Skip to main content
x

Le Conseil des droits de l'homme débat de la participation des femmes dans les processus de prise de décision

Arrière

19 Juin 2015

Conseil des droits de l'homme

APRES MIDI 

19 juin 2015

Le Conseil des droits de l'homme a tenu cet après-midi, dans le cadre de sa journée annuelle de débat sur les droits fondamentaux des femmes, une réunion-débat sur la question de la participation des femmes dans les processus de prise de décision, échange qui a été ouvert par la Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, Mme Flavia Pansieri.

Les panélistes étaient Mme Arancha González, Directrice exécutive du Centre du commerce international; Mme Shirin Akhter, députée au Parlement du Bangladesh; Mme Lucrèce Falolou, Chargée de projet à World YWCA au Bénin; Mme Michèle Ollier, partenaire dans société française Index Ventures; et Mme Lilian Soto, chercheuse en administration publique et élue locale au Paraguay.  Le débat était animé par Mme Emna Aouij, Présidente du Groupe de travail sur la question de la discrimination contre les femmes dans la législation et dans la pratique.

La Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme a souligné les progrès accomplis dans l'accession des femmes au pouvoir, rappelant qu'à l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, il n'y avait aucune femme chef d'État ou de gouvernement.  Aujourd'hui, un parlementaire sur cinq est une femme dans le monde, et presque autant (17%) chefs d'État.  Un certain progrès a aussi été enregistré dans le domaine économique puisque l'on compte aujourd'hui 24 femmes PDG sur la liste des 500 premiers chefs d'entreprises.  Mais l'on n'est pas encore parvenu à l'égalité salariale.  Par ailleurs, les femmes sont notoirement absentes des différentes négociations de paix.  Elle a estimé nécessaire d'adopter des lois en faveur de la promotion des femmes et surtout de les mettre en œuvre.  Enfin, il faut favoriser des environnements qui mettent en valeur et promeuvent la voix des jeunes femmes et les former à la prise de décision.

Mme González, du Centre du commerce international, a plaidé pour l'indépendance et l'autonomisation des femmes au nom de leurs effets positifs au plan économique.  La parlementaire bangladaise, Mme Akhter, a souligné les grands progrès de la condition féminine dans son pays depuis vingt ans, en voulant pour preuve sa propre promotion personnelle qui est loin d'être un cas unique.  Mme Falolou, de World YWCA, a déclaré que les obstacles auxquelles les femmes faisaient face étaient souvent les stéréotypes ou les pratiques patriarcales.  Les femmes doivent donc lever ces barrières par le biais de l'éducation, de la prise en main individuelle, de la confiance en soi ou de la sensibilisation des hommes, notamment des pères.  Mme Ollier, d'Index Ventures, a fait part de son expérience d'associée dans une société de capital-risque, notant toutefois le manque d'intérêt des femmes pour le risque, ainsi que la difficulté de s'intégrer dans un monde où les pratiques en affaires sont dures.  La première barrière est donc à chercher dans l'esprit des femmes, selon elle.  Quant à l'élue paraguayenne, Mme Soto, elle a énuméré les stéréotypes ou attitudes qui s'opposent encore à la participation des femmes dans la vie politique des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, en premier lieu la répartition sexuelle du travail, encore très orientée sur l'assignation des tâches domestiques aux femmes. 

Parmi les délégations* qui ont participé aux échanges, un grand nombre ont mis en avant leurs propres initiatives dans l'avancement de la condition féminine, tout en admettant que l'objectif de l'égalité demeurait encore lointain, vingt ans après la conférence de Beijing qui a vu le monde parler d'une seule voix pour dire que l'inégalité des sexes n'était plus acceptable.  La plupart des délégations et des groupes régionaux ont réaffirmé que la promotion de la femme constituait toujours l'une de leurs grandes priorités, alors que des organisations non gouvernementales s'inquiètent de signes de remise en cause de certaines avancées.

