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Soudan : massacre à Ardamata

Arrière

17 Novembre 2023

Une femme soudanaise, qui a fui le conflit à El Geneina, dans la région du Darfour, pleure son fils et un autre membre de sa famille qui, selon elle, ont été tués par les Forces d’appui rapide. Tchad, le 25 juillet 2023. © REUTERS/Zohra Bensemra

Nous sommes extrêmement préoccupés par des informations selon lesquelles les Forces d’appui rapide et les milices arabes alliées ont tué des centaines de civils massalit au début du mois dans la ville d’Ardamata, dans le cadre d’une nouvelle attaque massive motivée par l’origine ethnique contre des civils massalit non arabes dans le Darfour occidental.

Les informations préliminaires que nous avons obtenues de la part de survivants et de témoins suggèrent que les civils massalit ont subi six jours de terreur aux mains des Forces d’appui rapide et des milices alliées après qu’elles ont pris le contrôle de la base de l’armée soudanaise à Ardamata le 4 novembre dernier. Cette base se trouve à la périphérie d’El Geneina, la capitale du Darfour occidental. Certaines personnes ont été sommairement exécutées ou brûlées vives.

Un grand nombre de victimes étaient de jeunes Massalit et des membres de la famille de soldats soudanais restés à Ardamata après le départ des troupes.

Des femmes et des filles auraient été victimes de violences sexuelles dans le camp de personnes déplacées d’Ardamata et chez elles.

Des milliers de personnes ont été déplacées et certaines ont traversé la frontière pour se rendre au Tchad.

Se concentrant sur deux camps déplacés, Ardamata et Dorti, ainsi que sur le quartier d’Al-Kabri majoritairement habité par les Massalit, les Forces d’appui rapide et ses milices alliées auraient pillé des biens, torturé des personnes déplacées et exécuté nombre d’entre elles avant d’abandonner leurs corps dans la rue.

Au cours de la seule journée du 5 novembre, 66 hommes massalit ont été sommairement exécutés lors de trois incidents distincts. Dans le district d’Al-Kabri, les hommes ont été séparés des femmes, puis tués. Des centaines d’autres hommes ont été arrêtés et emmenés dans divers camps de détention gérés par les Forces d’appui rapide. On ignore toujours le sort qui leur a été réservé et l’endroit où ils se trouvent.

L’attaque d’Ardamata est la deuxième attaque massive des Forces d’appui rapide et des milices arabes alliées contre les civils massalit recensée en l’espace de quelques mois. Entre mai et juin 2023, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants massalit, dont le gouverneur du Darfour occidental, ont été tués. Nombre d’entre eux ont été enterrés dans des fosses communes, tandis que les corps d’autres victimes ont été retrouvés dans la rue. Ces attaques peuvent constituer des crimes au regard du droit international.

De graves allégations ont également été formulées selon lesquelles, en guise de représailles, certains civils arabes auraient été attaqués par des membres des milices massalit. Tous ces actes doivent cesser immédiatement et les auteurs de ces violations doivent être traduits en justice à l’issue d’enquêtes approfondies, indépendantes et impartiales.

Nous réitérons l’appel lancé en juin par le Haut-Commissaire Volker Türk aux dirigeants des Forces d’appui rapide pour qu’ils condamnent sans équivoque les meurtres et autres violences, ainsi que les discours de haine visant les civils sur la base de leur appartenance ethnique, et pour qu’ils y mettent un terme.

Alors que des informations inquiétantes font état d’un assaut imminent des Forces d’appui rapide sur El Fasher, la capitale du Darfour septentrional, nous leur rappelons, ainsi qu’à toutes les autres parties au conflit, qu’elles doivent respecter leurs obligations en matière de droit international humanitaire et assurer la protection des civils et des infrastructures civiles.

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