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Débat de haut niveau du Conseil des droits de l'homme : seize hauts dignitaires prennent la parole

Arrière

28 Février 2017

GENEVE (28 février 2017) - Le Conseil des droits de l'homme a entendu, en milieu de journée, dans le cadre de son débat de haut niveau, les hauts dignitaires de quinze pays: Hongrie, Venezuela, Royaume-Uni, Chili, Azerbaïdjan, Argentine, Mongolie, Ukraine, Émirats arabes unis, Chypre, Costa Rica, Tchéquie, Allemagne, Fédération de Russie, Guinée équatoriale.  Le Président du Comité international de la Croix-Rouge est également intervenu.
 
Le Vice-Ministre russe des affaires étrangères a accusé l'Ukraine de ne pas vouloir mettre en œuvre l'Accord de Minsk, notamment en laissant faire les extrémistes de droite qui prônent la violence et bloquent les convois de charbon vers le Donbass.  Les forces d'extrême droite ont libre cours sans que Kiev ne veuille ou ne puisse les retenir, a-t-il insisté.   De son côté le Ministre des affaires étrangères ukrainiens a dénoncé l'agression militaire directe de la Fédération de Russie et a déclaré que les autorités d'occupation commettent des violations systématiques des droits de l'homme et cherchent à détruire  l'identité des peuples ukrainiens, notamment des Tatars. 
 
La plupart des intervenants de cette séance ont mis l'accent sur les efforts consentis et les progrès réalisés par leurs pays respectifs pour promouvoir et protéger les droits de l'homme. 
 
Le terrorisme, les conséquences de crises politiques internes et différents conflits – Ukraine, Syrie, Soudan du Sud, Libye, Palestine, entre autres – ont souvent été cités comme autant de défis lancés à la réalisation des droits de l'homme au plan international.  A l'instar de Bahreïn et de l'Arabie saoudite, certains se sont alarmés de la situation au Yémen.  Ont également été évoquées les violations graves des droits de la communauté musulmane rohingyia au Myanmar. 
 
Certains hauts dignitaires ont également attiré l'attention sur le phénomène des migrations et le nombre croissant de réfugiés et de personnes déplacées.  La Commissaire du Gouvernement fédéral de l'Allemagne pour la politique des droits de l'homme et l'aide humanitaire a rappelé que l'Allemagne avait accueilli plus d'un million de personnes fuyant la guerre et le conflit et a recommandé aux pays d'origine de s'efforcer d'éliminer les causes ayant forcé leur population à se déplacer.   
 
Face à des tensions et défis persistants, le travail du Conseil des droits de l'homme est plus important que jamais, ont souligné plusieurs hauts dignitaires.  Certains se sont prononcés pour un renforcement du Conseil, de ses mécanismes et des organes de traités.  Plusieurs intervenants ont fortement appuyé les activités du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, se disant particulièrement attachés au maintien de son indépendance. 
 
Le Président du CICR s'est attaché à démontrer le pouvoir positif de la loi dans la protection des personnes lors de circonstances présentant des défis sérieux, notamment dans le cadre de conflits armés, d'autres situations de violence et des menaces à l'ordre public.  
 
ès-midi son débat de haut niveau.

Suite du débat de haut niveau
 
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a dit sa déception face aux attaques des médias internationaux à propos de la situation des droits de l'homme dans son pays.  La question des droits de l'homme est trop importante pour être politisée, a estimé le Ministre.  La Hongrie va tout mettre en œuvre pour que ses rapports sur les droits de l'homme soient rédigés par des gens de terrain et non par des bureaucrates ou des organisations non gouvernementales aux visées politiques, comme c'est trop souvent le cas aujourd'hui, a ajouté M. Szijjártó. 
 
 M. Szijjártó a mis en garde contre la montée de la christianophobie et les persécutions auxquelles font face de nombreux chrétiens dans le monde.  Le monde occidental considère le problème de la christianophobie de manière étrange, comme la dernière forme de discrimination acceptable, a regretté le Ministre.  La focale n'est que très rarement mise sur le sort des chrétiens, a-t-il déploré.  M. Szijjártó a exhorté la Cour pénale internationale à se saisir de cette question.  Le Ministre a plaidé pour qu'il soit mis fin «à la culture d'impunité» et au «deux poids deux mesures» concernant le sort des chrétiens  et demandé la création de zones de sécurité au Moyen Orient pour les chrétiens. 
 
