliance concrète entre les gouvernements, les familles, les écoles, les médias et les entreprises afin de promouvoir une éducation à la tolérance.

En conclusion, le Président de la Commission des droits de l'homme a souligné que non seulement la discrimination constitue une rupture de l'égalité mais elle ouvre en plus la voie à d'autres violations. Il a mis l'accent sur la précarisation à laquelle sont renvoyées les personnes victimes de discrimination. La violation d'un droit de l'homme entraîne automatiquement la violation d'autres droits fondamentaux, alimentant ainsi un cercle vicieux de violations des droits de l'homme, a souligné M. Despouy.



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