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LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT SUR LES GROUPES ET PERSONNES VULNÉRABLES

Arrière

16 Avril 1999


SOIR
HR/CN/99/44
16 avril 1999


Les participants dénoncent en particulier
le sort des populations civiles réfugiées et déplacées


La Commission a poursuivi, ce soir, son débat sur les travailleurs migrants, les minorités, les personnes déplacées et autres groupes et personnes vulnérables. L'urgence humanitaire dans laquelle se trouvent les populations réfugiées et déplacées à cause de conflits internes a été au centre de la plupart des interventions.

Sur la question des exodes massifs et des personnes déplacées, de nombreuses délégations ont exprimé leur préoccupation face à la situation des réfugiés kosovars. Elles ont insisté sur l'importance de l'assistance humanitaire dont ces populations mais aussi leurs pays d'accueil ont un besoin urgent.

S'agissant des travailleurs migrants, des représentants de gouvernements ont souligné la nécessité d'un renforcement de la coopération intergouvernementale, régionale et internationale pour traiter la question. La représentante de l'Organisation internationale du travail a cependant regretté que la ratification de plus en plus faible, depuis quelques années, des instruments internationaux de protection du droit du travail en général et des travailleurs migrants en particulier.

Les organisations non gouvernementales qui ont participé au débat ont dénoncé de nombreuses violations des droits fondamentaux des groupes et personnes vulnérables. De nombreuses organisations non gouvernementales ont attiré l'attention de la Commission sur le sort des réfugiés du Kosovo. Elles ont notamment soulevé la question du droit au retour de ces populations. La situation des minorités ethniques et religieuses et la répression dont elles souffrent dans certaines régions ont également été abordées au cours du débat.

Les délégations des pays suivants ont pris part au débat : Saint-Siège, Singapour, Suède, Hongrie, Azerbaïdjan, Finlande, Paraguay, CostaRica, Slovaquie, Nicaragua, Chypre, Croatie et Arménie. Les représentants de l'Organisation internationale du travail et du Fonds des NationsUnies pour l'enfance ont également pris la parole, ainsi que les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Christian Solidarity International; Soka Gakkai International; Association internationale pour la liberté religieuse; Human Rights Watch; Commission internationale de juristes; Fédération internationale des journalistes libres; Conférence asiatique des bouddhistes pour la paix; Fraternité Notre Dame; Al-Khoei Foundation; Minority Rights Group; Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale; Confédération internationale des syndicats libres; Congrès juif mondial; Organisation of Solidarity of the Peoples of Africa, Asia and Latin America; International Federation for the Protection of the Rights of Ethnic, Religious and Linguistic and other Minorities; Bureau international de la paix; Interfaith International; Conseil international de lutte contre le sida; Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme.

La Commission reprendra son débat lundi 19 avril à 10 heures. Elle devrait terminer l'examen des questions se rapportant aux groupes et individus particuliers et entamer l'examen des questions relatives aux populations autochtones.


Suite du débat sur les travailleurs migrants, les minorités, les personnes déplacées et autres groupes et personnes vulnérables

M.GIUSEPPE BERTELLO (Saint-Siège) s'est déclaré consterné face aux événements dramatiques qui endeuillent la République fédérale de Yougoslavie et le Kosovo. L'ampleur de cette catastrophe humanitaire est sans précédent. Dans cette situation, il faudrait parler de «déportation» plutôt que de mouvements de populations parce que les gens sont contraints d'abandonner leurs foyers et leurs villages sous la menace des armes. Les hommes sont séparés de leurs familles. Les documents d'identité et de propriété sont détruits. À ce cortège de désespoir et de mort, s'ajoute la violence destructrice des bombardements. Dans le monde entier, le nombre des populations qui fuient la violence ne cesse de se multiplier, en particulier en Afrique occidentale. Ces situations demandent un effort de solidarité extraordinaire de la part de la communauté internationale. En même temps, il faut veiller à la création de structures d'accueil sûres et adéquates. Il s'agit de mettre en oeuvre un réseau de protection qui garantisse le respect des droits fondamentaux et un minimum d'organisation permettant de surmonter le traumatisme du déplacement. Enfin, aucun progrès durable ne saurait être accompli sans un engagement réel en faveur de la solution politique des conflits, a souligné le représentant du Saint-Siège.