Les migrations de masse sont le défi le plus grave auquel est confronté le monde, a affirmé M. Szijjártó.  Une approche hypocrite et politiquement correcte de la question freine le règlement de cette problématique.  Violer de nombreuses frontières n'est pas un droit fondamental, a-t-il estimé.  Les migrants doivent rester le plus près possible de chez eux pour revenir dans leurs foyers après un conflit.  Le règlement des conflits est la seule solution pérenne pour mettre fin aux migrations, a précisé le Ministre hongrois.  Un traitement inapproprié des minorités nationales est source de conflits, a également observé  le Ministre.  Le Conseil des droits de l'homme doit être le chef de file pour inspirer aux États membres des bonnes pratiques à cet égard.  Si, en Europe, la question des minorités a toujours posé problème, un pays comme la Serbie a montré la voie sur ce sujet et a prouvé que la compréhension mutuelle pouvait être facteur de paix, a conclu M. Szijjártó.
 
MME DELCY RODRIGUEZ GÓMEZ, Ministre des affaires étrangères de la République bolivarienne du Venezuela, a dénoncé la finance internationale en tant qu'obstacle au développement des peuples et à la paix.  Le capitalisme provoque des inégalités à cause de cet ordre économique qui ne place pas l'être humain au cœur de son projet.  Un pourcent de la population du monde détient 90% des richesses mondiales, a rappelé la Ministre.  Huit personnes disposent de la richesse de la moitié du monde, a souligné Mme Rodríguez Gómez.  Les mesures coercitives unilatérales sont une autre source d'injustice, a dénoncé la Ministre.  On pénalise ainsi les modèles qui sont différents de cet ordre financier inhumain, créateur de génocide.  L'Iran, la Fédération de Russie et la Venezuela sont solidaires avec le peuple cubain qui a souffert de ces mesures coercitives unilatérales, a dit la Ministre vénézuélienne.  Les conflits et les guerres constituent une autre forme d'accaparement, a affirmé Mme Rodríguez Gómez.  La peur qui suit une attaque terroriste est la meilleure justification pour les ventes d'armes et la guerre.  Après les attentats de Paris en novembre 2015, les actions en bourse d'une entreprise d'armement ont augmenté sensiblement, a affirmé la Ministre, rappelant le caractère inaliénable du droit à la paix.
 
La stabilité du monde est compromise par des pouvoirs en marge de la communauté internationale et des règles des Nations Unies, a regretté la Ministre.  En 2016, le Haut-Commissariat aux réfugiés a recensé 65,13 millions de personnes déplacées à cause des conflits ou de la persécution.  Le pire est que la majorité des réfugiés sont des enfants.  Ce sont des défis que le Conseil doit relever.  Il faut épargner au Conseil le même sort que celui de la Commission des droits de l'homme, empêcher l'instrumentalisation du Conseil et construire un nouvel ordre où les puissances financières soient contenues et interdites de bafouer les droits de l'homme, a plaidé la Ministre.  Le Président du Venezuela a demandé d'agir contre l'intolérance et contre la haine, défendant un dialogue entre les civilisations et les religions, a expliqué Mme Rodríguez Gómez.  Il reste peu de temps pour préserver et sauver l'humanité d'un modèle immoral, a mis en garde la Ministre.  Certains tentent de lutter contre le modèle qu'est le Venezuela: pourtant, ce pays applique une politique sociale qui n'a rien à envier à d'autres pays développés, a affirmé Mme Rodríguez Gómez.  Les droits économiques, sociaux et culturels sont garantis au Venezuela.  Un processus d'agression permanent contre le Venezuela vise à profondément blesser le pays, a conclu la Ministre. 
 
M. ALOK SHARMA, Sous-Secrétaire d'État parlementaire au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, s'est déclaré prêt à rappeler à l'ordre tous les auteurs de graves violations et abus des droits de l'homme, tout en travaillant en partenariat avec ceux qui procèdent à des réformes positives.  Il a abondé dans le sens de l'analyse du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme qui a encouragé les États et la société civile à œuvrer de concert pour défendre, sans relâche, les valeurs universelles.  Rappelant que le programme des travaux de la présente session  touche à toutes les situations urgentes, M. Sharma a mis l'accent sur la nécessité d'assumer les responsabilités, notamment face aux témoignages sur les violations des droits de l'homme en Syrie, et d'appuyer les efforts entrepris sous la houlette de l'ONU en vue d'un règlement politique durable de la crise syrienne.  Il a recommandé que le Conseil demeure saisi de la question.  Évoquant la session extraordinaire que le Conseil a tenue sur le Soudan du Sud en réponse aux allégations troublantes de violations et d'abus sur le terrain, M. Sharma a fait remarquer que le Soudan du Sud est désormais en proie à la famine et a jugé impératif de reconduire le mandat de la Commission des droits de l'homme dans ce pays et de le renforcer pour qu'elle puisse mener des enquêtes et garantir la redevabilité individuelle. 
 
