Skip to main content
x

Le Conseil des droits de l'homme se penche sur le rapport du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine

Arrière

26 Septembre 2016

APRES MIDI

Il entame son débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée

GENEVE (26 septembre 2016) - Le Conseil des droits de l'homme s'est penché, cet après-midi, sur le rapport du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine, avant d'entamer son débat général au titre du point de son ordre du jour relatif au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l'intolérance qui y est associée.

M. Ricardo Sunga, Président du Groupe de travail d'experts, a constaté que quinze ans après l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban issus de la Conférence mondiale sur le racisme de 2001, le monde était le théâtre d'une montée alarmante du racisme et de la discrimination raciale.  Les experts du Groupe de travail sont extrêmement préoccupés, en particulier, face à la montée de la xénophobie et des agressions à l'encontre des réfugiés, demandeurs d'asile et migrants, ainsi que face aux discours racistes de plus en plus courants de la part de certains partis politiques, a-t-il souligné.  Pour M. Sunga, la Déclaration et le Programme d'action de Durban, ainsi que le Programme de la Deuxième Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine constituent, avec les traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, un cadre solide dans le combat contre le racisme.  Le défi résidé désormais dans leur mise en œuvre effective, a-t-il indiqué.

Le Président du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine a par ailleurs rendu compte des visites effectuées par le Groupe en Italie et aux États-Unis, avant que ces deux pays ne fassent des déclarations à titre de pays concernés. 

Lors du débat interactif qui a suivi cette présentation du rapport du Groupe de travail, de nombreuses délégations* sont intervenues, dont bon nombre ont déploré le peu de visibilité de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine.  Une délégation a exhorté la communauté internationale à agir sur les trois piliers du Programme d'activités de la Décennie: reconnaissance, justice et développement.  L'attention a été attirée sur la façon dont sont traitées les personnes d'ascendance africaine dans de nombreux pays, certains soulignant que dans les pays dits du Nord, elles sont beaucoup plus durement traitées que les autres, voire maltraitées, en raison de leur origine. 

Dans le cadre débat général, sont également intervenues de nombreuses délégations**.  Les programmes ouvertement xénophobes de certaines formations politiques dans plusieurs pays ont été maintes fois dénoncés.  Le Groupe africain a jugé regrettable que le racisme puisse prendre une nature institutionnelle lorsqu'il devient projet politique, lorsque des pratiques discriminatoires sont tolérées ou quand l'État n'assume pas son rôle de manière appropriée pour ce qui est de combattre ce phénomène destructeur pour la société et sa cohésion.  Pour plusieurs délégations, l'incitation à la violence idéologique par des dirigeants politiques prédispose en effet le grand public à faire preuve de discrimination envers telle ou telle communauté religieuse.

Demain matin, à compter de 9 heures, le Conseil poursuivra, pour l'achever, son débat général sur le suivi et l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.  Il examinera ensuite les questions relatives à l'assistance technique et au renforcement des capacités et se penchera dans ce contexte sur les situations en l'Ukraine et en République démocratique du Congo.

Racisme, discrimination raciale, xénophobie et intolérance qui y est associée

Le Conseil est saisi du rapport du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine sur les travaux de ses dix-septième et dix-huitième sessions (A/HRC/33/61).

Présentation du rapport du Groupe de travail d'experts

M. RICARDO A.  SUNGA III, Président du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine, a présenté le rapport annuel ainsi que deux rapports de visite du Groupe de travail en Italie et aux États-Unis.  Le rapport annuel donne un aperçu des dix-septième et dix-huitième sessions du Groupe, tenues respectivement du 23 au 27 novembre 2015 et du 11 au 15 avril 2016 .  M. Sunga a déclaré que, quinze ans après l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban issus de la Conférence mondiale sur le racisme, le monde est le théâtre d'une montée alarmante du racisme et de la discrimination raciale.  En effet, l'afrophobie, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée sont monnaie courante.  Les experts du Groupe de travail sont extrêmement préoccupés en particulier face à la montée de la xénophobie et des agressions à l'encontre des réfugiés, demandeurs d'asile et migrants, ainsi que face au langage raciste chaque fois davantage utilisé à leur endroit par certains partis politiques.  Il a noté que le discours de haine n'est pas seulement le fait de groupes extrémistes, mais aussi de politiciens de l'ensemble du spectre politique et des médias sociaux.  

