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Le Conseil des droits de l'homme achève son débat sur la liberté de religion et de conviction et la situation des défenseurs des droits de l'homme

Arrière

11 Mars 2010

APRES-MIDI
 
11 mars 2010
 

Il entame l'examen du premier rapport de la Représentante spéciale sur la violence à l'encontre des enfants

Le Conseil des droits de l'homme a terminé jeudi cet après-midi son débat interactif avec les Rapporteuses spéciales chargées respectivement de la liberté de religion et de conviction et de la situation des défenseurs des droits de l'homme.

Certaines délégations, tout en reconnaissant le rôle des défenseurs des droits de l'homme, ont souligné l'importance de déterminer qui est un défenseur des droits de l'homme et qui se sert de ce statut pour promouvoir des intérêts politiques ou autres. En outre, les défenseurs des droits de l'homme ne doivent pas se laisser instrumentaliser ni servir d'agents d'États étrangers. L'accent a été mis par plusieurs sur le devoir de responsabilité qui s'impose aux défenseurs des droits de l'homme, rappelant qu'il existe un cadre juridique à leur action, fixé dans la Déclaration de 1998 sur les défenseurs des droits de l'homme.

Répondant aux interventions faites au cours du débat interactif depuis ce matin, Mme Margaret Sekaggya, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, s'est émue, à l'instar de certaines délégations, de la stigmatisation des défenseurs des droits de l'homme et de la criminalisation de leur action dans plusieurs pays. Mme Sekaggya a ensuite demandé aux États de coopérer avec son mandat, de répondre à ses communications et d'autoriser ses visites: la coopération est essentielle pour assurer la sécurité des défenseurs des droits de l'homme, a-t-elle rappelé.

S'agissant de la liberté de religion et de conviction, des délégations ont notamment soulevé la question de l'interdiction des minarets et de l'interdiction du port de vêtements liés à la religion musulmane, en s'inquiétant d'une tendance à la croissance de l'islamophobie dans les pays occidentaux, ce qui pourrait entraîner de nouvelles campagnes antireligieuses contre la population musulmane.

À cet égard, Mme Asma Jahangir, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, a rappelé qu'elle s'était inquiétée, en novembre 2009, des conséquences du résultat du référendum suisse sur les minarets pour la liberté de religion et de conviction des musulmans. Elle a également souligné que la liberté de religion et la liberté d'expression sont toutes deux essentielles, se renforcent mutuellement et se chevauchent. Elle a rappelé que la liberté d'expression doit être respectée si l'on veut que la liberté de religion le soit également.

Les délégations des pays suivants se sont exprimés cet après-midi dans le cadre de ce débat interactif: Pays-Bas, Sri Lanka, Malaisie, Algérie, Arménie, Nigéria, Belgique, Chili, Iran, République de Corée, Syrie, Égypte, Bélarus, Azerbaïdjan, Kenya, Ouzbékistan, Palestine et Maroc. L'Arménie, l'Iraq, la Colombie, l'Iran et l'Azerbaïdjan ont exercé le droit de réponse en fin de séance.

Ont également pris la parole les représentants des organisations suivantes: Réseau africain des institutions nationales de droits de l'homme; Service international pour les droits de l'homme; Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement (au nom également de Asian Legal Resource Centre; et Forum international des ONG pour le développement indonésien); Commission colombienne de juristes; Conectas Direitos Humanos; Nord-Sud XXI; Franciscain international, au nom également de Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs); Human Rights First (au nom également de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme - FIDH); et Centre for Human Rights and Peace Advocacy.

Le Conseil a ensuite entamé l'examen du premier rapport de la nouvelle Représentante spéciale sur la violence à l'encontre des enfants, Mme Marta Santos Pais, qui a présenté la manière dont elle envisageait son mandat, ses priorités et les stratégies qu'elle entendait suivre, ainsi que les activités menées pendant les premiers mois d'activité de son mandat. Elle a précisé qu'elle avait l'intention de donner une forte visibilité à ce sujet et à l'impact néfaste de la violence à l'égard des enfants, ajoutant qu'elle veillerait à mobiliser les efforts pour combattre ce fléau. Elle a mis l'accent sur trois objectifs: le développement dans chaque pays d'une stratégie globale de prévention et d'intervention; la mise en place d'une législation nationale pour la prévention; un système de collecte de données et de recherche sur les causes des violences faites aux enfants.

La plupart des délégations se sont accordées pour estimer que des politiques nationales coordonnées étaient nécessaires en matière de lutte contre la violence à l'égard des enfants. Certaines délégations ont mis l'accent sur le cadre de la famille et de la communauté pour privilégier les bonnes pratiques en matière de protection des enfants contre les violences, et d'autres ont estimé que les châtiments corporels étaient humiliants et incompatibles avec l'éducation.

Le Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), la Fédération de Russie, l'Union européenne, le Brésil, les Pays-Bas, la Belgique, la Thaïlande, la Chine, la Colombie et la République du Congo ont participé au débat interactif.

Le Conseil doit conclure demain, à partir de 10 heures, le débat interactif avec la Représentante spéciale sur la violence à l'encontre des enfants. Il se penchera ensuite sur les conclusions du groupe de travail sur l'élaboration d'un protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant et tiendra un débat général sur la promotion et la protection de tous les droits de l'homme.

Suite de l'examen de la situation des défenseurs des droits de l'homme et de la question de la liberté de religion et de conviction

Débat interactif

M. ROBERT-JAN SIEBEN (Pays-Bas) a regretté, avec Mme Asma Jahangir, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion, que des acteurs non étatiques, et même parfois des agents de l'État, continuent de menacer des personnes ayant changé de religion, en particulier dans les situations où leur première religion est celle de la majorité de la population. Les Pays-Bas estiment que toute stratégie de prévention de l'intolérance religieuse doit insister sur le fait que les individus ont plusieurs identités. Le fait de ne pas se focaliser sur l'aspect religieux de l'identité d'une personne, d'un groupe ou d'une société permet de contrer l'intolérance, par la mise en évidence d'autres liens, a souligné le représentant. Dans ce sens, il a demandé à Mme Jahangir si elle juge que le concept d'identités multiples est utile dans la discussion autour de la manière de désamorcer la discrimination ou la violence commise au nom de la religion ou de la croyance ? De même, le représentant a demandé à la Rapporteuse spéciale des conseils quant à la manière de traiter les signes avant-coureurs de l'intolérance, en particulier dans le contexte de l'Examen périodique universel. Le délégué a enfin demandé à Mme Margaret Sekaggya, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, quelles possibilités sont à la disposition des États afin d'assurer que ces personnes exercent leurs activités légitimes sans crainte de persécution.

MME KSHENUKAN SENEWIRATNE (Sri Lanka) a affirmé que les autorités de son pays poursuivent l'enquête sur le cas de Mme Lasantha Wickramatunga mentionné par la Rapporteuse spéciale sur des droits des défenseurs des droits de l'homme dans son rapport et que des progrès sont attendus prochainement. Concernant les autres allégations de violations mentionnées dans le rapport, la représentante a annoncé que les mesures adéquates pour prévenir les violations étaient d'ores et déjà mises en place. Par ailleurs, elle a réitéré une déclaration faite la semaine dernière par sa délégation et qui appelait à la prudence s'agissant de la dénomination très vague de «défenseurs des droits de l'homme», qui est utilisée pour englober toutes formes d'activité, même parfois très éloignées. Il faut donc empêcher certaines personnes de se présenter comme telles pour en tirer un avantage politique. En ce qui concerne le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, la déléguée sri-lankaise a rappelé que Mme Jahangir avait visité le pays en 2005 et ses recommandations ont été prises en compte lors de la finalisation du Plan d'action national sur les droits de l'homme. La Rapporteuse spéciale sera tenue au courant de l'état d'avancement de ce dossier, a-t-elle assuré. En conclusion, la déléguée a rappelé que Sri Lanka était un pays extrêmement tolérant qui a toujours connu l'harmonie religieuse.

MME ANIZAN SITI HAJAR ADNIN (Malaisie) a déclaré que son pays, qui a récemment été confronté à des troubles liés à la question sensible du droit à la liberté de religion et de conviction, réaffirme l'importance de protéger l'ensemble des sites religieux, conformément à la résolution 55/254 de l'Assemblée générale. Elle a dit soutenir les conclusions et recommandations visant à lutter contre la tendance croissante à l'intolérance fondée sur la religion qui jugent essentiels une meilleure éducation et le renforcement de la culture du dialogue. La représentante a jugé dignes d'étude certaines des recommandations faites par la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme mais elle s'est dite sceptique sur l'efficacité potentielle de telles recommandations lorsqu'elles sont mises en avant sur une base qu'elle a jugée sélective.

M. MOHAMED EL AMINE BENCHERIF (Algérie) a déclaré que la garantie de la sécurité des personnes et des biens est une prérogative exclusive de l'État. Il a demandé à la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'il est vraiment possible d'envisager que cette garantie de sécurité puisse se faire par le recours à des financements étrangers, tel que conseillé dans le rapport. Le représentant a aussi observé que le rapport recommande que les missions diplomatiques des États d'une région spécifique renforcent leur rôle dans la protection physique des défenseurs des droits de l'homme: or, ceci est contraire aux usages diplomatiques et risque plutôt de fragiliser les défenseurs vis-à-vis de leurs citoyens. Le représentant a également fait savoir que son pays considère, à l'instar de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion, qu'il est de la plus haute importance d'accorder une attention soutenue aux signes précurseurs de la discrimination et de la violence exercées en raison de la religion, pour prévenir des violations des droits de l'homme et instaurer un climat de tolérance religieuse. Face à la montée de l'extrémisme et de la discrimination en raison de la religion, par le recours à des stéréotypes négatifs et à des campagnes populistes, notamment d'affiches incitant à la haine, l'Algérie considère qu'il est nécessaire de disposer de normes complémentaires pour appréhender de manière appropriée cette manifestation contemporaine de racisme.

MME SATENIK ABGARIAN (Arménie) s'est dite favorable à une étude de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion qui porterait sur les systèmes d'alerte rapide en cas de discrimination et de violences fondées sur des motifs religieux. Elle a rappelé qu'il a été démontré à plusieurs reprises, y compris en 2003 par la Rapporteuse spéciale elle-même, que des centaines de Khatchkars -pierres tombales arméniennes - ont été détruites ou vandalisées au Nakhitchevan. En 2006, la Rapporteuse spéciale a recommandé que les autorités locales du Nakhitchevan soient davantage sensibilisées aux droits de l'homme et a regretté que le Gouvernement d'Azerbaïdjan n'ait fourni aucune information sur le suivi de cette question. La représentante a affirmé que son pays avait toujours préconisé la protection des minorités religieuses et que son Gouvernement coopérait avec les différentes parties prenantes pour améliorer en permanence la situation en Arménie. Un Département des minorités et des questions religieuses a été créé en janvier 2004; il participe à la préparation du plan d'action national et régule les relations entre l'État et les organisations religieuses; il aide aussi ces dernières à résoudre les questions qui se posent dans leur vie quotidienne.

M. OSITADINMA ANAEDU (Nigéria) a souhaité effectuer quelques clarifications sur le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction. Le peuple et le Gouvernement du Nigéria n'ont jamais faibli dans leur engagement envers les principes de la liberté de conscience, de religion, de conviction ou la coexistence pacifique. Le représentant a signalé que les conflits et la violence ne sont pas les manifestations habituelles des interactions entre les différentes communautés religieuses dans le pays. Guidés par la laïcité dans sa Constitution, le Gouvernement fait preuve d'impartialité à l'égard des religions, mais l'importance de la religion dans la vie des communautés a été reconnue par l'État. Pour le représentant nigérian, les causes premières des crises récentes à Jos sont socio-économiques et sont liées à l'analphabétisme et à l'exploitation économique des masses. Les responsables seront traduits en justice selon une procédure régulière, a assuré le délégué nigérian. Le Gouvernement a pour sa part pris des mesures pour remédier aux problèmes de sécurité qui ont conduit à ces événements récents. Il aborde de manière assidue les besoins économiques et sociaux de la population pour augmenter son niveau de vie. En ce qui concerne le problème de l'an passé avec le groupe Boko Haram, le représentant nigérian a fait remarquer que ce groupe opère sous un paravent religieux, mais que son objectif principal est bel et bien de prendre le pouvoir aux autorités constituées. La discrimination religieuse n'a jamais été une politique gouvernementale au Nigéria, a-t-il conclu.

