Skip to main content
x

Discussion thématique annuelle sur la coopération technique

Arrière

20 Juin 2017

Déclaration de Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

35ème session du Conseil des droits de l’homme

Excellences,
Chers intervenants,
Collègues et amis,

Je me réjouis de cette occasion qui m'est offerte de discuter des programmes de coopération technique entrepris par le HCDH – programmes dont nous pouvons être fiers, à juste titre, je pense.

Une coopération technique efficace est l'une des clés de la prévention. Prévention des souffrances; prévention de la discrimination et de l'exclusion; prévention des conflits.  Et le rapport que vous avez sous les yeux, qui examine quelques-uns des enseignements de la coopération technique et le renforcement des capacités que nous avons engagé au cours de la dernière décennie, constitue un impressionnant récapitulatif des nombreux types de coopération existant dans le monde. Il démontre combien il est important de coordonner tous les travaux du HCDH afin que l'assistance juridique débouche naturellement sur des programmes d'aide pratique – qui, pour être pertinents et efficaces, doivent également s'ancrer dans les contributions des travaux de suivi et de défense des intérêts publics.

Une coopération technique efficace bénéficie également de la forte intégration dans les travaux des équipes de pays des Nations Unies, notamment dans le cadre de l'Agenda 2030.  Ce sont les droits de l'homme – en particulier, le droit au développement – qui correspondent au «S» de Sustainable (durable) dans SDG (ODD).

Le HCDH continue de mener d'importants efforts de suivi des effets de notre coopération technique, notamment grâce à notre système de suivi de la performance et aux évaluations périodiques. Et il est évident que les deux éléments fondamentaux de tout programme de coopération sont le temps et le partenariat.

Une approche de type "prêt-à-porter" ne peut constituer une démarche efficace ou de principe. Aucun programme de coopération technique à court-terme ou isolé du contexte élargi ne peut espérer susciter un changement durable.  Pour modifier les conditions fondamentales au sein de la société, il est nécessaire de s'appuyer sur les savoirs locaux, de s'intéresser pratiquement à toutes les dimensions pertinentes de la société et de nouer des relations profondes avec les vrais acteurs et experts – les personnes sur le terrain.

Par exemple, la présence auprès des forces de maintien de l'ordre, des forces militaires et de sécurité fait partie de l'action de la quasi-totalité du personnel du HCDH sur le terrain.  Il s'est avéré que les activités de formation isolées auprès d'unités individuelles sont bien moins efficaces qu'une collaboration soutenue avec les écoles militaires et de police et qu'une réforme plus systématique.

Pour mener une coopération technique réussie, il est également important de faire en sorte que les progrès soient visibles et vérifiables. Le système en ligne du Paraguay qui permet de notifier le suivi des recommandations en est un excellent exemple, notamment en ce qui concerne tous les programmes et politiques concernés; ce modèle est reproduit en Uruguay, en République dominicaine, au Chili, au Guatemala et au Honduras, entre autres. Ailleurs, à Fidji, en Mongolie et en Tunisie, notamment, des outils identiques sont utilisés.  Le HCDH a également fourni une aide massive pour permettre aux États d'instaurer des plans d'action nationaux relatifs aux droits de l'homme et d'améliorer la coordination de la mise en œuvre par l'intermédiaire des mécanismes nationaux de notification et de suivi. 

Ce genre d'approche systémique implique de collaborer avec l'INDH et avec la société civile – notamment les personnes appartenant à des groupes vulnérables et traditionnellement exclus – ainsi qu'avec les autorités régionales, nationales et locales.  Nous sommes également très attachés à promouvoir une forte responsabilisation en matière de suivi des plans nationaux et des recommandations internationales.

En s'efforçant d'instaurer des mécanismes exhaustifs et approfondis de collaboration sur l'ensemble des questions et avec les acteurs nationaux et locaux, le personnel du HCDH doit pouvoir s'appuyer sur un mandat à long terme pour le personnel du HCDH sur le terrain et s'assurer un financement. Les interventions brèves et non durables qui ne bénéficient pas d'un suivi adéquat ne sont pas des approches optimales pour mettre en œuvre les droits de l'homme. La plupart de nos activités de coopération technique les plus efficaces s'étendent sur des durées de cinq à dix ans, voire davantage.

Il serait impossible de citer l'ensemble des programmes couronnés de succès que nous avons entrepris, mais notre expérience en Colombie, par exemple, a démontré que les effets de notre action sont nettement amplifiés lorsque nous avons le temps, les moyens et la possibilité de mettre pleinement en pratique notre mandat. En Tunisie, également, le HCDH a contribué à instaurer le processus constitutionnel, à renforcer les institutions indépendantes et à établir des mesures efficaces de lutte contre le terrorisme. En Ouganda, nous avons aidé à intégrer les droits de l'homme dans la stratégie de développement Vision 2040.  En Thaïlande, avec l'ONUDC, nous avons contribué à promouvoir les réformes du secteur de la justice, notamment par des améliorations des conditions des femmes détenues. Un protocole type a été élaboré avec ONU femmes en faveur des enquêtes sur les homicides de femmes dans tous les pays d'Amérique centrale et d'Amérique latine. En Europe, nos efforts en vue d'orienter la directive de l'UE relative à la traite constituent un autre exemple de l'incidence des initiatives régionales au plan national.

En l'attente du troisième cycle de l'EPU, la coopération technique sera essentielle pour faire progresser la mise en œuvre des recommandations. De nombreux États membres sont très bien placés pour apporter des conseils, des suggestions et un soutien. Le HCDH a contribué à nombre d'initiatives efficaces en matière de coopération Sud-Sud. J'invite tous les représentants des États membres à réfléchir à la manière dont, eux aussi, peuvent contribuer à la coopération technique en vue de défendre les droits de l'homme.

Merci, j'attends vos débats avec un grand intérêt.

Aider les États à faire respecter les droits de l’homme
Arrière