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LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME
POURSUIT SON DÉBAT SUR LE RACISME,
LA DISCRIMINATION RACIALE,
LA XÉNOPHOBIE ET TOUTES LES
FORMES DE DISCRIMINATION

Arrière

30 Mars 1999



MATIN

HR/CN/99/12
30 mars 1999



Les interventions sont centrées sur les préparatifs
de la Conférence mondiale sur le racisme



La Commission des droits de l'homme a poursuivi aujourd'hui son examen des questions relatives au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à toutes les formes de discrimination.

Au cours des débats, il a été souligné à maintes reprises que le racisme est souvent le fruit de l'ignorance. Il faut donc mettre l'accent sur l'éducation des plus jeunes afin de leur enseigner les vertus de la tolérance. Le racisme n'est pas seulement une question de droits, c'est aussi une question de devoirs. Enfin, la propagande raciste sur des sites internet a été condamnée et certaines délégations ont demandé la mise en oeuvre d'un axe de réflexion sur ce problème. L'interdiction de la diffusion des idées raciste a été préconisée.

Il a aussi été souligné que la lutte contre ce fléau ne saurait attendre le début de la Conférence contre le racisme; il faut s'y atteler dès à présent. De nombreux orateurs ont fait valoir que si la lutte contre le racisme doit se nourrir de la coopération internationale, les solutions doivent être trouvées au niveau national et local. Par ailleurs, de nombreuses délégations ont demandé la participation de la société civile et des organisations non gouvernementales aux préparatifs de la Conférence.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Allemagne (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Pakistan, Bangladesh, Inde, Afrique du sud, Guatemala (au nom du Groupe des États de l'Amérique latine et des Caraïbes), Chine, République tchèque, États-Unis, Roumanie, Norvège, SriLanka, Lettonie, Indonésie, Madagascar, Argentine, Fédération de Russie, Soudan, Philippines, Équateur, Sénégal, Pologne, Cuba.

La Commission reprendra ses débats sur ce point cet après-midi à 15heures, avant de commencer son débat sur le droit au développement.

Débat sur le racisme, la discrimination, la xénophobie

M. WILHELM HÖYNCK (Allemagne) s'exprimant au nom de l'Union européenne, des pays d'Europe centrale et de l'Est (Tchécoslovaquie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Pologne, Roumanie, Slovaquie) et de Chypre, a affirmé que le racisme, la xénophobie et l'intolérance représentent l'antithèse de ce qu'incarne fondamentalement l'Union européenne. Le principe de non- discrimination se trouve au centre de notre compréhension des droits de l'homme, a t-il déclaré. On observe des manifestations de racisme et de xénophobie dans le monde entier. L'Europe ne représente pas une exception. Il est intolérable que des personnes souffrent encore de violences liées à leur race, couleur, origine nationale ou ethnique. Mais il est tout aussi inacceptable que ces discriminations continuent à bouleverser la cohésion de nombreuses sociétés et à menacer la paix dans le monde.

Au sujet de la Conférence mondiale contre le racisme, le représentant a souhaité une coopération accrue au sein du système des Nations Unies dont les institutions spécialisées, les organisations régionales et les organisations non gouvernementales. De plus, il serait préférable que les mesures adoptées soient complémentaires ou viennent renforcer les activités et instruments déjà existants afin de permettre à la société civile et aux organisations non gouvernementales de s'exprimer. En Europe, le processus régional de préparation de la Conférence mondiale est mené par le Conseil de l'Europe, par le biais de la Commission contre le racisme et l'intolérance, a t-il précisé. Une conférence européenne pourrait avoir lieu en 2001, a t-il indiqué. En outre, la prochaine entrée en vigueur du Traité d'Amsterdam devrait renforcer les capacités de l'Union européenne en matière de lutte contre le racisme. L'année contre le racisme a porté des résultats concrets tels que la création d'un Centre de surveillance du racisme et de la xénophobie qui fonctionne depuis 1998. Au cours de cette année, de nouvelles collaborations et réseaux ont été établis entre les acteurs de la lutte contre le racisme. L'Union européenne estime que le combat contre le racisme et la xénophobie doit commencer chez soi. À cet égard, le représentant de l'Allemagne a déclaré que la situation de la population Rom est un sujet de préoccupation.

