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CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME: FIN DU
DÉBAT GÉNÉRAL SUR UNE SÉRIE DE
QUESTIONS DE FOND

Arrière

26 Juin 2006

Conseil des droits de l'homme
MIDI

26 juin 2006


Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, lors d'une séance supplémentaire organisée ce midi, l'examen des questions relatives à la lutte contre l'intolérance religieuse, la crise au Darfour, la situation dans les territoires arabes occupés, le rôle des défenseurs des droits de l'homme et les droits de l'homme des travailleurs migrants.

Le Conseil a entendu les déclarations des délégations de dix-huit pays observateurs: Liban, Soudan, la Palestine, Israël, Norvège, Chili, Libye, Qatar, Espagne, Égypte, Iran, Koweït, Suède, Iraq, États-Unis, Nicaragua, Népal et Émirats arabes unis. En fin de séance, les représentants des pays suivants ont exercé le droit de réponse: Palestine, Syrie, Cuba, Iran, République populaire démocratique de Corée, Colombie, Soudan, Algérie et Ouzbékistan.

La situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens a largement été évoquée, plusieurs délégations demandant en particulier qu'une commission d'enquête soit menée afin de faire la lumière sur les événements récents dans la région et faire rapport au Conseil dès sa prochaine session.

Les représentants des organisations non gouvernementales suivantes ont également pris la parole dans le cadre de ce débat: Comité de coordination d'organisations juives (au nom également de B'nai B'rith International; United Nations Watch; Dzeno association; Institut social indien; Association internationale des avocats et juristes juifs; S.M. Sehgal Foundation; Organisation internationale des femmes sionistes; et l'Union mondiale pour le judaïsme libéral.); Human Rights Watch (au nom également de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme); Association pour l'éducation d'un point de vue mondial (au nom également de l'Union mondiale pour le judaïsme libéral); Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (au nom également de l'Organisation mondiale contre la torture); Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement; Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples; Fédération mondiale des associations pour les nations unies; Service international pour les droits de l'homme;
Commission colombienne de juristes; Communauté internationale baha'ie; Union internationale humaniste et laïque; Human Rights Advocates; Union de l'action féminine; et l'Association internationale des juristes démocrates.


La situation des défenseurs des droits de l'homme a été mise en avant par plusieurs organisations non gouvernementales. Afin d'assurer une meilleure participation des défenseurs des droits de l'homme, il a été demandé de mettre en place des mécanismes spécifiques pour assurer leur promotion et leur protection.


Le Conseil des droits de l'homme, après une courte pause, entame cet après-midi l'examen du rapport du Groupe de travail intergouvernemental sur l'application effective de la Déclaration et du Programme d'action de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée (Durban - E/CN.4/2006/18).



Fin du débat sur les territoires arabes occupés, le soutien aux accords d'Abuja, la lutte contre l'incitation à la haine raciale, les défenseurs des droits de l'homme et les migrants

M. GEBRAN SOUFAN (Liban) a attiré l'attention du Conseil sur le sort des personnes disparues. Le Gouvernement libanais souhaite connaître le sort de ces personnes et a fait de cette question une priorité. S'agissant de la question de la lutte contre l'incitation à la violence et la haine raciale, M. Soufan a souligné que le Liban avait une importante contribution à apporter dans ce domaine et a estimé que le Conseil pourrait tirer parti de l'expérience libanaise.

M. ELSADIG ALMAGLY (Soudan) a déploré que les travaux du Conseil aient commencé avec les mauvaises pratiques de l'ancienne Commission, marquées par le manque d'objectivité. Les travaux n'auraient pas dû commencer sur une base aussi sélective, a souligné le représentant soudanais, qui a rappelé que le paragraphe 3 du dispositif de la résolution portant création du Conseil précise que le Conseil doit aborder des problèmes objectifs et urgents. Le représentant a estimé que la mise en œuvre de l'Accord d'Abuja a commencé de manière positive pour le Darfour, le Gouvernement ayant la ferme intention d'instaurer la paix avec l'aide des partenaires internationaux.