M. Sunga a rappelé que la Conférence mondiale sur le racisme, la Déclaration et le Programme d'action de Durban et le Programme d'activités de la Deuxième Décennie des personnes d'ascendance africaine constituent autant de jalons fondamentaux qui, avec les traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, forment un solide cadre pour le combat contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie, l'afrophobie et l'intolérance à l'égard des personnes d'ascendance africaine.  Le défi résidé désormais dans la mise en œuvre effective et donc dans le maintien de ces personnes dans le point de mire en tant que groupe victime. 

S'agissant de la visite que le Groupe de travail a effectuée en Italie, le Président du Groupe a mis l'accent sur les efforts inlassables déployés par les autorités italiennes pour sauver les vies de migrants échoués en mer.  Malgré les mesures positives prises par le Gouvernement italien, il existe une divergence entre le cadre officiel et la réalité dans la vie de tous les jours, a-t-il poursuivi.  Le Groupe de travail d'experts a été témoin de la manière dont certaines personnes manipulent la crise migratoire pour susciter la haine et le rejet.  Il a exhorté le Gouvernement italien à lutter contre cette tendance de certains hommes politiques qui utilisent la propagande raciste à des fins politiques.  Aux États membres de l'Union européenne, il a recommandé d'épauler les efforts du Gouvernement italien dans les secours aux migrants et demandeurs d'asile, en honorant leur engagement de réinstaller des milliers d'entre eux qui se trouvent en Italie vers d'autres États membres.  Le Groupe de travail a en outre recommandé que l'histoire du commerce des Africains et du colonialisme soit étudiée et qu'elle figure dans les manuels et dans le programme scolaires. 

Aux États-Unis où il s'est rendu entre le 19 et le 29 janvier 2016 à Washington D.C., Baltimore, Jackson (Mississipi), Chicago et New York, le Groupe de travail a tenu à rendre hommage aux centaines de représentants de la société civile, aux juristes, et individus de la communauté afro-américaine, pour avoir partagé leurs préoccupations et recommandations avec la délégation d'experts.  Il a noté l'inauguration très récente du premier musée national d'histoire et culture afro-américaines.  M. Sunga a indiqué que le Groupe condamne fermement les meurtres et violences imputables à la police à l'encontre d'Afro-américains et est convaincu que la cause du problème réside dans le grave manque d'obligation redditionnelle pour les auteurs de ces meurtres en dépit des preuves existantes.  Dans ses conclusions, le Groupe de travail d'experts a observé qu'au nombre des principales entraves à l'obligation redditionnelle de la police, figure le fait que certaines lois des États et comtés du pays n'étaient pas conformes aux normes internationales relatives à l'utilisation de la force et des armes à feu.  Le Groupe a donc exhorté le Gouvernement à prendre à titre de priorité nationale de sérieuses mesures afin de prévenir tout nouveau meurtre.  M. Sunga a par ailleurs déclaré que les préjugés et disparités raciaux dans le système de justice pénale, l'incarcération massive et les politiques de lutte contre la criminalité ont un impact disproportionné sur les Afro-américains. 

Enfin, le Président du Groupe de travail d'expert a exhorté tous les États à saisir l'occasion offerte par la Décennie internationale des personnes africaines pour intensifier leurs efforts aux fins de faire respecter, protéger et garantir les droits de l'homme des personnes d'ascendance africaine.  C'est un moment important et nous sommes en mesure de faire la différence, a conclu le Président du Groupe de travail d'experts, qui a annoncé qu'il rencontrerait les médias demain matin à 9H30 en salle de presse pour discuter des rapports qu'il vient de présenter.

Pays concernés

L'Italie a assuré que le racisme n'était pas toléré dans le pays, citant l'exemple des mesures prises contre les accès de xénophobie lors des matches de football.  Les rencontres peuvent alors être suspendues, a-t-elle fait valoir.  Des poursuites judiciaires ont été intentées, y compris contre des fonctionnaires responsables d'actes répréhensibles, a poursuivi la délégation italienne.  L'Italie a réagi avec rigueur face à ces situations, a-t-elle insisté.  Elle a ensuite attiré l'attention sur le fait que la majorité des migrants et demandeurs d'asile passaient par l'Italie, ce qui a entraîné une très forte pression sur les centres d'accueil; les soins de santé leur sont fournis gratuitement, sans tenir compte du statut légal de la personne, a-t-elle fait valoir.  Aucun centre de santé ne saurait dénoncer les cas de personnes résidant illégalement dans le pays, a-t-elle ajouté.  La délégation italienne a d'autre part rappelé qu'une Semaine nationale contre le racisme est organisée chaque année dans le pays. 