M. XAVIER BAERT (Belgique) s'est dit préoccupé par les dangers et difficultés auxquels les défenseurs des droits de l'homme sont confrontés dans l'exercice de leurs activités et notamment des violations dont sont victimes les femmes défenseurs des droits de l'homme, les défenseurs appartenant à des minorités sexuelles et ceux travaillant à la protection des ressources naturelles. Il a appelé les États à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir les droits de ceux et celles qui s'investissent en faveur des droits de l'homme. La Belgique s'inquiète des harcèlements dont sont victimes les défenseurs des droits de l'homme en Colombie, ainsi qu'au Kirghizistan où, a rappelé le représentant, des journalistes ont récemment été victimes d'attaques violentes. Il a toutefois pris note avec satisfaction de la décision rendue le 2 mars par la Cour constitutionnelle kirghize, qui a jugé inconstitutionnelles un certain nombre de mesures législatives restreignant de manière excessive la liberté d'association. Le représentant a par ailleurs jugé que la situation en République démocratique du Congo reste préoccupante et a souhaité que ce pays prenne en compte les recommandations adressées par la Belgique à l'occasion de l'Examen périodique universel. Concernant la liberté de religion, le représentant a noté qu'il semble difficile d'empêcher les signes d'intolérance religieuse de se propager une fois qu'ils se sont manifestés. Il s'est inquiété de la persistance de l'intolérance vis-à-vis des minorités religieuses dans différents endroits du monde, citant les discriminations dont sont victimes pratiquement tous les groupes non chiites en Iran, et se disant notamment préoccupé du sort des bahá'ís du pays. Il s'est dit également préoccupé de la situation précaire de la minorité chrétienne d'Iraq, tout en se félicitant de la prise de conscience des autorités iraquiennes. Il a dit avoir noté avec grand intérêt l'analyse de Mme Jahangir sur les signes précurseurs de discrimination et a estimé que l'obligation imposée par l'Arabie saoudite d'indiquer l'appartenance religieuse dans les documents officiels constituait assurément un signe précurseur.

M. VICENTE ZERAN (Chili) s'est dit très préoccupé par les stéréotypes négatifs et les manifestations de discrimination à l'encontre des religions et des croyances. Le Chili estime que la liberté de religion doit être comprise comme le droit de pratiquer une religion, d'en changer ou de n'en avoir aucune. Il s'agit d'une liberté et d'un droit fondamental: celui d'exprimer sa foi sans entrave autre que celles prévues par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le représentant chilien a aussi déclaré que son pays, pour des raisons historiques, estime que le mandat de la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme est de la plus haute importance. Le Chili est conscient des difficultés que les défenseurs rencontrent dans l'exercice de leurs activités légitimes, y compris en Amérique du Sud, difficultés qui s'accompagnent parfois de la mise en danger de leur propre vie. Le mandat de Mme Sekaggya représente précisément la reconnaissance que la communauté internationale accorde aux dangers de cette situation dans de nombreux pays. Le représentant a estimé irrecevable l'invocation de coutumes, de traditions ou d'obligations religieuses pour justifier les entraves à l'action des défenseurs des droits de l'homme.

M. MOJTABA ALIBABAIE (Iran) a relevé que l'absence de définition internationale acceptée du concept de défenseur des droits de l'homme constitue un problème récurrent. Bien que la nécessité d'une telle définition ait été continuellement évoquée dans les différentes sessions du Conseil, aucune initiative n'a été lancée dans ce domaine, a-t-il regretté, invitant la Rapporteuse spéciale à engager une discussion avec les différents pays dans le but de définir quelques critères au terme de défenseur des droits de l'homme. Pour le représentant iranien, il importe de garder en mémoire que les défenseurs des droits de l'homme doivent travailler dans le cadre juridique et constitutionnel de leur propre pays et doivent mener leurs activités conformément à la loi de l'État concerné ce qui, a-t-il précisé, contribuerait à leur donner un environnement favorable pour leurs activités. Le représentant a invité la Rapporteuse spéciale à effectuer une étude sur les effets négatifs des incitations de la part de l'étranger sur l'indépendance et la position des défenseurs des doits de l'homme dan les sociétés. De telles interférences mettent en danger leur crédibilité et leur réputation et par conséquent mettent en danger leur rôle social, a-t-il fait valoir. Commentant ensuite le rapport sur la liberté de religion, le représentant iranien a noté une tendance croissante à l'islamophobie dans certains pays occidentaux et a demandé à la Rapporteuse spéciale si elle avait pris des mesures à cet égard. Le représentant iranien a regretté la tendance à appliquer des restrictions aux activités religieuses des minorités sous couvert de lutte contre le terrorisme. Selon lui, il arrive que les minorités soient utilisées par des États étrangers ou leurs agents pour créer de l'insécurité et des tensions. En conclusion, le délégué iranien a invité la Rapporteuse spéciale à se pencher sur la corrélation entre liberté de religion et respect des religions et croyances. Dans plusieurs cas, la liberté d'expression fait l'objet d'abus pour attaquer une religion spécifique, a-t-il noté.

M. WIE-YOUNG HA (République de Corée) a déclaré qu'il faudrait accorder une attention sérieuse aux signes précurseurs de discriminations et de violences fondées sur la religion afin de traiter de manière préventive les problèmes posés par l'intolérance religieuse. Il a dit soutenir l'approche préventive de la Rapporteuse spéciale, ajoutant qu'il fallait absolument traiter des causes profondes et des signes précurseurs de l'intolérance religieuse. Il a insisté sur l'importance du dialogue interreligieux et de l'éducation de la jeunesse à la tolérance et à la diversité religieuses. Il a rappelé à cet égard que son pays avait accueilli à Séoul en septembre 2009 le cinquième Dialogue interreligieux de la Réunion Asie-Europe, organisée avec la Finlande, dont la déclaration finale met l'accent sur l'éducation des jeunes générations de religions différentes. Il a dit partager les inquiétudes de la Rapporteuse spéciale s'agissant des enfants endoctrinés à l'intolérance religieuse et utilisés pour perpétrer des violences au nom de la religion. Il a en outre regretté que les femmes demeurent une cible permanente de l'intolérance religieuse: trop souvent marginalisées et victimes de l'intolérance religieuse, les femmes peuvent pourtant contribuer fortement au processus menant à l'harmonie religieuse, a ajouté le représentant. Enfin, le représentant de la République de Corée a demandé à la Rapporteuse spéciale de présenter quelques exemples illustrant le rôle des femmes dans le dialogue interreligieux.

M. ABDULMONEM ANNAN (Syrie) a estimé important de s'intéresser aux signes avant-coureurs de l'intolérance. Il a souligné que la participation des autorités de l'État et des chefs religieux est déterminante pour lutter contre l'intolérance religieuse. La prévention est primordiale. Le représentant syrien a observé que la diffamation des religions est de plus en plus souvent liée à l'incitation à la haine religieuse, notamment par le biais des médias, tendant à empêcher les minorités religieuses de pratiquer leur foi. Il a demandé à la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, Mme Asma Jahangir, de donner son opinion sur certaines mesures discriminatoires telles que l'interdiction de la construction de minarets ou l'interdiction du port de vêtements ou symboles religieux en public.

M. OMAR SHALABI (Égypte) a partagé une partie des conclusions du rapport de Mme Sekaggya sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, mais réprouve aussi une partie du rapport qui, selon lui, ne traite pas de façon équilibrée des risques que rencontrent les défenseurs des droits de l'homme dans certaines régions, selon qu'il y ait ou non une occupation étrangère. L'Égypte estime qu'une définition des défenseurs des droits de l'homme pourrait être la suivante: «toute personne qui œuvre pour défendre les droits de l'homme internationalement reconnus». Il souhaiterait savoir si la rapporteuse spéciale partage cette façon de voir. Nul au sein d'une société ne doit être soumis à une discrimination, a-t-il poursuivi. D'autre part, le délégué égyptien partage l'approche et beaucoup des conclusions du rapport de Mme Asma Jahangir sur la liberté de religion ou de conviction, notamment lorsque le rapport aborde les signes précurseurs de violence, les stéréotypes, les discours publics ciblant les membres de certaines communautés religieuses ou les campagnes de haine. Pour lui, l'interdiction des minarets reflète les sentiments anti-religieux d'une région entière, ce qui pourrait entraîner de nouvelles campagnes anti-religieuses contre la population de la religion concernée, et il s'est satisfait de la déclaration de Mme Jahangir à cet égard. Il faut insister sur la protection des droits et non les violations qui résulteraient de l'exercice de ces droits, a estimé le délégué de l'Égypte. Enfin, il s'est demandé si la liberté de religion peut être protégée alors que le sécularisme s'étend, comme semble le signaler la Rapporteuse spéciale. Il a estimé qu'il est temps de se pencher sur les atteintes à la liberté de religion au nom même de ce sécularisme.

MME LARISA BELSKAYA (Bélarus) a dit partager entièrement la conclusion de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction: la législation nationale en matière de tolérance religieuse doit correspondre au droit international. Le Bélarus respecte ce principe et n'est pas en proie à des conflits religieux, a-t-elle affirmé. Elle a rappelé que son pays a créé en 2008 un comité consultatif constitutionnel, associé à l'élaboration des politiques qui concernent les religions. Le développement du dialogue interreligieux sur la base du respect des droits de l'homme est essentiel pour favoriser une meilleure compréhension entre différentes religions, a affirmé la représentante, qui a ajouté que le Bélarus soutient les initiatives destinées à favoriser la tolérance et le respect des autres cultures et confessions religieuses.

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a constaté que le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion considère la persistance des stéréotypes dans les discours publics comme signe avant-coureur de la discrimination et de la violence commises au nom de la religion. De fait, les discours stéréotypés sur les religions affectent la vie de très nombreux croyants. Une peur irrationnelle vise ainsi certains groupes, s'accompagnant d'insultes au sentiment religieux. L'ignorance est la cause principale de cette attitude, a estimé le représentant azerbaïdjanais. Le rapport de Mme Jahangir mentionne en outre la destruction délibérée de lieux de cultes comme une autre manifestation d'intolérance religieuse, commise surtout durant des conflits armés et dans des situations d'occupation étrangère. L'Azerbaïdjan estime, à l'instar de la Rapporteuse spéciale, que les États doivent non seulement punir les auteurs de telles violations de la liberté de religion, mais aussi prendre des mesures ciblées pour éviter leur répétition. C'est pour cette raison que le Gouvernement d'Azerbaïdjan a pris des mesures concrètes pour garantir la réalisation de ce droit, comme par exemple la création d'un comité interministériel chargé de la collaboration avec les organisations religieuses du pays, ainsi que d'autres initiatives destinées à favoriser le dialogue interreligieux.

MME MARYANN NJAU KIMANI (Kenya) a assuré que son pays soutient le travail des défenseurs des droits de l'homme. La création de la Commission nationale kenyane des droits de l'homme, conforme aux principes de Paris, en est une illustration. Le Gouvernement s'est en outre engagé dans un dialogue actif avec les organisations de la société civile de promotion et de protection des droits de l'homme afin de promouvoir les droits de l'homme au Kenya, a ajouté la représentante. Avec ses partenaires de développement, le Gouvernement a en outre mis en place un fonds non gouvernemental pour faciliter la participation d'acteurs non étatiques aux efforts de réforme du secteur du droit et de la justice. Il a en outre adopté une loi sur la protection des témoins et prépare des programmes destinés à contribuer au renforcement du droit à la vérité, indépendants des agences gouvernementales.

M. BADRIDDIN OBIDOV (Ouzbékistan) a évoqué le rapport de Mme Sekaggya sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et a affirmé que son pays fournit des informations régulières aux demandes de la Rapporteuse spéciale. Mais selon lui, certains commentaires du rapport ne reflètent pas une approche équilibrée et transparente de la préparation de ce contenu. L'Ouzbékistan espère qu'à l'avenir la Rapporteuse spéciale adoptera, dans la conduite de son mandat, une approche universelle qui évite la sélectivité et le recours à des informations non vérifiées. Le représentant ouzbek a ensuite évoqué le partenariat privilégié entre les autorités de son pays et les organisations non gouvernementales, un partenariat qui favorise le développement de la société civile et l'état de droit. Cinq mille ONG sont actives en Ouzbékistan, a-t-il affirmé. Même si la législation ne prévoit pas de statut juridique précis pour les défenseurs des droits de l'homme, chaque ONG arrive à travailler dans son domaine et l'État apporte son aide à la création de ces organisations. Le délégué a d'ailleurs précisé que les ONG ont participé à la préparation du rapport national dans le cadre de l'Examen périodique universel dont a fait l'objet le pays.

M. IMAD ZUHAIRI (Palestine) a remercié Mme Asma Jahangir, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, pour son rapport. Le représentant a réaffirmé le caractère arabe des lieux saints, en particulier le caveau des patriarches à Hébron, annexés par les forces d'occupation. Il a déploré l'incendie de mosquées et les fouilles pratiquées sous la mosquée d'Al Aqsa, dans l'objectif de judaïser ces lieux saints. Le représentant a également dénoncé les entraves à l'accès aux lieux saints par Israël, ainsi que la démolition et la profanation de sanctuaires musulmans dans la même ville. Il a affirmé que, quels que soient les moyens utilisés pour violer les droits du peuple palestinien, ce dernier est déterminé à réintégrer ses terres et à récupérer ses lieux de culte.

