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Le Conseil des droits de l'homme tient une réunion-débat sur les jeunes et les droits de l'homme

Arrière

22 Septembre 2016

Conseil des droits de l'homme
MI JOURNÉE 

22 septembre 2016

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, en milieu de journée, une réunion-débat sur les jeunes et les droits de l'homme, au cours de laquelle il a été rappelé que les jeunes, qui sont près de deux milliards sur Terre, sont particulièrement exposés aux problèmes du chômage, de la violence et des migrations.  Un grand nombre des délégations* qui se sont exprimées durant ce débat ont insisté sur la nécessité d'assurer la participation des jeunes à tous les aspects de la vie, y compris politique, des sociétés dans lesquelles ils vivent.  A également été évoquée l'opportunité d'élaborer un instrument international visant spécifiquement la protection des droits des jeunes.

La discussion a été introduite par Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, et par M. Ahmad Alhendawi, Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la jeunesse.  «Les réalités démographiques actuelles et le rythme du changement font que la jeunesse est la génération de notre temps», a souligné Mme Gilmore.  L'instauration de conditions propices au passage harmonieux à l'âge adulte dépend «non pas des jeunes, mais bien des adultes» – parents, familles, écoles, gouvernements et acteurs internationaux, a-t-elle souligné.  Dans un message retransmis par vidéo, M. Alhendawi a quant à lui plaidé pour une meilleure protection des droits fondamentaux des jeunes, notamment les droits politiques et l'accès aux services de santé et d'éducation. 

Animé par Mme Anna Korka, Représentante permanente de la Grèce auprès des Nations Unies à Genève, le débat a compté avec la participation de Mme Virginia Bras Gomes, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels; de Mme Johanna Nyman, Présidente du Forum européen de la jeunesse; de M. Simon-Pierre Escudero, représentant de l'Asociación de Tierra de Jóvenes d'El Salvaldor; de Mme Maria D'Onofrio, représentante de VIDES International; et de Mme Yvonne Matuturu, cheffe de la Section des sciences humaines et sociales au bureau de l'UNESCO pour la région de l'Afrique centrale.

Le Conseil doit adopter cet après-midi, à partir de 15 heures, les rapports issus de l'Examen périodique d'Antigua-et-Barbuda, du Swaziland et de Trinité-et-Tobago. 

Réunion-débat sur la jeunesse et les droits de l'homme

Déclarations liminaires

MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a ouvert le débat en faisant observer que «les réalités démographiques actuelles et le rythme du changement font que la jeunesse est la génération de notre temps».  La planète compte en effet 1,8 milliard de jeunes gens concernés au premier chef par le développement durable.  Ces jeunes sont très exposés aux problèmes du chômage, de la migration et de la violence.  Les jeunes filles en particulier sont vulnérables à la violence sexuelle et aux dangers de l'avortement.  Enfin, les adolescents sont le seul groupe de population ayant connu une progression du nombre des décès imputables au sida depuis l'adoption des objectifs du Millénaire pour le développement, en 2000.  La jeunesse est aussi le visage de la pauvreté, a relevé Mme Gilmore: l'âge médian au Soudan est de 17 ans, mais de 41 ans au Danemark.

Le monde doit donc absolument intégrer davantage une nouvelle génération particulièrement bien formée et connectée, mais néanmoins confrontée au risque de la marginalisation, a poursuivi la Haut-Commissaire adjointe.  Cette démarche doit s'appuyer avant tout sur le respect des droits fondamentaux des jeunes.  Elle doit englober des mesures telles que l'enregistrement systématique dans les registres d'état civil; la suppression des obstacles culturels qui empêchent les jeunes d'accéder aux services d'information et de contraception pour pouvoir faire des choix; la lutte contre le mariage des enfants; la scolarisation des adolescents; ou encore la fourniture de services de santé complets pour la jeunesse.

