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Le Conseil débat de la possibilité d'utiliser le sport et l'idéal olympique pour promouvoir les droits de l'homme de tous

Arrière

28 Juin 2016

Conseil des droits de l'homme
APRES MIDI

28 juin 2016

Cet après-midi, le Conseil des droits de l'homme a tenu une réunion-débat sur la possibilité d'utiliser le sport et l'idéal olympique pour promouvoir les droits de l'homme de tous, y compris les personnes handicapées.  En ouverture des débats, M. Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a rappelé que le sport peut être une force pour l'égalité et la diversité, les athlètes ayant une influence énorme dans la lutte pour l'égalité raciale et de genre. 

Le Haut-Commissaire a demandé plus d'initiative pour lutter contre l'homophobie, d'une part, et en faveur de l'accès des femmes et des personnes handicapées aux activités sportives, de l'autre. 

Le Haut-commissaire a également soulevé la question des grands événements sportifs mondiaux, souvent entachés par de graves violations des droits de l'homme comme des expulsions forcées, l'exploitation de travailleurs pour construire des installations, des malversations de fonds publics ou encore l'exploitation sexuelle.  Les États ont le devoir de protéger les droits de l'homme et les associations sportives ont le devoir de les respecter, a rappelé le Haut-Commissaire. 

De nombreux intervenants* ont pris part au débat.  Plusieurs ONG ont dénoncé les violations de droits de l'homme liées aux grands événements sportifs et en particulier à leurs préparatifs, qu'il s'agisse Jeux de Pékin 2008, de ceux de Sotchi 2014, de ceux de Rio cette année ou encore de la future Coupe du monde de football au Qatar.  Mme Tania Braga, du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Rio 2016, qui faisait partie des panélistes, a affirmé que le Comité d'organisation respecte les droits des travailleurs et suit à cet égard les lignes directrices du Pacte mondial des Nations Unies.  Ce Comité lutte en outre contre la corruption et pour l'élimination de toutes formes de discrimination et, à ce jour, aucune plainte n'a été rapportée, a-t-elle assuré.

Deux médaillés d'or paralympiques figuraient également parmi les panélistes invités de ce débat: Mme Miki Matheson, Directrice de projet au Centre de soutien de la Fondation paralympique nipponne et M. Andrey Strokin, Secrétaire général du Comité paralympique russe.  Ils ont tous deux estimé que les Jeux paralympiques sont susceptibles de modifier l'attitude du public et de promouvoir une société plus inclusive. 

Membre de la Commission du Marketing du Comité international olympique (CIO) et médaillée olympique d'argent en water-polo, Mme Stavroula Kozompoli, a fait observer que le sport olympique, en particulier, avec ses valeurs de respect, d'amitié et d'excellence, peut préparer le terrain pour les droits de l'homme. 

M. John Morrison, Directeur exécutif de l'Institut pour les droits de l'homme et les entreprises, a notamment souligné qu'il est rare que les grands évènement sportifs n'aient pas un impact sur les droits de l'homme, notamment en termes d'expropriation, de conditions de travail, d'accidents de travail, de discriminations, de violence policière ou encore de corruption. 

À l'issue de la réunion, M. Choi Kyong-lim, Président du Conseil des droits de l'homme, a constaté que «le sport et les droits de l'homme sont de plus en plus liés».

 

Le Conseil poursuivra ses travaux demain matin, à 10 heures, pour se pencher sur la coopération technique et renforcement des capacités dans le domaine des droits de l'homme au Burundi et sur la coopération avec l'Ukraine et l'assistance apportée à ce pays dans le domaine des droits de l'homme. 

Réunion-débat sur la possibilité d'utiliser le sport et l'idéal olympique pour promouvoir les droits de l'homme pour tous

Déclaration liminaire

M. ZEID RA'AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a rappelé que peu d'activités peuvent apporter la joie et l'inspiration à autant de personnes que le sport.  Il s'est ensuite réjoui d'accueillir deux athlètes sur le podium de cette réunion-débat consacrée à la possibilité d'utiliser le sport et l'idéal olympique pour promouvoir les droits de l'homme pour tous, y compris les personnes handicapées.  Le sport est un moteur pour l'égalité et la diversité, a dit le Haut-Commissaire, qui a cité le rapport du Comité consultatif selon lequel le sport peut être «un moyen de promouvoir des chances égales dans l'éducation, la santé, entre hommes et femmes et entre groupes ethniques, et de protéger les droits des personnes handicapées».