Les États-Unis ont appelé le Groupe de travail à consacrer une plus grande attention aux questions entourant le racisme afin de remédier au problème posé par les cas de brutalité policière et de profilage racial.  Les États-Unis ont souligné qu'un groupe de travail présidentiel avait soumis en mai 2015 un rapport répertoriant les meilleures pratiques et recommandations fondées sur l'expérience et le savoir-faire des parties prenantes, ainsi que les propositions du public; ces recommandations fournissent des solutions significatives afin d'aider les forces de l'ordre et la population  à établir des relations de confiance et à renforcer leur coopération.  Ce rapport a été suivi par un guide de mise en œuvre qui explicite des stratégies afin d'assister les parties concernées dans l'application des recommandations. 

Débat interactif

La République dominicaine, au nom de la Communauté des Caraïbes, a indiqué soutenir le Groupe de travail et a estimé que la création d'une instance permanente consacrée aux personnes d'ascendance africaine au sein des Nations Unies serait une bonne avancée.  Le pays s'est en outre dit favorable à une déclaration des Nations Unies sur les personnes d'ascendance africaine et a appelé l'Assemblée générale à convoquer la quatrième conférence internationale sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée.  L'Afrique du Sud, au nom d'un groupe de pays, a jugé essentiel de continuer de mettre en œuvre – et dans sa totalité – le programme de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine.

Le Pérou, qui a rappelé compter 3% de personnes d'ascendance africaine dans sa population, a indiqué avoir reconnu ses torts historiques et développé des initiatives, au nombre desquelles le plan de développement de la population afro-péruvienne et la journée nationale des cultures. 

L'Union européenne continue pour sa part d'avoir un point de vue divergent d'autres délégations en ce qui concerne la définition des personnes d'ascendance africaine, a souligné sa représentante, demandant au Groupe de travail de bien vouloir donner sa définition de cette catégorie de personnes.

Cuba a réitéré son soutien au mandat du Groupe de travail d'experts, rappelant que cette procédure spéciale traque les exactions à l'égard des personnes d'ascendance africaine, notamment dans les pays développés.  Cuba a insisté sur la nécessité de combattre les discours odieux prônant la haine raciale, qui sont totalement inacceptables  au XXIème siècle.  Le pays a en outre souhaité connaître l'avis du Groupe de travail sur la multiplication de décès aux mains de la police dans certains pays et sur la manière de résoudre ce problème. 

La Libye a déploré à son tour les discours haineux et les stéréotypes raciaux et a invité à lutter contre le profilage racial.  Elle a encouragé à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, ainsi que du Programme d'activités de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, à travers une coopération solidaire à l'échelle internationale et par la sensibilisation, la formation et l'amélioration de l'assistance technique. 

Le Brésil a salué la contribution précieuse du Groupe de travail à la mise en œuvre des documents issus de la Conférence de Durban et de la Conférence d'examen de Durban.  Le Brésil a accueilli, en décembre 2015, la conférence régionale pour l'Amérique latine et les Caraïbes sur la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, qui avait recommandé la création d'un Forum mondial des personnes d'ascendance africaine. 

La Sierra Leone a déploré que l'héritage de l'esclavage transatlantique se fasse encore ressentir.  Elle a souscrit à l'appel lancé aux États en vue de l'élaboration d'un plan national de lutte contre le racisme.  L'intervenante a exhorté à agir maintenant sur les trois piliers du Programme d'activités de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine: reconnaissance, justice et développement.  S'exprimant dans le même sens, l'Espagne, a fait référence à la corrélation entre reconnaissance et développement et a appelé à garantir l'accès plein et entier des personnes d'ascendance africaine au développement.