Mme Gilmore a souligné que l'instauration de conditions propices au passage à l'âge adulte dépend non pas des jeunes mais bien des adultes –  parents, familles, écoles, gouvernements et acteurs internationaux.  L'ancienne génération est tenue respecter les droits de la jeunesse et de remplir ses obligations envers elle.

Dans un message transmis par vidéo, M. AHMAD ALHENDAWI, Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, a relevé que la résolution 32/1 du Conseil fournissait l'occasion de porter la question de la jeunesse devant le Conseil de manière systématique, ce qui est d'autant plus important que les jeunes sont confrontés à des obstacles dans l'exercice de leurs droits alors qu'ils forment la génération la plus importance qu'ait connue le monde.  Il a regretté le manque de protection des droits de l'homme pour les jeunes, notamment pour ce qui est de leur accès aux droits politiques, aux services de santé et à l'éducation.

L'Envoyé spécial a ensuite attiré l'attention sur les progrès accomplis ces trois dernières années, citant en particulier l'adoption de la résolution 2250 du Conseil de sécurité, qui reconnaît le rôle positif des jeunes pour construire la paix et prévenir la violence extrémiste; le forum des jeunes organisé par le Conseil économique et social depuis 2012; ou encore la place accordée aux jeunes dans les 17 Objectifs de développement durable. 

Cette année, deux occasions en or se présentent, a souligné M. Alhendawi: il y a tout d'abord cette réunion-débat sans précédent sur la question des jeunes et des droits de l'homme et ensuite, en novembre prochain, le Forum sur les droits de l'homme, la démocratie et l'état de droit que convoquera le Conseil – dont M. Alhendawi s'est dit très honoré d'en être le coprésident, avec l'Ambassadeur Mukashev.  Ensemble, nous pouvons renforcer la participation des jeunes dans l'espace démocratique et promouvoir leurs droits, a-t-il conclu.

Animatrice du débat, la Représentante permanente de la Grèce auprès des Nations Unies à Genève, MME ANNA KORKA, a déclaré qu'avec 1,6 milliard de jeunes dans le monde, soit un record depuis l'avènement de l'humanité, on ne peut les tenir marginalisés, à l'écart des droits de l'homme ou de la participation à la vie politique.  C'est pourquoi, Mme Korka a indiqué se réjouir du forum des jeunes qui se tiendra cet automne à Genève avec pour thème: «Élargir l'espace démocratique».  En attendant, la table ronde de ce jour va permettre aux uns et autres de partager les bonnes pratiques, a-t-elle indiqué.

Exposés des panélistes

MME VIRGINIA BRAS GOMES, membre du Comité sur les droits économiques, sociaux et culturels, a souligné l'importance du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui couvre une série de droits implicites et explicites à l'intention des jeunes.  Les droits explicites sont contenus dans les articles 10, 13 et 14 du Pacte, tandis que les dispositions implicites sont reflétées dans les directives des organes conventionnels.  Mme Gomes a ensuite déclaré que le dialogue avec les États montre que les jeunes connaissent des difficultés, en particulier en matière d'accès à l'emploi; ainsi, les taux de chômage parmi les jeunes sont plus élevés que chez les adultes.  Les jeunes ont également moins d'opportunités de formation, ainsi qu'en termes d'accès à la santé, en particulier les jeunes en milieu rural.  Les jeunes femmes sont davantage  victimes de ces disparités que les garçons, a ajouté Mme Bras Gomes.

Le Comité recommande dans ce contexte aux États d'adopter des législations pour éradiquer ces discriminations, élaborer des programmes et stratégies à long terme, avec des mécanismes de suivi et de financement adéquats, a indiqué Mme Bras Gomes.  Le Comité leur recommande aussi de promouvoir les droits des groupes de jeunes cibles qui connaissent des difficultés particulières ou encore de mettre à leur disposition des services accessibles, adéquats et de bonne qualité.  Dans ses observations générales, le Comité rappelle en outre aux États la nécessité de réaliser les droits de l'homme des jeunes, notamment dans l'observation générale n°23 relative aux droits au travail.  Pour Mme Bras Gomes, si seuls les États peuvent et doivent adopter les mesures requises, il revient néanmoins aux organes de traité, mais aussi aux organisations de jeunes, d'engager avec eux un dialogue constructif à cette fin. 

