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Le Conseil des droits de l'homme tient une réunion-débat sur la mortalité et la morbidité maternelles

Arrière

09 Mars 2017

Conseil des droits de l'homme
APRES MIDI 

9 mars 2017

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, cet après-midi, une réunion-débat sur la prévention de la mortalité et la morbidité maternelles évitables comme priorité de tous les États dans le domaine des droits de l’homme.

Dans une déclaration liminaire, Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, s’est félicitée des progrès importants obtenus dans la réduction de la mortalité maternelle, puisque celle-ci a été divisée par deux en 25 ans. La mortalité maternelle est évitable, a-t-elle souligné.  Les femmes les plus vulnérables sont les plus touchées par ce fléau trop répandu, a déploré Mme Gilmore: 800 femmes meurent chaque jours en raison de leur grossesse et à l’accouchement. En outre, des centaines de milliers de jeunes filles perdent la vie lors d’avortements dangereux. Une femme sur trois fera l’objet de violences sexuelles ou physiques, a en outre rappelé la Haut-Commissaire adjointe. Afin d’éliminer la mortalité et la morbidité maternelles, il faut avant tout éliminer les mythes, les stéréotypes, la misogynie et permettre une sexualité sûre et consensuelle, a indiqué Mme Gilmore.

Les panélistes ci-après ont participé au débat: M. Babatunde Osotimehin, Directeur général du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP); Mme Carmen Barroso, Coprésidente du Panel indépendant pour la reddition des comptes; Mme Arzu Rana Deuba, membre du Parlement népalais; et Mme Flavia Bustreo, Sous-Directrice générale en charge de la santé de la famille, de la femme et de l'enfant à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

M. Osotimehin a présenté certaines initiatives pilotes du FNUAP menées avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Malawi, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie pour mettre en place une approche de la santé sexuelle, procréative, maternelle et pédiatrique fondée sur les droits de l’homme.

Mme Barroso a rappelé que les décès des femmes enceintes étaient évitables dans 99% des cas. Elle a salué le rôle du Conseil pour la reddition de comptes s’agissant des violations des droits de l’homme.

Mme Deuba a fait part de son expérience personnelle – un accouchement qui a failli lui coûter la vie - pour expliquer son engagement en faveur de la sécurité de la maternité et faire en sorte que cette problématique devienne une priorité des autorités népalaises.

Mme Bustreo a expliqué quels sont les progrès accomplis et les défis à relever en termes de mortalité maternelle.  Elle a relevé que même si celle-ci a chuté d’environ 44% entre 1990 et 2015, quelque 830 femmes meurent encore chaque jour de causes évitables liées à la grossesse ou à l’accouchement. 

Parmi les intervenants* qui ont pris part au débat, un grand nombre ont souligné que la pauvreté et le manque d’accès aux services de santé étaient des facteurs significatifs de mortalité maternelle. Il a été rappelé que le développement durable était impossible sans protéger les droits des femmes. Certaines délégations ont insisté sur l’importance du choix des femmes, et d’elles seules, concernant leur santé sexuelle.  Nombre d’intervenants ont insisté pour que l’accès à des services de santé équitables et efficaces ainsi qu’une éducation sexuelle complète soient garantis à chaque femme.

Le Conseil poursuivra ses travaux demain matin à 9 heures en entamant son débat renforcé sur les droits de l’homme des migrants.

La mortalité et la morbidité maternelles évitables comme priorité de tous les États dans le domaine des droits de l’homme

Déclaration liminaire

MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a indiqué que le débat aurait pour objectif de faire des recommandations concrètes aux États et aux autres parties concernées pour réduire la mortalité et morbidité maternelles. Mme Gilmore s’est félicitée des progrès importants obtenus dans la réduction de la mortalité maternelle, puisque celle-ci a été divisée par deux en 25 ans. Les femmes les plus vulnérables sont les plus touchées par ce fléau trop répandu, a déploré Mme Gilmore: 800 femmes meurent chaque jour en raison de leur grossesse et à l’accouchement ; des centaines de milliers de jeunes filles perdent encore la vie lors d’avortements dangereux. Une femme sur trois fera l’objet de violences sexuelles ou physiques. Des centaines de milliers de femmes et de jeunes filles doivent obtenir l’autorisation d’un tiers pour prendre des décisions relatives à leur propre santé. Mme Gilmore a dénoncé le mépris général pour l’autonomie des femmes. Afin d’éliminer la mortalité et la morbidité maternelles, il faut avant tout éliminer les mythes, les stéréotypes, la misogynie et permettre une sexualité sûre et consensuelle, a souligné la Haut-Commissaire adjointe.