M.AKRAM ZAKI (Pakistan) a fermement dénoncé la discrimination raciale sous toutes ses formes, qui est contraire aux préceptes de l'Islam. Il a déploré qu'aujourd'hui, après l'espoir suscité par le démantèlement du système d'apartheid en Afrique du Sud, de nouvelles formes de racisme, telles que la xénophobie, la persécution des minorités, des travailleurs migrants ou des réfugiés, soient apparues. Les formes pernicieuses de la discrimination raciale et du nettoyage ethnique menacent toujours les relations d'amitié entre les peuples, entravent la coopération entre les nations et menacent la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté. M. Zaki a dénoncé en particulier les politiques de supériorité raciale et de haine qui mènent à des crimes de génocide, au Kosovo ou ailleurs, et a appelé à une réponse ferme de la communauté internationale. M.Zaki s'est inquiété des manifestations de plus en plus fréquentes de discrimination observées à l'encontre des minorités musulmanes dans de nombreux pays, sur des bases raciales ou religieuses.

M. Zaki a souligné que les nouvelles manifestations de racisme et d'intolérance se traduisent souvent en termes économiques. Il faudrait, à cet égard, que la communauté internationale prenne des mesures pour éviter que les nouvelles forces économiques, avec la déréglementation, ne déstabilisent les économies fragiles des pays en développement. M.Zaki a insisté sur la nécessité de se concentrer sur toutes les manifestations de discrimination raciale, mais surtout sur ses causes sous-jacentes. Il a souligné l'importance de la préparation de la Conférence mondiale à cet égard, estimant qu'elle fournissait l'occasion pour la communauté internationale de s'engager fermement à traduire dans les faits l'élimination objective du racisme sous toutes ses formes. Il est essentiel de manifester la détermination de la communauté internationale, grâce à des politiques et des mesures aux niveaux national et international interdisant sans ambiguïté toute politique de supériorité raciale et d'intolérance, a-t-il conclu.

M.IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que l'élimination de toute forme de racisme exige un engagement moral en même temps que l'application des législations existantes. L'éducation doit jouer un rôle important dans le processus du lutte contre le racisme. Les programmes d'échanges dans le domaine du sport, des arts et de la culture peuvent encourager les contacts entre les peuples issus de différents pays et doit promouvoir une meilleure compréhension, la tolérance et le respect de la diversité. Le représentant a souligné l'importance d'établir un groupe de travail intergouvernemental afin de mettre en oeuvre une proposition de principes directeurs d'éthique sur l'internet et l'adoption d'un code de conduite pour ses utilisateurs, ainsi que pour les fournisseurs d'accès.

M. Chowdhury a soutenu la proposition que la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et toute forme d'intolérance ne se tienne pas plus tard que 2001. Il a encouragé les contributions des acteurs non gouvernementaux, en ce qui concerne à la fois la préparation et la tenue de la Conférence.

M.A. GOPINATHAN (Inde) a déclaré que le racisme est un problème majeur qui menace l'harmonie et la stabilité de nombreuses sociétés et met en péril les valeurs de tolérance. Notre civilisation mondiale, qui s'enrichit de la diversité, est témoin de la recrudescence de formes extrêmes de haine et de violence. Pour lutter contre ce phénomène complexe, il faut mettre en oeuvre une action concertée à tous les niveaux : local, national et international. Le représentant a émis l'espoir que la Conférence mondiale contre le racisme permettra d'identifier les solutions applicables aux niveaux international et local. Nous devons nous assurer que les représentants de la société civile soient en mesure de contribuer de façon significative au processus préparatoire de la Conférence, a-t-il déclaré. En outre, l'occasion doit être donnée aux victimes du racisme de partager leurs expériences. Une telle approche permettrait d'adopter des décisions en connaissance de cause sur des problèmes précis et d'identifier les so
lutions. La Conférence mondiale doit réaffirmer l'engagement de la communauté internationale en ce qui concerne les principes de diversité culturelle et de tolérance, a conclu M.Gopinathan.

M. SIPHO GEORGE NENE(Afrique du Sud) a salué l'organisation par les Nations Unies de la Conférence mondiale sur des sujets aussi sensibles que le racisme et la xénophobie. L'Afrique du Sud, du fait de son expérience passée du problème du racisme, contribuera étroitement à cette manifestation. Le représentant a rappelé qu'au cours des trois derniers siècles, les Sud-Africains ont connu des régimes caractérisés par la discrimination raciale et l'oppression. De ce passé, ils ont appris qu'il fallait apprendre à pardonner, mais aussi que la ségrégation et l'oppression raciales ne peuvent mener qu'à la ruine et au désastre économique. À cet égard, le présent Gouvernement s'attaque à ce terrible héritage de l'histoire par une politique de reconstruction et de développement. «Nous sommes un pays en convalescence, qui fait de son mieux pour guérir les blessures de son passé de racisme», a déclaré M.Nene.