MME MARGARET LIANG (Singapour) a déclaré qu'en tant qu'êtres humains, les immigrants devraient bénéficier des droits de l'homme fondamentaux. Cependant, les immigrants ne sauraient bénéficier des même droits que les nationaux des États hôtes. En ce qui concerne le droit du travail, il a été suggéré que le migrants et les nationaux devraient bénéficier de la même rémunération. Singapour n'est pas d'accord avec cette position, a-t-elle déclaré. La rémunération n'est pas du ressort de l'État mais appartient au contrat passé entre deux parties. Établir un salaire minimum serait contre productif, a-t-elle estimé. Le bénéfice de l'accès aux services sociaux doit rester le privilège de la citoyenneté et les migrants qui ne sont pas citoyens n'ont pas qualité pour en jouir. Et ceci n'a rien à voir avec une discrimination injustifiée envers les migrants, a tenu à souligner la représentante de Singapour. Elle a souligné qu'il fallait faire une distinction entre les migrants légaux et les autres. Elle a en outre admis que les immigrants illégaux sont plus vulnérables et sont plus exposés à l'exploitation. Aussi faut-il déployer tous les efforts pour arrêter l'immigration illégale, a-t-elle déclaré.

MME CATHERINE VON HEIDENSTAM (Suède, au nom de pays nordiques) a exprimé sa préoccupation face à l'ampleur des exodes massifs et des déplacements de population à l'intérieur des pays qui souffrent de grandes difficultés dans tous les domaines et subissent la violence et des violation des droits de l'homme. À cet égard, elle a évoqué la situation du Kosovo et le désastre humanitaire et social qui s'y déroule, insistant sur la nécessité de protéger les réfugiés comme les personnes déplacées et d'assurer leur retour dans des conditions de sécurité et de dignité. S'agissant du problème plus général des personnes déplacées dans leur propre pays, la représentante s'est félicitée de l'élaboration d'un cadre normatif et de l'adoption et la large diffusion des Principes directeurs pour protéger les droits de ces personnes et a insisté sur la nécessité d'accorder une attention particulière aux droits des enfants et à une approche sexospécifique dans la mise en oeuvre de ces Principes. Le Représentant spécial du Secrétaire Général devrait établir des relations plus étroites avec les autres organes des Nations Unies, procéder à un examen de la mise en oeuvre des Principes directeurs et être autorisé à effectuer des visites dans les pays.

M.PÉTER NÁRAY (Hongrie) a déclaré que les événements qui se déroulent au Kosovo montrent bien que le déni des droits fondamentaux des minorités est susceptible de nuire à l'équilibre de régions entières et constitue une grave menace pour la paix et la sécurité internationale. La Hongrie estime que les minorités ne reçoivent pas l'attention qu'elles méritent de la part des NationsUnies. La communauté internationale ne peut rester passive lorsque de graves violations des droits de l'homme se produisent; c'est le cas aujourd'hui. La Hongrie soutient les travaux du Groupe de travail sur les minorités et particulièrement sa récente proposition tendant à ce que ses membres effectuent des visites dans les pays à l'invitation des gouvernements. La Hongrie attache également beaucoup d'importance au commentaire préparé par le Président du Groupe de travail sur les minorités, M.Asbjørn Eide.

MME IRENE McCLURE (Organisation internationale du travail - OIT) a estimé que dans les années à venir, le nombre de travailleurs migrants a plus de chance d'augmenter que de baisser, en raison des mutations économiques, sociales et politiques dans le monde. L'OIT a une obligation constitutionnelle de protéger les intérêts des travailleurs employés dans d'autres pays que le leur. En juin 1998, la Déclaration sur les principes et droits fondamentaux au travail adoptée par l'Organisation, se réfère particulièrement à la protection des travailleurs migrants. La représentante a cependant regretté que la ratification des instruments internationaux de protection du droit du travail et concernant les travailleurs migrants tend à se raréfier ces dernières années. Le Comité d'experts de l'OIT a noté que beaucoup restait à faire au niveau international pour améliorer la situation des travailleurs immigrants. Il faut notamment de meilleurs mécanismes aux niveau international et national pour s'occuper de ce phénomène. La représentante de l'OIT a noté avec satisfaction le rapport du Groupe de travail d'experts intergouvernementaux sur les droits de l'homme des migrants et a salué l'idée de nommer un rapporteur spécial sur ce sujet, l'OIT se déclarant disposée à coopérer avec ce rapporteur s'il était nommé.