 

Lundi matin à 9 heures, le Conseil achèvera son débat interactif entamé aujourd'hui avec le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires et avec le Groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes dans la législation et dans la pratique.  Il sera ensuite saisi de rapports sur l'extrême pauvreté et sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. 

 

Journée annuelle de débat sur les droits de la femme: la participation des femmes dans les processus de prise de décision

Déclaration liminaire

MME FLAVIA PANSIERI, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a rappelé qu'à l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, il n'y avait aucune femme chef d'État ou de gouvernement.  Lors de l'adoption de la Convention pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, un certain progrès avait déjà été fait, des femmes ayant atteint les plus hautes fonctions dans des pays aussi divers que Sri Lanka, l'Inde, Israël, l'Argentine, la République centrafricaine, le Royaume Uni, la Bolivie ou le Portugal.  Il y a deux semaines, Mme Ameenah Gurib-Fakim devenait Présidente de Maurice, la première à occuper cette position dans ce pays.  Un certain progrès a aussi été enregistré dans le domaine économique puisque l'on compte aujourd'hui 24 femmes PDG sur la liste des 500 premiers chefs d'entreprises compilée par Fortune.  Un progrès certain mais qui avance à un rythme d'escargot, a constaté la Haut-Commissaire adjointe.  On est encore loin en effet de la parité, ce qui devrait constituer notre objectif, a-t-elle dit.  Un parlementaire sur cinq est une femme dans le monde, et presque autant (17%) chefs d'État.  Dans le domaine économique, les salaires ne sont toujours pas égaux.  Rappelant les résolutions du Conseil de sécurité, sur le rôle des femmes dans les processus de paix, Mme Pansieri a demandé combien de femmes étaient assises à la table des négociations s'agissant de la Syrie, de la Libye, du Soudan du Sud ou de l'Ukraine.  Leur voix est-elle au moins entendue, a-t-elle demandé. 

À la question de savoir ce qu'il convenait de faire face à un tel constat, la Haut-Commissaire adjointe a répondu qu'il convenait d'adopter une approche globale qui prenne en compte les filles dès leur plus tendre enfance.  Il faut adopter des lois en faveur de la promotion des femmes et surtout les mettre en œuvre.  Enfin, il faut favoriser des environnements qui mettent en valeur et promeuvent la voix des jeunes femmes et les former à la prise de décision.

L'animatrice du débat, MME EMNA AOUIJ, Présidente du Groupe de travail sur la question de la discrimination contre les femmes dans la législation et dans la pratique, a déclaré que son groupe de travail a constaté qu'aucun pays n'a atteint l'égalité parfaite entre les sexes, en particulier dans la représentativité ou la participation des femmes dans la politique ou l'économie.  Elles restent généralement encore sous représentées dans les institutions, les postes de direction.  Beaucoup de pays ont pris des mesures transitoires, conduisant notamment à leur représentativité dans les Parlements ou les instances dirigeantes économiques, mais l'ensemble de ces mesures n'a pas encore conduit à des résultats.  C'est dans ce contexte que le débat du jour va apporter des éclairages sur les expériences et les moyens de parvenir à l'égalité. 

Exposés des panélistes

MME ARANCHA GONZÁLEZ, Directrice exécutive du Centre du commerce international, a plaidé pour l'indépendance et l'autonomisation des femmes au nom de leurs effets positifs au plan économique.  À titre d'exemple de l'importance d'assurer cette «responsabilisation économique» des femmes, des études économiques montrent que l'inclusion des femmes dans le secteur agricole permet d'augmenter la production en même temps que réduire l'incidence de la malnutrition.  Les femmes au travail constituent aussi des atouts pour les entreprises qui les emploient et pour les sociétés au sens large.  On sait, d'autre part, que les femmes réinvestissent 90% de leurs revenus dans leur famille, contre 40% pour les hommes.  Dans ces conditions, et sachant que trois milliards de femmes seront sur le marché du travail en 2020, ne pas créer d'opportunités économiques pour la moitié de la population humaine n'est pas une attitude intelligente, a souligné l'experte. 