La recrudescence des problèmes de racisme dans le monde est très préoccupante, a poursuivi M.Nene. Il a souligné qu'aucun pays du monde n'est irréprochable en matière de racisme et de xénophobie. En Afrique du Sud, la Constitution fait obligation à l'État de remédier aux divisions du passé et de créer une société fondée sur des valeurs démocratiques, la justice sociale et les droits de l'homme. Malgré son soutien sans réserve à la tenue d'une Conférence mondiale contre le racisme, l'Afrique du Sud estime qu'elle ne saurait résoudre à elle seule tous les problèmes de racisme que le monde doit affronter aujourd'hui. Il est indispensable que la Conférence soit appuyée par un fort engagement national, une législation nationale appropriée et des campagnes d'éducation, sans quoi le problème du racisme restera longtemps parmi nous, a-t-il déclaré. M. Nene s'est félicité des délibérations constructives menées par le groupe de travail la semaine dernière. Sa délégation estime que les objectifs proposés par le groupe de travail sont un bon point de départ pour les réunions préparatoires.

Le représentant sud-africain a en outre indiqué que son gouvernement accordera la priorité à l'accueil du Rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance. Au sujet de l'afflux de migrants provenant d'autres pays africains, le représentant a regretté que son pays leur ait souvent offert un accueil peu hospitalier, parfois brutal. Pour lutter contre les facteurs favorisant le racisme et la discrimination raciale, son Gouvernement a créé la Commission sud-africaine des droits de l'homme et a lancé un plan national d'action contre la xénophobie.

M.LUIS PADILLA MENÉNDEZ (Guatemala), s'exprimant au nom du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes, a exprimé sa préoccupation face à la persistance des problèmes de discrimination raciale, en particulier la diffusion des idéologies racistes. Dans cette optique, le Groupe attache une importance particulière aux travaux du Groupe de travail chargé de la préparation de la Conférence mondiale contre le racisme. À cet égard, M.Padilla a estimé que le Groupe de travail devait se concentrer sur les questions de procédure et de définition générale du travail à venir, sans toutefois négliger les questions de fond. Dans ce cadre, il faut tenir compte des intérêts et des préoccupations de tous les groupes régionaux, a-t-il souligné. Comme lors des précédentes Conférences mondiales, il faudra disposer d'une déclaration, d'un programme d'action et d'un mécanisme de suivi faisant des recommandations concrètes nécessaires aux niveaux national, régional et international. Au cours du processus préparatoire, il est en outre important d'attirer l'attention sur les thèmes les plus importants liés au racisme et à la discrimination raciale ainsi que sur les moyens de les combattre, a ajouté le représentant. Au nombre de ces questions, il a notamment cité : l'évaluation des progrès de la lutte contre le racisme; les contributions du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale; la lutte contre le racisme et en faveur de la tolérance par l'éducation et les moyens de communication; la discrimination et les mouvements de population.

Le Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes a en outre exprimé sa préoccupation quant aux moyens d'assurer le financement des programmes de lutte contre le racisme au sein des Nations Unies. À cet égard, M.Padilla a préconisé le financement de la Conférence sur le budget ordinaire, même si le Fonds de contribution volontaire et d'autres sources de financement peuvent apporter un appui important. Il a également mis l'accent sur la participation des organisations non gouvernementales qui devront appuyer les efforts gouvernementaux au niveau national.

M.YU WENZHE (Chine) a souligné que, si la discrimination raciale en tant que système social a cessé d'exister, de nouvelles formes de racisme et de discrimination raciale subsistent. Le néo-fascisme et le néo-nazisme deviennent des phénomènes de plus en plus graves dans de nombreux pays. Aussi, la Conférence mondiale contre le racisme qui doit se réunir en 2001 devrait-elle permettre de passer en revue et d'analyser les efforts déployés en matière de lutte contre les nouvelles formes de racisme. La communauté internationale devrait placer au premier rang la cessation des violations massives des droits de l'homme que constituent les nouvelles formes de racisme. Tous les organes pertinents des NationsUnies devraient entreprendre des études et des recherches sur ces nouvelles formes de racisme et préparer des rapports, pour examen lors de la Conférence mondiale, sur les obstacles rencontrés dans le cadre de la lutte contre ces phénomènes et les mesures permettant de les surmonter.

