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LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME ENTAME LES TRAVAUX DE SA
CINQUANTE-CINQUIÈME SESSION

Arrière

22 Mars 1999


MATIN

HR/CN/99/2
22 mars 1999



Elle élit la Représentante permanente de l'Irlande à sa présidence
et entend une déclaration de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme


La Commission des droits de l'homme a entamé, ce matin, les travaux de sa cinquante-cinquième session en élisant son bureau par acclamation et en adoptant son ordre du jour. La Haut-Commissaire aux droits de l'homme, MmeMary Robinson, a fait une déclaration dans laquelle elle a souligné qu'au fil du temps, la Commission s'est transformée en «voix de la conscience» et en «instrument concret du changement».

La Commission a élu à sa présidence la Représentante permanente de l'Irlande auprès des NationsUnies à Genève, MmeAnne Anderson. Elle a également élu à sa vice-présidence, MM.Shambhu Ram Simkhada, Romans Baumanis et Luis Alberto Padilla Menendez, respectivement ambassadeurs permanents du Népal, de la Lettonie et du Guatemala, aux postes de vices-Présidents. M.Raouf Chatty (Tunisie) a été désigné Rapporteur de la Commission.

Mme Anderson, notant que le média, lorsqu'ils traitent des travaux de la Commission, mettent l'accent sur les débats difficiles sur des situations dans des pays particuliers, a souligné que «la partie plus discrète des travaux de la Commission» contribue à améliorer progressivement la vie des gens.

Dans sa déclaration d'ouverture, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme a souligné que le fait de rendre publics les massacres de civils et les violations graves du droit humanitaire international constituent la première étape visant à faire prendre conscience aux parties en présence qu'elles seront tenues pour responsables de leurs actes, a-t-elle estimé. MmeRobinson a souhaité que la Commission assure le renforcement du rôle des mécanismes spéciaux en matière d'alerte précoce et qu'elle examine la manière dont pourraient être surveillées les violations des dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme adoptée en décembre dernier.

M.Jacob Selebi, Président sortant de la Commission, a également fait une déclaration dans laquelle il souligné que le réexamen de l'ordre du jour de la Commission ne devait pas faire oublier les autres questions importantes comme la prochaine conférence sur le racisme, le dixième anniversaire de la Convention relative aux droits de l'enfant, le cinquantième anniversaire des Conventions de Genève, le centenaire de la Convention de La Haye et la mise en oeuvre de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme.

La Commission reprendra ses travaux en séance publique demain matin, à 10 heures, pour examiner l'organisation de ses travaux.


Déclaration du Président de la cinquante-quatrième session

M JACOB SELEBI (Afrique du Sud), Président de la cinquante-quatrième session de la Commission des droits de l'homme, a déclaré qu'à l'aube du troisième millénaire, l'objectif principal de la Commission doit rester la promotion et la protection des droits de l'homme. Il a rappelé que sa présidence avait coïncidé avec le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, l'adoption de la Déclaration des défenseurs des droits de l'homme et le réexamen de l'ordre du jour de la Commission. Les modalités d'application de la Déclaration des défenseurs des droits de l'homme adoptée au mois de décembre par l'Assemblée générale doivent être mises au point. Ces événements indiquent que beaucoup reste à faire dans le domaine des droits de l'homme et que ces droits sont étroitement liés aux autres formes de développement de la personne humaine. Lors des sessions précédentes, la Commission a fait des progrès en mettant au premier plan les droits de l'enfant et les droits de la femme. Des sessions spéciales de dialogue interactif sur ces questions ont été organisées.

M.Selebi a salué la mémoire des militants morts en défendant les droits de l'homme. Il a également félicité les six lauréats du Prix des Nations Unies pour les droits de l'homme. Le réexamen de l'ordre du jour ne doit pas faire oublier les autres questions importantes comme la Conférence sur le racisme, le 10e anniversaire de la Convention des droits de l'enfant, le cinquantième anniversaire des Conventions de Genève et le centième anniversaire de la Convention de La Haye, a déclaré M.Selebi.