MME JOHANNA NYMAN, Présidente du Forum européen de la jeunesse, qui représente plus de 100 organisations de jeunes, a salué l'initiative prise par le Conseil d'organiser cette réunion-débat et s'est interrogée sur le fondement d'une société où les droits des jeunes ne seraient pas respectés.  Plus de 500 millions de jeunes entre 15 et 24 ans vivent avec moins de 2 dollars par jour, a-t-elle fait remarquer, ajoutant que s'ils étaient rassemblés pour constituer un pays, ce serait le troisième le plus peuplé au monde.  Selon les estimations du BIT, plus de 40% de la population active jeune sera en 2016 au chômage ou en situation de pauvreté même si elle est employée.  Les jeunes migrants sont particulièrement vulnérables aux violations des droits de l'homme et les jeunes affrontent en général toutes formes de discriminations, pas seulement en raison de leur âge, mais aussi de leur genre, de leur handicap, de leur origine ethnique, de leurs croyances religieuses ou encore de leur orientation sexuelle.  En outre, ils sont souvent les plus mis à l'écart de la politique, a ajouté Mme Nyman.

Cette génération est laissée à la traîne mais nous pouvons changer les choses pour aller dans une meilleure direction, a affirmé la Présidente du Forum européen de la jeunesse.  Les recommandations liées aux jeunes et aux droits de l'homme sont peu nombreuses et l'action dans ce domaine est limitée, ce qui ne permet pas de lever les obstacles existants, a-t-elle fait observer.  Garantir les droits des jeunes n'est pas très différent de la garantie des droits des autres groupes, a-t-elle souligné, avant de préconiser cinq axes d'action.  Premièrement, il faut avoir un tableau général de la réalité des jeunes, a-t-elle indiqué.  Sur la base de cette évaluation, on pourra résoudre les problèmes et identifier les outils nécessaires.  Deuxièmement, une procédure spéciale sur les droits de l'homme des  jeunes doit être créée.  Troisièmement, le Conseil doit demander que le Haut-Commissaire élabore des directives à l'intention des États pour une approche fondée sur les droits des jeunes.  Quatrièmement, le Conseil doit inviter les organes de traités à élaborer un commentaire conjoint sur la jeunesse.  Enfin, les droits des jeunes doivent être mis en avant dans les mécanismes des droits de l'homme existants.

M. SIMON-PIERRE ESCUDERO, Représentant de l'organisation salvadorienne Asociacion de Tierra de Jovenes, fondée par des jeunes et qui s'occupe des enfants et adolescents vivant et travaillant dans la rue, a expliqué que dans son pays, d'un jour à l'autre, de façon radicale, un adolescent qui travaille et vit dans la rue n'est plus pris en considération par les organismes s'occupant de l'adolescence dès lors qu'il a 18 ans.  Les jeunes de ce groupe d'âge sont particulièrement à risque d'être recrutés dans des bandes de jeunes délinquants; ils se trouvent souvent confrontés à de nombreux obstacles compte tenu de leur manque de ressources, du fait qu'ils ne peuvent pas bénéficier d'une aide juridique, d'une aide au logement ou d'autres facilités.  Paradoxalement, les jeunes de la rue n'ayant pas les moyens de payer un loyer mensuel faute de moyens mais aussi de documents, paient encore plus cher s'ils choisissent de ne plus rester dans la rue et de payer un logement à la journée.  Ces jeunes rencontrent des difficultés très concrètes dans la recherche d'un travail officiel.  Ce n'est pas qu'il n'y ait pas de travail, mais plusieurs facteurs maintiennent les jeunes dans des travaux informels qui ne leur permettent pas d'accéder à d'autres droits, comme le droit à la santé.  Dans beaucoup de cas, ils se voient forcés de prendre la route dangereuse de la migration pour sortir de ce cercle vicieux. 

