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Le Conseil achève son débat sur les droits de l'homme et la solidarité internationale, et sur le droit à l'éducation

Arrière

19 Juin 2018

Conseil des droits de l'homme
MI JOURNÉE 

19 juin 2018

Le Conseil des droits de l’homme a achevé, cet après-midi, le débat qu’il avait entamé hier avec M. Obiora Chinedu Okafor, l’Expert indépendant sur les droits de l’homme et la solidarité internationale, et Mme Koumbou Boly Barry, la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation.  De nombreuses délégations* ont pris part à ce débat.  

La présentation des rapports des deux experts est à lire dans notre communiqué d’hier.

Bon nombre de délégations qui se sont exprimées cet après-midi sur les droits de l’homme et la solidarité internationale ont salué « l’approche droit de l’homme » de l’Expert indépendant s’agissant de la solidarité internationale, qui doit notamment permettre la réalisation des Objectifs de développement durable.  Certaines délégations ont exprimé leurs souhaits de voir aboutir le projet de déclaration sur la solidarité internationale et ont invité l’Expert indépendant à travailler dans ce sens.  D’autres délégations ont présenté leurs propres initiatives de coopération régionale, internationale ou Sud-Sud.  

En réponses à certaines questions, M. Okafor a expliqué que le projet de « déclaration sur les droits des peuples et des individus à la solidarité internationale » était en cours de consultation.  L’expert a indiqué qu’il abordait les sujets sous l’angle de l’incidence sur la solidarité internationale : ainsi, il peut étudier l’incidence sur la solidarité internationale telle qu’elle se manifeste dans le phénomène migratoire.  M. Okafor a expliqué que s’il arrivait à donner des preuves des retombées positives pour tous les pays de la solidarité internationale basée sur les droits de l’homme, il pourrait contribuer à créer un consensus autour de cette thématique.  

S’agissant du droit à l’éducation, certaines délégations ont salué l’attention accordée par Mme Boly Barry à la problématique de la gouvernance de l’éducation, mettant l’accent sur la transparence et l’obligation redditionnelle.  D’autres délégations ont reconnu le lien entre la jouissance du droit à l’éducation et la réalisation de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Certains intervenants ont souligné que l’éducation était un droit fondamental et vital pour leur développement économique, social et culturel, de même que pour l’épanouissement individuel et collectif des citoyens.

Mme Koumbou Boly Barry s’est dite rassurée par l’engagement des États dans la mise en œuvre du droit à l’éducation.  Elle a dit apprécier que des États aient expliqué comment ils s’organisent concrètement pour rendre compte de la dimension de la gouvernance des systèmes éducatifs.  La Rapporteuse spéciale a aussi insisté sur l’importance fondamentale de la décentralisation du système éducatif : faute de cela, « toutes les belles valeurs développées au niveau international n’auraient absolument aucune chance » d’être appliquées au plan local, a-t-elle fait observer.  La Rapporteuse spéciale a salué le travail vital des gouvernements mais aussi de la société civile, qui se rend dans les endroits les plus reculés des pays pour porter les nouvelles décisions prises à l’échelle mondiale.

Cuba et la Côte d’Ivoire sont intervenues en tant que pays concernés par ces deux rapports.

Le Conseil entamera, en fin d’après-midi, son débat interactif avec la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, et avec le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression.

Dialogue interactif groupé avec l’Expert indépendant sur les droits de l’homme et la solidarité internationale et avec la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation

Pays concernés

Cuba s’est félicitée de la mission effectuée par Mme Virginia Dandan, l’Experte indépendante sur les droits de l’homme et la solidarité internationale qui a précédé M. Obiora Chinedu Okafor.  Mme Dandan a pu se rendre compte des résultats de Cuba en matière de solidarité internationale et de son rôle dans la coopération internationale.  Le représentant a noté que l’experte avait qualifié d’« injustice » le blocus des États-Unis contre Cuba.  La coopération de Cuba est fondée sur les valeurs de solidarité et d’humanité, a-t-il rappelé, raison pour laquelle des milliers de professionnels de la santé cubains apportent leur concours dans 65 nations actuellement, comme ils le font sans discontinuer depuis 1963.  Au titre de la coopération et de la solidarité internationale, le représentant a également mis en avant le rôle des éducateurs et de l’alphabétisation par le biais du programme Yo Si Puedo, qui a été conduit dans 28 pays d’Amérique latine, d’Asie, d’Afrique et d’Océanie.