M. Sharma a ensuite appelé à accorder le temps voulu au Gouvernement de Sri Lanka pour qu'il puisse pleinement mettre en oeuvre la résolution adoptée par le Conseil en octobre 2015 s'agissant de ce pays et prendre les mesures post-conflit requises aux fins d'ancrer la stabilité, la réconciliation et la justice.  Saluant les progrès en matière de démocratisation et l'élection d'une nouvelle administration civile au Myanmar, M. Sharma a toutefois exprimé sa profonde préoccupation face aux allégations de violations commises par les forces de sécurité contre les Rohingyas dans les États de Rakhine et de Shan.  A cet égard, il a fortement appuyé l'adoption d'une résolution robuste du Conseil sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, ainsi que le renouvellement du mandat du Rapporteur spécial sur ce pays.  S'agissant de la République populaire démocratique de Corée, M. Sharma a recommandé de faire comparaître devant la justice les auteurs des violations systémiques des droits de l'homme.     
 
MME LORENA FRIES MONLEÓN, Sous-Secrétaire aux droits de l'homme du Chili, a pointé l'environnement incertain auquel fait actuellement face la communauté internationale, engendré par les nombreux conflits qui ravagent le monde, ainsi que par les changements politiques dans certains États, notamment pour ce qui est du principe de non-discrimination basée sur la nationalité ou la religion.  Mme Fries Monleón a fait valoir que le Chili était partie à la plupart des instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l'homme et avait adopté le Programme de développement durable à l'horizon 2030.  La création du Sous-Secrétariat aux droits de l'homme dont elle a la charge atteste, selon elle, de la volonté du Gouvernement du Chili de promouvoir les droits de l'homme.  Sous l'impulsion de la Présidente chilienne, Mme Bachelet, un Ministère des peuples autochtones va être créé, ainsi qu'un poste de Défenseur des enfants et un Mécanisme national de prévention de la torture, a-t-elle en outre fait valoir, évoquant également l'élaboration d'un premier Plan national des droits de l'homme. 
 
La torture est un fléau, a poursuivi Mme Fries Monleón.  Il faut tirer tous les signaux d'alarme concernant la torture, trouver des mécanismes de prévention et assurer l'obligation redditionnelle de ceux qui ont recours à cette pratique, a-t-elle souligné.  Elle a rappelé que le Chili avait entrepris des réformes structurelles garantissant les droits sociaux pour tous, sans discrimination.  Une réforme fiscale a été mise en place, a-t-elle également fait valoir, ajoutant que la Présidente chilienne est une référence pour ce qui est de la promotion des droits des femmes.  Le Gouvernement chilien s'est engagé à aller encore plus loin sur ces questions et un projet de loi global sur le droit des femmes à vivre sans violence a été déposé  au Parlement.  L'initiative visant à dépénaliser l'interruption volontaire de grossesse, menée après de nombreuses consultations, prévoit la possibilité de mettre un terme à la grossesse en cas de danger pour la mère, de non-viabilité du fœtus, ainsi qu'en cas de viol.  Le Gouvernement chilien est également engagé à punir les discriminations liées à l'identité de genre et à l'orientation sexuelle, a ajouté Mme Fries Monleón.  Le Chili a préparé un rapport à mi-parcours sur la mise en œuvre des recommandations que le pays a acceptées lors de son Examen périodique universel, a-t-elle ajouté.  En conclusion, Mme Fries Monleón a présenté la candidature de son pays à un siège de membre du Conseil pour la période 2018-2020. 
 
M. MAHMUD MAMMAD-GULIYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Azerbaïdjan, a informé le Conseil des récentes évolutions de son pays pour renforcer les droits de l'homme, l'état de droit et la démocratie.  Il a notamment cité l'adoption d'une loi sur le financement des organisations de la société civile, qui devrait faciliter leurs activités.  Le Président a également signé un décret sur l'amélioration des services et opérations pénitentiaires, dont le but est notamment de renforcer le cadre anticorruption dans les services pénitentiaires.  L'Azerbaïdjan a également adopté un plan d'action visant à surveiller les activités des industries extractives en accord avec les organisations de la société civile.  Le pays entend poursuivre ces efforts, comme en témoigne sa pleine coopération avec le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et les mécanismes des Nations Unies.  A ce titre, le Vice-Ministre a regretté que le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme ne reflète pas cette coopération, ni les évolutions positives survenues dans le pays, créant une fausse image de la réalité sur le terrain.  Son rapport de visite est partial et déséquilibré, a insisté M. Mammad-Guliyev, indiquant que son pays a fait des commentaires à ce rapport, qu'il souhaite voir ajoutés au rapport. 
 