Mme Gilmore s’est félicitée que les États aient décidé de lutter résolument contre la mortalité et la morbidité maternelles dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a signalé la création d’un groupe de travail de haut niveau sur la santé et les droits des femmes par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et l’Organisation mondiale de la Santé.

Le débat était animé par MME BEATRIZ LONDOÑO SOTO, Représente permanente de la Colombie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève.

Exposés des panélistes

M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations pour la population (FNUAP), a souligné que si la question de la mortalité et de la morbidité maternelles relève des droits de l’homme, c’est à cause des conséquences tragiques de la privation du droit à la santé sexuelle et procréative, des conséquences qui frappent parfois des enfants de 9 ou 10 ans. Pour y remédier, et pour sauver des vies, il faut disposer de systèmes de santé forts et garantir l’accès aux moyens de contraception. Dans la plupart des cas, la mortalité et la morbidité résultent de l’inégalité entre les sexes, l’un des problèmes les plus graves auxquels le monde est confronté.

M. Osotimehin a présenté certaines initiatives pilotes du FNUAP menées avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Malawi, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie pour mettre en place une approche de la santé sexuelle, procréative, maternelle et infantile fondée sur les droits de l’homme.  Appliquée en partenariat avec les autorités locales et la société civile, cette approche a un rôle catalyseur sur la planification de la santé et sur le traitement des causes du manque d’accès aux soins de santé.  Le FNUAP travaille maintenant dans plus de vingt pays pour aider les institutions locales sur cette question.

Au niveau mondial, il est important que les services d’accès à la contraception soient disponibles et respectent les droits de l’homme. Une approche fondée sur les droits de l’homme doit inclure l’analyse des causes à l’origine du problème de la mortalité et de la morbidité maternelles. En conclusion, M. Osotimehin a demandé au Conseil de jouer son rôle pour traduire cette approche en réalité.

MME CARMEN BARROSO, Coprésidente du groupe d’experts indépendants pour la responsabilisation du mouvement Toutes les femmes, tous les enfants, a félicité le Conseil d’avoir établi, par plusieurs de ses résolutions, un lien formel entre la santé maternelle et les droits de l’homme. Mme Barroso a aussi salué la publication en 2014, par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, de son Guide technique concernant l’application d’une approche fondée sur les droits de l’homme à la mise en œuvre des politiques et des programmes visant à réduire et à éliminer la mortalité et la morbidité évitables des enfants de moins de 5 ans, et recommandé aux États de le diffuser – et de l’appliquer.

Mme Barroso a souligné l’importance de la responsabilisation dans la réalisation des droits de l’homme, une stratégie défendue également par le Conseil. Elle a recommandé à ce titre aux États de renforcer leurs mécanismes de reddition de compte au niveau national et local, rappelant que les décès de femmes enceintes sont évitables dans 99% des cas. Mme Barroso a souhaité que l’Examen périodique universel prenne davantage en compte la question de la responsabilisation. Elle a recommandé enfin aux États d’améliorer l’accès des jeunes femmes et des adolescentes aux contraceptifs: cette mesure pourrait réduire la mortalité maternelle d’un tiers. À ce propos, il n’est pas nécessaire de réinventer la roue, a dit l’experte: les États doivent seulement se baser sur l’excellente Observation générale n° 22 (2016) sur le droit à la santé sexuelle et procréative, élaborée par le Comité de droits économiques, sociaux et culturels, et sur les orientations de l’OMS et du FNUAP. D’une manière générale, a souligné enfin Mme Barroso, l’un des problèmes les plus pressants est la responsabilisation vis-à-vis des violations des droits des adolescents.

MME ARZU RANA DEUBA, membre du Parlement du Népal, a expliqué qu’elle avait failli mourir lors de son accouchement, une épreuve qui a été à la base de son engagement. Sa vie personnelle lui a permis de mieux comprendre qui se passait dans son pays. Beaucoup de villageoises décédaient suite à des problèmes lors de la grossesse ou de l’accouchement. Il s’agissait d’une crise des droits de l’homme, mais d’une crise silencieuse. C’est pourquoi Mme Deuba est devenue militante. Il y a eu une mobilisation autour de cette question. De plus en plus de personnes ont réalisé ce que vivaient les femmes népalaises. Il a ensuite été décidé de créer un groupe de personnes qui connaissait cette question. Cette formation s’est regroupée autour d’une cause: sauver la vie des femmes. Le Gouvernement ayant fait de ce problème une priorité, des budgets ont été libérés et des centres de prise en charge ont été ouverts.