La Côte d’Ivoire a remercié la Rapporteuse spéciale sur l’éducation, Mme Koumbou Boly Barry, d’avoir accepté son invitation et a noté avec satisfaction la convergence de vues sur la nécessité de développer des « programmes adéquats, accessibles, acceptables et adaptables, sans discrimination géographique, économique, sociale et culturelle ».  Le représentant a accueilli les recommandations de la Rapporteuse spéciale comme une indication d’axes stratégiques et opérationnels de première priorité pour la réussite de son programme d’éducation et de formation au bénéfice de sa jeunesse, notamment en ce qui concerne le renforcement de la formation des enseignants, le rôle vital des parents ou le renforcement de la formation professionnelle.  En revanche, la Côte d’Ivoire aurait souhaité voir la Rapporteuse mettre davantage l’accent sur la nécessité d’accompagner la Côte d’Ivoire par la coopération technique et financière.  En conclusion, la délégation a souhaité que le rapport soit suivi d’une mission conjointe d’élaboration d’un plan d’action opérationnel détaillé, assorti d’un chronogramme et d’un plan de financement.

Débat interactif

S’agissant des droits de l’homme et de la solidarité internationale, l’Union européenne a déclaré qu’en tant que premier contributeur mondial à l’aide au développement, la Commission européenne consacrait, chaque année, sept milliards d’euros à la coopération dans des domaines tels que l’environnement, le changement climatique, l’énergie durable et l’eau, la gouvernance foncière pour améliorer la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et le développement inclusif.  Elle a précisé qu’elle partageait l’idée selon laquelle la solidarité internationale, tout en n’étant ni un concept juridique ni un droit de l’homme, était un principe moral et un engagement politique important.  L’Union européenne a demandé à M. Okafor d’expliquer plus en avant son objectif de construire un consensus sur le thème de son mandat.  

La Namibie a apprécié les recommandations de l’Expert indépendant, surtout sur l’importance critique d’une solidarité internationale fondée sur les droits de l’homme.  À cela, le Pakistan a ajouté que les villes et les autorités locales sont elles aussi susceptibles de contribuer à la solidarité internationale.  

L’Égypte a encouragé l’Expert indépendant à poursuivre ses consultations tous azimuts pour affiner ses activités et les objectifs de son mandat.  Le représentant a appelé de ses vœux le lancement rapide des consultations dans le cadre du processus intergouvernemental à composition non limitée sur un projet de déclaration sur la solidarité internationale.  

Djibouti a partagé le constat de l’Expert indépendant sur l’importance que revêt la réalisation d’une meilleure solidarité internationale fondée sur les droits de l’homme pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que pour répondre aux préoccupations mondiales telles que la question des réfugiés et la question migratoire.  

Le Maroc a souligné qu’une plus grande attention à la solidarité internationale permettrait de garantir la promotion et la protection des droits de l’homme.  Il faut encourager les bonnes pratiques qui existent dans le monde dans ce domaine. 

 L’Angola a expliqué que la solidarité internationale était intrinsèquement liée à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et plus particulièrement de l’objectif 17 : en effet, dans un monde interdépendant, la coopération entre États dans le respect des droits de l’homme est essentielle.  L’Iran a déclaré que le rôle des droits de l’homme est important dans le cadre de la solidarité internationale pour une pleine réalisation des droits de l’homme dans le monde.  La promotion de tous les droits de l’homme doit se faire de manière conforme à la Charte des Nations Unies, a fait remarquer l’Iran.  

Pour le Venezuela, la solidarité internationale doit avoir comme fondement l’être humain à l’abri du capitalisme mesquin.  Le Venezuela favorise des modèles d’intégration régionaux fondés sur le caractère complémentaire des économies, a dit sa délégation.