M. OMAR HILALE (Maroc) a rappelé que son pays avait été, avec la Norvège, l'initiateur de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l'homme car, a-t-il ajouté, il est convaincu de la noblesse et de l'importance de leur mission, qui doit pouvoir s'appliquer partout et ne pas connaître de restrictions politiques. Toutefois, a ajouté le représentant, de même que les États membres sont comptables de leurs actions devant la communauté internationale et devant leur peuple, les défenseurs des droits de l'homme ont également des devoirs et sont comptables devant la communauté internationale. Il existe un cadre juridique à leur action, fixé dans la Déclaration de 1998, a-t-il rappelé, soulignant que les défenseurs des droits de l'homme ne sont pas des acteurs sans statut et qu'ils ne doivent pas se laisser instrumentaliser ni servir d'agent à des États étrangers. Le représentant marocain a souhaité que la future résolution sur les défenseurs des droits de l'homme mette l'accent sur cette responsabilité.

M. YOUSSEF SATANE (Réseau africain des institutions nationales de droits de l'homme) a déclaré que les États doivent appliquer des programmes de protection physique des défenseurs des droits de l'homme dans leurs pays respectifs. C'est la première étape vers un environnement de travail sûr pour les défenseurs, a-t-il souligné. Il a indiqué que les caractéristiques clés du travail des institutions nationales de droits de l'homme sont de conseiller et de faire pression pour l'adoption de cadres légaux nationaux sur la protection des défenseurs des droits de l'homme; de sensibiliser les autorités et le public à travers une large diffusion de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme; et de mener des enquêtes et de faire rapport sur les violations des droits des défenseurs des droits de l'homme.

MME KATRINE THOMASEN (Service international pour les droits de l'homme) s'est félicitée de l'accent mis sur la sécurité des défenseurs des droits de l'homme, alors qu'onze ans après l'adoption de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme, ces derniers sont toujours confrontés à de graves violations de leurs droits. Elle a expliqué que son organisation reconnaît le rôle important qu'a joué le mandat de la Rapporteuse spéciale. S'adressant directement à Mme Sekaggya, elle a souhaité savoir comment son mandat peut aider les États à respecter leurs obligations. Sachant que le taux de non réponse des États aux communications est plus important que dans d'autres mécanismes, le Service international pour les droits de l'homme aimerait connaître les raisons de ce faible taux de réponse, ainsi que ses conséquences sur la promotion des droits des défenseurs des droits de l'homme.

MME EMERLYNN GIL (Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement, au nom également de Asian Legal Resource Centre; et Forum international des ONG pour le développement indonésien) a noté avec préoccupation que l'un des premiers signes avant-coureurs de discrimination fondée sur la religion réside dans l'adoption par certains États de législations nationales qui sont en contradiction avec les instruments internationaux et parfois avec leur propre Constitution. Elle a en ce sens félicité l'Indonésie, où une loi sur le blasphème de 1965 est actuellement contestée devant la Cour constitutionnelle. Elle a exhorté les États à aborder, à l'instar de l'Indonésie, ces questions de la manière la plus démocratique. Mme Gil a rappelé que la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme mentionne comme facteur déclenchant des attaques contre les activistes leurs prises de positions à l'étranger sur la situation dans leur propre pays. Elle a illustré cette situation par le cas de plusieurs personnes qui, après avoir fait part de leurs inquiétudes sur la situation des droits de l'homme au Sri Lanka, doivent désormais rester hors de leur pays par peur de représailles. Déclarant n'avoir pas reçu de réponse du Gouvernement du Sri Lanka sur cette affaire, elle a demandé à Mme Sekaggya si elle a des informations précises, et plus généralement des indications sur les menaces et intimidations dont sont victimes les défenseurs des droits de l'homme au Sri Lanka, comme par exemple la présidente de la branche locale de Transparency International.

M. GUSTAVO GALLÓN (Commission colombienne de juristes) a déploré que les déclarations publiques du Président colombien, ainsi que celles des représentants de l'armée, témoignent d'une attitude hostile à l'action des défenseurs des droits de l'homme. Soulignant que le Procureur général de la nation estime, pour sa part, que les autorités sont responsables de nombreuses violations des droits des défenseurs, le représentant a dénoncé les nombreuses menaces, violences et diffamations commises à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme en Colombie. Le Conseil des droits de l'homme devrait aussi demander des explications aux autorités sur de possibles violations des privilèges attachés à la qualité de Rapporteur spécial de M. Rodolfo Stavenhagen, ancien Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales des populations autochtones.

M. BRUNO SOUZA (Conectas Direitos Humanos) s'est félicité des programmes de protection mis en place au Brésil, comme celui d'Espirito Santo, à la suite de graves violations des droits de l'homme dans le système pénitentiaire. Malheureusement, les programmes de défense sont toujours confrontés à des difficultés pour promouvoir les enquêtes de manière rapide et efficace, a-t-il déploré. Il a estimé important de mettre en place un cadre juridique approprié et doté des ressources nécessaires. Le représentant de Conectas a conclu son intervention en encourageant la Rapporteuse spéciale à faire une visite au Brésil, estimant qu'une telle visite contribuerait à améliorer la situation des défenseurs des droits de l'homme dans ce pays.

M. MOHAMMED EL-MUSTAPHA KABBAJ (Nord-Sud XXI) a affirmé que la liberté de religion et de croyance est l'un des points essentiels de la promotion des droits de l'homme, de la sauvegarde de la paix sociale et de la coexistence entre les religions. Il a exprimé son regret sur le referendum tenu en Suisse en novembre à propos des minarets et demandé que la liberté de religion et de croyance ne fasse pas l'objet de surenchères de la part de fanatiques hostiles aux étrangers. Il a rendu hommage au Conseil épiscopal chrétien suisse, qui a rejeté le résultat de cette votation. Nord-Sud XXI continuera pour sa part à mener en Europe une campagne contre l'islamophobie, a conclu le représentant.

MME ELIN MARTÍNEZ (Franciscain international, au nom également de Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs) a fait remarquer que le Conseil doit protéger non pas les religions en tant que telles, mais la liberté de religion des individus. Elle a demandé à la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion, Mme Jahangir, des recommandations sur la manière d'éliminer les causes de la violence religieuse, en particulier celle motivée par des lois encourageant la discrimination en pratique. La représentante a également estimé que les raisons profondes de la discrimination doivent être traitées par une action dans le domaine de l'éducation et a demandé à Mme Jahangir de proposer aux États des manières de tenir compte des intérêts de toutes les parties concernées, en particulier dans le cas d'États où l'enseignement religieux est obligatoire.

M. ANDREW HUDSON (Human Rights First, au nom également de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme - FIDH) a constaté une tendance croissante à délégitimer les défenseurs des droits de l'homme. Il a déploré que des lois sécuritaires ambiguës soient utilisées pour détenir de manière arbitraire des défenseurs des droits de l'homme, ainsi que le montre le rapport de Mme Sekaggya. Saluant le rapport de mission de la Rapporteuse spéciale en Colombie, le représentant a dit souscrire à ses recommandations et a appelé le Gouvernement colombien à les mettre en œuvre le plus rapidement possible, en particulier les mesures suivantes: un nouveau décret présidentiel qui reconnaisse le plaidoyer pour les droits de l'homme; une enquête sur toutes les activités criminelles contre des défenseurs des droits de l'homme; la dépénalisation de la calomnie; ainsi que la mise en place d'un mécanisme permettant de purger toutes les archives nationales sur les défenseurs. Enfin, le représentant s'est inquiété des nombreux refus de visite opposés parfois à plusieurs reprises par les pays suivants: Bélarus, Tchad, Inde, Népal, Pakistan, Tunisie, Ouzbékistan et Zimbabwe. Il s'est déclaré préoccupé de constater que les 266 communications envoyées l'an passé par la Rapporteuse spéciale n'ont reçu qu'une centaine de réponses.

MME RACHEL BESSONET (Centre for Human Rights and Peace Advocacy) a dit approuver totalement le rapport de Mme Jahangir sur la liberté de religion, ainsi que ses recommandations. Elle a considéré inacceptable que l'on oblige des femmes à porter des habits religieux en public et a souligné que les propos de dignitaires religieux ne font pas nécessairement autorité. La liberté de religion et de conviction, associée à la liberté d'expression et de choix, n'est possible que lorsque la démarcation entre l'État et l'Église est un principe parfaitement respecté, a conclu la représentante.

Réponses des titulaires de mandat

MME MARGARET SEKAGGYA, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, a souligné que la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme avait évolué avec le temps, la question étant maintenant de mieux définir les personnes concernées. Le commentaire du Haut Commissariat à ce sujet sera bientôt prêt, les États seront appelés à faire leurs propres observations. Ces mêmes États membres, en acceptant la Déclaration, ont accepté d'assumer certaines responsabilités qu'ils doivent maintenant prendre au sérieux, a rappelé la Rapporteuse spéciale. Mme Sekaggya s'est émue de la stigmatisation des défenseurs des droits de l'homme et de la criminalisation de leur action, notamment celle en faveur de personnes homosexuelles. Elle a fait valoir que les lois nationales doivent être respectées au même titre que le droit international, en particulier les instruments imposant de traiter dans la dignité les défenseurs des droits de l'homme. La Rapporteuse spéciale s'est par ailleurs dite convaincue par les moyens mis en œuvre par la République démocratique du Congo et la Colombie pour donner effet aux recommandations de ses rapports.

Mme Sekaggya a ensuite demandé aux États de coopérer avec le mandat, de répondre à ses communications et d'autoriser ses visites: la coopération est essentielle pour sécurité des défenseurs des droits de l'homme, a-t-elle rappelé. Ces derniers doivent être consultés dans la mise au point de mesures de protection en leur faveur. Les femmes défenseurs doivent obtenir une aide lorsqu'elles sont victimes de crimes. Et des campagnes de sensibilisation doivent être menées pour éliminer les attitudes préjudiciables à l'activité des défenseurs des droits de l'homme. La Rapporteuse spéciale a observé que le financement étranger est important à cet égard, compte tenu de l'impossibilité de nombreux États de financer par eux-mêmes les mesures de protection des défenseurs. Il faudrait aussi que la police et les agents de sécurité soient formés au traitement correct des défenseurs des droits de l'homme. Quant aux «systèmes d'alerte précoce», Mme Sekaggya est d'avis que le Conseil des droits de l'homme peut assurer la défense des défenseurs victimes de représailles en demandant des explications aux États concernés. Enfin, elle a fait part de son intention de se rendre en Arménie, en Chine, à Sri Lanka, et dans d'autres pays encore, demandant encore une fois aux États concernés d'autoriser ses visites.

MME ASMA JAHANGIR, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, a souligné que tout en étant favorable à un consensus, elle n'en distinguait pas moins un consensus qui permettrait de promouvoir les droits de l'homme d'un compromis qui saperait ces droits. Elle a répété que la liberté de religion et d'expression sont toutes deux essentielles, se renforcent mutuellement et se chevauchent. Elle a rappelé que la liberté d'expression doit être respectée si l'on veut que la liberté de religion le soit aussi. Pour elle, parler des droits de l'homme c'est parler des droits des individus et non des droits des religions. Concernant les droits des femmes au sein des minorités religieuses, elle a déclaré que certaines femmes souffrent au sein de leur propre communauté, lorsque cette dernière préserve jalousement sa propre culture, parfois au détriment des femmes qui la compose. Elle a relevé l'importance de faire comprendre aux membres de ces communautés que contester les droits des femmes nuit à la promotion des droits de la communauté elle-même.

Par ailleurs, la Rapporteuse spéciale a estimé que le Conseil des droits de l'homme devait éviter de politiser la question de la religion et devait étudier le droit à la liberté de religion et de conviction sous l'angle exclusif des droits de l'homme. Elle s'est élevée contre l'idée que la respectabilité des femmes serait liée à leur respect des traditions religieuses, alors même que ces dernières peuvent aller à l'encontre de la dignité des femmes. Mme Jahangir a également estimé que la question de la conversion religieuse pose de grave difficultés, alors que certains États ont des lois qui interdisent le changement de religion ou tout du moins une jurisprudence qui sanctionne ce changement. Enfin, elle a rappelé qu'elle avait publié, le 30 novembre 2009, un communiqué dans lequel elle s'inquiétait des conséquences du résultat du référendum suisse sur les minarets pour la liberté de religion et de conviction des musulmans.