La question est de savoir comment favoriser cette responsabilisation, a dit Mme González.  À cet égard, la spécialiste a insisté sur la nécessité d'assurer le droit des femmes à la représentation et à l'accès aux ressources.  Les structures juridiques nécessaires à la parité entre les sexes doivent donc être adoptées et appliquées.  La loi doit également garantir l'accès des femmes aux ressources, une démarche importante quand on sait que, dans plusieurs dizaines de pays, les maris peuvent interdire à leurs femmes de travailler.  Il convient en outre veiller à ce que les femmes bénéficient d'une formation commerciale, théorique et sur le tas, et d'assurer la parité au travail entre les hommes et les femmes.  Dernière piste, les procédures d'achats publics doivent intégrer systématiquement des entreprises en mains de femmes, dans le cadre d'une véritable diversification des sources d'approvisionnement, surtout dans les chaînes d'approvisionnement à forte valeur ajoutée. 

MME SHIRIN AKHTER, députée au Parlement du Bangladesh, a mentionné la conférence de Beijing de 1995 à laquelle elle a participé, constatant qu'aujourd'hui elle était non seulement parlementaire mais aussi dirigeante syndicale, ce qui témoigne des progrès accomplis.  Les femmes du Bangladesh ont bénéficié d'une émancipation évidente, selon elle.  Il n'en demeure pas moins vrai que l'égalité des chances demeure un objectif à atteindre.  Il y a deux mots clés à cet égard: discrimination et découragement.  Comment modifier les attitudes qui conduisent les jeunes filles et les femmes à baisser les bras, a-t-elle demandé.  Elle a fait part de sa participation au combat pour la libération du pays, disant que l'on avait alors des rêves ambitieux d'émancipation.  Aujourd'hui, une vingtaine de femmes sont parlementaires à Dacca, a-t-elle relevé. 

MME LUCRÈCE FALOLOU, Chargée de projet à World YWCA, Bénin, a rendu hommage aux femmes battantes qui l'ont inspirée et soutenue mais aussi à son organisation, qui ont fait d'elle une jeune dirigeante.  Elle a ensuite déclaré que les obstacles auxquelles les femmes font face sont souvent les stéréotypes ou les pratiques patriarcales.  Ce sont autant d'entraves mises sur leurs routes, a-t-elle dit.  Les femmes doivent donc lever ces barrières par le biais de l'éducation, de la prise en main individuelle, la confiance en soi ou la sensibilisation des hommes, notamment des pères.  Il faut oser sortir, oser la différence, prendre des risques, faire preuve de solidarité entre femmes et travailler dur, a-t-elle lancé aux femmes. 

MME MICHÈLE OLLIER, partenaire chez Index Ventures (France), a présenté son expérience d'associée dans une société de capital-risque.  À ce titre, Mme Ollier est amenée à donner ses avis d'expert scientifique sur des projets de création de jeunes pousses dans le domaine de la biotechnologie – dont 90% des postes décisionnels sont détenus par des hommes.  Les raisons de cette faible présence féminine sont d'abord le manque d'intérêt des femmes pour le monde du risque et aussi la difficulté, pour les hommes, d'intégrer des femmes dans un monde où les pratiques en affaires sont dures.  La première barrière est donc à chercher dans l'esprit des femmes, qui doivent apprendre à avoir confiance en elles, à prendre des risques et à commercialiser le fruit de leurs recherches, a suggéré Mme Ollier.  Il faudra pour cela aider les femmes de la jeune génération à s'imaginer comme les égales des hommes, capables de réussir dans les mêmes domaines.