L’Afrique du Sud a estimé qu’une « déclaration sur les droits des peuples et des individus à la solidarité internationale » permettrait de mieux s’attaquer aux causes structurelles des inégalités et des entraves aux droits de l'homme.  L’Afrique du Sud s’est félicitée de l’attention portée par l’Expert indépendant sur les dangers du nationalisme extrême incitant au racisme et à la xénophobie.  Le Bangladesh a lui aussi souligné que l’idéologie extrémiste avait des répercussions importantes sur la promotion et la protection des droits de l’homme.  Inquiète de la montée du nationalisme, la Chine a dit s’être toujours engagée à renforcer la solidarité internationale, et avoir présenté une résolution, qui a été adoptée, invitant à promouvoir le dialogue et la coopération dans le secteur des droits de l'homme.  

La Fédération de Russie s’est inquiétée de la diffusion d’idées radicales dans la société par le biais du populisme, déplorant en particulier les mouvements d’extrême droite en Ukraine.

La Suède a affirmé que la promotion d’un développement pérenne et équitable était plus importante que jamais.  Elle a remercié l’Expert indépendant pour sa visite cette année.  L’Algérie a, pour sa part, espéré que les objectifs et méthodes que l’Expert indépendant a exposés lui serviront à mener à bien son mandat et a rappelé qu’elle lui avait adressé une invitation.

L’Équateur a souligné la responsabilité de chacun de mettre en œuvre les dispositions de la Charte, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Équateur propose par ailleurs un catalogue d’offres de coopération Sud-Sud à ses partenaires.

Le Nigéria s’est félicité du choix des thèmes par l’Expert indépendant, notamment les réfugiés et la menace du populisme.  Le populisme pose d’énormes problèmes aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile.  C’est pourquoi il n’y a pas de meilleur moment pour consolider une solidarité internationale fondée sur les droits de l’homme, a estimé le Nigéria.  La Bolivie a déclaré qu’il fallait accepter de vivre dans un monde de plus en plus interdépendant.  Elle a encouragé à redoubler d’efforts dans la rédaction du projet de déclaration sur le droit à la solidarité internationale.  

Le Népal a estimé que la solidarité internationale devait être axée sur tous les droits liés au développement et sur le respect des droits de l'homme, notamment des plus vulnérables.  Pour sa part, le Botswana a souligné que la solidarité internationale devrait jouer un rôle prépondérant dans le monde d’aujourd’hui.

Dans une déclaration conjointe au nom de plusieurs organisations non gouvernementales, Associazione Comunità Papa Giovanni XXIII au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1 a salué la vision de l’Expert indépendant sur le droit à la solidarité internationale ainsi que les activités qu’il envisage de mener.  Elle a jugé pertinente l’introduction par le titulaire de mandat de l’expression « solidarité internationale fondée sur les droits de l’homme ».  L’Association a insisté sur la corrélation entre changement climatique et migration, en recommandant de se garder d’attitudes de rejet et de repli sur soi dans ce contexte.  

Pour sa part, l’Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice delle Salesiane di Don Bosco a souligné la pertinence du rôle des jeunes au sein de la société.  Il sera difficile d’atteindre les Objectifs de développement durable dans un climat d’hostilité et de peur de l’autre, a prévenu la représentante, encourageant à la mise en place de mécanismes de collecte d’opinion des jeunes et leur autonomisation.  

S’agissant du droit à l’éducation, plusieurs intervenants, comme la France et l’Australie, ont regretté la publication tardive du rapport, ce qui a des répercussions sur la qualité du débat interactif.  L’Union européenne a salué l’attention accordée par Mme Boly Barry à la problématique de la gouvernance de l’éducation, mettant l’accent sur la transparence et l’obligation redditionnelle.  Elle a prié la Rapporteuse spéciale de clarifier comment les États pourraient évaluer la gouvernance de leurs systèmes éducatifs vis-à-vis de leurs obligations internationales relatives aux droits de l’homme ainsi que de leurs engagements dans le contexte des Objectifs de développement durable.  

Le Togo, au nom du Groupe africain, a indiqué que les pays africains ont toujours considéré l’éducation comme un droit fondamental et vital pour leur développement économique, social et culturel et pour l’épanouissement individuel et collectif des citoyens.  En dépit des progrès réalisés ces dernières années, l’Afrique accuse toujours un retard important par rapport aux autres régions en ce qui concerne le droit à l’éducation, notamment l’accès à une éducation de qualité par les femmes, les personnes handicapées et celles vivant en milieu rural; la formation professionnelle; et le rôle des parents dans la gestion de l’éducation, qui constituent autant de défis pour le continent.  