La Conférence mondiale devrait être l'occasion d'exhorter les pays concernés à prendre des mesures politiques, économiques, juridiques ainsi que des mesures en matière d'éducation ou autres, en vue de remédier aux causes des nouvelles formes de racisme et de discrimination raciale. Les NationsUnies et leurs institutions compétentes, en particulier la Commission, devraient placer le travail préparatoire de la Conférence mondiale au coeur de leur ordre du jour et fournir les ressources adéquates pour que ces préparatifs soient plus efficaces.

M. MIROSLAV SOMOL(République tchèque) a souligné que son pays fait face à des problèmes similaires à ceux rencontrés dans les pays de l'Union européenne dans leur lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. À l'instar de nombreux autres pays, la République tchèque est confrontée, en particulier, à la réapparition de la violence motivée par des considérations raciales, en particulier à l'encontre de la communauté rom. Le pays fait aussi face à des pratiques discriminatoires, en particulier dans le secteur privé. Depuis 1993, les gouvernements tchèques ont dénoncé sans relâche toutes les manifestations de racisme et, reconnaissant la gravité du problème, ont pris diverses mesures pour remédier aux comportements d'individus et de groupes qui ne sont pas compatibles avec l'ordre juridique du pays. La pratique quotidienne dans ce domaine rappelle combien il est difficile de surmonter les conséquences néfastes de 40 années d'isolement du passé communiste du pays et de mettre en place, dans le cadre démocratique du pays, un système efficace d'institutions civiques, policières, judiciaires et éducationnelles.

Le représentant tchèque a rappelé que le rapport du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme mentionne certains cas concrets concernant la situation de la minorité rom en République tchèque en faisant état d'attaques de skinheads contre des Roms ainsi que de difficultés rencontrées par les enfants roms en matière d'éducation et de problèmes rencontrés par les Roms en matière d'accès à certains lieux publics. «Ces problèmes existent réellement et nous faisons de notre mieux pour les surmonter partout où ils se manifestent», a assuré le représentant tchèque. La question de la citoyenneté depuis l'éclatement de la Tchécoslovaquie a été résolue par l'amendement récemment apporté à la loi pertinente et la République tchèque pense que cette question ne devrait plus poser de problème. Le Gouvernement actuel s'efforce de mettre en place une politique plus active en matière de lutte contre le racisme et a déjà pris, dans ce cadre, un certain nombre de mesures, notamment en amendant le Code pénal pour punir plus sévèrement les crimes à caractère raciste et en créant un poste de Commissaire aux droits de l'homme ainsi qu'un Conseil pour les droits de l'homme.

MME CARLA ARRAÑAGA (États-Unis) a déclaré que la discrimination dont elle a été l'objet enfant lui a appris que, si les blessures physiques peuvent disparaître rapidement, les blessures morales durent toute une vie. Elle a indiqué que l'Unité de répression des crimes de haine du bureau du procureur du comté de Los Angeles, auquel elle appartient, a été créée à la suite des émeutes communautaires qui se sont produites il y a cinq ans dans ce comté de 10millions de personnes, constitué d'un important mélange de groupes ethniques, nationaux, religieux et linguistiques. En ce qui concerne les rapports tendus entre groupes afro-américains et les forces de police, il a été découvert que la plupart du temps, les perceptions négatives qu'ils avaient les uns des autres étaient fondées sur des stéréotypes et de fausses impressions. Un volet important de la stratégie de l'Unité consiste à s'impliquer dans l'éducation, car les enfants ont un sens inné profond de la justice. Plus les enfants seront sensibilisés jeune
s, plus il sera aisé d'empêcher les sentiments racistes chez eux, a-t-elle déclaré.