MME LILIAN SOTO, chercheuse en administration publique et élue locale au Paraguay, a recensé plusieurs stéréotypes ou attitudes qui s'opposent encore à la participation des femmes dans la vie politique des pays d'Amérique latine et des Caraïbes.  Le premier stéréotype concerne la répartition sexuelle du travail, encore très orientée sur l'assignation des tâches domestiques aux femmes.  Un deuxième tient au fait que les médias attachent trop d'importance à l'aspect physique des femmes en politique au détriment des idées qu'elles défendent.  D'autre part, les femmes dont la vie familiale ne répond pas aux canons sont elles aussi victimes de discrimination dans la vie politique.  Enfin, dans une logique de domination sexuelle par les hommes politiques, les sujets importants – macro-économie par exemple – sont encore l'apanage des hommes, les sujets «mineurs» étant réservés aux femmes.  Pour toutes ces raisons, les sociétés latino-américaines et caribéennes ont du mal à concevoir un véritable «leadership» féminin.  L'introduction de quotas de femmes est une bonne mesure pour lutter contre ces stéréotypes, en imposant une composition mélangée au point des sexes.  Les expériences de la Bolivie à cet égard sont très concluantes, a expliqué Mme Soto. 

Débat interactif

L'Espagne a souligné que si les femmes assuraient des rôles dirigeants au niveau local lors des conflits, en premier lieu en tant que chefs de famille, elles étaient généralement exclues de manière systématique des négociations de paix.  Leur participation à la résolution des conflits est rare, tant durant les hostilités que lorsque celles-ci cessent.  Elle a indiqué qu'en octobre prochain, le Conseil de sécurité organisera sous présidence espagnole un examen de haut niveau visant à faire le bilan de l'application de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, quinze ans après son adoption.  L'Union européenne a souligné la nécessité de s'attaquer au manque de volonté politique et aux stéréotypes.  Elle co-organisera au Conseil de sécurité le débat de haut niveau sur le leadership des femmes dans la paix et la sécurité. 

Pour sa part, l'Équateur, au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes a mis en lumière une autre conférence internationale relative à la promotion d'un pouvoir féminin qui a eu lieu à Santiago-du-Chili en février dernier intitulé «Les femmes au pouvoir et dans la prise de décisions: construire un monde différent».  Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique, a dit sa conviction que le renforcement de la voix des femmes dans la prise de décision devait concerner tant la sphère économique que politique et sociale.  Elle presse la communauté internationale à remédier aux défis actuels affectant la mise en œuvre et la réalisation de l'égalité dans la participation à la prise de décision. 

La Finlande, au nom des pays nordiques, a constaté que les sociétés humaines, dominées par les hommes, s'étaient de fait privées de la moitié de la connaissance possible et du savoir-faire dans les processus de décision.  Elle a demandé aux panélistes leur point de vue sur les actions concrètes les plus efficaces selon eux dans la promotion de la participation féminine dans la prise de décision.  L'Australie a voulu savoir comment autonomiser les femmes handicapées ou des peuples autochtones.

L'Autriche au nom également du Liechtenstein, de la Slovénie et de la Suisse, a souligné que vingt ans après Beijing il y avait encore loin de la coupe aux lèvres, la plupart des objectifs alors définis étant loin d'être atteints.  Dans ce contexte l'adoption des objectifs de développement durables en septembre devrait donner un nouvel élan à la participation pleine et égale à la sphère politique et économique. 

Les États-Unis ont donné un exemple concret en indiquant que leur mission diplomatique avait invité de militants des droits de l'homme du monde entier à Genève dans le cadre d'un programme relatif aux nouvelles technologies intitulé «Internet Freedom Fellows Program».  Cette année, celui-ci a pour thème l'utilisation de la technologie et de l'Internet pour promouvoir les droits des femmes.

