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Nicaragua : les voix critiques passées sous silence

Arrière

02 Juin 2023

Nous sommes de plus en plus préoccupés par le fait que les autorités du Nicaragua s’emploient activement à faire taire toute voix critique ou dissidente dans le pays et qu’elles utilisent le système judiciaire à cette fin.

Au mois de mai, 63 personnes auraient été détenues arbitrairement dans tout le pays. En une seule nuit, 55 personnes ont été inculpées de « complot visant à porter atteinte à l’intégrité nationale » et de « diffusion de fausses nouvelles », des accusations que le Gouvernement semble utiliser pour faire taire ses détracteurs. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a déjà soulevé ces questions en 2022 lors de son examen de la situation au Nicaragua.

Lors des audiences de garde à vue, aucun des 55 accusés n’a bénéficié d’un avocat de son choix. Ces personnes ont été représentées par un avocat commis d’office qui leur a été imposé. Parmi les détenus se trouvaient des défenseurs des droits humains, des opposants politiques, des journalistes, des travailleurs ruraux et des personnes liées à l’Église catholique.

Cette semaine, trois religieuses d’origine étrangère ont été expulsées du Nicaragua et trois autres ont été forcées de rester dans leur couvent. Entre le 21 et le 23 mai, quatre prêtres et quatre employés de l’Église ont été arrêtés et détenus. Trois d’entre eux sont assignés à résidence et un est en prison.

L’évêque Rolando Álvarez, qui purge une peine de 26 ans pour « atteinte à l’intégrité nationale » et « diffusion de fausses nouvelles », se trouve actuellement à La Modelo, une prison située à Tipitapa , près de Managua, et n’a pas été autorisé à recevoir de visites depuis le 25 mars. Le HCDH a reçu des informations décrivant les mauvaises conditions d’hygiène et l’absence d’installations sanitaires et de lumière naturelle dans sa cellule. Le rapport indique également que l’évêque n’est pas autorisé à sortir de sa cellule. Les conditions décrites sont contraires aux normes internationales relatives aux droits de l’homme.

Au moins trois des neuf diocèses de l’Église catholique du Nicaragua ont vu leurs comptes bancaires gelés pour avoir prétendument blanchi de l’argent. Le Gouvernement a accusé l’Église d’être une organisation criminelle qui soutient ce qu’il appelle le « terrorisme » et la déstabilisation du pays.

Les 9 et 11 mai, la Cour suprême a décidé que 26 avocats et notaires critiques à l’égard du Gouvernement, dont certains des plus éminents défenseurs des droits humains du pays, ne pouvaient plus exercer leur profession dans le pays. Parmi eux, 25 ont été déchus de leur nationalité en février, en même temps que 292 autres personnes. Les autorités ont confisqué certains de leurs biens et propriétés.

Plus de 3 200 organisations ont vu leur statut juridique annulé depuis la fin du mois de juin 2022. Des médias ont également été contraints de cesser leurs activités.

Nous demandons aux autorités de mettre fin à la répression de la dissidence, de libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement et de rétablir le statut juridique de toutes les organisations et de tous les médias qui ont été fermés arbitrairement depuis 2018.

Nous demandons également au Gouvernement de s’attaquer à la crise actuelle par le dialogue, la reddition de comptes en cas de violation des droits humains, et des réformes institutionnelles et législatives visant à rétablir l’état de droit.

Le HCDH se tient prêt pour aider le Nicaragua à faire progresser les droits de l’homme dans le pays. Le fait d’accorder à notre personnel l’accès dont il a besoin constituerait un pas important vers une meilleure coopération avec le système des Nations Unies.

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