Mme Arrañaga a souligné que les préjugés raciaux, religieux et ethniques sont profondément ancrés dans toutes les cultures. Ils alimentent parfois des haines qui touchent des régions entières, a-t-elle souligné, citant les cas de la Bosnie et du Kosovo, du Rwanda, de la Tchétchénie, de l'Afghanistan, de la Somalie, du Soudan, qui sont autant d'exemples de massacres insensés, de nettoyage ethnique, de viols et de destruction. Combien de morts avant que la communauté internationale ne trouve des moyens efficaces contre ces tragédies ? La représentante a conclu en expliquant que le racisme est un phénomène mondial. En permettant aux pays de partager leurs expériences, la Conférence contre le racisme peut contribuer positivement à l'avancée des droits de l'homme dans le monde.

M.ALEXANDER FARCAS (Roumanie) a souhaité que les travaux des comités chargés de la mise en oeuvre des instruments internationaux dans le domaine des droits de l'homme soient utilisés de manière plus soutenue dans l'action contre la discrimination raciale. En outre, une meilleure coordination des travaux des organes des Nations unies et une meilleure connaissance des rapports réalisés par les autres mécanismes dans ce domaine seraient de nature à rendre plus efficace l'action d'ensemble, a-t-il estimé. Le représentant a souligné que la discrimination raciale est une affaire de société que les tribunaux et les sanctions, seuls, ne peuvent pas enrayer. Dans ces circonstances, il est nécessaire d'entreprendre un travail d'éducation approfondi et constant auprès des personnes chargées de l'application de la loi tels que les juges, les policiers et d'autres fonctionnaires, mais aussi de l'ensemble de la population, particulièrement de la jeunesse. Il importe aussi que les médias, les journalistes et les gouver
nements eux-mêmes excluent de leur langage les messages racistes et les incitations à la discrimination et à l'intolérance. La liberté d'expression de quelques-uns uns ne devrait pas l'emporter sur la dignité des autres, sur la paix sociale et sur la paix tout court, a-t-il déclaré.

Le représentant a souligné qu'en Roumanie, la lutte contre les actes de discrimination raciale est inscrite dans plusieurs dispositions de la Constitution du pays, de textes de loi et du code pénal. Des cours de formation et de recyclage dans le domaine des droits de l'homme sont organisés notamment pour le corps des magistrats, des avocats, des procureurs, des officiers de police et de l'armée, a-t-il indiqué. La Roumanie a aussi participé de manière active aux actions internationales destinées à combattre les actes de racisme, notamment par la création de la Fondation roumaine pour la coordination de la campagne européenne de la jeunesse contre le racisme. L'information régulière de l'opinion publique roumaine et les mesures sévères prises à la suite d'incidents interethniques en 1990-1993, notamment, ont progressivement changé les mentalités au bénéfice d'une attitude générale de tolérance et de compréhension, a assuré le représentant roumain.

MME TANJA HEGGE (Norvège) a estimé que la Conférence mondiale contre le racisme était d'une importance capitale non seulement pour trouver des solutions à ce problème aux plans régionaux et internationaux, mais également au niveau national. À cet égard, la Norvège considère que la Conférence mondiale profitera des processus nationaux en intégrant au processus préparatoire les différents apports sur toutes des questions telles que les minorités nationales, les enfants, la discrimination raciale comme cause de conflit, le racisme au quotidien ou encore les meilleures pratiques en matière de discrimination positive, d'éducation et de formation, toutes questions prioritaires pour le Gouvernement norvégien.

Parmi les défis auxquels est confrontée la société norvégienne, la représentante a mentionné le problème du chômage des immigrés et la volonté de son gouvernement de trouver des solution grâce à un échange d'expérience avec d'autres pays. Donner une protection internationale à ceux qui en ont besoin est d'une importance cruciale, a-t-elle ajouté, et une attention particulière doit être accordée aux besoins des enfants. En s'attaquant d'une façon globale à toutes les formes d'intolérance, la Conférence mondiale permettra de structurer notre compréhension du potentiel générateur de conflit énorme qu'est le racisme. Pour être efficace, il est donc important, de l'avis de la représentante, de définir des actions et d'être aussi constructifs et participatifs que possible. À cet égard, elle a cité les initiatives du Conseil de l'Europe et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe qui peuvent fournir un apport constructif à la Conférence mondiale. Pour finir, elle a mis l'accent sur la néc
essité de prêter une attention particulière aux enfants sur lesquels les attitudes racistes ont des effets particulièrement dévastateurs.

M.PRASAD KARIYAWASAM (Sri Lanka) a déclaré que la population de son pays est fermement engagée dans la lutte contre toute forme de discrimination raciale. Selon le Bouddha, tous les êtres humains naissent égaux; c'est la conduite et non pas la naissance qui détermine le statut social. Le représentant a par ailleurs demandé à ce que des mesures pratiques soient trouvées pour combattre la menace de propagande raciste sur l'internet.