Les étoiles sportives ont eu une influence énorme dans la lutte pour l'égalité raciale et de genre, a rappelé le Haut-Commissaire.  En Europe, continent secoué par la peur des étrangers et où se déroule ces jours-ci le Championnat d'Europe de football 2016, le succès de certains de ses sportifs fait plus pour l'intégration que bien des conférences.  Malgré cela, on n'en fait pas assez pour lutter contre la discrimination et l'intolérance et les sanctions sont souvent insuffisantes, de nombreuses femmes et filles restant totalement exclues de la participation aux compétitions sportives.  Le sport ayant un grand pouvoir sur l'imagination des hommes, les progrès réalisés dans ce domaine sont susceptibles d' avoir un impact bien au-delà.  M. Zeid a indiqué que son bureau avait approché les autorités sportives russes pour veiller à ce que des politiques et mesures appropriées soient envisages en tant que partie intégrante des préparatifs de la Coupe mondiale de la FIFA qui se disputera en 2018 en Russie. 

Tous les gouvernements doivent remplir leurs obligations et interdire toute discrimination en veillant à ce que toutes les personnes aient accès au sport.  Le Haut-Commissaire a encouragé à davantage d'initiatives pour lutter contre l'homophobie.  Il a  rappelé par ailleurs que, malgré le succès des Jeux paralympiques, les personnes handicapées doivent surmonter de grandes difficultés, les associations sportives refusant de les accepter dans leurs clubs. 

Le Haut-Commissaire a également soulevé la question des événements sportifs les plus importants, qui sont souvent entachés par de graves violations des droits de l'homme, par exemple des expulsions forcées, l'exploitation de travailleurs pour construire des installations, des malversations de fonds publics, l'exploitation sexuelle.  Pourtant, les grands événements peuvent aussi être le miroir dans lequel s'inspire toute une société.  Les États ont le devoir de protéger les droits de l'homme et les associations sportives ont le devoir de les respecter, a encore affirmé le Haut-commissaire.  Rappelant que ces événements doivent célébrer le potentiel de l'être humain et non générer la haine ou l'exclusion, il a annoncé qu'aux Jeux olympiques de cette année, 10 athlètes réfugiés allaient participer.  Il a fait le vœu que leur participation inspire une nouvelle compréhension des droits de millions de personnes confrontées à des crises dans le monde, pour qui l'enjeu n'est pas de gagner une médaille ou d'atteindre la gloire mais le droit à la vie, à la sûreté et à la dignité. 

Déclarations des panélistes

MME MIKI MATHESON, Directrice de projet au Centre de soutien de la Fondation paralympique japonaise et triple médaillée d'or paralympique en patinage de vitesse, a estimé qu'il n'y a pas d'autre rencontre sportive que les Jeux Paralympiques capable de changer l'attitude du public et de promouvoir une société plus inclusive.  Les Jeux Paralympiques sont le troisième événement sportif le plus important au monde, a-t-elle précisé, avant d'expliquer que ces Jeux offrent l'opportunité aux athlètes ayant un handicap de s'affronter sur un pied d'égalité.  Ces athlètes montrent de quoi l'humanité est capable et certains résultats sont époustouflants, a souligné Mme Matheson, avant d'inviter l'assistance à suivre les Jeux Paralympiques de Rio en septembre prochain.  Elle s'est dite convaincue que ces Jeux contribuent à l'innovation qui permet l'inclusion.  En effet, les athlètes paralympiques sont toujours à la recherche d'équipements pour leur permettre de pratiquer leur sport; ces équipements contribuent donc à ôter les barrières au droit de jouer et à participer à un sport.  À titre d'exemple, Mme Matheson a cité une chaise à laquelle on accroche des skis qui permet de se mouvoir librement sur la neige et la glace; ou un ballon de football auquel on ajoute un bruit qui permet aux personnes malvoyantes de jouer; ou encore un arc permettant aux athlètes d'utiliser leurs pieds et leurs épaules pour décocher des flèches.  Selon elle, les Jeux paralympiques montrent qu'un peu de créativité peut promouvoir l'égalité et l'inclusion.  Elle s'est dite convaincue que le sport est un outil d'intégration sociale, de prévention des conflits, et de concrétisation des rêves et des espoirs.  Grâce au sport, on apprend l'autodiscipline, le travail, la détermination, le fairplay, l'intégrité, l'honnêteté et l'esprit d'équipe.  Dans ce contexte, Mme Matheson a regretté que le «para-sport» ne soit pas accessible à tous, en raison notamment des infrastructures limitées et d'une incompréhension du droit des personnes handicapées à pratiquer des sports.  Elle a annoncé que le Gouvernement japonais a lancé une initiative intitulée «Sport pour demain» visant à la promotion du sport auprès de 10 millions de personnes dans 100 pays du monde entre 2014 et 2020.