M. Escudero a noté les nombreux efforts déployés en El Salvador pour résoudre les problèmes des jeunes, notamment par des formules flexibles d'éducation, un enregistrement tardif sur le registre de naissance ou encore une attention particulière pour ceux qui vivent avec le VIH/sida.  Il a cependant regretté l'absence de coordination entre les différentes institutions consacrées à l'amélioration de la situation de la jeunesse, alors même que les sociétés connaissent d'importants changements.  M. Escudero, qui a précisé être âgé de 25 ans, a déclaré que si les jeunes étaient en mesure de jouir de leurs droits fondamentaux, leur apport serait substantiel.  «Gouvernements, n'ayez pas peur de nous», a-t-il lancé à l'auditoire, car «nous sommes capables de nous mobiliser positivement et de contribuer à l'amélioration de nos sociétés».  Les jeunes disposent encore de la force et la créativité des enfants, avec la maturité d'un nouvel adulte, a-t-il conclu. 

MME MARIA D'ONOFRIO, de VIDES International, a indiqué que son organisation est composée de jeunes volontaires qui promeuvent la citoyenneté et la démocratie dans le monde; elle plaide également pour les droits des jeunes.  Mme D'Onofrio a ensuite relevé que dans certaines situations les jeunes sont considérés comme un problème ou comme source de tensions.  Or, le passage de l'enfance à la jeunesse est particulièrement délicat, a-t-elle souligné, faisant valoir que le respect et la mise en œuvre des droits des jeunes peuvent avoir un impact positif pour eux et pour la société dans son ensemble.  À cet égard, l'accès des jeunes à l'éducation et à la participation peut avoir une influence constructive et changer les choses, a-t-elle insisté.  La véritable autonomisation des jeunes ne peut avoir lieu qu'à travers une pleine mise en œuvre de leurs droits et de leur citoyenneté, a souligné Mme D'Onofrio. 

C'est pour cette raison que VIDES International est d'avis que les mesures suivantes peuvent être prises au plan international: intégration des droits des jeunes dans les mécanismes existants des Nations Unies; élaboration par tous les organes de traités d'une observation générale commune axée sur les droits des jeunes; création d'un mandat de procédure spéciale exclusivement consacré aux jeunes; intégration des droits des jeunes dans les travaux du Conseil des droits de l'homme, à travers un rapport du Haut-Commissaire ou du Comité consultatif. 

MME YVONNE MATUTURU, Cheffe de la Section des sciences sociales et humaines au Bureau régional multisectoriel de l'UNESCO pour l'Afrique centrale au Cameroun, a rappelé qu'en Afrique, la jeunesse constitue en moyenne plus de 50% de la population – jusqu'à 65% dans certains pays.  L'Union africaine a adopté la Charte africaine de la jeunesse en juillet 2006 afin de fournir un cadre stratégique et juridique pour promouvoir l'inclusion des jeunes, plus grand atout de l'Afrique, et leur autonomisation, a-t-elle rappelé.  Dix ans plus tard, 43 pays ont signé cette Charte et 37 l'ont ratifiée.  Malheureusement, la jouissance effective des droits de l'homme des jeunes reste un vœu pieux dans bon nombre de pays africains où les jeunes sont confrontés à des problèmes d'insécurité, de guerres civiles récurrentes et de mauvaise gouvernance entraînant la paupérisation.  Selon l'UNICEF, près de 50 millions d'enfants dans le monde ont été déracinés, dont 28 millions en raison de conflits, et sont alors confrontés à d'autres dangers, dont les risques de noyade lors des traversées, la malnutrition, la traite des êtres humains, l'enlèvement, le viol et même le meurtre, ainsi que la xénophobie et la discrimination une fois arrivés à destination.