Certains pays ont fait valoir leurs efforts en vue de l’amélioration de la qualité de l’éducation, le Pakistan signalant, entre autres, que son budget pour l’éducation augmentait chaque année pour la construction d’écoles et l’aménagement et l’équipement.  Le Koweït pour sa part veille à l’amélioration de la formation professionnelle des enseignants, ce qui favorise par contrecoup la qualité de l’apprentissage.  

Les Maldives ont fait état de l’élargissement de leur cursus de formation professionnelle.  « Tout enfant qui n’est pas dans un processus d’apprentissage est immédiatement encouragé à le faire », a déclaré la délégation, qui s’est enorgueillie d’un taux de lecture de 99%, les îles les plus reculées étant couvertes et les élèves disposant de tablettes électroniques.  L’Australie a dit qu’elle coopérait avec les pays voisins dans le domaine de l’éducation, avec pour priorité l’éducation des femmes et des élèves qui vivent dans les régions isolées.  

La France a indiqué que le président Macron avait co-présidé, aux côtés de son homologue du Sénégal, la troisième Conférence du partenariat mondial pour l’éducation, en février dernier à Dakar.  Ce partenariat s’est donné pour ambition de rassembler plus de 3 milliards de dollars pour la période 2018-2020 afin d’aider 67 pays en développement à financer leurs programmes d’éducation et de réduire le nombre d’enfants non scolarisés.  La France y participera à hauteur de 250 millions de dollars, soit une multiplication par dix de sa contribution antérieure.  

Pays confronté à un conflit, l’Iraq a mis l’accent sur ses efforts actuels pour remettre sur pied le système éducatif dans les zones reprises à Daech.  L’Égypte a indiqué avoir instauré la gratuité de l’enseignement à tous les niveaux et qu’en vertu de la Constitution, 4% du PIB doit être consacré à l’éducation.  Le Maroc a dit soutenir le mandat de la Rapporteuse spéciale.  La Tunisie s’est dite favorable au droit à l’éducation, un élément essentiel pour parvenir à un développement durable et à une paix pérenne.  L’éducation doit être accessible, abordable et adaptable.  La société civile joue un rôle fondamental dans ce domaine, a insisté la Tunisie.  

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a souligné que 263 millions d’enfants et adolescents n’ont pas la chance d’entrer à l’école ni d’achever leurs études, tandis que quelque 250 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire n’acquièrent pas les connaissances nécessaires pour déchiffrer les lettres et les chiffres.  Pour que le droit de tout enfant à l’éducation soit réalisé, il faut un système de gouvernance de l’éducation qui, comme le suggère le titulaire de mandat, repose sur la responsabilité, l’accès à l’information, la transparence et la participation.  

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a expliqué que l’éducation jouait un rôle prépondérant dans la promotion et la protection des droits de l’homme.  Les États sont les principaux responsables de la mise à disposition du droit à l’éducation à l’ensemble de la population.  Ils doivent respecter les principes relatifs aux droits de l’homme dans tous les aspects liés à l’éducation, dans une approche axée sur les droits.

Le Saint-Siège a rappelé que tout être humain avait le droit à l’éducation, dont l’objectif ultime est le bien-être dans la société.  La communauté internationale doit faire preuve de davantage de solidarité dans ce domaine.  Les familles doivent pouvoir choisir les écoles qui conviennent le mieux à leurs convictions, a demandé le Saint-Siège.  Le Danemark a souligné que l’éducation aux droits de l’homme était fondamentale dans l’optique de la pleine réalisation de tous les droits de l’homme.  Les enseignants doivent aussi être formés aux droits de l’homme.  Pour le Danemark, l’engagement envers un enseignement aux droits de l’homme pour tous doit être une priorité.  

Le Venezuela a regretté n’avoir pas eu accès en temps et en heure au rapport.  Le Venezuela a dit assurer la gratuité de l’enseignement à tous les niveaux et l’égalité des chances dans l’accès à l’école, sans aucune distinction.  