Violence à l'encontre des enfants

Présentation du rapport de la Représentante spéciale du Secrétaire général

MME MARTA SANTOS PAIS, Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence à l'encontre des enfants, a rappelé avoir entamé son mandat il y a six mois seulement. Le dialogue de ce jour représente dès lors une opportunité qui tombe à pic pour discuter avec les membres du Conseil et poser les fondations d'une bonne collaboration pour protéger les enfants des violences. Mme Santos Pais a précisé que le mandat de Représentante spéciale a été entériné par le Conseil des droits de l'homme et l'Assemblée générale, et officialisé par décision du Secrétaire général. Le poste est financé par des contributions volontaires mises à disposition par les institutions des Nations Unies, les États et le secteur privé. La Représentante spéciale agit en tant que défenseur indépendant à l'échelle mondiale de la protection des enfants contre toutes les formes de violence, a-t-elle rappelé, précisant avoir l'intention de donner une forte visibilité à ce sujet, de mobiliser les efforts pour combattre ce fléau et servir de déclencheur grâce à un vaste réseau de partenaires. Le programme est clair, a-t-elle souligné, il ouvre les voies à un processus de changement social profond. La Représentante spéciale s'est en effet dite convaincue qu'il est possible d'offrir aux enfants les conditions d'un plein épanouissement, dans une société où la violence n'a pas sa place.

Il y a des initiatives et des processus décisifs promus dans le monde pour briser la conspiration du silence autour des violences faites aux enfants, a jugé Mme Santos Pais, relevant l'importance que la communauté internationale maintienne cet élan. Elle a fait remarquer que la violence avait un impact durable et complexe sur les enfants mais aussi un coût colossal pour la société. Elle a à cet égard attiré l'attention du Conseil sur les recommandations de l'Étude des Nations Unies sur la violence à l'égard des enfants, qui mettent un accent particulier sur trois objectifs: le développement dans chaque pays d'une stratégie globale de prévention et d'intervention; l'importance d'une législation nationale pour la prévention; et la mise en place d'un système de collecte de données et d'analyse des causes des violences faites aux enfants. Sur ce dernier point, Mme Santos Pais a fait remarquer qu'alors que la violence reste souvent cachée par la société, ce n'est qu'avec des données exactes, fiables et objectives que des programmes d'action efficaces pourront être lancés dans ce domaine. C'est un domaine dans lequel il faut une action urgente et il existe une base intéressante pour travailler, a estimé la représentante spéciale. Elle a souligné que le Conseil avait été très clair dans son engagement en faveur de l'intégration des droits de l'enfant dans son programme de travail, comme l'illustre la session extraordinaire consacrée à Haïti, qui a rappelé les risques de violences auxquels sont confrontés les enfants à tout moment, notamment en cas de catastrophes naturelles et lorsque les structures gouvernementales ne fonctionnent pas. Mme Santos Pais a conclu son intervention en formulant l'espoir de travailler sur la violence faite aux enfants avec d'autres titulaires de mandats.

Le Conseil est saisi du premier rapport de la nouvelle Représentante spéciale sur la violence à l'encontre des enfants (A/HRC/13/46, à paraître en français), qui présente sa vision de son travail, ses priorités et les stratégies qu'elle entend suivre, ainsi que les activités menées pendant les premiers mois d'activité de son mandat.

Débat interactif

M. SAEED SARWAR (Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique) a déclaré que les États membres de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) condamnent toute forme de violence contre les enfants, un problème qui mérite l'attention immédiate de la communauté internationale. La prévention de cette violence doit être assurée par le biais de la coopération internationale et par une lutte résolue contre l'impunité des auteurs de tels actes. L'OCI aimerait par ailleurs que Mme Santos Pais s'efforce, dans l'exercice de son mandat, d'éviter les doubles emplois avec les autres mécanismes des Nations Unies chargés de thèmes proches.

M. SERGEY KONDRATIEV (Fédération de Russie) a rappelé que son pays a déjà attiré l'attention du Conseil sur la question de l'aggravation des violences contre les enfants et a estimé qu'en matière de violences, les enfants doivent être considérés comme un groupe distinct. Il faut élaborer des mesures complémentaires pour renforcer la protection des enfants victimes de violence, a déclaré le représentant, qui a ensuite regretté que les pays d'origine d'enfants adoptés ne soient pas en mesure d'intervenir en faveur de ces enfants une fois qu'ils se trouvent dans un autre pays et ce, même s'ils gardent leur nationalité d'origine, car leurs autorités consulaires n'ont pas accès à ces enfants. Citant le cas d'un enfant russe adopté à l'étranger décédé de malnutrition malgré les rapports trompeurs de la famille d'adoption, le délégué russe a souhaité que la Représentante spéciale accorde davantage d'attention à cette question.

MME NICOLE RECKINGER (Union européenne) a estimé que le mandat de Mme Santos Pais est déterminant pour le renforcement de l'action des Nations Unies dans la lutte contre la violence à l'égard des enfants. L'Union européenne attache une importance particulière à la coordination entre ses propres démarches et celles de Mme Santos Pais, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des Directives européennes. La représentante a demandé à Mme Santos Pais quel rôle, à son avis, le Conseil des droits de l'homme pourrait jouer dans la mise en œuvre de l'Étude des Nations Unies sur la violence contre les enfants, et comment le Conseil pouvait l'aider à réaliser les tâches associées à son mandat. La représentante a demandé en outre quel rôle pourraient jouer les enfants et les jeunes gens dans l'élaboration de politiques et activités au niveau régional.

MME MARCIA USTRA SOARES (Brésil) a indiqué que le Président Lula avait présenté, en 2007, un engagement pour la réduction des violences faites aux enfants et adolescents, en promulguant l'application de mesures au niveau fédéral et local. Le Brésil a investi dans les conseils de tutelle, les conseils de droit, les conseils municipaux d'enfants et autres institutions juridiques spécialisées dans les affaires liées aux enfants. La représentante a souligné que 46% des décès d'enfants et adolescents au Brésil sont liés à des homicides. Elle a précisé que la Constitution fédérale contenait des dispositions très claires sur les droits de l'enfant; une loi aggravant les peines en cas d'atteinte à la dignité sexuelle, agressions sexuelles ou cas de pornographie enfantine a été adoptée; il existe un outre un projet de loi qui porte sur la lutte contre toutes les formes de violences envers les enfants. Le Brésil considère en outre que les châtiments corporels sont humiliants et ne sont pas compatibles avec l'éducation. Enfin, le pays est favorable à l'élaboration d'un protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant portant sur un système de plaintes individuelles.

MME NYNKE B. WIJMENGA (Pays-Bas) a estimé que le rapport de la nouvelle Représentante spéciale décrivait clairement la voie à suivre pour lutter contre les violences faites aux enfants. Elle a dit appuyer fermement ce mandat et lui a demandé comment elle entendait aider les États à prendre des mesures de protection des enfants contre les violences. Elle lui a demandé en particulier si la création d'une base de données internationale lui paraissait utile et si elle comptait faire des propositions en ce sens. Elle lui a enfin demandé comment le Conseil des droits de l'homme pourrait, selon elle, l'aider dans son mandat.

MME ELLEN VAN UYTVANCK (Belgique) a déclaré que son pays avait collaboré étroitement à l'élaboration de l'Étude des Nations Unies sur la violence à l'encontre des enfants. Ce phénomène s'inscrit dans le cadre plus général des violations des droits de l'enfant, a observé la représentante. La Belgique se félicite des orientations stratégiques choisies par Mme Santos Pais et de sa coopération avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). La déléguée a souhaité savoir comment cette collaboration se poursuivrait et aussi si la Représentante spéciale comptait s'intéresser en particulier au sort des petites filles victimes de violence.

MME EKSIRI PINTARUCHI (Thaïlande) a dit partager les priorités de la Représentante spéciale sur les axes à privilégier en matière de lutte contre la violence à l'égard des enfants. Elle a souligné l'importance de s'interroger sur les conditions propres à chaque pays et de s'assurer d'un sentiment d'appropriation et d'engagement de chaque pays dans la lutte contre cette violence. Elle a noté que la Représentante spéciale n'avait pas encore mené d'activités en Asie et a espéré qu'elle participerait aux différents ateliers organisés dans la région. La représentante thaïlandaise a enfin appelé à une coopération dans le futur entre la Représentante spéciale et la Commission asiatique pour la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants.

M. XIANG XIN (Chine) a souligné que la question de la protection des enfants a fait l'objet d'un consensus au sein de la communauté internationale et a ajouté que des progrès constants ont pu être enregistrés dans ce domaine. Toutefois, la violence contre les enfants reste largement répandue. Il a demandé aux États d'adopter des lois qui châtient plus lourdement les auteurs de violences contre les enfants et a ajouté que les pays développés devaient aider les pays pauvres à disposer des moyens d'y parvenir.

MME BEATRIZ LINARES CANTILLO (Colombie) a indiqué que son pays prévoyait des sanctions sévères contre les auteurs de violences à l'encontre des enfants. Pour la représentante colombienne, d'autres formes de violence, comme par exemple l'exploitation économique, la violence domestique ou la violence à l'école, mériteraient, elles aussi, d'être plus durement sanctionnées, de même que l'utilisation d'enfants par des organisations criminelles à des fins illégales. La Colombie est favorable à l'adoption d'un protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, qui introduirait un nouveau mécanisme de recours à la disposition des enfants victimes de violence.

M. MASSAMBA (République du Congo) a encouragé la collaboration entre la Représentante spéciale et la Commission du travail et des affaires sociales de l'Union africaine. La situation des enfants demeure préoccupante, a-t-il noté. Aux violences et abus sexuels observés dans la famille s'ajoutent ceux perpétrés dans les institutions, a ajouté le représentant congolais. Il a estimé important de rendre justice aux victimes et a précisé que c'était là une priorité du Gouvernement du Congo.

Droit de réponse

M. VAHEH GEVORGYAN (Arménie) a regretté que la délégation de l'Azerbaïdjan ait politisé le sujet de la destruction des Khatchkars du Nakitchevan en la liant à la question du Haut-Karabakh. Il a estimé que la destruction de signes religieux dans une région qui n'avait jamais connu de conflit armé relève de la haine religieuse, d'une attitude xénophobe et d'un désir ancien d'effacer toute trace de la présence arménienne au Nakitchevan, et qui démontre aussi que ces actes de vandalisme étaient le fruit d'une politique délibérée. L'Arménie souhaite simplement la protection de ces monuments mais aucune mission de l'UNESCO ou du Conseil de l'Europe n'a été acceptée dans la région, a déploré le représentant. En revanche, l'Arménie a reçu des missions d'enquête sur les destructions d'ouvrages religieux dans le Haut-Karabakh pendant le conflit, qui ont pu constater notamment que plusieurs cimetières musulmans de la région étaient bien entretenus, a-t-il fait valoir.

M. KAMIL HASHIM (Iraq), répondant à l'intervention de la Belgique, a déclaré qu'il est erroné de parler de répression des chrétiens en Iraq. Les agressions terroristes commises en Iraq contre des citoyens chrétiens ne sauraient être reprochées aux autorités, dont les services de sécurité œuvrent à la protection de toutes les communautés, au péril de leur vie.

M. ANGELINO GARZÓN (Colombie) a réaffirmé l'appui de son pays aux défenseurs des droits de l'homme et s'est dit prêt à mettre en œuvre les recommandations de la Rapporteuse spéciale. La Colombie regrette cependant que le respect de ces recommandations ait pu être présenté comme une condition sine qua non de la réouverture du Plan d'action national et du dialogue avec la société civile qui doit l'accompagner.

M. MESBAH ANSARI (République islamique d'Iran) a déclaré que les croyances sectaires des bahá'í, leurs liens avec la France, le Royaume-Uni ou Israël font que le bahá'ísme n'est reconnu comme religion dans aucun État musulman, ajoutant qu'il y avait sur ce point consensus au sein de l'Organisation de la Conférence islamique. Il a ajouté que sept bahá'í sont actuellement détenus car ils sont accusés de recrutement et d'ingérence dans divers affaires. Il a par ailleurs indiqué que des personnes ont été accusées à l'issue des élections de juin car elles avaient incité à la violence. Toutes ces personnes ont été informées des accusations dont elles font l'objet et ont été mises en liberté conditionnelle pendant les enquêtes préliminaires. Les procès ont été publics et se sont déroulées en présence d'avocats et des medias, a ajouté le représentant iranien, qui a rejeté les propos de l'Union européenne comme des allégations sans fondement

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a estimé que le délégué de l'Arménie avait politisé la question des sites culturels azerbaidjanais détruits. Il a par ailleurs relevé que les causes premières des déplacements internes en Azerbaïdjan n'ont pas été abordées il y a quelques jours lors du débat sur la question au Conseil. L'Azerbaïdjan estime que l'Arménie profère de fausses affirmations et, occupant 20% du territoire de l'Azerbaïdjan, n'a pas la légitimité de porter de telles accusations contre l'Azerbaïdjan. L'Arménie, qui se dit victime de nettoyage ethnique, l'a elle-même commis, a dit le représentant azerbaïdjanais. Il s'agit là d'une falsification de l'histoire, et l'objet de cette campagne est d'occulter l'occupation de territoires de l'Azerbaïdjan par l'Arménie, il est paradoxal que l'État agresseur prétende être la victime.