Mme Deuba a encouragé toutes les personnes enthousiastes à se saisir des problèmes pour les porter à la connaissance des autorités et d’instaurer un dialogue jusqu’au niveau le plus élevé. Dans ce type d’action politique, il faut vérifier que l’argent arrive jusqu’aux personnes concernées, a souligné Mme Deuba, rappelant que les budgets doivent tenir compte des indispensables efforts de mobilisation.

MME FLAVIA BUSTREO, Sous-Directrice générale en charge de la santé de la famille, de la femme et de l'enfant à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a exposé quels ont été les progrès accomplis et quels sont les défis à relever en matière de mortalité maternelle. Si celle-ci a chuté d’environ 44% entre 1990 et 2015, il n’en reste pas moins que 830 femmes environ meurent chaque jour de causes évitables liées à la grossesse ou à l’accouchement.  La première cause de mortalité maternelle est l’hémorragie postpartum, viennent ensuite les infections et les accouchements dans des conditions peu sûres. Que peuvent faire les services de la santé à cet égard? Avant tout fournir des services complets respectueux des femmes, y compris de leur droit d’être correctement informées sur les questions de santé, a souligné Mme Bustreo.

Par ailleurs, la mortalité maternelle reflète les inégalités dans l’accès aux services de santé et marque l’écart qui existe entre les riches et les pauvres dans ce domaine. Le Brésil a réussi à réduire ces inégalités, a souligné Mme Bustreo. Elle a recommandé aux États de se doter de mécanismes exploitant des données pour identifier les causes des inégalités et y remédier.  Le secteur de la santé doit, pour sa part, mener une action de sensibilisation sur les causes fondamentales de la mortalité maternelle: pauvreté, manque d’hygiène et manque d’éducation, notamment.

Débat

L’Union européenne s’est félicitée de ce que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 tienne compte du problème de la santé maternelle, alors que plus de 800 femmes meurent tous les jours de complications liées à leur grossesse ou leur accouchement. Les femmes doivent avoir un contrôle total sur les choix relatifs à leur santé sexuelle, a recommandé l’Union européenne. L’accès à des services de santé équitables et efficaces ainsi qu’une éducation sexuelle complète doivent être garantis à chaque femme.

Le Brésil a affirmé le caractère fondamental du droit à la santé sexuelle et procréative. Les femmes doivent pouvoir prendre des décisions libres et éclairées quant à leur santé sexuelle. Le manque d’informations et le manque d’accès aux soins, de même que la malnutrition, sont des facteurs importants de la mortalité maternelle, a relevé le Brésil.  L’Uruguay, s’exprimant au nom d’un groupe de pays, a lui aussi insisté sur l’importance du contrôle par les femmes de leur santé sexuelle et procréative. L’Uruguay a recommandé que toutes les femmes aient accès à une éducation sexuelle digne de nom.

Le Danemark, s’exprimant au nom d’un groupe de pays, a souligné que les avortements illégaux étaient responsables de nombreux décès évitables, une situation imputable en grande partie à la discrimination. La santé procréative étant un droit fondamental, le Danemark a, à son tour, insisté sur la nécessité d’une éducation sexuelle complète et de qualité. Le Portugal a regretté que les femmes vivant dans les régions rurales et les communautés les plus pauvres soient particulièrement touchées par la mortalité maternelle. La maîtrise de leur santé sexuelle passe par l’éducation sexuelle et l’autonomisation des femmes, a relevé le Portugal.

Pour la Colombie, qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays, la mortalité maternelle est imputable avant tout aux inégalités. Elle a demandé aux panélistes ce que les États pourraient faire pour réduire la mortalité des femmes réfugiées pendant l’accouchement.

La Tunisie, au nom du Groupe africain, a souligné que les pays africains étaient les premiers concernés par la mortalité maternelle. Le Groupe africain est convaincu que la réduction de la mortalité maternelle est une priorité du développement. Il plaide pour des mécanismes de financement novateurs et pour de meilleures contributions du secteur privé.