Le Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Azerbaïdjan a ensuite évoqué la situation dans le Nagorno-Karabakh, région de la République d'Azerbaïdjan occupée par l'Arménie qui y opère un nettoyage ethnique, a-t-il affirmé, avant d'ajouter qu'en 1992, un «génocide» y a été commis, avec plus de 600 civils tués. 
 
M. PEDRO RAÚL VILLAGRA DELGADO, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Argentine, a reconnu que le Conseil est l'organe multilatéral par excellence pour l'établissement d'un dialogue conduisant à la coopération, la paix et la sécurité internationales.  Il a mis en exergue dans ce contexte le rôle déterminant joué par les procédures spéciales et les organes conventionnels dans la recherche d'une inclusion plus effective et dans la lutte contre la discrimination et la violence si préjudiciables au sein des sociétés. 
 
M. Villagra Delgado a ajouté que l'histoire des violations et abus des droits de l'homme en Argentine a fait de ce pays un témoin direct du pouvoir qu'ont les actions entreprises par les organismes internationaux de protection des droits de l'homme dans l'instauration de la paix et de la confiance entre la société civile et l'État.  Il a renouvelé l'engagement de son pays, aux côtés de la France, en vue d'une ratification universelle de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.  Une manifestation commémorative de haut niveau a été organisée à ce propos le 17 février 2017 à New York, a-t-il précisé.  M. Villagra Delgado a également fait état de la tenue en décembre 2016, à Genève, de la première conférence des États parties à ladite Convention, dont l'objectif était d'évaluer le fonctionnement du Comité des disparitions forcées.  Le Vice-Ministre argentin a mis l'accent sur la présentation par son pays de la candidature de l'expert argentin M. Horacio Ravenna pour siéger à ce Comité pour la période 2017-2021.  M. Ravenna se distingue par un parcours exemplaire de défenseur des droits de l'homme qui remonte à l'époque la plus dure de l'histoire argentine et il a participé à la rédaction de la Convention, a-t-il souligné.  Concernant la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030, il a recommandé de s'attacher à y intégrer les droits de l'homme d'une façon systématique et a insisté sur l'incidence négative de la corruption sur la jouissance des droits de l'homme, civils et politiques, mais également sociaux, économiques et culturels.   
 
M. TSEND MUNKH-ORGIL, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a affirmé que le respect et la promotion des droits de l'homme constituaient les valeurs essentielles sur lesquelles reposaient la Constitution de la Mongolie ainsi que sa politique étrangère.  Il a rappelé à cet égard que la Mongolie avait été un des premiers pays à mettre en place un plan national d'action pour la mise en œuvre de l'Objectif du millénaire pour le développement numéro 9, relatif aux droits de l'homme et à la démocratie.  En outre, la Mongolie s'est engagée à mettre en œuvre pleinement le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et a adopté un programme national à cet effet, qui prévoit notamment l'éradication de la pauvreté, la réduction des inégalités et un meilleur accès à l'éducation et à la santé.   M. Munkh-Orgil a rappelé que la Mongolie était partie à plus d'une trentaine d'instruments des droits de l'homme et avait adopté en avril 2016 un plan d'action pour la mise en œuvre de 150 recommandations qui lui ont été adressées à l'issue de son Examen périodique universel.  Ce plan prévoit, entre autres, un projet de réforme pénale pour abolir la peine de mort et mettre le Code pénal en conformité avec la Convention contre la torture.  En outre, de nouvelles lois relatives à la protection de l'enfance reflétant les recommandations du Comité des droits de l'enfant ont été votées en 2016 et la législation impose désormais de dénoncer les cas de violences domestiques. 
 
Par ailleurs, le Gouvernement porte une attention toute particulière à la lutte contre la corruption dans le secteur public, a poursuivi M. Munkh-Orgil.  Une stratégie nationale de lutte contre la corruption a été votée au Parlement et prévoit de nombreuses sensibilisations et formations.  M. Munkh-Orgil s'est félicité du travail du Conseil des droits de l'homme, saluant notamment la création d'un mandat de Rapporteur spécial sur le droit au développement et celle d'un mandat d'Expert indépendant sur la prévention de la violence et de la discrimination basées sur l'identité de genre et l'orientation sexuelle.  En conclusion, M. Munkh-Orgil a estimé que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et l'Accord de Paris posaient les jalons de la défense d'une économie et de droits sociaux qui bénéficient à tous. 
 