Le Conseil des droits de l'homme débat de la situation des défenseurs des droits de l'homme et de la liberté de religion et de conviction

MATIN

11 mars 2010

Le Président José Ramos-Horta de Timor-Leste s'adresse au Conseil

Le Conseil des droits de l'homme a examiné ce matin les rapports présentés par la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Mme Margaret Sekaggya, et la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, Mme Asma Jahangir. Le Président du Timor-Leste, M. José Ramos-Horta, s'est adressé au Conseil en début de séance.

Le Président Ramos-Horta a notamment déclaré que son pays visait l'établissement d'une société basée sur la générosité, la non-discrimination et l'inclusion, avec le souci d'œuvrer pour les plus pauvres et les persécutés fuyant la tyrannie et l'extrême pauvreté. Il a assuré que son pays s'était remis de la crise politique qu'il a traversée en 2006, le peuple timorais ayant connu depuis trois années de paix et de croissance économique. Il a indiqué que dans les efforts consentis pour rétablir la paix entre communautés longtemps ennemies, il faut souvent se résoudre à des compromis en matière de justice; le Timor-Leste souhaite aborder ces questions difficiles avec prudence, gardant constamment à l'esprit la nécessité de réconcilier le peuple, d'aider les victimes et d'avancer pas à pas vers la démocratie et la paix durable. Il a par ailleurs salué la patience, le courage, la modération et la sagesse de Aung San Suu Kyi et d'autres leaders favorables à la démocratie au Myanmar en choisissant la voie du dialogue, en dépit des violences et indignités qu'ils doivent subir.

Présentant son rapport, Mme Sekaggya a expliqué que, dans de nombreux pays, les défenseurs des droits de l'homme sont stigmatisés par des acteurs, étatiques ou non, qui tentent de les présenter comme des ennemis de l'État ou des terroristes. Ces accusations rendent encore plus difficile un cadre de travail déjà fragile, font passer les défenseurs des droits de l'homme pour des délinquants et les rendent plus vulnérables aux agressions. Il faut au contraire insister sur l'importance fondamentale de leur travail dans la promotion et la protection des droits de l'homme, a déclaré la Rapporteuse spéciale, demandant en outre aux États de ne pas criminaliser des activités pacifiques et légitimes comme celles des syndicalistes ou des responsables d'organisations non gouvernementales et de mouvements sociaux. La République démocratique du Congo et la Colombie se sont exprimées à titre de pays concernés par le rapport de Mme Sekaggya.

Pour sa part, Mme Jahangir s'est inquiétée d'un recours inapproprié aux appareils d'État pour procéder à une manipulation religieuse pouvant parfois mener à des arrestations arbitraires, à des actes de torture et à des meurtres extrajudiciaires. Elle a indiqué que de telles pratiques ne sont pas limitées à une région ou à quelques pays, et son rapport présente plusieurs exemples de discriminations et de violences au nom de la religion ou de la conviction. Ces phénomènes sont au cœur de nombreux conflits basés sur la religion. Dans le cadre de ses missions, Mme Jahangir a souvent remarqué une tendance à nier l'origine religieuse des tensions: par conséquent, l'analyse et les mesures correctives ne sont pas assez efficaces et n'abordent pas les causes profondes des problèmes. L'ex-République yougoslave de Macédoine, la Serbie et la République populaire démocratique lao ont fait des déclarations à titre de pays concernés par le rapport de Mme Jahangir.

Dans le cadre du débat interactif, des représentants ont regretté, avec la Rapporteuse spéciale, les progrès encore relatifs enregistrés dans la protection des défenseurs des droits de l'homme, trop souvent assimilés à des «terroristes», «ennemis de l'État» ou «opposants politiques». Il a été souligné par certains que la promotion et la protection des droits de l'homme relevant des États, les individus doivent cadrer leur action dans les limites imposée par le droit et que, d'autre part, compte tenu de l'absence de définition officielle, l'identification des défenseurs des droits de l'homme est parfois problématique. Des délégations ont dénoncé les attaques subies par les défenseurs des droits de l'homme dans certains pays et les tentatives de restreindre les activités de particuliers participants à des manifestations pacifiques.

Une délégation a observé que le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la liberté religieuse insiste, avec raison, sur les signaux précurseurs de la discrimination. Les cas d'interdictions récentes de construction de minarets ou l'interdiction de porter certains vêtements dans l'espace public ont été soulevés. Certains se sont demandés si les stéréotypes négatifs, diffamatoires ou cherchant à ridiculiser faisaient partie de la liberté d'expression. Une délégation s'est inquiétée du sort des chrétiens dans certains pays.

Les délégations suivantes ont fait des déclarations dans le cadre de ce débat interactif: Union européenne, Suède, Pologne, Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Inde, Danemark, Fédération de Russie, Canada, Italie, Djibouti, Suisse, Irlande, États-Unis, Hongrie, Autriche, Brésil, Australie, France, Indonésie, Slovénie, Bangladesh, Royaume-Uni, Chine, Mexique, Norvège et Nicaragua.

Cet après-midi, le Conseil terminera son débat interactif sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et sur la liberté de religion ou de conviction, avant de porter son attention sur les rapports concernant la violence à l'encontre des enfants et l'élaboration d'un protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant.

Allocution du Président du Timor-Leste

M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président du Timor-Leste, a notamment déclaré que la société modèle à laquelle s'efforcent d'atteindre le Gouvernement et le Parlement de son pays, sera basée sur la générosité, la non-discrimination et l'inclusion; elle œuvrera pour les plus pauvres, les persécutés fuyant la tyrannie et l'extrême pauvreté; et tendra la main aux victimes du VIH/sida et de la lèpre. Le Président a ensuite fait valoir que son pays s'était remis de la crise politique qu'il a traversée en 2006, le peuple timorais ayant connu depuis cette date trois années de paix et de croissance économique. Dili, la capitale, est florissante, les finances nationales sont saines tandis que la direction et les institutions politiques du pays bénéficient d'un net regain de confiance. Le système judiciaire national - injustement critiqué par certains observateurs internationaux et politiciens locaux - ainsi que les politiques nationales, sont axés sur la réconciliation et la magnanimité, a assuré M. Ramos-Horta.

D'une manière générale, les victimes de toutes violations exigent la vérité, la reconnaissance de leurs souffrances et des réparations individuelles ou collectives, a souligné le Président du Timor-Leste, précisant que l'État a l'obligation de répondre à ces besoins fondamentaux. Cette attente de justice, de respect des droits de l'homme et de la dignité est perceptible dans tous les États, riches ou pauvres, du Nord comme du Sud. Cependant, partout où les conflits font rage, il faut d'abord créer l'espace et imposer les conditions nécessaires au dialogue préalable à la fin des hostilités, avant de lancer le long processus de guérison, de réconciliation, d'éradication de la pauvreté. Et dans les efforts consentis pour rétablir la paix entre communautés longtemps ennemies, il faut souvent se résoudre à des compromis en matière de justice, a observé le Président timorais. Certes, l'idée de rendre une justice aveugle semble héroïque, mais le risque existe alors qu'apparaissent de nouvelles tensions et de nouveaux conflits. L'Espagne et le Portugal, l'Afrique du Sud, par exemple, ont donné, dans leurs processus de transition respectifs, des leçons importantes concernant la sagesse de la démarche consistant à s'abstenir d'emprisonner chacun des anciens collaborateurs de régimes détestés. C'est la voie qu'a choisi le Timor-Leste, préférant aborder ces questions difficiles avec prudence, gardant constamment à l'esprit la nécessité de réconcilier le peuple, d'aider les victimes et d'avancer pas à pas vers la démocratie et la paix durable.

S'agissant de sa région du monde, M. Ramos-Horta a souligné que Mme Aung San Suu Kyi et d'autres leaders favorables à la démocratie ont fait preuve d'une patience, d'un courage, d'une modération et d'une sagesse remarquables en choisissant la voie du dialogue, en dépit des violences et indignités qu'ils doivent subir. Le Président a appelé «les vieux généraux» du Myanmar à faire preuve de sagesse, de courage et d'humilité, et à changer d'orientation. Se tournant vers la situation au Moyen Orient, le Président timorais a observé que le seul peuple à payer encore pour le legs de la deuxième guerre mondiale, et de l'extermination des Juifs, est le peuple palestinien, qui n'était en rien responsable de ces événements. M. Ramos-Horta s'est incliné devant les Palestiniens qui, subissant l'humiliation sous toutes ses formes, refusent toujours de répondre à la violence par la violence. À ceux qui ont recours à la violence, le Président a rappelé l'exemple du Mahatma Gandhi: la désobéissance civile et la non-violence, plutôt que les roquettes et les attentats-suicides, finiront par épuiser l'armée israélienne, mobiliser la conscience de la société israélienne et ainsi conduire à la paix.

Débat sur les défenseurs des droits de l'homme et sur la liberté de religion ou de conviction

Présentation des rapports

MME MARGARET SEKAGGYA, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, a présenté son rapport, qui rend compte notamment des missions qu'elle a effectuées en République démocratique du Congo du 21 mai au 3 juin 2009 et en Colombie du 13 au 18 septembre 2009. Elle a expliqué avoir consacré son deuxième rapport annuel à la question de la sécurité des défenseurs des droits de l'homme qui, 12 ans après l'adoption de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme et malgré plusieurs mécanismes de protection, est loin d'être assurée. Les défenseurs des droits de l'homme continuent d'être persécutés, soumis à des menaces, des arrestations et détentions arbitraires, voire des disparitions ou des assassinats, a-t-elle expliqué. Mme Sekaggya a expliqué que son rapport présente une compilation des réponses que lui ont faites les États suite à un questionnaire qu'elle leur avait adressé concernant la sécurité des défenseurs des droits de l'homme: elle a regretté que le nombre de réponse ait été étonnamment bas. Elle a expliqué avoir identifié un certain nombre de tendances, non exhaustives toutefois du fait du large spectre de moyens utilisés par les adversaires des défenseurs des droits de l'homme pour les empêcher de faire leur travail. Elle a expliqué que dans de nombreux pays, les défenseurs des droits de l'homme sont stigmatisés par des acteurs étatiques ou non qui tentent de les présenter comme des ennemis d'État ou des terroristes. Ces accusations contribuent à rendre encore plus difficile un environnement de travail déjà fragile, a souligné la Rapporteuse spéciale, préconisant, au contraire, d'insister sur l'importance fondamentale du travail de ces individus ou groupes dans la promotion et de protection des droits de l'homme. Mme Sekaggya a en outre rappelé les risques encourus dans certains pays spécifiques par les défenseurs des droits des femmes ou des gays, lesbiennes et transsexuels, qui sont dénigrés et font l'objet d'atteintes à leur intimité et soumis au harcèlement sexuel, voire au viol. Elle a appelé les États à s'abstenir de faire référence aux traditions et à des considérations religieuses ou morales pour échapper à leur obligation de protection des défenseurs des droits de l'homme. Elle a en outre demandé aux États de ne pas criminaliser des activités pacifiques et légitimes comme celles des syndicalistes ou des responsables d'organisations non gouvernementales et de mouvements sociaux.

Répétant que de nombreuses agressions contre les défenseurs des droits de l'homme sont le fait d'acteurs non étatiques, Mme Sekaggya y a vu la conséquence directe de la stigmatisation de ces derniers par des responsables publics ou les médias et a rappelé que ni l'origine non étatique des agresseurs ni des structures fédérales n'exemptaient les États de leur obligation de protection. Le rapport insiste aussi sur les obligations qu'ont les États d'enquêter sur les violations des droits des défenseurs des droits de l'homme et de poursuivre leurs auteurs. Cela peut impliquer des réformes du système judiciaire pour améliorer l'accès à la justice, renforcer la règle de droit et l'indépendance des juges, a précisé la Rapporteuse spéciale. Elle a par ailleurs expliqué n'avoir reçu que 109 réponses aux 271 communications - dont 94 concernent des violations des droits de défenseurs des droits des femmes - qu'elles a adressés aux États entre décembre 2008 et décembre 2009, soit un taux de 40%; elle a appelé les États à apporter des réponses substantielles, dans des délais raisonnables.

En ce qui concerne sa mission en République démocratique du Congo, Mme Sekaggya a expliqué que le rapport décrit le cadre institutionnel et juridique de promotion et de protection des droits de l'homme, qui a été renforcé ces dernières années mais qui reste marqué par de graves insuffisances. Elle a en effet fait valoir que plusieurs institutions qui, sur le papier, devraient avoir des effets positifs, sont en fait dépourvues de toute ressources et de soutien politique, et vouées à l'échec. Le rapport montre que les défenseurs des droits de l'homme sont stigmatisés et menacés, agressés ou tués, et qu'il existe une large impunité pour les auteurs de ces agressions. La Rapporteuse spéciale a regretté la récente disparition du Ministère des droits de l'homme, fusionné avec le Ministère de la justice, et a appelé à maintenir la question des droits de l'homme au centre des priorités nationales. Elle s'est émue des restrictions apportées à la liberté d'expression ou au droit d'association. Enfin, elle s'est félicitée de l'action de la communauté internationale qui aide à créer un environnement plus sûr pour les défenseurs des droits de l'homme dans le pays.