En ce qui concerne la Conférence mondiale, le représentant a estimé que l'objectif principal doit être de s'assurer d'une participation universelle. Il faut aussi prendre en compte les nouvelles tendances et propositions. Certaines perceptions conventionnelles du racisme ne sont plus valables. De nouvelles pratiques du racisme émergent à présent. M. Kariyawasam a déclaré que la Commission a adopté au cours des années de nombreuses résolutions donnant des recommandations pour chaque situation. La Conférence mondiale nous donnera l'occasion de s'assurer d'un consensus universel sur ces recommandations. Le représentant a souligné la nécessité de se concentrer sur les méthodes qui permettraient la promotion de sociétés multiculturelles où le pluralisme serait la norme. À cette fin, les opinions avisées deviennent essentielles. Le temps est venu de trouver des solutions mondiales car le problème et ses effets sont mondiaux par nature, a-t-il conclu.

M. RAIMANDS JANSANS(Lettonie) a déclaré que, dans ses efforts pour contribuer à la lutte contre le racisme, la priorité doit être de régler les problèmes dans son propre pays. Le représentant letton a salué la qualité et l'exhaustivité du rapport du Rapporteur spécial sur le racisme et a estimé que rapport, avec celui de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, sera utile pour l'organisation de la Conférence mondiale contre le racisme.

Le représentant de la Lettonie a indiqué que le code pénal de son pays comporte un article permettant d'engager des poursuites pénales contre les auteurs d'actions délibérées d'incitation à la haine ou la discorde raciale ou ethnique, ou d'atteinte à la dignité. D'autres mesures législatives au niveau constitutionnel assurant l'égalité de tous devant la loi, sans discrimination aucune, ont été prises en Lettonie. En particulier, une section consacrée aux droits de l'homme a été ajoutée à la constitution en 1998. Le représentant letton a indiqué que son gouvernement accorde une grande importance aux problèmes de racisme liés aux migrations, aux réfugiés et aux demandeurs d'asile et estime que ces questions doivent être abordées dans le cadre de la Conférence mondiale contre le racisme. Il a également appelé à une coopération internationale pour assurer le succès de la Conférence.

MME LUCIA RUSTAM (Indonésie) a estimé que l'éducation joue un rôle primordial dans la lutte contre le racisme et, à cet égard, a préconisé le renforcement de la coordination entre les différents organes de droits de l'homme et l'UNESCO. Elle s'est également prononcée en faveur de la proclamation de l'année 2001, année du dialogue entre les civilisations qui permettra de renforcer la coexistence pacifique, de la compréhension mutuelle et de la tolérance entre les sociétés. Après les émeutes sanglantes de mai 1998, le Gouvernement indonésien a pris des mesures rapides pour enquêter sur les violations des droits de l'homme, apporter une assistance aux victimes et surtout empêcher que ce genre d'incidents se reproduisent. Des mesures ont également été prises pour mieux protéger les différents groupes ethniques du pays, y compris les indonésiens d'origine chinoise.

Pour l'Indonésie, la Conférence mondiale devrait se concentrer sur une meilleure compréhension de la question raciale et encourager un dialogue international sur ce sujet. En effet, la Conférence est le meilleur forum pour formuler des recommandations concrètes et améliorer l'efficacité des mécanismes existants pour combattre le racisme, et adopter des mesures supplémentaires aux niveaux national, régional et international. À cet égard, l'Indonésie est en faveur d'un dialogue authentique, d'une compréhension mutuelle, d'une culture de la tolérance et d'une coopération renforcée pour la mise en place d'une société civile mondiale dans laquelle le racisme, la discrimination et l'intolérance n'auront plus leur place. Dans cette optique, la Conférence sera un moment important qui permettra de rassembler toutes les couches de la société afin de trouver les solutions justes aux causes et aux conséquences du racisme sous toutes ses formes.