M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), s'est attaché à démontrer le pouvoir positif de la loi dans la protection des personnes lors de circonstances présentant des défis sérieux, notamment dans le cadre des conflits armés, d'autres situations de violence et des menaces à l'ordre public.  Il a rappelé que des millions de personnes souffrent de terribles conséquences humanitaires et de tragédies personnelles de violence et de guerre.  La plupart de leurs souffrances sont dues à des violations de leurs droits de l'homme et du droit international humanitaire, a-t-il souligné.  Les attaques contre les travailleurs humanitaires déstabilisent l'assistance humanitaire et rendent les conditions encore plus difficiles pour les civils, a-t-il ajouté.  D'autre part, les violations de la loi rendent difficile la convergence diplomatique et sont néfastes pour la stabilité, le commerce, l'investissement et la croissance économique.  En bref, les violations de la loi sont nuisibles pour les personnes et les systèmes sociaux. 
 
Rappelant avoir rencontré des victimes et les dirigeants politiques de nombreux pays, le Président du CICR a indiqué que la plupart d'entre eux partagent l'espoir du Secrétaire général de l'ONU que 2017 soit une «année pour la paix».  Pour ce faire, M. Maurer a encouragé à respecter davantage la loi et à s'abstenir d'actes de réciprocité brutaux pour des violations qui entraînent des cycles de violence et ruinent les possibilités d'une vie décente, génération après génération.  Les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et le droit international humanitaire sont moins l'expression d'un idéalisme que le fruit de l'expérience et de négociations prudentes, a-t-il souligné; ils assurent un équilibre entre les intérêts légitimes en termes de sécurité des États et la protection des individus au cours de certaines des circonstances les plus extrêmes.  Répétant que le droit international humanitaire et les instruments relatifs aux droits de l'homme ne posent pas d'obstacles inappropriés pour protéger la sécurité de l'État, M. Maurer a noté, par exemple, que le droit humanitaire prend précisément en compte les risques sécuritaires dans une situation de conflit armé et offre des orientations en cas de dilemmes entre humanisme et nécessité militaire.  Il est primordial de préserver un juste équilibre dans ce contexte, a poursuivi le Président du CICR, exhortant à utiliser le quarantième anniversaire, en juin prochain, des Protocoles additionnels aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatifs à la protection des victimes des conflits armés internationaux et non internationaux, pour reconnaître les règles et pratiques importantes énoncées dans ces Protocoles dans les situations de conflit armé.  Ces Protocoles furent négociés et agréés dans un contexte géopolitique très difficile – celui des années 1970 –, a rappelé M. Maurer. 
 
M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a estimé que plus personne ne doutait de l'interdépendance entre les droits de l'homme, le développement et la paix.  Si l'un de ces piliers faiblit, l'ensemble du système est alors en péril, a-t-il souligné.  L'humanité fait face à de nombreux défis, a-t-il ajouté.  L'Ukraine, qui assume ce mois-ci (février 2017) la présidence du Conseil de Sécurité des Nations Unies, a organisé un débat public sur les conflits en Europe, puisque même l'Europe ne peut plus être considérée comme un espace totalement sûr, a-t-il rappelé.  L'Ukraine souffre d'une agression militaire directe de la part de la Fédération de Russie, a souligné M. Klimkin.  Les autorités d'occupation commettent des violations systématiques des droits de l'homme et cherchent à détruire l'identité des peuples ukrainiens, notamment des Tatars, comme l'a reconnu la résolution 71/205 de l'Assemblée générale, qui condamne les violations graves commises contre les habitants de Crimée, a-t-il précisé.  Le Haut-commissaire aux droits de l'homme est prié, par cette résolution, d'élaborer un rapport thématique sur la Crimée avant la prochaine Assemblée générale des Nations Unies, a-t-il rappelé.  De manière générale, la Crimée doit être soumise à tous les instruments internationaux de protection des droits de l'homme, a-t-il estimé, avant de déploré la volonté de la Fédération de Russie de sortir du traité établissant la Cour pénale internationale – un acte grave. 
 