L’Australie a dit mettre l’accent, dans ses politiques de santé maternelle, sur les groupes vulnérables tels que les peuples aborigènes. Le Vietnam a adopté une Stratégie nationale sur la santé procréative qui a pour priorité la qualité et l’accessibilité des services. Pour sa part, l’Indonésie a fait de l’amélioration de l’accès au planning familial une de ses priorités. Le Soudan a salué les efforts déployés par l’OMS pour prévenir la mortalité et la morbidité maternelles. Le Soudan a indiqué accroître la couverture géographique de ses services de santé afin de prévenir la mortalité maternelle.

La République bolivarienne du Venezuela a indiqué que les soins apportés aux femmes enceintes sont une priorité pour le pays, qui a aussi réévalué les programmes prénatals.  Le Venezuela va aussi intensifier et renforcer les mesures pour réduire le nombre de grossesses précoces et éradiquer la mortalité maternelle.

Les États-Unis ont rappelé que la pauvreté et le manque d’accès aux services de santé étaient des facteurs significatifs de mortalité maternelle. USAID a fait de cette question une priorité.  Le Chili a confirmé que la mortalité infantile avait lieu d’abord dans les pays en développement.  Les avortements clandestins sont l’une des causes profondes de la mortalité maternelle, a en outre souligné la délégation chilienne, rappelant que la discrimination envers les femmes provoque ces décès.

La Nouvelle-Zélande a indiqué que le développement durable était impossible sans protéger les droits des femmes. Les stéréotypes de genre imposent des limites aux femmes et aux fillettes quant à leur santé sexuelle et reproductive, a affirmé le pays.

Le Botswana a rappelé le devoir et la responsabilité des États de promouvoir les droits des femmes. Le statut des femmes et des fillettes est corrélé avec les droits économiques et sociaux, a ajouté le Botswana, indiquant avoir investi dans une stratégie visant à assurer les soins de santé.  El Salvador a rappelé être un des pays de la région à avoir réduit de façon significative la mortalité infantile, sur l’ensemble du territoire.

Les Fidji ont fait observer que la mortalité infantile avait chuté ces dernières années. Toutefois, presque tous les décès sont évitables. Les catastrophes naturelles et le changement climatique jouent un rôle dans la santé des femmes et fillettes enceintes, a ajouté la délégation fidjienne.

L’Inde est l’un des premiers pays à avoir adopté une stratégie pour les grossesses sûres. Cela inclut une couverture santé universelle et gratuite pour les femmes jusqu’à l’accouchement.  Le succès de cette stratégie est crucial pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a souligné l’Inde.

La Bolivie a indiqué avoir mis en place des systèmes de santé préventive. Des subventions sont accordées aux femmes ayant des enfants en bas âge.  Pour sa part, l’Equateur a, depuis 2007, mené des recherches sur les cas de mortalité maternelle suspects.  Des efforts de prévention, associés à la collecte de données, ont été menés qui ont permis une diminution réelle du nombre de décès.

Israël s’est félicité que la mortalité maternelle soit faible dans le pays.  Par ailleurs, le Ministère de la santé encourage l’allaitement dans le cadre d’un programme de santé à l’horizon 2020.  Tout est fait pour que les femmes et les fillettes aient accès aux soins auxquels elles ont droit, a souligné la délégation israélienne.

La Mongolie a estimé qu’il est important de traiter la question de la mortalité maternelle d’une manière globale dans le cadre du Programme 2030.  Le Gouvernement de la Mongolie a mis en œuvre des programmes visant à réduire la mortalité et la morbidité maternelles et le taux a effectivement baissé ces vingt dernières années, tout en variant en fonction du niveau de revenus et selon qu’il s’agisse de zone urbaine ou rurale, a indiqué la délégation.

La Suisse a jugé important de donner aux femmes et aux hommes, aux adolescentes et aux adolescents, l’accès à l’information et à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité.  Il est tout aussi important d’agir sur les causes structurelles  de la mortalité et la morbidité maternelles, notamment les inégalités sociales, l’inégalité de genre, le non-respect des droits de l’homme ou encore la déficience des systèmes de santé.  Quelles mesures les États peuvent-ils adopter pour garantir le respect des droits de l’homme en matière de santé sexuelle, a demandé la délégation suisse?