En conclusion, le Président sortant de la Commission a souligné l'on ne pourra véritablement considérer que la Commission a atteint son but que lorsque les communautés du monde entier, surtout celles qui sont déchirées, «sentiront sa présence».

Déclaration de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme

MME MARY ROBINSON, Haut-Commissaire des NationsUnies aux droits de l'homme, a déclaré que les questions de protection et de prévention des droits de l'homme doivent désormais orienter le travail de la Commission. Soulignant que la principale menace qui pèse sur les droits de l'homme est celle de la guerre, elle a affirmé que de nombreux conflits armés ont, de nos jours, des effets si profonds et une telle ampleur qu'ils suscitent un sentiment d'impuissance. Au fil du temps, toutefois, la Commission a eu le courage de traiter ces questions essentielles. Elle les a placées au centre de l'attention internationale et s'est ainsi transformée en «voix de la conscience» et en «instrument concret du changement». Aujourd'hui, a poursuivi MmeRobinson, il faudra faire preuve du même courage pour faire face au défi qui consiste à rechercher les moyens de prévenir les violations tragiques des droits de l'homme commises au cours d'un conflit tout en cherchant à reconstruire les sociétés détruites. D'habitude, la guerre opposait des États et 90% des victimes étaient des soldats alors qu'aujourd'hui, les conflits se déroulent au sein même des États et leurs victimes sont civiles à 90%, a fait observer MmeRobinson. La destruction des infrastructures sociales et économiques associée aux conflits conduisent, à terme, à un déni des droits économiques et sociaux les plus fondamentaux.

La Haut-Commissaire aux droits de l'homme a déclaré qu'il doit être clair pour tous que des actes tels que les atrocités récentes au Sierra Leone sont des crimes au regard du droit humanitaire et du droit international. La première chose à faire aujourd'hui n'est pas de rédiger de nouvelles lois, mais d'appliquer celles qui existent déjà. La décision prise l'an dernier de créer un tribunal pénal international pour rendre justice aux victimes permet de rompre le cycle de l'impunité, permettant d'établir la responsabilité pénale individuelle. Par le biais des mécanismes spéciaux et, plus récemment, de la présence croissante sur le terrain, la Commission surveille les violations de droits de l'homme qui mènent au conflit. Au Kosovo, la discrimination systématique contre les Albanais après 1990 s'est accompagnée de torture et d'autres violations graves des droits de l'homme, ce qui a créé un terrain fertile permettant aux racines du conflit actuel de se développer. Toutes les étapes de ce processus tragique ont été surveillées avec précision et impartialité par le Rapporteur spécial de la Commission puis par les premiers bureaux sur le terrain du Haut Commissariat aux droits de l'homme, qui ont fait un travail d'alerte précoce.

Le fait de rendre publics les massacres de civils et les violations graves du droit humanitaire international constitue la première étape visant à faire prendre conscience aux parties en présence qu'elles seront tenues pour responsables de leurs actes, a poursuivi Mme Robinson. Les rapports sur la situation des droits de l'homme peuvent éclairer les causes de la guerre ainsi que les griefs, les inégalités et les aspirations qui nourrissent le conflit et l'instabilité. Après un conflit, les autorités peuvent avoir besoin d'une aide pour mettre en place des institutions nationales de protection et de promotion des droits de l'homme, ainsi que pour former et restructurer la police et les autres forces armées, réduisant ainsi d'autant les risques de voir le cycle de la violence reprendre le dessus. Faire de la prévention une proposition durable consiste à accorder la parole aux populations sur la manière dont leurs sociétés sont dirigées. «La démocratie et les droits de l'homme puisent leur énergie dans la participation des citoyens «normaux»», a dit MmeRobinson. En ré-évaluant son rôle, la Commission devrait s'assurer que le rôle des mécanismes spéciaux en matière d'alerte précoce sera développé de manière à ce que les rapporteurs spéciaux soient reconnus en tant qu'indicateurs potentiels de l'instabilité et des conflits à venir. Le principal obstacle auquel les rapporteurs spéciaux sont confrontés est celui du manquement voire du refus des gouvernements de les inviter et de suivre leurs recommandations, a souligné MmeRobinson. Elle a souhaité que la Commission traite de cette question de toute urgence.