Le Kenya a repris à son compte la déclaration faite précédemment par l'Afrique du Sud et a soutenu l'appel lancé en faveur de la mise en place d'une instance visant l'élaboration d'une déclaration sur les droits des personnes d'ascendance africaine.  Il faut aussi reconnaître les responsabilités pour l'esclavage et le colonialisme, a ajouté le Kenya.  Concernant la marginalisation des personnes d'ascendance africaine, le pays a remarqué qu'il y avait certes de belles déclarations, mais sans pour autant qu'il y soit donné suite car cette partie de la population est stigmatisée et marginalisée dans de nombreux pays.  Le Kenya a par ailleurs plaidé pour que soit pris en considération la nécessité d'inclure les éléments de réparation, de recours et de restitution. 

Le Venezuela a insisté pour rétablir la vérité car dans beaucoup de pays du Nord, les personnes d'ascendance africaine sont beaucoup plus durement traitées que les autres personnes, voire maltraitées en raison de leur origine.  Le Venezuela a souscrit à l'idée selon laquelle l'histoire de l'esclavage et le leg de la colonisation raciale sont toujours aussi désastreux et qu'il est nécessaire de rouvrir le débat sur cette question essentielle.  Le pays a appuyé la création d'un forum permanent des Nations Unies pour les personnes d'ascendance africaine. 

Le Nigéria, qui a fait part de sa préoccupation face à l'afrophobie croissante en Europe, a cité l'ancien Haut-Commissaire aux droits de l'homme Mary Robinson qui s'est alarmée, lors du quinzième anniversaire de la Déclaration de Durban, de la prévalence croissante des propos racistes de plus en plus fréquemment tenus par des formations politiques en Europe.  La situation est sérieuse, dans un monde qui s'efforce d'abdiquer et d'en finir avec sa culpabilité pour des siècles d'esclavage, de colonisation, d'exploitation, d'apartheid et d'injustice infligés aux Africains, a souligné le Nigéria.

La République islamique d'Iran a dénoncé le nombre grandissant d'atrocités de nature afrophobe, islamophobe et xénophobe auxquelles on assiste dans le monde.  Les efforts entrepris dans le sillage de Durban nécessitent désormais une plus grande coordination dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action issus de la Conférence mondiale sur le racisme tenue en 2001 à Durban.  L'Égypte a constaté que le racisme relevait la tête avec toute sa laideur dans les pays occidentaux, certaines formations politiques ne craignant pas d'adopter des programmes ouvertement xénophobes.  La Constitution égyptienne criminalise pour sa part les discours haineux et racistes. 

Le Costa Rica a dénoncé le fait que l'on continuait d'observer les mêmes violations quinze ans après l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.  Le pays est par ailleurs préoccupé par le peu de visibilité dont jouit la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine.  Le Botswana a lui aussi déploré qu'un an après le début de la Décennie, cette initiative semblait pâtir d'une dynamique insuffisante.  Si le monde est actuellement occupé et préoccupé par d'autres événements, cela ne devrait pas empêcher la mise en œuvre de la Décennie, a-t-il insisté.

La Chine, qui s'est félicitée du rapport du Groupe de travail, a elle aussi fait part de sa préoccupation face à la montée du racisme dans plusieurs pays.  La Chine a indiqué être disposée à œuvrer à un effort conjoint dans le cadre de la Décennie des personnes d'ascendance africaine.

Parmi les mesures prises par l'Uruguay dans le cadre de la mise en œuvre de le Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, il y a le renforcement de l'organe chargé de mettre en œuvre la loi sur l'action affirmative, ainsi que l'institution du mois des personnes d'ascendance africaine.  Le Mexique, qui compte lui aussi une population d'ascendance africaine, souhaite savoir comment le Programme de développement durable à l'horizon 2030 peut aider à lutter contre les discriminations structurelles dont souffrent ces personnes.  En tant que membre de Communauté des Caraïbes (CARICOM) et pays appartenant à une région très impliquée dans la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, les Bahamas ont rappelé avoir participé en 2015 à l'érection du Mémorial permanent pour les victimes de l'esclavage qui se dresse au Siège des Nations Unies à New York. 

La Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO) a déploré l'absence d'initiative concrète visant à faire de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine une opportunité de justice sociale et de réhabilitation psychologique et morale permettant aux victimes visibles et invisibles de se reconstruire afin de prendre part au développement de leurs pays. 

Iraqi Development Organization a condamné l'isolement cellulaire d'un prisonnier à Bahreïn, avant de dénoncer le racisme institutionnel auquel sont soumis les Bahreïnites d'origine africaine.  Il n'y a absolument aucun Afro-bhareïnite représenté au sein de l'exécutif ou dans les médias, a en outre fait observer l'ONG, avant de demander au Groupe de travail ce qu'il pensait de la situation des personnes d'ascendance africaine qui vivent notamment dans les pays arabes. 