MME TANIA BRAGA, du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Rio 2016, a déclaré que le Comité d'organisation des jeux olympiques respecte les droits des travailleurs et suit à cet égard les lignes directrices du Pacte mondial des Nations Unies.  Ces droits incluent la liberté d'association et le respect du droit à la négociation collective des employés de Rio 2016.  Le Comité lutte en outre contre la corruption et en faveur de l'élimination de toutes formes de discrimination.  A ce jour, aucune plainte n'a été rapportée aux mécanismes mis en place pour les recueillir.  En matière de sécurité et de santé, la Commission de la prévention des accidents et de la santé a défini des mesures préventives pour la gestion des risque.  Elle est également responsable de la mise en œuvre de la politique sanitaire dans les entreprises, telle qu'élaborée par les normes brésiliennes.  Des mesures similaires ont également été prises en ce qui concerne la chaîne d'approvisionnement, afin de veiller et de prévenir des cas d'abus, et d'octroyer aux travailleurs dudit secteur les mêmes droits, notamment d'association et de négociation collective, a assuré la panéliste.  Mme Braga a également présenté les mesures adoptées pour les Jeux paralympiques, notamment pour garantir un accès facile aux personnes handicapées, y compris dans les transports et l'hébergement. 

M. ANDREY STROKIN, Secrétaire général du Comité paralympique russe et quintuple médaillé d'or en natation aux Jeux paralympiques, a déclaré que faire du sport était un des droits de l'homme, et la solidarité, l'un des principes fondateurs de l'olympisme.  Le système du sport est inquiet des restrictions au droit, a-t-il admis, regrettant la prévalence du sport à haute performance.  Le sport pour tous est un moyen efficace de réaliser les droits de l'homme et peut être promu dès l'enfance, a-t-il souligné.  Surmonter la discrimination dans le sport est une tâche d'actualité qui s'inscrit dans l'action olympique et paralympique.  En tant que sportif, Andrey Strokin a pu constater l'absence d'installations accessibles aux handicapés mais a reconnu des changements structurels dans la période plus récente.  Quant au rôle des jeux paralympiques dans la réalisation des droits des personnes handicapées, il a considéré que c'était un moteur.  A propos du dopage, il l'a qualifié de honte disqualifiant des jeux et devant faire l'objet de mesures impartiales, qui défendent les droits des sportifs.  M. Strokin a ensuite jugé inacceptable que cette pratique soit utilisée en tant qu'instrument d'influence politique internationale.

MME STAVROULA KOZOMPOLI, Membre de la Commission du Marketing du Comité international olympique et médaillée olympique d'argent en water-polo, a fait observer que la vision d'une société sans discriminations qui offrirait des opportunités égales à tous ses citoyens semble lointaine dans la réalité impitoyable actuelle.  Elle a souligné qu'un cadre législatif de protection ne peut, à lui seul, garantir l'élimination des discriminations dans tous les domaines de la vie, et qu'un cadre d'action plus large est nécessaire.  Mme Kozompoli s'est dite convaincue que le sport a le potentiel de promouvoir l'idéal d'une société sans violations des droits de l'homme.  Le sport olympique, en particulier, avec ses valeurs de respect, d'amitié et d'excellence, peut préparer le terrain pour les droits de l'homme.  Elle a indiqué, à titre d'exemple, que la Grèce, son pays d'origine, mettait en œuvre des programmes de sensibilisation et de promotion de la tolérance et du respect, notamment à l'attention des jeunes générations.  Un autre programme visant à promouvoir la participation des femmes est également en cours dans le but de créer des conditions favorables pour permettre aux femmes d'endosser un rôle de commandement.  Enfin, un programme d'inclusion des personnes marginalisées, comme les personnes handicapées ou les réfugiés, a été mis en place depuis 2014: il comprend des visites dans des écoles primaires, des événements sportifs, et un système de donation d'équipements de sport dans les orphelinats, les prisons, et les abris pour les réfugiés.  Tous ces programmes sportifs promeuvent l'égalité, le respect des droits de l'homme, la tolérance à l'égard de la diversité, le respect des autres cultures et la lutte contre les stéréotypes, a conclu Mme Kozompoli.