MME LESLEY MILLER (Fonds des NationsUnies pour l'enfance - UNICEF) a attiré l'attention sur l'impact de l'épidémie au VIH/sida sur les enfants. Six cent mille d'entre eux sont séro-positifs et 35 millions sont orphelins du fait du sida. En 2010, selon une étude sur 19 pays d'Afrique sub-saharienne, ils seront 40 millions seulement dans ces pays. L'impact de cette épidémie affecte gravement les droits de ces enfants orphelins ou dont les familles sont affectées par le virus et met un terme à une décennie de progrès dans la mise en oeuvre des objectifs du Sommet mondial pour les enfants. L'UNICEF est préoccupé par le fait que la bataille pour ces orphelins semble perdue d'avance du fait de l'augmentation rapide de leur nombre et de la baisse des ressources. MmeMiller a mis l'accent sur la nécessité d'envisager le sida non seulement d'un point de vue médical, mais du point de vue des droits de l'enfant. Elle a appelé à une mobilisation des dirigeants pour mettre en oeuvre des politiques nationales concernant les orphelins, à un soutien aux familles et aux communautés qui s'occupent de ces orphelins et à une protection juridique efficace de ces enfants contre l'exploitation et la discrimination, notamment en ce qui concerne le droit à l'héritage.

MME SIMA EIVAZOVA (Azerbaïdjan) a salué le travail accompli par M.Francis Deng sur le problème des déplacements internes de populations. La représentante a souligné qu'une partie de la population de l'Azerbaïdjan est déplacée et réfugiée et vit dans des conditions extrêmement difficiles. Cette situation est due au conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. À cet égard, l'établissement en mai 1994 d'un cessez-le-feu n'a pas permis une amélioration significative de la situation. L'Azerbaïdjan a remercié les États et les organisations internationales qui ont apporté une aide précieuse au peuple de l'Azerbaïdjan. L'Azerbaïdjan ne peut être accusé d'imposer un «blocus» à l'Arménie, car ce pays commet d'incessantes agressions contre l'Azerbaïdjan. Mme Eivazova a par ailleurs fait valoir que les autorités azerbaïdjanaises ont exclu de leur législation nationale le «propiska», ou permis de résidence datant de l'ère soviétique, au nom de la liberté de mouvement et de choix de résidence, a précisé le représentant
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M.PEKKA HUHTANIEMI (Finlande) a déclaré que la discrimination contre les minorités peut avoir pour cause différents facteurs. Ainsi le fait d'appartenir à une minorité ethnique, linguistique ou religieuse rend la vie plus difficile et l'accès à l'éducation, en raison de la langue maternelle, moins facile. Les gouvernements devrait prendre en compte l'apport culturel que procurent les minorités. La Finlande souhaite le renforcement de la protection spécifique accordée aux minorités et aux peuples autochtones grâce à l'élaboration de normes et de mécanismes internationaux. Le représentant a par ailleurs souligné que les personnes handicapées ont comme les autres le droit à la pleine participation à la société. Un demi milliard de personnes handicapés représente un formidable potentiel humain, a-t-il déclaré. En Finlande, une protection particulière est accordée aux handicapés par la Constitution.

MME LETICIA CASATI (Paraguay) a insisté sur l'importance de la protection des droits des migrants pour son pays qui est au centre d'un mouvement complexe de migrants étant à la fois pays hôte et pays d'origine de migrants. Le pays connaît aussi un important mouvement de migration des campagnes vers les villes. Parmi les mesures adoptées pour réguler ces mouvement complexes, elle a évoqué les accords conclus entre la ville frontalière d'Encarnación, à la frontière avec l'Argentine, et des institutions gouvernementales pour assurer aux paraguayens qui retournent au pays des moyens de subsistance et une formation professionnelle. Au niveau international, la représentante paraguayenne a évoqué l'accord migratoire signé le 18 novembre 1998 avec l'Argentine qui facilite le passage des frontières et limite les risques de clandestinité. En conclusion, elle a réaffirmé l'engagement du Paraguay pour promouvoir et protéger les droits des migrants tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays et insisté sur l'importance d'un renforcement des mécanismes internationaux dans ce domaine.