La Malaisie a dit continuer d’investir en faveur de l’éducation pour sa population, qui est une priorité, en veillant à ce que nul ne soit laissé pour compte.  Elle a demandé à la Rapporteuse spéciale si les cadres régionaux pourraient être utilisés et ce sans qu’il y ait doublon dans les efforts engagés.  L’Algérie a également fait part des efforts qu’elle déploie pour l’éducation pour tous et pour assurer la parité, qui est près d’être atteinte.  L’Afghanistan s’est félicité des progrès réalisés dans la modernisation de son propre système éducatif pour tous les citoyens, sans aucune distinction.  Il a invité le Rapporteur spécial à lui rendre visite dans le cadre de son mandat.  

L’Iran a souligné qu’il était important que les enseignants puissent fournir une éducation aux technologies de l’information et des télécommunications dans un monde globalisé.

L’Équateur a expliqué qu’il garantissait le droit à l’accès à l’éducation pour tous, ce qui lui a permis d’atteindre un taux de scolarité atteignant 97% dans le primaire.  Le système éducatif tient aussi compte de la diversité des peuples, a expliqué la délégation.  La Bolivie a expliqué que sa loi sur l’éducation engageait la participation des communautés – notamment les peuples autochtones – dans l’élaboration des programmes scolaires.  Le Nigéria a dit investir fortement dans le secteur de l’éducation, en vue d’atteindre l’objectif de l’accès à l’enseignement pour tous.  

Le Royaume-Uni a déploré les problèmes qui empêchent l’accès des filles à l’éducation et a estimé qu’une action urgente était nécessaire pour qu’elles reçoivent une éducation de qualité.  L’éducation est un droit de l'homme en soi, il est fondamental pour des sociétés pacifiques, prospères et résilientes, a fait valoir la délégation.  La Slovaquie s’est dite préoccupée que plus d’un quart des enfants dans le monde n’aient pas accès à l’éducation, notamment en raison de conflits armés.  Il s’agit non seulement d’une perte de potentiel mais aussi d’une entrave au développement économique et social, a fait observer la Slovaquie.  Son représentant a demandé à la Rapporteuse spéciale quelle était la priorité à accorder à l’éducation dans la reconstruction post-conflit.  

La Constitution du Népal garantit le droit à l’accès à l’enseignement élémentaire.  Le pays a fait des progrès en matière d’alphabétisation des adultes et a réussi à atteindre la parité.  La délégation a, à cet égard, remercié la communauté internationale pour son soutien.  Le Soudan a fait observer qu’il avait mené à bien des projets d’éducation et qu’il avait réduit le nombre d’illettrés.  Le Soudan a réitéré le droit des réfugiés et des migrants de recevoir une éducation; il a demandé à la Rapporteuse spéciale de donner des indications sur le moyen d’accorder une éducation aux enfants réfugiés.

L’Irlande a souligné que l’éducation était un droit de l’homme important en soi, qui jouait d’autre part un rôle capital pour réaliser d’autres droits et pour assurer l’égalité.  Elle a demandé à la Rapporteuse spéciale de donner des éléments sur le meilleur moyen d’assurer la participation inclusive dans l’éducation.

La Fédération de Russie a appelé la Rapporteuse spéciale à engager les autorités de l’Ukraine à abroger leurs lois porteuses de discriminations linguistiques dans l’éducation.

Plusieurs organisations non gouvernementales ont aussi participé au débat.  L’Organisation internationale pour le droit à l'éducation et à la liberté d'enseignement - OIDEL a déclaré que la bonne gouvernance était à la base du droit à l’éducation.  L’organisation s’est réjouie du lien établi par la Rapporteuse spéciale entre la bonne gouvernance et le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La liberté d’éducation est élément fondamental du droit à l’éducation, a par ailleurs relevé l’organisation.  Catholic International Education Office a dit appuyer une approche fondée sur les droits de l’homme et a demandé aux États de faire preuve de plus de transparence.  La représentante a souhaité obtenir davantage d’informations sur l’interaction entre les établissements d’éducation publics et privés.