Les défis auxquels les jeunes sont confrontés sont multiples et touchent des domaines tels que la santé, l'éducation, la participation politique, le chômage et la violence sexuelle, a ajouté Mme Matuturu. D'autres défis concernent aussi la faiblesse ou le manque d'un système de formation, d'information et de communication à l'endroit des jeunes; la faiblesse ou le manque de stratégies nationales efficaces en matière de prise en charge; la faiblesse ou l'absence de politiques de promotion inclusive de la diversité des expressions culturelles; l'expansion du terrorisme entraînant des risques de radicalisation religieuse et idéologiques des jeunes; le délitement des liens familiaux; les discriminations religieuses, ethniques, politiques et le non-respect des droits humains, entre autres.  L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) considère les jeunes comme des personnes investies de devoirs et détenteurs de droits et a pour objectif de créer et de pérenniser un environnement propre à permettre aux jeunes d'exercer leurs droits et responsabilités, de prospérer et d'être entendus et valorisés.  Partant, l'UNESCO considère qu'il est temps d'améliorer les investissements dans la recherche, les politiques et les programmes afin de créer un environnement favorable à cette fin.  La culture des droits de l'homme est la meilleure garantie pour le respect et la jouissance effective des droits et des libertés fondamentales, a souligné Mme Matuturu, citant plusieurs exemples de bonnes pratiques et faisant observer que ces dix dernières années, une conscience collective est apparue alors que l'aspiration de la jeunesse africaine s'est manifestée de manière croissante.

Débat 

L'Australie, au nom également du Canada et de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que la jeunesse du monde avait la capacité de compléter et approfondir la jouissance des droits de l'homme et de contribuer à des sociétés pacifiques et tolérantes.  Les trois pays ont pris l'engagement d'entendre et d'inclure toutes les voix des jeunes dans leurs politiques nationales, a fait observer la délégation australienne. 

La République dominicaine, au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné que cette réunion-débat aidera à examiner les défis et bonnes pratiques des politiques orientées vers les jeunes.  La participation des jeunes, en particulier des jeunes femmes, aux prises de décisions est indispensable, a –t-elle ajouté.  S'agissant de l'emploi décent, il est nécessaire de travailler pour habiliter les jeunes à l'obtention de leurs droits et faire en sorte que leur participation contribue à un développement durable, dans l'équité. 

Les Philippines, au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) ont réaffirmé leur conviction que les droits de l'homme doivent être développés à tous les niveaux, en tenant compte des particularités de chaque région.  Le pays a informé le Conseil de l'évolution du Plan de travail de l'ANASE 2016-2020 sur la jeunesse.  Il a en outre rappelé que plus de la moitié de la population des pays de l'ANASE était âgée de moins de 35 ans et a reconnu le rôle positif que ces jeunes peuvent jouer dans la promotion d'un développement durable, de la paix et des droits de l'homme. 

L'Union européenne a souligné que les jeunes sont des parties prenantes au sein de la société.  L'inclusion sociale et la solidarité sont les clés de voûte de la politique européenne en la matière.  Néanmoins, les jeunes demeurent exclus des sphères de décision.  Comment le Conseil peut-il inclure la dimension jeunesse dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030?

Les jeunes font face à des défis qui s'inscrivent dans la problématique des sociétés dans lesquelles ils évoluent, a constaté le Canada, qui s'exprimait au nom du groupe des pays francophones, membres et observateurs de l'Organisation internationale de la Francophonie.  La délégation canadienne a rappelé les décisions prises, au fil du temps, par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), annonçant que le prochain Sommet d'Antananarivo cet automne sera encore l'occasion de jeter un pont entre la Francophonie institutionnelle et les jeunes.