Concernant la Colombie, la Rapporteuse spéciale a expliqué que son rapport présentait brièvement le contexte dans lequel travaillent les défenseurs des droits de l'homme et les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Elle a dit prendre note des difficultés auxquelles le Gouvernement est confronté dans l'adoption d'un plan d'action en faveur des droits de l'homme. Elle a dit en conclure que, malgré les efforts positifs du Gouvernement, les schémas de harcèlement contre les défenseurs des droits de l'homme et souvent leurs familles persistent en Colombie et qu'il reste beaucoup à faire pour leur garantir un environnement sûr. Elle a expliqué avoir présenté un certain nombre de recommandations pour le Gouvernement et autres parties prenantes, en insistant sur la nécessité de les mettre toutes en œuvre. Prenant note de la volonté affichée par le Gouvernement de maintenir un dialogue constructif avec les défenseurs des droits de l'homme, elle lui a demandé de prendre des mesures promptes et efficaces pour que ce dialogue puisse effectivement se poursuivre.

Le Conseil est saisi des rapports de la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme (A/HRC/13/22 et Add.1 à 4). Le rapport donne une vue d'ensemble de l'évolution de la situation et des difficultés rencontrées par les défenseurs des droits de l'homme relatives à la sécurité et à l'environnement dans lesquels ils mènent leurs activités, ainsi que des situations d'insécurité et des programmes de protection physique, avant de formuler des recommandations. Le rapport présente en outre 266 communications envoyées à la rapporteuse spéciale dans le cours de l'année (A/HRC/13/22/Add.1), ainsi que les compte-rendu des missions effectuées par la Rapporteuse spéciale en République démocratique du Congo (du 21 mai au 3 juin - A/HRC/13/22/Add.1) et en Colombie (du 13 au 18 septembre 2009, à paraître en français - A/HRC/13/22/Add.2). Le rapport contient enfin les réponses de gouvernements et d'organisations non gouvernementales à un questionnaire adressé par la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans une série de pays (A/HRC/13/22/Add.4).

MME ASMA JAHANGIR, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, a déclaré en préambule s'être acquittée de ce mandat depuis près de six ans: elle présente aujourd'hui son dernier rapport à ce titre. Elle a souligné que la liberté de religion et de conviction a connu des avancées mais que beaucoup reste à faire. Elle a fait remarquer que les questions de religion sont particulièrement sensibles: il s'agit, d'une part, de promouvoir la liberté de religion tout en assurant, d'autre part, la protection des personnes contre des abus qu'ils subissent au nom de la religion. La Rapporteuse spéciale a tenu à saluer le rôle courageux des États, de la société civile et des individus qui ont relevé des défis difficiles en faisant face aux forces de l'intolérance. Ces voix courageuses sont malheureusement rares, a-t-elle souligné, regrettant également que l'on observe de plus en plus une tendance à une approche apologique au travers de laquelle la religion est utilisée comme instrument d'oppression.

Mme Jahangir a expliqué que les informations qu'elle a recueillies au cours de son mandat permettent d'identifier quelques tendances générales. La tendance la plus importante est le vaste ensemble de discriminations et de violences subies par les membres de minorités religieuses. Plusieurs d'entre eux se trouvent dans une situation vulnérable, a souligné la Rapporteuse spéciale. Certaines lois discriminent ouvertement sur la base de l'appartenance à la religion ou bien encore en raison de la perception d'un manque de ferveur religieuse. Une autre tendance palpable, a poursuivi Mme Jahangir, est le fait que sont visés des lieux de culte ou autres bâtiments religieux. Il est regrettable, selon elle, que des sociétés ayant des niveaux de richesse et d'éducation élevés aient ouvertement exprimé leur aversion envers les signes religieux dans l'espace public. Ce rapport, a-t-elle continué, présente plusieurs exemples de discriminations et de violences au nom de la religion ou de la conviction. Ces phénomènes sont au cœur de bien des conflits fondés sur la religion, a-t-elle souligné, indiquant avoir souvent remarqué, durant ses missions, une tendance à nier l'origine religieuse des tensions.

Pour la Rapporteuse spéciale, les États doivent relever le défi de mettre fin à toutes les formes de discrimination fondée sur la religion et de favoriser une opinion publique informée, qui réagisse au sectarisme et aux préjugés. Il est dans ce contexte indispensable de faire extrêmement attention aux signes avant-coureurs de la violence et de la discrimination, signaux que Mme Jahangir a énumérés: l'absence de législation adéquate assurant la liberté de religion et de conviction dans toutes ses dimensions; l'absence de reddition des comptes ou l'impunité pour les crimes et les violations de droits de l'homme visant les membres d'une communauté religieuse spécifique; des signes visibles de discrimination religieuse dans la pratique des États et dans les politiques publiques; la persistance de stéréotypes dans les discours officiels, stéréotypes visant des groupes religieux spécifiques; des attaques violentes par des acteurs non étatiques à l'encontre de personnes sur la base de leur appartenance religieuse; la persistance de tensions religieuses au niveau de la société; ainsi que la diffusion de messages appelant à la haine religieuse par des leaders religieux ou des faiseurs d'opinion dans les médias, voire par les individus dans les blogs et sur les forums en ligne.

Avant de conclure, Mme Jahangir a rappelé l'approche initiale du mandat qui consiste à envoyer des lettres de suivi dans les pays visités après les missions et à transmettre des tableaux de suivi, en l'occurrence aux huit États visités durant la période 2005-2007. Ces tableaux de suivi disponibles en ligne contiennent les conclusions et les recommandations faites dans le cadre des rapports de mission. Dans ce contexte, Mme Jahangir a souhaité aborder les cas récurrents de violences intercommunautaires au Nigéria. Elle s'est alarmée de la résurgence de tensions religieuses et de violents affrontements à Jos, où des centaines de Chrétiens et de Musulmans ont été tués durant les dernières semaines. En conclusion, la Rapporteuse spéciale a indiqué que son mandat est un «mandat réel», car il met en relief les pratiques discriminatoires, notamment celles dont font l'objet les femmes, dans le cadre de l'intolérance religieuse. Elle a signalé avoir demandé, lors de ses entretiens avec des responsables religieux, que soit reconnue l'égalité entre les hommes et les femmes, ces dernières ne jouissant parfois pas du droit à l'égalité, au nom de la tradition.
Le Conseil est saisi des rapports de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction (A/HRC/13/40 et Add.1 à 4). Le rapport traite notamment des signes précurseurs de la discrimination et de la violence exercées en raison ou au nom de la religion ou de la conviction. La Rapporteuse spéciale y donne un aperçu de certaines tendances générales et des sujets de préoccupation relevant de son mandat, en établissant une distinction entre la discrimination et la violence exercées du fait de l'appartenance religieuse de la victime et celles exercées sur le fondement ou sous prétexte des principes religieux de l'auteur. Le rapport présente un résumé des cas individuels communiqués par la Rapporteuse spéciale aux gouvernements l'an dernier ainsi que des réponses reçues (A/HRC/13/40/Add.1). Trois compléments au rapport contiennent les comptes rendus des missions successives de la Rapporteuse spéciale en ex-République yougoslave de Macédoine, en République de Serbie, y compris au Kosovo et en République démocratique populaire lao.

Déclarations des pays concernés

M. SÉBASTIEN MUTOMB MUJING (République démocratique du Congo) a remercié Mme Sekaggya, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, qui a rendu visite à son pays en 2009. La délégation a pris connaissance de ses recommandations, dont certaines sont déjà appliquées: organisation de consultations; révision de la loi sur les télécommunications; et invitations d'autres titulaires de procédures spéciales. La République démocratique du Congo se félicite de la reconnaissance, par Mme Sekaggya, de ses efforts en vue de la protection des défenseurs des droits de l'homme et de leurs activités. Le rapport appelle cependant certaines observations. Le représentant a en effet tenu à souligner que son pays ne stigmatise pas les défenseurs des droits de l'homme, pas plus qu'il n'oppose d'obstacles à leur action. La République démocratique du Congo ne tolère pas l'impunité des auteurs de crimes contre les défenseurs des droits de l'homme et les journalistes. Cependant, aucun État de droit n'accepterait que des citoyens commettent des infractions ordinaires sous couvert de la défense des droits de l'homme, a fait valoir le représentant. Les cas d'assassinats de journalistes cités dans le rapport sont des crimes de droit commun dont la justice s'est saisie en toute indépendance, a-t-il assuré.

M. TOMÁS CONCHA (Colombie) a estimé que les recommandations contenues dans le rapport de Mme Sekaggya permettront d'aider la Colombie à améliorer les conditions de travail des défenseurs des droits de l'homme dans son pays. Il a rappelé que les engagements pris par son pays dans le cadre de l'Examen périodique universel constituent sa feuille de route pour améliorer la situation des droits de l'homme dans le pays. Il a insisté sur les aspects positifs du rapport de Mme Sekaggya et sur la bonne volonté de la Colombie. La politique de sécurité du Gouvernement actuel a permis d'améliorer considérablement la sécurité dans le pays, a affirmé le représentant, qui a aussi insisté sur l'importance accordée au dialogue social. Il a affirmé que le Gouvernement déplore les problèmes qui persistent, mais les harcèlements ou menaces contre les défenseurs des droits de l'homme ne constituent en aucun cas le résultat d'une politique nationale. Au contraire, le Gouvernement colombien apprécie le travail des défenseurs des droits de l'homme et souhaite qu'il se déroule dans de bonnes conditions, a insisté le représentant.

M. AZIS POLOZANI (ex-République yougoslave de Macédoine) a remercié Mme Asma Jahangir, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, qui s'est rendue en Macédoine en avril 2009 dans le cadre de son mandat. Il a estimé que le rapport brosse un tableau équilibré de la situation des droits religieux dans son pays, des progrès réalisés et des problèmes rencontrés qui nécessitent une attention supplémentaire. S'agissant du paragraphe 28 du rapport sur la décision de la Cour constitutionnelle portant sur l'enseignement des matières religieuses dans les écoles publiques, le délégué macédonien a assuré que son pays respectait strictement l'indépendance de la magistrature. Il a par contre pleinement partagé l'approche adoptée dans la partie V du rapport sur les symboles religieux. Cependant, il ne peut se rallier complètement à ce qui est dit dans sous-chapitre B, en particulier dans le paragraphe 33, dont certains éléments ne peuvent pas conduire à des conclusions évidentes, et dans le paragraphe 30, qui mentionne un cas unique, le seul à avoir été recensé en Macédoine jusqu'à aujourd'hui. S'agissant des conclusions et les recommandations du rapport, le délégué macédonien a informé la Rapporteuse spéciale que son pays avait adopté les solutions appropriées pour l'enseignement des religions dans les écoles primaires, sur les bases de la décision de la Cour constitutionnelle. En référence au paragraphe 60 du rapport, une loi a été promulguée en septembre 2009 pour renforcer le droit pénal contre la discrimination religieuse. De plus, des amendements ont été apportés au Code pénal pour inclure des sanctions contre la diffusion de messages racistes et xénophobes sur internet. Le représentant macédonien a estimé que son pays était sur la bonne voie pour mettre en œuvre les normes internationales concernant la liberté de religion et de conviction et continuera à favoriser une société multiethnique, multiculturelle et multi religieuse. À cet égard, il a attiré l'attention sur la Seconde conférence mondiale sur les civilisations et les religions qui se tiendra à Ohrid en mai 2010.

M. UGLJESA ZVEKIE (Serbie) a remercié Mme Asma Jahangir, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion, et rappelé que son pays avait été la victime, depuis cinquante ans, de nombreuses tentatives de limiter la liberté religieuse. Le Gouvernement actuel est donc fermement engagé en faveur de la promotion de cette liberté. Ses démarches sont cependant tributaires d'un passé difficile et d'une situation compliquée par la sécession de la province du Kosovo et Metohija. Cela étant, la loi serbe sur la liberté religieuse de 2006 correspond aux plus hautes normes juridiques internationales en la matière a assuré le représentant. L'accord de l'église orthodoxe n'est pas nécessaire en préalable à l'ouverture de lieux de culte d'autres obédiences, a aussi fait savoir le représentant, assurant en outre qu'aucun représentant de l'État n'a jamais exercé quelque pression que ce soit sur des enfants ou des adultes afin de les obliger à suivre un service religieux. La situation des droits de l'homme dans la province du Kosovo et Metohija est catastrophique, a repris le représentant: le monastère de Koèani, l'un des berceaux de l'orthodoxie, doit y être placé sous la protection de la KFOR, tandis que les Serbes y sont confrontés à la discrimination religieuse et à la destruction de leurs lieux de culte. La Serbie fait sienne la recommandation de la Rapporteuse spéciale sur la nécessaire coopération de tous les gouvernements, églises et organisations de la société civile autour du plein respect du droit à la liberté de religion de tous les peuples, a conclu son représentant.