Association of World Citizens a demandé aux autorités du Cambodge de prendre des mesures urgentes pour préserver la langue khmère, dans un contexte où les échanges sur les médias sociaux se font dans une langue khmère simplifiée.  L’Association internationale Ius Primi Viri a salué les progrès réalisés par la Côte d’Ivoire, qui a intégré le droit à l’éducation dans sa Constitution et dans sa stratégie nationale de développement.  Le représentant a par ailleurs informé sur les efforts en cours en matière d’éducation pour réintégrer les enfants dans le système scolaire dans les zones contrôlées par les milices houthies au Yémen, qui avaient modifié le contenu des manuels scolaires et des programmes d’enseignement.  

Le Volontariat international femmes éducation et développement a déploré que des millions d’enfants soient privés d’éducation, qui est pourtant l’un des outils les plus puissants pour réussir le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Association for the Protection of Women and Children’s Rights (APWCR) a évoqué la situation au Jammu-et-Cachemire et ses répercussions néfastes sur l’éducation, dénonçant les attaques contre les écoles et les violences contre les enfants par les forces armées indiennes.  Libération a parlé des difficultés auxquelles elle se heurte pour mettre en œuvre des projets auprès des minorités dans l’État d’Assam en Inde.  Rappelant qu’il faut mettre en place une éducation de qualité pour tous, sans discrimination, Asociación de Desarrollo Sociocultural - MBORORO a demandé à la Rapporteuse spéciale quelle serait son approche sur le contenu de l’éducation.  L’ONG a déploré que certaines castes n’aient pas accès à l’éducation en Inde.  De même, Prahar a évoqué l’influence des partis de droite en Inde et le refus d’un accès à l’éducation pour certaines castes.  L’ONG a invité la Rapporteuse spéciale à contacter le Gouvernement indien afin qu’il cesse de soutenir les groupuscules d’extrême droite qui sèment la terreur sur les campus universitaires dans ce pays.  

Center for Organisation Research and Education a lui aussi évoqué des discriminations raciales et ethniques auxquelles les étudiants sont confrontés en Inde, qui reposent sur le manque de sensibilisation à la culture de certaines régions.  L’ONG a prié la Rapporteuse spéciale d’exhorter le Gouvernement à régler ce problème et à créer un climat propice à l’éducation dans la société en général.  World Barua Organization (WBO) a ajouté que le corps enseignant indien était privé de ses droits fondamentaux et qu’il ne pouvait faire entendre sa voix auprès des autorités.  WBO a demandé à la Rapporteuse spéciale de prier le Gouvernement indien d’assurer un environnement propice à l’éducation.  

L’Association pour l’intégration et le développement durable au Burundi a expliqué que l’éducation en Inde fait face à un problème d’intolérance qu’il s’agisse d’écoles chrétiennes ou autre.  Cette intolérance peut mettre en péril la vie même des étudiants.  Le droit à l’éducation doit être protégé.  De nombreuses minorités n’ont pas accès à l’éducation en Inde.  Indigenous People of Africa Coordinating Committee a appuyé l’approche de la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation en Inde, où la culture et les langues diffèrent d’un endroit à l’autre.  L’ONG a mis en garde contre l’encouragement de l’éducation privée en Inde, alors que les budgets publics sont régulièrement réduits.  

Réponses et conclusions des titulaires de mandats

M. OKAFOR a indiqué qu’il ne disposait pas encore de la liste des visites qu’il allait faire, mais qu’il avait déjà reçu des invitations et qu’il prendrait part à un certain nombre de conférences.  En réponse à une observation de l’Égypte au sujet du processus de consultation, l’Expert indépendant a signalé que ce processus avait d’ores et déjà commencé et qu’il se poursuivait avec différentes parties prenantes.  De même, le projet de déclaration sur le droit à la solidarité internationale est en cours de consultation.  L’expert a rappelé qu’il abordait les sujets sous l’angle de l’incidence sur la solidarité internationale : ainsi, il peut étudier l’incidence sur la solidarité internationale telle qu’elle se manifeste dans le phénomène migratoire.