MME NORA RUIZ DE ANGULO (Costa Rica) a déclaré que son pays soutient pleinement la déclaration faite par le Guatemala au nom du GRULAC. Du fait des nombreuses guerres qui se sont produites, au cours du passé récent, en Amérique centrale, plus d'un demi-million de migrants illégaux et sans papiers sont entrés au Costa Rica. Le Costa Rica veille à fournir à ces migrants un accès gratuit aux soins de santé, aux services d'éducation et à l'assistance juridique en matière d'emploi. Le pays a également lancé une campagne d'amnistie afin que les migrants en situation illégale régularisent leur situation.

M.KÁLMÁN PETÖCZ (Slovaquie) a déclaré que de nouveaux mécanismes ont récemment été introduits dans le droit slovaque pour protéger les minorités. Depuis les élections d'octobre dernier, l'atmosphère générale à l'égard des minorités s'est améliorée. Par exemple, jouer la carte ethnique n'est plus un enjeu décisif dans la bataille électorale. Un poste de vice-premier ministre pour les droits de l'homme et des minorités a été créé. Il est chargé de veiller à la situation de la minorité hongroise qui représente 11% de la population. En ce qui concerne la situation au Kosovo, M.Petöcz a noté qu'au cours des 70 dernières années, tous les peuples d'Europe centrale ont eu à souffrir de déportations, d'expulsions, de déplacements internes. Il a annoncé que son gouvernement avait débloqué près de 2,2 millions de dollars pour l'assistance humanitaire aux réfugiés du Kosovo, en plus de l'assistance à la Croix Rouge Slovaque et aux organisation non gouvernementales.

MME CECILIA SANCHEZ REYES (Nicaragua) a exprimé son soutien aux recommandations du Groupe de travail sur les droits de l'homme des migrants. Elle a déclaré que les défis de la migration s'inscrivent au nombre des priorités des Gouvernements d'Amérique centrale, en particulier depuis le passage du cyclone Mitch qui a eu un impact très important sur le phénomène migratoire et a aggravé la situation des migrants. Elle a insisté sur la nécessité de déployer des efforts au niveau international axés principalement sur les secteurs stratégiques générant de l'emploi et sur les projets de développement et de reconstruction des institutions nationales en tenant compte de la variable migratoire. Elle a appelé en outre à un renforcement de la coopération en matière de migration aux niveaux local, régional et international.

M. PETROS EFTYCHIOU (Chypre) a déclaré que les pires violations des droits de l'homme se déroulent souvent au cours de l'occupation partielle ou totale d'un pays par un autre pays. Même lorsque leur pays est occupé, les civils devraient pouvoir mener un existence aussi normale que possible. Malheureusement, les attaques délibérées contre les populations civiles sous occupation semblent être devenues routinières. Dans certains cas, elles sont le fruit de comportements irresponsables d'individus mais, dans d'autres, elles découlent d'une politique délibérée d'États poursuivant des objectifs expansionistes. À cet égard, la politique de la Turquie à Chypre entraîne de nombreuses violations des droits des populations civiles dans la partie occupée de l'île. Depuis l'invasion turque en 1974, un tiers de la population totale de Chypre a été contrainte de fuir et de se réfugier dans les zones contrôlées par le gouvernement. En 25 ans, pas un seul réfugié n'a été autorisé à retourner dans ses foyers. Le représentant chypriote a déclaré que la communauté internationale a l'obligation non seulement morale mais juridique de rappeler à l'ordre la Turquie. À cet égard, la Commission a un rôle majeur à jouer.

M. VESNA KOS (Croatie) a déclaré que le droit des minorités est un des piliers les plus importants de stabilité internationale. Le problème des droits des minorités, en raison de son caractère historique et politique, n'est pas encore complètement résolu, loin s'en faut. Depuis le début, la Croatie a intégré dans son droit interne des instruments de protection des droits de minorités. La protection garantie par les instruments internationaux auxquels la Croatie a souscrit trouve son complément dans les traités bilatéraux sur les droits de minorités conclus avec l'Italie et la Hongrie. Le Conseil national pour les minorités, qui existe depuis un an, contribue à établir et à maintenir la coopération entre les groupes minoritaires et le gouvernement.