M. YONG CHANTHALANGSY (République démocratique populaire lao) a remercié la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion et de croyance pour son rapport. Face aux recommandations de la Rapporteuse spéciale sur les lois adoptées dans ce domaine, il a précisé que son gouvernement considérait les lois comme un processus en évolution. Le représentant lao a rappelé que les minorités tribales et religieuses de son pays sont isolées car elles vivent dans des montagnes. Il a reconnu que des agressions contre des minorités religieuses se sont produites mais a affirmé que le Gouvernement avait pris des mesures. Il a ajouté que son pays comptait environ 4 millions de bouddhistes et quelque 100 000 chrétiens de diverses confessions, ainsi que des animistes dont il faut aussi protéger les droits. La constitution lao protège la liberté de religion comme la liberté de ne pas croire, a-t-il ajouté, précisant qu'aucun des 44 groupes ethniques du pays ne jouissait d'un statut spécial.

Débat

MME LEONOR VIEIRA SOUSA (Union européenne) a remercié Mme Sekaggya pour son rapport sur la situation des défenseurs des droits de l'homme. L'Union européenne demeure préoccupée par le fait que les défenseurs des droits de l'homme se heurtent à des risque et à l'insécurité au quotidien. La déléguée de l'Union européenne s'est également montrée inquiète de l'absence de réponses de certains aux demandes répétées de visites de la Rapporteuse spéciale. Elle s'est également alarmée que la criminalisation des défenseurs des droits de l'homme n'a pas diminué dans certains États. Elle a également dénoncé les attaques subies par les défenseurs des droits de l'homme en Iran et les tentatives de restreindre les activités de particuliers participants à des manifestations pacifiques. La représentante de l'Union européenne a demandé à la Rapporteuse spéciale quelles mesures pourraient être prises pour diffuser les bonnes pratiques dans ce domaine.

Commentant le rapport sur la liberté de religion ou de conviction de Mme Jahangir, la représentante de l'Union européenne a partagé l'opinion qu'au niveau de la haine religieuse, c'est l'appareil judiciaire qui doit dire si cela constitue une incitation à l'hostilité ou à la violence, en tenant compte des contextes particuliers. Le rapport mettant l'accent sur la prévention, la représentante de l'Union européenne a souhaité savoir si la communauté internationale pouvait jouer un rôle plus important encore dans la mise en place de systèmes d'alerte rapide. Elle s'est également demandé quel pourrait le rôle des États qui ont la responsabilité de protéger la liberté de croyance. L'Union européenne souhaiterait également savoir si le successeur de Mme Jahangir réitérera sa demande de se rendre en Iran, où semblent se poser également des problèmes en matière de liberté religieuse.

M. HANS DAHLGREN (Suède) a remercié Mme Jahangir de son long travail acharné, empreint de tolérance et d'honnêteté intellectuelle sur la question de la liberté de religion ou de conviction. Mme Asma Jahangir observe dans son rapport que les femmes sont les principales cibles de l'intolérance religieuse, par le biais notamment de lois civiles discriminatoires. Le représentant a demandé quelles bonnes pratiques permettraient de surmonter ces discriminations. Le représentant a encore déploré, avec la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Mme Margaret Sekaggya, les progrès encore relatifs enregistrés dans la protection des défenseurs des droits de l'homme, trop souvent assimilés à des «terroristes», «ennemis de l'État» ou opposants politiques, dans certains pays.

M. YENY BAVRSKI (Pologne) a demandé à connaître les suggestions de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction concernant la lutte contre les discriminations subies par les minorités religieuses dans de nombreux pays. De même, il a souhaité savoir que pourrait faire la communauté internationale pour promouvoir l'interdiction de toutes les restrictions à la liberté de changer de religion. Le représentant polonais a par ailleurs demandé des informations sur les visites qu'elle tentait de réaliser et quelles étaient selon elles les principales menaces à la liberté de religion et de croyance pour les années à venir.

M. MARGHOOB SALEEM BUTT (Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique) a appuyé le point de vue de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction: la prévention est le facteur déterminant pour créer un climat de tolérance religieuse. Il a noté que différentes manifestations ont été mises en exergue dans le rapport de Mme Jahangir s'agissant des signaux précurseurs de discrimination et lui a demandé de bien vouloir préciser son avis sur les interdictions récentes de construction de minarets ou l'interdiction de porter certains vêtements dans l'espace public. Le délégué pakistanais s'est aussi demandé si les stéréotypes négatifs, diffamatoires ou cherchant à ridiculiser faisaient partie de la liberté d'expression. Concernant le rapport de Mme Sekaggya sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, l'Organisation de la Conférence islamique estime que tous les États doivent prendre des mesures pour protéger les individus impliqués dans la protection des droits de l'homme. Le représentant a appelé à un dialogue avec les militants et défenseurs de droits de l'homme pour prendre en compte leurs besoins spécifiques en matière de sécurité. Il a appelé à une relation saine et constructive entre l'État et les acteurs de la société civile, les États devant reconnaître l'importance des défenseurs des droits de l'homme.

M. GOPINATHAN ACHAMKULANGARE (Inde) a dit apprécier le travail de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, Mme Asma Jahangir, dont le dernier rapport dresse un bilan et esquisse des tendances générales. Le rapport insiste avec raison sur le rôle des gouvernements dans la protection des droits de l'homme en tant que facteur important de l'harmonie entre les religions, a souligné le représentant. Le Gouvernement indien se réjouit de poursuivre sa collaboration avec le mandat.

M. ARNOLD DE FINE SKIBSTED (Danemark) a rappelé que l'État était le principal garant de la liberté de religion et de croyance, ainsi que des mesures à prendre pour la faire respecter. Il a demandé à la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction comment l'État pouvait faciliter l'inclusion des minorités religieuses dans le débat politique et le processus de prise de décision. Il a aussi souhaité savoir comment la communauté internationale pouvait mieux traiter des discriminations à l'encontre des femmes commises au nom de la religion. Enfin, le représentant danois a souhaité que Mme Jahangir explique comment le Conseil pourrait mieux traiter des violations du droit à la liberté de religion et de croyance et assurer un meilleur suivi des recommandations faites en ce sens dans le cadre de l'Examen périodique universel.

M. ALEXEY GOLTYAEV (Fédération de Russie) a reconnu l'importance et l'actualité des problèmes évoqués par le rapport de Mme Jahangir sur la liberté de religion ou de conviction. Il a estimé que l'un des instruments les plus efficaces pour lutter contre l'intolérance était la promotion du respect des autres religions. Il a également relevé le caractère inacceptable de l'incitation à la haine religieuse sous couvert de liberté d'opinion. La Fédération de Russie aimerait que Mme Jahangir ou son successeur s'intéresse de très près aux discriminations pour raisons de religion dans la province serbe du Kosovo où des profanations de lieux sacrés et de tombes chrétiennes se sont déroulées, de même que des violences contre des chrétiens orthodoxes. Le délégué russe s'est montré beaucoup plus critique s'agissant du rapport de Mme Sekaggya sur la situation des défenseurs des droits de l'homme. Il a regretté que ce rapport «regorge d'inexactitudes factuelles»; la Rapporteuse spéciale interprète la catégorie des défenseurs des droits de l'homme de manière arbitraire, une catégorie dont la définition juridique ne figure dans aucun document; et elle fait fi des droits, des lois et des intérêts des États souverains ce qui, pour le délégué russe, équivaut à une ingérence dans leurs affaires intérieures. Il a invité Mme Sekaggya à œuvrer de manière plus responsable et plus précise dans l'accomplissement de son mandat.

M. JOHN VON KAUFMANN (Canada) a remarqué, non sans inquiétude, les nombreuses tendances générales dégagées par la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion dans son rapport, qui semblent indiquer une tendance négative au plan international pour la protection de la liberté de religion ou de conviction. Quelles mesures peut prendre la communauté internationale pour inverser cette tendance négative, a demandé le représentant, qui a en outre voulu savoir si Mme Jahangir pouvait mettre en évidence des exemples de lutte contre l'intolérance religieuse en favorisant l'accès à une éducation de qualité ou par d'autres moyens. Le Canada tient en outre à exprimer ses vives préoccupations concernant les mauvais traitements que continuent de subir les minorités en Iran, en particulier la situation de sept dirigeants bahá'í dans ce pays. Les communications de plusieurs procédures spéciales indiquent que la communauté bahá'íe a été victime de persécutions, de discrimination et de détention. Le représentant a demandé à Mme Jahangir de faire part au Conseil de faits nouveaux au sujet de la situation des bahá'ís en Iran.

M. ROBERTO VELLANO (Italie) a rappelé le caractère fondamental du droit à la liberté de religion et de croyance et s'est dit particulièrement préoccupé des attaques et persécutions contre les minorités religieuses. Il a à cet égard déploré les massacres de Chrétiens en Iraq et au Nigéria, ainsi que les persécutions de Chrétiens en Asie, en Afrique et au Moyen-orient. Il a réitéré l'engagement de son pays à lutter contre toute forme de discrimination fondée sur la religion, rappelant à cet égard que le Parlement italien a adopté en 2008 des résolutions s'inquiétant des persécutions fondées sur la religion et en faveur de la défense de la liberté religieuse comme élément prioritaire de la politique étrangère de l'Italie. Il a indiqué que son pays entend convoquer une conférence internationale sur la liberté de religion dans les mois à venir. Le représentant a souhaité savoir quelles mesures spécifiques les États et la communauté internationale devraient prendre, notamment au sein du Conseil, pour prévenir et éradiquer les persécutions commises au nom de la religion. Le représentant italien a enfin voulu connaître les propositions de la Rapporteuse spéciale pour assurer un suivi approprié des recommandations relatives à la liberté de religion et de croyance faites dans le cadre de l'Examen périodique universel?

M. AHMED MOHAMED ABRO (Djibouti) a indiqué que son pays entendait considérer avec attention les recommandations de la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Mme Sekaggya. Djibouti souhaite par ailleurs savoir si la Rapporteuse spéciale a été en mesure d'identifier des bonnes pratiques s'agissant de l'identification et de l'élimination des risques qui pèsent sur les défenseurs des droits de l'homme.

M. JUNG LAMBER (Suisse) a déclaré que son pays était préoccupé par la propension de certains gouvernements à invoquer la sécurité publique et nationale pour limiter la marge de manœuvre des défenseurs des droits de l'homme. La Suisse constate également avec inquiétude que certains États criminalisent les activités des défenseurs et estime que la protection lacunaire de ces personnes par un État relève fréquemment d'un manque de volonté politique. La Suisse souhaite en apprendre davantage sur les possibilités pour la communauté internationale d'encourager les États à assurer concrètement la sécurité des défenseurs des droits de l'homme. À cet égard, il s'est demandé si la mise en place de systèmes d'alerte rapide, au niveau régional, ne serait pas une solution appropriée. Concernant la liberté de religion, le représentant de la Suisse a observé, avec Mme Jahangir, que, l'intolérance nourrissant l'intolérance, la lutte contre la discrimination doit se trouver au cœur du travail de promotion des droits humains. Or, le combat contre la discrimination concerne de trop nombreux autres domaines où les idées préconçues et les peurs sont présentes. Quelles synergies peuvent-elles être trouvées avec le travail qui se fait dans la lutte contre tous les autres types de discrimination, a voulu savoir le représentant.

M. MICHEÁL TIERNEY (Irlande) a demandé à la Rapporteuse spéciale sur les défenseurs des droits de l'homme de partager avec le Conseil certaines des bonnes pratiques en termes de formation des forces de police et de sécurité qu'elle a relevées. Il a déploré les tentatives de discréditer ou cibler les défenseurs des droits de l'homme dans certains États qui ne reconnaissent pas la légitimité de leur travail pacifique. Il a souhaité avoir davantage de précisions sur la mise en place de systèmes d'alerte rapide pour prévenir les menaces contre les défenseurs des droits de l'homme. Le représentant irlandais a par ailleurs attiré l'attention sur la situation des droits de l'homme en Iran, soulignant que les événements récents montrent la volonté extraordinaire des iraniens ordinaires de préserver leurs droits et libertés fondamentales. Il a appelé ce pays à prendre au sérieux ses obligations internationales en matière de droits de l'homme, et notamment celle de protéger les défenseurs des droits de l'homme dans le pays. D'autre part, il a demandé à la Rapporteuse spéciale de fournir des exemples des difficultés qui apparaissent quand les défenseurs des droits de l'homme ne sont pas suffisamment consultés pour l'élaboration des mécanismes destinés à les protéger.