Pour le Brésil, qui parlait au nom des pays lusophones, il importe d'inclure les préoccupations des jeunes dans le contexte de la problématique mondiale.  Il est de l'obligation des États de créer des politiques sur les jeunes dans le sens de leur inclusion, de la lutte contre le chômage et la précarité de l'emploi et la promotion de l'investissement dans l'entreprenariat des jeunes.  Le Brésil appuie en outre la participation politique des jeunes. 

Le Soudan, au nom du Groupe arabe, a insisté pour que les jeunes puissent pleinement jouir de leurs droits économiques, sociaux et culturels.  La délégation soudanaise a appelé les États à briser tous les obstacles liés aux effets négatifs du chômage et aux conditions de vie insuffisantes des jeunes. 

Le Portugal a demandé davantage de précisions sur la manière dont les organes conventionnels pourraient encourager les États parties à fournir davantage d'informations sur les jeunes. 

La Géorgie a souligné que les jeunes exigent des ripostes rapides et globales aux défis posés dans les domaines de l'éducation, de l'accès à la santé, de la lutte contre la violence et de la résolution des conflits armés.  À l'occasion du cinquième anniversaire de la Déclaration sur l'éducation aux droits de l'homme et la formation, la Géorgie a lancé un cours sur ce sujet. 

Reprenant la parole à titre individuel, le Brésil a dit promouvoir les jeunes en tant que sujets de droits, sur la base de leur émancipation.  Il a demandé aux panélistes d'examiner la possibilité d'un instrument international contraignant sur les jeunes. 

El Salvador a décrit les mesures qu'il prend pour aider les jeunes à s'intégrer dans un monde instable.  El Salvador estime que les jeunes sont en mesure de participer au développement durable, pour autant que les États sachent répondre à leurs besoins.

La Bosnie-Herzégovine a observé que si «les jeunes sont notre avenir», comme cela a été dit, cet avenir semble actuellement quelque peu compromis par la pauvreté et par le chômage.  La Bosnie-Herzégovine a indiqué avoir rejoint une initiative régionale de coopération entre jeunes de l'ouest des Balkans.

L'Autriche, après avoir dressé un bilan des causes de l'exclusion de la jeunesse, a recommandé de créer des emplois de qualité et de respecter les objectifs liés à l'emploi inscrits dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030.  L'Italie a quant à elle mis en avant, entre autres, sa participation aux programmes Erasmus et ses initiatives nationales et internationales en faveur de l'accès à l'éducation et à la formation.  La question est de savoir comment plaider au plan institutionnel pour une plus grande participation de la jeunesse, a-t-elle souligné.  Pour la Grèce, la communauté internationale doit se fixer des objectifs en matière de bien-être de la jeunesse.  Elle doit en particulier lutter résolument contre le chômage des jeunes et favoriser leur intégration dans les systèmes scolaires.

La Namibie a recommandé de créer de nouveaux espaces capables d'assurer la participation des jeunes, à défaut de quoi la frustration et le mécontentement risquent de faire leur apparition.

Le Bangladesh a recommandé aux États de donner aux jeunes migrants – qui représentent un huitième des flux migratoires – des occasions de maximiser leur séjour à l'étranger, au profit d'eux-mêmes, de leur pays d'origine et des pays de destination. 

Les États-Unis ont insisté sur l'importance de la participation active de la jeunesse aux activités des organisations de la société civile et des partis politiques.  Ils relèvent que l'engagement pacifique des jeunes avec les gouvernements favorise la tolérance et le progrès social.  En revanche, la répression n'incite pas les jeunes à avoir confiance dans les autorités et engendre des frustrations qui les rendent vulnérables aux discours de violence.

Israël a indiqué maintenir des lois et procédures visant à protéger les droits des jeunes et garantit les services de santé et d'éducation en leur faveur.  L'enfant est également écouté avant la prise de décision le concernant, notamment dans les domaines de la justice et de l'éducation.  Un enfant est considéré comme un être autonome avec des devoirs et responsabilités. 