M.KAREN NAZARIAN (Arménie) a dénoncé les «crimes odieux» commis par l'Azerbaïdjan contre les populations arméniennes au Haut-Karabakh. Aujourd'hui, il y a plus de 400000 Arméniens réfugiés et déplacées de force et plus de 72000 ont perdu leurs foyers à cause des bombardements systématiques de l'Azerbaïdjan sur les zones frontalières d'Arménie. L'Arménie accueille en outre plus de dix mille réfugiés d'Abkhazie, de Tchétchénie, du Tadjikistan et d'Ouzbékistan. Depuis 1988, le Gouvernement arménien a adopté plusieurs décrets et décisions pour venir en aide à ces personnes, trouver des solutions à leurs problèmes et assurer leur protection. Aucun effort n'a été épargné pour atténuer les conséquences négatives de leur situation et pour leur permettre de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux. Néanmoins, de nombreux obstacles demeurent dont le moindre n'est pas le refus persistant de l'Azerbaïdjan de restituer les biens des réfugiés ou de les indemniser comme l'Arménie l'a fait pour les réfugiés azerba
ïdjanais. Il a en outre indiqué que les efforts unilatéraux de son pays, malgré l'aide du HCR et d'autres organisations humanitaires, restent insuffisants pour répondre aux importants besoins des réfugiés. Il a exprimé l'espoir que les mécanismes internationaux intensifieront leurs efforts pour relever ce défi.

M.DAVID LITTMAN (Christian Solidarity international) a déclaré que les femmes et les enfants sont victimes d'agressions particulièrement graves au Soudan. À cet égard, le Soudan a la plus grande population de personnes déplacées à l'intérieur de son territoire et l'une des plus grandes populations de personnes réfugiées, a notamment rappelé le représentant. Des femmes et des enfants ont été enlevés. M. Littman a regretté que le Fonds des NationsUnies pour l'enfance n'ait consacré que neuf mots aux horreurs qui se déroulent au Soudan, lors de son allocution faite hier.

M.KAZUNARI FUJII (Soka Gakkai International) a déclaré que la situation au Kosovo a provoqué un nombre important de réfugiés et de personnes déplacées. Tout conflit armé, qu'il soit national ou international, crée un flot de réfugiés qui a des incidences sur les pays limitrophes. Une solution au problème des personnes déplacées doit se faire dans une perspective à long terme car les réfugiés et personnes déplacées sont souvent dans cette situation pour longtemps. L'attention de la communauté internationale et des organisations non gouvernementales est attirée sur ces personnes au moment des conflits, mais que deviennent-elles après ? Des solutions durables aux exodes de masse et aux personnes déplacées requièrent des mesures efficaces pour que ces personnes puissent reconstruire leurs maisons et jouir de leurs droits fondamentaux.

M.GIANFRANCO ROSSI (Association internationale pour la liberté religieuse) a exprimé sa préoccupation face aux violations des droits des minorités religieuses et à la discrimination et à l'intolérance dont elles sont victimes. Il a attiré l'attention sur la situation de ces minorités dans les pays communistes, en particulier en Chine, au Vietnam et en Corée du Nord, ainsi qu'en Inde, au Pakistan, en Iran et en Indonésie. M.Rossi a également dénoncé de graves manifestations d'intolérance et de discrimination à l'égard des minorités religieuses en Europe. Il a en particulier évoqué le rapport Guyart en France et un rapport du Parlement belge sur les sectes dans lesquels des minorités religieuses ont été cataloguées comme sectes. Il a prié la Commission de demander aux États concernés de prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir aux minorités religieuses la possibilité de jouir de leurs droits sans discrimination et de l'égalité devant la loi.

MME JOANNA WESCHLER (Human Rights Watch) a attiré l'attention de la Commission sur le sort des réfugiés du Kosovo. Des centaines de milliers d'Albanais sont en train d'être expulsés. La situation dramatique des Kosovars réfugiés et déplacés soulève la question des brutales violations de leurs droits humains qui les obligent à fuir. La représentante a souligné la nécessité de prendre des mesures efficaces pour mettre en sécurité les Albanais du Kosovo. Les responsables des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis au Kosovo doivent être poursuivis. Les réfugiés doivent pouvoir bénéficier de leur droit au retour, en toute sécurité. Ils doivent également bénéficier de leurs droits de l'homme fondamentaux, a déclaré le représentant.