M. BASHAR JA'AFARI (Syrie) a dit espérer que le Conseil des droits de l'homme soit plus crédible que la Commission. La Syrie a déclaré qu'elle refusait qu'il y ait au sein du Conseil une politisation sélective. L'occupation représente la pire forme des violations des droits de l'homme. Une mission d'établissement des faits doit être envoyée dans les territoires occupés. Le Conseil doit protéger les droits de ces populations qui doivent voir rétablir leurs droits.

M. MOHAMMAD ABU-KOASH (Palestine) a lancé un appel au Conseil et à la communauté internationale afin qu'ils mettent un terme au siège dont est victime la population palestinienne et ce, afin d'éviter que la situation humanitaire dans les territoires palestiniens occupés ne continue de se détériorer. Des mesures devraient par ailleurs être prises pour répondre aux graves violations des droits de l'homme perpétrées par les forces israéliennes contre la population palestinienne. La Palestine est favorable à l'établissement d'une mission de haut niveau chargée d'enquêter sur ces violations. Cette mission devrait présenter ses conclusions et recommandations au Conseil lors de sa prochaine session.

M. ITZHAK LEVANON (Israël) a regretté certaines omissions dans les déclarations faites ce matin devant le Conseil des droits de l'homme, tels que les fréquents tirs de roquettes vers des populations civiles israéliennes. Il a également rappelé le raid effectué hier par des terroristes palestiniens tuant deux soldats et en kidnappant un troisième. Le représentant israélien a posé la question suivante: «Est-ce que la volonté de soulever des questions des droits de l'homme est un moyen d'utiliser les droits de l'homme comme une arme contre ses ennemis?»

M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a condamné tout acte et toute déclaration qui serait contraire à la liberté de religion ou à la tolérance. Chacun a le droit de voir sa religion respectée. La tolérance et le dialogue sont indispensables et les problèmes ne peuvent être réglés que par la voie du respect mutuel. La Norvège se félicite des efforts déployés par l'Union africaine pour instaurer la paix au Darfour. Une stratégie comportant des mesures de rétablissement de la confiance doit être définie afin de permettre aux personnes déplacées de rentrer chez elles.

M. JUAN MARTABIT (Chili) a fait remarquer qu'aujourd'hui, avec la rapidité des échanges d'informations, les effets de la discrimination ne peuvent plus se limiter à un seul contexte lorsque l'on cherche à s'opposer à la discrimination dans les pays. Il faut donc trouver des méthodes efficaces pour lutter notamment contre la diffusion de matériel raciste sur l'Internet.

MME NAJAT AL-HAJJAJI (Libye) a regretté que les nombreuses décisions prises par l'ancienne Commission des droits de l'homme s'agissant des violations des droits de l'homme perpétrées par Israël dans les territoires palestiniens occupés n'aient pas été suivies d'effet. La Libye souligne l'urgente nécessité pour le Conseil de se saisir de la question des droits de l'homme du peuple palestinien.

M. NASSER RASHID AL NUAIMI (Qatar), a dit espérer que le Conseil des droits de l'homme permettra de faire un grand bond en avant et d'éviter la politisation des débats. La situation des droits de l'homme en Palestine, qui continue de se dégrader, doit être le grand défi à relever par le Conseil. Il faut prendre des mesures urgentes et pratiques pour faire cesser les violations des droits de l'homme et faire lever le siège économique subi par la population palestinienne.

M. JUAN ANTONIO MARCH (Espagne) a souligné l'importance capitale du rôle des défenseurs des droits de l'homme. Ils sont, a-t-il précisé, le baromètre permettant de mesurer l'engagement réel des gouvernements à l'égard des droits et des libertés fondamentales. L'engagement en faveur des défenseurs des droits de l'homme est une priorité pour le Gouvernement espagnol. L'Espagne estime par ailleurs que le plein respect des droits de l'homme est à la fois le fondement et la limite de l'action menée par les États dans la lutte contre le terrorisme.

MME MAHY ABDEL LATIF (Égypte) a déclaré que les Israéliens privent les Palestiniens de leurs droits les plus fondamentaux. Quelles que soient les excuses invoquées, rien ne peut justifier cette colonisation qui tue des civils innocents. L'Égypte demande au Conseil de prendre des mesures pratiques pour faire face aux violations des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés et dans le Golan syrien. Le Conseil doit continuer à se saisir de cette question jusqu'a que cesse l'occupation.