Le Mouvement international contre toutes les formes de discrimination a pris note de la situation de discrimination raciale qui prévaut dans le système de justice pénale nord-américain, ainsi que de l'usage excessif de la force à l'encontre des Afro-américains.  L'ONG a exigé que les auteurs de crime contre ces personnes soient dûment jugés, sans préjugés raciaux. 

Le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies, au nom également de plusieurs organisations non gouvernementales1, a salué le rapport du Groupe de travail d'experts, mais a remarqué que la dernière session du Groupe s'était tenue avec une très faible participation des organisations non gouvernementales, faute d'informations de la part du Haut-Commissariat.  Elle a déploré qu'aucune excuse n'ait été présentée à ce sujet.  Par ailleurs, aucune des propositions présentées par les organisations non gouvernementales n'a été examinée ou prise en considération par les membres du Groupe de travail. 

La Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme s'est demandée pourquoi le Conseil a choisi de garder le silence et de n'adopter aucune résolution sur la mise en œuvre des documents issus de la Conférence de Durban. 

La Commission arabe des droits de l'homme s'est également dite vivement troublée par les décisions du Groupe de travail.  Il a exhorté le Groupe à respecter scrupuleusement son mandat s'agissant de la diaspora et a demandé au Haut-Commissaire de prendre des mesures concrètes pour remédier à la situation difficile des organisations non gouvernementales. 

United Nations Watch s'est demandé pour quelle raison certains axent leurs interventions sur les États-Unis alors qu'il y a d'autres gouvernements qui n'ont pas mis en place des mécanismes de lutte contre le racisme, comme le Soudan  ou encore la Mauritanie où il existe environ 500 000 esclaves auxquels les Nations Unies ne s'intéressent guère.  

L'Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale s'est inquiétée de l'afrophobie qui grandit dans les pays européens, lesquels, par leur passé colonial, ont pourtant bien profité de la force de travail des personnes d'ascendance africaine.  L'ONG s'est également dite préoccupée par l'islamophobie qui prévaut en Europe. 

Réponses et conclusions du titulaire de mandat

M. RICARDO SUNGA III, Président du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine, a reconnu des difficultés de définition de la notion de personnes d'ascendance africaine, mais a fait observer que des progrès sont faisables sur ce sujet.  Le Groupe de travail est en outre préoccupé par le fait que dans les systèmes judiciaires, la présomption de culpabilité pèse davantage sur ces personnes, en lieu et place de la présomption d'innocence, a-t-il en outre souligné.  Le Groupe tient à saluer le travail de la société civile, qui n'a cessé d'être très active depuis la Conférence de Durban de 2001, a ajouté M. Sunga.

M. Sunga a par ailleurs indiqué que le Groupe de travail a connu des attaques de la part de quelques groupes et personnes.  Ainsi, à titre personnel, il a reçu des messages odieux sur son compte tweeter.  De son point de vue, ces attaques sont le signe d'une intolérance frappant les personnes d'ascendance africaine.  Le Groupe de travail est en outre préoccupé par le manque de visibilité des personnes d'ascendance africaine dans les pays arabes et appellent ces pays à prendre des mesures rectificatives. 

Débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée

La Slovaquie, au nom de l'Union européenne, a affirmé qu'elle s'était engagée en faveur de la Déclaration et du Programme d'action de Durban et a indiqué souhaiter une meilleure synergie et l'émergence de complémentarités entre les travaux des mécanismes du Programme d'action de Durban et ceux du Conseil  lors de la prochaine session du Groupe de travail intergouvernemental. 

Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), a condamné  l'omniprésence des propositions racistes et xénophobes dans les programmes de formations politiques qui se prétendent démocratiques.  L'incitation à la violence idéologique par des dirigeants politiques prédispose en effet le grand public à faire preuve de discrimination envers telle ou telle communauté religieuse, tout en portant atteinte à l'harmonie interreligieuse, a souligné le pays. 