M. JOHN MORRISON, Directeur exécutif de l'Institut pour les droits de l'homme et les entreprises, a déclaré que le but de son Institut consiste à appliquer les mêmes règles à tous, y compris aux travailleurs.  Il est rare que les grands évènement sportifs n'aient pas un impact sur les droits de l'homme, notamment en termes d'expropriation, de conditions de travail, d'accidents de travail, de discriminations, de violence policière ou encore de corruption.  On a également vu des villes candidates aux grandes manifestations sportives finalement y renoncer, car les populations ont rejeté ces manifestations à cause de leur coût, a reconnu le panélistes.  Au cours de ces deux dernières années, de nombreuses organismes internationaux se sont engagés au plein respect de droits de l'homme, notamment la Formule 1, la Fédération internationale des associations de  football Association (FIFA) ou encore la Fédération des jeux du Commonwealth et le Comité international olympique (CIO), qui s'est engagé à mettre la non-discrimination et l'autonomisation des femmes au cœur de son Agenda 2020.  Par ailleurs, nombre de gouvernements, de sponsors, d'agences internationales, de diffuseurs et autres se sont aussi engagés, pour la première fois, à conjuguer leurs efforts afin de faire des grands évènement sportifs une célébration des droits de l'homme dans le sens large, a conclu M. Morrison.

Débat

Le Qatar, au nom d'un Groupe d'amis pour le sport, a déclaré que le sport peut renforcer le bien-être physique et mental ainsi que l'intégration sociale des personnes handicapées.  De nombreux obstacles demeurent, par exemple le manque de sensibilisation, les politiques et pratiques discriminatoires, l'accès limité aux installations.  Quelles sont les principales difficultés pour promouvoir les droits de l'homme dans le sport et comment s'assurer que toutes les personnes ont un égal accès au sport, a demandé la délégation.

L'Union européenne a évoqué les groupes vulnérables, tels que les personnes handicapées, pour souligner que le sport et les médias peuvent contribuer à promouvoir leur participation.  La délégation a demandé aux États et aux organisations sportives de contribuer à lever les stéréotypes basés sur la race, la couleur, le sexe, le genre, l'orientation sexuelle, la langue, l'origine ou la religion, insistant sur le rôle que doit jouer l'éducation contre la discrimination.  Elle a condamné les violations des droits de l'homme, le dopage, la corruption et la violence dans l'organisation d'événements sportifs.  La délégation a conclu par cette question: quelles sont les principales difficultés et comment protéger le mouvement sportif de telles pratiques ?

La République dominicaine, au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que c'était la première fois que les Jeux olympiques étaient organisés en Amérique du Sud.  La CELAC a réaffirmé son attachement au sport comme outil d'intégration sociale qui contribue à lutter contre la délinquance et la pauvreté.  La délégation a conclu par cette question: Que peuvent faire les États pour lutter contre les barrières imposées aux personnes handicapées ?

La Grèce, au nom d'un groupe de pays, a relevé le rôle du sport pour promouvoir l'inclusion sociale et sensibiliser aux défis qu'affrontent au quotidien les personnes handicapées.  Elle a précisé que la résolution adoptée par le Conseil sur la promotion des droits de l'homme par le sport et l'idéal olympique relève l'importance d'améliorer la participation des femmes dans les événements sportifs; de lutter contre les discriminations dans le sport; et de promouvoir les valeurs de tolérance, de diversité, de fairplay, de solidarité et de trêve olympique.

L'Afrique du Sud, au nom du Groupe africain, a reconnu le rôle que peut jouer l'idéal olympique dans la promotion et le respect des droits de l'homme.  Il a soutenu les valeurs du sport et de l'idéal olympique et considère que le sport est un vecteur de transmission des droits de l'homme et des libertés fondamentales.  Dans ce contexte, il s'est réjoui que les concepts de transparence, de respect pour tous et de fairplay soient devenus indissociables des principaux événements sportifs mondiaux.

Le Brésil, au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a relevé le rôle joué par les grands événements sportifs pour l'inclusion des personnes handicapées.  La délégation a expliqué que les Jeux de la CPLP ont été créés en 1990, dans le but de garantir la cohabitation sportive entre les pays de la Communauté.  Environ 850 athlètes participeront à la prochaine édition qui se tiendra à Cabo Verde.  La CPLP A salué les efforts de promotion et de protection des droits de l'homme déployés dans le cadre de la préparation des prochains Jeux olympiques et paralympiques qui se tiendront à Rio.

Les États-Unis ont déclaré qu'historiquement, les grands événements sportifs, quel que soit l'endroit où ils ont lieu, ont le potentiel d'améliorer les droits de l'homme et les conditions de travail des personnes dont les vies sont touchées par ces jeux.  En l'absence de protections spécifiques, les personnes handicapées, travailleurs migrants, personnes LGBTI, les professionnels des médias ou les groupes vulnérables peuvent voir leurs droits menacés.  C'est pour cette raison que les États-Unis  ont rejoint d'autres gouvernements, des organisations de la société civile et des entreprises, une initiative sans précédent visant à explorer les voies et moyens de mettre en œuvre les droits de l'homme dans le contexte des grands évènement sportifs, a annoncé le représentant. 