Pour sa part, l'Organisation de la coopération islamique (OCI) a déclaré que l'avenir dépend des jeunes, qui sont le moteur essentiel du développement économique, social et politique.  Il faut déployer davantage d'efforts pour associer les jeunes dans les activités visant ce développement.  L'OCI a recommandé au Conseil de créer un réseau de coopération des jeunes pour trouver les meilleures pratiques.  Le Conseil de l'Europe a souligné lui aussi que les jeunes ont un rôle important à jouer.  Il a rappelé organiser le mois prochain le troisième forum sur l'éducation aux droits de l'homme – occasion de dresser un bilan des difficultés que rencontrent les jeunes.  La Roumanie a ajouté qu'il était temps d'aborder les difficultés que rencontrent les jeunes dans un monde de plus en plus complexe. 

L'Égypte a dit que la présente réunion-débat était l'occasion de définir les bonnes pratiques et a souligné qu'aborder la réalisation des droits de l'homme des jeunes pouvait aider à renforcer les conditions économiques des générations futures.  La Constitution égyptienne garantit la prise en charge des jeunes et encourage leur participation à la vie publique.

La République de Corée a relevé que les jeunes sont plus connectés que les autres groupes de population et participent de plus en plus à l'élaboration de politiques.  Bien qu'il n'y ait pas d'objectif de développement durable spécifique sur la jeunesse, les jeunes occupent néanmoins une place centrale dans le Programme de développement durable.  La délégation a demandé aux panélistes comment renforcer le lien entre promotion des droits de l'homme des jeunes et réalisation des Objectifs de développement durable.

L'institution nationale de droits de l'homme de l'Australie a regretté que les autorités de ce pays n'aient pas désigné d'autorité fédérale en charge de la protection de l'enfance.  L'institution a donc pris l'initiative de dresser un état des lieux du respect des droits des jeunes en Australie pour, sur cette base, fournir des conseils utiles au Gouvernement australien. 

L'Alliance mondiale des unions chrétiennes de jeunes filles a demandé aux États de reconnaître l'importance de tenir compte des avis des jeunes gens, et surtout des jeunes filles, ainsi que de créer un mécanisme chargé de surveiller le respect par les États de leurs obligations dans le domaine des droits fondamentaux de la jeunesse.

CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens a relevé que, parallèlement à une tendance mondiale aux restrictions à la jouissance des droits civils et politiques, se dessinait heureusement une tendance inverse dans le sens d'une plus grande participation des minorités aux affaires publiques.  Dans ce contexte, les jeunes devraient être intégrés formellement aux initiatives s'inscrivant dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Réponses et conclusions des panélistes

MME KORKA, en tant qu'animatrice de cette réunion-débat, a résumé les interventions en soulignant qu'il avait notamment été demandé comment le Programme de développement durable à l'horizon 2030 pouvait concourir à l'autonomisation des jeunes et s'il était opportun de réfléchir à l'élaboration d'un instrument contraignant sur les droits des jeunes.

MME BRAS GOMES souligné que le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, dont elle membre, devrait adresser davantage de conseils aux États Membres s'agissant de la jeunesse.  Le Comité a choisi de se concentrer sur la problématique des jeunes travailleurs, a-t-elle fait observer, avant d'appeler à cibler davantage les droits économiques, sociaux et culturels des jeunes afin d'améliorer leur visibilité.  Mme Bras Gomes a recommandé que toutes les lois et mesures concernant la jeunesse respectent les principes fondamentaux des droits de l'homme et tiennent compte réellement des avis des jeunes.  Il reste enfin beaucoup à faire pour mieux coordonner les activités des uns et des autres, a conclu l'experte.