L'Afrique du Sud, au nom du Groupe africain, a jugé regrettable que le racisme puisse prendre, dans certains cas, une nature institutionnelle lorsqu'il devient projet politique, lorsque des pratiques discriminatoires sont tolérées ou quand l'État n'assume pas son rôle de manière appropriée pour combattre ce phénomène destructeur pour la société et sa cohésion.  Dans ce cadre, le renforcement du cadre légal est, certes, important, mais sa concrétisation l'est plus encore, a rappelé le Groupe africain, pour qui la Déclaration et le Programme d'action de Durban constituent le cadre international le plus cohérent pour la lutte contre  le racisme.

Le Soudan, au nom du Groupe arabe, a également mis l'accent sur le phénomène répréhensible du racisme, notamment au sein de sociétés occidentales, qui se caractérise par la discrimination, la haine d'autrui, la diffamation religieuse à l'encontre des Arabes et des musulmans, en particulier, dont beaucoup résident depuis des décennies dans les pays concernés et participent au développement de ces sociétés.  Le Soudan a dénoncé le discours populiste en vogue dans les pays occidentaux.  La Déclaration et le Programme d'action de Durban ainsi que les instruments internationaux pertinents sont les moyens appropriés de lutter contre cette tendance négative, a-t-il indiqué.

La Fédération de Russie s'est dite très préoccupée par l'usage excessif de la force par la police ainsi que par le profilage racial dans certains pays, avant d'affirmer que les minorités étaient devenues otages du silence des autorités à Bruxelles.  S'agissant de l'Ukraine, il a signalé que les radicaux nationalistes dans ce pays se substituent à l'État et qu'une russophobie militante y est à l'œuvre.  Ces dernières années, on a l'impression que le sujet très important du racisme est relégué aux calendes grecques alors qu'au contraire, il faudrait condamner le racisme et s'évertuer à l'éliminer, a conclu la délégation russe. 

L'Équateur a encouragé à persévérer dans l'application du Programme d'action de Durban, souhaitant que les citoyens fassent preuve de tolérance et d'acceptation de la diversité afin de garantir une véritable coexistence démocratique.  L'Équateur œuvre avec sa société civile à cet objectif, sur la base d'une politique stratégique transversale.  Les autochtones et les personnes d'ascendance africaine ont été les premiers à cueillir les fruits de ces efforts, a assuré la délégation équatorienne.  

Cuba a affirmé que si la Conférence de Durban a marqué un tournant mondial dans le domaine de la lutte contre le racisme et l'intolérance raciale, force est de constater que peu de progrès ont été faits depuis.  Les discours politiques discriminatoires, l'usage excessif de la force, les discriminations de toutes sortes visent et touchent les minorités raciales et ethniques, a déploré la délégation cubaine.  Cuba a assuré qu'elle ne ménagerait aucun effort pour que le Programme d'action de Durban soit mis en œuvre.

L'Algérie est d'avis que les instruments internationaux existants doivent être améliorés afin de mieux répondre aux question relatives au racisme et à la discrimination raciale.  

Le Venezuela s'est lui aussi dit inquiet face à l'augmentation partout dans le monde – et en particulier dans les pays développés, dans le cadre des discours politiques – des messages et discours racistes, dont la propagation est amplifiée par les technologies de l'information.  La mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban est le moyen pertinent de lutter contre ce phénomène.  À titre national, le Venezuela a adopté une loi sur la prévention des actes racistes.

La Chine a noté que dans certains pays la discrimination raciale aggravait encore la situation des migrants et des réfugiés.  Il est temps que la communauté internationale prenne des mesures afin d'éliminer ce fléau, chacun des pays concernés devant faire sa part en appliquant des politiques antidiscriminatoires efficaces.

La Namibie, qui a souligné que le profilage racial était contraire aux droits de l'homme, a jugé malheureux que de telles actions puissent être réalisées de manière ouverte et en toute impunité par les forces de l'ordre.  Elle a appelé la communauté internationale à reconnaître les causes sous-jacentes du racisme et a appelé les pays ayant exprimé des réserves à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale à revoir leur position.

La Bolivie a souligné avoir accordé rang constitutionnel à la jouissance des droits économiques, sociaux, politiques et culturels du peuple afro-bolivien.  Par ailleurs, la Bolivie salue la proposition visant à créer une archive concernant la traite d'esclaves, l'esclavage, la colonisation et le colonialisme dans le cadre d'un vaste programme visant à parvenir à des sociétés véritablement pluralistes et respectant les droits fondamentaux universels. 