M.MAXIME ZAFERA (Madagascar) a estimé que la convocation en 2001 de la Conférence mondiale contre le racisme et la discrimination raciale offre une excellente occasion de recommander l'adoption de nouvelles mesures efficaces tant nationales, régionales qu'internationales pour combattre ces phénomènes qui constituent des violations graves aux droits de l'homme. Des efforts pour mobiliser des fonds doivent être entrepris, en particulier ceux destinés à promouvoir la ratification des instruments internationaux et à sensibiliser l'opinion publique au racisme et à la discrimination raciale. Le représentant a appuyé pleinement les propositions avancées dans le rapport du Haut Commissaire aux droits de l'homme qui contiennent d'excellentes idées concernant les recommandations de la Conférence mondiale pour l'adoption de mesures efficaces pour renforcer la lutte contre le racisme et la discrimination raciale sous toutes ses formes.

M. PABLO CHELIA(Argentine) a souligné l'importance de l'éducation dans la lutte contre la discrimination. La Déclaration universelle des droits de l'homme enseigne la compréhension, la tolérance et l'amitié entre les peuples et tous les groupes ethniques et religieux. Pour sa part, le Gouvernement argentin a incorporé dans sa législation les principes de respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales de tous les habitants de la nation argentine, a-t-il déclaré. En 1988, une loi contre les discriminations a été votée, en vertu de laquelle des poursuites ont d'ores et déjà été engagées et des condamnations prononcées. De plus, l'Institut national de lutte contre la discrimination, la xénophobie et le racisme, un organe décentralisé sous l'autorité du Ministère de l'intérieur, est chargé d'élaborer des politiques nationales et de prendre des mesures concrètes de lutte contre le racisme et la discrimination raciale. Cet Institut a joué plusieurs fois un rôle de médiateur, a-t-il ajouté.

Le représentant de l'Argentine a rappelé que son pays a accepté l'extradition, en mai 1998, de M.Dinko Sakic et de son épouse qui sont actuellement jugés pour crimes de guerre commis pendant la deuxième guerre mondiale. Cette extradition confirme la position de l'Argentine à l'égard de la lutte contre l'impunité de personnes qui ont commis des crimes à motif raciste.

M.YOURI IVANOV (Fédération de Russie) a estimé que la communauté internationale devait trouver de nouvelles méthodes pour lutter contre les nouvelles formes de discrimination raciale. Il a souligné l'importance, dans la phase préparatoire de la Conférence mondiale, d'être à même de brosser un tableau complet de la situation, appelant les pays n'ayant pas présenté de rapports à le faire. Il a attiré l'attention sur les nouvelles manifestations de néofascisme et de néo-nazisme, même en Europe, dont l'histoire a été si dramatiquement marquée, récemment, par ces phénomènes. Rappelant que le racisme n'est pas un phénomène inné mais le produit d'un environnement, il a mis l'accent sur l'importance de l'éducation pour lutter contre les préjugés raciaux.

Le représentant russe a également souligné l'importance de la coopération et la coordination des efforts nationaux et internationaux. À cet égard, la Conférence mondiale représente un moment clé qu'il convient de préparer minutieusement et dont le financement doit être assuré correctement, a-t-il ajouté. En ce qui concerne les efforts déployés en Russie, pays ayant une population très variée, le représentant a indiqué que la crise économique a considérablement aggravé les problèmes internes et a pu susciter des manifestations d'extrémisme national et politique. Toutefois, la société a réagi très fermement contre ce type de manifestation et le Gouvernement russe a présenté des projets de loi visant notamment à interdire toute littérature raciste et fasciste. Toutefois, a fait remarqué le représentant, les efforts nationaux ne sauraient être suffisants et il faut renforcer la coopération internationale. À cet égard, il a souhaité que la Conférence mondiale reçoive le plus large écho possible.

M. DAVID DISHAND(Soudan) a estimé que le «village mondial» a peu de chances d'être un succès si le racisme continue à sévir dans le monde. Il a expliqué que son pays est multiracial. De nombreuses tribus vivent les unes avec les autres. La Constitution soudanaise est le reflet de ce mélange de culture. Les droits de liberté de mouvement, liberté de croyance, liberté de préserver sa culture propre sont inscrits dans la Constitution.

En ce qui concerne la lutte contre la xénophobie, le représentant a affirmé que son pays constitue toujours un endroit où les réfugiés des pays avoisinants peuvent venir trouver refuge et bénéficier de droits qui sont rarement accordés à des étrangers. Il a en conclusion appuyé les efforts déployés pour préparer la Conférence mondiale contre le racisme.