Au nombre des organisations non gouvernementales qui se sont exprimées, Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII, au nom de plusieurs autres organisations non gouvernementales1, a rappelé que la mortalité est attribuée à trois types de retard: pour demander de l’aide, en raison du manque de transports et en raison de l’inefficacité des services de santé.  L’ONG a demandé si le droit au développement était essentiel pour renforcer les services de santé dans les pays en développement.

Amnesty International a estimé que les politiques et programmes (à mettre en place aux fins de la réduction de la mortalité maternelle) doivent traiter de la discrimination et renforcer l’aide aux défavorisés et marginalisés.  L’ONG a invité à abroger les lois qui punissent les femmes et les filles, y compris pour l’avortement.  Action Canada pour la population et le développement a estimé que la violation des droits reproductifs et sexuels n’est pas prise en compte par les États. En outre les inégalités de genre empêchent les progrès, a souligné l’ONG.

Swedish Association for Sexuality Education a dit que la question n’est plus de savoir que faire pour prévenir la mortalité et la morbidité maternelles, mais où est la volonté politique pour le faire.  L’ONG a appelé les États à appliquer les lignes directrices pour assurer les droits à la santé sexuelle et reproductive.

Alliance Defending Freedom a souligné que les solutions, pour réduire la mortalité maternelle, sont l’éradication de la pauvreté et l’accès aux soins de santé.  Il n’y a pas de corrélation entre l’accès à l’avortement, sur lequel beaucoup se concentrent, et le taux de mortalité et de morbidité maternelles, a en outre affirmé l’ONG.

Plan International a estimé que peu d’attention avait été accordée aux jeunes mères adolescentes, pourtant plus exposées aux risques de mortalité. Les gouvernements doivent permettre aux filles de pouvoir prendre des décisions et d’accéder aux services de santé et de contraception et à une éducation sexuelle à un âge précoce.

Réponses et conclusions des panélistes

M. BABATUNDE OSOTIMEHIN a recommandé d’impliquer les hommes dans la protection de la santé maternelle, en tant que meilleur moyen de surmonter les tabous culturels. Les femmes réfugiées sont particulièrement vulnérables et beaucoup plus exposées à la mortalité maternelle, a aussi mis en garde M. Osotimehin

MME LONDOÑO SOTO a souligné que sur la question de la grossesse et de l’accouchement, il fallait prendre en compte l’ensemble des centres de pouvoir au sein des familles.  Les belles-mères en Inde sont très importantes, par exemple, a-t-elle fait observer. Souvent, il y a des personnes de référence auxquelles on demande si les choses sont correctes ou pas. Les femmes elles-mêmes peuvent changer, mais elles doivent agir ensemble, car une femme qui prend une décision seule peut souffrir de discriminations, a souligné Mme Londoño Soto.

Mme Londoño Soto a par ailleurs souligné que la prévention des avortements à risques devrait se faire par le biais de la fourniture d’informations et de moyens de contraception aux jeunes gens, ainsi que par la fourniture de matériels adéquats aux personnels de santé.

MME BARROSO a souligné qu’il était essentiel de prendre en compte les normes sexistes qui affectent les femmes.  Au Pérou, a-t-elle poursuivi à titre d’exemple, une femme est décédée alors qu’elle vivait près d’un bel hôpital; elle n’a pas osé s’y rendre car son mari n’était pas là et elle n’avait pas pu obtenir son autorisation.  La société civile propose des nouvelles idées; il faut qu’elle puisse travailler librement sans contraintes, a d’autre part souligné Mme Barroso. C’est durant l’adolescence que les normes sexistes s’ancrent, a-t-elle en outre rappelé. Il faut que les adolescents, autant les filles que les garçons, soient conscients des normes sexistes, a-t-elle insisté.  Il faut promouvoir l’éducation sexuelle, grâce notamment aux médias.  Les femmes doivent défendre leurs droits mais avant tout, il faut les convaincre qu’elles ont des droits.

Mme Barroso a par ailleurs souligné qu’il fallait améliorer la situation pour le groupe d’âge  des filles de 10 à 14 ans.  Il faut donner des informations, appropriées à l’âge, très tôt, sur la santé reproductive, a-t-elle affirmé.  Dans certains pays, des informations sont données dès la maternelle s’agissant de ces questions.  Les parents doivent aussi être éduqués, a ajouté Mme Barroso; ils doivent devenir les défenseurs des droits de leurs enfants, afin qu’ils ne les vendent pas dans le cadre d’un mariage précoce, par exemple.  Mme Barroso a relevé qu’il y avait peu de progrès concernant le taux de grossesses chez les adolescentes.  Il faut se poser la question de ce qu’est être adolescente aujourd’hui, a-t-elle souligné.