La Turquie a souligné que le fléau du racisme menace les société modernes, la tendance actuelle étant à la discrimination à l'encontre des migrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile.  Une approche globale des questions liées au racisme, ainsi que l'éducation et la sensibilisation sont essentielles pour relever ce défi majeur.  Le dialogue interculturel et interreligieux contribuera à améliorer la tolérance, a ajouté la Turquie. 

La Sierra Leone a souligné que la Déclaration et le Programme d'action de Durban restent des documents fondamentaux, surtout au vu des reculs accusés à travers les attaques contre les réfugiés et les migrants.  Les préjugés raciaux installent la méfiance et la défiance, a souligné le pays. 

La Grèce a indiqué que les États doivent se garder de se reposer sur leurs lauriers car il en va de la responsabilité collective de la communauté internationale d'éliminer le racisme.  La Grèce a souligné avoir fait de la lutte contre le racisme une priorité. 

La Constitution du  Soudan interdit et sanctionne tout acte de discrimination sur une base ethnique ou religieuse.  C'est pour cela que la délégation soudanaise est outrée par les actes et discours politiques véhiculant l'intolérance raciale, ethnique et religieuse.

La République islamique d'Iran est également préoccupée par ces mêmes faits, qui touchent particulièrement les musulmans dans de nombreux pays.  Quinze ans après la Conférence de Durban, la persistance de ces faits inquiète à tel point que la délégation iranienne estime que les Nations Unies devraient ouvrir des enquêtes en cas d'abus.

La Bulgarie a assuré disposer d'un solide cadre juridique pour lutter contre ces phénomène d'intolérance.  Même si la Bulgarie, dans le contexte des migrations, n'a pas connu de phénomène de grande ampleur, elle veille scrupuleusement à ce qu'aucun groupe ne s'en prenne aux migrants. 

Bahreïn constate que la violence à l'égard des personnes d'ascendance africaine persiste aux États-Unis, alors que l'esclavage est censé appartenir au passé.  En République tchèque, en Suisse, au Danemark et en Irlande aussi, les discriminations à l'égard des migrants et autres étrangers sont monnaie courante, a déploré la délégation bahreïnite. 

L'Égypte a notamment constaté la tendance à la discrimination raciale et à la xénophobie qui se manifeste chaque fois davantage par l'usage de la force par la police, comme on le constate ces derniers temps aux États-Unis.  La rhétorique de certains politiciens est quasiment similaire à celle utilisée par certains groupes terroristes, a fait observer la délégation égyptienne. 

L'Azerbaïdjan a dit attacher une grande importance au dialogue interconfessionnel et interculturel.  Une bonne partie du territoire de l'Azerbaïdjan se trouve sous occupation – une occupation caractérisée par l'idéologie raciste et antisémite de l'Arménie, qui est même enseigné dans les salles de classe.

___________

* Les organisations non gouvernementales suivantes ont pris la parole dans le cadre du dialogue interactif: Union européenne; République dominicaine (au nom de la Communauté des Caraïbes); Afrique du sud (au nom d’un groupe de pays); Pérou; Cuba; Libye; Brésil; Sierra Leone; Espagne; Kenya; Venezuela; Nigeria; République islamique d'Iran; Égypte; Costa Rica; Botswana; Chine; Uruguay; Mexique; Bahamas; Rencontre Africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO); Iraqi Development Organization; Mouvement international contre toutes les formes de discrimination; Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies (au nom également de plusieurs organisations non gouvernementales1); Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme; Commission arabe des droits de l'homme; United Nations Watch et l'Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

** Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre du débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée: Slovaquie (au nom de l'Union européenne), Pakistan (au nom de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), Afrique du Sud (au nom du groupe africain), Soudan (au nom du Groupe arabe), Fédération de Russie, Équateur, Cuba, Algérie, Venezuela, Chine, Namibie, Bolivie, Turquie, Sierra Leone, Grèce, Soudan, République islamique d'Iran, Bulgarie, Bahreïn, Égypte, Azerbaïdjan. 

1. Déclaration conjointe: Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies; Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale; Secrétariat international du Mouvement 12 décembre; African Canadian Legal Clinic; Association internationale contre la torture; Comité International pour le Respect et l'Application de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CIRAC); Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs; Commission arabe des droits de l'homme; International-Lawyers.Org; Association Dunenyo; et le Conseil indien d'Amérique du Sud.

 _________

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Personnes d'ascendance africaine
Arrière