L'Égypte a déclaré que la participation des personnes handicapées, y compris dans les grands événements sportifs, est une obligation découlant de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Dans ce contexte, les États ont le devoir de leur garantir cette participation, a-t-il dit, avant de demander aux panélistes, comment les États peuvent y parvenir.

La Malaisie a indiqué qu'en 2015, elle avait institué une Journée nationale du sport dans l'objectif d'encourager une interaction sociale de masse.  La délégation s'est félicité des activités florissantes des programmes de sport et de développement établis par les Nations Unies. 

Les Bahamas ont jugé ce débat particulièrement opportun à moins de quarante jours de l'ouverture des prochains Jeux olympiques d'été, se félicitant par ailleurs d'accueillir les prochains Jeux du Commonwealth en 2017, dans un environnement inclusif pour tous.

Les Maldives ont dit qu'il ne fait aucun doute que la pratique du sport est devenue un droit humain fondamental, sans aucune discrimination, encourageant la paix où il y a conflit.  Les législations doivent être renforcées pour incorporer l'idéal olympique.  En conclusion, la délégation a demandé quel rôle pourrait jouer le sport dans la promotion de la paix et de l'harmonie pour ceux qui sont englués dans des situations de conflits ou de post-conflit. 

La Fédération de Russie a dit que la pratique du sport est un droit inaliénable de l'être humain, considérant que les compétitions offrent une possibilité unique de communication entre les hommes, permettant de conforter les relations internationales pour y intégrer le respect des droits de l'homme tout en les dépolitisant.  Les manifestations sportives ne doivent pas être utilisées à des fins politiques, a insisté la délégation, qui a également soutenu la lutte contre la corruption et le dopage, sans porter préjudice au droit des sportifs.

L'Autriche s'est dite convaincue que la crédibilité et la pérennité des initiatives visant à profiter des grands événements sportifs pour promouvoir les droits de l'homme dépend en grande partie de la capacité des organismes sportifs faîtiers, des États hôtes et des autres partenaires concernés d'organiser ces événements dans le plein respect des normes internationales relatives aux droits de l'homme.  L'Autriche plaide, à ce propos, pour des normes dont l'application puisse être effectivement contrôlée.

Le Conseil de l'Europe a indiqué que son Conseil des Ministres venait d'adopter la Convention sur une  approche intégrée de la sécurité, de la sûreté et des services lors des matches de football et autres manifestations sportives (NDLR: pour le texte complet, cliquer sur le format PDF figurant en bas de page de ce lien Internet, sous la rubrique «Partage») qui sera ouverte à la signature le 3 juillet prochain.  La Convention s'inscrit dans un train de mesures adoptées par le Conseil de l'Europe pour faire respecter la paix à la marge des grands événements sportifs, notamment.

L'Espagne a souligné combien le sport était un excellent vecteur pour la promotion d'un ensemble de droits fondamentaux.  Il faut éviter que les événements sportifs ne deviennent l'occasion de promouvoir des idées racistes, comme on l'a malheureusement vu récemment, a-t-elle ajouté.  L'Espagne a indiqué avoir adopté, en 2011, un «guide des sports pour tous», disponible sur Internet, recensant plus de 4500 programmes de sport ouverts aux personnes handicapées, dans le but de les préparer le mieux possible aux Jeux paralympiques.

Le Nigéria a estimé que les États doivent promouvoir la participation aux sports de leurs citoyens.  Ce faisant, ils remplissent leur obligation de garantir à leurs citoyens leur droit à une vie saine.  Les États doivent aussi lutter contre le dopage, ainsi que contre les abus physiques, sexuels et psychologiques dans le sport.  La délégation nigériane est par ailleurs d'avis que le sport devrait continuer d'être séparé entre hommes et femmes.  Il ne devrait pas y avoir de «sports transgenres».

L'Afrique du Sud a rappelé être partie à la Convention relative aux droits des personnes handicapées et à son Protocole facultatif.  De plus, la Constitution du pays interdit expressément toute discrimination basée sur le handicap ou l'état de santé.  Une politique sur les droits des personnes handicapées a été adoptée qui s'aligne sur le Programme de développement durable à l'horizon 2030.  La délégation sud-africaine s'est dite fière que son équipe paralympique ait souvent figuré sur le podium.