L'ordre mondial basé sur l'état de droit est à un tournant, entre une déstabilisation encore plus grande ou la consolidation du régime international tel que prévu par la Charte des Nations Unies.  L'Ukraine est un fervent soutien de la Cour pénale internationale et s'apprête à ratifier le Statut de Rome de cette Cour, a indiqué M. Klimkin.  Il a rappelé que la Cour pénale internationale avait reconnu qu'il y avait bien actuellement un conflit armé international entre l'Ukraine et la Fédération de Russie et que la Crimée était en état d'occupation par une puissance étrangère.  Promouvoir les droits de l'homme fait partie de la série de réformes engagées par l'Ukraine, a poursuivi le Ministre ukrainien des affaires étrangères.  Une Stratégie nationale concernant les droits de l'homme a été adoptée à cet effet, a-t-il précisé.  Comme l'a indiqué le Secrétaire général de l'ONU à l'ouverture de la présente session du Conseil, la prévention des conflits est l'objectif prioritaire, a souligné M. Klimkin.  En conclusion, il a présenté la candidature de l'Ukraine à un siège de membre du Conseil des droits de l'homme pour la période 2018-2020. 
 
M. ANWAR MOHAMAD GARGASH, Ministre d'État pour les affaires étrangères des Émirats arabes unis, a indiqué qu'il était fier des progrès accomplis par son pays en matière de droits de l'homme.  Les Émirats arabes unis ont adopté une approche progressiste, s'agissant notamment des droits des femmes, a-t-il souligné.  Le Moyen-Orient est trop habitué à l'extrémisme, a-t-il déploré.  Aux Émirats arabes unis, les femmes sont reconnues comme partenaires sur un pied d'égalité et le pays fait partie des plus avancés en matière d'égalité entre hommes et femmes, a affirmé le Ministre.  Le pays poursuit également ses efforts pour promouvoir les droits des enfants et la jeunesse jouit du droit à l'éducation.  En outre, beaucoup de travailleurs étrangers viennent travailler dans le pays et sont protégés au même titre que les citoyens des Émirats arabes unis, a fait valoir M. Gargash. 
 
Daesh a une idéologie qui rejette toutes les notions de tolérance et d'acceptation de l'autre, a poursuivi le Ministre.  Daesh promeut la haine religieuse et rejette les droits des femmes, a-t-il insisté.  Les Émirats arabes unis sont au premier plan pour lutter contre cet héritage de haine, a-t-il indiqué, précisant que le pays finance des centres contre la propagande de Daesh.  Les Émirats arabes unis luttent contre toutes les formes de discrimination dans le monde.  C'est encore une période très difficile pour la région, avec la montée du terrorisme et de l'extrémisme, a fait observer le Ministre, insistant sur le défi immense que cela constitue pour la stabilité de certains pays, alors que près de 15 millions d'irakiens et de Syriens déplacés dépendent des pays de la région pour leur subsistance.  Une autre crise humanitaire et des droits de l'homme a lieu au Yémen, a ajouté M. Gargash.  Dans ce dernier pays, la sécurité et la stabilité se sont effondrées après l'agression et la prise de pouvoir contre le Président légitimement élu, a-t-il  expliqué, avant d'ajouter que l'Iran arme les insurgés, notamment avec des missiles balistiques, et de plaider pour l'application des textes onusiens qui interdisent aux Iraniens de fournir des armes aux insurgés.  La paix dans la région doit être un objectif des Nations Unies et de la communauté internationale, a conclu le Ministre. 
 
M. ALEXANDROS N. ZENON, Ministre adjoint des affaires étrangères de Chypre, a prévenu  que la protection des droits de l'homme est une tâche laborieuse et de longue haleine.  Il a souligné que la lutte antiterroriste ne saurait compromettre le respect des droits de l'homme.  Des mesures efficaces de lutte contre le terrorisme et les progrès dans la promotion des droits de l'homme sont interdépendants.  Cependant, il s'agit en particulier de priver le terrorisme des terreaux qui l'alimentent telles l'instabilité civile et l'absence de l'état de droit comme dans les cas de la Syrie, la Libye et l'Iraq, entre autres.  Chypre soutient par ailleurs le processus de pourparlers de paix pour résoudre la crise syrienne.  La situation des minorités et groupes religieux au Moyen-Orient, en particulier les communautés chrétiennes historiques, demeure préoccupante, a noté le Ministre adjoint chypriote, qui a appuyé la manifestation en marge de cette session du Conseil sur cette question. 
 
Concernant les efforts de réunification de Chypre, M. Zenon a indiqué qu'en janvier dernier à Genève, les deux parties ont présenté, pour la première fois, des cartes des ajustements territoriaux.  Autre précédent, les puissances garantes, le Royaume-Uni et la Grèce, se sont rencontrées pour discuter des garanties et de la sécurité, deux thèmes sur lesquels des différends persistent, a précisé le Ministre adjoint.  Et d'ajouter que le moment est venu pour que la troisième puissance garante, la Turquie, joigne l'acte à la parole et contribue concrètement au règlement en mettant un terme à son occupation militaire qui entraîne des violations des droits de l'homme sur l'île.  M. Zenon a également lancé un appel pour que la Turquie use de son influence auprès du leadership turc chypriote afin de l'amener à revenir à la table des négociations et à reprendre le dialogue. 
 