MME LILIA BAUTISTA (Philippines) a souligné que le rapport du Rapporteur spécial sur le racisme témoigne de la persistance du racisme au niveau mondial mais aussi des nombreux moyens servant à propager les idées racistes. Il est particulièrement déplorable d'apprendre l'existence de plus de 400 sites internet faisant la promotion du racisme, de la discrimination raciale, de la de la xénophobie et de l'intolérance. À cet égard, MmeBautista a proposé l'établissement d'un code de conduite destiné à réglementer l'utilisation de l'internet. Pour ce faire, il faudra admettre que les droits et libertés ont des limites et peuvent être restreints, notamment dans l'intérêt de l'ordre, de la santé et de la sécurité publique, de la justice et de la morale. Nous ne pourrons éliminer le fléau du racisme que si nous apprenons aux enfants qu'ils n'ont pas seulement des droits et des libertés mais aussi des devoirs et des responsabilités envers les autres individus, la famille, la communauté, l'État et la communauté inte
rnationale, a-t-elle déclaré.

La mondialisation a également rendu plus vulnérables des groupes tels que les travailleurs migrants, les femmes, les enfants et les populations autochtones. Elle a appuyé, à cet égard, la nomination d'un Rapporteur spécial sur les travailleurs migrants. Elle s'est félicitée de l'attention accrue accordée par la Commission au sort des femmes et des enfants victimes de trafics, de discrimination et de traitements inhumains et a appelé à la coopération internationale dans ce domaine.

M.JOSÉ ROZENBERG (Équateur) a mis l'accent sur l'importance de l'éducation des jeunes en matière de droits de l'homme et de tolérance. À cet égard, l'Équateur appuie sans réserve la tenue de la Conférence mondiale et estime qu'elle permettra de trouver des solutions pour lutter contre le fléau du racisme. Pour sa part, l'Équateur a pris certaines mesures visant notamment à assurer la participation des populations autochtones au sein de la société civile et à mettre au point des stratégies pour éradiquer les pratiques discriminatoires. Le représentant a souligné l'importance vitale de l'éducation; on peut enseigner la tolérance, a-t-il dit. Dans le cadre des préparatifs de la Conférence mondiale, l'Équateur mettra au point des programmes visant à extirper le racisme de son territoire.

M. ABDOUL AZIZ NDIAYE(Sénégal) a fait observer que, pour être efficace, la Conférence mondiale contre le racisme devra susciter un réveil, alertant les États qu'en dépit des efforts consentis, les objectifs des Nations Unies n'ont toujours pas été atteints. Il a estimé que la Conférence devrait examiner les problèmes de racisme comme une violation des droits de l'homme, mais aussi comme un obstacle aux progrès permettant aux hommes et aux peuples d'agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité et de solidarité. L'Organisation des Nations Unies devrait se montrer plus vigilante, moins discrète et saisir toutes les occasions pour conjurer les pratiques de maintien de cette atteinte grave à la dignité de l'homme. L'abolition des lois d'exclusion ne suffit pas à faire disparaître les discriminations car, dans la vie de tous les jours, au travail, à l'école et ailleurs, les possibiités offertes diffèrent en fonction de la race, de l'origine nationale, de l'ethnie ou de la langue.

Le représentant s'est déclaré convaincu que le combat contre la discrimination raciale est un combat multidimensionnel. La Conférence mondiale ne doit pas être considérée comme une fin en soi, mais un puissant moyen de rassembler les idées et les forces pour que l'ouverture des sociétés les unes aux autres, le dialogue et la coopération entre les nations s'établissent sur une base d'enrichissement mutuel et de solidarité.

M. TOMASZ NOTHE(Pologne) a souhaité que le siècle à venir favorise la tolérance mais aussi le relèvement du niveau d'éducation et des connaissances. À ce propos, il faudrait mettre l'accent sur l'éducation interculturelle afin de briser les stéréotypes et de bénéficier des meilleurs aspects de chaque culture différente. Le représentant a également préconisé que les législations internes pénalisent les actes de racismes et montrent clairement leur gravité et leur indignité. Il a estimé que l'un des principaux aspects de la conférence européenne contre le racisme devra être la participation aussi active que possible des organisations non gouvernementales.

Quant à la Conférence mondiale contre le racisme, elle représente une excellente occasion pour lancer des programmes d'éducation, faire participer les médias aux discussions sur ce sujet et pour renforcer la coopération entre les organisations non gouvernementales et les institutions gouvernementales, a déclaré le représentant de la Pologne.
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