M. MOSTAFA ALAEI (Iran) a déclaré que le Conseil devrait avoir le courage et l'autorité nécessaires pour élaborer des normes complémentaires et renouveler les concepts dans certains domaines pour assurer une véritable protection des droits de 'homme. La liberté d'expression ne saurait être utilisée comme l'instrument d'atteintes à la liberté de religion. Pour l'Iran, la sécurité des personnes devrait englober la sécurité spirituelle si l'on veut que les droits de l'homme soient véritablement protégés.

M. NAJEEB AL-BADER (Koweït) a exprimé sa préoccupation au sujet de la situation dans les territoires palestiniens occupés. Il faut réaffirmer le respect du droit international. Le Conseil doit prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre un terme aux violations des droits de l'homme commises par Israël dans les territoires occupés. Une commission d'enquête doit être mise en place pour enquêter sur les violations perpétrées par Israël. La liberté d'expression ne doit pas permettre de dénigrer et diffamer d'autres cultures.

MME ELISBET BORSIIN BONNIER (Suède) a déclaré que le Conseil avait pour mission de traiter des violations des droits de l'homme à caractère urgent et systématique. Il doit dès lors accorder son soutien dès que cela lui est demandé et ne pas hésiter à dénoncer toutes les violations commises. Le Conseil doit en outre assurer le suivi de toutes les questions qu'il traite, il en va de sa responsabilité et de sa crédibilité auprès des personnes dont le Conseil doit défendre les droits.

M. OMER BERZINJI (Iraq) a dit l'urgence de protéger les droits de l'homme du peuple palestinien et des peuples arabes violés par l'occupations israélienne. Le Conseil des droits de l'homme doit envoyer une mission d'enquête pour évaluer la situation sur le terrain. La communauté internationale doit veiller à ce que l'aide humanitaire parvienne effectivement au peuple palestinien. Le Conseil doit aussi favoriser une culture de tolérance et de compréhension entre toutes les religions, a souligné le représentant iraquien.

M. WARREN W. TICHENOR (États-Unis) a demandé que le Conseil fasse preuve d'honnêteté intellectuelle au sujet de la question de la Palestine. Il doit examiner ces préoccupations comme pour les autres pays, c'est-à-dire dans le cadre de la procédure d'examen périodique. Au sujet du Darfour, le représentant des États-Unis a rappelé que la situation s'aggrave. Le Conseil doit apporter un soutien technique pour la réalisation des accords de paix, a-t-il estimé.

MME ALICIA MARTIN (Nicaragua) a relevé que les migrations transfrontalières sont désormais une réalité incontournable, ajoutant que le migrant s'expose en outre à des violations de ses droits en raison de sa race ou de sa religion. Les femmes et les personnes handicapées sont particulièrement exposés à ces violations. Le Conseil doit assumer la défense des droits des migrants, les États de destination devant de leur côté adopter et ratifier les instruments internationaux les garantissant. Un autre frein au développement est la corruption, qui doit être combattue par tous les moyens pour améliorer la gestion des institutions publiques. Le Conseil devrait lancer et coordonner une initiative mondiale de lutte contre ce phénomène, a estimé la représentante nicaraguayenne.

M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a demandé une amélioration de la situation des droits de l'homme en Palestine. Un règlement fondé sur les résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies pourrait apporter une solution durable. Au sujet de la tolérance religieuse, le représentant népalais a prôné la diversité pour promouvoir la coexistence à long terme. Quant à la protection des droits des migrants, c'est un sujet brûlant pour le Népal, a rappelé le représentant, qui a demandé de mesures concrètes pour la protection des droits des travailleurs migrants.

MME NAJLA AL QASSIMI (Émirats arabes unis) a déploré que la situation dans les territoires arabes occupés n'ait jamais trouvé de solution, malgré les nombreuses résolutions adoptées dans ce domaine. Le blocus économique imposé actuellement au peuple palestinien est en train de détruire la société palestinienne. Le Conseil doit demeurer saisi de cette question jusqu'à ce que toutes les violations aient pris fin. La représentante s'est élevée aussi contre les discriminations religieuses, qui doivent être combattues par l'éducation. Les Émirats saluent par ailleurs l'accord de paix intervenu au Soudan.