Le Royaume-Uni a expliqué avoir pris des mesures actives pour promouvoir les idéaux du sport lors des Jeux olympiques et paralympiques de 2012 à Londres.  Il a indiqué que 53% des personnes interrogées ont concédé que les Jeux paralympiques de 2012 ont eu un impact sur la manière dont elles considèrent les personnes handicapées.  Le Royaume-Uni s'investit pour accroître le niveau de participation dans le «handi-sport».  Accroître la participation des femmes est également une priorité.

La République islamique d'Iran a fait part des mesures qu'elle a prises pour défendre les droits de l'homme dans le sport: utiliser les médias et les réseaux sociaux pour combattre le vandalisme et la discrimination contre les femmes; persuader les athlètes d'utiliser leur réputation et leur popularité pour aider des enfants malades et agir en faveur de l'environnement; choisir des sportifs de différentes ethnies dans les équipes nationales pour renforcer l'esprit d'homogénéité.

Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), a estimé que le sport peut contribuer à promouvoir l'éducation, le développement, la paix, la coopération et la solidarité.  La délégation pakistanaise a indiqué que les États membres de l'OCI participent à des événements sportifs pour les personnes handicapées, ce dont ils sont fiers. 

Le Soudan s'est félicité de la tenue de ce débat d'experts et a estimé que le sport constitue un pont entre les personnes pour promouvoir les droits de l'homme.  La délégation s'est enquise des bonnes pratiques pour que les personnes handicapées puissent participer à toutes les activités sportives.

Le Japon a rappelé que l'expression paralympique a été utilisée pour la première fois il y a 52 ans aux Jeux paralympiques de Tokyo de 1964.  Alors que la ville s'apprête à accueillir de nouveau ces jeux mondiaux en 2020, le Japon souhaite utiliser le sport pour promouvoir des sociétés plus harmonieuses.  C'est le sens de son initiative «le sport pour demain», qui entend être une plateforme de coopération internationale à travers le sport.  Cette initiative touchera, entre 2014 et 2020, plus de dix millions de personnes dans cent nations différentes, a précisé la délégation japonaise.

En tant que pays riche par sa diversité, le Liban est convaincu que le sport est essentiel pour développer l'esprit des jeunes ayant des origines ethniques, culturelles, religieuses ou sociales différentes.  Il permet aussi une inclusion de tous, femmes et personnes handicapées comprises, a dit son représentant.  C'est un moyen de préserver la paix et la dignité du monde.  La délégation  a toutefois fait part de sa crainte que le terrorisme ne prenne des événements sportifs pour cibles. 

Le Saint-Siège organisera, en octobre prochain, une conférence sur le sport et la foi, convaincu qu'il est que plus que jamais, le monde a besoin de l'esprit d'amitié et de solidarité que l'on retrouve dans le sport.  A cet égard, la délégation a fait valoir la valeur éducative du sport, en particulier en matière de lutte contre les discriminations, la violence et l'exclusion.  Les Jeux paralympiques sont un exemple d'inclusion, car ils montrent comment, à travers le sport, les personnes handicapées peuvent exprimer leurs talents en fonction de leurs limites, a dit l'observateur. 

Pour l'Italie, le sport est un excellent instrument de récupération psycho-sociale et les droits de l'homme s'y appliquent comme à toute activité humaine.  La délégation a demandé par quel moyen le sport peut contribuer à l'éducation aux droits de l'homme et à la non-discrimination, en particulier chez les plus jeunes.

Le Viet Nam a déclaré que le sport contribue non seulement au progrès social et économique mais permet aussi de gommer les différences par le biais des valeurs de justice et d'égalité.  La délégation a plaidé pour des facilités d'accès au sport pour tous, notamment les jeunes, les enfants, les femmes, les personnes âgées ou handicapées.

La Suisse a regretté que, lors de grands événements sportifs, l'exploitation de la main-d'œuvre, la traite des êtres humains, la restriction des espaces de liberté, les évictions forcées, l'impact environnemental ou encore la mauvaise gestion des deniers publics, soient contraires aux valeurs que le sport doit véhiculer.  La Suisse, siège de plus de 70 fédérations sportives internationales, est investie d'une responsabilité particulière pour l'exécution de politiques de gestion fondées sur les droits de l'homme.  Elle veut consolider un processus multipartite pour un apprentissage et un partage des compétences sur le respect des droits de l'homme dans le cadre de grands événements sportifs.