MME MONA RISHMANI (Fédération internationale des juristes) s'est félicitée des dispositions du Groupe de travail sur les droit de l'homme des migrants. Elle a souligné la nécessité d'établir un mécanisme spécifique au sein des NationsUnies pour que les droits des migrants soient respectés en tant que droits de l'homme et s'est prononcée en faveur d'une meilleure collaboration avec l'Organisation internationale du travail sur ce thème. La représentante a demandé qu'un rapporteur spécial soit nommé sur la question des droits de l'homme des migrants, l'assurant de la collaboration de son organisation.

M.ALGIS TOMAS GENIUSAS (Fédération internationale des journalistes libres) a dénoncé le génocide et la purification ethnique au Kosovo qu'il a comparés aux atrocités des occupations nazies et soviétiques. Il s'est dit réconforté par la décision du Conseil de l'Europe de créer un Institut européen pour les minorités ethniques dispersées. Il a ensuite évoqué la situation dans les pays baltes et estimé que ces pays qui ont perdu un tiers de leur population à la suite de déportations massives, s'ils devaient répondre à la demande de la Fédération de Russie d'accorder automatiquement leur nationalité à la minorité russe qui résidait au moment de l'indépendance, légitimerait les effets dévastateurs des transferts de population orchestrés par Staline. Il a toutefois noté que la Lettonie et l'Estonie ont amendé leurs législations en facilitant l'acquisition de la citoyenneté aux russophones.

M.MOHAMMAD AHSAN (Conférence asiatique des bouddhistes pour la paix) a souligné que chaque groupe minoritaire doit pouvoir conserver son identité et ses caractéristiques. La promotion de la démocratie passe par l'unité accomplie dans la diversité des cultures, des ethnies et des langues. À ce propos, le représentant a dénoncé la répression menée contre les Modjahirs au Pakistan. Il s'agit du plus important groupe minoritaire du Pakistan. L'assimilation forcée est un principe inacceptable. Le représentant a salué l'initiative du Groupe de travail sur les minorités de transmettre aux gouvernements les détails de ses recherches sur la situation des droits de l'homme des minorités. Le représentant a notamment demandé le retrait des forces armées pakistanaises du Sindh, le démantèlement des groupes terroristes pakistanais et en particulier des Haqiqi, la libération des prisonniers modjahir et la cessation des atrocités commises contre ce peuple.

SOEUR MARIE SABINE (Fraternité Notre Dame) a déclaré que dans ses missions caritatives de tous les jours, la Fraternité rencontre les membres rejetés de l'humanité, les pauvres, les incompris. En un mot les personnes considérés comme minoritaires de part leur origine sociale et culturelle, leur race, leur éducation, leur langue ou leur religion. Elle a déclaré que la Fraternité est toujours le témoin de discriminations visant certaines organisations religieuses minoritaires. Elle a affirmé que tout groupement religieux minoritaire a droit au respect et à la tolérance et devrait pouvoir s'épanouir sans entrave. Tout groupement religieux minoritaire doit pouvoir appliquer son droit d'association. Elle a déclaré que des personnes appartenant à des églises minoritaires ont subi de telles pressions qu'elles en ont perdu leur emploi.

M. YOUSIF AL KHOEI (Al-Khoei Foundation) a exprimé sa préoccupation face à la situation des minorités musulmanes en Europe dont la marginalisation sociale et l'aliénation sont en progression. Il a attiré l'attention sur l'«islamophobie» croissante dont font l'objet les musulmans en occident, qui est particulièrement évidente à travers l'image que donnent les médias de l'Islam. Les préjugés apparents favorisent une aliénation et une méfiance qui alimentent des sursauts identitaires et une hostilité réciproque. Il a insisté sur la nécessité de promouvoir le dialogue et une meilleure compréhension des problèmes contemporains des minorités musulmanes. Il a mis l'accent sur le fait que le problème de l'islamophobie recouvre plusieurs questions dont certaines ont déjà été abordées, notamment l'ethnicité et la sexospécificité, le racisme et la xénophobie, et il a recommandé que la question de l'islamophobie soit abordée par tous les organes des Nations Unies de façon intégrée.