Il convient de s'assurer que les jeunes sont bien conscients qu'ils ont la force et les moyens de participer aux affaires du monde et à celles qui les affectent en particulier, a pour sa part souligné MME NYMAN.  Il s'agit dès lors de jeter les bases d'un climat politique où les jeunes savent qu'ils peuvent participer.  La question est de savoir comment réengager la génération présente dans la politique locale, nationale, régionale et internationale.  Mme Nyman a fait part de la lassitude des jeunes d'entendre qu'il faut s'occuper d'eux alors que la réalité montre, au contraire, des coupures budgétaires et autres formes de discriminations les concernant.   Elle a proposé l'élaboration d'un instrument juridique contraignant et encouragé à un dialogue à cet effet.  Mme Nyman a prié les États de donner suite à certaines idées intéressantes exprimées aujourd'hui, notamment celles qui visent à faire bénéficier les jeunes de l'intégralité de leurs droits.  Les États devraient disposer de lignes directrices sur la manière de rédiger des lois sur la jeunesse, a-t-elle ajouté. 

M. ESCUDERO a indiqué qu'en tant que personne de terrain, il a constaté un manque total de confiance de la jeunesse à l'endroit des responsables politiques.  Il a cité le cas de l'association FEMEN, dont les membres sortent dans la rue pour revendiquer, les seins nus.  C'est là un cri de jeunes qui veulent trouver des formes concrètes d'expression leur permettant d'être entendus, a-t-il commenté.  S'il n'y a pas de confiance, il n'y a pas d'éducation, a souligné M. Escudero, qui a appelé à rétablir cette confiance qui fait tant défaut.  Il a en outre cité l'exemple d'une initiative colombienne de «ville-école» où les élèves apprennent à se comporter en tant que citoyens et à participer dans ce cadre à des activités de résolution des conflits à l'école.  M. Escudero a beaucoup insisté sur l'importance de prendre l'initiative d'aller vers la jeunesse marginalisée pour lui faire bénéficier de l'éducation.

MME D'ONOFRIO a quant à elle insisté sur la nécessité de promouvoir les capacités des jeunes.  Il ne suffit pas de leur fournir des services de base; il faut surtout de créer une «mentalité des droits de l'homme» pour canaliser leurs contributions vers les systèmes existants.  Dans ce contexte, il faut aussi qu'ils aient confiance en ces systèmes.  Les organisations de la jeunesse ont un rôle primordial à jouer dans la promotion des droits de l'homme et la reprise de confiance, a souligné Mme D'Onofrio.  Elle a recommandé que les États membres tiennent compte, dans les rapports qu'ils soumettent aux organes de traités des Nations Unies, de leurs efforts pour appliquer les droits fondamentaux de la jeunesse.

MME MATUTURU a proposé de mettre l'accent sur l'inculcation d'une véritable culture des droits de l'homme, qui non seulement éduque les jeunes mais aussi en fasse de bon citoyens.  Elle a elle aussi souligné le problème du manque de confiance de la jeunesse dans la classe politique, perceptible en particulier en Afrique où les transitions se font au forceps.  Mme Matuturu a constaté que l'Afrique était confrontée au problème de l'impossible alternance politique pacifique, une situation très mal vue par une jeunesse éduquée et qui exige «de participer et de ne plus subir».  Ce n'est pas exonérer pour autant les crimes commis par certains jeunes, a-t-elle précisé.
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*Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre de la réunion-débat: Australie (au nom du Canada, Australie et Nouvelle-Zélande); République dominicaine (au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes; Philippines (au nom de l'Association des Nations du sud-est asiatique); Union européenne; Canada (au nom de la Francophonie); Brésil (au nom des pays lusophones et en son nom propre); Soudan (au nom du Groupe arabe); Portugal; Géorgie; El Salvador; Bosnie-Herzégovine; Grèce; Autriche; Italie; Namibie; Bangladesh; États-Unis; Israël; Organisation de la Conférence islamique; Conseil de l'Europe; Roumanie; Égypte; République de Corée; Institution nationale de droits de l'homme de l'Australie; Alliance mondiale des unions chrétiennes de jeunes filles; et CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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