Le Gouvernement de la Chine s'engage à mettre en œuvre toutes les valeurs de l'idéal olympique que l'on retrouve dans l'Agenda 2020 du Comité international olympique.  En Chine, l'exercice physique fait partie des activités nationales.  Ainsi le Gouvernement a publié le 13e Plan quinquennal de développement par le sport, qui vise à promouvoir un droit au sport, conformément aux lois, y compris pour les 85 millions de personnes handicapées vivant en Chine, a dit le représentant.

Le Comité international olympique (CIO) a déclaré trouver son inspiration dans sa charte olympique qui reconnaît la pratique du sport comme un droit de l'homme dont devrait jouir tout le monde.  Le Comité est en outre convaincu que le sport peut rendre le monde meilleur.  Cette idée est reprise dans son Agenda 2020, dédié aux défis auquel le monde du sport et les sociétés font encore face, notamment en termes de corruption, de conditions de travail, d'accès égal ou de discrimination basées sur le genre ou l'orientation sexuelle.  Avec les Jeux olympiques qui s'ouvrent dans 38 jours, le Brésil a saisi cette occasion pour faire du sport un outil de dialogue social, a signalé le représentant.  Par ailleurs et puisque le Comité olympique international, et bien qu'entité supranationale, n'a aucun moyen d'intervenir ou d'interférer dans les législations des pays, il a souligné qu'il existe cependant d'autres mécanismes et instruments qu'il peut soutenir pour promouvoir et renforcer les droits de l'homme.

La Commission écossaise des droits de l'homme a, par vidéotransmission, relevé l'importance de veiller à ce que l'organisation et le déroulement des événements sportifs internationaux promeuvent et protègent pleinement les droits de l'homme.  Elle a expliqué que grâce aux efforts qu'elle a déployés en coopération avec le Comité d'organisation des Jeux du Commonwealth de 2014, une politique de droits de l'homme pour les Jeux a été adoptée.  Cette politique souligne les droits de l'homme qui doivent être protégés dans la préparation des Jeux.

Outre cette institution nationale des droits de l'homme, plusieurs organisations non gouvernementales ont pris la parole.  Human Rights Watch a dénoncé les abus de droits de l'homme liés aux grands événements sportifs.  Les Jeux de Pékin 2008, par exemple, ont été entachés par des expulsions forcées, d'abus à l'encontre des travailleurs migrants, de restrictions à la liberté des médias et d'emprisonnement des manifestants.  Les Jeux de Sotchi 2014 ont également été entachés par des expulsions forcées et se sont déroulés dans un climat de graves discriminations à l'encontre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres.  L'ONG s'inquiète également des conditions dangereuses dans lesquelles travaille la main-d'œuvre migrante au Qatar (en vue de l'organisation de la Coupe du monde de football dans ce pays). 

Terre des hommes Fédération internationale, au nom également de Défense des enfants – international, Vienna Institute for Development and Cooperation, et Verein Südwind Entwicklungspolitik, a fait observer qu'à un mois des Jeux de Rio, le Comité international olympique (CIO) risque d'être de plus en plus impliqué dans des abus de droits de l'homme.  Dans le cadre de la préparation des Jeux de Rio, des opérations de nettoyage des rues, des violences policières et des expulsions forcées ont eu lieu, a déclaré l'ONG; il est temps que le CIO aligne ses pratiques sur les idéaux qu'il défend, a-t-elle insisté.

Le Service international pour les droits de l'homme a condamné les violations des droits de l'homme commises au Brésil pendant les préparatifs de grands événements sportifs, notamment l'expulsion forcée de plus de 77 000 personnes, la militarisation de zones les plus pauvres sous prétexte d'assurer la sécurité des Jeux olympiques et des restrictions des libertés civiques qui risquent de persister après la fin des épreuves.

Iraqi Development Organization a lui aussi observé que les grands événements sportifs peuvent être la cause de graves violations des droits de l'homme.  Ainsi, au Qatar, plus de 1 200 travailleurs migrants ont perdu la vie pendant la construction des stades de la coupe du monde de football de 2022.  Les réformes promises par le Qatar pour protéger le bien-être des travailleurs n'ont pas été adoptées et la FIFA n'a pas réagi. 

La Commission arabe des droits de l'homme a déclaré que si le sport a pu être un instrument contre le racisme, il est malheureusement marqué de nos jours par la corruption, l'égoïsme et les discours racistes anti-arabes et antimusulmans.  La Commission recommande d'organiser des formations aux droits de l'homme dans le monde du sport et d'assurer une plus grande présence des pays du Sud dans les championnats.

Réponses aux questions

MME MATHESON a déclaré que les violations des droits de l'homme peuvent avoir lieu dans le cadre des grands événements sportifs, mais c'est aussi là l'occasion de les constater et de voir comment y remédier.  Il faut par exemple créer des occasions et adapter l'environnement sportif pour que ceux qui n'y ont jamais pris part puissent le faire.