Mme Barroso a indiqué que les peuples autochtones étaient particulièrement vulnérables. Des praticiens autochtones ont été intégrés dans les systèmes de santé de certains pays d’Amérique latine, afin de créer de la confiance entre les femmes autochtones et les professionnels de la santé, a-t-elle souligné.

Mme Barroso a par ailleurs souligné que les données montrent qu’un avortement sûr sauve des vies.  L’avortement doit être pratiqué dans des conditions sans obstacles permettant aux femmes de faire leur choix, a-t-elle déclaré, plaidant pour la légalisation de l’avortement et l’amélioration de l’accès aux contraceptifs et à l’information et à l’éducation dans ces domaines.

MME BUSTREO a souligné que les médecins et les sages-femmes avaient un rôle très important à jouer, mais ils ont souvent une approche uniquement médicale qui ne tient pas compte de la dimension psychosociale.  Il y a pourtant régulièrement des actes de violence contre des femmes enceintes.  Les sages-femmes ont un rôle important à jouer pour faire évoluer l’approche des médecins.  Il ne faut pas se concentrer uniquement sur les questions médicales, mais aussi sur les droits des femmes. Il y a un lien entre le droit au développement et la mortalité maternelle, a expliqué Mme Bustreo.

Mme Bustreo a affirmé que le droit à la santé maternelle n’était pas un luxe, mais un droit quel que soit le statut de la personne: migrant, réfugié ou encore personne déplacée. Toutefois, on ne peut pas concevoir que la Jordanie, par exemple, puisse offrir seule des soins adéquats aux deux millions de réfugiés qui vivent dans ce pays; c’est donc à la communauté internationale d’apporter son aide.

Mme Bustreo a par ailleurs rappelé les excellents résultats de l’Italie en termes de taux de mortalité maternelle et a souligné que le pays avait reconnu le droit à la santé dans sa Constitution dès 1948.  Elle a d’autre part insisté sur l’importance pour les pays de mettre en place des systèmes de collecte de données s’agissant des décès maternels.

MME DEUBA a plaidé pour l’utilisation des médias sociaux afin de diffuser l’information sur la santé reproductive, en expliquant que dans beaucoup de pays, les enseignants sont très embarrassés par rapport à ces questions.  Il faut aussi étudier la manière de parler de santé reproductive dans le cadre de grandes catastrophes.  Beaucoup de femmes avortent après une catastrophe naturelle car elles se disent qu’il n’y a plus d’avenir pour leurs enfants.

Mme Deuba a par ailleurs affirmé que les migrantes étaient également très vulnérables; ce sont celles qui disposent le moins de services de santé, car elles sont souvent invisibles et ne sont pas représentées. Elle a en outre rappelé que les avortements à risques existent dans le monde entier et que des femmes en meurent en silence.  La meilleure prévention reste la planification familiale et l’information, a-t-elle souligné.

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*Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre du débat: Union européenne, Brésil, Uruguay (au nom d’un groupe de pays), Danemark (au nom d’un groupe de pays), Portugal,  Colombie (au nom d’un groupe de pays), Tunisie (au nom du Groupe africain), Australie, Vietnam, Indonésie, Soudan, République bolivarienne du Venezuela, États-Unis, Chili, Nouvelle-Zélande, Botswana, El Salvador, Fidji, Inde, Bolivie, Équateur, Israël, Mongolie, Suisse.

*Les organisations non gouvernementales ont pris la parole dans le cadre du débat: Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII (au nom de plusieurs autres organisations non gouvernementales1); Amnesty International; Action Canada pour la population et le développement; Swedish Association for Sexuality Education; Alliance Defending Freedom; et Plan International, Inc.

1Déclaration conjointe: Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII; Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale (Caritas Internationalis); Compagnie des filles de la charité de Saint Vincent de Paul; Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs; Marist International Solidarity Foundation; Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice delle Salesiane di Don Bosco; Volontariat international femmes éducation et développement; Mouvement International d'Apostolate des Milieux Sociaux Indépendants; Association Points-Cœur; Union mondiale des organisations féminines catholiques; New Humanity.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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