MME ANA MARIA BIRO (Minority Rights Group) a notamment souligné la nécessité de mener des actions préventives pour éviter les conflits violents et le rôle crucial que joue la société civile dans le rapprochement des différentes communautés. La guerre qui a lieu en Yougoslavie en est un exemple. Elle a attiré l'attention de la Commission sur les terribles violations des droits des membres de l'ethnie Albanaise et a déclaré que des mesures immédiates doivent être prises pour venir en aide aux réfugiés du Kosovo et fournir une assistance aux pays voisins. Les NationsUnies et la Russie ont un rôle essentiel à jouer pour la promotion d'une paix basée sur les droits de l'homme et le respect des êtres humains. Les crimes contre l'humanité doivent être dénoncés, a déclaré la représentante.

MME MARY TOM (Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale) a salué le rapport du représentant du Secrétaire général sur les personnes déplacées. Elle a relevé en particulier ses recommandations en faveur de la mise en place d'un système de coordination des institutions humanitaires. La représentante a rappelé que les vies de 600 000 personnes déplacées au Kosovo sont en jeu alors que les institutions humanitaires luttent pour fournir de l'assistance, a-t-elle déclaré. Il est important de permettre à ces organisations d'accéder aux personnes déplacées en toute sécurité. La représentante a demandé que les Principes directeurs sur les personnes déplacés soient plus largement diffusés, accessibles à tous et traduits dans de nombreuses langues.

MME ANNA BIONDI (Confédération internationale des syndicats libres) a mis l'accent sur la dimension économique et les aspects socio-économiques du problème des migrants qui a considérablement augmenté avec la mondialisation et la nécessité de faire respecter les normes du travail pour protéger les migrants contre l'exploitation. À cet égard, elle a estimé qu'il fallait que les programmes d'ajustement structurel tiennent compte des droits des migrants et qu'un code de conduite des entreprises multinationales soit établi. Les gouvernements doivent également être encouragés à mener des négociations bilatérales pour coordonner les programmes et les politiques entre pays d'origine et pays d'accueil de migrants. Il doivent prendre des mesures pour faciliter la réinsertion des travailleurs migrants, a-t-elle ajouté. Elle a rappelé que l'exclusion sociale n'est pas seulement moralement inacceptable mais qu'elle n'est pas non plus viable économiquement. La représentante a souligné la nécessité d'établir un mécanisme pour protéger les droits des migrants, notamment par le biais de la nomination d'un rapporteur spécial.

MME MICHELLE KATZ (Congrès juif mondial) a salué la reconnaissance par l'Assemblée générale de l'antisémitisme en tant que forme de racisme en 1998. Les droits des personnes appartenant à des minorités sont encore trop souvent bafoués. Chaque État doit garantir la liberté de religion et enseigner la tolérance religieuse à l'intérieur de ses frontières. Il s'agit là d'un facteur essentiel de stabilité. Les NationsUnies et les États membres doivent s'engager activement à protéger les droits religieux des minorités, a déclaré la représentante.

MME LOURDES CERVATES (Organisation of Solidarity of the Peoples of Africa, Asia and Latin America) a tenu à s'exprimer sur les violations systématiques des droits de l'homme dont souffrent les travailleurs migrants et leurs familles qui viennent du tiers monde dans les sociétés qui les reçoivent, dans le Nord industrialisé. Ainsi, 120 millions de personnes vivent loin de leur pays d'origine. Trente pour cent d'entre eux sont concentrés sur le territoire des quatre pays les plus puissants du monde. Parmi les causes de ces migrations, la pauvreté et le sous-développement, de nature structurelle, dont souffre le tiers monde et qui trouve ses racines dans l'exploitation coloniale et néocoloniale. On comprend alors la responsabilité morale des pays du Nord envers les pays du Sud dans ce phénomène dramatique. En outre, il est injuste de faire reposer la responsabilité des problèmes des pays d'accueil sur les immigrants, alors que l'on sait bien que la cause est le libéralisme mondial, a déclaré le représentant.