Mme Matheson a déclaré que les Jeux paralympiques peuvent promouvoir aussi bien la pratique sportive que l'inclusion par et dans le sport.  Les athlètes paralympiques ont un pouvoir exemplaire dont ils doivent se servir pour faire passer certains messages.

MME BARGA a déclaré que l'une des principales difficultés réside dans la complexité même de l'organisation de ces grandes manifestations sportives.  Du coup, l'une des façons de résoudre les problèmes est de rassembler toutes les parties prenantes.  Répondant aux question spécifique concernant les Jeux de Rio, la panéliste a déclaré que la violence policière qui a été relevée doit être replacée dans le contexte général de la violence au Brésil.  S'agissant des expulsions, il n'y en a eu que quelques-unes, a-t-elle ajouté.  Les familles délogés ont été relogées ailleurs et indemnisées; il ne reste que sept cas en suspens, sur lesquels les négociations sont en cours, a-t-elle insisté. 

Mme Braga a recommandé que les entreprises commerciales soient soumises à des normes internationales communes dans le cadre de leur coopération avec l'organisation des grandes manifestations sportives.  Le secteur serait ainsi informé clairement des attentes de la communauté internationale en matière de droits de l'homme et de sports.  La panéliste a recommandé d'organiser davantage de compétitions mixtes, rassemblant des athlètes handicapés et non handicapés; et de sensibiliser les enfants aux difficultés rencontrées par les jeunes handicapés dans leur pratique sportive.

M. STROKIN a déclaré que l'un des défis auxquels sont souvent confrontés les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques est le manque d'accessibilité pour les personnes handicapées et pour les athlètes handicapés.  La Fédération de Russie, avec les Jeux de Sotchi a accumulé beaucoup d'expérience en la matière, a affirmé le panéliste. 

M. Strokin a noté que la pratique sportive, outre qu'elle est favorable à la santé, peut aussi favoriser la communication interpersonnelle.  Les Jeux paralympiques rencontrent dans la Fédération de Russie un succès supérieur aux Jeux olympiques, a-t-il fait observer.  Le mouvement paralympique bénéficie actuellement d'une excellente couverture médiatique et les autorités n'y sont pas insensibles, a constaté M. Strokin.

MME KOZOMPOLI a déclaré que depuis plusieurs années,  le CIO essaie de prendre des mesures contre les pratiques préjudiciables et essaie notamment d'informer et de sensibiliser la jeunesse. 

Mme Kozompoli a souligné que les athlètes de très haut niveau sont d'excellents ambassadeurs des droits de l'homme car toute leur carrière est bâtie sur la persévérance et le respect d'autrui et de la diversité. 

M. MORRISON a notamment souligné qu'il y a des avantages socioéconomiques du sport inestimables dans les grands manifestations sportives, le seul défi étant de savoir comment intégrer les droits de l'homme.  Le partage des expériences de tous est indispensable à cette fin, a-t-il souligné. 

M. Morrison a remarqué que les autorités sportives occupent une place à mi-chemin entre les entreprises et les autorités.  Que peut-on faire pour empêcher les préjudices dus aux entreprises et y remédier quand ils se produisent? Tout le monde n'a pas sa place dans les équipes sportives, a aussi noté l'expert.

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*Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre de la réunion-débat: Qatar (au nom d’un Groupe d’amis pour le sport), Union européenne, République dominicaine (au nom de la Communauté des États de Amérique latine et des Caraïbes), Grèce (au nom d’un groupe de pays), Afrique du Sud (au nom du Groupe africain), Brésil (au nom de la Communauté des pays de langue portugaise), États-Unis, Égypte, Malaisie, Bahamas, Maldives, Fédération de Russie, Autriche, Conseil de l’Europe, Espagne, Nigéria, Afrique du Sud, Royaume-Uni, République islamique d’Iran, Pakistan (au nom de l’Organisation de la coopération islamique), Soudan, Japon, Liban, Saint-Siège, Italie, Vietnam, Suisse, Chine, Comité olympique international.

*Les institutions nationales et organisations non gouvernementales suivantes ont pris la parole dans le cadre de la réunion-débat:: Commission écossaise des droits de l'homme; Human Rights Watch; Human Rights Watch; Terre des Hommes Fédération internationale (au nom également de Défense des enfants – international, Vienna Institute for Development and Cooperation, et Verein Südwind Entwicklungspolitik); ; Service international pour les droits de l'homme; Iraqi Development Organization; et la Commission arabe des droits de l'homme.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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