Le Monténégro a indiqué avoir adopté un plan d'action en faveur de la parité, qui a entraîné une amélioration de la participation féminine dans les instances représentatives, tout en reconnaissant qu'on était encore loin du but.  La Croatie a souligné que le pays favorisait la participation des femmes au monde de l'économie en développant une stratégie en faveur de l'entreprenariat féminin, avec notamment l'octroi de prêts bonifiés.  Le gouvernement de Zagreb prépare actuellement un plan d'action visant à renforcer la position économique et sociale des femmes dans les zones rurales.  La République arabe syrienne a indiqué que dès 1949 les Syriennes avaient bénéficié du droit de vote.  Par ailleurs, elles sont actives dans la campagne «Les femmes de paix» lancée par le ministère des affaires sociales inspirée de la résolution de l'ONU sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le Togo, qui a énuméré les mesures prises en faveur de l'intégration de la femme dans les processus de gestion et de gouvernance de la cité, a assuré que celui-ci avait «placé la femme dans son rôle d'acteur et de promoteur de développement avec tous les droits afférents, ceci dans des conditions de dignité, d'égalité et de représentativité». 

La France a constaté que si d'importants progrès avaient été accomplis depuis la Conférence de Beijing, ceux-ci étaient inégaux.  Elle a souligné qu'elle s'était dotée depuis 2012 d'un gouvernement paritaire.  Le principe de parité pour les scrutins électoraux au niveau local a permis des avancées importantes et rapides, a assuré la délégation française.  Au plan international, la France soutient activement la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) de l'ONU.

Au Japon, un projet de loi visant à ce que 30% des postes à responsabilité soit occupés par des femmes d'ici à 2020, a été présenté au Parlement japonais, la Diète.  En El Salvador, ce pourcentage est déjà imposé pour les élections au Parlement.  En Chine, bien que la situation s'améliore, le Gouvernement entend poursuivre les efforts déjà entrepris pour accroître leur participation, a assuré le représentant.  Au Koweït, il y a eu depuis 2006 des femmes ministres et beaucoup a été fait pour favoriser la participation des femmes dans un esprit d'égalité, a dit sa représentante. 

L'Estonie non plus n'a pas atteint la pleine égalité dans les processus de décision.  Mais la tendance est à la hausse, avec notamment la nomination d'une femme au poste de Procureur et d'une autre à celui de médiateur, a dit la représentante.  En Irlande, où le Parlement ne compte que 16% de femmes, une loi promulguée en 2012 impose 30% de femmes ou 30% d'hommes au minimum dans les listes électorales, faute de quoi un parti politique perd la moitié de sa subvention publique.  En République tchèque aussi, les femmes continuent d'être sous représentées dans les instances politiques.  Une loi similaire a été prise imposant aussi un taux minimum de 30% de candidates dans les listes électorales.  Le Canada connaît les mêmes difficultés et s'est donné comme objectif de parvenir à 30% de représentation de femmes dans les instances publiques et privées d'ici à 2019.  Le Conseil de l'Europe, qui a le même objectif pour ses membres, reconnaît qu'il n'y est pas encore totalement parvenu.  Mais un nouvel exercice de contrôle se déroulera courant 2015. 

En ce qui la concerne et selon un classement d'ONU-Femmes, la Bolivie est le pays qui a le plus progressé en matière de parité et de promotion des droits des femmes, s'est-elle félicité, indiquant que les cabinets politiques et le Parlement comptent 50% de femmes.  Le Mexique a souligné les mesures volontaristes qu'il a mises en œuvre qui instaure le principe de la parité des candidatures aux scrutins locaux et fédéraux, ce qui a contraint les formations politiques à s'adapter et qui devrait avoir pour conséquence l'élection d'une proportion de 40% de femmes aux prochaines élections.  Le Venezuela a souligné la forte augmentation de la présence féminine dans les différents niveaux de pouvoir du pays, y compris au niveau local dans le cadre des «Madres de barrio» (mères de quartier) depuis la mutation bolivarienne du pays. 