M.NICHOLAS THEODOSIOU (International Federation for the Protection of the Rights of Éthnic, Religious, Linguistic and other Minorities) a évoqué le nettoyage ethnique mené par l'armée turque à Chypre et les disparitions forcées dans la zone de Chypre occupée par la Turquie. Les Chypriotes grecs se sont en outre vus refuser le droit au retour. En outre, ces personnes déplacées ne peuvent retrouver les membres de leur famille qui ont disparu, dont des femmes et des enfants. Il a appelé l'attention sur les problèmes graves auxquels les déplacés chypriotes grecs font face. M.Theodosiou a souhaité que la Commission trouve une solution humanitaire permettant aux personnes déplacées de rentrer chez elles et d'être informées du sort de leurs parents disparus. La Commission doit trouver les moyens de mettre fin à la manipulation des structures démographiques par l'implantation de colons turcs et de protéger les personnes déplacées contre de nouvelles violations de leurs droits.

M.ROHITHA BASHANA ABEYWARDANE (Bureau international de la paix) a déclaré que l'une des nombreuses conséquences que peut avoir la guerre est le déplacement de personnes fuyant leurs demeures à la recherche d'endroits plus sûrs. Ces personnes sont particulièrement vulnérables. Malgré certaines dispositions du droit international sur l'assistance aux populations civiles, et particulièrement aux femmes et aux enfants, des gouvernements passent outre à leurs obligations et se servent des vivres ou des médicaments comme d'armes. Le représentant a notamment dénoncé la situation des droits de l'homme au Sri Lanka où la population tamoule est persécutée par le gouvernement. Il a demandé l'envoi d'un rapporteur spécial au Sri Lanka.

M.KASHINATH PANDITA (Interfaith International) a exprimé sa préoccupation face à l'augmentation des persécutions et des discriminations des minorités ethno-religieuses et d'autres groupes vivant dans des situations de conflits internes ou internationaux. Il a dénoncé le nettoyage ethnique et les changements démographiques imposés à la minorité religieuse des Pandits au Cachemire par des milices religieuses extrémistes. Il a en outre attiré l'attention sur les milices religieuses des Taliban qui ont massacré près de 8000 Hazaras et Ouzbèques en Afghanistan. Il a estimé que les médias pourraient jouer un rôle important pour prévenir l'incompréhension entre les groupes religieux et ethniques. Interfaith International craint que la diffusion d'informations biaisées et irresponsables ne porte atteinte à la coexistence pacifique entre les communautés.

M.DAVID PATTERSON (Conseil international de lutte contre le sida) a appelé la Commission à prendre des mesures plus déterminées pour combattre l'épidémie du sida et garantir les droits de l'homme des personnes infectées ou de ceux qui luttent pour prévenir l'infection. À cet égard, il a insisté sur le pouvoir des témoignages de personnes infectées pour faire changer les mentalités. Le respect des droits civils et politiques dans le contexte du sida doit faire partie intégrante d'une action efficace sur le plan international. À cet égard, il a appelé les Rapporteurs spéciaux de la Commission à examiner les violations liées à l'infection au VIH dans le cadre de leurs mandats. Il a appelé les Gouvernements à diffuser et à appliquer les Principes directeurs internationaux et à partager leurs expériences. M. Patterson a souligné le lien de ce problème avec la question plus large du développement et insisté sur la nécessité de prendre en compte ce problème dans toutes les activités de l'ONU pour combattre les effets dévastateurs de la maladie sur les pays en développement.

M.MAHMOUD LAVASSANI (Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme) a attiré l'attention sur les communautés nationales qualifiées de minorités ethniques, religieuses ou linguistiques qui sont des «majorités minoritaires». Ainsi, le peuple du Kosovo est majoritaire mais occupe une position minoritaire sur son propre territoire. De même, la communauté chiite en Irak est majoritaire mais ne dispose pas du droit à l'autodétermination. Comment, alors, justifier l'embargo imposé à une majorité dirigée par une minorité ? s'est-il demandé. M. Lavassani a demandé à la Commission de s'efforcer de faire en sorte que soit inversée la tendance à faire des majorités des minorités et que soit levé l'embargo sur la majorité innocente du peuple iraquien.
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