MME SYBIL KESSLER (Comité de coordination d'organisations juives, au nom également de B'nai B'rith International; United Nations Watch; Dzeno association; Institut social indien; Association internationale des avocats et juristes juifs; S.M. Sehgal Foundation; Organisation internationale des femmes sionistes; et l'Union mondiale pour le judaïsme libéral) a rappelé plusieurs cas de violations des droits de l'homme dans diverses parties du monde, entre autres en Ouzbékistan, au Népal, en Corée du Nord, au Timor oriental, au Turkménistan, en Libye, au Soudan. La représentante a demandé au Conseil de se pencher sur tous ces cas.

MME SIMIA AHMADI (Human Rights Watch, au nom également de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme) a estimé que le Conseil ne doit se montrer, contrairement à l'ancienne Commission, ni lent ni timoré. Il doit aborder rapidement et complètement toutes les situations de violation des droits de l'homme et appuyer l'action des défenseurs des droits de l'homme. Plusieurs dossiers sont particulièrement importants aux yeux de Human Rights Watch, notamment l'Iran, la Palestine occupée et le Soudan: ils devraient tous être examinés par le Conseil, qui doit placer toutes ces questions au cœur de son ordre du jour, afin que les problèmes puissent trouver des solutions.

DAVID LITTMAN (Association pour l'éducation d'un point de vue mondial, au nom également de l'Union mondiale pour le judaïsme libéral) au sujet de la crise au Darfour, a regretté que le Soudan n'accepte pas les troupes des Nations Unies et a demandé au Conseil d'agir rapidement pour régler cette question.

MME ALEXANDRA POMEON (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, au nom également de l'Organisation mondiale contre la torture) s'est dite inquiète devant les pressions qui s'exercent partout dans le monde sur les militants des droits de l'homme, victimes d'assassinats, de procédures judiciaires, de disparitions forcées, notamment. La représentante a déploré que les auteurs de ces violations jouissent encore d'une impunité totale. Les défenseurs des droits économiques, sociaux et culturels ne sont pas non plus épargnés par ces actes, non plus que les défenseurs des minorités sexuelles. En 2005, de nombreux États ont eu recours à des mesures d'exception à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme, a souligné la représentante.

MME MOMOKO NOMURA (Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement) a dit attendre du Conseil des droits de l'homme qu'il mette en place des mécanismes pour assurer une meilleure participation des défenseurs des droits de l'homme.

M. JEAN-JACQUES KIRKYACHARIAN (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a regretté l'attitude de dénigrement vis-à-vis de la Commission des droits de l'homme. Le Conseil des droits de l'homme ne devrait pas renier trop tôt son héritage, et ne pas ramener la question des droits de l'homme aux seuls droits individuels. Il doit au contraire adopter une vision globale de ces droits et maintenir l'examen et la discussion des situations, comme par exemple celle du peuple palestinien. Le Conseil doit prendre position sur la dégradation récente de sa situation, à Gaza en particulier.

MME BRUNA FAIDUTTI (Fédération mondiale des associations pour les nations unies) a déclaré que le traitement, sur un pied d'égalité, de tous les États membres des Nations Unies permettrait d'ouvrir un dialogue favorable au respect de leurs obligations en matière de droits de l'homme de manière générale et plus particulièrement des obligations découlant de la ratification des différents instruments pertinents. Le Conseil devrait se prononcer le plus rapidement possible sur les modalités de l'examen périodique universel, un examen auquel devraient se soumettre en premier lieu les États membres du Conseil.

La représentante de (International Women's Rights Action Watch) a déploré la régression des droits des femmes devant la montée des extrémismes religieux ou des pratiques juridiques injustes à leur encontre. Elle s'est félicitée des rapports du Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes et du Rapporteur spécial sur la jouissance du droit a meilleur état de santé possible. Ces rapports des Rapporteurs spéciaux font clairement état des manquements à ces droits par les États. Le Conseil doit veiller à ce que toutes les parties prenantes contribuent de manière déterminée au respect des droits des femmes.