M. MANUEL GONZÁLEZ SÁNZ, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, a regretté que la volonté de protéger les droits de l'homme s'érode dans le monde.  Il a déploré en particulier les discours de haine, de rejet et les appels à la discrimination.  Face à la crise des réfugiés, les États doivent faire preuve d'assistance et de solidarité; or la notion de souveraineté nationale sert souvent de paravent à la violation des droits de l'homme.  La communauté internationale doit être préoccupée par les limites posées à l'état de droit dans certaines parties du monde.  Le Costa Rica s'inquiète plus particulièrement des restrictions à la liberté d'expression et de la liberté de la presse qui ont cours dans plusieurs pays.  Sans presse indépendante, les citoyens ne peuvent exercer leur liberté d'opinion, a-t-il estimé, en s'érigeant contre les crimes envers les journalistes.  Il a enfin appuyé la déclaration de la Coalition pour la liberté en ligne publiée en février à Genève. 
 
Le Ministre des affaires étrangères du Costa Rica a aussi jugé essentiel que chaque État redouble d'efforts pour se doter d'institutions nationales de défense des droits l'homme indépendantes.  Tous les États, quels que soit leurs particularismes, ont le devoir de promouvoir les droits de l'homme comme le prévoit la résolution 60/251 de l'Assemblée Générale.  Les droits de l'homme sont le principal outil de promotion de la paix et le Conseil doit utiliser tous les outils à sa disposition pour défendre ces droits, a-t-il conclu. 
 
M. LUBOMÍR ZAORÁLEK, Ministre des affaires étrangères de la Tchéquie, a souligné que son allocution était marquée par le quarantième anniversaire de la signature par le pays de la Charte 77 qui appelait ouvertement le Gouvernement de l'époque à respecter les droits de l'homme.  Les instruments internationaux ont permis de mettre fin au régime totalitaire en Tchécoslovaquie a affirmé le Ministre.  La Tchéquie soutient un système international des droits de l'homme robuste avec un Haut-Commissariat aux droits de l'homme fort et indépendant,  déclaré M. Zaorálek, dont le pays est candidat à un siège au Conseil en 2019.  Le Ministre tchèque a enfin appuyé les droits des personnes les plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants, les migrants et les personnes handicapées.  A la lumière de la montée de l'extrémisme et de la violation du droit international humanitaire, M. Zaorálek a souligné que les obligations internationales ne doivent jamais devenir une monnaie d'échange lors de négociations.  Toutes les victimes méritent justice, a-t-il souligné.  La Tchéquie est prête à accueillir tous les titulaires de mandat.  Le pays continue à élargir les obligations internationales.  Il vient de ratifier la Convention sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et s'apprête à en faire de même pour la Convention d'Istanbul sur la prévention et la lutte contre les violences contre les femmes et les violences domestiques.  La République tchèque va continuer à renforcer l'éducation aux droits de l'homme et à la démocratie. 
 
Pour conclure, M. Zaoralek a souligné que la République tchèque allait continuer à faire vivre l'héritage des auteurs de la Charte 77 et veiller à une meilleure promotion des droits de l'homme à l'intérieur du pays et partout dans le monde. 
 
MME  BÄRBEL KOFLER, Commissaire du Gouvernement fédéral de l'Allemagne pour la politique des droits de l'homme et l'aide humanitaire, s'est déclarée perplexe face au rétrécissement croissant de l'espace de la société civile dans de nombreux pays, ce qui, loin de favoriser la stabilité, risque de conduire à l'instabilité.  Elle a appuyé les efforts du Sous-Secrétaire général aux droits de l'homme, M. Andrew Gilmour, au sein du système des Nations Unies pour faire cesser les intimidations et les représailles dans ce domaine et pour que les droits de toutes les personnes soient respectés, y compris des réfugiés et des migrants.  Elle a fait un vibrant plaidoyer pour le respect de ces personnes dans les pays de transit où les réfugiés et migrants sont souvent dans des situations de vulnérabilité particulière.  Rappelant que l'Allemagne a accueilli plus d'un million de personnes fuyant la guerre et le conflit, elle a recommandé aux pays d'origine de s'efforcer d'éliminer les causes du déplacement de leur population.   
 