Le Rwanda a indiqué que plus de la moitié de sa population était féminine et que les femmes représentaient plus de la moitié des parlementaires.  Cela est dû à une forte volonté politique, volonté nécessaire à la mise en place de mesures en faveur de la parité et de l'égalité touchant tous les domaines, y compris les droits à l'héritage par exemple.  Le Niger a souligné que la participation effective des femmes aux niveaux politique, économique et social était fondamentale, notant que celles-ci assuraient plus de la moitié de la production agricole mondiale.  Le Niger met en œuvre des programmes visant à promouvoir le leadership féminin, aussi bien aux postes électifs que nominatifs. 

La Lituanie a jugé encourageant de constater que de plus en plus de femmes occupaient des postes à responsabilité politique dans le monde.  La Présidente de la Lituanie, Mme Dalia Grybauskaite, a été élue à la présidence du Conseil des femmes dirigeantes du monde réunissant des cheffes d'État et de gouvernement passées et actuelles.  L'Albanie a indiqué une augmentation substantielle de femmes dans les postes à responsabilité, en particulier dans l'administration albanaise, ainsi que dans des professions telles que celles de médecin ou de professeur d'université. 

La Sierra Leone a fait part de la nécessité de parvenir à l'autonomisation des femmes.  Pour ce faire, il faut commencer à agir dès l'enfance, notamment en luttant précocement contre les stéréotypes.  Cela doit d'ailleurs commencer dans cette enceinte même où les femmes siégeant au Conseil doivent prendre toute leur place.  La Lettonie a souligné que vingt ans après Beijing il était temps de dresser un bilan de la situation.  Le Royaume-Uni a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l'homme stipulait que tout être humain avait le droit de participer aux décisions d'intérêt public.  Il est nécessaire de créer une masse critique de femmes occupant des postes à responsabilité si l'on entend favoriser une dynamique en faveur de la promotion féminine à tous les niveaux.  La Grèce a souligné la nécessité d'une coopération internationale renforcée pour promouvoir la condition féminine, en veillant notamment à ne pas minimiser le rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits. 
S'agissant des organisations non gouvernementales, le Service international pour les droits de l'homme, au nom également du Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement, a déclaré que les femmes défenseurs des droits de l'homme sont également les cibles des gouvernements répressifs.  Les situations de discrimination est souvent similaire pour les femmes handicapées qui sont également victimes de violence.  Or des chiffres manquent et il est difficile d'élaborer des politiques spécifiques, a dit World Blind Union.  Dans ce contexte, les États devraient demander que des données ventilées soient disponibles et systématiquement dans les rapports des Nations Unies.  La Commission arabe des droits de l'homme a observé que dans de nombreux pays arabes, dont la Tunisie ou au Bangladesh, les femmes accèdent déjà aux postes à responsabilité.  Cela montre bien que l'islam n'est pas la source de discriminations et que la faute en revient à des pratiques et conceptions erronées et passéistes.  Pour l'International Development Law Organization, avant toute réforme des cadres juridiques, il faut prendre l'avis des femmes et faire d'elles les agents du changement. 

Global Network for Rights and Development (GNRD) a souligné que les femmes des camps de réfugiés du Kurdistan et d'Iraq avaient un urgent besoin de protection, ainsi que l'ONG a pu le constater sur place.  All China Women's Federation a constaté l'abîme qui demeurait vingt ans après la Déclaration de Beijing.  L'indépendance économique est la base sur laquelle les femmes peuvent construire leur autonomie et échapper à leur sujétion.  Par ailleurs, 70 ans après la fin de la guerre antifasciste, les gouvernements doivent tirer les leçons de l'histoire en maintenant à tout prix la paix et la stabilité.

Réponses et conclusions des panélistes

MME GONZÁLEZ a déclaré qu'il fallait travailler avec acharnement à la législation sur la participation des femmes, au changement d'attitudes dans la société et à la collaboration des femmes entre elles pour leur autonomisation économique.  La formation des femmes à l'utilisation de la technologie est cruciale, de même que l'obtention des statistiques pertinentes: faute d'information, il est impossible de sensibiliser, a remarqué Mme Gonzalez.  Elle a aussi déclaré que l'octroi de marché publics aux entreprises dirigées par des femmes était l'une des bonnes pratiques qui peuvent permettre leur autonomisation.  Elles pourraient devenir ainsi des fournisseurs de biens et services.