S'agissant de la Convention relative aux droits de l'enfant, qui célèbre cette année son dixième anniversaire, MmeRobinson a souhaité que le protocole additionnel relatif aux enfants soldats soit adopté sans délai. Elle a souligné que ce n'était pas un hasard si les États dans lesquels les enfants ont pris part aux combats sont souvent ceux où il est le plus difficile de créer une paix durable. MmeRobinson a également fait part de l'importance qu'elle accorde aux activités régionales menées par les organisations régionales et a indiqué qu'à l'instar de ce qui a déjà été fait sur le terrain dans certaines régions, elle entend déployer dans d'autres zones des conseillers des droits de l'homme. La Haut-Commissaire aux droits de l'homme a demandé à la Commission d'assurer que le processus préparatoire à la Conférence mondiale sur les droits de l'homme reçoive toute l'attention appropriée. Elle a en outre affirmé que la liberté accordée aux défenseurs des droits de l'homme est un indicateur de l'engagement réel d'une société en faveur des droits de l'homme et a donc demandé que la Commission examine la manière dont pourraient être surveillées les violations des dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme adoptée par l'Assemblée générale le 9 décembre dernier. À l'aube d'un nouveau siècle, nous devons avoir conscience que la jouissance de tous les droits de l'homme, y compris le droit au développement, constitue la pierre angulaire de la paix et de la sécurité ainsi que la clef de la prévention des futurs conflits et de la construction d'un avenir commun.

Déclaration de la Présidente élue de la Commission

MME ANNE ANDERSON (Irlande), Présidente de la cinquante-cinquième session de la Commission des droits de l'homme, a pris ses fonctions en se déclarant consciente des défis qui doivent encore être relevés. Elle succède à l'un des meilleurs présidents que la Commission aie eu, a t-elle déclaré. Il a marqué cet organe de son autorité et son héritage restera.

L'Irlande, a poursuivi Mme Anderson, n'a pas fini de panser les blessures que l'histoire lui a infligées. Comme beaucoup de pays, nous savons que les droits politiques et économiques sont interdépendants et que l'action interne peut être appuyée par la solidarité internationale.

Mme Anderson a noté que très peu de femmes ont présidé la Commission au cours des cinquante dernières années. Si les femmes comptent parmi défenseurs les plus acharnés des droits de l'homme, un très grand nombre d'entre elles sont victimes d'abus des droits de l'homme. L'heure est venue de remédier à cet état de faits. Mme Anderson s'est dit fière de présider la session au moment oú Mary Robinson occupe les fonctions de Haut Commissaire aux droits de l'homme.

Les médias, lorsqu'ils traitent des travaux de la Commission, mettent l'accent sur les débats difficiles sur des pays particuliers. Mais le travail plus discret devrait aussi retenir l'attention parce qu'il contribue à améliorer progressivement la vie des gens. Les questions que traite la Commission sont nombreuses et comprennent la plupart des problèmes auxquels les sociétés contemporaines sont confrontées : développement, racisme, extrême pauvreté, droits de la femme, de l'enfant, populations autochtones et autres groupes vulnérables. La Commission soit aborder ces questions du point de vue des droits de l'homme afin de renforcer la protection et la promotion de l'ensemble de ces droits. Mme Anderson a rappelé que la présente session devrait mettre en application les «beaux discours» qui ont été faits à l'occasion du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Dans ce but, la Commission devra travailler dur, avec un esprit ouvert et réaliste.
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