MME BETTY KING (États-Unis) a estimé qu'il incombe aux gouvernements de créer un climat propice à la lutte contre les persécutions et les préjugés. Elle s'est déclarée préoccupée par la tendance de certains gouvernements à imposer des limites aux cultes, aux costumes religieux ou à certaines langues minoritaires. Les États ont pourtant tous les outils voulus pour lutter contre la discrimination et la violence, a-t-elle souligné. D'autre part, les États-Unis saluent le rapport de Mme Sekaggya sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et notamment l'idée de mettre en place des systèmes d'alerte rapide lorsque le climat contre les défenseurs des droits de l'homme se détériore. La déléguée américaine a souhaité avoir davantage de précisions sur la manière dont Mme Sekaggya conçoit un tel système. Par ailleurs, elle a rappelé que les militants de la société civile jouent un rôle critique et doivent se faire le porte-parole des victimes. Elle a tout particulièrement apprécié que le rapport fasse mention des défenseurs des droits de l'homme dans la communauté homosexuelle, lesbienne et transgenre.

MME KLARA TUNYOGI AKOTS (Hongrie) a salué le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, rappelant que son pays avait parrainé la résolution par laquelle le Conseil condamne les mesures de représailles contre les «individus» collaborant avec les titulaires de procédures spéciales. Or, ces «individus» sont bien souvent des défenseurs des droits de l'homme, de plus en plus souvent confrontés à l'insécurité, aux menaces, au harcèlement, à la violence, aux agressions et au meurtre. La représentante hongroise a voulu savoir quelles mesures Mme Sekaggya estimait envisageables pour aider les représentants et mécanismes des Nations Unies à favoriser la prévention face à ces menaces et agressions. Elle s'est également félicitée de la mention, dans son rapport, des menaces et agressions commises par des acteurs non étatiques, et de la responsabilité des États de mettre un terme à ce phénomène inquiétant.

M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) s'est dit préoccupé des cas de plus en plus fréquents de représailles menées contre les personnes qui coopèrent avec les procédures spéciales. C'est pourquoi l'Autriche se réjouit de l'orientation du rapport de Mme Sekaggya et estime que les agents de l'État et de l'appareil judiciaire devraient recevoir une formation sur la protection des défenseurs des droits de l'homme. D'autre part, l'Autriche accorde une grande importance à la protection de la liberté de religion et de croyance partout dans le monde, a affirmé le représentant, relevant l'importance à cet égard du dialogue interreligieux à tous les niveaux. Ce dialogue, a-t-il précisé, doit être inclusif et notamment impliquer les membres de minorités religieuses, les femmes et les personnes athées.

MME MARIA NAZARETH FARANI AZEVÊDO (Brésil) a souligné l'importance que son pays accordait à la situation des défenseurs des droits de l'homme, et le Brésil accueille avec bienveillance les critiques qui lui sont adressées par Mme Sekaggya. La représentante a indiqué que son pays avait mis sur pied, en 2004, un programme national qui vise, notamment, la formation des forces de police en matière de les droits des défenseurs des droits de l'homme, ainsi que la protection des activistes menacés. En ce qui concerne le rapport de Mme Jahangir, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, le Brésil appuie l'idée de mettre sur pied des mécanismes d'alerte rapide. Le pays regrette au plus haut point les actes d'incitation à la haine religieuse qui se sont déroulés un peu partout dans le monde. Il faut mettre toutes les religions sur un pied d'égalité, a insisté le représentant. Il a aussi souligné que le troisième forum de l'Alliance des civilisations aura lieu en mai 2010 au Brésil.

MME ANGELA ROBINSON (Australie) a observé que les défenseurs des droits de l'homme - en particulier les femmes - sont, du fait de leurs activités, souvent menacés par des agents de l'État. La Rapporteuse spéciale, Mme Margaret Sekaggya, a raison de rappeler aux États leur obligation de protéger les individus, y compris les défenseurs des droits de l'homme, placés sous leur juridiction. La représentante australienne a demandé à Mme Sekaggya davantage de renseignements concernant les mesures électroniques susceptibles d'assurer une meilleure sécurité aux défenseurs. À la Rapporteuse spéciale sur le droit à la religion, la représentante australienne a demandé des exemples de bonnes pratiques dans le domaine du dialogue entre religions, afin de promouvoir la compréhension et la tolérance mutuelles. La représentante a enfin dit la préoccupation de son pays devant la discrimination et la violence auxquelles est soumise la communauté bahá'í en Iran.

M. JEAN-BAPTISTE MATTÉI (France) a demandé à Mme Jahangir s'il serait utile à ses yeux que le Conseil initie la rédaction de lignes directrices pour aider les pays à assurer un enseignement public de qualité sur le fait religieux, estimant que ces lignes directrices pourraient s'inspirer des principes de Tolède mis en place dans le cade de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il a demandé de quelle manière les États pourraient lutter plus efficacement contre la discrimination ou la violence exercée au nom de la religion ou de la conviction. Il a demandé quelles mesures le Conseil pourrait prendre pour garantir la liberté de changer de religion et de croyance ou de ne pas en avoir et s'assurer que certains États, tel l'Iran, n'incriminent plus l'apostasie. M. Mattéi s'est dit particulièrement inquiet de la situation réservée aux défenseurs des droits de l'homme en Iran, faisant état d'une quarantaine d'arrestations de personnes défendant les droits des femmes, des enfants des journalistes ou des détenus depuis décembre 2009. Il a par ailleurs appelé les 22 États qui n'ont pas encore répondu aux demandes de visite de Mme Sekaggya à l'autoriser à effectuer une visite dans les meilleurs délais. Le représentant français a en outre demandé à la Rapporteuse spéciale quelles mesures il faudrait prendre pour remédier au climat d'impunité généralisée qui entoure les auteurs d'attaques contre les défenseurs des droits des personnes homosexuelles, lesbiennes ou transsexuelles.

MME EMMY RAHMAWATI (Indonésie) a souligné que son pays avait fait face depuis 65 ans à un grand nombre de défis, dont le premier était de défendre les principes de la démocratie et la liberté de religion. Aujourd'hui, l'Indonésie est un pays démocratique et un État de droit, a-t-elle affirmé. Elle a également réitéré l'engagement de l'Indonésie de protéger les dirigeants religieux et les droits de l'homme, comme le prévoit sa Constitution. Commentant ensuite le rapport sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, la représentante a précisé que l'Indonésie travaille depuis des décennies à une société plus ouverte. Le Gouvernement travaille en étroite collaboration avec les défenseurs des droits de l'homme, a précisé la déléguée indonésienne, ajoutant que le Gouvernement apprécie leur rôle et entend le faciliter et le renforcer.

M. MARKO HAM (Slovénie) s'est félicité de la qualité des rapports et des travaux des deux Rapporteuses spéciales. Le représentant a insisté sur l'importance de la «Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus», et indiqué que son Gouvernement a fait traduire ce document en langue slovène afin de contribuer à la sensibilisation du grand public au rôle des défenseurs des droits de l'homme. La Slovénie, tout en notant que les activités de ces personnes sont de mieux en mieux reconnues, s'inquiète des menaces que font peser sur eux des acteurs non étatiques, des entités privées ainsi que des agents de services de renseignement. La Slovénie est donc d'accord avec Mme Sekaggya pour estimer que la sécurité des défenseurs des droits de l'homme passe par la fin de l'impunité des auteurs de crimes commis contre eux.

MME NAHIDA SOBHAN (Bangladesh) a émis des réserves sur ce qu'elle a appelée «le concept étroit de défenseurs des droits de l'homme» présenté dans le rapport de Mme Sekaggya. Le Bangladesh considère que quiconque est engagé dans la défense des droits de l'homme est un défenseur, y compris les gouvernements agissant en ce sens et non pas seulement des individus ou organisations non gouvernementales. La représentante a en outre estimé que le statut de défenseurs des droits de l'homme leur conférait aussi des responsabilités et qu'ils ne pouvaient prétendre à davantage de droits que les autres citoyens. Il est vrai qu'ils sont parfois victimes de persécutions, a reconnu la représentante, qui a ajouté que son pays n'était évidemment pas favorable à de tels actes. Mais elle a ajouté que certains défenseurs des droits de l'homme utilisaient leur statut à des fins cachées ou dans le cadre d'ambitions personnelles. En ce qui concerne la liberté de religion, la représentante du Bangladesh a insisté sur le droit des migrants à pratiquer leur religion librement, ajoutant qu'ils en étaient parfois privés au nom de l'intégration sociale. Elle a suggéré à la Rapporteuse spéciale de se pencher sur cette question. Enfin, elle a insisté sur le rôle prééminent des États pour traiter des signes précurseurs de discrimination contre la liberté de religion ou de conviction.

MME NICOLA FREEDMAN (Royaume-Uni) s'est félicitée que la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Mme Margaret Sekaggya, ait insisté sur les systèmes d'alerte précoce qui peuvent jouer un rôle essentiel dans la protection des défenseurs des droits de l'homme. Elle a appuyé l'idée que les institutions nationales des droits de l'homme prennent en charge les défenseurs des droits de l'homme et a demandé à la Rapporteuse spéciale comment elle envisageait de poursuivre dans cette direction spécifique. La représentante du Royaume-Uni a également insisté sur les violences à l'encontre des défenseurs des membres des communautés gay, lesbienne et transgenre. À cet égard, elle s'est inquiétée du projet de loi stigmatisant les défenseurs des droits des personnes gay et lesbiennes en Ouganda. Concernant le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, la représentante britannique a souligné les efforts consentis par son pays pour mettre en œuvre les recommandations de Mme Jahangir suite à sa visite en 2007. Enfin, elle s'est inquiétée de la situation en Iran où, a-t-elle souligné, certains membres de communautés minoritaires risquent d'être victimes d'arrestations, de harcèlement ou même de la peine de mort: chrétiens, juifs, bahá'í ou zoroastriens. La représentante du Royaume-Uni a demandé aux autorités iraniennes de garantir la liberté de religion.

M. LIU JINGUANG (Chine) a indiqué que son Gouvernement attachait une importance toute particulière à la liberté de religion de ses citoyens, de même qu'il favorise la cohabitation harmonieuse de différentes religions, sur la base du dialogue. La Chine est consciente du rôle constructif que les religions peuvent jouer dans l'édification d'une société harmonieuse. Pour le représentant chinois, la communauté internationale doit accorder une attention particulière au problème de la discrimination religieuse, qui ne doit pas être compromise par des discours de haine prononcés au nom de la liberté d'expression. D'autre part, il a déploré que le terrorisme soit souvent associé à une religion en particulier. Les États doivent encourager le rôle positif des médias et de la société civile dans l'instauration d'un état d'esprit propice à la tolérance religieuse, a-t-il insisté. La Chine attache également une grande importance au rôle des défenseurs des droits de l'homme dans l'édification d'une société harmonieuse. La promotion et la protection des droits de l'homme relevant des États, les individus doivent cependant cadrer leur action dans les limites imposées par le droit, a souligné le délégué. Il a également fait valoir qu'en l'absence de définition officielle, l'identification des défenseurs des droits de l'homme est parfois problématique. Il a souhaité un échange de vues à ce propos avec la Rapporteuse spéciale, Mme Sekaggya.

M. SALVADOR TINAJERO (Mexique) a affirmé que le travail des défenseurs des droits de l'homme était prioritaire aux yeux de son Gouvernement: celui-ci accorde une grande importance aux conditions de travail des défenseurs des droits de l'homme et aux difficultés qu'ils rencontrent. Le Mexique plaide au plan international pour la protection de ces personnes et invite les États à adopter des plans d'actions en ce sens. Le Mexique soutient également les efforts entrepris aux Nations Unies et en Amérique latine et travaille avec des organisations non gouvernementales œuvrant dans le domaine de la liberté d'expression, ainsi qu'avec le bureau mexicain du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

MME CLAIRE HUBERT (Norvège) a souligné qu'il était important que les pays répondent favorablement aux demandes de visites sur le terrain formulées par la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, ajoutant qu'il était surprenant selon elle qu'il y ait encore 22 visites en attente. Évoquant le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, la représentante de la Norvège a salué l'analyse de Mme Jahangir s'agissant des signes de discrimination et de violence. La discrimination encourage la méfiance, le ressentiment, la violence, le crime et l'insécurité, a ajouté la représentante norvégienne. La lutte contre la discrimination doit donc être intensifiée, a-t-elle estimé, s'inquiétant en particulier des violences que subissent de nombreuses minorités religieuses. Le Conseil des droits de l'homme n'est pas encore au maximum de son potentiel à cet égard, a-t-elle estimé.

M. NESTOR CRUZ TORUÑO (Nicaragua) a déclaré que s'il importe en effet de mettre l'accent sur la sécurité des défenseurs des droits de l'homme, comme le fait Mme Sekaggya, il conviendrait aussi de s'intéresser aux mesures prises par les États pour protéger les droits des acteurs sociaux et des personnes œuvrant pour les droits sociaux et économiques des populations. Le Gouvernement du Nicaragua estime en effet qu'il est important de protéger tous les droits de l'homme, quels qu'ils soient.

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La documentation relative à la présente session du Conseil, notamment l'ordre du jour annoté (A/HRC/13/1), est disponible sur la page Internet consacrée à la documentation de la treizième session du Conseil: http://www2.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/13session/reports.htm

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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