MME IMMACULADA BARCIA (Service international pour les droits de l'homme) a attiré l'attention du Conseil sur la vulnérabilité particulière des femmes défenseurs des droits de l'homme. Elle a exprimé sa préoccupation face aux législations dont se dotent certains États pour entraver leur action. Elle a lancé un appel au Conseil afin qu'il joue pleinement son rôle en garantissant un environnement propice à l'accomplissement de leur tâche par les défenseurs des droits de l'homme. Le Conseil doit faire en sorte que les organisations non gouvernementales soient pleinement partie prenante de ses travaux et participent aux processus de décision concernant la mise en œuvre de la résolution 60/251 de l'Assemblée générale

M. ANDRES SÁNCHEZ THORIN (Commission colombienne de juristes) a déclaré que la situation des défenseurs des droits de l'homme en Colombie était très préoccupante, inquiétude partagée par l'Union européenne notamment. L'action du Gouvernement de la Colombie dans ce domaine est tout à fait insuffisante, si l'on en juge par exemple par l'extraordinaire impunité dont jouissent les membres des milices paramilitaires, et ce malgré une injonction de la Cour suprême l'engageant à agir de manière plus déterminée pour punir les exactions commises par ces milices.

MME BANI DUGAL (Communauté internationale baha'ie) a attiré l'attention du Conseil sur le fait que les médias iraniens se livrent à une campagne hostile à la communauté baha'i. Plus de 40 articles diffamants ont ainsi été publiés par le principal quotidien iranien depuis 2005. Malgré les graves accusations portées contre notre communauté, nous n'avons aucune possibilité de répondre, a souligné la représentante, car nous ne sommes pas reconnus par les autorités iraniennes. Chaque État devrait s'efforcer de parvenir à un équilibre raisonnable entre le droit à la liberté d'expression et le droit à la liberté de religion.

M. ROY W. BROWN (Union internationale humaniste et laïque) a déclaré son inquiétude devant la décision de certains États de mettre hors la loi la «diffamation des religions», compte tenu des ambiguïtés qui subsistent sur la définition même de la diffamation. Le Conseil a pour mission de protéger des êtres humains, a dit le représentant, et non des idées. Le droit à la liberté d'expression est fondé sur la Charte universelle des droits de l'homme et doit être protégé par-dessus tout.

M. JOÃO PINHEIRO MOREIRA (Human Rights Advocates) a lancé un appel au Conseil afin qu'il aborde la question des droits des travailleurs migrants dans le cadre de son débat général et pour qu'il renouvelle le mandat du Rapporteur spécial chargé de cette question. Le Conseil devrait en outre prier les États membres de former leurs fonctionnaires à la mise en œuvre des lois relatives à l'immigration. Les États devraient garantir aux travailleurs migrants des voies de recours indépendamment de leur origine et de leur statut. Ils devraient en outre poursuivre les auteurs de violations du droit du travail impliquant des travailleurs migrants.

MME KALTHOUM AL KHAYAR (Union de l'action féminine) a dénoncé la situation désastreuse des populations vivant dans les camps du Tindouf en Algérie, victimes d'une dure répression en mai dernier. La sécurité du Polisario a en effet mené une violente campagne de répression ayant occasionné de nombreux blessés, certains dans un état très grave, ainsi que la détention de nombreuses familles dans des lieux tenus secrets. Certains s'accommodent encore des souffrances des réfugiés. Les gouvernements - celui de l'Algérie en particulier - et les consciences doivent intervenir auprès du Polisario pour qu'il soit mis un terme aux conditions de détention épouvantables dans ses camps.

M. YORIO SHIOKAWA (Association internationale des juristes démocrates) a attiré l'attention des membres du Conseil sur l'article 9 de la Constitution japonaise par lequel ce pays a renoncé à la guerre et à l'usage de la force pour parvenir au règlement de ses différends internationaux. Pour le représentant, toute modification de cet article qui porterait atteinte à la paix et à la sécurité dans le monde devrait être empêchée.


Exercice du droit de réponse

Le représentant de la Palestine, répondant à une déclaration du représentant d'Israël, a dit que l'Autorité palestinienne fait beaucoup d'efforts pour libérer le soldat capturé hier sur une base militaire israélienne, d'où sont tirés quotidiennement des missiles sur le territoire palestinien (Khan Younès), dont l'un a récemment tué dix-huit membres d'une même famille. Le représentant a toutefois rappelé qu'Israël procédait lui-même à des enlèvements de civils palestiniens et que plusieurs centaines de femmes et d'enfants sont actuellement dans les prisons israéliennes. Le Conseil doit demander leur libération.