M. Okafor a ensuite expliqué que s’il arrivait à donner des preuves des retombées positives pour tous les pays de la solidarité internationale basée sur les droits de l’homme, il pourrait contribuer à créer un consensus autour de cette thématique.  Il a par ailleurs souligné que le populisme entravait les efforts pour agir de manière conjointe afin de réaliser la solidarité internationale basée sur les droits de l’homme.  C’est l’un des sujets sur lesquels il compte se pencher, a dit l’Expert indépendant.  

MME BOLY BARRY a présenté ses excuses pour le retard qui n’a pas permis à beaucoup d’États de se préparer pour le débat interactif.  Elle s’est dite rassurée par l’engagement des États dans la mise en œuvre du droit à l’éducation.  La Rapporteuse spéciale a apprécié que les États expliquent comment ils s’organisent concrètement pour rendre compte de la dimension de la gouvernance des systèmes éducatifs.  Elle a mis l’accent à cet égard sur le rôle de l’UNESCO dans l’accompagnement des États membres.  Il faut s’assurer que chaque pays adopte une législation forte qui favorise l’approche fondée sur les droits, a expliqué la Rapporteuse spéciale.  

La Rapporteuse spéciale a aussi insisté sur l’importance fondamentale de la décentralisation du système éducatif : faute de cela, « toutes les belles valeurs développées au niveau international n’auraient absolument aucune chance » d’être appliquées au plan local.  Elle a saisi l’occasion pour saluer le travail vital des gouvernements mais aussi celui de la société civile, qui se rend dans les endroits les plus reculés des pays pour porter les nouvelles décisions prises à l’échelle mondiale.  

Mme Boly Barry a en outre souligné que la privatisation n’était pas forcément mauvaise, à condition qu’elle soit réglementée et qu’elle respecte effectivement le droit à l’éducation.  Le Burkina Faso est un exemple concret de mise en œuvre d’un cadre de concertation entre pouvoirs public et privé, société civile et secteur de l’enseignement.  Mme Boly Barry a aussi félicité l’UNESCO pour son partenariat avec les mécanismes des droits de l’homme au niveau de la construction des normes.  

Enfin, Mme Boly Barry a fait observer que, pour aboutir à une éducation réellement inclusive des filles, des femmes et des personnes handicapées, il fallait au préalable développer une vision politique inclusive.  Il faut notamment prendre des mesures spécifiques pour s’assurer que chaque groupe – notamment les personnes en situation de handicap – ait accès à l’éducation.  D’autre part, a conclu Mme Boly Barry, il est important de défendre les valeurs de paix et de solidarité, qui permettent aux personnes d’être en confiance dans le système éducatif.

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1/ Déclaration conjointe: Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII; Compagnie des filles de la charité de Saint Vincent de Paul; International Confederation of the Society of St. Vincent de Paul; Organisation internationale pour le droit à l'éducation et à la liberté d'enseignement – OIDEL; Mouvement international d'apostolat des milieux sociaux indépendants; New Humanity; Passionists International et Union mondiale des organisations féminines catholiques.

*Délégations ayant participé au débat: Union européenne; Togo (Au nom du groupe des pays africains); Namibie; Pakistan; Koweït; Maldives; France; Irak; Égypte; UNICEF; Australie; Djibouti; Saint-Siège; Danemark; Maroc; Angola; Iran (République islamique); Botswana; UNESCO; Tunisie; Venezuela; Afrique du Sud; Chine; Suède; Malaisie; Algérie; Afghanistan; Fédération de Russie; Bangladesh; Équateur; Bolivie (État plurinational de); Nigeria; Royaume-Uni; Népal; Slovaquie; Irlande; Soudan et Botswana.

**Organisations non gouvernementales ayant participé au débat: Organisation internationale pour le droit à l'éducation et à la liberté d'enseignement – OIDEL; Association pour l'Intégration et le Développement Durable au Burundi; Association of World Citizens; Indigenous People of Africa Coordinating Committee; Associazione Comunità Papa Giovanni XXIII (au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1); Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice delle Salesiane di Don Bosco; Volontariat international femmes éducation et développement; Association for the Protection of Women and Children’s Rights (APWCR); Libération; Asociación de Desarrollo Sociocultural – MBORORO; Prahar; Center for Organisation Research and Education; World Barua Organization; Catholic International Education Office et Association internationale Ius Primi Viri.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
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