MME AKHTER a insisté pour sa part sur l'importance de la mobilisation politique et sur le renforcement des capacités des femmes.  Il convient également de renverser la perception des femmes par les hommes: ils doivent apprendre à voir les femmes comme des collègues et non comme des cibles de harcèlement sexuel.  Elle a par la suite estimé que si l'on organise bien l'information, on peut aider les femmes.  On peut par exemple décentraliser les campagnes de sensibilisation et de formation, en particulier des formations en matière de participation politique.  Pour ce faire, il faut aussi améliorer la collecte de données, sensibiliser et inclure les hommes. 

Pour MME FALOLOU, les gouvernements doivent recourir aux médias pour donner une image des femmes comme étant des personnes capables de s'impliquer dans la vie politique et économique, et renforcer, par des formations, la capacité des femmes de prendre des décisions dans ces sphères. Il faut aussi démanteler les barrières et montrer les réelles capacités économiques et politiques des femmes.  Il faut les considérer comme des agents du changement, a-t-elle dit, appelant aussi les femmes à croire en elles-mêmes et en leur potentiel.

MME OLLIER a fait observer que les quotas de femmes dans les conseils d'administration ont des aspects positifs mais comportent aussi un risque: celui de placer des femmes sans l'expérience nécessaire dans des rôles difficiles, au risque de décrédibiliser toutes les femmes.  Par ailleurs, il faut s'interroger sur la raison pour laquelle les femmes créent si peu d'entreprises.  C'est pourtant au sein de ces entreprises qu'elles pourront le mieux démontrer leurs compétences de gestion.  Elle a estimé que les valeurs véhiculées par les femmes ne sont pas assez valorisées ou reconnues, notamment dans le monde de l'entreprise.  Elles ont une approche moins conflictuelle et un plus grand souci du bien de l'entreprise, a-t-elle dit.  Pour promouvoir cette complémentarité des genres, il faut se servir de l'école, a conclu l'experte

MME SOTO a jugé indispensable de commencer par imposer la parité au niveau juridique.  Il faut également renforcer les droits des femmes en matière de santé reproductive, dans le contexte de la remise en question des attitudes patriarcales.  Les partis politiques doivent enfin prendre conscience de l'importance de la parité entre les sexes.  Les candidatures féminines aux postes politiques doivent être soutenues par des financements appropriés.   Mme Soto a plaidé pour la création d'observatoires dans les pays pour surveiller la participation des femmes.  On pourrait également tenir des discussions et des débats avec les hommes sur la masculinité, dans le but de réduire les stéréotypes, a-t-elle proposé.

__________

*Déclarations faites dans le cadre du débat sur les droits fondamentaux des femmes: Espagne, Union européenne, Équateur (au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes), Pakistan (au nom de l'Organisation de la coopération islamique), Finlande (au nom des pays nordiques), Autriche (au nom également du Liechtenstein, de la Slovénie et de la Suisse), États-Unis, Monténégro, Croatie, République arabe syrienne, Togo, France, Japon, El Salvador, Chine, Koweït, L'Estonie, Irlande, République tchèque, Canada, Conseil de l'Europe, Bolivie, Mexique, Venezuela, Rwanda, Niger, Lituanie, Albanie, Sierra Leone, Lettonie, Royaume Uni, Grèce, Service international pour les droits de l'homme (au nom également du Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement), World Blind Union, Commission arabe des droits de l'homme, International Development Law Organization, Global Network for Rights and Development, All China Women's Federation.

__________

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Follow UNIS Geneva on: Website | Facebook | Twitter| YouTube |Flickr

Arrière