Le représentant de la Syrie a rappelé que le Rapporteur spécial sur la situation dans les territoires arabes occupés avait fait état de violations «sans précédent dans l'histoire» des droits des peuples palestinien, syrien et libanais par Israël. L'incitation à la haine et la diffamation des religions figurent dans les manuels scolaires israéliens. Depuis 1967, Israël transforme des mosquées en boites de nuit ou en fermes. La recherche de la paix doit être une démarche d'ensemble, et non une initiative unilatérale d'Israël.

Le représentant de Cuba a dénoncé le cynisme des propos tenus par le représentant des États-Unis qui se présente en champion des droits de l'homme. Mais il ne faut pas oublier que le blocus économique imposé par ce pays contre Cuba constitue une violation des droits de l'homme du peuple cubain. Les États-Unis n'ont ni l'autorité morale ni les résultats nécessaires en matière de droits de l'homme pour donner des leçons en matière de droits de l'homme.

Le représentant de l'Iran a estimé qu'il s'agissait d'une «ironie» que la délégation des États-Unis dénigre les droits de l'homme dans certains pays alors qu'eux-mêmes sont responsables de violations. Le Conseil des droits de l'homme doit enquêter sur les violations des droits de l'homme perpétrés par les États-Unis. Le représentant iranien a ajouté que son gouvernement s'était engagé à assurer la jouissance des droits de tous, y compris de la communauté baha'i.

Le représentant de la République populaire et démocratique de Corée a rejeté les classifications arrogantes des États-Unis visant à qualifier son pays de responsable de violations des droits de l'homme, soulignant que les États-Unis sont eux-mêmes auteurs de violations massives des droits de l'homme dans le monde entier. De même, le représentant a estimé que plusieurs organisations non gouvernementales avaient fait des allégations sans fondement quant à une prétendue situation des droits de l'homme dans son pays.

La représentante de la Colombie a déclaré que son gouvernement entend protéger les communautés et groupes vulnérables de la Colombie, y compris les défenseurs des droits de l'homme, en leur offrant des conditions de sécurité personnelle contre la violence de groupes illégaux. Plus de mille personnes ont ainsi bénéficié, à ce jour, d'un programme de protection renforcée. Le Gouvernement, pour appuyer l'action des défenseurs des droits de l'homme, s'est aussi engagé dans le processus de démobilisation des membres de groupes paramilitaires, qui a permis d'enregistrer, en 2005, une forte diminution du nombre des massacres de civils. Le Gouvernement colombien a aussi adopté une stratégie dite «défendez les défenseurs des droits de l'homme», en témoignage de son soutien à leur action.

Le représentante du Soudan a dénoncé les critiques non fondées émises par les représentants des États-Unis et du Canada à l'encontre de son pays. Ceux qui vivent dans des maisons de verre ne devraient pas jeter de pierres, a déclaré le représentant. Il faudrait que le Conseil se penche sur des questions plus pressantes en ce qui concerne les violations des droits de l'homme à travers le monde. La situation la plus urgente étant celle de l'Iraq.

Le représentant de l'Algérie, répondant aux propos tenus par la représentante d'une organisation non gouvernementale, a rappelé qu'une délégation du Haut-Commissariat aux droits de l'homme s'était rendue dans la région et c'est à elle qu'il appartiendra d'informer le Conseil de la situation dans la région. Si l'on veut introduire un véritable changement entre la Commission et le Conseil, il serait bon d'éviter de rentrer dans des polémiques stériles et de s'attacher à traiter de questions qui unissent et non de celles qui divisent.

Le représentant de l'Ouzbékistan, en réponse à des déclarations d'organisations non gouvernementales, a déploré que ces organisations se montrent partiales et accusent sans fondement son pays de violations des droits de l'homme. La communauté internationale a pourtant été informée de la réalité des faits évoqués par ces organisations, dont les motivations sont politiques et ne reposent sur rien de concret, a dit le représentant.



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