M. GENNADY GATILOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que l'on voit maintenant les conséquences des interventions étrangères visant à renverser des régimes au Moyen-Orient.  «On a fait sortir le génie du terrorisme de la lampe», a-t-il déploré, ajoutant que les efforts de lutte contre le terrorisme doivent respecter les principes des Nations Unies, notamment la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Par conséquent, toute aide et assistance aux pays victimes ne doit pas être l'occasion d'imposer des valeurs ou des objectifs de développement contraires aux priorités des États concernés, a souligné M. Gatilov.
 
Abordant la situation en Ukraine, il a accusé «Kiev» de ne pas vouloir mettre en œuvre l'Accord de Minsk, notamment en laissant faire les extrémistes de droite qui prônent la violence et bloquent les convois de charbon vers le Donbass.  Les forces d'extrême droite ont libre cours sans que Kiev ne veuille ou ne puisse les retenir, a-t-il dit. 
 
Le Vice-Ministre a aussi déclaré que les droits de l'homme sont aujourd'hui utilisés à des fins politiques, y compris en tentant de reformater les organes des Nations Unies sans l'assentiment des États Membres.  Il a critiqué les tentatives visant à la modification du rôle du Haut-Commissariat en lui octroyant des fonctions de contrôle, d'enquête ou même de participation aux opérations de maintien de la paix.  On tente aussi de soustraire le travail du Conseil des droits de l'homme à l'attention de la Troisième Commission de l'Assemblée générale, où tous les États peuvent s'exprimer sur un pied d'égalité, a-t-il mis en garde. 
 
M. Gatilov a également jugé inacceptable d'utiliser le sport, ou même les résolutions des Nations Unies, pour régler les différends politiques entre États, citant à titre d'exemples les sanctions sportives à l'encontre d'athlètes de la Fédération de Russie, ou encore la résolution présentée par l'Ukraine devant la Troisième Commission sur la situation des droits de l'homme dans la République autonome de Crimée. 
 
M. ALFONSO NSUE MOKUY, Troisième Vice-Premier Ministre du Gouvernement chargé des droits de l'homme de la Guinée équatoriale, a exprimé le désir de son  pays de nouer des liens de coopération étroite avec le système des Nations Unies dans le domaine des droits de l'homme.  En Guinée équatoriale, de nouveaux hôpitaux ont été créés afin de garantir l'accès aux soins de santé de la population, a-t-il ensuite souligné.  Le Gouvernement a adopté une loi qui prévoit la gratuité des soins pour les femmes enceintes et la fourniture gratuite des vaccins contre la poliomyélite et la rougeole.  Un programme d'éducation prévoit la formation de tous les enseignants aux  nouvelles méthodes d'enseignement primaire.  Le nombre de filles dans le secteur primaire et secondaire a augmenté, a fait valoir le Troisième Vice-Premier Ministre.  L'enseignement des droits de l'homme sera inclus dans les trois cycles d'enseignement, a-t-il en outre annoncé.  Il a d'autre part indiqué que les hommes et les femmes sont désormais séparés dans les prisons.  Le défenseur du peuple a été créé pour permettre la promotion et la protection des droits de l'homme dans tout le pays.  Le Gouvernement prépare un plan d'action contre la traite des personnes.  La Guinée équatoriale considère que la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants portent atteinte à la dignité de la personne humaine.  Le Gouvernement a aussi pris une série de mesures pour aboutir à l'égalité entre les hommes et les femmes.  Une série de lois doit permettre de protéger et de sanctionner les violences contre les femmes et les violences domestiques.  Il n'existe pas de minorité nationale dans le pays et la loi interdit toute forme de discrimination, a également affirmé M. Nsue Mokuy. 
 
En outre, le Gouvernement équato-guinéen a promulgué un décret permettant de protéger les personnes handicapées contre toute forme de discrimination dans le domaine de l'emploi.  Depuis l'adoption de la Convention relative aux droits de l'enfant, différentes mesures ont été prises pour assurer la protection de l'enfance, notamment la mise en place de la commission des droits de l'enfant et la création d'un parlement des enfants, a souligné M. Nsue Mokuy.  La loi interdit le travail des enfants et le travail forcé en Guinée équatoriale, a-t-il ajouté.  Il a ensuite assuré qu'aucun journaliste n'était détenu dans son pays et que des chaînes étrangères y étaient présentes sans aucune restriction; la liberté de la presse est garantie dans le pays, a-t-il insisté.  La corruption est sanctionnée par la loi, a ajouté M. Nsue Mokuy.  Le Gouvernement aspire à  améliorer les conditions de vie de sa population, à encourager la stabilité et à défendre les droits de l'homme, a conclu le Troisième Vice-Premier Ministre de la Guinée équatoriale.

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